4 minute read

Risques systémiques et contraintes budgétaires pesant sur la couverture de la protection sociale en Afrique subsaharienne

Next Article
Bibliographie

Bibliographie

Ce chapitre est structuré de la façon suivante. La première partie vise à identifier les transformations des marchés africains du travail engendrées par la révolution numérique, laquelle se produit parallèlement à d’autres tendances, qui créeront un besoin de protection sociale. Seront également examinées dans cette partie les contraintes budgétaires et politiques qui pèsent sur une couverture universelle de la protection sociale en Afrique subsaharienne. Seront ensuite présentées dans le chapitre plusieurs options de politique de protection sociale à envisager pour faire face à l’incertitude de l’emploi et à la mobilité du travail du demain.

Seront également formulées des recommandations pour surmonter les contraintes budgétaires et politiques et offrir des niveaux plus réalistes de couverture de protection sociale. Enfin, un exposé des perspectives de recherche viendra conclure ce chapitre.

Risques systémiques et contraintes budgétaires pesant sur la couverture de la protection sociale en Afrique subsaharienne

Les bouleversements systémiques subis par les marchés du travail subsahariens dans un monde du travail en mutation obligeront les travailleurs à changer d’emplois, de secteurs, de filières ou de pays. Ces mobilités fonctionnelles aggraveront les niveaux déjà élevés de besoins non satisfaits de protection sociale et de gestion des risques en Afrique subsaharienne. En commençant par la révolution numérique, principal centre d’intérêt du présent rapport, cette partie vise à identifier ces facteurs disruptifs, les risques qu’ils génèrent pour la population active d’Afrique et les contraintes budgétaires et politiques pesant sur l’élargissement de la couverture de la protection sociale.

La révolution numérique, les autres tendances mondiales et les risques auxquels elles exposent les marchés du travail africains

De récentes études indiquent que les bouleversements systémiques des marchés du travail formel provoqués par la numérisation et la mondialisation constituent des facteurs déterminants de l’avenir du monde du travail (Banque mondiale, 2019b). Ces tendances ne devraient cependant pas affecter plus de 20 % des travailleurs de la région, car environ 90 % de la main d’œuvre d’Afrique subsaharienne évolue dans l’économie informelle, comme cela a été développé au chapitre 3. Compte tenu de la structure de ses économies et de leur faible niveau de formalisation, l’Afrique subsaharienne connaît une situation de départ différente des autres régions du monde. Comme cela a été observé dans le premier chapitre, la plupart des pays subsahariens ne disposent pas d’un vaste secteur de l’industrie manufacturière (moins de 10 % de la main-d’œuvre). La majorité des emplois se situent

dans l’agriculture (60 à 70 %) et les services au consommateur (20 à 30 %) (FMI, 2018b), souvent dans le secteur informel et caractérisés par des revenus instables.

Par conséquent, pour la plupart des Africains, l’interaction des innovations numériques avec d’autres facteurs va entraîner des mobilités fonctionnelles entre les secteurs, les filières et les pays, générant à la fois des risques et des opportunités en matière d’emploi. Ces moteurs mondiaux de la transformation des marchés du travail sont exposés dans cette sous-partie. Parmi eux figurent la création et l’adoption des technologies numériques, qui se produisent dans un contexte de plus grande intégration économique, ainsi que le changement et la fragilité climatiques, et les changements démographiques en Afrique3. Ces tendances bouleversent l’économie, diversifient le monde du travail et remettent en question un certain nombre de normes, notamment les relations qui régissaient traditionnellement le monde du travail et autour desquelles s’étaient développées les politiques de PSE de partage des risques dans les pays industrialisés au début du xxe siècle (Banque mondiale, 2019a). Ces tendances exposent les économies subsahariennes à un certain nombre de risques, parmi lesquels des chocs (instabilité des revenus, transformation du travail, compétences obsolètes ou non recherchées, etc.) et des défaillances du marché (incertitude, déficits de coordination, pouvoir de marché, etc.). Selon le Forum économique mondial, on pourra observer l’impact de presque tous ces phénomènes moteurs d’ici à 2025, ce qui souligne l’urgence d’une action adaptative dès aujourd’hui (FEM, 2016). Les technologies numériques Les innovations liées aux technologies numériques sont en train de transformer la nature du travail, y compris en Afrique subsaharienne. Comme cela a été exposé dans le premier chapitre, l’adoption des technologies numériques peut avoir un effet positif très fort sur l’emploi. Il a également été dit au chapitre 3 que l’adoption des technologies numériques a le potentiel de conduire à une plus grande productivité et à des gains en matière d’emploi dans le secteur informel, dans la mesure où les technologies mobiles dans des secteurs tels que les services financiers et l’agriculture généreront probablement un nombre significatif d’emplois pour les travailleurs peu qualifiés (FMI, 2018b ; Ng’weno et Porteous, 2018 ; Banque mondiale et Banque de développement de Chine, 2017). Néanmoins, comme le montre l’encadré 4.1, les technologies numériques pourraient avoir des effets perturbateurs et de nature à détruire des emplois dans certains secteurs, comme l’exploitation minière dans les pays riches en ressources et le secteur public.

Même si l’on s’attend à ce que les technologies numériques génèrent des gains nets cumulés en matière de productivité et d’emploi, les décideurs politiques devront gérer les coûts de mobilité. Les personnes passant d’un emploi ou d’un ensemble de tâches à un autre, ou qui sont temporairement sans emploi en

This article is from: