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Interview de M. René Julien

Entretien avec René Julien Andriamitosy, Directeur général des Etablissements René Julien, qui dirige à Madagascar une société productrice et exportatrice de gousse de vanille et de cacao biologique depuis plus de vingt ans.

Quel est l’ADN de votre société ?

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J’ai moi-même créé en 2000 notre établissement. Notre projet consiste à planter, préparer et exporter tous les produits locaux (vanille, cacao sec, etc. …) mais aussi à transformer des fèves de cacao sec en chocolat. Notre cacao est 100% biologique et nous l’utilisons pour fabriquer notre mélange maison. Avant la réalisation de ce projet, nous avions collaboré avec les paysans en achetant et collectant des produits locaux. En 2015, nous avons acheté un champ cultivé de cacaoyer d’une centaine d’hectares pour répondre aux besoins en tant que matières premières nécessaires pour l’usine de transformation de fèves cacao au chocolat qui est basée à Ambanja. Notre but est de créer de l’emploi pour les paysans, de diminuer le taux de chômage dans la région du Sambirano qui est la capitale du cacao de Madagascar et, enfin, de donner l’accès à la population malgache à la consommation de chocolat local et même à l’exportation. Toutes les plantations de cacao du Sambirano ont été historiquement plantées d’arbres Criollo au début des années 1900 et plus tard avec des variétés Forastero de Sao Tomé dans les années 1950. De là, un hybride naturel Trinitario s’est formé par pollinisation croisée et c’est cette variété qui fait la renommée du chocolat malgache avec sa combinaison unique. Le marché du chocolat à base de cacao provenant de Madagascar est ouvert sur le marché international mais il est devenu évident qu’au lieu de livrer à l’étranger des produits bruts, il est préférable de les transformer avant de les exporter. Depuis 2000, je suis dans le domaine du Bio. J’ai créé une pépinière de plantation où j’ai sélectionné au plus près des arbres Criollo purs. Je fais, actuellement, un grand effort pour planter des produits associés dans mes plantations. Les produits certifiés sont faciles à traiter et à vendre. L’enjeu est de mettre en place des cultures qui répondent aux souhaits des consommateurs, tout en permettant un assolement durable et rentable. Concernant le marché du cacao, ce n’est pas compliqué, juste le traitement, le triage et la mise en sac. Et il y a une forte demande. Par ailleurs, à la différence de la vanille, il peut se récolter toute l’année. La vanille est, quant à elle, un produit très sensible et compliqué, du traitement jusqu’à la fin de process. De même, les conditions de stockage comportent beaucoup d’exigences avec une méthode exigeante de conservation pour sauvegarder les aromes. Une différence majeure entre les deux produits reste que le cacao est un arbre qui donne des fruits toute l’année. Les cacaoyers fleurissent et fructifient continuellement à Madagascar et il n’y a pratiquement pas d’hiver dans notre région d’exploitation.

Quels sont les défis que vous rencontrez ?

La principale difficulté reste de trouver des financements, de suivre l’évolution du marché et de prospecter de bons clients.Par ailleurs, nous devons planifier notre production à l’avance, former des employés et rester constamment à jour des nouvelles technologies. Pendant la période de crise sanitaire, nous étions obligés d’employer 60 à 100 personnes pour l’entretien des plantations.Si la vanille est un produit très cher, c’est parce qu’il y a beaucoup des charges et une seule récolte par an. Un acheteur de la vanille n’a rien à voir avec un acheteur du cacao. Les prix fluctuent selon l’offre. Le gros problème de la fixation des prix, c’est une entrave pour les petits producteurs qui ne peuvent exporter à bon prix. Les collecteurs tablent sur un prix à la baisse les producteurs non.

Avez-vous conclu des partenariats et vers quels pays exportez-vous ?

En ce qui concerne les partenariats, pour l’instant, nous n’avons pas encore établi des partenariats fixes. Mais, en ce moment, nous avons reçu pas mal de commandes en provenance d’Europe mais la situation sanitaire actuelle empêche momentanément leur réalisation.

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