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La force d’accueillir ces angoisses
aussi, bénéficier de la fraîcheur de ce courant d’amour qui coule de façon naturelle dans notre cœur. Une fois que nous avons pu éprouver le fruit de la méditation de la compassion, la méditation de l’amour devient relativement aisée. Tout comme l’esprit de la compassion, l’esprit de l’amour confère d’abord de la paix, de la joie et du bonheur à celui qui le pratique. Si nous ne ressentons pas cette sérénité et cette joie en nous, alors nous ne pourrons pas les partager avec autrui. C’est pourquoi la méditation de la compassion et la méditation de l’amour sont bénéfiques, aussi bien pour celui qui les pratique que pour les autres.
L’histoire suivante nous apprend que nos jugements, n’ont en réalité que des conséquences sur notre propre état d’esprit.
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Un voyageur se dirigea d’un village dans la montagne vers un village dans la vallée. Chemin faisant il vit un agriculteur en train de travailler la terre. « Puis-je vous poser une question ? » demanda le voyageur. « Bien sûr » répondit l’agriculteur. « Je voyage du village de la montage vers celui de la vallée et je me demandais si vous pouviez me dire comment sont gens en bas ? » L’agriculteur réfléchit un peu et dit : « Dites-moi, comment vous avez trouvé les gens làhaut ? » « Epouvantable », répondit le voyageur, « je suis bien content de pouvoir partir. Les gens n’étaient pas du tout hospitaliers. Quand j’arrivais, j’étais accueilli d’une façon glaciale. Je n’ai jamais eu le sentiment d’appartenir au village, quel que soit mon effort. Les villageois restaient distants et fermés, ils n’étaient pas du tout accueillant pour les étrangers. Dites-moi, à quoi puis je m’attendre dans le village de la vallée ? » « J’ai peur de devoir vous dire que votre expérience de là-haut sera à peu près identique à celle d’en bas », répondit l’agriculteur. Le voyageur remercia l’agriculteur, soupira et continua son chemin. Quelques mois plus tard un autre voyageur vint sur le même chemin du même village de la montagne vers celui de la vallée. Lui aussi, s’arrêta près de l’agriculteur. « Puis-je vous poser une question ? » demanda le voyageur. « Bien sûr » répondit l’agriculteur. « Je voyage du village de la montagne vers celui de la vallée et je me demandais si vous pouviez me dire comment sont les gens en bas? » « Dites-moi » répondit l’agriculteur, « comment étaient les gens là-haut ? » « Formidable » dit le voyageur, « j’y serais resté plus longtemps si j’avais pu, mais je devais poursuivre mon voyage. Les gens étaient tellement hospitaliers. Quand j’arrivais, j’étais accueilli gentiment. Je me sentais comme un membre de la famille. Les villageois étaient accueillants et généreux et les enfants jouaient avec moi. C’est dommage que je doive partir mais j’y penserai toujours avec plaisir. Mais dites-moi, que puis-je attendre dans le village de la vallée ? » « Je crois que vous allez voir que les gens d’en bas sont aussi gentils que ceux d’en haut » répondit l’agriculteur. Le voyageur remercia l’agriculteur, sourit et poursuivit son chemin.
Comment les gens peuvent-ils apprendre à vivre sans angoisses ? En apprenant d’abord à vivre avec leurs angoisses ! FRANCIS LUCILLE
Vous obtenez de la force, du courage et de la confiance à travers chaque expérience dans laquelle vous regardez l’angoisse droit dans les yeux. ELEANOR ROOSEVELT
Moins vous avez besoin d’une carapace à l’extérieur et plus vous développez un squelette à l’intérieur, plus vous vivez comme un humain plutôt que de vivre comme un insecte.
ANONYME
Celui qui sait regarder à travers l’angoisse, sera toujours en sécurité.
TAO TE CHING
L’angoisse est l’une des émotions les plus fréquentes qui peuvent entraver le bonheur. L’angoisse est aussi un assemblage complexe, un riche patchwork : les gens peuvent s’angoisser pour les choses les plus diverses. Quelques-unes, dans un ordre aléatoire, sont : les ascenseurs, les autoroutes, les foules, de petits espaces, les avions, les tunnels, les ponts, les araignées, les chiens… sans oublier : la maladie et la mort.
Quand un tigre nous poursuit, l’angoisse est salvatrice, et dans ce cas, il vaut mieux fuir et courir, même de trop, que ne pas courir quand il y avait une bonne raison de le faire. Mais quand on constate le nombre de personnes qui, dans notre société, souffrent d’angoisse, alors qu’il y a relativement peu de « tigres », cela montre que l’imagination de l’être humain n’est pas uniquement un bénéfice de l’évolution, mais qu’elle peut être également un piège. Des stratégies de survie qui ont fonctionné à merveille dans la nature, peuvent devenir des réactions gênantes dans notre environnement culturel hautement sécurisé. En effet, dans notre culture, la plupart des « tigres » n’existent que dans notre imagination. Ils prennent la forme de pensées sur des événements possibles du futur: l’angoisse de perdre quelque chose, l’angoisse de ne pas obtenir de que l’on désire ou l’angoisse qu’il se passera quelque chose qu’on ne veut pas. Seules les personnes sans imagination ne sont jamais anxieuses. Comme déjà expliqué au préalable, nos émotions réagissent toujours docilement aux représentations que nous nous faisons, c’est à dire à notre imagination, à notre interprétation de la réalité. Quand soudainement vous pensez voir un serpent dans le jardin, il est normal que vous soyez envahi par l’angoisse. Mais quand vous regardez de plus près et que vous constatez que le serpent n’est qu’une branche morte, que ce passe-t-il alors avec votre angoisse ? Quelle était la cause de votre angoisse ? Le serpent qui n’y était pas, ou votre idée d’un serpent qui y était ? L’angoisse peut devenir comme une réaction allergique. Celui qui a été mordu une fois par un chien, peut facilement voir tous les chiens comme
dangereux. La personne en question est en quelque sorte devenu allergique aux chiens. En voyant un chien, des messages internes de danger sont alors émis et les émotions vont dorénavant réagir à chaque chien, indépendamment de la dangerosité ou non de celui-ci. C’est un processus généralement automatique et inconscient. Dans la plupart des cas, les gens ne sont pas vraiment conscients des messages et des injonctions émotionnelles qui viennent de leur imagination, de leur monde conceptuel, de leur dialogue intérieur. Ils vivent seulement les émotions et ils les attribuent à des causes du monde extérieur. Quand le petit fils d’un ami voulait allumer la télévision, il y eut au même moment un très fort coup de tonnerre. Longtemps, cet enfant n’a plus osé allumer la télévision. Contrairement à la prudence, qui est une fonction de la raison, de telles angoisses sont des restants d’une conscience enfantine et magique. Les gens croient qu’un ascenseur, un avion ou un chien ont le pouvoir magique de les angoisser. Ce n’est, bien sûr, pas le cas. Rien du monde extérieur ne peut nous angoisser. Ce qui est en nous seulement, peut nous angoisser. Nous sommes comme un chef d’entreprise qui ne comprend pas quels messages verbaux et non-verbaux il émet à ses collaborateurs et qui, par la suite, s’étonne de leurs réactions. Notre corps et nos émotions, et, par conséquent, notre comportement, sont toujours le fidèle reflet de notre « réalité » imaginaire. La prudence,c’est d’envisager, d’une façon adulte, sans émotion, des scénarios indésirables mais possibles, qui peuvent se produire et qui peuvent être analysés lucidement dans l’espace imaginaire. C’est, donc, une imagination sans émotion. L’angoisse, en revanche, est une émotion qui rend difficile voire impossible, tout examen critique parce qu’inhibé par un état d’alarme qui a pris le dessus. C’est réagir comme si cet état imaginaire était une réalité. Un enfant peut avoir peur des avions, des ascenseurs ou des tunnels. Un adulte sait que prendre un avion comprend un risque, de même que l’usage des ascenseurs et des tunnels. Il connaît ce risque et l’accepte comme faisant partie de la vie moderne, de même que les risques naturels faisaient partie de la vie de nos ancêtres lointains dans la nature où ils vivaient. Les multiples causes supposées de l’angoisseforment comme une couche externe, visible. Cependant, si on pose des questions sur ce qui existe sous cette couche, on trouve une deuxième strate : la couche de la réaction interne, qui, souvent, prend la forme de : « Alors j’angoisse totalement. » Quand on questionne encore d’avantage, on découvre l’idée centralede chaque forme d’angoisse : « Je ne vais pas y arriver ! Je vais perdre le contrôle ! Je ne vais pas survivre à cela ! » En effet, l’angoisse essaye de nous faire croire que quelque chose va se passer que nous serons incapable de « gérer »
La cause dans le monde extérieur=> il, elle, eux, «ça» =>Réaction: alors j’éprouve, je ressens ... => Réaction de base: je ne vais pas pouvoir gérer !!!
Dans les sociétés dites primitives, il y avait des rituels de transition où les jeunes apprenaient à gérer l’angoisse comme étape vers la maturité. Dans nos sociétés dites des lumières, nous n’avons plus de rituels et les jeunes n’apprennent plus à gérer l’angoisse d’une façon adulte.
Dans ces circonstances le comportement d’évitement, l’évitement de la cause, semble normal et presque inévitable, mais ce comportement est, précisément, la raison pour laquelle l’angoisse semble devenir de plus en plus envahissante et que nous, par contre, semblons devenir de plus en plus petits et angoissés. Alors nous pouvons conclure qu’il n’y a pas d’autre option que d’apprendre à vivre avec nos angoisses en serrant les dents pour supporter l’inconfort. Aussi longtemps que nous continuons à éviter l’angoisse, l’angoisse va croître et notre estime de soiva se réduire. Comme nous l’avons déjà écrit plus haut, la confiance en soi n’est pas une chose acquise et immuable que nous aurions ou pas. C’est plutôt un processus dynamique et changeant. Nous l’avons déjà comparé à un compte en banqueque vous pouvez créditer par des actions courageuses, ou, à l’inverse, débiter par des actions mues par l’angoisse. Pour la plupart d’entre nous la première journée d’école, la première fois sur une bicyclette ou dans la piscine, le premier petit rendez-vous et le premier baiser étaient tous angoissants, on l’appréhendait. Néanmoins, nous l’avons fait et c’est ainsi que c’est devenu facile. Alors nous avons le sentiment d’en être grandis. Mais à chaque fois que nous reculons, que nous fuyons devant une action ou que nous essayons de remédier à notre mal être en se « faisant plaisir », notre compte en banque décroît. Nous avons le sentiment d’en être diminués.
Le comportement d’évitementengendre toujours plus d’angoisse. Ce n’est qu’en faisant face à l’angoisse que nous progresserons. Pour cela prenez le temps d’examiner l’angoisse de façon sereine et critique. Ce n’est que lorsque l’angoisse est importée dans les lumières de la conscience que quelque chose peut changer. L’angoisse tente d’étayer la croyance en votre incapacité d’accomplir une quelconque action. C’est une forme de dire « non ». La réaction adulte est d’apprendre à accueillir la vie et à l’accepter dans tous ses aspects. «Ne pasy
arriver»n’est pas une option.
Un enfant ne connaît pas encore le monde et a une imagination débridée. Il peut croire qu’il y a des monstres, des forces occultes sous le lit de sa chambre ou ailleurs, qui veulent porter atteinte à sa vie. Un adulte, par contre, comprend le monde et prévoit ce qui peut arriver ou non. Il ne croit pas en l’existence de fantômes. Un adulte sait qu’il peut toujours adopter une attitude de dignité et de sagesse. Un enfant est angoissé mais n’est pas prudent. Un adulte n’est pas angoissé mais est prudent. L’angoisse disparaît en y prêtant une attention adéquate. Dans la pratique, cela revient à faire de vos angoisses des amis au lieu d’ennemis. Vous pouvez faire cela en comprenant que l’angoisse prend son origine dans de vieilles histoires d’antan qui avaient pour but de nous protéger ; des histoires que nous croyions en tant qu’enfant mais que nous ne croyons plus en tant qu’adulte. L’angoisse, tout comme l’espoir, est la conséquence d’une représentation, d’une projection interne. Dans le cas de l’angoisse ces représentations sont de soi-disant « pensées négatives », des pensées d’opposition et de de rejet. Si, au lieu de rester avec l’émotion du « non!», on poursuit ce schéma de penser de façon logique, on découvrira que la plupart des idées angoissantes vont perdre leur force et leur emprise. De cette manière la réaction allergique disparaît. C’est comme extraire de la conscience de l’enfant, l’ancienne histoire, source d’angoisse, pour ensuite l’archiver de nouveau dans la mémoire sous une forme adulte. Face à l’angoisse de l’imaginaire, rien ne vaut la réalité adulte du moment.
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Face à l’angoisse de l’imaginaire, la réalité du moment est le lieu le plus sûr.
Patient : J’ai peur d’être abandonné. J’ai tellement peur que mon conjoint me quitte. Thérapeute : Oui, et alors ? P : J’ai peur de ne pas pouvoir gérer. Th : Qu’est-ce que pour vous « ne pas pouvoir gérer » pourrait signifier ? P : Mais… tout simplement… que je ne pourrai pas gérer ! Th : Qu’est-ce qui se passerait alors ? P : Alors je serais seul ! Th : Oui, et alors ? P : Alors je tomberais dans la solitude ! Th : Oui, et alors ? P : Mais… alors je vais me sentir mal ! Th : Oui, et alors ? P : Alors … je vais peut-être pleurer toute la journée. Th : Oui, et alors ? P : … peut-être que je ne pourrais plus m’arrêter de pleurer ! Th : Oui, et alors? P : Alors… tôt ou tard … j’en aurai peut-être marre de pleurer… et comme je serais fatigué je tomberais dans le sommeil.
Souvent l’esprit ne sait plus quoi inventer et l’histoire sombre dans l’absurdité voire même le comique. Même un scénario de catastrophe peut se terminer en « queue de boudin ». Un adulte comprend le monde et sait ce qui peut se produire ou non. Il sait aussi que les gens savent gérer leurs difficultés. Un esprit adulte comprend qu’un adulte ne peut plus être « abandonné ». En réalité, la seule personne qui peut nous rejeter vraiment, est nous-même. A chaque fois que vous appliquez la méthode du «Et alors?» sur vos angoisses, celles-ci diminueront. La même approche peut, d’ailleurs, être utilisée pour d’autres émotions telle que la tristesse. Quand nous examinons nos émotions en profondeur, nous trouverons toujours la paix et la sérénité.
Malheureusement nous renonçons souvent trop vite et nous sommes emprisonnés par le « non!». L’angoisse est donc la pensée du « non» prématurément figée dans la réflexion et qui prend notre imaginaire en otage.
Une autre façon de gérer l’emprisonnement de l’angoisse strangulante, à côté du scénario de catastrophe, illustré plus haut, est d’orienter son imaginaire de façon consciente vers un scénario de réussite. C’est le scénario du monde idéal. Quand vous devez par exemple faire une conférence et que vous redoutez que tout le monde se moque de vous et que vous allez en mourir de honte, vous pouvez vous imaginer que les participants, bouche bée, seront accrochés à vos lèvres et que vous allez recevoir une « standing ovation » et que le public, enthousiaste, vous jettera des fleurs. Probablement que ceci vous fera rire, ce qui, inévitablement, diminuera votre angoisse. De surcroît il devient soudainement plus difficile, après avoir imaginé un résultat extraordinairement positif, d’être convaincu d’une issue extrêmement négative. Souvent les gens ont du mal à croire ou à accepter que leur problème d’angoisse qui semble tellement pesant et pour lequel ils ont si longtemps cherché une solution, puisse être éliminé d’une façon si simple. Souvent les gens ont cherché, quelque fois aidé par des thérapeutes, des « causes plus profondes » et ils ont du mal à accepter que simplement il n’y en ait pas. Ils ne peuvent pas supporter que depuis tellement longtemps ils se soient leurrés, voire parfois se sont fait berner.
L’art de vivre
Comprenez que l’angoisse ne partira pas d’elle-même. Il n’y aura pas de miracle. Soyez conscient que l’angoisse ne peut être vaincu. L’angoisse n’est pas un ennemi ! Mais ne laissez pas non plus l’angoisse devenir un maître ! Gérez votre angoisse comme vous géreriez un enfant angoissé. On ne peut pas vaincre un enfant angoissé et il ne partira pas de votre vie. La seule option pour le gérer est de lui donner une juste attention. Pour cela vous devez commencer par l’accueillir et l’embrasser. Vous devez lui faire comprendre que son message est entendu. Un enfant qui croit ne pas être entendu, reviendra parce qu’il pense que vous n’avez pas compris le danger. Ce n’est que quand l’adulte en vous, reconnaît l’angoisse de l’enfant qui est en vous, que celui-ci se sentira compris et s’apaisera. L’enfant a besoin d’une présence et de l’apaisement d’un adulte. Un adulte n’est pas angoissé. Le problème avec l’angoisse, ce n’est pas l’enfant, c’est le manque de présence de l’adulte. A chaque fois que vous reculez devant une angoisse, vous émettez un message interne d’incapacité, qui fait que l’angoisse grandit pendant que vous devenez plus petit. C’est la victoire de l’angoisse. Par contre, l’angoisse devient plus petite quand vous devenez plus grand, c’est à dire quand vous décidez d’agir alors même que l’angoisse essaie de vous immobiliser. Dans ce cas vous émettez un message interne de force intérieure et de confiance en soi.