Vers quoi cette émotion dirige-t-elle votre attention? Vers vous-même ? Vers une autre personne ? (Dans la souffrance, l’attention est toujours chez vous. Dans l’amour, l’attention est chez l’autre.) Pensez à la tristesse. Est-ce un « oui, j’en veux d’avantage » ou un « non, j’en veux moins » ? Dans cette tristesse, est-ce qu’il s’agit de vous ou de l’autre? Chez qui est l’attention ?
Conduire un éléphant Si vous avez bâti des châteaux dans l’air, vous n’avez pas perdu votre temps, car c’est là que tout commence. Maintenant vous devez juste encore y ajouter des fondations. HENRI DAVID THOREAU (1817-1862)
La réponse à la question du rapport entre la soi-disant théorie et la soi-disant pratique n’est pas toute suite claire et a depuis longtemps occupé l’esprit humain. Parce qu’on ne peut pas exactement décrire ou expliquer ce rapport, nous devons nous en tirer avec des métaphores. Une métaphore est en soi ni vraie, ni fausse. Une métaphore est une manière de rendre pensables et transparents certains aspects de la vie, tout comme un jeu d’échec semble très compliqué mais devient transparent dès que vous connaissez les règles. En ce sens le jeu d’échec est alors aussi une métaphore pour la vie… Une métaphore classique est celle du corps et de l’esprit ou de l’âme. L’être humain est alors vu comme une union temporaire d’un corps mortel et d’un esprit ou d’une âme immortelle, sans qu’il soit clair comment on peut se représenter cet esprit ou ce corps. Cette métaphore engendre facilement des idées analogues comme celle d’une dimension basse ou élevée de l’être humain ou celle de la raison et des émotions, sans que ce soit, là aussi, clair comment on peut se le représenter et où serait exactement la frontière entre les deux. De là il n’y a qu’un petit pas vers la conception du bien et du mal dans l’être humain. L’idée d’un combat entre le bien et le mal semble originaire de Zoroastre et a été repris dans une forme plus au moins modifié par la plupart des religions monothéistes.
Platon utilisait la métaphore de l’être humain comme le conducteur d’un char avec un couple de chevaux, dont le cheval du bien et le cheval du mal. C’était le défi du conducteur (c’est à dire la raison) de mener l’ensemble dans la bonne voie.
Freud avait l’idée du conscient et de l’inconscient dans l’homme. Il voyait l’inconscient comme un volcan avec des forces inconnues, ténébreuses qui à tout moment pouvaient entrer en éruption et nous rendre la vie difficile. Une description plus moderne conçoit l’homme comme une construction de trois entités fonctionnelles. La base est le programme évolutionnaire tel que décrit plus haut, qui est