214 L’Avenir du travail en Afrique
ménages, la capacité de pourvoir aux besoins de sa famille est considérée comme relevant de la dignité humaine. Cette attitude reflète l’opinion, partagée dans beaucoup de pays, selon laquelle les bénéficiaires de programmes de protection sociale ne méritent pas d’être aidés et pourraient devenir dépendants des allocations – alors qu’investir dans le capital humain consiste à investir dans l’actif le plus précieux de la région. Certains pensent également que les programmes de protection sociale n’ont pas d’effets productifs et par conséquent les perçoivent comme un gaspillage des ressources publiques. Selon une étude menée dans cinq pays sur les transferts monétaires, les bénéficiaires individuels voyaient peu sinon pas de lien entre le programme de transferts monétaires et les autres moyens de subsistance viables, et ils affirmaient que le programme pouvait augmenter la dépendance21. Bien qu’une minorité de bénéficiaires aient déclaré se sentir stigmatisés par les transferts monétaires et éprouver une perte de dignité, beaucoup ont affirmé que ces transferts avaient accru leur estime de soi et leur avaient permis d’avoir un plus grand contrôle de leur vie. Dans le même ordre d’idées, une étude récente révèle que les transferts monétaires ont des effets positifs sur différents indicateurs de développement, dont la pauvreté monétaire, l’éducation, la santé, l’épargne et les investissements, l’emploi et l’autonomisation ; mais l’étude révèle également que ces effets dépendent de la conception du programme et de ses caractéristiques de mise en œuvre, notamment les mécanismes de paiement, les conditions d’octroi et les interventions complémentaires, ainsi que les services côté offre22.
L’importance de la gestion des risques, de l’exploitation des opportunités et de l’optimisation des ressources Ce chapitre prolonge les recommandations formulées dans le RDM 2019 en faveur d’un système de protection sociale qui soit progressif et bénéficie prioritairement aux plus vulnérables (Banque mondiale, 2019b). En Afrique subsaharienne, ces systèmes de PSE doivent viser à répondre directement aux chocs et aux risques provoqués par les transformations sur les marchés du travail (Banque mondiale, 2012). Étant donné le faible niveau de MRI dans la région, les systèmes de PSE doivent être viables sur le plan budgétaire et permettre d’équilibrer les arbitrages politiques. Les solutions de PSE prendront ainsi trois directions : la première consistera à renforcer les systèmes de protection sociale traditionnels afin de se concentrer sur les travailleurs en phase de transition, en particulier ceux du secteur informel ; la deuxième visera à exploiter de nouvelles solutions de protection sociale novatrices qui convertissent les risques en opportunités ; la troisième cherchera à surmonter les contraintes budgétaires et politiques en optimisant les ressources et en tenant compte de l’économie