
9 minute read
Vers un nouveau modèle du monde
Tous ces paradoxes indiquent qu’une nouvelle lumière, une nouvelle manière de penser est nécessaire. Des paradoxes dans la science même, ont nécessité de repenser et de développer un nouveau modèle du monde.
En 1859, avec sa publication retentissante, Charles Darwina déclenché une vraie révolution coperniciennedans la compréhension de l’homme, une césure dans la pensée, dont les ondes de choc sont toujours en train de se propager et sont encore loin d’avoir touché tous les domaines de la vie humaine. Darwin a rendu concevable l’idée que la vie ne soit pas un processus « top-down », sous la direction d’un grand architecte ou bureaucrate, mais un processus créatif, « bottom-up », non miraculeux, autonome et plutôt facile à comprendre. Il a démontré que la création s’est étalée sur des millions d’années, un pandémonium d’une croissance sauvage créative et une sélection impitoyable. Il s’agit d’un processus qui a évolué lentement et à petits pas, sans plan préétabli, sous l’influence d’évènements accidentels, comme une pyramide qui est construite sur ses fondations.27 Ce processus invraisemblable et époustouflant a été quelque fois comparé à un filet d’eau qui monterait une montagne ou avec un amalgame de pierres dont, au bout d’un certain temps, une maison naîtrait par auto-organisation. (autopoièse) Nous comprenons maintenant que la matière est en soi ni morte, ni vivante, mais que des organisations complexes de la matière peuvent présenter la caractéristique de la vie quand elles fonctionnent d’une certaine façon et celle de la mort si elles ne le font pas. La vie n’est pas une substance mais une forme d’organisation. Un raisonnement similaire est valable pour la conscience : la conscience peut naître dès qu’il y a un certain degré de complexité. Le nouveau modèle du monde est donc un modèlenon-linéaire, systémique et créatif28 . Un modèle du monde systémique signifie qu’il n’y a plus de simple causalité linéaire, mais un réseaude relations et de causalités. Tout est à la fois cause et conséquence. Ainsi il n’y a par exemple plus de luttes de classes linéaires entre les ouvriers exploités et les capitalistes qui exploitent car dans le système moderne les gens sont aussi bien ouvriers que capitalistes.
Advertisement
27 Dennett, Daniel. Darwin’s Dangerous Idea. Allen Lane, The Penguin Press. 1995
28 On pourrait aussi l’appeler une vision holistique-créative du monde, mais parce que le terme « holistique » peut probablement évoquer des connotations moins souhaitables avec le mouvement New-Age, nous préférons le terme de vision du monde systémique-créative ou intégrale-créative.
Dans un modèle non-linéaire de petites causes peuvent en outre être lourdes de conséquences tandis que de grandes causes peuvent avoir des effets relativement minimes. Le mathématicien et météorologue américain Edward Lorenz appelait ceci l’effet papillon: le battement de l’aile d’un papillon à un certain endroit peut être la cause d’un orage à un endroit éloigné. L’effet papillon explique pourquoi le climat est tellement difficile à prévoir. En effet, des effets inattendus, non-linéaires et donc non-prévisibles croisent sens cesse les prévisions. C’est valable aussi pour de nombreux autres systèmes complexes comme le système économique ou la bourse. Dès que cela est clair, on comprend que le modèle classique n’était en fait qu’un cas particulier d’un modèle plus vaste et n’était valable que pour une infime partie de la réalité, notamment pour des objets et systèmes matériels simples.29 Ainsi, le modèle gravitationnel de Newton est un cas particulier du modèle plus vaste de la relativité d’Einstein. Dans le nouveau modèle du monde, les relationsentre les entités sont plus importantes que les entités elles-mêmes. Un exemple simple peut le clarifier. Il semble évident qu’un fils vient au monde comme conséquence d’une activité de son père. Le lien de causalité semble net. Nous pouvons, toutefois, proposer aussi valablement que c’est justement la naissance du fils qui a fait d’un homme, un père. Sans fils il n’y a pas de père, sans père il n’y a pas de fils. La solidité et l’autonomie des entités « père » et « fils » se dissolvent dans la relation puisque l’un ne peut pas exister sans l’autre. Il s’agit d’une relationdont les éléments apparaissent simultanément et se maintiennent l’un l’autre. Ici, certains des lecteurs de ce livre penseront certainement aux concepts de la physique quantique. Chaque savoirest aussi une relation entre un sujet qui examine et un objet examiné. Nous ne pouvons jamais examiner objectivement la réalité parce que nous en faisons toujours partie. Notre savoir, c'est-à-dire notre représentation de la réalité, évolue constamment et affecte notre façon d’observer la réalité. Cette « observation » affecte à son tour notre savoir, c'est-à-dire notre représentation de la réalité. Un psychiatre qui pose un diagnostic, crée ainsi une « réalité » qui, aussi bien pour lui-même que pour son patient, déterminera leur relation et leur perception de « la réalité ».
29 Cf. Fritjof Capra. Uncommon wisdom. London: HarperCollins, 1988. Cf. Fritjof Capra. The Turning Point. New York: Simon and Shuster, 1982. Cf. Fritjof Capra. The Web of Life. London: HarperCollins., 1997. Cf. aussi les oeuvres de Ken Wilber.
Représentation de la réalité <-> observation de la réalité <-> réalité observée <->
Les caractéristiques d’imprévisibilitéet de non-linéaritésont éminemment valables et applicables chez l’homme, qui est le système le plus complexe connu. La conséquence très pratique et concrète est que nous ne pouvons plus considérer l’homme comme un simple produit ou résultat de son passé ou de son environnement. L’homme est un processus créatif, tout comme l’est l’évolution de la vie. L’homme est tout simplement le système le plus créatif et donc le plus difficile à comprendre et à prévoir. L’homme n’a pas un comportement prévisible mais il évalue chaque situation pour essayer de la survivre et d’en tirer profit. Cela est illustré, entre autre, par le fait que des enfants ayant connu une jeunesse affreuse, peuvent dans certains cas quand-même devenir des adultes équilibrés, tandis que d’autres, ayant connu une jeunesse soi-disant heureuse, peuvent ne rien faire de leur vie et devenir des adultes tout à fait dysfonctionnant. Cela explique aussi qu’aucune expérimentation sur l’homme en laboratoire ne peut donner des résultats fiables. En effet, l’homme va toujours évaluer la situation proposée et se poser la question : « Comment puisje survivre ? » C’est aussi pour ça que les structures administratives et politiques sont incapables de trouver des solutions durables pour les problèmes du comportement humain. L’homme inventera toujours des possibilités créatives pour esquiver les règles et les accommoder à son avantage. Il s’arrangera toujours pour payer moins d’impôts ou pour s’approprier des avantages auxquels il n’a pas droit. C’est tout simplement une caractéristique évolutionnaire de l’homme, du Darwin en somme. La question pourquoiun individu a tel ou tel comportement, est finalement vide de sens. Il n’y a pas d’explication raisonnable ou logique à donner. A la question pourquoi quelqu’un fume ou a commis un meurtre, il n’y a qu’une seule réponse à donner : c’est qu’à ce moment-là, la personne, dans sa logique, croyait que c’était une bonne idée. C’est pour cela que les psychiatres restent chaque fois de nouveau sans réponse aux questions qui leur sont posées. Ceci n’est en outre pas un problème, c’est même plutôt rassurant ! Si les psychiatres pouvaient prévoir le comportement de l’homme, cela signifierait que l’homme serait un être compréhensible et donc prévisible, c’est à dire un robot sans aucune liberté.
Een paradigmashift…
Traditionele westerse wetenschap Klassieke Cartesiaanse wereld Niet-participerende dode wereld Industriële tijdperk Controle - manipulatie - exploitatie
Nieuw paradigma Participerende wereld Systeemperspectief Mystiek – Spiritualiteit Ecologie - Boeddhisme
WETEN Kennis, analyse
Van het idee van dominantie en beheersing van de natuur naar het idee dat de hele schepping onze metgezel, onze moeder is. (R.D. Laing)
Galileo Descartes Newton Bacon Hobbes Kwantificatie Universum als machine Dominantie van de natuur, competitie Mannelijke, patriarchale waarden: manipulatie, controle, exploitatie MAXIMALISATIE van één parameter Cultus van groei & winst
Fritjov Capra Gary Zukav Prigogyne Gregory Bateson David Bohm Ken Wilber R.D. Laing Moris Berman A.N. Whitehead Bergson
NIET-WETEN Wijsheid, verwondering
Kwaliteiten Holistisch paradigma Esthetische ervaring Ethische waarden Relaties, synergie Vrouwelijke waarden OPTIMALISATIE van alle parameters
Le modèle systémique du monde souligne l’idée que tout est lié àtout d’une façon complexe et que rien n’est uniquement cause ou conséquence. L’homme est enclavé dans un tout, dans une société et dans un univers. Nous ne pouvons pas vivre de façon isolée. Notre comportement et notre schéma de consommation, ici et maintenant, a des conséquences sur autrui, ailleurs dans le monde, même à très grande distance. Notre goût pour des meubles de jardin en teck a des conséquences pour la forêt vierge en Indonésie. Notre demande pour du textile bon marché produit en Chine, engendre de la pollution qui fait fondre des glaciers en Amérique du Sud et les problèmes du marché immobilier Américain font basculer des banques européennes. Les conséquences de notre comportement dans d’autres parties du monde ont à leur tour des conséquences pour nous, si bien qu’il n’est plus possible de déterminer ce qui est cause et ce qui est conséquence. Ainsi, nous faisons partie
d’une injustice mondialement répandue, qui à son tour est à la base de conflits, du terrorisme et de la guerre. L’injustice mène à la discorde, qui finalement va nous revenir.30 Le nouveau modèle systémique du mondedevrait nous faire réaliser que nos actions ne peuvent plus être motivées par la maximalisation d’un seul paramètre, notamment notre propre bien-être ou notre propre profit, mais doivent être dirigées vers l’optimalisation de l’ensemble. Ce serait comme une famille dans laquelle un enfant recevrait toute l’attention et les derniers petits jouets alors que le reste de la fratrie souffrirait de la faim. Ce déséquilibre mènerait à des situations insoutenables. Il ne peut y avoir du bien-être dans une famille que si tous les membres de la famille peuvent raisonnablement y participer. Ce mode de pensée ne s’est, toutefois, pas encore introduit dans la conscience habituelle et est en outre souvent disqualifié par le discours social et par des professionnelles qui essayent de résoudre des problèmes sociétales, systémiquespar des mesures individuelles, localessous la forme de plus de contraintes judiciaires ou plus de médicaments, qui ne prennent pas en compte l’insertion de ses problèmes dans un fonctionnement plus vaste. La transition vers un nouveau modèle du monde n’est jamais facile. Adhérents et adversaires discutent âprement et se font presque la guerre : un nouveau modèle du monde fait en effet voler en éclats beaucoup de convictions sacrés. Quand Einstein proposait son nouveau modèle, il a essuyé beaucoup d’incrédulité et même de résistance. Ce n’était qu’après que ses prévisions, datant de 1905, ont été confirmées par les observations d’Arthur Stanley Eddingtonde la déviation de la lumière d’une étoile par la gravité du soleil pendant l’éclipse de mai 1919, qu’il devint instantanément célèbre. A son tour, Einsteins’est farouchement opposé à la physique quantique qui, elle, a de nouveau fauché un certain nombre de certitudes. Tout ceci illustre que la transition vers un nouveau paradigme se passe toujours avec tumulte et résistance. Ceci vaut aussi pour une nouvelle technologie, qui, elle aussi, se heurte souvent à de violentes résistances. Ainsi, l’imprimerie, les journaux, le téléphone et la télévision ont soulevé beaucoup d’oppositions et il n’en est pas autrement pour la communication digitale. Les adversaires d’un nouveau paradigme reprochent à ses adhérents un manque de cohérence scientifique, de conséquence et de suite dans les idées.
30 Le scénario et les évènements qui ont mené à la destruction de la nature, la décadence de la culture et l’extermination des habitants de l’Ile de Pacques, souvent décrit comme un écocide et un génocide à la fois, sont un avertissement et une image qui préfigure ce qui pourrait se passer si nous n’apprenions pas à gérer notre planète et nos ressources plus rationnellement.