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Recherche scientifique et production pharmaceutique
Le pays est riche en plantes médicinales dont les vertus sont bien connues par la population mais qui ont une base scientifique encore faiblement documentée. En parallèle, l’industrie pharmaceutique va être développée. La construction de Pharmalagasy constitue un premier pas vers le développement de l’industrialisation du secteur de la santé, un pilier important pour l’émergence de Madagascar.
Madagascar dispose du potentiel pour faire émerger le secteur par l’existence d’une biodiversité riche en plantes médicinales, un environnement économique favorable avec la mise en place de futures Zones d’émergence industrielles, et l’accès aux marchés régionaux africains (COMESA, SADC,
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COI, ZLEC) qui offrent un accès préférentiel à plus de 900 millions de consommateurs.
Vers les années 1985, il n’existait plus que trois industries pharmaceutiques à Madagascar : OFAFA, RATHERA et
FARMAD. Des laboratoires élaborant des produits à base de plantes ont émergé et ont été reconnus d’utilité publique telle que l’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA). Par ailleurs, une trentaine de chaînes de distributions, s’occupant de la promotion des médicaments et de leur fourniture jusqu’aux consommateurs ont fait surface dans la capitale et en provinces. La promotion d’une industrie pharmaceutique nationale s’avère donc vitale afin d’assurer l’autosuffisance de Madagascar en médicaments et de booster les exportations grâce aux opportunités offertes par le marché africain.
La réponse malgache à la Covid-19

scientifiques malagasy se sont mobilisés pour rechercher des solutions contre la COVID-19. Sous l’impulsion du Président Rajoelina, Madagascar a promu le pouvoir protecteur et thérapeutique d’un remède traditionnel appelé Covid-Organics ou Tambavy CVO composé d’Artemisia et de plantes médicinales endémiques à Madagascar. Le Centre National d’Application de Recherches Pharmaceutiques (CNARP) a collaboré avec par l’Institut Malagasy de Recherches Appliquées (IMRA) pour l’aboutissement de la recherche. Un accord a été établi avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Union Africaine (UA) afin de poursuivre les tests et la recherche autour de ce produit. Le Gouvernement a, dans le même temps, décidé de relancer la production nationale de produits pharmaceutiques. Selon les derniers chiffres des autorités sanitaires, on recensait, début mars 2021, 20 155 cas de contamination et 300 décès liés au coronavirus depuis le début de l’épidémie à Madagascar.
Le lancement de Pharmalagasy
Le Plan Emergence de Madagascar (PEM) place l’industrie pharmaceutique parmi les axes principaux de l’industrialisation de Madagascar. Ainsi, la construction de l’usine pharmaceutique Pharmalagasy est une initiative due au Président Andry Rajoelina. Anciennement OFAFA, Pharmalagasy est une usine ultra moderne entièrement équipée par l’État malgache. Situé à Tanjombato dans la partie sud d’Antananarivo, l’usine a une capacité de production de 15 000 gélules et de 240 flacons par minute, respectant les normes GMP/FDA afin de faciliter l’exportation des produits. Avec la création de Pharmalagasy, Madagascar veut se positionner comme un précurseur, et ce, avec le soutien de l’OMS pour favoriser la naissance d’une industrie pharmaceutique solide. Mis à part le CVO+, produit découvert par l’IMRA pour traiter le COVID19, Pharmalagasy projette

Source : EDBM
de produire, d’ici trois ans, 12 autres types de médicaments traitant des maladies chroniques et/ou endémiques comme le diabète, l’asthme, le paludisme. Valorisant les compétences des chercheurs malgaches, Pharmalagasy se focalisera sur les médicaments à base de plantes pour produire des spécialités et l’exportation. L’usine respectera les normes écoresponsables en traitant tous ses déchets en collaboration avec Adonis.
Le marché des phytomédicaments
La valeur des variétés végétales en provenance des pays en développement utilisés dans l’industrie pharmaceutique est estimée à 47 milliards de dollars. D’une manière globale, plus de 35 000 plantes dans le monde sont utilisées dans des industries comme la pharmacie, la phytothérapie, l’herboristerie, l’hygiène… Selon Market Reaserch Future (MRFR), le marché mondial des médicaments à base de plantes atteindra plus de 129 milliards de dollars d’ici 2023 et s’accompagnerait d’une croissance moyenne de 5,8% par an. À Madagascar, cette tendance se confirme par la demande en huiles essentielles toujours croissante, surtout de la part des États-Unis et de l’Union Européenne. De grands groupes pharmaceutiques ou cosmétiques s’intéressent d’ores et déjà au formidable potentiel de Madagascar. A titre d’exemple, le «longoza» (aframomum augustifolium) y est cultivé spécialement pour la Maison Dior. Il est l’ingrédient signature des soins «Capture Totale». Le groupe LVMH a, quant à lui, mis en avant l’ylang-ylang dont Madagascar produit plus de 25% de la production mondiale. A l’heure où l’intérêt des consommateurs pour les plantes médicinales nourrit la forte croissance des marchés, Madagascar peut tirer son épingle du jeu. En effet, d’après l’OMS, les dépenses liées aux médecines non conventionnelles dans le monde sont non seulement considérables mais en hausse rapide. Actuellement, 50% des molécules mises sur le marché pour le traitement des cancers ou les médicaments les plus efficaces pour soigner la grippe ou le paludisme sont encore extraits ou dérivés de plantes. Le secteur est peu développé et représente un marché à conquérir.

DES SYSTÈMES SOLAIRES PHOTOVOLTAÏQUES INSTALLÉS DANS LES CLINIQUES
Fabriquant ses propres kits solaires, la startup Jirogasy a déjà électrifié 19 centres de santé depuis février 2020. La jeune entreprise, spécialisée dans les objets connectés et les kits solaires «made in Madagascar», a achevé l’électrification de 11 dispensaires dans la localité d’Antsirabé au centre de la grande île. Ces centres de santé bénéficient de l’électricité produite via des générateurs solaires que la start-up fabrique à Madagascar.
La mise en service des systèmes d’énergie propre devrait permettre à ces établissements de santé de mieux prendre en charge les malades.
L’électrification de ces centres de santé s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre la startup créée en 2017 et l’ONG Agriculture et Santé en milieu Tropical (EAST) qui a pour but d’améliorer les conditions de soins des populations défavorisées.