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« Oui » à la mort

Vivez chaque jour comme si c’était le dernier. Vivez chaque jour comme si vous alliez vivre éternellement.

MAHATMA GANDHI (1869-1948)

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Quand je serai mort les éléments dont je consistais feront toujours partie de l’univers et ils seront dans ce grand tissue aussi utiles que lorsqu’ils faisaient partie de cette créature individuelle. DAVID HUME (1711-1776)

La mort n’est pas la plus grande perte dans la vie. La plus grande perte est ce qui meurt en nous pendant que nous sommes en vie.

NORMAN COUSINS (1915-1990)

N’essayez pas de ne pas mourir, essayez d’aimer la vie. L’effet sera peut-être de vivre plus longtemps.

BERNIE S. SIEGEL

La mort ne peut pas nous enlever ce que nous avons vécu, elle peut seulement nous enlever notre futur, qui n’existe pas encore. EPICURE (341-270)

Ce n’est pas tant la mort que l’on doit craindre, mais bien une vie inutile.

BERTOLT BRECHT

La mort fait partie de l’ordre naturel de la vie, comme le printemps, l’été, l’automne et l’hiver. Ceux qui croient en un Dieu, peuvent accepter la mort comme la volonté de ce Dieu. Les chemins de Dieu sont incompréhensibles, mais la création a un sens. La mort est simplement la fin d’une visite sur terre. La vision Bouddhiste est que l’ordre est né du chaos et que cet ordre retourne au chaos. La fleur du lotus pousse dans la boue. Quand la fleur de lotus a accompli sa tâche et est fanée, elle retourne à la boue, où elle se transformera en humus, nourriture pour une nouvelle vie, pour de nouvelles fleurs de lotus. La compréhension essentielle est que la boue est aussi noble et a autant de valeur que la fleur de lotus. De la même façon nous retournons vers le chaos d’où nous sommes originaires. Schopenhauerremarquait qu’après la mort nous retournons là où nous étions avant notre naissance. Il n’y a aucune raison de croire que l’état de non-être après notre mort serait plus grave ou plus angoissant que l’état de non-être avant notre naissance.

Considérer que la mort d’un proche est une « perte », est peu respectueux. En effet, une personne n’est pas un objet qu’on peut « perdre ». L’être humain est plutôt une expérience de la vie, comme un voyage ou une conversation. On ne peut pas « perdre » une expérience. Un être qu’on a eu la chance de connaître, ne peut plus jamais « disparaître ». Notre vie en reste changée de façon permanente. Le souvenir d’un beau voyage reste une source de joie pour le restant de la vie. On reste dans la gratitude en on se félicite d’avoir pu faire ce voyage. De la même manière on peut se féliciter du privilège d’avoir pu connaître quelqu’un. Le décès d’un proche doit nous inciter à contempler le mystère de la vie. De cette façon, l’attention se porte sur l’autre et sur le mystère de la vie, ce qui est une attitude d’amour et de modestie, au lieu de se perdre dans de la tristesse et de l’auto-apitoiement. On ne peut pas honorer les défunts par la souffrance des vivants. Il est facile de voir partir quelqu’un qui est en paix avec lui-même et avec le monde. Si l’on peut dire « oui » à la vie du bien aimé, on peut faire de sa propre vie ultérieure un souvenir vivant du défunt.

On peut aussi dire « oui» à sa propre mort, si on vit de façon à ce que les autres, après votre décès, soient inspirés par votre exemple. Vous pouvez en quelque sorte les laisser avec une belle leçon. Mourir est la dernière leçon que vous avez à donner.135

Dans La mort d’Ivan Illich de Tolstoï, le personnage principal réalise, avant qu’il ne meurt, que son jeune fils l’aime et que déjà rien que pour cette raison sa vie n’a pas été inutile. Ceci est suffisant : donner de l’amour et l’avoir reçu. C’est tout ce qu’il y a. Les stoïciens disaient déjà que nous ne rencontrerons jamais notre mort. Tant que nous sommes là, la mort n’y est pas, et dès que la mort est là, nous n’y sommes plus. La mort est un fait qui, effectivement, met fin à la vie. Mais la mort comme idée peut gâcher la vie. C’est comme gâcher un beau voyage en pensant constamment à la fin du voyage. Celui qui a peur de la mort, est déjà à moitié mort de peur. Nous ne devons pas combattre la mort, nous devons soulager la souffrance de la vie. La mort n’est grave que si la vie a été vide, si l’on laisse un vide derrière soi.

(Jean D’Ormesson !!!)

135 Mitch Albom. Tuesdays with Morrie. An old man, a young man, and life’s greatest lesson. Time Warner Books, 1997.

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