LÉGUMES 50

Rosenn Le Page
Rosenn Le Page
Cultiver ses propres légumes pour manger sain, voir pousser ce que l’on a semé ou planté, initier ses enfants au jardinage par la gourmandise… on en rêve tous. Que l’on soit propriétaire d’un véritable jardin, d’un jardinet de ville ou même d’un balcon en ville. Mais voilà, pour se lancer il faut quelques bases. C’est ce que nous vous proposons dans cet ouvrage, du concret et du pratique pour faciliter votre initiation au potager « bio ». Ne pensez pas « autarcie » mais « plaisir »… Cultivez dans votre jardin ce qui est onéreux et sans saveur sur les étals, les légumes que vous aimez, etc. Ensuite si vous avez davantage de temps, vous aurez tout loisir d’agrandir votre potager.
Pour cultiver des légumes, créer un véritable potager n’est pas forcément nécessaire. Vous pouvez d’abord planter des légumes parmi les fleurs dans vos platesbandes déjà établies. Outre les herbes aromatiques, certains légumes – bette à carde, artichaut, rhubarbe, fraisier, etc. –sont assez décoratifs pour y trouver leur place sans déparer. Veillez tout de même à ce que vos récoltes restent accessibles. Malgré une petite production, vous aurez au moins le plaisir des yeux et du palais ! Si vous avez davantage d’ambition, par exemple nourrir votre famille une partie de l’année grâce à vos récoltes, aménagez-vous un véritable potager. Adaptez ses dimensions à vos besoins et au temps que vous avez à y consacrer.
Mars-avril : préparation du sol (affinage, désherbage, etc.) et semis.
Mai-juin : plantations et entretien (binage, désherbage, paillage, arrosage, etc.).
Été : arrosages et récoltes.
Octobre-novembre : dernières récoltes, travail du sol et fertilisation.
Vous n’avez que le week-end…
Une surface moyenne environ 80 à 100 m2 vous permettra une belle diversité d’espèces si vous étalez les récoltes.
L’idée est d’avoir toujours quelque chose à déguster en toute saison, même en hiver. Son entretien exigera à peine une demi-journée par semaine au printemps
(de mars à mai), voire un peu moins, et un à deux week-ends à l’automne. C’est la surface parfaite pour un potager de maison de campagne, mais aussi pour des actifs qui n’ont pas le temps de s’occuper du jardin dans la semaine.
Pour subvenir aux besoins en légumes frais durant toute la saison de culture de votre famille, comptez 50 m2 par personne, soit un potager de 200 m2 pour une famille de quatre personnes. Envisagez au moins une demi-journée d’entretien par semaine, de mars à juin, et deux à trois week-ends à l’automne. Si vous souhaitez nourrir toute votre famille durant une bonne partie de l’année, il vous faudra environ 80 m2 par personne à nourrir y compris les enfants, soit environ 350 m2 pour une famille de quatre personnes, vous aurez également de quoi alimenter conserves et confitures « maison ». Votre potager couvrira ainsi une bonne partie de vos besoins durant l’hiver, période où l’on récolte peu. Mais avez-vous une journée par semaine à consacrer à votre potager entre mars et juin et deux à trois week-ends à l’automne ?
Le soleil et la lumière sont indispensables au bon développement des légumes. Aussi évitez la présence d’arbres, sauf en pourtour, et encore, du côté sud, afin que leur ombre ne nuise pas à la croissance
En ville, établissez votre potager sur l’arrière de la maison pour qu’elle fasse obstacle aux poussières nocives de la circulation. Si ce n’est pas possible, plantez entre la voie de circulation et votre potager une haie touffue, bien dense à la base, assez haute, environ 2 m.
À la campagne, méfiez-vous des nombreux traitements que pratiquent bon nombre d’agriculteurs. Si les champs alentour sont cultivés, bordez votre jardin d’une haie touffue côté des vents dominants : elle vous préservera de ces embruns indésirables. Installez votre potager le plus loin possible des champs avoisinants.
des légumes. Il est préférable que l’endroit soit le plus plat possible afin de retenir les eaux de pluie ou d’arrosage, sur place, auprès des légumes. Vous apprécierez la proximité d’un point d’eau – l’arrivée d’eau d’un arrosage intégré ou des cuves pour récupérer l’eau de pluie – lors des arrosages. Privilégiez un accès facile et un contour géométrique, carré ou rectangle. Des bordures fixes éviteront l’invasion des mauvaises herbes des allées surtout si elles sont engazonnées.
Les légumes sont globalement exigeants sur la qualité du sol et notamment sa teneur en éléments nutritifs. Le changer est impossible. Le connaître vous permettra de choisir les espèces les mieux adaptées
et d’adapter vos pratiques culturales pour l’améliorer au fil des ans. Un sol lourd colle aux outils. Dès qu’il pleut, le terrain se transforme en gadoue. Il se réchauffe lentement au printemps – on doit attendre la mi-mai pour y planter et semer les légumes les plus frileux – et devient très dur en été s’il fait sec. Il retient bien l’eau et les éléments nutritifs : il peut être fertile moyennant quelques améliorations. Allégez-le en apportant compost, fumier décomposé ou tourbe.
Au contraire, en toute saison, le sol léger est facile à travailler et entretenir : les outils s’y s’enfoncent sans effort et la terre est facile à soulever. Envers du décor !
L’eau d’arrosage ou de pluie est vite absorbée et la surface de la terre sèche rapidement, devenant poussiéreuse en été.
Votre sol se réchauffe vite au printemps, permettant une mise en place précoce des légumes, mais les plantes y souffrent de la sécheresse en été.
Bien entretenu d’année en année, le sol s’améliore et devient de plus en plus fertile.
Préparez votre nouveau potager, à l’automne de préférence, surtout en sol lourd et compact, ou au début du printemps (terres légères). Commencez par bêcher profondément sa surface, éliminez les
pierres, les mauvaises herbes et les souches présentes. Opérez en lignes parallèles, dans le sens de la largeur (s’il est rectangulaire) : vous parviendrez plus rapidement au bout d’une ligne, c’est moins décourageant. Si la surface est grande (au-delà de 250 à 300 m2), n’hésitez pas à louer un motoculteur.
Fertilisez toute la surface à cultiver, à raison d’une à deux brouettes de compost ou de fumier décomposé pour 10 m2. Étalez en surface et mélangez à la terre avec le croc ou la griffe.
Si vous opérez en automne, les intempéries hivernales affineront naturellement la terre. Au printemps suivant, quelques
coups de croc suffiront pour parfaire la finesse du terrain. Si vous avez entrepris l’installation de votre potager au printemps, vous réaliserez toutes ces opérations à la suite. Il est alors indispensable d’employer un compost ou un fumier bien décomposé à cette période.
Investissez dans une fourche écologique qui aérera le sol sans le retourner. Son maniement est simple. Vous plantez les dents de l’outil devant vous, vous imprimez aux deux manches quelques mouvements d’avant en arrière et vous retirez la fourche que vous plantez quelques centimètres en deçà pour renouveler l’opération. Travaillez toujours à reculons pour ne pas piétiner le sol que vous venez de décompacter. Il est conseillé de compléter ce travail du sol, lorsqu’il est réalisé en automne, par l’étalement d’un amendement organique (paillage) de 6 à 8 cm d’épaisseur.
Selon leur nature, votre technicité, la place dont vous disposez et votre patience, les légumes se sèment ou se plantent. Bon nombre d’espèces potagères peuvent à la fois se semer et se planter. Pour un même légume vous aurez moins de choix de variétés lorsque vous l’achetez en plant plutôt qu’en graines. Le semis est plus économique, mais exige de débuter la culture plus précocement, des soins réguliers jusqu’à l’apparition des premières feuilles
Bien bêcher n’est pas inné. Tout d’abord on progresse à reculons, ligne après ligne, afin de ne pas piétiner la terre travaillée. Enfoncez la bêche verticalement sur toute la longueur du fer (partie métallique plate de la bêche), soulevez la motte de terre en faisant levier sur le manche et retournez la motte de terre en faisant pivoter la bêche sur place. Vous pouvez également remiser la terre de la première rangée dans la brouette : vous créez ainsi une rigole. Vous y verserez les mottes de terre de la deuxième rangée sans les soulever en faisant pivoter le fer de la bêche de ce côté. Ainsi de suite jusqu’à la dernière rangée que vous comblerez avec la terre de la brouette.
et des manipulations de jeunes plants fragiles. Les jeunes plants s’installent à leur place définitive au potager.
On sème les légumes en terrine ou caissette (récipient plat et large, le plus souvent carré ou rectangulaire, pour les graines fines), en godet (pour les grosses graines) lorsqu’ils ont besoin de beaucoup chaleur pour germer tels les tomates, aubergines, potirons et autres courges, piments, poivrons, etc. Ainsi peut-on les entreposer au chaud : chez vous derrière une fenêtre, en serre ou mini-serre. Semez en place les espèces supportant mal la transplantation comme les légumes formant une racine, betterave, céleri, navet, carotte, radis, etc. Enfin, on préfère le semis en pépinière pour tous ceux qui
ont besoin d’un repiquage pour renforcer leur enracinement : choux, poireaux, etc. Quel que soit l’endroit où vous semez, la bonne germination d’une graine exige un contact étroit entre la terre et la graine, beaucoup d’humidité, de la chaleur et une répartition homogène des graines.
Essayez le semoir à main. Il s’agit d’une petite boîte plastique dont l’ouverture se règle selon la grosseur de la graine. Elle débouche sur un bec court qui permet de déposer la graine au fond du sillon.
serrés. Au même stade, éclaircissez votre semis, c’est-à-dire éliminez les plants les plus faibles pour laisser suffisamment de place à ceux qui restent afin qu’ils se développent normalement.
Le repiquage / éclaircissage
Lorsque les graines semées ont germé, que les jeunes plants ont trois à cinq feuilles, selon les espèces, il faut transplanter à leur place définitive ceux cultivées en pépinière, en terrine ou en godet. C’est le repiquage. Les jeunes plants sont alors arrachés avec délicatesse. La plantation, en pot ou au jardin, doit se dérouler quasi simultanément afin de préserver les jeunes racines du dessèchement. Ceux déjà semés en place sont souvent trop
La plantation au jardin concerne les jeunes plants cultivés en pot à l’issue du repiquage ou ceux achetés en jardinerie. Ces derniers se présentent sous deux formes : en godet de plastique et en motte de terre compressée, sans pot. Pour la réussite de la plantation, humidifiez bien la motte de terre des jeunes plants en les laissant tremper dans une bassine d’eau quelques minutes avant de planter. Au printemps, plantez dans la journée, de préférence un jour sans soleil, quand la température ambiante est agréable. En été, préférez le matin ou le soir, « à la fraîche ».
Les espèces sauvages et indigènes ne sont « mauvaises » que parce qu’elles concurrencent les légumes. Le potager étant fertile, elles trouvent là matière à prospérer. Plus vous éliminerez les plantes indésirables jeunes et moins elles auront
Exposition : soleil, chaleur.
Sol : riche et pas trop sec en été.
Arrosage : régulier et abondant.
Production ?
10 (nord de la Loire) à 30 (Midi) aubergines par pied selon la région.
En combien de temps ? 6 à 8 mois.
Plantes amies : haricots nains.
Au nord de la Loire : variétés précoces – par exemple ‘Violette de Barbentane’ (fruits longs), ‘Bonica F1’ (fruits ovoïdes), ‘d’Avignon Hâtive’, etc. – ou plants greffés plus vigoureux.
Dans le Midi : variétés originales comme ‘Ronde de Valence’ (fruits ronds), ‘Dourga F1’ (fruits longs blancs), ‘Violette de Florence’ (fruits ronds, violets et roses), etc.
Plantes ennemies : pas d’ennemie connue. Terrine
En mars
Répartissez les graines d’aubergine de façon homogène dans un récipient plat. Recouvrez d’une fine couche de terreau émietté à la main.
Tassez avec une planchette et arrosez en pluie fine. Couvrez jusqu’à l’apparition des premières feuilles, une bonne semaine plus tard, et placez au chaud.
Découvrez et rapprochez de la fenêtre dès que les premières feuilles sont visibles.
Température : 25 °C
Placer la terrine sur un radiateur muni d’une tablette accélère la germination des graines.
Plantez les jeunes plants d’aubergine individuellement dans des godets remplis de terreau ordinaire. Conservez-les en véranda, serre ou châssis.
Sortez les jeunes plants en godet en plein air aux heures les plus chaudes de la journée une quinzaine de jours avant la plantation.
5 à 6 feuilles
Au nord de la Loire, la nuit, couvrez les jeunes aubergines avec un module de tunnel en plastique ou une cloche transparente. Arrêtez quand les fruits ont environ la grosseur d’un œuf.
Plantez les jeunes plants d’aubergine dans des trous, remplis de compost, espacés de 30 à 40 cm. Arrosez copieusement.
Jeune plant du commerce ou de votre production
Exposition : soleil et chaleur.
Sol : riche, léger et frais en été.
Arrosage : abondant.
Production ? 10 à 12 piments/plante.
En combien de temps ? 4 à 6 mois.
Plantes amies : aubergine, tomate.
Plantes ennemies : aucune ennemie connue.
Piment et poivron sont de proches cousins. On appelle parfois le poivron « piment doux ». Que ce soit du piment ou du poivron, on en trouve de très nombreuses variétés de formes, allongée, biscornue, etc., et de couleurs variées, rouge, vert, jaune, orange, violet, etc., sans parler de leur saveur qui ne se résume pas au piquant même chez le piment.
Fin février à début mars
Semez des graines de piment et de poivron dans du terreau à semis. Recouvrez de terreau émietté et arrosez en pluie. Couvrez, jusqu’à l’apparition des premières feuilles, 10 à 15 jours plus tard, et placez au chaud.
Température : 25 °C
de la lumière dès que les feuilles sont visibles.
Plantez les jeunes piments et poivrons individuellement dans des godets. Conservez-les sous châssis. Dès que les températures dans la journée sont supérieures à 15 °C, ouvrez le châssis durant les heures les plus chaudes. À la mi-mai, placez-les à l’air libre en dehors du châssis.
Terreau ordinaire
Espacement en tous sens : 50 cm
Plantez des jeunes plants de piments ou poivrons (obtenus par votre semis ou acquis dans le commerce) au potager.
Trou
Dans le sud de la France, semez directement au potager en avril-mai en ligne. Un bon mois plus tard, éliminez les plus faibles pour ne conserver qu’un plant tous les 15 à 20 cm.
Lorsqu’une bonne douzaine de fruits sont formés, coupez les branches une feuille au-dessus de chaque fruit afin d’accélérer la maturation des fruits déjà formés. Cette taille est inutile dans le Midi.
rempli de compost
Arrosez copieusement.
Exposition : soleil.
Sol : riche, frais, pas trop calcaire.
Arrosage : abondant.
Production ?
1 à 2 plants pour 4 personnes. En combien de temps ? 4 à 5 ans.
Plantes amies : elle préfère la solitude.
Plantes ennemies : pas d’ennemie connue.
De mars à avril ou de septembre à octobre
Plantez des jeunes plants de rhubarbe en les espaçant de 1 m en tous sens, ses bourgeons (qui commencent à poindre au printemps) affleurant à la surface.
Toutes les variétés sont sensiblement équivalentes et vous n’aurez généralement que peu de choix. Celles aux pétioles écarlates comme ‘À Cotes Rouges’ sont très spectaculaires.
20-30 cm
8-10 cm de fumier ou compost décomposébien
20-30 cm
En avril
Chaque année, paillez avec du compost bien décomposé après un désherbage soigneux.
Épaisseur du compost : 6-8 cm
Coupez les tiges florales qui apparaissent au cœur des feuilles bien avant leur épanouissement au ras du sol.
De mai à juin et de septembre à octobre
Coupez les pétioles de feuilles au ras du sol. Éliminez le limbe des feuilles et mélangez au compost. Seuls les pétioles charnus se consomment.
Laissez toujours quelques feuilles au centre de la touffe, les plus petites.
Par division, tous les 4 à 5 ans, on obtient de nouveaux plants de rhubarbe et on rajeunit l’ancien déjà en place.
Entre mars et avril
Lorsque les bourgeons de la rhubarbe émergent de la terre, découpez la terre autour de la rhubarbe. Avec la fourche-bêche, soulevez la motte de terre en faisant levier sur le manche.
Coupez en morceaux avec un couteau fort et replan tez immédiatement. Donnez les morceaux de rhu barbe en surnombre.
Diamètre de la découpe : 15-18 cm
GESTE PAR GESTE
Manger sainement, voir pousser ce que l’on a semé ou planté, faire des économies… voici autant de bonnes raisons pour créer un potager et y cultiver de manière bio ses légumes !
Ce guide pratique vous donne toutes les bases du jardinage bio, puis vous propose une sélection de 50 légumes. Chacun fait l’objet d’une fiche de culture basée sur des dessins en pas-à-pas précis et légendés.
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Ingénieur horticole de formation, Rosenn Le Page est journaliste spécialisée dans les domaines du jardin et de l’écologie. Elle a déjà publié de nombreux ouvrages sur ces thèmes aux éditions Rustica.