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La force de la pleine conscience, l’attention et la présence
l’Australie, la Polynésie… Pendant que les plus beaux paysages défilent, la plupart des passagers oublient de regarder le paysage et sont complètement préoccupés par les petits problèmes de confort, d’intendance, de sommeil, d’habillement, de vérifier si le voisin n’a pas plus de confort ou s’ils n’ont pas dû payer de trop pour les boissons supplémentaires… A la fin du voyage ils se rendent compte que le voyage était un aller sans retour. Ce qu’ils n’ont pas vu, est définitivement passé et ils se réalisent qu’ils ont malheureusement oublié d’être heureux…
Disciple: Quel est l’essentiel du Zen? Maître: L’attention. Disciple: Rien de plus? Maître: L’attention, l’attention. Disciple: Il doit y avoir quand-même quelque chose de plus ? Maître: L’attention, l’attention, l’attention. Disciple: Que signifie l’attention ? Maître: L’attention signifie l’attention. HISTOIRE ZEN
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Le bonheur vient de l’attention pour les petites choses, le malheur de la négligence des petites choses. XIANG XU
Vivre avec la pleine conscience, ralentir le pas et sentir chaque seconde et chaque respiration, cela suffit.
THICH NHAT HANH (1926- )
L’effet principal de l’attention pour le monde est la joie de ce monde.
GERARD BODIFEE
Un être ordinaire s’étonne de l’extraordinaire, un sage s’étonne de l’ordinaire. CONFUCIUS (551- 479 avant Chr.)
Sauf si vous êtes né sur une autre planète ou que vous avez passé des années sur une île déserte, cela ne peut pas vous avoir échappé que la pleine conscience (en Anglais : mindfulness) est proposé un peu partout comme une nouvelle panacée. Tout d’un coup tout le monde pratique « l’attention ouverte et généreuse » pour le moment présent, aussi bien dans la cuisine que dans les embouteillages du matin. Tout le monde apprend à regarder les choses comme si on les voyait pour la première fois. Tout le monde mange avec de la pleine conscience. On apprend à s’arrêter devant les choses. On se concentre, les yeux fermés, sur
un mot, une sensation ou une partie du corps. Depuis peu il y a ici et là une multitude de formations de pleine conscience.58 De façon plus réaliste, on constate que même des personnes ayant suivi deux ou trois fois la formation classique de huit semaines, n’en sont pas devenues vraiment plus heureux. Alors, désabusé, on constate que tout cela est bien agréable, mais que cela ne fonctionne quand même pas. Le problème n’est pas que cela ne fonctionne pas, le problème était dans l’attente irréaliste que « ça » allait fonctionner ! C’est une confusion typiquement occidentale. C’est une attente magique. La pleine conscience n’est pas un remède miraculeux qui va résoudre tous les problèmes, quoi qu’en disent les brochures et les sites web. La pleine conscience n’est pas un médicament qui va fonctionner pour vous comme le fait un antibiotique. Rien ne va «travailler pour vous». Au niveau des problèmes existentiels il n’y a que vous qui pouvez travailler pour vous-même. Ce n’est que lorsque vous aurez compris cela, que la pleine conscience peut être une approche qui peut vous être utile.
Si vous attendez qu’en vous abandonnant à un rituel, vous allez atteindre un résultat, alors il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’une tentative de contrôle. NIN SHENG
La pleine conscience c’est l’attentionpour ce qui est, et être présentà ce qui est, sans jugement. Il s’agit de la pure joie d’être, et non pas de résoudre quoi que ce soit. Bien sûr, nous vivons toujours ici et maintenant et cela peut paraître absurde d’en vouloir faire une finalité particulière. Est-ce que nos pensées, finalement, n’existent pas toujours ici et maintenant ? Certes, mais nous pouvons laisser s’envoler nos pensées et notre attention dans le temps en dans l’espace. Alors nous ne sommes pas présents dans le « ici et maintenant ». De cette manière nous sommes « mindless » (inconscient, sans conscience, sans « pleine conscience ») comme un automate, et ainsi le « maintenant » nous échappe. Beaucoup de nos comportements sont ainsi « inconscient ». Nous regardons de façon inconsciente les personnes et les choses, nous mettons de façon inconsciente toutes sortes de substances dans notre corps, nous adoptons de façon inconsciente des avis et des opinions, nous
58 Le mindfulness, la pleine conscience, a été apporté vers l’occident par les auteurs tels que Thich Nhat Hahn, Jon Kabat Zin, Jack Kornfield, Joseph Goldstein et Sharon Salzberg. De même pour l’oeuvre de la psychologue Ellen Langer. Plus proche de chez nous nous pouvons référer aux œuvres de Christophe André et Matthieu Ricard..
entendons de façon inconsciente des diagnostics et des pronostics des médecins et nous suivons de façon inconsciente leurs traitements, nous éduquons de façon inconsciente nos enfants. L’inconscience nous rend aveugle pour d’autres choix. Ainsi, pour Ellen Langer, la pleine conscience est “la psychologie du possible”.59
Beaucoup de personnes vivent leur vie dans l’ombre du passé ou du futur. L’auteur Américain Mark Twain disait : « Ma vie a été remplie de drames dont la majorité ne s’est jamais passée. » Bien sûr, nous avons une relation avec le passé et le futur, sous la forme de leçons du passé et de projets pour le futur. Mais cela n’empêche pas que le seul moment que nous pouvons vraiment vivre est le moment présent. Le pouvoir du maintenant est la conscience que seul le moment présent peut nous mener à la source de tout bonheur, ainsi que de toute souffrance. Tout bonheur est dans le présent. Un bonheur qui ne serait pas dans le présent mais dans le passé ou dans le futur, n’aurait pas beaucoup d’intérêt. Mais de même, toute souffrance est dans le présent et ne peut qu’être la conséquence de la non acceptation de l’instant présent. Il ne peut y avoir de la souffrance que si nous comparons ce qui est maintenant à un état imaginé, supposé meilleur, si nous jugeons donc que ce qu’il y a maintenant, ne nous convient pas. Nous sommes, alors, occupés à juger et à comparer plutôt que de vivre le moment de maintenant. Comment le moment présent ne pourrait-il pas convenir ? Ce moment-là est tout ce que nous avons ! Aujourd’hui n’est pas une journée quelconque, c’est la seule journée que vous allez avoir aujourd’hui et qui sera déjà passé demain.
Nous pouvons ainsi vivre notre vie dans l’ombre de notre savoir. Krishnamurti disait: « Si vous apprenez à un enfant le nom d’un oiseau, il ne regardera plus jamais cet oiseau. » Dès que nous connaissons le nom de quelque chose, nous croyons le connaître, et ce que nous pensons connaître, nous n’allons plus le regarder. La plupart des personnes ne regarde plus vraiment un arbre, parce que ce n’est « qu’un » arbre, et ils savent déjà depuis longtemps ce qu’est un arbre. Ils ne sont donc plus présents auprès de cet arbre particulier. De même, quand nous sommes avec les autres ou quand nous mangeons, nous pouvons être « nonprésents ». Même si nous faisons l’amour, nous pouvons être non-présents. Nos catégories de pensées et notre savoir sont d’excellents instruments pour manipuler la réalité et résoudre des problèmes, mais pas pour vivre l’expérience de la réalité. Notre savoir est comme un voile
59 Ellen Langer, Mindfulness, Massachussets: Peseus Books, 1989. Ellen Langer, The Power of Mindful Learning, Massachusetts: Perseus Publishing, 1997
entre nous et la réalité. En n’étant pas présent, nous passons à côté du bonheur potentiel d’un grand nombre de nos occupations quotidiennes. Méditern’est pas arrêter de penser, c’est arrêter de savoir, arrêter de juger, arrêter de nommer, pour commencer à être présent. Notre attention est comme une montgolfière qui a toujours tendance à dériver, mais que nous pouvons toujours gentiment réorienter vers le présent. Méditer est apprendre à regarder comme si nous ne connaissions rien, pour regarder la réalité avec un esprit de débutant (beginner’s mind).60
Méditer n’est pas arrêter de penser, c’est arrêter de savoir.
Le moment présent est le seul qui existe,le seul moment sur lequel nous avons un vrai pouvoir et que nous ne pouvons qu’une seule fois apprécier et en faire un moment heureux ou malheureux.61 L’être humain ne s’en rend souvent compte que dans ces derniers instants de vie, quand il regarde la mort en face. Alors, soudainement, il se rend compte du précieux de chaque instant. Des patients ayant un cancer, s’affolent quand ils apprennent qu’ils n’ont plus que quelques mois à vivre. Ils ne comprennent pas que, en fait, personne ne peut être certain du temps qui lui reste à vivre. Nous n’avons que l’illusion de l’immortalité. Celui qui rate l’instant présent, rate la vie car la vie n’est qu’une successiond’instants présents. Pourquoi croirions-nous que quelqu’un qui n’a pas l’habilité de faire de l’instant présent un moment heureux, en serait capable dans le futur, uniquement parce que les circonstances auraient changé ? De même, pourquoi, si vous ne n’êtes pas capable de nager dans la Mer du Nord, en seriez-vous capable dans la Mer Méditerranée ?
60 cf. par exemple l’oeuvre classique: Shunryu Suzuki, Zen Mind, Beginner’s Mind. Boston: Shambhala, 2006. Il y a une littérature élaborée sur le zen, cf. par exemple Eugen Herrigel, Zen in the Art of Archery, Penguin Books, 1983. Nico Tydeman, Zitten, de Praktijk van Zen, Karnak, 1980. Charlotte Joko Beck, Nothing Special, Living Zen, San Francisco: Harper, 1993. Charlotte Joko Beck, Everyday Zen, New York: Harper & Row, 1989.
61 Nous donnons préférence à l’idée d’ “apprécier” au lieu de l’idée plus courante mais plus banale de « profiter ». On profite de quelque chose qui nous fait plaisir. C’est impliqué sur / dirigé vers soi-même, ramène l’attention vers le « je ». Apprécier dirige l’attention sur le côté précieux et unique de chaque moment.
La pleine conscience est aussi une manière d’accepter des émotions indésirables(dites négatives)telles que l’angoisse, la frustration, la jalousie, les sentiments de culpabilité, la rancune et la colère, pour ensuite en lâcher prise. Simplement, en étant attentivement présent à ces émotions, on en devient spectateur et ces émotions perdent leur emprise suffocante. Quand, en présence d’une personne qui essaie de vous angoisser ou de vous mettre en colère, vous rester sans réagir, aimable, sans fuir, cette personne réalise alors qu’elle n’a pas de pouvoir sur vous. Si vous pouvez simplement observer : « IL y a de la colère en moi », alors c’est totalement différent du constat : « Je suis en colère ». Alors nous pouvons sourire à nos émotions et les enlacer, comme une mère enlace un enfant contrarié et, par cet acte, fait fondre la colère. Selon Nico Tydeman « un illuminé n’est pas nécessairement quelqu’un qui a atteint un certain niveau spirituel, mais quelqu’un qui n’arrête pas d’essayer d’avancer. » La pleine conscience est être dans le moment présent et vivre l’expérience du mystère de la vie à chaque instant. Manger devient alors une occasion de gratitude et un moment sacré dans lequel d’autres organismes et formes de vie sont absorbé pour les incorporer dans son propre organisme. L’amour sexuel devient alors une occasion de gratitude et un moment sacré d’union avec une autre personne. La perte de cette dimension sacrale mène à la mentalitéactuelle de consommationque, franchement, nous pourrions qualifier d’attitude pornographique. De même que l’obésité est la suite d’une consommation intempestive et sans respect de la nourriture, la pornographie est la consommation sans respect de la vie. Si nous ne pouvons plus voir la dimension sacrale, il ne reste que le banal. On peut voir un tableau comme « uniquement de la peinture sur toile », la musique comme « uniquement des notes successives », et la sexualité « comme uniquement de la jouissance à consommer. » Il n’y a pas de définition raisonnable et robuste de ce qu’est la pornographie. Il y a seulement une façon pornographique de regarder. Un corps nu ou des personnes qui font l’amour ne sont pas obscènes et pas pornographiques. Par contre, le regard de l’observateur peut l’ être. Comme la beauté, la pornographie est dans l’œil de celui qui regarde. On peut regarder la Mona Lisade Leonard deVinciou la Naissance de Venusde Botticellid’une façon pornographique. Le regard pornographique est le regard qui ne voit pas le sacré, le mystérieux, le divin, mais qui cherche le plaisir personnel immédiat. Il ne s’agit pas, alors, de la question : « quel mystère se révèle ici ? » mais : « quel plaisir cela peut-il me procurer ? » C’est vivre comme une abeille qui collecte du nectar sans conscience d’une autre dimension. Le regard pornographique est le regard d’un consommateur égocentrique, ingrat,
obtus.
Le même regard pornographique, centré sur la consommation, peut être jeté sur la terre, la nature, la société, les gens, les animaux, les plantes, la nourriture…. C’est le regard de celui qui ne cherche dans le monde extérieur que des possibilités de satisfaction de ses propres besoins et de susciter sa propre jouissance. On peut donc également manger de façon pornographique, si on ne pense qu’à la satisfaction de ses propres besoins sans la conscience qu’en mangeant d’autres organismes – plantes, animaux – on participe au dessein plus vaste de la vie. Par contre, on peut être dans la gratitude et le respect de ces formes de vie qu’on est sur le point d’ingérer et d’intégrer dans son propre organisme et donc de sa propre vie. De cette manière on génère une expérience de lien avec les autres formes de vie et au-delà avec la nature toute entière. Alors manger devient un événement sacral. Cela ne nécessite qu’une attitude plus attentive dite de pleine conscience.
Pareillement, la sexualité, qui va des images plus ou moins esthétiques à la pénétration intime et l’union avec une autre personne, peut être pratiquée comme un acte primaire pour satisfaire ses propres besoins, ou comme un acte par lequel on accède à un ordre plus élevé, au mystère de la vie. La beauté d’un corps humain, comme la beauté d’une rose ou la beauté d’un ciel d’étoiles, peut être une expérience mystique. On peut, par exemple, contempler l’Origine du Monde de Courbetavec un regard mystique, et de la même manière l’union sexuelle peut être un acte sacral, une méditation, un abandon mystique de soi. Dans les cultures orientales, la sexualité et l’érotisme étaient du domaine du sacré, un accès vers le monde de l’expérience mystique. On y trouve une abondance d’images de personnes nues et de couples faisant l’amour de diverses manières. Faire l’amour n’était pas seulement un art, comme décrit dans le Kama Sutra, mais aussi un symbole de lien, non seulement avec une personne particulière, mais au final avec la vie toute entière, avec le cosmos. Dans le bouddhisme Tibétain l’acte d’amour, commençant avec un sourire, passant par le baiser et l’enlacement, et aboutissant à l’orgasme, est de cette manière un modèle du chemin de la compassion et de l’illumination. Tout ceci requiert une présence plus attentionnée. La pleine conscience signifie alors la fin de tout comportement automatique, de toute habitude délétère et de tout comportement addictif. La pleine conscience ne va pas faire de sorte que des habitudes apprises vont aussitôt disparaître, mais mène bien vers la conscience qu’à chaque instant on peut arrêter un comportement automatique. Le bouddhisme zenattache beaucoup d’importance d’être présent dans le moment sans jugement. Une sagesse zen dit : « Quand vous dormez, alors dormez. Quand vous marchez, alors marchez. » Cela veut dire: soyez à cent pour cent présent à tout ce que vous faites. Ceci est l’essentiel de la création du flow62 et de la mindfulness63 .
Cette histoire zen le clarifie:
Un moine zen fut poursuivi par un tigre. Ne sachant plus quoi faire il sauta dans un ravin où le tigre ne pouvait pas le suivre. Il eu juste le temps de s’accrocher à une racine qui dépassait.
62 Le concept de “flow” a été décrit par Mihaly Csikszentmihalyi. Cf. notamment Flow, The Psychology of Happiness. New York: Harper and Row, 1992.
63 Mindfulness est un concept de la philosophie zen, qui signifie une attention et concentration pleine. Cf. également Ellen J. Langer. Mindfulness. Perseus Books, 1989.
Mais en regardant en bas, il vit un autre tigre qui, déjà, se léchait les babines. Pour comble de misère il remarqua quelques souris en train de grignoter la racine à laquelle il était pendu.
Mais, jetant un coup d’œil sur le côté, il vit un fraisier. Il cueillit une fraise et la porta à sa bouche. Quel merveilleux goût !
Un dicton bouddhiste présente les choses ainsi : « Agissez comme si le sort de l’univers dépendait de ce que vos actions, mais en même temps souriez parce que vous avez cru que ce que vous faites en aurait la moindre conséquence. » En Occident ce concept, vieux de plusieurs siècles, est redevenu d’actualité dans la nouvelle mode de ralentir, de « décélérer. »64
C’est aussi le sujet de ce poème, attribué à Nadine Stair, 85 ans65
Si je devais recommencer ma vie
J'oserais commettre davantage d'erreurs. Je garderais mon calme. Je serais plus dégourdie. Je ferais plus de folies que je n'en ai faites cette fois-ci. Je prendrais moins de choses au sérieux. Je prendrais plus de risques. Je voyagerais davantage. Je gravirais davantage de montagnes et je nagerais dans un plus grand nombre de rivières. Je mangerais plus de glaces et moins de haricots. J'aurais peut-être davantage de maladies réelles mais certainement moins de maladies imaginaires. Voyez-vous, je suis une de ces personnes qui vivent sagement et sainement heure après heure, jour après jour. Bien sûr, j'ai vécu de bons moments, mais si je devais recommencer je ferais en sorte d'en connaître davantage. D'ailleurs, c'est tout ce que j'essaierais de faire: vivre de bons moments l’un après l'autre, au lieu de vivre en pensant à demain. Je suis de ceux qui ne sortent jamais sans leur thermomètre, leur bouillotte, leur parapluie et leur
64 Cf par exemple Guy Claxton. Hare Brain, Tortoise Mind. Why intelligence increases when you think less. London: Fourth Estate Limited, 1987 Cf. également Stephan Rechtschaffen. Time Shifting. A revolutionary new approach to creating more time for your life. London: Rider, 1996
65 Geciteerd in Bernie. S. Spiegel. Peace, Love and Healing. London: Arrow Books, 1990
parachute. Si je devais recommencer, je me chargerais moins avant de partir en voyage. Si je devais revivre ma vie, je me promènerais pieds nus plus tôt au printemps et jusque tard en automne. J'irais plus souvent au bal. J'irais plus souvent cueillir des marguerites.
Si je pouvais tout recommencer encore une fois. Mais savez-vous, je ne le peux pas.
De même, les haïku sont des exemples de présence dans le moment. Ils ouvrent l’esprit et le regard. Ce sont des moments de contemplation de ce qui est maintenant, sans aucune tentation d’explication, ni d’analyse.
L’art de vivre
Que feriez-vous, si vous étiez sûr de n’avoir plus que deux mois à vivre ? Comment savez-vous que vous aurez encore plus que deux mois à vivre? Ceci ne sont pas des idées noires, ceci est être présent au maintenant. La pleine conscience est la fin de la victimisation. C’est devenir observateur de la pensée au lieu d’en être la victime. C’est devenir observateur des émotions au lieu d’en être la victime.
Etre présent est un cadeau pour vous-même. Etre présent est très proche de l’émerveillement. C’est aussi la clé pour devenir amoureux. C’est seulement à cause de votre tendance de tout vouloir expliquer rationnellement, de comprendre et surtout de juger et d’évaluer, que vous n’êtes plus émerveillé ou amoureux. Ce que vous pensez connaître, n’évoque plus d’émerveillement. L’émerveillement naît quand vous comprenez que vous ne pouvez pas comprendre et que vous ne pouvez qu’être présent, sans comprendre et sans jugement. Quand vous êtes présent à la vérité, à toute la vérité du moment présent, alors vous ne pouvez pas être malheureux. Vous allez inéluctablement réaliser que toute souffrance est la conséquence d’une vision étriquée d’un problème égocentré dans votre petite vie. Si vous élargissez votre vision, vous remarquerez inévitablement qu’il y a beaucoup plus de choses qui vont bien que de choses qui vont mal. Chacun de nous est à chaque moment aussi bien qu’il puisse l’être. Ce qui se passe, se passe parce que cela devait se passer : c’est le résultat d’un enchevêtrement complexe de causalités, que vous ne pouvez pas saisir, ni comprendre. La vie est aussi bien qu’elle puisse l’être en ce moment. Il n’y a pas à se plaindre.
« Comment allez-vous ? » « Cela ne pourrait pas aller mieux ! »