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Interview du Docteur Charles

Entretien avec le Docteur Charles Andrianjara, Directeur général de l’Institut Malgache des Recherches appliquées (IMRA), renommé Fondation Albert et Suzanne Rakoto Ratsimamanga, célèbre dans le monde entier pour avoir élaboré un remède anticoronavirus à base de plantes médicinales.

Quelles sont les domaines d’activité de la Fondation ?

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Lorsque l’IMRA a été créé en 1957 par le Professeur Ratsimamanga, alors chercheur au CNRS, son statut était celui d’une ONG. En 2012, l’Institut est devenu une fondation d’utilité publique, auxiliaire de l’Etat dans la promotion de la santé à Madagascar. Sa mission est de contribuer au développement de Madagascar dans le domaine économique, social et environnemental. Nos activités sont orientées vers quatre axes principaux : la santé, l’agriculture, la formation technique et scientifique, et la protection et la sauvegarde de la biodiversité. Le domaine de la santé est notre première priorité pour permettre l’accès au soin de la population en mettant sur le marché des médicaments à un prix abordable. Ces remèdes, fruits de la recherche et développement de l’IMRA, marient la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle. L’IMRA est une jonction harmonieuse entre la tradition et la modernité. Une société commerciale nous appartenant à 100%, IMRA Natural Product, fabrique et commercialise nos médicaments.

Comment avez-vous élaboré la Covid-Organics ou CVO et quelles sont ses propriétés ?

C’est une belle histoire même si nous avons traversé des moments difficiles. Lorsque la Covid-19 est apparue en Chine en décembre 2019, nous avons cherché à savoir si nous pouvions lutter contre cette épidémie avec les ressources naturelles médicinales malgaches. Nous savions alors que nous ne pourrions pas tester les produits que nous développerions en étude randomisée. Notre approche fut donc, dès le départ, de soigner les premiers symptômes du coronavirus : rhume, toux, température et difficultés respiratoires car nous avions sur le marché depuis trente ans des produits à base de plantes traitant ces symptômes. Nous nous sommes heurtés à des problèmes d’approvisionnement avec une plante s’avérant très efficace mais rare. Aussi, pour pouvoir réaliser une distribution à grande échelle, en collaboration avec l’Etat, nous nous sommes tournés vers l’Artemisia annua, une plante ayant fait l’objet d’études approfondies à Madagascar où elle a été introduite en 1975 par l’IMRA pour lutter contre le paludisme. Nous avions donc des bases de données sur sa toxicité. Après des recherches bibliographiques, on s’est aperçu que l’Artemisia annua avait été utilisé avec efficacité en Chine pour traiter le COV1, un virus du même type que le COV2, la Covid-19. Ayant vu une certaine similarité dans la structure génétique des deux virus, nous avons pensé que l’Artemisia pouvait être aussi efficace pour le COV2. Pour renforcer l’efficacité du produit, à 62% d’Artemisia nous avons ajouté 38% d’autres plantes de Madagascar utilisées dans la composition de remèdes traditionnels comme antiseptiques et fluidifiants bronchiques. L’objectif était de traiter les symptômes au début de la maladie tout en laissant chaque médecin souverain dans la prescription. Des observations cliniques ont montré un blocage de l’évolution de la maladie. Les patients à qui on a administré le CVO n’évoluent donc pas vers la forme grave. La maladie disparaît après un délai d’une semaine à 15 jours.

Comment vos recherches sont-elles appréciées par l’OMS ?

L’OMS est intéressé par les remèdes traditionnels améliorés et encourage un organisme comme le nôtre à faire des recherches sur les plantes médicinales. En 2010, l’OMS a aidé le gouvernement malgache dans le programme d’intégration des remèdes traditionnels améliorés dans le système de santé national et avait le projet de nommer l’IMRA comme un centre de référence pour cette recherche. L’OMS a même publié un guide sur les protocoles à mener au cours des observations cliniques concernant les plantes médicinales. Mais le lancement du CVO a été trop rapide, l’OMS n’a pas eu les données des études que nous connaissions déjà. D’où la confusion. Au niveau de l’Union africaine, il a été initié une discussion pour créer une agence de médicaments commune à tous les pays africains pour étudier certains produits issus de plantes médicinales. Après l’autorisation de mise sur le marché, le produit pourrait être vendu dans tout le continent mais ce projet est encore au stade embryonnaire.

Institut Malgache de Recherches appliquées

Fondation Albert et Suzanne Rakoto Ratsimamanga Avarabohitra ITAOSY – Antananarivo - MADAGASGAR

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