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La spiritualité et l’art
peut être approfondie et intensifiée par la science. Une expérience spirituelle est convaincue de la signification et du sens de la vie, bien que cela ne peut jamais être démontré scientifiquement. Il importe peu si cette spiritualité est exprimée comme une relation avec un dieu personnel, avec plusieurs dieux, ou avec un tout ou même avec une conscience cosmique transpersonnelle et imaginaire. Il ne peut pas non plus s’agir d’une croyance en des dogmes ou des soi-disant vérités. Il ne s’agit pas non plus de connaître ou de croire en des vérités factuelles comme le fait la science, mais d’une confiance que les choses ne sont pas dénué de sens. Nous ne pouvons pas connaître l’existence parfaite. Nous pouvons seulement faire confiance que c’est là notre destination. Une vie spirituelle est une vie dans la conscience des limites de l’existence et du désir de les dépasser. Nous désirons la perfection : un bonheur parfait, une santé parfaite, un savoir parfait, un amour parfait, être parfait … Des psychiatres comme Freudet Lacan considéraient ce désir comme le désir du retour à une situation antérieure qui était supposée être un bonheur parfait, une situation de symbiose intra-utérine. Ce serait, donc, le désir d’un paradis perdu, un Eden duquel on aurait été chassé, comme décrit dans les mythes et les récits de la création du monde. Ce serait donc un désir régressif d’une situation préexistentielle, une situation d’une époque préconsciente. Ce désir peut être vu comme le désir d’un essor spirituelle, le désir d’une existence à laquelle rien ne manque, un désir d’une existence éternelle et complète. C’est ce que l’homme religieux appelle Dieu, mais qu’on peut aussi plus simplement appeler une expérience de la perfection de l’être. C’est dans ce désir d’une réalité sans restriction, que l’être humain pourrait trouver sa destination ultime. C’est la conscience spirituelle, transrationnelle ou transpersonnelle, qu’on ne peut pas atteindre par un mouvement de retour à un état antérieur, mais par un mouvement en avant, par une croissance.
La production artistiquereflète toujours l’âme et la conscience de son époque. Actuellement l’inspiration des artistes semble s’être desséchée et beaucoup d’artistes ne semblent intéressés que par une culture de la laideuret de la vulgaritédans leurs formes les plus extrêmes. L’art ne se fixe plus comme but de montrer la beauté et le sublime afin d’élever l’être humain, mais veut consciemment montrer la barbarie, la laideur et la banalité. Dans la production moderne des arts plastiques (Picasso, Francis Bacon, Lucian Freud …) l’homme est souvent détrôné, terni et abaissé. On est très loin du sentiment que la vie est noble et bonne. Les monstruosités morbidesde l’art moderne, traduisent la perte de la croyance que la vie aurait un sens.
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Si la production artistique moderne ne fournit pas d’art digne de ce nom, c’est qu’elle n’a plus aucun contenu spirituel. C’était pourtant l’essence même de l’art: indiquer une signification qui va plus loin que l’expérience immédiate. Un objet d’art qui ne pointe pas vers une dimension plus vaste, ne peut être que de la décoration. Le grand art n’a pas pour objet les émotions de l’artiste, mais l’idéal et la perfection qui, dans ce monde, ne sont jamais présents. L’art se doit d’être spirituel et, à l’inverse, la spiritualité ne peut pas se passer de l’art parce que l’art est le seul langage dans lequel on peut parler de spiritualité. C’est ça la grandeur de l’art des maîtres du passé. La musique de Bach cherche à exprimer la perfection, pas les émotions de l’artiste. L’expression des émotions de l’artiste mène à un art sans aucun
intérêt qui n’a rien à dire parce qu’elle exprime l’imperfection de cette vie. L’art se doit d’exprimer la perfection, pas l’imperfection de l’artiste. La beauté de l’art doit sidérer comme l’éternité. L’art doit rendre présent quelque chose de la perfection et de l’infini dans imperfection et la finitude de la vie humaine …
Chapitre 5 : les surprises de la vie
Pour changer il ne faut pas combattre ce qui existe. Il faut plutôt créer un nouveau modèle à côté duquel l’ancien va pâlir. BUCKMINSTER FULLER (1895-1983)
Être heureux quand tout va bien est facile. Souffrir quand tout ne vas pas si bien, est tout aussi facile. On a déjà remarqué qu’être heureuxn’est pas la même chose qu’avoir de la chance. De la même manière, avoir de la malchancen’est pas synonyme d’être malheureux. Pour pouvoir choisir le bonheur dans des circonstances difficiles, il faut non seulement avoir une bonne idée de la nature de la souffrance et du bonheur, mais il faut aussi une bonne dose de créativité.
C’est l’interaction, la mise en scène, la dramaturgiedes personnages dans notre conscience, comme décrits plus haut, c'est-à-dire l’imaginationet les émotions, qui sont les vrais responsables de notre expérience de bonheur ou de malheur. Cette mise en scène se fait dans le décor de la conscience, comme décrit plus haut. Faire de la voile quand le temps est beau et qu’il y a peu de vent, est facile. On peut même se mettre en tête qu’on est déjà un bon navigateur. C’est l’orage qui nous tire de notre rêve et qui nous apprend si nous disposons vraiment des compétences d’un navigateur chevronné. La facilité ne crée pas de grand maîtres.
Le stress et l’art de l’adaptation
Tout ce qui, chez les autres, nous irrite peut nous apprendre quelque chose sur nous-même. CARL GUSTAV JUNG (1875–1961)
Lorsque je pense que quelqu’un a besoin de plus de compréhension, c’est moi-même qui ai besoin de plus de compréhension. BYRON KATIE
Les animauxsuivent toujours leurs émotions. Les tensions émotionnelles sont immédiatement déchargées par des actions comme la fuite ou le combat. Ensuite, l’émotion, n’ayant plus aucune raison d’exister, disparaît tout simplement, comme la faim disparaît en mangeant. On ne peut pas retenir une faim et une faim ne peut pas « rester bloquée » en nous. On ne peut pas non plus ressentir la faim d’hier ou de l’année dernière. Comme les animaux sont toujours dans le moment présent, ils ne connaissent pas de stress prolongé. Un zèbre qui doit fuir devant un lion, a des émotions très intenses, mais s’il arrive à se sauver, quelques minutes après il broute tranquillement. Chez des animaux en liberté, les émotions et le stress durent rarement plus longtemps que 3 minutes. Par contre, l’hommepeut, à cause de sa réflexion éthique, empêcher que les émotions puissent se décharger en actions. Il peut s’interdire un certain comportement et dans ce cas,
la tension émotionnelle ne pourra pas se décharger. Une charge émotionnellesuite à une tension émotionnelle qui, pour quelque raison que se soit, ne peut pas se décharger, est généralement désignée comme un stress. L’homme dispose d’un excellent cerveauqui par l’évolution a été développé comme un instrument complexe et raffiné au service de notre survie. Il exécute cette mission à la perfection et est en permanence occupé à scruter l’entourage à la recherche de signes de danger ou de menace. Il fait de son mieux pour essayer de nous avertir à tout moment de la possible présence de ces signes. Dès qu’un tel signe est détecté, suspecté ou même simplement imaginé, une sorte d’alarme est actionnée. Mais, comme décrit plus haut, les émotions ne font pas la différence entre des images du monde externe qui arrivent dans le cerveau par les yeux, ou des images qui ont été produites sur place dans le cerveau par notre imagination. En effet, nous « regardons » davantage avec notre conscience qu’avec nos yeux. Nous sommes capables de retenir l’imaged’un tigre pour une durée quasi indéterminée et il est impossible de fuir ou de combattre un tigre imaginaire. Le stress dû à la peur d’un tigre imaginaire peut donc durer non pas 3 minutes, mais 3 heures, 3 jours, 3 ans ou 30 ans … Mark Twaina dit : « Ma vie a été remplie de drames, dont la plupart ne se sont jamais produits. » Nous ne pouvons pas ressentir la faim de demain, mais nous pouvons nous imaginer que demain nous aurons peut-être faim et nous pouvons déjà nous en inquiéter. Chaque pensée est un phénomène physiologique dans le corps.Chaque forme de pensée négative, d’opposition ou de combat, amène un stress et a un effet défavorable sur divers systèmes corporels. Le stress n’est pas seulement une souffrance psychiquesuite à une tension émotionnelle, mais est également source de souffrance corporelle. En effet, le stress est un signal d’alarme qui fait que tout l’organisme est mis dans une situation d’alarme. Cette situation d’alarme dans le corps, déclenche un mal-être, une souffrance inutile, et finalement la maladie. Cette situation est une conséquence directe de notre cerveau qui est toujours vigilant et à l’affût et qui croit avoir détecté une menace qui doit être neutralisé ou contre laquelle il faut s’opposer. Tous les systèmes disponibles, c'est-à-dire les émotions et le corps, se mettent à préparer l’action, par exemple la fuite ou la lutte. Cette situation déclenche la production d’hormones du stress(l’adrénaline, le cortisol…), qui peuvent être objectivement dosées au laboratoire. Le résultat est que le cœur va pomper plus vigoureusement, la respiration devient plus profonde et plus rapide, la digestion est mise en veille, le sang est plutôt dirigé vers les muscles et moins vers la peau qui pâlît, la fonction immunitaire est mise en veille, etc. En plus, il y a des changements cognitifsdans le cerveau qui font que les circuits neuronaux de décisions rapides seront privilégiés, alors que les systèmes, plus lents, qui permettent une analyse plus nuancé, deviendront moins actifs. Bref, tous les systèmes qui sont nécessaires pour une action immédiateseront mobilisés tandis que tous les systèmes qui sont nécessaires pour des actions à plus long terme, seront plus ou moins mis en veille. C’est logique : si l’alarme se déclencherait dans votre maison, vous n’alliez pas d’abord ranger votre cuisine ou cirer votre parquet. Vous alliez prendre des mesures urgentes pour mettre en sécurité votre vie et celle de vos proches et pour éteindre le feu.
Dans une telle situation d’alarme, le corps va réagir avec un changementde l’équilibre entre les fonctions urgentes, nécessaires pour la survie, et les fonctions d’entretien moins urgentesqui sont comme mises en veilleuse. Une des premières conséquences corporelles immédiates du stress, est l’ulcère de l’estomac. Ceci est décrit dans le livre de Robert Sapolsky: Pourquoi les zèbres ne souffrent jamais d’ulcères d’estomac.87 Comme il a été dit plus haut, les animaux ne souffrent pas d’ulcères d’estomac parce que leur stress est de courte durée. Chez l’homme, par contre, le stress peut persister très longtemps et, donc, une des premières conséquences en est l’ulcère d’estomac, qui peut même évoluer vers une situation plus grave de perforation. Ceci est une suite directe de la diminution d’une importante fonction d’entretien, à savoir la production d’un mucus protecteur pour la paroi de l’estomac. Cette diminution fait que le suc gastrique, qui a comme fonction normale de contribuer à la digestion de la nourriture, va digérer la paroi gastrique elle-même. D’autres fonctions qui, en situation de stress, sont mis en veilleuse sont la digestion de la nourriture, la menstruation et la reproduction, qui sont, eux aussi, des fonctions qui ne sont pas urgentes pour la survie et qui peuvent donc être reportées à des moments plus sereins. Une fonction d’entretien très importante, qui, dans le stress, est mis en veilleuse, est la fonction immunitaire. Le système immunitaire est un système extrêmement complexe et raffiné qui, en permanence, veille sur le corps et le débarrasse d’envahisseurs comme des bactéries, des virus et des parasites. Les conséquences d’un fonctionnement limité du système immunitaire sont claires : dans une situation de stress on est plus enclin au développement de toutes sortes de maladies. Une diminution de la fonction immunitaire pourrait même contribuer à la naissance, entre autre, d’un cancer. De par des erreurs de duplication de l’ADN ou sous l’influence de facteurs externes, des cellules cancéreuses apparaissent en permanence dans le corps. Dans des circonstances normales, ces cellules sont éliminées par le système immunitaire, mais en situation de stress cette élimination est moins efficace et les cellules cancéreuses peuvent se développer et devenir des tumeurs.88
87 R.M.Sapolsky. Why Zebras don’t get Ulcers. New York: W.H.Freeman and Company, 1994. 88 Dr. Lee Berk, from Loma Linda University, California, showed that emotions and behaviour had a physical impact on the body. A number of volunteers asked to watch just 20 minutes of comedies and stand up routines saw a dramatic drop in stress hormones, blood pressure and cholesterol. He concluded ‘that the body’s response to repetitive laughter is similar to the effect of repetitive exercise’ . In the mid-1990s, Dr Berk found that laughter increases the number of natural killer cells in cancer patients. Natural killer cells are the body's way of fighting tumours. For the latest study he had 14
On comprend dès lors que l’idée de « se battre » contre le cancer, qui prend souvent la forme d’un « combat » partagée par le patient et les soignants, est absurde. En effet, il est tout à fait impossible de « se battre » contre un cancer. Le cancer n’est pas un ennemi qu’on pourrait combattre. En général, ce « combat » n’est, du côté du patient, guère plus qu’un harcèlement de ses médecins et qu’une recherche obstinée sur internet pour trouver des informations sur les derniers traitements médicamenteux tout en se tracassant sur leurs effets secondaires. Ceci leur donne l’idée d’être combatifs et de faire quelque chose au lieu de se laisser faire ou de se résigner, mais cette activité est surtout génératrice de tensions émotionnelles et de stress, et comme on l’a dit, le stress est la dernière des choses dont on a besoin. Malgré les idées populaires, souvent même partagées par des professionnels, « se battre » est la pire des attitudes à adopter. La meilleure attitudedans une telle situation, est de laisser le traitement entre les mains d’un médecin en qui on a confiance. En effet, les médecins peuvent faire des choses qu’un patient ne peut pas faire et ne peut même pas évaluer. Mais les patients peuvent faire quelque chose que les médecins ne peuvent pas faire, à savoir créer un état interne de bien-être. C’est la meilleure chose qu’on puisse faire pour se donner un maximum de chances de guérir ou de survivre. C’est aussi, bien sûr, sur cet aspect que beaucoup de soi-disant traitements alternatifs ou complémentaires s’appuient. Il ne s’agit même pas de « l’influence de l’esprit sur le corps », comme on le dit souvent. En effet, dire cela signifie qu’on est toujours dans une logique dualisted’un corps et d’un esprit qui serait séparé de ce corps. Il est probablement plus exact, mais pour nous beaucoup plus difficile à se le représenter, que l’esprit est une fonctiondu corps. Il n’y a pas deux
volunteers watch either a stressful 20 minute clip of the war film Saving Private Ryan or an extract from a comedy or stand up routine. Blood samples taken afterwards showed the reduction in stress hormones and increase in immune T cells for those who watched the comedy. Blood pressure testing showed it was down too with this group. The findings were presented at the Experimental Biology conference.
entités différentes et séparées, dont l’une serait le corps et l’autre serait l’esprit et qui auraient une influence réciproque. L’esprit est le fonctionnement du corps, une certaine configuration du corps, tout comme un sourire est le nom d’une certaine configuration musculaire et une symphonie le nom d’une certaine configuration et fonctionnement d’instruments de musique. Un stress prolongéest émotionnellement et corporellement épuisant. Faire une guerre qu’on ne peut pas gagner, n’est pas seulement épuisant mais c’est aussi désespérant. C’est une affaire interminable qui ne peut pas avoir une issue heureuse. Une telle situation mène, par conséquent, souvent au pessimisme, à la rumination et aux pensées d’impuissance. Ce style cognitif pessimiste est le facteur le plus prédictif pour un mode de fonctionnement qu’on qualifie de « dépression». (voir plus loin) Dans un contexte professionnel on parle maintenant souvent de « burn-out». C’est l’idée d’être brûlé ou éteint, c'est-à-dire être à bout, épuisé émotionnellement. Contrairement aux idées reçues, les gens ne sont généralement pas brûlés ou éteints par une surcharge de travail ou par le comportement des autres, mais parce que le feu qui les consume est à l’intérieur d’eux-mêmes, sous la forme d’une guerre interne, un style cognitif pessimiste. Hans Selye, le père du concept de « stress », parlait d’un manque de pouvoir d’adaptation à des circonstances changeantes. Si le stress a un effet défavorable, l’inverse du stress doit avoir un effet favorable. Le stress est un phénomène physiologique, mais ça vaut aussi pour la paix dans l’âme, l’humour, le rire ou l’amour. Ces derniers états d’âme engendrent la sécrétion d’hormones de bien-êtrequi sont également dosable en laboratoire. L’attitude corporelle a, elle aussi, une influence sur l’humeur et peut l’améliorer ou la rendre plus morose. La détente fait que des fonctions corporelles comme l’entretien, la réparation et l’auto-guérison peuvent se faire plus facilement. Une attitude d’amour et un style de vie heureux sont donc favorables pour divers problèmes psychosomatiques ou autres. Les résultats d’un nombre croissant d’études sur le domaine de la psycho-neuro-immunologiefont que de plus en plus de médecins sont convaincus qu’il en est de même pour des maladies comme le cancer ou le SIDA. Chaque pensée et chaque émotion est un phénomène chimique dans le corps. Le bien-être est le meilleur médicament qu’on puisse s’administrer. Comme disait Voltaire dans Candide : « J’ai décidé d’être heureux, parce que c’est bon pour la santé. »
Chaque « non » induit du stress. Chaque « oui » induit de la détente.
L’art de vivre
Vivre sans stress est l’art de s’adapter à des conditions de vie qui sont toujours changeantes. Comprenez que le stress n’est pas le résultat des circonstances mais d’une attitude de « non ». Le stress n’est pas dû à un excès de travail, mais à une attitude d’opposition à ce travail. Le stress est souvent dû à l’idée d’obligation. Beaucoup de gens pensent qu’il sont obligés de travailler, qu’ils sont obligés de nettoyer la maison, qu’ils sont obligés de s’occuper de leurs enfants, qu’ils sont obligés d’aller chez le dentiste ou qu’ils sont obligés de payer des
impôts. Réalisez-vous qu’en tant qu’adulte, vous n’êtes obligés de rien ! « Devoir » et « pouvoir » appartiennent au monde et au langage de l’enfant. Un enfant vit avec des « devoir » et « pouvoir » parce qu’effectivement, les adultes obligent les enfants à faire certaines choses. Un enfant a très peu de choix. Un adulte a toujours le choix. Les seules autres circonstances où l’on oblige les gens, où ils sont donc « obligés », c’est quand on veut les punir. Une punition est une situation de contrainte où la personne concernée n’a pas le choix. Si on demande aux gens pourquoi ils travaillent, la réponse est souvent : « parce que je dois gagner de l’argent. » À la question pourquoi ils doivent gagner de l’argent, ils répondent souvent : « Parce que je dois quand même manger. » À la question pourquoi ils doivent manger, ils répondent : « Parce que je dois quand même vivre ! » À la question pourquoi ils doivent vivre, la réponse : « … » Manifestement, certaines personnes vivent la vie comme une punition.
Demandez-vous donc pourquoi vous faites ce que vous faites et ne vous contentez pas de la réponse : « parce que je dois. »
Alors pourquoi le faites-vous? Si vous réfléchissez posément, vous allez inévitablement arriver à la conclusion que tout ce que vous faites est en rapport avec un CHOIX que vous avez fait vous-même. Vous allez travailler parce que vous VOULEZ gagner de l’argent, parce que vous VOULEZ manger, parce que vous VOULEZ vivre, parce que vous VOULEZ prendre soin de vos enfants et parce que, en plus, dans la loterie géographique vous avez eu la chance d’être né dans un pays et dans une société où vous POUVEZ travailler et gagner de l’argent pour acheter tout ce que vous VOULEZ acheter et pour aller chez le dentiste si cela s’avère nécessaire. Libérez-vous donc de l’idée que vous agissiez par obligation ! Vous n’agissez pas non plus pour les autres. Vous faites toujours ce que vous VOULEZ faire pour des raisons qui sont les vôtres.
Mais il y a quand même la pression sociale ?
Il n’y a pas de pression sociale ! La société n’oblige personne à y participer. Mais la plupart des gens VEULENT profiter des avantages, des biens et des services de la société. C’est comme quand vous visitez un supermarché. Le supermarché ne vous oblige pas à mettre des produits dans votre caddy. Mais si vous VOULEZ mettre des choses dans votre caddy, il s’ensuit que vous allez devoir passer par la caisse. Il n’y a pas de pression ou d’obligation, il y a simplement des conséquences des choix que vous avez faits. Si vous VOULEZ vivre en société, il s’ensuit que vous allez devoir suivre certaines règles.
Au centre de tout comportement contraignant il y a un désire et une récompense caché, il n’est pas facile de l’admettre ou d’en devenir conscient. GUY CORNEAU
La dépression: la porte étroite vers le bien-être
On constate que, dans les sociétés d’abondance, où les gens semblent avoir tout pour être heureux, ils sont, en fait, plus dépressifs et plus angoissésque jamais. L’angoisse, l’agression et la dépression, à côté des troubles du comportement alimentaire, de l’automutilation et des (tentatives de) suicide, figurent haut sur l’agenda social. Le cynisme est devenu un triste phénomène de masse et chaque jour des individus en détresse et en grande solitude arrivent à la « conclusion » qu’ils ne voient plus d’autre issue à leurs désespoir que d’en finir avec la vie. Le suicide est, évidemment, une expression extrême de la perte de toute volonté de vivre et de l’impuissance à donner un sens à la vie. La dépression, appelée mélancolie dans l’antiquité, était au Moyen Âge considéré comme une forme de possession du diable ou des esprits malveillants et était traitée par l’exorcisme, voire mêmes des saignées. Certaines conceptions modernes vont d’ailleurs dans le même sens. Ainsi, la psychiatre Judith Orloff,dans son livre récent La liberté émotionnelle, écrit que la dépression est une énergie qu’on peut, sans le savoir, contracter d’autres personnes, par exemple dans une salle de cinéma.89 L’usage du concept « énergie » a, bien sûr, l’air plus moderne et plus scientifique, mais le schéma de pensée est essentiellement le même. La plupart des auteurs modernes ont, heureusement, une autre idée. Une dépressionn’est pas une maladie qu’on peut contracter ou dans laquelle on peut « tomber ». Ce n’est pas non plus une maladie qui peut vous « tomber dessus ». Il n’est donc pas question de « guérir » ni de « rechuter ». Tous ces concepts sont insuffisants pour pouvoir saisir ou comprendre la réalité existentielle. Une dépression n’a également rien à voir avec une sensibilité particulière, avec de l’empathie ou avec une personnalité forte ou faible, et encore moins avec un manque de volonté. Des personnes en dépression ne comprennent en général pas ce qui leur arrive et
89 Zie: Judith Orloff. Emotional Freedom. The Crown Publishing Group, 2009. Ned. vertaling: Emotionele Vrijheid. Kosmos Uitgevers, 2009. ‘Als u een empathisch mens bent, is het van belang te weten hoe u kunt voorkomen dat u de depressie van een individu of het soort depressie dat in menigten rondzweeft, overneemt.’ (p. 306). En verder: ‘Als u bijvoorbeeld net naar een komische film gekeken hebt en toch met een neerslachtig gevoel uit de bioscoop bent thuisgekomen, hebt u misschien de depressie van de mensen die naast u zaten overgenomen. Als mensen dicht op elkaar zitten, overlappen energievelden elkaar. Hetzelfde geldt wanneer u naar een winkelcentrum of een drukbezocht concert gaat.’ (p. 308) U weze dus gewaarschuwd!