8 minute read

La connexion

Si on fait pivoter vers l’avant le plan de la figure précédente, de sorte que l’axe des valeurs pointe en avant, on peut tracer une troisième dimension perpendiculaire sur ce plan. C’est la dimension de la connexion.

La connexion c’est l’expérience de la relation à l’autre, du lien à ce qui nous entoure. C’est un « oui » aux autres. La connexion crée un lien, un patrimoine émotionnel. La connexion n’est pas avoir besoin de l’autre. Ce n’est pas une émotion du corps mais une émotion de l’esprit. C’est une expérience totale, une expérience qui engendre un mouvement de l’esprit et qui mène à l’harmonie et à la plénitude. La forme la plus simple de connexion est celle avec sa famille, avec ses amis ou avec une association. On sait que les personnes mariées et les personnes ayant un réseau social étendu, se sentent plus heureux et sont en meilleure santé que les personnes isolées. On peut, d’ailleurs, aussi se sentir connecté à la nature ou à l’univers. La connexion c’est l’appartenance à un tout plus grand, qui nous dépasse. Elle engendre la gratitude et le bien-être.

Advertisement

Drie dimensies van geluk

VERBONDENHEID “Wij” -gevoel “Ons” -gevoel Erbij horen Vertrouwen Vriendelijkheid Geweldloosheid Vrede Emoties van de geest:

Verwondering

Dankbaarheid

Mededogen

Verbondheid Geluk

O Pleziergehalte

Pleziergehalte

Waardegehalte

Waardegehalte

ANONIMITEIT “Zij” -gevoel “De anderen” -gevoel Vijandigheid Agressiviteit De-linquentie

Même le lieu de travaildevrait être une expérience de connexion et de plénitude. Un travail n’est pas seulement un « job»avec des objectifset des échéances, mais devrait être un travail, un métier, une vocation, un lieu où l’on se réalise et s’épanoui, où l’on crée de la valeur, où l’on crée de l’ordre. Un maçon peut voir son travail comme l’empilement des pierres, l’une sur l’autre, ou comme une contribution à l’érection d’une cathédrale. Un même travail peut être vu comme un « boulot » abrutissant ou comme une contribution à un grand projet. Martin Luther Kingdisait: « Si quelqu’un doit balayer la rue pour subvenir à ses besoins, il doit le faire comme peignait Michel-Ange, comme composait Beethoven ou comme écrivait Shakespeare ». Kahlil Gibranécrivait: « Aimer la vie par le travail, est connaître le secret le plus profond de la vie. Un travail n’est rien sans l’amour, car le travail c’est de

l’amour rendu visible. »43 Le travail d’une vieest le seul vrai chef d’œuvrequi procure à l’être humain un sentiment de valeur propre et de bien-être et qui permet d’occuper une place et d’avoir un sens dans l’univers. Chacun devrait être convaincu que sa contribution est importante et que la société serait un peu moins bien sans cette même contribution. L’éboueur contribue autant à la société qu’un professeur d’université. C’était aussi la pensée de Karl Marxqui voulait libérer les travailleurs du labeur pénible et abaissant pour l’esprit, duquel ils étaient littéralement aliénés parce qu’ils n’en avaient plus aucune connexion. C’était littéralement devenu un boulot . 44

Avec les personnes avec qui on a une expérience du « nous », à qui nous disons « oui » et avec qui nous sentons une connexion, nous avons, alors, spontanément une expérience de confiance, de gentillesse, de non-violence et de paix. A l’encontre de ceux qui font partie du « nous » et dont on connait par conséquent le visage et le nom, notre comportement sera automatiquement bienveillant et prévenant.45 La non-violencesuppose un ressenti de connexion, pas seulement avec des groupes locaux comme la famille, les amis, l’école ou le club sportif, mais avec toute la société. Une conscience de connexion peut être activement suscitée et cultivée par des idées et des images de connexion. La violence et l’agression ne sont pas le propre de l’homme mais sont omniprésentes dans la nature. Ce sont des stratégies biologiques qui sont pratiquées par toute forme de vie, de la plus petite bactérie au plus grand animal, afin de soumettre l’environnement à sa volonté. Vivre suppose toujours une manipulationde l’environnement dans une tentative d’obtenir plus de ce que l’on veut et d’éloigner ce que l’on ne veut pas. Bien que pour la survie, cette stratégie est souvent salvatrice et couronnée de succès, elle ne l’est, dans la vie quotidienne, souvent pas et est donc régulièrement source de souffrance. En effet, toute souffrance est un combat avec la réalitéqui, souvent, refuse de se plier à nos désirs. Chez les adultes il s’agit, dans le meilleur des cas, d’un combat retenu, symbolique, sans agressivité visible. Chez les enfants et les adultes moins matures, il peut s’agir d’agressivité physique, de vandalisme, de harcèlement et de délinquance.

43 Kahlil Gibran. The Prophet. London: Heinemann, 1965

44 Piet Nijs. Je werk, je leven? (Votre travail, votre vie ?) Anvers-Apeldoorn: Garant, 2009.

45 Oscar Wilde (1854-1900) notait dans « Un mari idéal » que la morale est l’attitude que nous adoptons envers ceux que nous détestons. (Morality is simply the attitude we adopt towards people we personally dislike.)

Toute souffrance est une lutte avec la réalité.

La violence et l’agression sont toujours dirigées contre ce qui est considéré comme l’autreou comme « pas nous», ce avec quoi il n’y a pas de connexion. Une explication étymologique un peu forcé du mot délinquanceserait l’absence d’un lien (en Anglais : link), être délié, (en Anglais : de-linking), un manque de connexion. Les gens s’adonnent à la violence et à l’agression contre les autres et contre des biens, des bâtiments et du matériel qu’ils ne considèrent pas comme faisant parti de nousmais comme appartenant aux autres, à l’ennemi ou à la société anonyme, c’est à dire à personne. Cela explique pourquoi des touristes à l’étranger se permettent beaucoup plus facilement un comportent agressif et violent et que des étrangers viennent commettre chez nous des délits « minutes » (en Anglais : hit and run). Si des jeunes jettent des pierres à des bus ou salissent des bâtiments avec des graffitis, c’est parce qu’ils considèrent ces bus ou ces bâtiments comme n’étant pas les leurs mais comme appartenant à quelqu’un d’autre, quelqu’un d’anonyme. Personne ne jetterait des pierres sur sa propre voiture ou mettrait des graffitis sur sa propre maison… Même dans la bible on peut lire que, de l’ennemi on peut piller et brûler les villes, emporter les hommes comme esclaves et les femmes comme prostituées. La seule vraie prévention de la violence, aussi bien chez les enfants que chez les adultes, c’est de créer un sentiment de connexionen créant un discours qui unit et qui relie. Créer et ressentir une connexion est une excellente façon d’élargir sa conscience et de nous libérer de la vision étriquée de la souffrance. Un discours qui unit, crée le ressenti d’un lien avec des membres de la famille, avec d’autres personnes, avec la société ou avec un projet artistique, politique ou scientifique. Il relativise et crée des perspectives d’avenir. Les autres ne sont plus nos ennemis. Sur l’océan de la vie nous ne devons pas nous battre l’un contre l’autre, mais nous avons tout intérêt à nous unir pour naviguer ensemble. Essayer de couler les autres ne nous aide pas à devenir de meilleurs marins ou d’atteindre plus facilement notre destination. C’est ensemble que nous le réussirons le mieux.

Pour ceux pour qui les schémas de ce chapitre sont trop théoriques ou même trop mathématiques, une autre façon de présenter les mêmes éléments peut être utile, où le bonheur se trouve à l’intersection de trois zones.

Drie dimensies van geluk

Emoties van de geest: Verbondenheid Verwondering Mededogen

Waardegehalte: emoties van de rede Geluk

Pleziergehalte: emoties van het lichaam

L’art de vivre

Plus on est connecté avec les autres, avec la nature et avec l’univers, plus nous sommes proche de notre source interne de bonheur. Avec quoi vous sentez-vous en connexion ? Avec quoi voulez-vous vous sentir plus connecté ? Vous sentez-vous connecté à quelque chose de plus grand que vous ? Comment créer un discours qui unit et qui connecte ? Si dans un schéma comme celui de ce chapitre, vous indiquez vos propres degrés de plaisir, de valeur et de connexion, vous aurez un bon aperçu de votre façon actuel de fonctionner, ce qui permet un pas important vers une vie avec plus de conscience et plus de bonheur. Alors il devient clair que le bonheur ne tourne pas autour d’expériences de plaisir, mais que le plaisir est plutôt un bonus à un style de vie heureux.

Le mot de l’amour

Plongez-vous dans des approches bienveillantes embrassez votre fille comme si elle était toute l’humanité, câlinez votre bien-aimé comme s’il était le corps de Dieu, caressez votre chien comme s’il incarnait toute la vie dans l’univers, frottez le sol comme s’il s’agissait d’une tâche sacré. FRANK ANDREWS

L’amour est l’attitude positive par excellence. L’amour est une attitude de « oui ». Ouiest le mot de l’amour.46

Derrière cette proposition, en apparence très simple, se cache une idée profonde. En effet, une attitude de « dire oui » n’est pas toujours facile, en particulier si on est en train de dire « non ».

L’attitude d’amour est d’abord un cadeau pour nous-mêmes. En effet, adopter une attitude de « oui » nous procure immédiatement une détente et un bien-être. Platon disait « L’amour est dans celui qui aime, pas dans celui qui est aimé ». La vie a commencé il y a 3,5 milliards d’années et montre une évolution vers davantage d’ordre. De simples bactéries, la vie a évolué vers des organismes de plus en plus complexes, caractérisés par un ordre croissant, et vers des civilisations de plus en plus complexes avec un degré d’ordre de plus en plus élaboré. Pour participer de notre mieux à cette évolution, nous devons contribuer au mieux de nos possibilités à cet ordre croissant. Ce simple constat est à l’origine d’une simple règle de vie éthique. Le plus grand ordre règne là où il y a de l’amour. A l’inverse, là où règne la haine, apparait le désordre. L’amour n’est donc pas seulement un impératif chrétien. Au contraire, le message du Christ a probablement pu s’enraciner parce qu’il correspond à la tendance de l’évolution naturelle de la vie. Ainsi, l’Empire Romain a adopté le christianisme parce qu’il était utile dans l’aspiration romaine pour établir un ordre politique, mais en fin de compte il a

46 Frank Andrews. The Art and Practice of Loving (L’art et la pratique de l’amour). New York: Jeremy P. Tarcher/Putnam. 1991..

This article is from: