COMMUNICATION & NUMERIQUE INTERVIEW
Entretien avec le Ministre des Mines et des Ressources stratégiques, Fidiniavo Ravokatra, qui a la charge d’un secteur clé pour le développement économique de Madagascar, pays possédant une grande géo-diversité et un potentiel minier très important. La révision du code minier va-t-elle aller vers un durcissement des conditions d’accès au marché pour les investisseurs ? La réforme du Code Minier de Madagascar n’est pas une nouvelle vision, la précédente loi datant de 1999 modifiée en 2005, elle vient du constat que le secteur minier ne contribuait pas à sa juste mesure à l’économie nationale. Ainsi, la perception de l’opinion publique comme des dirigeants a amené cette réforme dans le but d’aboutir à des retombées justes de ce secteur. Son but n’est donc pas un durcissement pour les investisseurs, il s’agit seulement de faire que Madagascar ne soit pas lésé. Le processus de compromis, à la fois avec les investisseurs, la population locale et l’Etat malgache est mené depuis mars 2020. La pandémie a stoppé malheureusement notre travail mais nous avons pu reprendre dès le mois d’aout. La mise en place d’un comité de réflexion et de rédaction du Code Minier prouve notre volonté de démarche inclusive et participative. Au sein de ce comité, cinq entités sont représentées : les grandes mines représentées par la Chambre des Mines dans laquelle se regroupent les grands investisseurs, les opérateurs nationaux opérant dans les mines artisanales, la société civile, les syndicats et l’administration. Nous avons une réunion hebdomadaire pour prendre en compte les intérêts de chacun, trouver des compromis mais aussi, concrétiser l’apport du secteur minier au développement économique et l’émergence de Madagascar. Fort heureusement, ce comité travaille en consensus et nous sommes presque arrivés au terme du processus, les juristes étant dans la phase de rédaction. L’avant-projet de loi sur le code minier devrait être adopté 84 I YEARBOOK MADAGASCAR: MADAGASCAR :Rapport Rapportéconomique économique
lors de la session parlementaire du mois de mai-juin 2021. C’est donc imminent. Le graphite est-il le nouvel or noir pour la Grande Ile ? Effectivement, la demande est forte sur les marchés internationaux car le graphite participe aux nouvelles technologies. Madagascar est dans le top 10 des pays producteurs. Actuellement, quelques projets se dessinent au niveau de la phase d’exploration et de recherche montrant que c’est bien un nouvel or noir. Mais il faut voir les aboutissements des projets. Les compagnies doivent présenter de solides dossiers de faisabilité, nous permettant d’évaluer leur professionnalisme, et ce, avant de rentrer dans la phase d’exploitation, puisqu’à Madagascar, lorsqu’on obtient un permis de recherche (PR), on a tendance à passer hâtivement la phase recherche sans avoir bien estimé les réserves, et sans avoir bien développé les infrastructures nécessaires. Les sociétés juniors professionnelles qui détiennent maintenant les permis de recherche sont très développées et je suis de près l’avancement de leur projet. Le graphite est assurément l’une des substances prometteuses dans le secteur minier à Madagascar. Quel est l’avenir de la filière aurifère ? Cette filière connaissait depuis longtemps un problème endémique avec la faible quantité enregistrée officiellement au niveau du ministère des mines. Si nous prenons les statistiques, nous étions aux alentours de 3 tonnes d’or en 2018. C’est descendu en 2019 à 2,4 tonnes et, en 2020, à 1,93 tonnes. La raison de cette