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Être heureux est un droit à la naissance

compétence d’être heureux maintenant, ne l’aura pas non plus quand certaines conditions auront été remplies. Être heureux est une compétence existentielle qui ne dépend pas des contingences externes. Le bonheur est donc toujours sans espoir.54

On ne naît pas malheureux. Nous venons au monde avec tout l’équipement nécessaire pour être heureux. Être heureux est un droit de naissance. C’est un état tout à fait normal. Nous apprenons à être malheureux dans une société où on nous apprend et on nous enseigne le malheur et la souffrance. La façon la plus simple d’être heureux est de commencer d’arrêter d’être malheureux.

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La façon la plus facile d’être heureux est d’arrêter d’être malheureux.

La façon la plus facile de ne plus fumer, c’est d’arrêter de fumer, pas comme un ex-fumeur qui passe le restant de sa vie à arrêter de fumer, c'est-à-dire de combattre la cigarette, mais comme quelqu’un qui a appris d’être un non-fumeur en comprenant qu’il n’a plus besoin de la cigarette. De la même manière, être heureux n’est pas être un ex-malheureux mais un nonmalheureux en comprenant que le malheur n’est pas nécessaire. C’est une décision qui peut être prise maintenant, en ce moment, et qui peut avoir de conséquences significatives et irréversibles pour le restant de la vie. Eckhart Tolle écrit : « On souffre jusqu’à ce qu’on ait compris que la souffrance est inutile. » Le bonheur est une option possiblequi ne nécessite pas de « raisons » externes ou des conditions comme des biens matériels, un statut social, des séjours de rêve ou des soirées à des restaurants chics. Le bonheur est avoir une relation heureuse avec la vie et, comme c’est le cas pour d’autres relations, elle ne peut pas dépendre de cadeaux, de voyages ou de possessions. Si une relation est bonne, certes, un petit cadeau peut faire plaisir, mais si la relation n’est pas bonne, aucun cadeau ne peut la rendre meilleure. Nous pouvons être

54 André Comte-Sponville. Le Bonheur, désespérément. Editions Pleins Feux, 2003.

heureux sans «raison». Plus encore : un vrai bonheur est toujours sans raison. C’est la joie pour l’existence même. C’est la joie de pouvoir être en vie. La vie en soi est une raison plus que satisfaisante ! Si on demande aux gens ce qu’ils souhaiteraient encore pour leur vie, et si à chaque réponse donnée (un meilleur travail, une maison, un partenaire, un enfant, plus de considération, perdre du poids…) on demande le pourquoi de ce souhait, et puis le pourquoi de ce pourquoi et ainsi de suite, on arrive au final toujours à la réponse que les gens veulent simplement être heureux. Être heureux est le point final de tout désir.Alors, pourquoi rendons-nous les choses si difficiles en cherchant le bonheur dans le monde externe ?

Nous sommes éduqués et socialisés avec un ensemble complexe d’opinions et de convictions et nous faisons au mieux de nos possibilités tout en essayant de rester dans la logique de ces opinions et de ces convictions, devenues les nôtres. Ainsi, on nous a appris et nous nous sommes mis à croire que toute une série de conditions doivent être remplis pour être heureux. En d’autres termes : nous avons appris le bonheur conditionnel. Pourtant, la vérité est qu’aucune possession et aucune prestation n’est, en soi, capable de nous rendre heureux ou de nous apporter le bonheur. Un mode de vie heureux ne dépend pas du fait d’atteindre certains objectifsni de travailler dur ou de faire des efforts. Le bonheur est un état interne et des états internes ne sont accessibles que pour nous-mêmes. Rien ou personne ne peut nous les donner ou nous les prendre. Seul nous-mêmes pouvons retourner à la source du bonheur qui est en nous, cet endroit en nous où nous pouvons être heureux de notre existence sans avoir besoin de quoi que ce soit. Nous pouvons le faire en nous détachant de tout ce que nous ne sommes pas et de tout ce dont nous n’avons pas besoin. Le paradoxe, le tragique et le tragi-comique de la vie est que nous investissons notre vie en toute sorte de tâches, de fonctions, de consignes ou d’objets que nous utilisons comme les carottes pour un âne, alors que le bonheur est toute autre chose et que nous n’avons, pour ainsi dire, qu’à le prendre. Cette conception existentielle peut, elle aussi, avoir des conséquences profondes pour la vie.

Le bonheur est une option possible.

S’accepter soi-même est être heureux avec soi-même. Accepter les autres, c’est être heureux avec les autres. Accepter la vie, c’est être heureux avec la vie.

Synthèse : la stratégie du bonheur

- L’homme est un être complexe et est l’aboutissement provisoire d’une évolution qui est en cours depuis des millions d’années. L’essence de cette évolution est que seules les espèces capable de s’adapter à des circonstances changeantes peuvent survivre. - Au décours de cette évolution les mammifères ont développés des émotions qui sont des instruments particulièrement efficaces au service de la survie. - Les émotions incitent à l’action. Les émotions veulent attirer certaines choses vers nous (rapprochement) et en éloigner d’autres (rejet) dans le but d’augmenter nos chances de survie. Les émotions ne sont pas développées pour notre bonheur. - Chez l’animal « homme » la conscience s’est développée. - La conscience inférieure, l’égo, est un flux d’émotions et de pensées. L’égo a toujours peur de ne pas avoir assez. Il parle le langage de l’opposition. - Par sa raison, l’homme peut comprendre la stratégie de l’égo et en devenir plus conscient. - La conscience supérieure est un flux d’être. C’est la spiritualité, la vie de l’esprit, qui est au-delà de la raison. Elle ne connait pas de manque, de blessure ou de cicatrice et parle le langage de l’acceptation. - La conscience inclut la possibilité de l’imagination, c'est-à-dire d’utiliser des images comme des symboles de la réalité et de, ainsi, créer notre propre réalité interne. - Les émotions réagissent aux images dans notre réalité interne. - Par notre imagination nous pouvons changer notre perception de la réalité externe et, ainsi, diriger nos émotions. - La conscience crée la possibilité d’émotions supérieures, des émotions de l’esprit comme la gratitude, la compassion, la relation et l’étonnement. - Par la conscience, l’homme a toujours une liberté et un choix. - L’homme peut choisir des émotions supérieures. - L’homme peut choisir de ne pas parler le langage de l’opposition, mais le langage de l’acceptation. - L’homme peut choisir d’aller d’une relation de « non » vers une relation de « oui ».

C’est la stratégie du bonheur.

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