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L’importance de la gestion des risques, de l’exploitation des opportunités et de l’optimisation des ressources
ménages, la capacité de pourvoir aux besoins de sa famille est considérée comme relevant de la dignité humaine. Cette attitude reflète l’opinion, partagée dans beaucoup de pays, selon laquelle les bénéficiaires de programmes de protection sociale ne méritent pas d’être aidés et pourraient devenir dépendants des allocations – alors qu’investir dans le capital humain consiste à investir dans l’actif le plus précieux de la région.
Certains pensent également que les programmes de protection sociale n’ont pas d’effets productifs et par conséquent les perçoivent comme un gaspillage des ressources publiques. Selon une étude menée dans cinq pays sur les transferts monétaires, les bénéficiaires individuels voyaient peu sinon pas de lien entre le programme de transferts monétaires et les autres moyens de subsistance viables, et ils affirmaient que le programme pouvait augmenter la dépendance21. Bien qu’une minorité de bénéficiaires aient déclaré se sentir stigmatisés par les transferts monétaires et éprouver une perte de dignité, beaucoup ont affirmé que ces transferts avaient accru leur estime de soi et leur avaient permis d’avoir un plus grand contrôle de leur vie. Dans le même ordre d’idées, une étude récente révèle que les transferts monétaires ont des effets positifs sur différents indicateurs de développement, dont la pauvreté monétaire, l’éducation, la santé, l’épargne et les investissements, l’emploi et l’autonomisation ; mais l’étude révèle également que ces effets dépendent de la conception du programme et de ses caractéristiques de mise en œuvre, notamment les mécanismes de paiement, les conditions d’octroi et les interventions complémentaires, ainsi que les services côté offre22 .
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L’importance de la gestion des risques, de l’exploitation des opportunités et de l’optimisation des ressources
Ce chapitre prolonge les recommandations formulées dans le RDM 2019 en faveur d’un système de protection sociale qui soit progressif et bénéficie prioritairement aux plus vulnérables (Banque mondiale, 2019b). En Afrique subsaharienne, ces systèmes de PSE doivent viser à répondre directement aux chocs et aux risques provoqués par les transformations sur les marchés du travail (Banque mondiale, 2012). Étant donné le faible niveau de MRI dans la région, les systèmes de PSE doivent être viables sur le plan budgétaire et permettre d’équilibrer les arbitrages politiques. Les solutions de PSE prendront ainsi trois directions : la première consistera à renforcer les systèmes de protection sociale traditionnels afin de se concentrer sur les travailleurs en phase de transition, en particulier ceux du secteur informel ; la deuxième visera à exploiter de nouvelles solutions de protection sociale novatrices qui convertissent les risques en opportunités ; la troisième cherchera à surmonter les contraintes budgétaires et politiques en optimisant les ressources et en tenant compte de l’économie
politique de l’élaboration des politiques publiques. Les technologies numériques peuvent se révéler utiles dans ces trois dimensions. Des exemples de solutions politiques sont mis en évidence dans les sous-parties suivantes (voir aussi annexe 4C)23 .
L’élargissement des programmes de PSE traditionnels aux travailleurs en phase de transition
Pour atténuer les bouleversements provoqués par la révolution technologique ainsi que les coûts d’ajustement de l’intégration commerciale, il faudra gérer l’incertitude liée aux mobilités d’emploi. Étant donné l’importance de l’économie informelle, comme cela a été exposé au chapitre 3, une priorité-clé pour que l’Afrique subsaharienne puisse faire face à ces mobilités consiste à élargir la couverture de la protection sociale au secteur informel, y compris aux personnes qui habitent les zones urbaines et évoluent dans l’économie des « petits boulots ».
Alors que de nombreuses régions d’Afrique s’urbanisent et que les travailleurs s’installent dans les villes, il est nécessaire de fournir une protection sociale à la main-d’œuvre urbaine, souvent active dans le secteur informel. Les programmes sociaux en Afrique, à l’exception des exonérations de frais et des pensions sociales universelles, ont généralement ciblé les zones et populations rurales (Beegle, Coudouel et Monsalve, 2018). Plusieurs programmes ont cependant été lancés récemment en zone urbaine, tels que le système de coupons au Burkina Faso, le programme d’accès gratuit à l’eau dans les zones urbaines de Madagascar, le programme urbain de travail rémunéré en espèces au Mali et le programme de transferts monétaires au Sénégal, dénommé Programme national de bourses de sécurité familiale (PNBSF). Les États envisagent à présent de procéder à des ajustements dans la conception et à des adaptations dans la mise en œuvre, afin d’identifier et de protéger plus efficacement les pauvres des villes. Il faudra pour cela relever un certain nombre de défis, notamment concernant l’identification et le ciblage des pauvres dans les agglomérations urbaines, les campagnes de communication et la forte mobilité de la population, qui pourraient se traduire par une faible adoption du programme et une faible participation – autant d’obstacles que les technologies numériques peuvent en principe contribuer à surmonter.
Une étude récente de la Banque mondiale propose une approche réaliste progressive afin de poser les bases d’un régime de pension pour le secteur informel qui pourrait éventuellement être transposé à grande échelle pour devenir un système universel obligatoire (Guven, 2019). Les décideurs africains doivent avant tout identifier et comprendre les caractéristiques du secteur informel de leurs pays respectifs afin de concevoir le régime approprié. Le schéma 4.1 présente les principales caractéristiques des travailleurs du secteur informel et résume la façon dont elles pourraient être abordées lors de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un régime de pension approprié. Dans l’ensemble, trois principes doivent servir de guide, à savoir (voir aussi encadré 4.2) : (1) réduire