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Afrique subsaharienne

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Bibliographie

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ENCADRÉ 3.1

L’« e-extension » accroît la productivité des petits agriculteurs en Afrique subsaharienne

En agriculture, l’e-extension, ou vulgarisation électronique, est l’utilisation des technologies modernes de l’information et de la communication dans le but de communiquer facilement et rapidement des informations pertinentes aux agriculteurs. En veillant à ce que les petits agriculteurs aient accès en temps réel aux informations agronomiques pertinentes afin qu’ils prennent des décisions éclairées, les dispositifs de vulgarisation électronique favorisent la productivité agricole, augmentent la sécurité alimentaire et améliorent les moyens de subsistance ruraux. Les petits agriculteurs sont souvent des utilisateurs disposant de peu de compétences et d’un accès réduit aux technologies. Parmi les innovations conçues pour répondre aux besoins de ce segment, on peut citer : • 8028 Farmer Hotline. En Éthiopie, l’Agricultural Transformation Agency (Agence pour les transformations agricoles) – en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, l’institut éthiopien de recherche agricole Livestock Resources et Ethio Telecom – propose une plateforme afin de fournir directement des informations aux agriculteurs par téléphone mobile. La technologie employée est un système de serveur vocal interactif et de messagerie SMS qui ne requiert pas d’échange de données mais seulement l’accès à un téléphone mobile de base et le suivi d’instructions simples. • Precision Agriculture for Development (PAD). PAD est une organisation pour le développement active en Éthiopie, au Kenya et au Rwanda, couvrant plus de 6 millions d’agriculteurs. Elle se consacre à l’envoi aux petits agriculteurs de SMS contenant des conseils d’agriculture pour augmenter les récoltes. • Farm.ink. Farm.ink repose sur une plateforme d’apprentissage de pair à pair et est soutenue par le Programme de recherche du CGIAR sur le bétail. Grâce à un robot conversationnel, Farm.ink revêt la forme d’une communauté en ligne active où les agriculteurs peuvent poser leurs questions. Des classificateurs d’apprentissage automatique fournissent des réponses adaptées aux questions des petits agriculteurs. Le robot conversationnel peut fonctionner avec un smartphone bon marché et une connexion de base à Internet. • Digital Green. L’approche par la vidéo de Digital Green est une solution adaptable, évolutive et rentable permettant à un service de conseils de vulgarisation agricole d’atteindre un grand nombre de petits agriculteurs. Un partenariat avec des prestataires de services de vulgarisation existants en Éthiopie, au Kenya et au Malawi a permis à Digital Green de puiser dans des réseaux de confiance actifs au sein des communautés rurales reculées, ce qui a permis son expansion rapide. Les prestataires de services de vulgarisation produisent et diffusent des courtes vidéos localement ciblées et en étudient l’impact. Ces vidéos sont souvent adaptées en fonction des besoins et des capacités des agriculteurs.

Source : Kim et al., à paraître.

Avantages complémentaires des technologies numériques

Tandis que les avantages des technologies numériques ont été étudiées d’un point de vue général dans le chapitre 1, nous nous concentrons dans cette partie sur leurs avantages pour le secteur informel. Il est possible d’adapter les récents cadres d’analyse des technologies axées sur les compétences (Acemoglu, 1998 ; Aghion, 2002 ; Violante, 2008) afin de mettre en évidence quatre types d’avantages complémentaires des technologies numériques qui peuvent se révéler particulièrement importants pour l’amélioration des résultats de croissance et d’inclusion des entreprises et exploitations agricoles du secteur informel : effets de complémentarité avec le capital existant, gains d’inclusion, gains d’efficacité et gains d’innovation.

L’adoption et la diffusion des technologies ont un effet de complémentarité avec le capital existant. Elles aident à assouplir les contraintes de crédit et à améliorer l’inclusion financière.

Par exemple, la possession d’un téléphone mobile par un pourcentage élevé des entrepreneurs peut être un moyen d’améliorer l’accès au crédit. En effet, l’un des principaux obstacles au crédit est l’asymétrie d’information entre les entreprises informelles et les institutions financières. Si les entreprises ne disposent ni d’un business plan ni d’antécédents de transactions, les banques n’ont aucun moyen d’évaluer la viabilité d’un investissement pour lequel un crédit est sollicité. Il leur est par conséquent difficile de démontrer la rentabilité d’une activité (McCormick, 2012). À défaut de pouvoir évaluer une demande de prêt, les banques exigent généralement des garanties, ce qui exclut les entrepreneurs pauvres (bien que possiblement talentueux) et crée des frictions importantes, comme l’a révélé Nguimkeu (2014). L’administration de microcrédits crée d’autres difficultés qui sont bien documentées (Ivatury, 2009)9. La popularité croissante de l’argent mobile pourrait fournir une plateforme permettant de résoudre la majorité de ces problèmes, car il rend possible la circulation de l’argent entre différentes parties. Étant donné que les individus et les entreprises utilisent aussi les technologies pour les paiements de biens et de services, les données issues de ces transactions monétaires génèrent une trace électronique (par exemple, les montants, fréquences et motifs des transactions) qui fournit de riches ensembles de données exploitables pour un ensemble d’analyses de données financières. En outre, dans la mesure où les opérateurs disposent de données liant les transactions aux situations géographiques des utilisateurs, la combinaison des données des transactions en argent mobile et des données d’opérateur fournit un solide appui pour réaliser le suivi du comportement des entreprises informelles dans le temps et dans l’espace. De telles informations peuvent servir à une meilleure gestion des risques au sein des banques et ce, au bénéfice des deux parties.

Les gains d’inclusion s’obtiennent par la résolution des asymétries d’information, en créant et en développant des marchés des intrants et des extrants plus transparents et en permettant aux exclus d’y accéder (par exemple, de

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