Jeudi 4 mai 2023
13 Iyar 5783
Nº 997 |
Mensuel
DOSSIER ISRAËL, LA TÊTE DANS LES ÉTOILES
INTERVIEW NOÉMIE RICHARD L'ART DU FROMAGE REPORTAGE LE MOSSAD RECRUTE LES OLIM 'HADACHIM HISTOIRE L'ALTALENA, UNE AFFAIRE TRAGIQUE
À L'AFFICHE INTERVIEW D'ÉLIETTE ABÉCASSIS
ל''כנמ
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édito
Profitons du paysage sur le chemin
Contrairement aux autres peuples et peuplades qui choisirent d’ériger animaux, végétaux et minéraux comme dieux ultimes, et de se faire plusieurs divinités au cas où l’une d’entre elles serait en RTT, le peuple d’Israël décida de placer toute ses billes en Lui et Lui Seul. Croire en D.ieu unique. À l’origine de tout. Illimité. Mettre sa foi en cette force infinie. Choisir de s’identifier au bien infini. C’est l’expression d’un libre arbitre déterminant qui place le peuple juif au-dessus des limites, par-delà toute logique, éternel malgré les persécutions, fort malgré les humiliations, uni malgré les paradoxes de ses divisions. Être en quête de ce qui va nous stimuler, être mu par des rêves soi-disant impossibles à réaliser, apprendre pour comprendre, ou juste pour apprendre, rester en marche sur le chemin de la vie et tendre vers des valeurs absolues pour s’élever un peu plus haut que la poussière. Quel objectif exaltant ! Et c’est parce que nous le poursuivons inlassablement que nous sommes encore là. Connaissez-vous l’histoire du Juif qui va à Vilna et qui, à son retour, raconte à un ami : « C’est vraiment une ville extraordinaire ! Je n’ai jamais rien vu de semblable ! » ?
Son interlocuteur lui demande : « Mais qu’a-t-elle de si étonnant ? » L’autre lui répond : « J’ai vu un Juif qui, toute la journée, réfléchissait aux moyens de gagner de l’argent pour devenir riche. J’ai vu un Juif qui agitait sans cesse un drapeau rouge et qui criait qu’il fallait faire la révolution. J’ai vu un Juif qui courait après toutes les femmes qu’il rencontrait. Et j’ai vu un Juif qui ne s’occupait que de religion. » Son ami s’étonne : « Et alors ? Vilna est une grande ville. Il y a là-bas toutes sortes de Juifs. » Mais le premier lui répond : « Non, c’était le même Juif ! »
Comme le montre avec humour cette histoire, un Juif peut être tout à la fois. Est-ce pour cela que D.ieu a choisi le peuple juif pour incarner l’essence de la vie ?
« Nous ferons et nous comprendrons » : une manière de dire que nous sommes toujours en train d’apprendre de nos erreurs, de nos victoires, de nos doutes et de nos joies. L’essentiel est de persister à avancer malgré les obstacles. Et de ne pas oublier, en chemin, de profiter du paysage – car le chemin est peut-être plus important que la destination. Yom Yerouchalayim samea'h et bonne fête de Chavouot !
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EN COUVERTURE : © Harten
3 LPH N° 997
sommaire N°997
6 CARTES SUR TABLE
The Voice
7 À L'AFFICHE
Éliette Abécassis : Sépher, la folle histoire du livre le plus lu au monde
24 BON À SAVOIR
• Quelle est la fiscalité appliquée en cas de divorce ?
• Comment déduit-on un don de ses impôts ?
28 INTERVIEW
Noémie Richard : relever l'identité fromagère israélienne
31 SANTÉ – BIEN-ÊTRE
Au cœur de la pierre
34 DÉVELOPPEMENT DURABLE
Première mondiale : les plantes émettent des sons
36 CONSCIENCE
« Cherchez à comprendre, puis à être compris. »
38 REPORTAGE
Quand le Mossad recrute des olim 'hadachim à Tel Aviv
10-23 DOSSIER ISRAËL, LA TÊTE DANS LES ÉTOILES
l ISRAËL À LA CONQUÊTE DE L’ESPACE
l CES REMARQUABLES INNOVATIONS DES ACTEURS ISRAÉLIENS DU NEW SPACE
l LES PIEDS EN ISRAËL, LA TÊTE DANS
LES ÉTOILES
l INTERVIEW : PROFESSEUR NOAH
DANA-PICARD
l UNE APPROCHE ORIGINALE
l QUI EST EYTAN STIBBE ?
40 HISTOIRE
L'Altalena, soixante-quinze ans après
42 FORCES VIVES
Parcours d'une (com)battante
45 DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Et si on visitait Israël à vélo ?!
ET AUSSI...
Livres et vous (44), Une année avec la Cabale (46), Au nom de la loi (47), Mazal tov (48), Le Kling du mois (49), Les recettes d’Anaelle (50), Immobilier (53)...
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ARRÊT SUR IMAGES
Mission dialogue
Yitzhak Herzog a annoncé la création d’un Conseil consultatif juif mondial sous l'égide du bureau du président de l'État d'Israël. L'initiative, « Kol HaAmVoice of the People » (« La voix du peuple »), favorisera un dialogue ouvert entre les communautés juives à travers le monde et renseignera le président sur les principaux défis auxquels le peuple juif est confronté. L’objectif est également de former la prochaine génération de dirigeants engagés du peuple juif et de permettre aux jeunes Juifs de faire entendre leur voix, dans un espace sûr où pourront être menées des discussions honnêtes et stratégiques sur des questions sensibles et vitales.
Retour vers le futur
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’est rendu dans la start-up SteakHolder, qui produit de la viande de culture (vraie viande provenant de cellules animales). Lors de sa visite, des poissons d'élevage ont été imprimés – une première mondiale ! Le Premier ministre a goûté les poissons et les viandes d'élevage, et il a fait le tour des différentes imprimeries. Israël est un leader mondial dans la recherche et les initiatives dans le domaine des protéines alternatives. La première entreprise israélienne recevra bientôt un permis pour produire du lait alternatif.
Soutien gouvernemental
Le combat d'un soldat
Itzik Saidyan, qui s’était immolé par le feu en avril 2022 pour crier son désespoir face au manque de prise en charge efficace des soldats victimes de stress post-traumatique, est sorti de l’hôpital le 27 avril dernier. Soldat en service pendant la guerre de Gaza en 2014, Itzik Saidyan avait été traumatisé et reconnu comme invalide à 25 %.
De manière exceptionnelle et symbolique, le Conseil des ministres s’est tenu le 20 avril à Sdérot. Le gouvernement a décidé d’allouer une enveloppe de 1.7 milliard de shekels à la région du sud en bordure de la bande de Gaza, victime des attaques constantes du Hamas. 830 millions de shekels seront investis dans le développement des infrastructures et la modernisation des espaces publics, 190 millions de shekels dans le développement de moteurs de croissance locaux et régionaux, 220 millions de shekels dans le développement et le renforcement de l’économie locale, 70 millions de shekels dans la préparation aux situations d’urgence, 100 millions de shekels dans le renforcement de la résilience et de la sécurité des personnes et des communautés.
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© Avshalom Sassoni/Flash90
© Marc Israel Sellem/POOL
© Avshalom Sassoni/Flash90
© Eliyahu Hershkowitz/POOL
Itzik Saidyan, au centre, entouré de l'équipe soignante de l'hôpital Sheba de Ramat Gan le 27 avril dernier.
The Voice
Yehonathan Geffen, un des plus grands auteurs-compositeurs israéliens, nous a quittés. Son fils, Aviv, est en deuil. C'est une occasion, pour le réconforter, de lui apporter notre soutien. Lui qui à l'époque représentait la gauche israélienne antireligieuse a décidé il y a quelques années de changer – et de changer sa relation à l'autre. Peut-être cela a-t-il été une des conséquences de sa participation à l'émission The Voice1
Il était alors le coach d'un jeune chanteur pratiquant de droite qui habitait la Judée-Samarie. Lors de l'émission, ce chanteur, Eyal Cohen, interpréta une des chansons les plus populaires du répertoire israélien : « Efer véAvak », de Yehuda Poliker. Son auteur, Yaakov Gilad, intimait à sa mère, rescapée de la Shoah, de ne pas retourner en Pologne, terre qui, d'après lui, n'était que « cendre et poussière » et ne pouvait lui rappeler que de terribles souvenirs. Contre son avis, sa mère, Halina Birenbaum, y était allée des dizaines de fois. Elle avait trouvé un sens à ce voyage, et y retournait encore et encore pour transmettre aux jeunes générations et leur demander d'œuvrer pour un monde meilleur. L'émission The Voice permit également à Aviv Geffen, grâce à la musique, à ce jeune chanteur et au monde auquel il appartenait, de se rapprocher de ses frères et de créer un pont entre deux parties du peuple qui se connaissent mal.
Aujourd'hui, Aviv Geffen participe souvent aux concerts de chanteurs religieux afin qu'ensemble
ils transmettent des messages d'union nationale. À l'aube de décisions à prendre concernant la fameuse réforme judicaire, nous espérons que ces messages d'union seront entendus et que les choses seront décidées pour le bien de tous – à moins que la politique ne l'emporte.
Une réforme totale affaiblirait Netanyahou et renforcerait les éléments du Likoud ainsi que les partis politiques plus à droite que lui ; une annulation totale renforcerait la gauche ; et un compromis renforcerait Gantz qui a fait de cette notion une carte politique qui convainc les foules. Dans tous les cas, une issue rapide serait bénéfique pour le peuple, afin qu’il puisse poursuivre la construction de l'État d'Israël au seuil de sa soixante-seizième année. Espérons que la voix de la sagesse soit entendue et qu'ensemble nous continuerons cette magnifique aventure sioniste. n
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PAR ARIEL KANDEL
1 Voir sur YouTube : קבאו רפא ןהכ ליא (Eyal Cohen, « Efer véAvak »).
© Shir Torem –Flash 90
La famille Geffen lors des funérailles de Yehonathan le 21 avril 2023 au cimetière de Nahalal, dans le nord d'Israël
Éliette Abécassis : Sépher, la folle histoire du livre le plus lu au monde
L’écrivaine, historienne et philosophe Éliette Abécassis nous offre un nouvel éclairage sur la Bible, sous forme de bande dessinée. Dans Sépher, avec le dessinateur Néjib, elle raconte l'épopée de l'écriture de la Bible : par qui a-t-elle été rédigée, protégée et perpétuée ? L’autrice nous fait découvrir un aspect encore inexploré de ce héros qu'est le Livre des livres, et elle répond à nos questions. © DR
LPH : Raconter l'histoire de la Bible en bande dessinée : quelle idée ambitieuse !
Éliette Abécassis : C’est en effet un projet ambitieux, qui m'a pris trois ans. Il m’a semblé intéressant de mettre en images cette histoire riche en personnages : de Moïse à nos jours, en passant par Ezra qui a été le véritable rédacteur de la Bible, on rencontre de vrais héros. C'est une épopée que j'ai voulu raconter de façon graphique et avec de l'humour. J'y ai également introduit une touche totalement personnelle, avec le personnage de mon père [le rav Armand Abécassis (NDLR)] et le mien. Je voulais créer une œuvre de transmission universelle, qui s'adresse à tous, à tous les âges et à tous les publics, juifs comme non juifs. Cette bande dessinée peut être lue à différents niveaux, pour se détendre aussi bien que pour avoir une vision singulière de l'histoire de l'écriture de la Bible.
Cette bande dessinée a-t-elle une vocation pédagogique ? L'avez-vous écrite en coopération avec une autorité rabbinique ?
L'autorité rabbinique, c'est mon père. Il ne s'agit pas d'une œuvre pédagogique mais d'une véritable BD, comme on les aime. C'est très distrayant, très drôle, et en même temps on apprend plein de choses. Les personnages sont réels mais il s'agit d'une fiction. J'ai choisi les histoires de manière très personnelle. On traverse toutes les époques, de Moïse jusqu'à aujourd'hui, avec des protagonistes qui essaient d'attaquer la Bible. La BD évoque ainsi la tentative de vol de l'Arche par les Philistins, mais aussi la décision par Ezra, en - 500, de compiler la Bible pour ne pas la voir disparaître, sans oublier Alexandre le Grand qui place la Bible, traduite, dans la bibliothèque d'Alexandrie, laquelle sera ensuite brûlée par les musulmans… lll
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À L'AFFICHE
–
Photo issue de la page Facebook d'Éliette Abecassis
lll La Bible est le personnage principal de la BD. À toutes les époques, elle est attaquée, et à chaque fois elle est sauvée par un personnage. Je le raconte à ma manière, avec des histoires pas toujours connues, comme celle du kabbaliste Abraham Aboulafia. Au moment de l'Inquisition, voulant défendre les Juifs, il est allé rencontrer le Pape – qui l'a condamné à mort. Mais trois jours plus tard, le Pape est mort et Aboulafia a été libéré. Il a ensuite parcouru toute l'Europe. Je raconte aussi une histoire peu connue survenue pendant la Shoah : Rosenberg, un des hommes d'Hitler, avait décidé de créer une université juive, et il a pillé toutes les bibliothèques juives d'Europe pour rassembler les livres en vue de ce projet. Alors que les intellectuels juifs étaient déportés, les nazis volaient tous leurs livres ! Ce sont des personnages singuliers qui m'ont intéressée, qui m'ont fait sourire et m’ont émue. C’est la folle histoire du livre le plus lu au monde. On ne se rend pas compte à quel point l'histoire de la Bible est rocambolesque, parce qu’on la raconte par bribes et qu’on ne voit pas l'histoire de l'objet en lui-même. En réalité, c’est incroyable. Lorsqu’on déroule cette histoire, on réalise qu’à toutes les époques, il y a eu des volontés et des tentatives d’éliminer ce livre ; et l’on est encore plus conscient du trésor qu’il représente.
De quelle manière votre père a-t-il participé à ce projet ?
C'est un personnage parmi d'autres. Au début du scénario, je vais voir mon père qui est en train d'écrire sur un parchemin, à la manière des scribes. Je l'interroge sur la raison pour laquelle, encore aujourd'hui, à l’époque du digital, on écrit la Torah
sur un parchemin. Et à ce moment-là, mon père commence à me raconter l'histoire de l'écriture de la Bible.
Au fil du temps, la Bible, qui a traversé toutes les époques, a-t-elle évolué ?
Elle a évolué parce qu'elle a été constamment réinterprétée. Comme le dit mon père, nous ne sommes pas le peuple du Livre mais le peuple de l'interprétation du Livre. Chaque semaine depuis dix ans, mes parents publient des commentaires sur la paracha pour leur communauté. Je trouve que c’est extraordinaire que chaque année ils parviennent à trouver d’autres commentaires sur le même texte ! La Bible est aussi, en soi, un texte vivant, parce qu'on le lit tous les samedis à la synagogue. D'ailleurs, c'est Ezra, l'éditeur et le scribe de la Bible, qui a décrété qu'elle devrait être lue publiquement de manière hebdomadaire. Un seul rouleau suffisait pour que tout le monde entende et connaisse le texte. Parallèlement, la transmission orale a également permis au texte écrit de garder sa vivacité. C'est d'ailleurs pour cette raison que dans la BD, j'ai voulu que ce soit mon père qui raconte, afin de donner à voir l'importance de cette transmission dans l’histoire de l'écriture de la Bible.
Le peuple juif veut toujours modifier, ajouter, contester, discuter… Quel regard portez-vous sur l'actualité en Israël et la division qui traverse le pays ? J'aime tous les Juifs et surtout la diversité du judaïsme, le fait que chacun ait son opinion. C'est très juif d'être en contradiction les uns avec les autres. Je trouve cela sain de ne pas être d'accord. Mais cette
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À L'AFFICHE
© Harten
divergence peut devenir dangereuse quand elle se traduit par la guerre et menace l'unité d'Israël.
Pensez-vous qu'Israël devrait se doter d'une Constitution ?
Notre Constitution, ce sont peut-être les Dix Commandements…
Venez-vous souvent en Israël ?
Aussi souvent que possible. J'adore être en Israël, cela me remplit à chaque fois d’une grande énergie.
Vous avez récemment publié un texte sur la banalisation de l'antisémitisme : L’antisémitisme ? LOL. Vous y écrivez notamment : « Cela ne choque plus personne, de toutes manières, depuis une dizaine d’années, l’antisémitisme bon teint va bon train, et il se développe sous forme de l’antisémitisme de socialisation, celui de tous les jours, de bon aloi, serein et patriote, taquin et polyglotte, l’antisémitisme banal, qui se dévoile sur un sourire, qui se développe entre deux bières, qui célèbre la vie et l’amitié, la tolérance, l’antiracisme et la liberté de penser. » Ces propos sont-ils l’expression d’une expérience ou d'un témoignage personnels ?
Oui, c'est du vécu. L'antisémitisme s'est vraiment banalisé. Dans tous les spectacles d'humoristes, il ne manque jamais une petite blague sur la Shoah ; et mes enfants me rapportent que dans les soirées, il circule également toujours des petites blagues sur les Juifs. C'est « impensé », très naturel, détendu. L'antisémitisme s’accroît, tandis que la Shoah n'est plus au programme d'histoire en terminale parce que le sujet est devenu trop polémique. Je ne pense pas que le gouvernement français en fasse suffisamment pour modifier ces mœurs, sans parler de ce qui se passe sur Internet. C'est très inquiétant.
Dans ce contexte, est-ce que l'Alya est un sujet central pour les Juifs de France ?
Oui, mais je pense que ce sujet est déconnecté de l'antisémitisme, et en tout cas qu’il doit l'être. Malgré tout, cette montée de l'antisémitisme va certainement
pousser à l'Alya. Cela fait mal de le dire, mais il est difficile de se projeter en tant que Juif dans la vie de la France. Sur les lieux de socialisation, de travail, on se sent stigmatisé comme Juif, on subit des remarques. La vie ne va plus être vraiment possible en France.
Dans ce contexte, je trouve courageux de votre part de publier une bande dessinée qui, d’une certaine façon, met en avant le judaïsme et le peuple juif ! C'est ma réponse. J'espère que cette manière décalée d’en parler aidera à faire comprendre, à transmettre la flamme. L'humour est un mode de transmission qui ne crispe pas et grâce auquel on peut communiquer des messages. Le dessinateur, Néjib, est tunisien, il a un regard plein d’humour et c'est un formidable artiste. Cette alliance est un symbole.
Le titre de la BD, Sépher, interpelle : pourquoi un titre finalement incompréhensible pour la plupart des gens ? C'est un peu mystérieux comme titre, donc cela attire. Nous avions proposé un autre titre mais finalement, c'est l'éditeur, Martin Zeller, de chez Albin Michel, qui a choisi Sépher, et c’est très bien.
Après un livre sur les difficultés conjugales, parallèlement à Sépher vous publiez un livre sur le couple : vous êtes-vous réconciliée avec l'idée de l'amour ?
L'intrigue porte sur un couple qui dure pendant plus de soixante ans. Je raconte leur histoire en commençant par la fin. C'est un sujet très romanesque et une certaine idée de l'amour, en effet. Dans notre société en proie à la perte de repères et de liens, l’amour est ce qui nous fait espérer. On a toujours envie de croire dans cet idéal. n
Prochains cours du professeur Armand Abécassis les 1er, 15 et 29 mai 2023 ainsi que les 12 et 26 juin 2023. Retrouvez tous les cours sur la chaîne YouTube.
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À
L'AFFICHE
Cela fait mal de le dire, mais il est difficile de se projeter en tant que Juif dans la vie de la France.
Israël, la tête dans les étoiles
La conquête de l’espace bat son plein. Pas une semaine ne passe sans qu’une mission ne soit lancée ou qu’une expérience destinée à explorer de nouveaux univers ne soit tentée. Et à chaque fois, notre petit pays y participe d’une manière ou d’une autre par sa technologie toujours plus développée. Une source de fierté, à laquelle ce dossier est consacré.
RÉALISÉ
DOSSIER
PAR ESTHER AMAR
C’est en 1953, cinq ans après la déclaration d’indépendance, que Shimon Peres décida de créer l’Israel Aerospace Industries (IAI, « Bedek », à l’époque), pour développer l’industrie aéronautique israélienne. Avec le lancement du premier Spoutnik en 1957, David Ben Gourion redoutait le contrôle du ciel par l'URSS, car l'armée de l'air égyptienne avait accès aux technologies russes. Dès 1961, Israël a donc lancé sa propre fusée, Shavit 2, « démontrant ainsi sa rage de vivre malgré l’holocauste », selon le poète Nathan Alterman. En 1981, un groupe de recherche sur l’utilisation du spatial est créé au sein du ministère de la Défense. En 1983, le ministre Yuval Neeman crée l’Agence spatiale israélienne (ISA) pour
Israël à la conquête de l’espace
centraliser les programmes israéliens. En 1984, le ministre Moshé Arens fait de l’IAI le maître d’œuvre de tous les programmes spatiaux. En 1988, Israël entre dans la cour des grands avec le lancement vers l’Ouest (pour des raisons géostratégiques), depuis la base de Palma'him, du premier satellite d’observation Ofeq 1,
grâce au lanceur Shavit. Dans les années 1990, l’IAI rejoint la course mondiale de l'espace. Viendront par la suite les lancements du satellite franco-israélien Venμs (2017) et de la sonde Beresheet (2019), les accords Artemis (2022) et bien d’autres coopérations qui témoignent de la volonté du petit État
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DOSSIER
juif de se tailler une place aux
La conquête de l’espace par l’État hébreu est jalonnée d’innovations, de réussites spectaculaires ou d’échecs. Mais les ambitions spatiales israéliennes sont plus fortes que jamais.
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De gauche à droite : le directeur général du ministère de la Défense, Shimon Peres, le Premier ministre David Ben Gourion et le chef d'État-major Tzvi Tsur sur le site de lancement du Shavit 2
GPO
côtés des géants américain, russe et chinois. Pour le grand public, cependant, la présence d’Israël dans l’espace est liée à un nom : Ilan Ramon. Il s’agit du premier astronaute israélien qui, le 1er février 2003, à bord de la navette Columbia, a fait rêver tout le pays. Le rêve a malheureusement tourné au cauchemar : la navette a explosé en phase de rentrée atmosphérique. L’astronaute et six membres de l’équipage ont perdu la vie. Très vite, Ilan Ramon est devenu un héros et un symbole. Né en 1954 à Ramat Gan, ses parents étaient des survivants de la Shoah. Marié et père de quatre enfants, il fut pilote durant vingt ans dans l’Israel Air force et participa à trois guerres. Des rues et des monuments portent le nom de ce pionnier, ainsi que des événements pour la jeunesse destinés à susciter des vocations,
comme ceux organisés en marge de la Semaine de l’espace qui réunit des scientifiques, des entrepreneurs du « New Space » et des décideurs. Son fils Assaf Ramon, 21 ans, a connu lui aussi un destin tragique : il est mort à 21 ans le 13 septembre 2009, dans le crash de son F-16. Les proches d’Ilan Ramon racontent qu’il se demandait comment respecter le chabbat « là-haut » et qu’un rabbin lui avait répondu de se référer aux heures du lieu de départ, le cap Canaveral. La toute première mission privée Ax-1, à laquelle a participé l’israélien Eytan Stibbe en 2022 à bord de la Station spatiale internationale (ISS) où il avait apporté une coupe et du vin pour Pessa'h, poursuit l’œuvre d’Ilan Ramon. « Le Seder symbolise chaque année notre liberté », avait-il déclaré. Jusque dans l’espace. n
Flottille de nano-satellites Sous le pilotage de l'Université de Tel Aviv, des élèves de sept villes de la périphérie vont construire une flottille de nano-satellites qui seront lancés dans l'espace fin 2024. Ils seront équipés d'un laboratoire de détection fourni par Soreq et serviront à la recherche en météo spatiale et rayonnement cosmique.
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DOSSIER
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Ilan Ramon (troisième à partir de la droite) et les six autres membres de l'équipage de la navette Columbia à Cap Canaveral en novembre 2002
Ces remarquables innovations des acteurs israéliens du New Space
Mini-labos pharmaceutiques, extraction d’oxygène, simulation de la vie sur Mars… Les innovations israéliennes visent à répondre aux nouvelles problématiques posées par les voyages dans l’espace, mais aussi à relever des défis sur Terre : développement plus rapide de médicaments ou cultures en milieu urbain.
Expériences médicales dans l’espace
La société helvético-israélienne SpacePharma est spécialisée dans la réalisation d'expériences de biotechnologies dans l'espace à destination des chercheurs et des industriels. Présente dans quatre pays, elle est basée en France à Sophia Antipolis et à
Strasbourg, et elle ambitionne de se développer en Europe. Son objectif est d’installer des usines dans des laboratoires miniaturisés placés en orbite. Paul Kamoun, directeur commercial de SpacePharma, est également directeur du laboratoire de technologie spatiale et de télédétection au Jerusalem College of Technology.
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Simulation de la vie sur Mars : une mission israélienne a mis en place un projet visant à déterminer les conditions d'adaptation de l'homme sur la planète Mars... dans le sud d'Israël, à Mitzpe Ramon.
Extraire de l’oxygène sur la Lune
Les technologies de la société israélienne Helios permettent d’extraire et d’exploiter des métaux et de l'oxygène des sols martien et lunaire, pour produire du carburant et des matériaux de construction, dans le but d’implanter les futures bases lunaires et martiennes. Pour créer un modèle économique viable des missions lunaires, Helios veut parvenir à éviter d’avoir à transporter le carburant et les ressources nécessaires à la vie depuis la Terre. Ainsi, en réduisant les charges utiles (partie d'un engin spatial destinée à remplir les objectifs de la mission), Helios pourra réduire les coûts des missions spatiales. Helios a conclu un partenariat avec la société américaine Eta Space pour accélérer le développement de ses technologies.
Combinaisons antiradiations cosmiques
Les combinaisons de protection contre les radiations de la société israélienne StemRad sont destinées aux astronautes, aux secouristes, aux militaires, aux employés de l’industrie nucléaire et aux soignants. StemRad a testé les fonctions protectrices de son gilet AstroRad sur un mannequin à bord du vaisseau spatial Orion lancé en novembre dernier par la NASA et placé sur une orbite lunaire par la fusée géante américaine Space Launch System (SLS). StemRad a fait une démonstration remarquée de sa technologie dans le cadre de la mission Artemis I. Lors de cette première mission non habitée, l’un des mannequins humanoïdes portait la combinaison AstroRad, équipée de capteurs mesurant les vibrations à bord de la fusée, l’impact de l’accélération et le niveau de rayonnement cosmique.
Dans le Néguev comme sur Mars
En 2021, durant un mois, six astronautes « analogues » originaires des Pays-Bas, d’Israël, d'Autriche, du Portugal, d'Espagne et d'Allemagne ont simulé les conditions de vie d’une station martienne dans le désert du Néguev. Ils ne pouvaient sortir de la base qu’en combinaison. L’Israélien Alon Tenzer raconte qu’enfiler un scaphandre prenait deux à trois heures. Les astronautes ont testé un projet de drone sans GPS, et des véhicules autonomes alimentés à l'énergie solaire et éolienne, pour établir une cartographie. Le but était aussi d’évaluer les
risques de contamination microbienne (introduction sur Mars de bactéries terrestres) pouvant éliminer toute forme de vie. Cette mission « spatiale » sur Terre a également permis d’éprouver la capacité des astronautes à vivre en bonne intelligence sur Mars dans le cadre d’une longue mission.
Culture de végétaux sur Mars
Grâce à la culture hydroponique, la start-up israélienne AgwaFarm fait pousser verticalement des légumes à feuilles (salades, herbes aromatiques, radis, pousses de soja…) dans une armoire vitrée, en maintenant un niveau d’humidité, de lumière et de température adapté. Un programme d’intelligence artificielle contrôle les apports d’éléments nutritifs aux plantes. Cette armoire connectée peut s’installer aussi bien dans une cuisine en milieu urbain que dans un vaisseau spatial. AgwaFarm veut permettre aux astronautes de manger des légumes frais qu’ils cultiveront eux-mêmes. La culture hydroponique existe depuis longtemps en Israël car elle évite le recours aux pesticides et la présence de parasites qui rendent les produits non cacher. AgwaFarm était présent à la Semaine israélienne de l’espace à Tel Aviv. n
Plans de laitue en culture hydroponique. les racines sont plongées dans l'eau.
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© IStock –David Wees
Les pieds en Israël,
Le président Shimon Peres avait déclaré un jour : « L’espace est un pont entre les nations. » C’est dans cette logique que l’Agence spatiale israélienne (ISA) conduit des coopérations fructueuses avec de nombreuses agences à travers le monde : la NASA (USA), la Jaxa (Japon), le CNES (France), l’ESA (Europe), l’ASI (Italie), le CSA (Canada), l’AEM (Mexique), l’ISRO (Inde)… Uri Oron, directeur de l’ISA, se félicite de « ces coopérations avec des agences étrangères, qui présentent de nombreux avantages pour un petit pays comme Israël : les relations entre les industries spatiales locales et internationales, le partage des coûts de développement, l’accès à des systèmes de pointe et des normes de R&D les plus avancées… » Il ajoute : « La coopération dans le domaine de la miniaturisation des satellites et des sondes est cruciale car cela ouvre la voie à une multitude d’applications commerciales. »
Israël a signé en janvier 2022 les accords Artemis. Dirigés par les États-Unis, ces accords consistent en une liste de principes et de règles pour l'exploration et l'utilisation civiles, à des fins pacifiques, de la Lune, de Mars, des comètes et des astéroïdes, sur et sous leur surface. Les États partenaires d’Artemis acceptent que leurs
activités civiles d'exploration spatiale soient encadrées. C’est une première : l'Université de Tel Aviv a lancé un nanosatellite grâce au lanceur Falcon 9 de SpaceX, depuis le cap Canaveral, ouvrant la voie à la construction d’un réseau de communication optique et quantique depuis l'espace.
Recherche fondamentale
Mike Kaplan a été l'un des initiateurs et des planificateurs du projet du télescope James Webb à la NASA. Il a travaillé en étroite collaboration avec SpaceIL, l’ISA et l'industrie aérospatiale israélienne. Citoyen israélien durant sa mission, Mike Kaplan est ensuite retourné aux États-Unis en 2015, où il travaille sur de nouvelles missions spatiales et des systèmes de satellites météorologiques dans des entreprises comme Raytheon.
En 2026, la NASA lancera la première mission du télescope spatial d’Israël ULTRASAT (ULtraviolet Transient Astronomy SATellite – « satellite pour l’astronomie des phénomènes transitoires dans l’ultraviolet »). Ce petit satellite à but astronomique offrira un champ d’observation exceptionnel pour
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la tête dans les étoiles
L’excellence des experts et des chercheurs israéliens dans le domaine spatial est reconnue au niveau international.
En témoignent, tant en recherche fondamentale qu’en recherche appliquée, la coopération de l’ISA avec plusieurs agences spatiales et les programmes mondiaux de recherche sur les origines de l’univers auxquels participent les scientifiques israéliens.
étudier des événements dans l’univers, tels que les résidus d’explosion de supernovae qui portent les éléments essentiels à la vie, ou les fusions d’étoiles à neutrons (astres composés de neutrons maintenus ensemble par la gravitation).
Lors de la Semaine de l’espace, le président Yitzhak Herzog a cependant rappelé qu’« il ne s’agit pas seulement d’atteindre de nouvelles planètes, mais aussi de sauver et de protéger notre foyer, la Terre, face au plus grand défi qu’elle ait jamais connu : le réchauffement climatique ». n
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Jim Bridenstine (à gauche), administrateur de la NASA, signe les accords de coopération dans le domaine spatial avec son homologue israélien pour l'ISA, Avi Blasberger, le 12 juillet 2018 à l'hôtel King David de Jérusalem.
© Yonatan Sindel –Flash90
GPO
Les tenues des astronautes américains présentées aux députés israliens à la Knesset pendant la Semaine de l'espace.
©
Professeur Noah
Dana-Picard :
Observer l’espace
nous rapproche du Créateur.
Le professeur Noah Dana-Picard, Juif orthodoxe, président de la chaire Roland et Astrid Dana-Picard pour « l’éducation, les mathématiques et le judaïsme » au Jerusalem College of Technology (JCT) dont il a été président, est une sommité mondiale. Membre de la Fédération internationale d'astronautique (IAF), il forme des étudiants en maîtrise aux technologies spatiales et participe à des projets de recherche sur l'observation de la Terre et les origines de l’univers. Il a fait son Alya en 1990 avec son épouse « pour retourner sur la Terre que HaChem nous a donnée ». Pour Noah Dana-Picard, qui organise plusieurs fois par an des conférences « Torah et science », l’étude des lois qui régissent le cosmos nous rapproche du Créateur.
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Deux facettes d'un même homme : érudit en Torah et sommité mondiale dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace
LPH : Vous dites que contempler les phénomènes naturels lointains est une mitzva. Pourquoi ?
Professeur Noah Dana-Picard : L’observation des astéroïdes, des étoiles filantes ou des éclipses nous enseigne l’amour de la Création. Le cosmos est le laboratoire que Dieu a mis à notre disposition. Nous devrions tous être en état de curiosité intense par rapport aux Créations divines, même si certains secrets resteront insondables. Maïmonide (Traité des Huit chapitres) écrit : « Observe, étudie, approfondis ta compréhension de Son œuvre. À travers Sa Création, tu peux t’approcher de ton Créateur. » Les sages disent : « Quiconque a la capacité d’étudier les mathématiques et l’astronomie doit le faire. » (Traité Chabbat, 75b). En mars 2022, en Californie, des astronomes ont identifié la comète C/2022 E3 (ZTF), dont la dernière visite remonte à 50 000 ans. L'étude des comètes a apporté beaucoup d'informations sur le système solaire, sur l'eau qui a rendu possible la vie sur Terre. Le deuxième matin de Roch HaChana, les Séfaradim récitent le poème de Rabbi Yehouda Halevi sur les constellations et la puissance divine.
Il se termine par l’injonction « וילעפ רוקח », « Étudie les œuvres de Dieu », car Dieu est Roi de la Terre, du cosmos et des mondes spirituels. La science se trouve dans la Torah elle-même, et elle aide à étudier la Création. Il n’y a pas de contradiction entre l’âge de l’univers, le Big Bang, la science et la tradition juive. Les découvertes du télescope spatial à infrarouge James Webb nous rapprochent de Dieu.
La sonde lunaire Beresheet a-t-elle ouvert un nouveau champ d’étude de la Torah ? Absolument. Comment établir le respect de la Halakha dans l’espace ? Le contrôle en temps réel de l’orientation de Beresheet, projet civil et privé, durant le chabbat, a conduit Ariel Gomez, ingénieur systèmes diplômé du Jerusalem College of Technology et membre de l’équipe de SpaceIL, qui a participé à l’élaboration du projet et à la supervision de la trajectoire, à interroger le rav Shraga Dahan, ancien élève du JCT, qui s’est lui-même tourné vers le rav Yitzhak Yosef. Voici leurs réponses, rapportées par SpaceIL à la NASA et à SpaceX, la firme d’Elon Musk qui fournissait le lanceur : « Le décollage et l’arrivée sur la Lune ne devraient pas avoir lieu moins de deux jours avant chabbat et aucune manœuvre ne peut être menée durant le chabbat. » Il a fallu calculer une nouvelle trajectoire et organiser une permanence en salle de contrôle. Un clavier composé de relais optiques et conçu sur le principe halakhique du « grama » (travail indirect) a été développé par un chercheur du JCT, le docteur Shimon Mizrahi. Le 11 juin 2019, Ariel Gomez et le rav Dahan ont expliqué aux étudiants du JCT comment envoyer et gérer un vaisseau dans l’espace, ainsi que la dimension juive de la mission. À bord de Beresheet, il y avait un Tanakh et des Tehilim
Comment votre théorie des contraires se manifestet-elle dans la Torah ?
Dans l’espace, il n’y a ni haut ni bas. Deux caractéristiques opposées peuvent coexister. Prenons un exemple : en octobre 2018, le vaisseau BepiColombo a été lancé en direction de la planète Mercure, la plus proche du Soleil. Le voyage va durer sept ans, deux sondes se placeront sur deux orbites autour de Mercure. En route, le vaisseau passera plusieurs fois près de Vénus et de Mercure. Leurs champs de gravitation seront utilisés, non pour accélérer la sonde, mais pour orienter ou freiner et placer le vaisseau en orbite autour de Mercure.
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© Photos Y. KoletkerJCT
lll Le même phénomène peut provoquer deux effets contraires. Làbas, à 58 millions de kilomètres du Soleil, l’attraction est gigantesque. BepiColombo pourrait être avalé par le Soleil. Dans la deuxième bénédiction de la Amida, on dit « Mélekh mémite ouMe'hayé » en un seul souffle. Dieu n’est pas « Mélekh mémite », un Dieu qui fait mourir, ni « Mélekh me'hayé », un Dieu qui fait vivre, Il est les deux à la fois, « Mélekh mémite ouMe'hayé » (Paracha Haazinou, Deutéronome 32, 37). Dans l’espace, c’est pareil.
Pour la première fois, la Semaine de l’espace, à TelAviv, a consacré des conférences aux trous noirs. Que dit la Torah à leur sujet ?
Ces astres hyperdenses ont une masse de plusieurs tonnes qui tiendrait dans une boîte d’allumettes. On ignore ce qui se passe à l’intérieur. Ils avalent tous les objets – comètes, étoiles, astéroïdes… – qui passent à leur portée. Mais rien n’y tombe en ligne droite.
Les corps tournent en spirale autour du trou noir, en se rapprochant de la surface. En fin de processus, ils tombent violemment, ce qui provoque l’éjection très rapide de matières perpendiculairement au disque. C’est ainsi qu’on les a identifiés. David Elbaz, du Commissariat à l’énergie atomique (CEA, France), a montré que les trous noirs ont créé les galaxies. C’est la théorie des contraires : ils engloutissent tout mais donnent naissance aux galaxies. Pourquoi sont-ils là ? Quelle est leur mission ? Qu’y a-t-il au-delà d’un trou noir ? Pour les rabbins, aucun doute : la présence divine dans l’univers se cache derrière l’obscurité (le trou noir ?). Dieu a fait connaître « un aspect de Sa sagesse », mais découvrir le reste exige des efforts et de la émouna. Dieu peut une chose et son contraire. Comme le dit le Maharal de Prague (Netsa'h Israël) : « Il est Un, pas 1 d’un décompte qui s’arrêterait là, mais Il est Un. Tout le reste est multiple. » n
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© Flash90
La salle des opérations au moment du lancement de la sonde Beresheet
La science se trouve dans la Torah elle-même, et elle aide à étudier la Création.
Lancement réussi d'Ofek 13
Le ministère de la Défense et l’Administration de l’espace et des satellites ont annoncé le lancement réussi du satellite Ofek 13 le 29 mars dernier. Un défi qui rapproche un peu plus Israël de l’espace.
La mise sur orbite a été réalisée depuis le centre du pays, grâce à une rampe de lancement de type Shavit. Le satellite Ofek 13 est un satellite d’observation aux capacités avancées.
Une fois mis en orbite, il subira une série de tests pour vérifier son niveau de performance.
Le processus de développement de ce satellite made in Israël a également impliqué l’unité de renseignement 9900 de Tsahal et l’armée de l’air israélienne. La division Minhelet Ha'Halal de l’industrie
aéronautique est le maître d’œuvre du programme aux côtés d’ELTA, une filiale de l’industrie aéronautique, et d’autres divisions. Les moteurs de lancement ont été développés par Rafael Advanced Defense Systems et Tomer, une entreprise publique.
Une fois que le satellite sera jugé pleinement opérationnel, le ministère de la Défense le livrera à l’unité de renseignement 9900 de Tsahal pour une utilisation opérationnelle. Le ministre de la Défense Yoav Galant, qui était présent lors
BON À SAVOIR
Israël prévoit de dépenser 600 millions de shekels au cours des cinq prochaines années pour soutenir l’industrie spatiale civile, ainsi que les nouvelles entreprises qui développent des technologies avancées pour le secteur spatial, selon un programme détaillé de l’Agence spatiale israélienne, sous l’égide du ministère de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie.
du lancement, a déclaré : « Le lancement réussi du satellite est un autre exemple important de l’innovation révolutionnaire de la défense israélienne. Israël a déjà prouvé ses diverses capacités spatiales à de nombreuses reprises et c’est l’un des très rares pays à posséder de telles capacités – des capacités que nous continuons à développer et à renforcer. Aujourd’hui, face à cette réalisation, nous sommes fiers de la créativité, du talent et de la constance de nos ingénieurs, mais aussi du travail acharné de professionnels hors pair qui ont participé à cette opération. Nous continuerons à renforcer nos capacités dans tous les domaines face aux nombreux défis qui se posent. » –
G.B.
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Une approche originale
Des films de hard science, de science-fiction ou fantastiques, mettant en scène des stars mondiales du cinéma et faisant appel à des scientifiques de haut niveau, véhiculent des messages en forme d’avertissements.
Ces films fascinent les jeunes générations et sont plébiscités par le grand public. Nous en avons retenu quatre, devenus des films culte :
* Interstellar est considéré comme le meilleur film de science-fiction de tous les temps. La Terre étant confrontée à l’épuisement des ressources terrestres et à des tempêtes de poussière toxique, une équipe d’astronautes part à la recherche d’une planète habitable, en effectuant un voyage dans l’espace et le temps. La solution se trouve dans la chambre remplie de livres d’une jeune fille surdouée. Ce chef-d’œuvre est une ode aux mathématiques et à la science. Film de Christopher Nolan, avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway et Jessica Chastain.
* Ad Astra montre le risque de reproduire dans le cosmos les mêmes modèles économiques que sur Terre : conflits sur la Lune pour les matières premières, expériences médicales sur des animaux dans l’espace… Tous les mauvais côtés de notre civilisation à éviter lors de la conquête spatiale. L’odyssée du fils à la recherche du père à l’autre bout de la galaxie symbolise l’espoir d’un enfant que la Terre ait encore un avenir. Film de James Gray, avec Brad Pitt et Tommy Lee Jones.
* Prédictions montre l’avenir de la Terre à travers des yeux d’enfants, une génération sacrifiée qui n’a d’autre recours que de suivre des extraterrestres sur une autre étoile pour échapper à une planète
embrasée. Les prophéties des deux enfants (des animaux fuyant des forêts incendiées) sont spectaculaires. Film d’Alex Proyas, avec Nicolas Cage et Rose Byrne.
* Don't Look Up : déni cosmique se présente comme un film catastrophe sur une comète qui va percuter la Terre et détruire toute forme de vie. Mais il s’agit en fait d’une allégorie apocalyptique du réchauffement climatique, une satire des GAFAM, des médias et des politiques incapables de prendre au sérieux le réchauffement climatique, le plus grand défi qu’ait connu l’humanité. Ce film dénonce à sa manière l’influence des climato-sceptiques. Film d’Adam McKay, avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Timothée Chalamet, Meryl Streep, Cate Blanchett… n
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Qui est Eytan Stibbe ?
Stibbe a été pilote de la Force aérienne israélienne pendant trente-trois ans. Il a piloté des avions de combat F-16 Fighting Falcon, et s’est notamment distingué lors de l'intervention militaire israélienne au Liban de 1982 en abattant quatre appareils ennemis pendant une sortie de combat. Devenu homme d’affaires, il est l’un des membres fondateurs et le dirigeant de Vital Capital Fund. En 2020, dix-huit ans après la disparition d’Ilan Ramon, Israël a annoncé qu’Eytan Stibbe serait le second Israélien à s’envoler dans l’espace. Le lancement a eu lieu le 8 avril 2022 du centre spatial Kennedy. Depuis la Station spatiale internationale (SSI), Eytan Stibbe s’est entretenu par vidéoconférence avec le président Herzog : « Pour la première fois, un drapeau israélien flotte à bord de la SSI. C’est très émouvant », a-t-il déclaré au président qui, avant son départ, lui avait remis un cube en verre
portant la prière pour l’État d’Israël écrite de la main de son auteur, le grand-père du président, Yitzhak Halevi Herzog, premier grand-rabbin d’Israël. n
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Quelle est la fiscalité appliquée en cas de divorce ?
Lorsque le transfert de droits de propriété au Cadastreest effectué entre les conjoints et dans le cadre d’une procédure de divorce, les parties sont dispensées du paiement de la taxe d’acquisition et de la taxe sur la plusvalue. De ce fait, certains montages permettent une optimisation fiscale qui sera parfois convenue à l’amiable, en dépit des éventuels désaccords sur d’autres aspects de la procédure de divorce.
Conformément à l’amendement numéro 19, l’article 4A de la loi israélienne relative à la fiscalité des transactions immobilières considère que le transfert des droits de propriété dans le cadre d’une procédure de divorce n’est pas une transaction immobilière. De ce fait, les parties ne seront pas assujetties au paiement de la taxe d’acquisition ni de la taxe relative à la plus-value.
La dispense du paiement des taxes d’acquisition et de plus-value sera appliquée lors d’un divorce (pour un couple marié), d’une séparation (pour une relation de concubinat), de l’annulation d’un mariage civil conclu en dehors du territoire israélien ainsi que de l’application d’un contrat de séparation de biens. Néanmoins, il conviendra que le transfert des droits de propriété soit effectué entre les ex-conjoints ou en faveur de leurs enfants.
De plus, conformément à l’amendement numéro 55, il ne sera pas nécessaire que la procédure de
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Lors d’une procédure de divorce, les époux ayant un bien immobilier en commun devront déterminer son sort et choisir différentes options : attribuer le bien immobilier à l’un d’eux, transférer les droits à leurs enfants ou le vendre à un tiers et partager les gains.
divorce soit définitivement terminée pour faire valoir le transfert des droits de propriété. De ce fait, la transcription au Cadastre pourra être effectuée même si certains points n’ont pas été résolus, tels que la garde des enfants ou le montant des pensions alimentaires. Pareillement, l’obtention de l’acte de divorce religieux (guet) ne sera pas requise le cas échéant.
Reporter la date de paiement de la taxe sur la plus-value
Concernant la taxe sur la plus-value, la transmission de droits de propriété dans le cadre du divorce n’équivaut pas à une exonération ( https://credit-immobilier-en-israel.com/2021/08/ quels-sont-les-criteres-dexoneration-totale-de-lataxe-sur-la-plus-value /) mais constitue plutôt un report de l’échéance de paiement. Lors de la vente
du bien immobilier, le calcul de la plus-value se fera à compter de la date d’acquisition du bien par le couple et non de celle du transfert des droits lors du divorce.
Cas d’un couple possédant plusieurs appartements
D’un point de vue juridique, le divorce a pour conséquence de diviser le foyer fiscal commun en deux foyers distincts l’un de l’autre. À titre d’exemple, lorsque le couple possède deux appartements et souhaite vendre l’un d’entre eux afin de partager ensuite les bénéfices, si la vente intervient préalablement au divorce, c’est le couple qui sera considéré en tant que partie venderesse. Il conviendra donc de procéder au règlement de la taxe sur la plus-value selon le barème classique, à savoir : 25 % de la différence entre le prix d’achat et le prix de vente, après amortissement des frais.
Néanmoins, une optimisation fiscale est envisageable dans ce cas : au lieu de vendre le bien immobilier préalablement au divorce, le couple aura la possibilité, dans le cadre de la procédure de divorce, de partager son patrimoine immobilier de telle sorte que chacun des conjoints soit propriétaire d’un appartement tout en étant dispensé du paiement de taxes. Dans un second temps, ultérieurement au divorce, l’un des ex-conjoints procèdera à la vente de son unique appartement et profitera de l’exonération de taxe sur la plus-value prévue par la loi. Il pourra ensuite partager les bénéfices avec son ex-conjoint.
Lorsque le couple possède plus de deux appartements, il sera recommandé d’envisager de transférer les droits de certains d’entre eux aux enfants majeurs dans le cadre du divorce, afin de leur permettre par la suite de les revendre en bénéficiant de l’exonération de taxe sur la plus-value lors de la vente d'un appartement unique. n
Précision : les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil juridique spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction.
Maître Yonathan TSADIKA + 972 (0)50-4863476 yonathan@tsadika.co.il
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un don de ses impôts ?
En Israël, les particuliers et les entreprises peuvent déduire de leurs revenus imposables les dons qu'ils font à des organisations à but non lucratif reconnues par l'État et détenant le sé'if 46 (alinéa 46 du code fiscal, équivalent du CERFA français). Pour ce faire, il faut remplir une déclaration fiscale annuelle auprès de l'administration fiscale israélienne, le Mass Hakhnassa.
Pour les particuliers, le remboursement d’impôt correspond à 35 % du revenu imposable sur présentation du sé'if 46 au Mass Hakhnassa.
Les dons déductibles comprennent les dons en espèces, les dons en nature, les dons de biens, les
dons de titres, les dons d'actions et les dons de créances.
Pour les entreprises, le remboursement d’impôt est de 25 % du revenu imposable.
Il est à noter que le statut des entreprises en Israël n’est pas en tout point similaire au modèle français, comme l’explique le cabinet d’expertise comptable Natco Consulting. Le statut que vous choisissez a des conséquences fiscales déterminantes ; et si le statut choisi ne correspond pas au modèle financier et fiscal de vos activités, vous encourez des risques. Il est donc très important de bien étudier la situation en amont, en vous faisant conseiller par des experts en fiscalité des entreprises.
Conditions d’obtention du remboursement :
l Pour percevoir un remboursement, il faut avoir de l’impôt à payer.
l Le don doit être égal ou supérieur à 200 shekels.
l La structure qui va percevoir le don doit fournir un reçu officiel au donateur et, bien sûr, être reconnu officiellement. La pièce à fournir pour cela est le sé'if 46 et ce document est à conserver en cas de vérification fiscale.
l Dans le cas où aucun remboursement n’a été demandé sur le moment, il est possible de solliciter le Mass Hakhnassa pendant six ans et d’obtenir rétrospectivement le remboursement. n
26 LPH N° 997 BON À SAVOIR Natco Consulting – Cabinet Expert-comptable Israël 31 boulevard Rothschild, Tel Aviv Tél. : 03-9446635 Email : contact@natcoconsulting.com
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déduit-on
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Un défi : révéler l'identité fromagère israélienne
Noémie Richard est une jeune femme qui vit d’une passion tout à fait originale : l’art et la manière de fabriquer le fromage. Elle s’est donné pour mission de dévoiler au monde ses secrets de fabrication.
Noémie, qui a fait son Alya depuis un an et demi, nous a fait partager son expérience lors d’une conférence à l’Institut Français de Haïfa. Nous avons rencontré cette sympathique et brillante entrepreneuse.
LPH : Noémie Richard, comment êtes-vous entrée dans le monde des fromages ?
Noémie Richard : Je suis française et toute ma famille paternelle est originaire des Alpes. Cela m’a permis d’être régulièrement au contact de la nature. Dans le cadre de mes études en agroalimentaire, j’ai eu l’occasion de participer à divers stages. Grâce à une expérience au Canada, en particulier, j’ai pu entrer dans le domaine de la fabrication de produits laitiers. Fraîchement diplômée, j’ai obtenu un poste en Amérique du Sud, où je me suis trouvée en contact avec des fromagers.
Qu’avez-vous fait en Amérique du Sud ?
J’ai créé au Chili l’École du fromage, puis mon activité s’est déployée en Argentine, en Colombie et au Pérou. Dans ces pays, les fromages ne sont pas de la qualité de ceux que l’on trouve en Europe. Mais c’est justement cela qui est intéressant, car après avoir été dans la production pure, après avoir appris toute la technique de transformation du lait et pris connaissance des nombreux dérivés que l'on peut obtenir à partir d’un même lait, cette expérience et la possibilité qui m’a été offerte de créer une École du fromage m’ont conduite à découvrir d’autres aspects lll
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INTERVIEW
lll du monde du fromage, et notamment comment le « mettre en scène » et quelles sont les meilleures façons de le déguster. J’ai également dû développer l’analyse sensorielle, et en premier lieu le goût. Il s’agit en fait de se mettre dans la peau des chefs, des sommeliers et des acheteurs.
Voir arriver une jeune spécialiste du fromage les a mis d’emblée en confiance ?
Mon origine française était un bon point de référence, mais j’ai tout de même dû faire mes preuves. À travers mon école, je représentais la société Savencia, anciennement Bongrain (à l’origine du célèbre « Caprice des dieux »). Cette entreprise, qui fournit une grande variété de fromages de France, mais aussi d'Espagne, d’Italie ou de Suisse, a eu l'intelligence de miser sur une stratégie éducative. Il est important, dans le contexte d’une école
fromagère, d’avoir une sensibilité et une ouverture à la production locale et à des habitudes de consommation spécifiques. Faire découvrir à certains pays les spécialités fromagères d’autres pays les pousse à s’en inspirer et à être plus performants.
C’est ainsi qu’en Israël, en Galilée précisément, une dizaine de fromagers s’inspirent vraiment des fromages français, au point que la ressemblance avec certains de nos fleurons est parfois troublante, même pour ceux dont les papilles sont très aiguisées. Quelquefois, les fromagers israéliens font évoluer certaines recettes et proposent des fromages frottés à l’huile d’olive, par exemple. Selon le lieu d’origine du lait, le fromage s’exprimera d’une façon différente.
Mais la technicité fromagère reste une science très pointue en France, et les fromagers israéliens passent forcément par une étape française dans leur apprentissage.
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La technicité fromagère reste une science très pointue en France, et les fromagers israéliens passent forcément par une étape française dans leur apprentissage.
La qualité des fromages passe-t-elle impérativement par la performance technologique ?
La machine aide à la régularité, à la consistance, et à faciliter des processus. Mais sans machine, on peut réussir de très bons produits artisanaux.
En ce qui concerne la reconstitution d’un Brie, d’un Camembert ou d’un Roquefort, il est vrai que le goût ne peut que s’approcher d’un fromage de fabrication française, ne serait-ce que du fait de l’origine du lait produit par des vaches qui pâturent les trois quarts de l’année, ce qui influe sur la consistance et la composition en matière grasse du lait propre à ces régions.
Qu’est-ce que les Israéliens attendent de vous : que vous les aidiez à développer leurs propres fromages ou que vous leurs appreniez à reproduire les fromages français ?
Le vrai défi, c’est d’arriver à trouver l’identité fromagère israélienne, plutôt que de copier des fromages étrangers, même si cela reste intéressant. La démarche consiste à dévoiler le terroir à travers les fromages. C’est comme pour le vin. Certains cépages français ne marchent pas en Israël. Les Français ont su produire leurs vins à partir de leurs critères climatiques et environnementaux. Par exemple, le pinot noir peut difficilement être reproduit en Israël. Les cépages sont trop fins et délicats pour les climats israéliens. L’inspiration française doit guider la technicité, mais parvenir à une imitation ne doit pas être l’objectif final.
Est-ce que les impératifs de cacherout peuvent nuire à la qualité des fromages ? Et la cacherout estelle un critère généralisé en Israël ?
Pour produire un fromage cacher, il faut des ingrédients cacher. Le lait est généralement surveillé, et il faut trois ingrédients principaux pour fabriquer la majorité des fromages : le sel, la présure et les ferments. Il y a deux types de présures : la présure animale, qui provient de l’estomac des ruminants, et la présure microbienne, qui est très facilement contrôlable et cachérisable parce qu’elle est fabriquée en laboratoire. En Israël, la présure animale est surveillée par les institutions de cacherout, et elle est permise si elle provient d’un estomac de bovin. Selon la Halakha, on autorise la coagulation du lait par une présure animale, celle-ci ne faisant pas partie de l’estomac du bovin. Mais ce processus est beaucoup plus cher et plus restreint. Et de toute façon, la présure animale ou végétale n’a pas d’influence sur le goût du fromage ; sa fonction est seulement une fonction de texture : elle fait coaguler le lait. On peut faire de très bons fromages cacher, aussi bons que les non cacher.
Vous avez fait votre Alya il y a un an et demi. Qu’estce qui vous a conduite en Israël ? Auparavant, j’étais assez éloignée de mes racines juives – je suis juive par ma mère. J’ai vécu sept ans en Amérique du Sud, puis en Angleterre, et c’est à Londres que s’est réveillée ma spiritualité enfouie. J’y ai découvert les valeurs du judaïsme. À partir de là, pour moi, vivre en Israël est devenu une évidence. J’ai donc décidé de faire l’Alya. Je n'étais pas sans savoir qu'Israël est un pays émergent en termes de de qualité de production du fromage. Il y a une demande d’amélioration de la part des producteurs et un intérêt croissant des consommateurs.
Comment se passe votre intégration ? L’hébreu est-il au rendez-vous ?
Il avance plus lentement que l’espagnol ou l’anglais, car je poursuis mes activités avec l’Europe, mais je compte bien m’y atteler. En attendant, mon compagnon, qui est israélien (tochav 'hozer), m’aide pour mes différents projets, notamment celui de « Gvinag » (fusion de « gvina » et de « fromage »), une structure israélienne que nous avons créée ensemble pour accompagner les fromagers. Nous faisons régulièrement des interventions dans le domaine de l’éducation et de l’information. Nous organisons des master classes sur les fromages israéliens, des événements privés, des ateliers, des tiyoulim, pour le grand public et les professionnels. n
Pour plus d’informations : www.gvinage.fr
Propos recueillis par Béatrice Nakache
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Conférence sur la fabrication du fromage animée par Noémie Richard
Au cœur de la pierre
PAR AMBRE BENDAYAN
Massages aux pierres chaudes ou lithothérapie
LPH : Sandrine Krespi, comment avezvous découvert le bienfait des pierres ?
Sandrine Krespi : Il est de ces rencontres qui bouleversent vos croyances et votre vie. Psychologue de formation, praticienne en biorgonomie * et thérapeute en sujok (acupuncture coréenne), j’étais déjà depuis bien longtemps dans le domaine du soin, et plus précisément du soin énergétique. J’aimais bien les pierres, sans trop savoir pourquoi… Gila Gavrielov, docteure en gemmologie et en sciences du comportement, titulaire d’un postdoctorat sur l’utilisation des pierres en psychiatrie, est apparue sur mon chemin de vie. Généreusement, avec son sourire chaleureux et pudique, elle m'a transmis chaque fois un peu plus de son immense savoir. Aujourd’hui, les pierres sont devenues un outil thérapeutique à part entière dans mes consultations.
En quoi peuvent-elles nous aider ?
Les pierres sont porteuses d'énergies issues des mondes supérieurs auxquels elles sont connectées. Pas de contre-indications. Pas d'effets secondaires. Pas de surdosage. Pas de date de péremption. Elles étaient là avant nous et le seront sûrement bien après… Les pierres ne remplacent jamais une visite chez le médecin mais elles recèlent mille solutions pour nous rendre la vie plus belle, quel que soit notre âge.
Il existe plus de 850 pierres. Il suffit d'une centaine d’entre elles pour faire face aux problèmes du quotidien. On peut les associer. Souvent, une ou deux
peuvent générer un véritable changement. Tout de suite ou plus lentement, mais ça marche ! On peut les porter sur soi, les poser à côté, les regarder, les toucher, en boire l'élixir, mais tout est déjà prévu depuis des milliers d’années : douleurs, insomnies, anxiété, règles difficiles, accouchement, allaitement, fertilité, appétit, digestion, énurésie, épilepsie, bégaiement, affections ORL, œdème, migraines, concentration, peurs, estime de soi, confiance en soi… Les pierres sont des cadeaux du Créateur. lll
31 LPH N° 997 SANTÉ – BIEN-ÊTRE
(thérapie par les pierres), le règne minéral n’a pas fini de nous étonner et de nous faire du bien !
lll Les pierres sont en effet souvent citées dans notre tradition…
La Torah mentionne douze familles principales de pierres. Douze comme les douze tribus, les douze mois de l'année, les douze signes astrologiques, les douze pierres sous la tête de Jacob le soir où il a rêvé de l'échelle, les douze pierres issues du lit du Jourdain et qui témoignent de la traversée du peuple en arrivant en Israël, les douze pierres du pectoral du grand-prêtre… Les pierres étaient nécessaires au service des prêtres dans le Temple de Jérusalem, de nombreuses sources en parlent : la Bible, d’abord (Nombres 28, 15-21), Ézéchiel, le Talmud, le Midrach Rabba , Saadia Gaon…
Pouvez-vous nous dire plus précisément en quoi consiste la lithothérapie et quel est le rôle du thérapeute ?
La lithothérapie consiste à utiliser le pouvoir soignant des pierres. C’est une technique de soin très ancienne. Les pierres sont constituées de minéraux très purs et très concentrés, les mêmes que ceux qui circulent déjà en nous. Le corps sait les reconnaître et les utiliser ; il sait identifier un besoin, et le cerveau traduit ce manque par une attirance spontanée vers les pierres de la couleur adaptée. C’est très précis, et même tellement fiable qu’il n’est pas nécessaire de recourir à un thérapeute pour savoir si la pierre convient à la personne ! Par contre, le thérapeute intervient sur deux plans : d’une part, il éclaire le patient sur ce qu’une pierre révèle de ses besoins, d’autre part, il donne des conseils sur les moyens d’utiliser la pierre en question et oriente vers d’autres produits à base de pierre.
On peut établir un bilan-diagnostic à partir des pierres que quelqu’un choisit. Pour cela, reportez-vous au questionnaire sur ce lien : http://bit.ly/3MzLQVk
L'analyse, qui prend du temps, aboutit à un compterendu détaillé. L’entretien qui suit permet d’élaborer une stratégie thérapeutique selon laquelle les pierres vont accompagner la personne en tenant compte de son mode de vie, de ses contraintes, etc. Il suffit souvent d’une consultation par mois, voire de contacter le thérapeute lorsqu’on en éprouve le besoin, pour changer de pierres parce que la situation a évolué… Problèmes chroniques ou ponctuels, existentiels ou professionnels, difficultés en tout genre ou simple désir de développement personnel, les
pierres peuvent être d’un grand secours dans maintes situations, et le thérapeute doit faire preuve de finesse et de créativité pour faciliter l'accès à cet incroyable outil.
La spécificité du thérapeute formé selon la Torah tient justement au fait qu’il prendra toujours les mesures nécessaires pour éviter l’écueil commun à toutes les thérapies énergétiques : le risque d’utiliser des énergies issues de pratiques éloignées de la sainteté. Parce qu’en terme d’énergies et de spiritualité, il y a la lumière ou l’obscurité…
Passionnée par cet outil, j’utilise les pierres au quotidien et je les recommande. Au-delà du soin, les pierres ont permis de mettre un place un véritable réseau d'entraide et de coopération : nous avons créé un groupe WhatsApp d'échanges, d’informations, de conseils et d'achats groupés. Un groupe de formation francophone s'est également mis en place. n
Pour toute information : 054-2508920
edeyliott@gmail.com
*La biorgonomie est une technique de soin énergétique visant à rétablir l’équilibre énergétique de la personne. Créée par Wilhelm Reich, elle a été enrichie et développée en Israël par Rafi Rozen puis Noga Gazit.
32 LPH N° 997 SANTÉ – BIEN-ÊTRE
Les pierres ne remplacent jamais une visite chez le médecin mais elles recèlent mille solutions pour nous rendre la vie plus belle, quel que soit notre âge.
SANTÉ – BIEN-ÊTRE
Le massage aux pierres chaudes est une technique thérapeutique qui utilise des pierres de basalte chauffées pour apporter un soulagement musculaire et une détente profonde. Cette pratique ancienne est de plus en plus populaire dans les spas et les centres de bien-être à travers le monde, et il existe de nombreux avantages associés à cette technique de massage. Le principal bienfait est le soulagement de la douleur. En effet, les pierres chaudes aident à détendre les muscles et à améliorer la circulation sanguine, ce qui peut réduire les douleurs musculaires et articulaires. Le massage aux pierres chaudes contribue également à détendre le corps et l'esprit. La chaleur apaisante des pierres libère des endorphines, des substances naturelles qui réduisent le stress et la douleur, et favorisent le bien-être.
En plus de ces avantages, les massages aux pierres chaudes peuvent aussi stimuler le système lymphatique, réduire les gonflements et renforcer le système immunitaire. Enfin, en réduisant le stress et l'anxiété, ils contribuent également à améliorer la qualité du sommeil.
Haïm Berrebi : 058-6272520
33 LPH N° 997
Première mondiale : les plantes
émettent des sons
La professeure Lilach Hadany, de l'École des sciences végétales de l’Université de Tel Aviv, en collaboration avec le professeur Yossi Yovel, directeur de l'École des neurosciences, et membre de l’École de zoologie et du Musée Steinhardt d’histoire naturelle de l’Université de Tel Aviv, ont réussi pour la première fois à enregistrer clairement des sons émis par des plants de tomate et de tabac, ainsi que par du blé, du maïs, de la vigne, des cactus et des lamiers.
Selon eux, les plantes, particulièrement lorsqu’elles sont en détresse, émettent des sons à une fréquence inaudible pour l’oreille humaine mais qui peuvent être captés par différents animaux, comme les chauves-souris, les souris et les insectes. L’étude pourrait dans l’avenir être utilisée, par exemple dans l’agriculture, pour détecter les signaux de détresse des végétaux.
L’étude, menée avec l’aide des doctorants Yitzhak Khait et Ohad Lewin Epstein, ainsi que des chercheurs de l'École des sciences mathématiques, de l'Institut de recherche sur les céréales et de l'École des neurosciences de l'Université de Tel Aviv, a été publiée dans la prestigieuse revue Cell .
Les cris des plantes en détresse
« Nous avons constaté que les plantes, principalement lorsqu'elles sont en détresse, émettent des sons à des fréquences élevées que l'oreille humaine est incapable de percevoir », explique la professeure Hadany. « À chaque catégorie de plante et à chaque type de détresse correspond un son caractéristique qui peut être identifié. Les sons émis par les plantes ressemblent à des déclics se rapprochant du bruit de l’éclatement du pop-corn, à un volume similaire à celui de la parole humaine mais à des fréquences ultrasoniques inaudibles pour l’homme, percevables cependant pour diverses créatures dans la nature, comme les chauves-souris, les souris et les insectes. »
34 LPH N° 997
DÉVELOPPEMENT DURABLE
La professeure Lilach Hadany et le professeur Yossi Yovel © DR
« D'après des études antérieures, poursuit Lilach Hadany, nous savions qu’on pouvait enregistrer les vibrations d’une plante en lui attachant un vibromètre, mais jusqu'à présent nous ne savions pas clairement si ces vibrations se transformaient en ondes sonores se propageant dans l'air, c'est-àdire en sons pouvant être perçus à distance. Dans la présente étude, nous avons cherché à répondre à cette question, qui préoccupe les chercheurs depuis de nombreuses années. »
Dans un premier temps, les chercheurs ont mis les plantes dans une boîte d’isolation acoustique dans un sous-sol isolé sans bruits de fond, et ils ont placé à côté d'elles, à une distance d'environ dix centimètres, des microphones à ultrasons qui captent les sons à des fréquences comprises entre 40 et 80 kHz (l'oreille d'un adulte capte jusqu'à environ 16 kHz).
Les enregistrements ont été effectués principalement sur des plants de tomate et de tabac, mais aussi sur du blé, du maïs, de la vigne, des cactus et des lamiers.
Une controverse qui dure depuis de nombreuses années
« Avant d’enfermer les plantes dans la boîte d’isolation acoustique, nous avons effectué diverses opérations sur elles », explique la professeure Hadany. « Certaines n'ont pas été arrosées pendant cinq jours, d’autres ont eu des tiges coupées, tandis d’autres encore n’ont pas été touchées. Nous avons voulu vérifier dans quelles situations, le cas échéant, les plantes émettaient des sons. Les résultats ont été fascinants : les plantes en situation normale ont émis environ un son par heure, tandis que celles qui ont été assoiffées ou coupées émettaient des dizaines de sons par heure. »
Les enregistrements ainsi collectés ont été analysés par ordinateur à l'aide d'algorithmes spécifiques développés spécialement à cet effet selon des technologies d’apprentissage automatique (intelligence
artificielle). Les algorithmes ont appris à distinguer les différents types de sons et à identifier pour chaque enregistrement la catégorie de plante dont il s’agissait, ainsi que le type et le degré de détresse dans lesquels elle se trouvait. Mieux encore : les algorithmes se sont avérés efficaces pour identifier et analyser les sons des plantes même lorsque l'expérience a été menée en serre non isolée entourée de nombreux bruits extérieurs. Ceci a permis de suivre le processus de déshydratation au fil du temps, et de constater que le nombre de sons émis par les plantes augmentait en même temps que la déshydratation jusqu'à atteindre un pic, puis diminuait. « Nous avons prouvé que les plantes émettent des sons, mettant ainsi fin à une controverse scientifique qui dure depuis de nombreuses années », conclut Lilach Hadany. « Les résultats montrent que le monde regorge de sons végétaux et que ces sons contiennent des informations, indiquant par exemple un manque d'eau ou un dommage quelconque fait à la plante. Nous pensons que les sons des plantes sont captés dans la nature par diverses créatures qui se trouvent dans l’environnement de la plante, comme les chauvessouris, les rongeurs, divers insectes et éventuellement d'autres plantes, qui sont capables de capter ces ultrasons et d’en tirer des informations pertinentes pour elles. Il est possible que dans l'avenir, les humains soient également en mesure d'utiliser ces informations, par exemple via un capteur qui signalera au producteur si la plante se dessèche et a besoin être arrosée. Il s'avère que les champs sont probablement des lieux bruyants, mais dont nous ne percevons pas les sons ! »
Par la suite, les chercheurs souhaitent examiner d’autres questions fascinantes : par quel mécanisme les plantes émettent-elle des sons ? Comment les papillons de nuit perçoivent-ils les sons émis par les plantes et comment y réagissent-ils ? Et les autres plantes entendent-elles ces « voix » ? n
35 LPH N° 997
Cet article est tiré du site de l'Association française de l'Université de Tel Aviv.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
La cinquième habitudes des gens qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent :
Pensez à une situation où, ayant quelque chose d’important à raconter, vous avez été accueilli et vous avez senti que vous aviez été compris : qu’aviez-vous éprouvé ?
Et maintenant, pensez à une situation inverse : vous avez envie de partager votre petit paquet d’émotions mais votre interlocuteur se comporte et vous répond de telle sorte que vous vous dites qu’il n’a rien compris ! Quels sentiments éprouvezvous ?
Nous consacrons la majorité de nos heures d’éveil à communiquer : parler, lire, écrire… Avez-vous remarqué que l’écoute ne figure pas dans cette liste ? En effet, nous avons passé des années à apprendre à lire et à écrire, à parler une ou plusieurs langues – mais qu’en est-il de l’écoute ? Très peu
de personnes ont appris à vraiment écouter leur prochain dans le but de le comprendre.
Stephen Covey attire l’attention sur notre tendance à nous précipiter sur les problèmes des autres pour
36 LPH N° 997 CONSCIENCE
« Cherchez à comprendre, puis à être compris. »
PAR HAGIT BIALISTOKY
essayer de les solutionner en leur donnant des conseils, souvent en ne prenant pas le temps de bien comprendre et diagnostiquer lesdits problèmes.
La plupart du temps, nous écoutons dans le but de répondre, nous filtrons les messages reçus et les interprétons selon notre vision du monde, qui est toujours différente de celle de l’autre : « Je sais exactement ce que tu ressens ! », « J’ai vécu la même expérience »… C’est surtout le cas des parents, qui sont sûrs et certains de savoir ce qu’il se passe dans la tête de leurs enfants ou de leurs adolescents, mais qui, en fait, n’essaient même pas de pénétrer dans leur univers.
Lorsque quelqu’un parle, nous l’entendons habituellement à l’un des quatre niveaux suivants : l Nous l’ignorons : nous ne l’écoutons pas du tout. l Nous faisons semblant : « Hum, oui, absolument… »
l L’écoute sélective : nous n’entendons que certaines parties de ce qui est dit.
l L’écoute attentive : nous accordons notre attention et nous concentrons notre énergie sur les mots qui sont dits.
l L’écoute « active » : technique qui vise à répéter et à reformuler les paroles de l’autre.
À la différence de toutes les techniques de communication qui visent à contrôler la conversation, le niveau le plus élevé est l’écoute empathique dont l’objectif est la compréhension des paradigmes de notre interlocuteur, de ses sentiments et de ses réflexions. (Cela ne signifie pas que nous devons être toujours d’accord avec lui !)
Les spécialistes de la communication nous apprennent que seulement 10 % de nos échanges se font par l’intermédiaire des mots, 30 % par différents sons que nous émettons et 60 % grâce au langage corporel. C’est la raison pour laquelle il ne suffit pas d’écouter avec les oreilles mais qu’il faut également se servir de nos yeux et de notre cœur !
L’écoute empathique est un précieux cadeau, un immense investissement sur le compte émotionnel (voir article précédent – LPH 996), car elle satisfait pleinement notre besoin psychologique fondamental d’être compris et reconnu, ce qui nous est aussi indispensable que l’air.
Pour pouvoir être empathique avec les autres, il faut être disponible, ce qui implique d’avoir satisfait son propre besoin d’écoute empathique. Demandez à votre conjoint, à un/e ami/e ou à un membre de votre famille de vous écouter pendant trois minutes sans vous donner de conseil ni chercher à prendre en charge vos problèmes, puis de reformuler ce qu’il a compris de ce que vous vivez. Ensuite, inversez les rôles.
L’écoute empathique se développe comme un muscle et devient de plus en plus précise avec la pratique. Être à l’écoute de l’autre permet de contribuer à des relations pacifiques. Développer l’écoute empathique, c’est donc aussi instaurer des relations de confiance, désamorcer les conflits du quotidien et favoriser la communication bienveillante.
Consacrez donc du temps à vos enfants en tête-à-tête, sortez régulièrement avec votre partenaire et soyez à l’écoute pure : c’est la cinquième habitude de Stephen Covey, qui vous permettra de créer des relations affectives de qualité. n
Je vous invite à me faire partager par mail vos réussites (ou vos échecs) d’écoute empathique – promis : je serai à votre écoute !
Hagit Bialistoky – Coach de vie et thérapie émotionnelle
Contactez-moi pour intégrer mon groupe WhatsApp « Restez motivée »
Tél. : 050-7524670
Hagit.bialistoky@gmail.com
37 LPH N° 997
CONSCIENCE
Quand le Mossad recrute des olim 'hadachim à Tel Aviv
PAR ARI LIVER
Une femme en manteau blanc, capuche relevée, et un homme en costume prennent place. Pour protéger le secret de leur identité, les deux témoins garderont des lunettes de soleil toute la soirée.
« Nous sommes Sarah et Harry, ce sont des noms d’emprunt, et nous sommes ici pour vous parler de notre métier au sein de ce qu’on appelle “l’agence”. Les questions sont les bienvenues, mais comme vous vous en doutez, nous ne répondrons qu’à une minorité d’entre elles », annonce d’emblée Sarah.
« Bonsoir, j'espère que vous me comprendrez… Mon anglais n’est pas aussi bon que celui de ma collègue. Je suis davantage à l'aise en hébreu et en arabe », poursuit le second agent.
19h
, à l'extérieur d’un bar-restaurant du bord de mer de Tel Aviv, des dizaines de personnes patientent, certaines depuis près d’une heure. « Ils ont envoyé un mail ce matin pour dire que tout le monde ne pourra pas rentrer, la salle n’est pas assez grande », commente une Franco-Israélienne. Pour y assister, deux conditions : avoir entre 20 et 30 ans, et être israélien. À l'entrée, la sécurité a été renforcée : vérification des billets et des cartes d’identité, une femme est même chargée de recouvrir les objectifs des téléphones d’autocollants – « Interdiction de prendre des photos », rappellet-elle à chacun. À l’intérieur, les curieux s’entassent. Ce n’est qu’après une heure de retard et une quinzaine de déçus priés de faire demi-tour que la conférence peut enfin débuter.
La description de l'événement annonçait que deux espions répondraient aux questions des participants concernant leur métier et ses risques. Une conférence alléchante, donc, d’autant que la majorité du public a récemment immigré en Israël et n’en sait que très peu sur les services secrets israéliens, une configuration bien connue des deux orateurs du soir.
Sarah, la trentaine passée, est née à Paris, et ce n’est qu'après des études aux États-Unis et à l'âge de 26 ans qu’elle est arrivée en Israël. « J’ai compris que je devais m’installer ici, que j’y aurais plus d’impact, que j’appartenais à ce pays. Après mon Alya, j’ai repris des études, mais je sentais que mon intégration était incomplète, je voulais moi aussi me battre pour ce pays », explique-t-elle. C’est sans crier gare, dit-elle, que « l’agence » est venue à elle. « Je ne pensais pas convenir, mais finalement, l’agence m’a permis de réaliser mon rêve : j’ai pu avoir un impact sur le monde et ma vie a pris du sens », raconte-t-elle.
38 LPH N° 997 REPORTAGE
Vous êtes-vous déjà demandé comment les services secrets recrutent leurs agents ? Si les films et l'imaginaire collectif avancent des scénarios rocambolesques, dans la vraie vie, le processus peut être bien moins impressionnant. Reportage.
L’agence m’a permis de réaliser mon rêve : j’ai pu avoir un impact sur le monde et ma vie a pris du sens.
Face à l’oratrice, dans la salle, les visages s’illuminent et l’intérêt croît. L’espionne franco-israélienne décrit son métier comme une chance de faire la différence, d’éviter la monotonie et de vivre une vie palpitante, même si, précise-t-elle, « on ne fait pas ce métier pour l’argent ». Une précision qui fait sourire, à commencer par son collègue qui, discret jusque-là, tempère : « Mais nous avons tout un tas de choses qui nous sont offertes : des vols en business class, des vêtements chics, des trajets en taxi, voire en limousine… »
Né à Santiago, Harry, lui, a émigré très jeune en Israël. Après cinq ans d’armée, il s'est orienté vers la psychologie et la criminologie, avant de faire un grave accident de la route. « Cet épisode m’a contraint à me remettre en question. J’ai fait une pause dans mes études et je me suis penché sur ce que je souhaitais vraiment faire. » Son recrutement, l’homme n’en parlera pas, mais il évoquera quelques détails de ses entraînements, deux années intensives pendant lesquelles son mental et son physique ont été mis à rude épreuve, et qui lui ont notamment permis d’apprendre l’arabe littéraire. « Ces vingt dernières années à l’agence ont été les plus passionnantes de ma vie », affirme-t-il.
Sarah et Harry ont des missions similaires : récolter des informations nécessaires pour « sauvegarder » la sécurité du pays. « Comment ? », questionne une jeune femme dans le public. « Nous ne pouvons pas vous donner de détails, répond Sarah, mais nos missions se résument à nous rapprocher de personnes qui peuvent nous fournir ce que nous voulons. »
Pendant près d’une heure, les agents exposent quelques anecdotes et évoquent les qualités primaires requises pour faire un bon agent. Et quand vient le moment des questions-réponses, deux clans se forment : si certains ont été totalement charmés et s’imaginent déjà sur le terrain, d’autres émettent des réserves. « Ce métier n'impacte-t-il pas votre vie privée ? », demande une Américaine employée dans une entreprise de high-tech à Tel Aviv. « Il a un impact, surtout psychologique, mais nous essayons de faire la part des choses. Il y a un prix à payer pour faire ce métier, mais cela n’empêche pas d’avoir une famille et des amis. D’ailleurs, je me suis mariée et j’ai eu des enfants alors que je travaillais déjà pour le Mossad », répond Sarah qui vient pour la première fois de la soirée de nommer le célèbre service de renseignement. « L’agence nous encourage à vivre une vie normale et à nous épanouir dans notre
vie privée. D’ailleurs, nous manquons de femmes, alors si certaines veulent nous rejoindre, nous les y incitons vivement », conclut-elle. Le but de cette rencontre se clarifie… « À la fin de la conférence, nous vous donnerons un mail auquel vous pourrez adresser votre CV », lance Harry. De quoi éveiller l’enthousiasme, mais aussi la perplexité de l’audience. « Et concernant le salaire ? », questionne un jeune étudiant d’Amérique du Sud. « On ne fait pas ce métier pour l’argent. Le salaire n’est pas bon », répond Sarah sur le ton de l’humour. Cet argument ne rebute néanmoins pas l’assistance. Une dizaine de personnes se succéderont à la fin de la séance pour poser des questions en têteà-tête aux deux intervenants et donner leurs coordonnées.
L’audience n’a pas été choisie au hasard : des jeunes, pour la majorité bilingues, voire trilingues, et à la double nationalité. « Vous êtes les profils dont nous avons besoin », a plusieurs fois répété Sarah.
Au sortir de l’événement, aucun secret n’aura été dévoilé. Hormis des conseils logiques, les agents n’auront évoqué ni le processus de recrutement qu’ils ont suivi ni les formations dispensées. Ils n’auront pas non plus révélé leur véritable identité.
Voilà comment, un soir de février, le Mossad a organisé une soirée de recrutement dans un bar branché en face de la promenade du bord de mer de Tel Aviv… n
39 LPH N° 997 REPORTAGE
L'Altalena, soixante-quinze ans après...
PAR YOËL HADDAD
Tout débute aux États-Unis, lorsque des partisans de l'Irgoun achètent un bateau à l'armée américaine. Une fois en France, il est chargé d'armes destinées aux combattants en Eretz Israël. Mais l'arrivée du bateau en Eretz Israël en juin 1948 suscite une vive tension entre le gouvernement israélien et l'Irgoun, Ben Gourion soupçonnant l'Irgoun de fomenter une rébellion contre le gouvernement du jeune État. Les tentatives de pourparlers échouent et finalement, le 22 juin 1948, le bateau est bombardé depuis la plage de Tel Aviv.
Parmi les victimes se trouvent :
u Michel Victor Hai Assuied
Né à Paris, de mère chrétienne, il a grandi loin du judaïsme de son père. Il perd sa mère à l'adolescence et s'installe avec son père en Tunisie. Lors de l'invasion de la Tunisie par les Allemands, il s'engage dans la Résistance et participe entre autres à la bataille de Monte Cassino. Il est décoré de la Croix de guerre. La rencontre avec des rescapés de la Shoah le bouleverse. Il décide de s'engager dans les rangs de l'Irgoun, pour la liberté d'Israël : le 5 juin 1948, il monte à bord de l'Altalena pour
rejoindre la Palestine. Il écrit à son père qu'il rentre à la maison. Il sera tué à bord du bateau.
u Victor Aryé Pakula, devenu Ben-Moché
Né en 1927 en Pologne, il est enfant lorsque sa famille s'installe à Paris où, pendant la guerre, elle se déplace en zone libre. Il veut rejoindre la Résistance et aller combattre en Allemagne. Il se rend en Suisse mais, à cause de son jeune âge, il n'est pas engagé. Il est hébergé par un prêtre protestant. À la fin de la guerre, il retrouve
sa sœur, seule survivante de sa famille. La catastrophe le pousse à épouser la cause sioniste ; il apprend la Bible et l'histoire du sionisme. Après le vote des Nations Unies du 29 novembre 1947 qui déclenche la guerre d'indépendance, il décide de rejoindre les combats sans plus attendre. Il s'achète une arme personnelle et monte à bord d'un bateau à Marseille. En Eretz Israël, il rejoint rapidement des entraînements de l'Irgoun. Lors de l'arrivée de l'Altalena à Tel Aviv, il fait partie des combattants de
40 LPH N° 997 HISTOIRE
Juin 1948-juin 2023 : soixante-quinze ans se sont écoulés depuis la tragique affaire de l'Altalena. L’occasion de revenir sur quelques-unes des victimes de ce drame qui a marqué l'histoire d'Israël.
L'Altalena en feu, suite au bombardement par un détachement du Palmah © GPO
l'Irgoun qui se trouvent sur la plage pour apporter leur aide au déchargement de la cargaison. Ce sera sa dernière mission.
u Avraham Cohen
L'histoire d'Avraham Cohen le lie à la mer depuis son plus jeune âge. Né dans une famille précaire, il travaille pour sa subsistance depuis l'enfance, mais il profite de chaque instant de liberté pour se rendre sur la plage, observer la mer, nager et faire de la barque ; il rêve de devenir marin et de parcourir le monde. Il rejoint l'Irgoun et fait preuve d'un héroïsme particulier lorsque, au cours d'un entraînement, sa barque se retourne et un fusil tombe au fond du fleuve : les armes étant une denrée rare, il n'hésite pas à plonger pour rattraper le fusil. Il participe à la conquête de Jaffa et du village de Yahoudiya, lors de laquelle il stoppe seul un tank ennemi jusqu’à l'arrivée de renforts.
Tsahal fondée, il prévoit de s'engager dans la marine. Lors de l'arrivée de l'Altalena, il tente de nager jusqu'au bateau pour apporter de l'aide à ses camarades. Mais touché par des débris de missile, il meurt en mer.
u Avraham Stavsky
Le parcours le plus marquant reste celui d'Avraham Stavsky. Né en 1906 en Pologne, il reçoit une éducation sioniste et
traditionaliste. En 1923, il essaie de monter illégalement en Eretz Israël mais il est arrêté par les autorités roumaines qui le remettent aux mains des autorités polonaises. Il s'engage dans
l'armée polonaise et y devient officier. Après son service, il s'engage au sein du Betar. En 1933, il réussit enfin, en montant sur un bateau à Marseille, à entrer Eretz Israël où il rejoint les cercles du Betar. En juin de la même année, il est accusé à tort par les autorités britanniques et sionistes d'avoir pris part à l'assassinat de Haïm Arlozorov. Il est condamné à mort, mais une protestation s’élève au Yichouv contre cette injustice. Avraham Stavsky est finalement acquitté par manque de preuves. Après cette dure épreuve, à la demande de Zeev Jabotinsky, il rejoint sa Pologne natale pour œuvrer à la diffusion de la presse sioniste révisionniste puis à illégale. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il tente de regagner Eretz , mais il est arrêté sur ses plages par les Britanniques qui le refoulent. Il se rend aux États-Unis où il œuvre pour l'Irgoun. Après la guerre, il retourne en Europe et y agit de nouveau en faveur de l'immigration illégale des rescapés de la Eretz Israël. Il joue un rôle important dans l'organisation de l'Altalena, sur lequel il embarque, pour la troisième fois de sa vie, vers Eretz Israël. Mais il trouvera lui aussi la mort sur le pont du bateau, dans les bras de son ami d'enfance, Menahem Begin. n
41 LPH N° 997
HISTOIRE
Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin.
Le monument honorant les victimes de l'Altalena à Nahalat Yitzhak [NDLR : les noms des victimes cités dans l'article ont été soulignés en rouge.]
Parcours d'une (com)battante
PAR VALÉRIE KARSENTI
Salomé est une jeune fille qui gagne à être connue et c’est pourquoi j’ai décidé de vous parler d’elle.
Tout d’abord parce que Salomé a fait son cherout leoumi au CNEF et qu’elle y a travaillé en tant que conseillère académique. Ensuite, parce qu’elle a fait son Alya, et des études en Israël. Enfin, parce qu’elle s’occupe de groupes de lycéens français et qu’à ce titre également, son regard et son expérience sont précieux.
Salomé, qui a effectué sa scolarité en France, avait « depuis toujours » dans l’idée de faire son Alya. Alors que les jeunes de sa classe qui étaient venus en Israël à l’occasion du bac Bleu Blanc hésitaient à franchir le pas, elle avait déjà donné (avec ses parents) un chèque au rav Elie Kling pour réserver sa place dans le programme Hemdat Hadarom, sur les conseils du rav Mamou.
Lorsque je lui ai demandé si elle avait des regrets, elle m’a répondu que non seulement elle n’en n’avait
42 LPH N° 997 FORCES VIVES
© DR
Les jeunes participants au bac Blanc Bleu, venus de France, lors de la réception d'ouverture au Palais des Congrès de Jérusalem
aucun, mais que de plus elle aurait préféré suivre le programme de Hemdat Hadarom sans connaître aucune des participantes au préalable.
Oui, Salomé est forte et déterminée. Et elle a de la maturité à revendre. Elle m’a d’ailleurs fait part du sentiment de décalage qu’elle a très tôt ressenti par rapport à ses amis restés à Paris. Une petite anecdote l’illustre bien : durant sa première année en Israël, le passeport de Salomé allant expirer, elle a « tout naturellement » entrepris les démarches nécessaires pour le renouveler. Sauf qu’en parlant avec une amie de lycée restée à Paris, elle s’est rendu compte que ce n’était pas du tout si naturel que cela, l’amie en question lui ayant fait remarquer qu’en France, c’étaient les parents qui s’occupaient de ce genre de démarches et qu’elle enviait l’autonomie que Salomé avait acquise en si peu de temps. Ce décalage existe aussi par rapport aux jeunes que Salomé accompagne lors de leurs séjours en Pologne ou en Israël ; mais elle parvient à voir au-delà de l’indifférence affichée et du cynisme blasé que ces jeunes manifestent lorsqu’il est question d’Israël et de l’Alya. Salomé sait mieux que personne, puisqu’elle a suivi le même parcours, combien ces jeunes sont en demande et combien ils attendent qu’on leur parle sans langue de bois de l’Alya. Salomé m’a également fait part d’une réflexion particulièrement intéressante sur la société israélienne, qu’elle voit comme une société qui aime les jeunes, les responsabilise et leur fait confiance en leur donnant un vrai rôle à jouer. Pensez par exemple à ces jeunes 'hayalim et 'hayalot, qui sont nos yeux et nos oreilles, et qui défendent notre pays sans hésitation. Pensez aux jeunes qui montent des start-ups, aux jeunes médecins, avocats, spécialistes de la finance, mais aussi à tous les autres, les invisibles qui travaillent, paient leurs études et fondent un foyer avec ou le plus souvent sans l’aide de leurs parents. Ce sont de vrais héros et la société israélienne, qui les perçoit comme tels, leur donne de facto une place qui compte en son sein.
Autre point abordé par Salomé : la politique. Après m’avoir confié que ses parents (son père, en particulier) étaient « accros » aux news, elle ajoute dans le même souffle qu’il est de toute façon très
difficile, voire impossible, de ne pas se sentir concerné par la politique en Israël. Toutes les décisions ont un impact réel et concret sur les citoyens israéliens ; et en Israël, chacun a voix au chapitre.
À travers ses propos, Salomé nous communique cette sensation de vie si intense que l’on éprouve en Israël – une telle intensité que lorsqu’on se rend en France ou ailleurs, on a l’impression que rien n’a bougé. Nombreux sont ceux qui partagent ce sentiment.
Salomé a donc trouvé sa place, et c’est tant mieux. Maintenant il lui reste, avec l’aide de Dieu, à trouver le fiancé… Mais c’est une autre histoire ! n
43 LPH N° 997
FORCES VIVES
Valérie Karsenti est directrice académique CNEF.
Lorsqu’il est question d’Israël et de l’Alya, les jeunes attendent qu’on leur parle sans langue de bois.
Tamar Mika Bahat : Je commence ma journée avec le sourire
Titulaire d’un diplôme de deuxième cycle en philosophie, Tamar Mika Bahat vit avec passion son métier d’institutrice depuis plus de vingt ans et elle vient de publier un livre pour enfants qui traite de la séparation vécue par le petit enfant lors de sa scolarisation.
« L’idée m’est venue après avoir aidé de nombreux enfants à surmonter leurs difficultés d’acclimatation dans un nouvel environnement préscolaire ou scolaire. L’enjeu était de les aider à faire face au stress lié à la séparation tant émotionnelle que physique imposée par la nouveauté. La séparation est une expérience que nous vivons plus d’une fois dans l’enfance ! », explique l’autrice. Le titre du livre, Je commence ma journée avec le sourire, est en luimême une invitation à ouvrir son cœur pour parvenir à surmonter la colère, la tristesse ou l’inquiétude éprouvées lors de l’adaptation à un nouvel environnement. L’acquisition de cette maturité émotionnelle peut être mise à l’épreuve à tout stade de l’enfance, et parfois même à l’âge adulte !
Le récit est porté par Tom, un attendrissant héros. Envahi par toutes les émotions négatives du démarrage, il cesse cependant de se replier sur lui-même pour s’ouvrir aux autres. À travers cette expérience de séparation, Tamar Mika Bahat met en relief
l’importance de l’écoute attentive et de l’accompagnement réfléchi de l’adulte présent auprès de l’enfant pendant cette période critique : paroles douces, encouragements, caresses, empathie, identification, tout cela est décrit très finement dans le livre, à travers un dialogue expressif et chaleureux qui permet à l’enfant d’accepter petit à petit ses émotions négatives. L’autrice précise : « À travers cette histoire vécue par un autre enfant, le petit lecteur peut percevoir avec un certain recul le reflet de sa propre expérience. » Il peut ainsi déplacer positivement son point de vue et faire face à la difficulté rencontrée. Le but du livre est donc d’aider à
la régulation émotionnelle de l’enfant grâce à un regard positif porté sur une situation donnée.
Le récit, illustré page après page, est accompagné d’un livret de coloriages qui invite l’enfant à revenir, avec ses propres couleurs, sur chaque situation du livre, afin d’intégrer à sa manière l’évolution des conditions de la séparation. Ces coloriages lui permettront de récréer et de traiter différentes situations à son rythme, dans un environnement calme et détendu. D'ailleurs, symboliquement, le nom de l’enfant sera inscrit sur la couverture, ce qui lui permettra d’être le personnage principal, le créateur et l'acteur de cette démarche positive.
Selon Tamar, « un tel livre devrait être lu aux enfants avant leur entrée en maternelle et en primaire, afin de les préparer à ces nouvelles situations. » De façon générale, ce livre nous incite tous à être plus attentifs aux non-dits et aux sentiments de l’autre. Il nous invite à être plus à l’écoute de l’âme de l’enfant. C’est une pausecadeau dans le temps et dans l’esprit.
À proposer à tous les niveaux, à lire et à relire, à tout âge ! n
Le livre est disponible sur commande dans toutes les librairies, aussi bien en France qu’en Israël. Vous pouvez également le commander sur le site internet : https://www.jetsdencre.fr/je-commence-majournee-avec-le-sourire-_r_68_i_1589.htm
44 LPH N° 997 LIVRES ET VOUS
Et si on visitait Israël à vélo ?!
PAR GUITEL BEN-ISHAY
Avec l'arrivée des beaux jours, pourquoi ne pas découvrir un nouveau concept de balades ? Que diriez-vous d'une découverte du pays à vélo ? C'est ce que propose Bike Jerusalem, avec différentes formules pour faire plaisir à tout le monde. Il n'y a plus qu'à louer le vélo et choisir ce qui vous convient. En selle !
En Israël, difficile de trouver des endroits plats. C'est peut-être pour cette raison que le cyclisme n’a commencé qu’assez tardivement à susciter l'intérêt des habitants : c'est seulement au milieu des années 1990 qu'il est devenu un sport populaire. Depuis, de nombreuses pistes cyclables ont été construites, on voit de plus en plus de groupes de cyclistes sur les chemins de randonnée et le pays a même accueilli les trois premières étapes du Giro d'Italie en 2018. Le concept de découverte du pays à vélo s'est peu à peu installé. Bike Jerusalem propose différentes formules, adaptées à tous les publics et à toutes les envies. Le climat est agréable, alors pourquoi ne pas découvrir la capitale à travers ses pistes cyclables, qui y sont plus nombreuses qu’on ne l’imagine ? Ainsi, il est possible de parcourir les lieux les plus touristiques de Jérusalem, et de découvrir son histoire et ses secrets architecturaux en évitant la circulation toujours intense : de la rue Jaffa à la Knesset en passant par la Cour suprême, la résidence du Président et celle du Premier ministre, mais aussi la Mochava Guermanit, la Mamilla et bien sûr la Vieille Ville, Jérusalem s'admire aussi à vélo. Bike Jerusalem
propose également un circuit nocturne, et un autre pour assister au lever du jour sur la ville et s'émerveiller en portant un autre regard sur la capitale. Des visites du même genre sont organisées à Tel Aviv : le boulevard Rothschild, Neve Tzedek, le port
de Jaffa, le parc HaYarkon, le port de Tel Aviv, la promenade du bord de mer, tous les lieux à ne pas manquer sont sur la carte de ce circuit d'un nouveau genre. Pour ceux qui préfèrent s’échapper de l'agitation urbaine, il est également possible de réserver un tour dans la nature, dans des lieux exceptionnels comme les monts de Judée ou le Néguev.
Tous ces parcours sont adaptables à la taille du groupe et aux familles, en fonction de l'âge des enfants.
Pour les plus aventureux, il existe des circuits étalés sur plusieurs jours. Dans ce cas, l'organisation comprend les balades à vélo mais
aussi toute la logistique des repas et des hôtels. Un circuit de huit jours passe par Tel Aviv, le Carmel, Césarée, Safed, le Golan, le lac de Tibériade, Jérusalem et les monts de Judée. Un autre circuit encore plus long, dix-huit jours à vélo, déborde sur la Jordanie – au programme : Jérusalem, la mer Morte, Yerouham, Mitzpe Ramon, Akaba, Pétra et le mont Nebo. D'autres formules relient Jérusalem à Eilat, ou encore traversent la Galilée. Les casse-cous ne seront pas en reste : Bike Jerusalem offre des circuits tout-terrain dans les merveilleux paysages israéliens, en Galilée, dans les monts de Judée, dans le Néguev, à Eilat… Les destinations ne manquent pas. Et si vous êtes plutôt du genre à préférer votre autonomie, Bike Jerusalem vous donnera tous les conseils et les renseignements indispensables pour organiser votre propre tour d'Israël à vélo. Israël offre une grande variété de paysages. En commençant par les montagnes du nord d'Israël, en passant par la plaine côtière, les zones urbaines de la région de Dan, Tel Aviv, Jérusalem, le désert du Néguev et enfin Eilat, tout peut se faire à vélo, un moyen de parcourir autrement notre beau pays. n
Pour plus de renseignements : www.bikejerusalem.com
45 LPH N° 997
DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Bé'houkotaï
Vos pluies en leur temps
PAR ARIELA CHETBOUN
Si selon Mes statuts (Be'houkotaï) vous allez et Mes mitzvot vous gardez, vous les faites, Je donnerai vos pluies en leur temps » On pourrait entendre qu’il existe un contrat simple entre le Créateur et Ses créatures : comportezvous correctement selon Mes préceptes et en retour vous serez récompensés. Mais voilà ce que dit l’exégèse : si la mitzva donne accès au Monde futur, elle ne garantit pas de récompense ici-bas. Elle est sa propre récompense, ce qui est bien difficile à comprendre. Il faut d’abord savoir que la bénédiction est « activée » si la mitzva n’est pas empreinte du souci de pratiquer Torah et mitzvot… tout en ayant confiance que Dieu pourvoira à nos besoins. Il s’agit d’être observant sans espérer de récompense ni éprouver d’obligation : les mitzvot sont pour notre bien car constitutives de notre identité !
Pour Rachi, ces deux propositions ne sont pas conditionnelles l’une par rapport à l’autre (si… alors…). Il ne faudrait pas entendre : « Si vous respectez ce que J’attends de vous, alors, en guise de récompense, Moi Je dispenserai vos pluies en leur temps. » Il s’agirait plutôt de supplications de Dieu : « Je vous en prie, observez Mes lois ! Pour le reste, ne vous en souciez pas, Je pourvoirai à vos besoins. »
Autrement dit, à chacun ses obligations : HaChem dispense
Pardès – le Verger –, ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.
de quoi vivre – les pluies, les bienfaits, de quoi être bénis – et nous, nous faisons ce que nous devons faire, notamment Torah et mitzvot
C’est une idée neuve, aux antipodes de la pensée chrétienne qui rémunère les « bonnes actions ». Comprendre Be'houkotaï selon la grille de lecture juive, c’est échapper à la plainte, à la critique des voies de Dieu, à la colère contre notre « destinée ». C’est voir dans l’adversité accablante ce qui peut en ressortir de positif. « Vos pluies » signifie les bienfaits dont nous sommes abreuvés – de quoi vivre, mais pas seulement. Pour la 'Hassidout, ces pluies représentent tout ce que HaChem nous envoie : le tov que nous n’espérions pas, mais aussi nos épreuves pour progresser. Son désir est de nous donner tout ce dont nous avons besoin, comme un père le désire pour ses enfants, et de nous voir bien grandir.
Regardons les choses autrement. Nous sommes responsables de notre perception des choses passées, de la qualité du présent et de notre engagement pour l’avenir. Dieu donnera nos pluies en leur temps : une rosée de bénédictions adressées personnellement à chacun au moment propice.
La maturité spirituelle, c’est de comprendre qu’il faut travailler pour obtenir les choses et que Dieu nous appuie dans notre effort. Chacun avance à son
rythme. L’homme est fait de tohou (passion, vitalité, désir, expression) et de tikoun (prise de conscience, travail sur les relations, amélioration de comportements). Il brise puis répare les dégâts qu’il a commis. Ainsi, notre survie n’est conditionnée ni par nos bonnes actions ni par le regard que Dieu pose sur nous. Son regard est indéfectiblement bienveillant. Il pourvoira, de toutes façons. Nous, nous devons travailler et grandir. n
Une année avec la Cabale. Secrets de l'Âme et du Temps
En vente en librairie francophone en Israël et sur Amazon www.belles-ames.com
46 LPH N° 997
UNE ANNÉE AVEC LA CABALE «
Rabbi Shimon bar Yo'haï, le visionnaire pragmatique
La mémoire populaire de l'illustre Rabbi Shimon bar Yo'haï, dont on célèbre la Hiloula le jour de Lag ba-Omer – le trente-troisième jour du Omer, qui cette année tombera le 9 mai –, tient dans le fameux récit de son séjour dans la grotte miraculeuse. Cette grotte lui servit d'abri et de refuge face à la menace du décret de mort édité par l'occupant romain duquel il était un farouche opposant. Quelques lignes de la trente-troisième page du Traité Chabbat nous dévoilent certains traits de son extraordinaire personnalité. C’est en effet dans ce passage talmudique qu’est relaté l’épisode où Rabbi Shimon bar Yo'haï et son fils Rabbi Élazar furent amenés à se réfugier dans une grotte pendant de longues années : « Rabbi Yéhouda, Rabbi Yossi et Rabbi Shimon [bar Yo'haï] étaient assis ensemble, et Yéhouda ben guérim [fils de convertis] était assis auprès d’eux. Rabbi Yéhouda entama le propos en disant : “Qu’elles sont belles, les actions de cette nation [les Romains] : ils ont aménagé des marchés, édifié des ponts et construit des bains publics !” Rabbi Yossi se tut, mais Rabbi Shimon bar Yo'haï répondit : “Tout ce qu’ils ont réalisé, ils ne l’ont fait que pour leurs propres besoins : ils n’ont aménagé des marchés que pour y poster des courtisanes, ils n’ont construit des bains publics que pour s’y prélasser, et ils n’ont édifié des ponts que pour y prélever des taxes.” Yéhouda ben guérim alla rapporter cette discussion [à ses proches], et elle arriva finalement jusqu’aux oreilles du gouvernement. Celui-ci déclara alors : “Yéhouda, qui nous a glorifiés, sera élevé ; Yossi, qui s’est tu, sera exilé à Tzipori ; et Shimon, qui a diffamé contre nous, sera mis à mort.” Rabbi Shimon partit alors se réfugier avec son fils dans la maison d’étude. Sa femme leur y apportait du pain, une cruche d’eau, et ils mangeaient. Lorsque le décret prononcé à leur
encontre devint encore plus sévère, Rabbi Shimon dit à son fils : “Les femmes ont un tempérament faible, et s’ils venaient à la torturer, elle pourrait nous dénoncer !” Ils partirent donc se cacher dans une grotte, où poussa par miracle un caroubier et où jaillit une source d’eau. »
bar Yo'haï est
Le débat fondamental sur la question de savoir quelle attitude adopter face à l'occupation romaine était particulièrement pertinent pour ces trois élèves de Rabbi Akiva. Lui-même, leur maître, avait courageusement fait son choix auparavant en identifiant Bar Kokhba, le dirigeant de la révolte militaire anti-romaine, comme le sauveur d'Israël. On pourrait éventuellement considérer la condamnation catégorique des actions romaines exprimée par Rabbi Shimon bar Yo'haï comme une position radicalisée. Et même adopter l'humanisme et le pluralisme de Rabbi Yéhouda qui, malgré toutes les cruautés commises par Rome et dont il n'ignore rien, choisit délibérément de ne pas renoncer à voir le progrès bénéfique institué par l'occupant dans les domaines de l'économie, de la santé publique et des infrastructures.
Rabbi Shimon bar Yo'haï est à l'origine du dévoilement de la partie cachée de la Torah ; c’est le fondateur incontournable de la Mystique juive. Paradoxalement, le Talmud semble le présenter comme un analyste géopolitique ultra-pragmatique. En réalité, pieds sur terre et visionnaire, il est le véritable symbole de la spécificité du projet de la nation juive : relier le Ciel et la Terre. Puisse le mérite du Tzadik être un bouclier pour son peuple ! n
Rav Avraham Dray
Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com
47 LPH N° 997
AU NOM DE LA LOI
Pieds sur terre et visionnaire, Shimon
le véritable symbole de la spécificité du projet de la nation juive : relier le Ciel et la Terre.
Iyar et le Taureau
Dans le calendrier hébraïque, le signe du Taureau, « Shor », en hébreu, est lié au mois d’Iyar. Ce mois est caractérisé par la « Guevoura », que l’on traduit souvent par « puissance » et « rigueur », mais qui représente principalement la mesure qui vient limiter la bonté infinie ('Hessed) avec laquelle Dieu a créé le monde. En commençant le compte par le mois de Nissan, considéré comme le premier mois du calendrier juif, Iyar est donc le second mois de l’année. Son appellation « Ziv » (« éclat », « épanouissement ») lui octroie sa luminosité réparatrice, guérissante et libératrice. La preuve évidente en est la création de l'État d'Israël au mois d’Iyar 5708.
D'après nos sage, le mois d'Iyar est propice à la remise en équilibre de l’âme et du corps, ainsi que nous le voyons dès la sortie d'Égypte. Les lettres du mois d’Iyar correspondent aux initiales de la phrase « Ani HaChem rofékha » – ךאפור םשה ינא – : « Je suis HaChem ton guérisseur », qui induit une force de guérison. À noter que d’ailleurs, c’est également durant ce mois que le puits de Myriam, qui avait le pouvoir de guérir, fut accordé à Israël.
Iyar est donc la suite de la libération de Nissan. C'est un mois d’espoir qui contient en lui la libération future du peuple. C’est pendant le mois d’Iyar que l’on célèbre « Pessa'h chéni », sorte de « rattrapage » pour ceux qui n'auraient pas marqué le premier Pessa'h parce qu’ils étaient impurs à ce moment-là et ne pouvaient donc offrir le sacrifice pascal (korban Pessa'h). C'est un désir qui fut exprimé par ceux qui n’avaient pas encore pu être marqués par l'aspect « national » d'Israël et auxquels l'Éternel accorda cette « nouvelle » fête.
Les secrets de la Torah sont liés au mois d'Iyar car c'est grâce à eux que le peuple pourra soigner ses plaies liées à l'exil. Ainsi, le Zohar de Rabbi Shimon bar Yo'haï fut dévoilé au monde durant ce mois. Le Taureau, caractérisé par sa corpulente robustesse et sa puissance, représente le mois d’Iyar. Considéré comme le roi des bovins, il est lié à Joseph – Yossef haTzadik –, symbolisé par le taureau, « shor », et représentant la puissance nationale d'Israël, et donc Machia'h ben Yossef. Ainsi le sionisme d'Israël est-il mis en valeur durant le mois d'Iyar.
L’élément correspondant au Taureau est la terre et, à l’instar du taureau qui la prépare pour la
récolte, le sionisme de Joseph représente toutes les infrastructures nécessaires au dévoilement du Machia'h ben David. De plus, la valeur numérique du nom « Yossef » est égale à celle du mot « Tzion ». La puissance rapide et foudroyante de Joseph est un véritable « satan » pour Esaü qui, tout au long de l'histoire, refusera de reconnaître la place d'Israël sur sa terre et au sein des nations du monde. L’aspect « national » du mois d'Iyar est lié à tout ce dont un État a besoin pour rétablir le royaume de l'Éternel sur terre. Une économie saine, une armée puissante et un tissu social uni sur Sa terre sont la base requise pour que le roi Machia'h s’y pose. n
PLANÈTE : Vénus
PIERRE PRÉCIEUSE : Topaze (« Pitéda », en hébreu)
ÉLÉMENT FONDAMENTAL : la terre
ATTRIBUT : Malkhout, la Royauté
Rav Yoel Benharrouche, artiste peintre, enseignant www.orotvekelim.com
Horaires de Chabbat
Chabbat Emor
5 mai 2023-14 Iyar 5783
Jérusalem 18h41 20h02
Tel Aviv 19h01 20h04
Netanya 19h02 20h05
Chabbat BeHar-Be'houkotaï
12 mai 2023-21 Iyar 5783
Jérusalem 18h46 20h08
Tel Aviv 19h06 20h10
Netanya 19h07 20h10
Chabbat BaMidbar
19 mai 2023-28 Iyar 5783
Jérusalem 18h51 20h13
Tel Aviv 19h11 20h16
Netanya 19h11 20h16
Roch 'hodech Sivan
21 mai 2023
Chavouot
Entrée de la fête le jeudi 25
mai 2023-5 Sivan 5783
Jérusalem 18h55
Tel Aviv 19h15
Netanya 19h15
Nous ne communiquons pas les horaires de la fin de la fête puisque nous entrons directement dans le chabbat (horaires ci-après).
Chabbat Nasso
26 mai 2023-6 Sivan 5783
Jérusalem 18h55 20h18
Tel Aviv 19h15 20h21
Netanya 19h16 20h21
48 LPH N° 997
MAZAL TOV
Rachi, Rachbam et la famille Dee
PAR ELIE KLING
Le moment tant attendu est enfin arrivé. Cela fait des mois que le peuple s'est attelé à la tâche de construire en plein désert ce tabernacle portatif et démontable qui l'accompagnera durant les quarante années de ses pérégrinations. Aharon est officiellement intronisé Cohen Gadol, et il dirige avec une émotion bien compréhensible et une joie intense, partagée par tout le peuple, la cérémonie d'inauguration !
Et soudain, c'est le drame : Nadav et Avihou, deux des quatre fils d'Aharon, meurent pour avoir osé apporter un « feu étranger » dans le Sanctuaire, un feu qui ne leur avait pas été ordonné.
Sans entrer ici dans la question de fond que posent les commentateurs, à savoir, quelle a été précisément la faute des deux frères, attardons-nous plutôt sur la réaction de leur père et de leur oncle Moché. En voici le récit dans la paracha Chemini : « Et Moché dit à Aharon : “C'est bien ce que Dieu avait dit : ‘C'est par Mes proches que Je serai sanctifié et honoré devant tout le peuple !’” Aharon se tut. »
(VaYikra 10, 3)
Rachi, fidèle à l'enseignement du Talmud ( Zeva'him 115b), comprend que les proches dont parle Moché sont Nadav et Avihou : « Moché dit à Aharon : “Aharon, mon frère, je savais que l'endroit serait sanctifié par ceux qui sont proches de Dieu. Je pensais que ce serait par toi ou par moi. Je constate à présent qu'ils sont plus importants que toi et moi.” » Un peu comme lorsque nos sages affirment que Dieu est particulièrement exigeant envers ceux qui lui sont proches. Mais Rachbam, le petit-fils de Rachi, s'étonne de l'explication de son grand-père : « Cette interprétation s'écarte du sens littéral. Est-il raisonnable de croire que Dieu aurait annoncé à Moché : “Faites-moi un sanctuaire et, le jour de son inauguration, les plus grands parmi vous mourront” ?! » C'est pourquoi Rachbam propose une autre lecture du verset : les « proches » dont parle Moché, ce ne sont pas ceux qui sont morts mais ceux qui sont encore en vie : « Lorsqu'Aharon apprit la terrible nouvelle, il voulut tout arrêter pour porter comme il se doit le deuil de ses enfants. Alors Moché lui dit : “Ne pleure pas, ne porte pas le deuil et n'interromps pas la cérémonie ! C'est par Ses proches, par toi et tes deux fils restants, que Dieu veut être sanctifié […] Tu es Cohen Gadol , n’abandonne pas l'inauguration, ne quitte pas le Michkane , et ainsi tu contribueras à la sanctification de Dieu.” »
Du coup, le fameux silence d'Aharon qui répond aux paroles de Moché n'a plus la signification qu'on lui prête habituellement. Selon le commentaire de Rachi (et du Talmud), Aharon se recueille en silence sur la tragédie qui vient de le frapper – un peu comme la minute de silence que nous respectons en souvenir des victimes de la Shoah et des soldats tombés pour la renaissance d'Israël durant le Yom HaShoah et le Yom HaZikarone . Mais pour Rachbam, le « vaYidom Aharon » signifie au contraire qu’Aharon se retient : « Il se retient de tout signe de deuil, il ne pleure pas, comme Ézéchiel qui voit sa femme mourir et auquel il est explicitement demandé de ne pas porter le deuil : “Soupire en silence, ne porte pas le deuil des morts.” (Ézéchiel 24,17) » Rachbam fait remarquer que cette retenue, chez Ézéchiel, est également nommée « dom », comme pour Aharon.
L'interprétation de Rachbam est certes plus proche du texte mais est-il humainement concevable qu'un père puisse ainsi maîtriser son chagrin?
La réponse m'est parvenue en lisant le témoignage de Motti, résident d'Efrat, qui, le dernier jour de Pessa'h, était assis au beit haKnesset à côté de Leo Dee, lequel, la veille, venait d'enterrer sa femme Lucie et, deux jours avant, ses filles Maya et Rina. Motti raconte qu’un embarras palpable planait sur l'assemblée : d'un côté, personne n'avait le cœur à chanter les prières de la fête dans la joie et l'allégresse, mais de l'autre, n'était-ce pas le dernier jour de Yom tov ? L'officiant, gêné, expédia rapidement la prière, évitant soigneusement les chants habituels. Puis vint le Hallel. Le premier paragraphe fut récité sans aucune mélodie, le deuxième également. C'est alors que Leo Dee se leva et vint chuchoter à son oreille : « Je t'en prie, fais-le avec beaucoup de joie ! Aujourd'hui, c'est Pessa'h ! » Le 'hazan entraîna alors toute l'assemblée vers les chants joyeux de la fête, avec une émotion toute particulière dans laquelle on pouvait sentir une immense joie teintée d'un très grand chagrin qui, paradoxalement, la rendait plus grande encore. C'est alors que j’ai compris que dans certaines circonstances dramatiques et grâce à des personnalités d'exception, l'explication de Rachbam pouvait aussi être conforme à la réalité. Nous avons l'immense privilège de vivre dans une génération où l’on peut rencontrer des gens de la stature d’Aharon HaCohen et du rav Leo Dee. Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n
49 LPH N° 997 LE KLING DU MOIS
klingelie@gmail.com
Gâteau au fromage basque
PRÉPARATION
l Battre les œufs et le sucre avec un fouet.
l Ajouter le fromage et mélanger jusqu'à l’obtention d’une texture crémeuse.
l Incorporer le jus de citron et la crème liquide.
l Verser le mélange dans un moule rectangulaire recouvert de papier cuisson.
l Faire cuire environ 25 minutes dans un four à chaleur tournante préchauffé à 210 degrés.
l Mettre le gâteau au réfrigérateur pendant au moins six heures ou toute la nuit.
Régalez-vous !
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INGRÉDIENTS
Préparation : 10 minutes
Cuisson : 25 minutes
• 3 œufs
• 2 jaunes d'œufs
• 100 g de sucre
• 450 g de fromage à la crème (de type
Philadelphia)
• 10 g de jus de citron
• 200 g de crème liquide
50 LPH N° 997 RECETTE
illustrative –non contracuelle © DR
Photo
Détendez-vous !
Solutions des jeux page 54
M I P
F HS RE P A T N
R IL GN E R I E HO C N O P
I SB RE U N I V RE S E O B
P TU UG C A R N VA A L R O O EL MI T N S U UL D C C H N NG EM V A R B EE E A L E
I TA FU U G R R TR S T E M C OR GF M O E A EO I S V E H RE ER C T L P EM C B A V A ET HD S A A A LG E O E I H NN YE M C T U DA R L H D U TA SM D E L V UO F E P E T EN EM D E E U YA U T M U
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Solutions des mots fléchés de la page 52
Deux Juif se rencontrent :
– Vous avez déjeuné ?
– Oui, à l’instant !
– Dommage, sinon je vous aurais offert l’apéritif !
– Et vous, avez-vous déjeuné ?
– Non, pas encore !
– Dommage, sinon je vous aurais offert un digestif !
Roch HaChana. Deux amis informaticiens discutent à la synagogue :
– Dis-moi, tu as pris quoi comme résolutions pour cette année ?
– 1024 x 768. Et toi ?
Trois mères juives discutent de leurs fils respectifs. La première :
– Moi, mon fils il est tellement riche qu'il pourrait acheter Paris !
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Solution des mots mêlés
MOTS
SOLUTION : Le mot-mystère est : multitude
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La seconde, un peu vexée :
– Moi, mon fils il a tellement d'argent qu'il pourrait s'offrir Paris ET New York !
Alors la troisième termine :
– Et qu'est-ce qui vous fait croire que mon fils a envie de vendre ?
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