Dans la société moderne cet espace libre est, en grande partie, comblé par les soucis pratiques usuels (la maison, la carrière, les enfants, les vacances…) et le reste est remplis tant bien que mal avec des satisfactions et des plaisirs de la société d’amusement, surtout ceux de la culture des jeunes, la culture « YAVIS » (young, attractive, verbal, intelligent and succesful) (jeune, attractif, verbal, intelligent et à succès). L’effet recherché est de profiter au maximum, alors que paradoxalement on profite moins que jamais. Tout ceci fait que le besoin d’épanouissement spirituel, souvent, ne se fait sentir qu’à la fin de l’existence, lorsque les enfants, la carrière et d’autres activités ne donnent plus de sens évident à la vie. Le bonheur n’est pas un problème pour les multiples formes de vie qui ne disposent pas d’une telle conscience. Le bonheur devient seulement un problème à cause de la conscience de l’être humain, cet instrument merveilleux de résolution de problèmes et de créativité, mais aussi de bonheur et de malheur, qui, hélas, nous est fourni sans manuel d’instruction. L’art de vivre, l’art du bonheur, se résume donc à une bonne utilisation de ce merveilleux instrument qu’est la conscience.
La genèse de la conscience Comme nous supposons que chaque être humain commence la vie comme une seule cellule sans aucune conscience, la conscience doit donc être le résultat d’une évolution. Cette évolution est un processus de libération pendant lequel l’énergie de vie sera graduellement libérée d’une forme immanente et liée, vers une forme transcendante et libre16. Le développement de la conscience, de la naissance à l’âge adulte, traverse un certain nombre de phases. Chaque phase a ses valeurs spécifiques, ses manières de penser et de regarder le monde, ses manières de souffrir, d‘aimer et de nouer des relations. Chaque nouvelle phase ajoute à l’état déjà atteint une nouvelle strate avec de nouvelles possibilités. Toutefois, les anciennes structures restent toujours présentes et dans certaines circonstances on peut se rabattre sur le fonctionnement d’un niveau inférieur.
La conscience archaïque
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Voir Ulrich Libbrecht. Citoyen du monde. Budel: Damon, 2001. Voir également Ulrich Libbrecht. Within the four
seas. Introduction to comparatieve philosophy. Paris-Leuven-Dudley: Peeters, 2007.