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La force de devenir qui on veut être

comme « les autres ». On oubli d’être reconnaissant pour la vie qu’on a et pour le corps qui permet de participer à la vie sur cette terre.

L’idée que ce qu’il y a, ne serait pas assez bien, est à l’origine de tout mal-être. Apprendre à aimer ce qui est, est à l’origine de tout bonheur.

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L’art de vivre

La gratitude est le chemin le plus facile et le plus sûr vers le bonheur. Cela ne vous coûte rien, mis à part la conscience, l’attention et la sagesse. Apprenez à pratiquer la gratitude en comptant tous les jours vos bénédictions. Martin Seligman, le père de la psychologie positive, donne comme recommandation de trouver chaque soir trois choses de la journée passée pour lesquels vous pouvez dire merci. Tenir un journal de gratitude est une habitude très efficace pour développer un style de vie plus heureux.

Laforce de devenir qui on veut être

Quand vous comprenez qu’il y a une voix dans votre tête qui se fait passer pour vous et qui n’arrête jamais de parler, alors vous vous réveillez du rêve de l’identification inconsciente avec ce flot de pensées. Quand vous remarquez cette voix, vous comprenez que vous n’êtes pas cette voix - le penseur mais celui qui est conscient de cette voix.

ECKHART TOLLE

L’ homme ne doit jamais être gêné de reconnaître qu’il avait tort. Car comme ça il ne dit, en d’autres mots, rien d’autre qu’aujourd’hui il est devenu plus sage qu’il ne l’était hier. ALEXANDER POPE (1688-1744)

Sur la page web d’une thérapeute, on pouvait lire le texte suivant : « Que se passe-t-il quand nous sommes en accord avec nous-mêmes ? Alors il émerge un état de plénitude neurohormonal. Comment trouver cet accord ? En étant chaque journée en dialogue avec nousmêmes pour faciliter la prise de conscience. Cela est beau et pas du tout difficile. » Cela semble tout à fait intéressant et profond, mais vous êtes prié de ne pas vous poser des questions telles que :

Qui est ce « nous » avec qui nous sommes censés être en accord ? Où est ce « nous » qui est censé être en accord avec ce premier « nous » ? Et quel « nous » va évaluer cet accord ?

Quand on réfléchit sur le « je », il semble être une instance introuvable. Le philosophe Gilbert Ryle raconte l’histoire d’un visiteur à l’université d’Oxford, qui après une visite guidée des facultés et de la bibliothèque, demandait : « Mais où est, donc, l’université ? » 67 On peut poser la même question pour un pays. Où est « le pays » ? Est-ce le gouvernement ? Le président ? Est-ce les citoyens ? On ne peut pas le pointer concrètement. La même chose vaut pour le « je ». Est-ce que le « je » se trouve quelque part dans le corps ? Oui, mais où ? Dans le cerveau ? Dans le cœur ? Ces questions ont déjà été posées dans le vieux texte bouddhiste « Les questions de Melinda »68, un dialogue entre un roi grecque et un moine bouddhiste. Il y est démontré ce que Sartre dira aussi, beaucoup plus tard : « Tout ce que nous pouvons dire du je, n’est certainement pas vrai. Car tout ce que nous pouvons dire ne sont que des pensées, et le je n’est quand-même pas une pensée ? » Le jesemble, donc, être une construction mentale, un personnage imaginairequi introduit une sorte de cohérence dans notre histoire et notre comportement. Car de cette manière nous pouvons attribuer tous nos actes à un je. Cela comparable à l’attitude pré-scientifique qui attribue tous les phénomènes de la nature à un dieu. En effet, le je, dans le monde interne, est l’équivalent de dieudans le monde externe. Tous les deux sont souvent personnifiés et sont complètement insaisissables. Les deux n’existent seulement que pour celui qui y croit. Cela engendre des personnes qui, depuis des années, sont à la recherche d’eux-mêmes, souvent aidées par des thérapeutes ou d’autres personnes de bonne volonté, comme d’autres sont à la recherche d’un dieu… Le jeest une illusion, bien que pour la plupart des gens rien ne semble plus réel que l’idée qu’il y a un vrai jequi réside en nous. Nous attribuons notre comportement à des instances conceptuelles que nous appelons, par exemple, des désirs ou la volonté, que nous attribuons à leur tour à une sorte de metteur en scène hypothétique à l’intérieur de nous, qui répond au

67 Gilbert Ryle, The Concept of Mind, London: Penguin Books, 1989.

68 Milindapañho, Les questions de Milinda, Asoka, 1998. Le texte est d’origine de l’inde Nord-Ouest, probablement du premier sciècle avant Christ.

nom de je. Daniel Dennett appelle le jenotre centre de gravité narrative.69 Nous pouvons probablement nous en approcher le plus quand nous éliminons dans la pensée tout ce que le jen’est pas, et quand nous nous imaginons de lâcher ou de perdre tout ce que le je n’est pas. Structurellement, le jepeux être vu comme un ensemble inconfortable d’au moins trois personnages. Le personnage le plus vieux est le programme évolutionnairedéjà mentionné antérieurement, une créature biologique qui est principalement orienté sur sa propre survie. Un personnage plus récent est le programme culturelqui est focalisé sur la survie de la société. Un personnage encore plus récent est l’agenda personnel, qui est notre organe de gestion le plus élevé. La relation entre ces trois instances ou « personnages » est très changeante et selon les circonstances ils peuvent tour à tour figurer comme « je ». Dans la mesure où nous vivons de façon plus consciente (« mindful »), nous acquérons plus de pouvoir sur cet ensemble insolite. Le jeest un mythe nécessaire. Notre pensée crée un jequi pense qu’il pense. Comme nous avons besoin des yeux pour voir (et quelque fois des lunettes), nous avons besoin d’un je pour être. Mais cela aussi, est une représentation, une hypothèse de la réalité…

De même que nous avons besoin des yeux pour voir, nous avons besoin d’unjepour être

Existentiellement il s’agit d’une histoire complexe et étendue de l’histoire et de la vie d’un personnage imaginaire qui répond au nom de « je ». L’histoire comporte un tissu compliqué et quelque fois chaotique de désirs, de valeurs, d’angoisses, de responsabilités et de centres d’attention et de préoccupations. De cet ensemble complexe, ressort au premier plan une figure dynamique qui est la conséquence d’une sélection de certains de ces éléments. En effet, nous nous identifions à certains désirs, valeurs et angoisses, que nous nous approprions, que nous prenons à cœur et que nous « voulons » vraiment. Cela forme alors une idée d’un « je»plus ou moins stable. Les choses qui ont une place dans cet ensemble, ont, pour nous, du sens. De cette façon nous atteignons, bon an mal an, un comportement

69 Daniel Dennett. Consciousness explained.London: Allen Lane, The Penguin Press, 1991.

plus ou moins prévisible. L’éthique, est la réflexion sur ce processus, sur les désirs, les valeurs et les angoisses, sur les choix qui ont été faits et sur le comportement qui en a découlé. Le « je»est aussi une fiction sociale nécessaire. Nous voulons pouvoir rendre une personne responsable de ses actes. Si non, comment pourrions-nous condamner et sanctionner une personne ? Nous avons, donc, besoin de pouvoir juger et condamner quelqu’un. Mais si nous condamnons une personne et l’emprisonnons, qui est alors le vrai coupable ? Est-ce le cerveau, est-ce que ce sont les mains, le cœur ou les quelques 100.000 milliards de cellules dont la plupart sont quand-même des « cellules innocentes » qui faisaient simplement leur travail? Cela fait penser aux soi-disant civils innocentsd’un pays en guerre. Mais alors où est le paysqui est en guerre et qui serait vraiment coupable ? Est-ce que ce sont les soldats qui par hasard remplissent leur service militaire ? Ils sont quand-même payés et armés par ces « civils innocents » ? Est-ce que ce sont les politiciens? Ils sont quandmême élus par ces « civils innocents » pour gouverner ? Le paysne semble simplement pas exister. C’est une fiction. De même que le « je»est une fiction sociale nécessaire, qui cependant ne tient pas philosophiquement (voyez en infra : le piège de l’identité). Personne ne sait qui il est vraiment, réellement, de façon authentique et profonde… Nous savons simplement comment nous avons été jusqu’à présent basé sur les innombrables convictions apprises et les patterns de pensée et d’action. C’est le « je, version 1.0 ». On peut apprendre à connaître cette version 1.0 comme on apprend à connaître n’importe quelle autre personne : en écoutant ce qu’elle dit et surtout en regardant ce qu’elle fait. La question la plus importante n’est pas de savoir comment on est devenu comme ça, mais bien de savoir si on veut continuer ainsi. A-t-on l’intention de rester ainsi ou veut-on dorénavant créer une nouvelle version de soi ? Une version 2.0 ou 3.0 ? Une identité ne se « trouve » pas mais doit « s’inventer », se développer dans un dialogue avec un contexte sociétal. L’identité sera entre un égocentrisme narcissique et une dilution dans un style de vie de consommation moderne, entre un style de vie personnel et la folle poursuite de la mode du moment. Pourtant, dans tous ces scénarios, on est vrai. Parce qu’en réalité on est toujours vrai. Même si on voulait s’avancer comme non vrai, c’est ça qu’on est vraiment à ce moment-là ! La question n’est donc pas tellement qui on est réellement, mais qui on veut être! Quelles sont les valeurs et les convictions qu’on veut promouvoir dans le monde ? En effet, un adulte (en principe) vit animé par ses propres valeurs et sa raison. Seuls les enfants (ainsi que certains adultes) qui ne peuvent pas encore comprendre la raison de certaines décisions, doivent obéir à certaines décisions qui sont prises par d’autres dans leur intérêt. Notre réalité psychologique, notre expérience de qui nous sommes à cet instant et comment nous sommes dans le monde, nous la décrivons en imagesou en métaphores, dans des propos du style : « Je me sens comme… » Souvent une telle image est inconsciente. Cela n’empêche pas que c’est un filtre qui détermine notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. Certains se voient comme des possibilités, d’autres comme des impossibilités, comme des estropiés, comme des nécessiteux, comme des prisonniers qui ont besoin d’assistance. La façon dont nous nous voyons, détermine aussi comment nous voyons les autres. Cela vaut, donc, la peine de devenir plus conscient de ces images et métaphores. En effet, il est important de développer une image positive, une vision positive pour le futur. C’est une façon de se projeter et de prendre la responsabilité de sa vie, qui est essentielle pour une vie créative et créatrice.

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