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une sélection de pays d’Afrique de l’Est

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Bibliographie

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Tableau 3.3 Utilisations des TIC par les entreprises informelles dans une sélection de pays

d’Afrique de l’Est

Ouganda Tanzanie Rwanda Kenya

utilisation de tiC par les entreprises téléphones mobiles à des fins professionnelles 67.9 44.4 53.4 67.4

ordinateurs personnels 2.0 0.1 0.7 3.0 Connexion internet fonctionnelle 3.2 2.8 2.0 3.5 Ligne téléphonique fixe fonctionnelle 6.9 1.0 1.3 0.1

si l’entreprise utilise les sms et messages texte envoie reçois 27.2 77.3 63.9 78.1 18.1 37.4 33.3 55.3

pourquoi les entreprises n’utilisent pas de téléphones mobiles trop coûteux pas besoin 37.1 41.7 55.3 5.5 48.7 55.8 33.1 20.2

Source : Deen-Swarray, Moyo et Stork 2013. Remarque : TIC = technologies de l’information et de la communication; SMS = short message service (service de messages succincts).

La formalisation des entreprises informelles a toujours été l’un des principaux objectifs des pouvoirs publics (OCDE, 2016). Les États ont envisagé différentes politiques afin d’encourager une transition de l’informel vers le formel, comme la simplification des procédures d’enregistrement des entreprises conjuguée à une réduction d’impôts. Ces politiques n’ont affiché qu’un succès limité dans nombre de pays (Ulyssea, 2010), et le processus de formalisation n’a été une réussite dans aucune économie africaine, ce qui n’est sans doute pas appelé à changer. Qui plus est, dans le cas de nombreuses activités en Afrique, les entrepreneurs n’ont pas l’impression que les réformes en matière d’enregistrement ou de fiscalité leur procureront de véritable avantage. C’est le cas notamment des spirites traditionnels africains, dont les activités sont principalement confinées au secteur informel6. À la différence de ceux qui se consacrent à d’autres types d’activités informelles, ils sont peu susceptibles d’entrer dans le secteur formel en raison des restrictions socioculturelles et du secret qui entoure leurs activités, non de leur manque de ressources ou de compétences.

En mobilisant les données Global Findex, Berkmen et al. (2019) analysent comment les services financiers numériques peuvent encourager la formalisation des entreprises informelles et discutent des politiques de réduction des risques7. Ils décrivent le paysage technologique financier en rendant compte de l’évolution du nombre d’entrepreneurs informels qui réalisent des paiements numériques, utilisent des produits d’épargne et empruntent de l’argent, ainsi que de l’accès des entrepreneurs informels aux téléphones mobiles et à Internet.

D’une part, étant donné que le secteur informel utilise constamment les systèmes de vente au détail par paiement électronique, l’épargne virtuelle et les plateformes d’offre de crédits virtuelle, le processus de numérisation (qui implique l’existence de plateformes de paiement facile et l’accessibilité aux marchés) pourrait permettre aux marchés informels d’Afrique de rejoindre la sphère des transactions formelles. Par conséquent, l’imposition incohérente des technologies numériques (comme celle instaurée par les réglementations exagérées d’Ouganda et du Zimbabwe) a entrainé une réduction de l’accès, ce qui nuit au processus. Par exemple, la Commission ougandaise de la communication a estimé que le nombre d’utilisateurs d’Internet avait chuté de près de 30 % entre mars et septembre 2018, pointant les graves conséquences de la taxe démesurée imposée par l’État ougandais8. De plus, selon les prévisions, le coût économique de la taxe sur les réseaux sociaux devrait se traduire par une diminution de 750 millions de dollars de la croissance du PIB et de 106 millions de dollars des taxes perçues en Ouganda (Stork et Esselaar, 2018).

D’autre part, dans la mesure où la formalisation est liée à l’acquisition de compétences, un accès plus large aux technologies à usages multiples pourrait fournir davantage d’informations et de ressources ainsi que des applications faciles d’emploi, à même de contribuer à réduire l’informalité. Il est néanmoins nécessaire de mener davantage de recherches afin de montrer que ces technologies numériques qui facilitent l’accès aux services financiers peuvent améliorer efficacement le respect des exigences auxquelles doivent se conformer les entreprises formelles. Ces résultats posent dès lors la question de savoir si l’objectif politique annoncé de formalisation du secteur informel en Afrique est hors d’atteinte, étant donné qu’on a essayé cette approche dans la région et qu’elle a échoué. Un objectif plus réaliste (qui est aussi utile pour la formalisation) pourrait consister à concentrer les efforts sur l’augmentation de la productivité des entreprises informelles, toutes activités confondues, puisque les entreprises ne se formaliseront pas sans croître. Cet objectif pourrait être atteint moyennant l’adoption des technologies numériques qui permettent à ces entreprises de surmonter les contraintes en matière d’information grâce aux réseaux sociaux et d’atteindre une plus large clientèle, ainsi que de surmonter les contraintes financières par l’adoption de technologies qui accroissent la productivité, telles que les applications facilitant l’accès à l’argent mobile.

Les technologies agricoles émergent rapidement dans toute la région, grâce à de faibles coûts, une meilleure connectivité et des analyses de données sophistiquées (Banque mondiale, 2019b). Plus précisément, les technologies numériques se révèlent être actuellement à un point d’inflexion où le coût décroissant rend possibles des innovations évolutives. Par exemple, les abonnements mobiles grimpent en flèche, avec 420 millions d’abonnés mobiles uniques en Afrique

subsaharienne et une pénétration de l’Internet mobile atteignant 240 millions d’individus (26 % de pénétration) en 2016. Bien que les abonnements mobiles et la pénétration d’Internet aient augmenté sur le continent, ils sont limités par l’accès numérique (graphique 3.7). Le taux de pénétration de l’Internet rural est de 10 % en Afrique, et varie selon l’âge, le sexe et le revenu.

L’évolution rapide des technologies agricoles disruptives répond aux caractéristiques du système alimentaire africain (encadré 3.1). L’une de ces caractéristiques est l’inégalité d’accès aux technologies, à l’information, aux compétences et aux marchés. Une large gamme de modèles technologiques sont en cours de développement afin d’offrir des services aux agriculteurs en tout genre et en particulier à ceux à qui l’accès aux ressources et à l’information fait défaut. Pour certains types de services, les agriculteurs sont disposés à payer si les technologies numériques sont adaptées à leurs besoins et répondent à leurs difficultés en matière agricole. Les plateformes numériques d’information agricole ou solutions mobiles peuvent mettre sur un pied d’égalité les groupes marginalisés, telles les femmes, qui bénéficient habituellement d’un moins bon accès à l’information et aux marchés.

Graphique 3.7 Internet en Afrique, par caractéristiques démographiques et

socio-économiques, 2011-2012

Pa rt des individus qui utilisent Internet (%) 25

20

15

10

5

0

Faible 40 % Élevée 60 %

Répartition du revenu (ménage)

Mûr (+ de 45) Jeune (15-24)

Âge Rurale Urbaine Femmes Hommes

Implantation géographique Sexe

Source : Kim et al., à paraître.

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