
Jeudi 5 septembre 2024
2 Eloul 5784
Nº 1013 | Mensuel
DOSSIER
LE TROISIÈME TEMPLE EN MARCHE
GRAND ANGLE
LA GUERRE
DES DRONES
AURA-T-ELLE LIEU ?
INTERVIEW
AVICHAI STERN
MAIRE D'UNE
VILLE FANTÔME
FOODTECH
LE SAUMON
DIRECTEMENT DU LABO À L'ASSIETTE

Jeudi 5 septembre 2024
2 Eloul 5784
Nº 1013 | Mensuel
DOSSIER
LE TROISIÈME TEMPLE EN MARCHE
GRAND ANGLE
LA GUERRE
DES DRONES
AURA-T-ELLE LIEU ?
INTERVIEW
AVICHAI STERN
MAIRE D'UNE
VILLE FANTÔME
FOODTECH
LE SAUMON
DIRECTEMENT DU LABO À L'ASSIETTE
Roch HaChana aura une résonance toute particulière cette année. Lequel d’entre nous, en trempant la pomme dans le miel l’an dernier, aurait imaginé une année aussi difficile ? Lequel d’entre nous, cette année, ne formulera pas de tout son cœur le souhait de voir nos otages rentrer à la maison, les personnes évacuées retrouver leur foyer, les soldats blessés recouvrer la santé ? Saurons-nous, ce soir-là, voir aussi tout ce qui a été accompli ? Car combien de temps aurions-nous pu continuer à vivre dans notre petit pays en laissant ces menaces existentielles proliférer et mettre en danger la vie des générations futures ? Depuis un an, nous avons cessé de nous regarder dans un miroir aux alouettes, de nous bercer d’illusions. Nous n’avons eu d’autre choix que de partir à la guerre pour reconquérir notre propre territoire. Aux dernières nouvelles, 80 % des tunnels qui se trouvaient sur le couloir de Philadelphie ont été détruits, des milliers de terroristes du Hamas, du Djihad islamique et du Hezbollah ont été tués et faits prisonniers. Les équipes de sécurité des petits villages d’Israël sont enfin équipées pour défendre efficacement les populations civiles. Dans son célèbre livre, Les antisèches du bonheur, Jonathan Lehmann, nous pose une colle un peu abrupte : quelle est la différence entre une mouche et une abeille ? La mouche vole au-dessus d’un champ de fleurs et n’y voit aucune fleur, elle repère l’unique crotte pour se poser dessus. L’abeille, en revanche, peut survoler un champ de crottes et ne remarquer que l’unique fleur pour s’y poser. Une métaphore un peu triviale mais qui en dit long sur l’intérêt que nous avons à changer de perspective pour avancer et nous renforcer. En mettant Yoseph Haddad en couverture, nous avons justement choisi de changer de perspective. Journaliste, activiste social et influenceur, cet Arabe israélien se bat avec franc-parler sur tous les fronts pour défendre l'image d'Israël depuis le 7 octobre. Adoré des Israéliens, star des réseaux sociaux il prend des risques par amour d’Israël. Pour ce numéro, qui d’une certaine manière inaugure la nouvelle année, nous vous offrons également une nouvelle perspective concernant le troisième Temple. Eh oui, au-delà des régulières polémiques politiques qui alimentent la présence de tel ou tel ministre sur l’esplanade du mont du Temple, nous nous sommes penchés sur les nombreuses initiatives et projets portés par des spécialistes de tout bord, architectes, juristes, entrepreneurs, pour envisager la possible et très concrète construction d’un troisième Temple. Roch HaChana célèbre notamment la ligature d’Itzhak, qui eut lieu sur le mont Moriah, ce même mont qui a accueilli les deux précédents Batei HaMikdach et devrait, selon les prophéties, accueillir le troisième – et avec lui la paix, nous l’espérons. Après tout, si le peuple juif n'avait pas formulé les rêves les plus fous, serait-il encore là ?
Je vous souhaite de continuer de rêver et surtout de voir vos rêves et ceux du peuple d’Israël se réaliser ! Chana tova !
Anne-Caroll Azoulay
5 À L'AFFICHE
Yoseph Haddad : « En tant qu'Israélien arabe, je ne pouvais rester silencieux »
8 CARTES SUR TABLE
Le parcours du combattant
9 DOSSIER
• Beit HaMikdach : les préparatifs
• Arnon Segal : « Réaliser le rêve juif de tant de générations »
• Œuvre divine ou œuvre de l'homme ? La controverse
• Un engouement universel
18 FOODTECH
Le saumon, directement du labo à l’assiette !
20 INTERVIEW
• Avichai Stern, maire d'une ville fantôme
• Bruno Lellouche, militant pour l’éternité
24 DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Les monuments du roi
Salomon : un héritage millénaire
26 GRAND ANGLE
• La guerre des drones aura-t-elle lieu ?
• Liran Antebi : « L’ennemi cible clairement nos points faibles »
34 SOCIÉTÉ
L’essor des mouvements citoyens comme alternative d’engagement politique
48 LE KLING DU MOIS
Combien vaut un Juif mort ?
AUSSI... Une année avec la Cabale (48), Recette (59), Jeux (50-52), Immobilier (53)...
Yoseph Haddad, 39 ans, est né dans une famille arabe chrétienne à Haïfa. Journaliste, activiste social et influenceur, il œuvre pour promouvoir l'image d'Israël et mène, depuis le 7 octobre, une guerre de l’information sur le front international, ce qui lui a valu le surnom de porte-parole d’Israël. Rencontre exclusive.
AJ MAG : À quel moment avez-vous eu le « déclic » qui vous a décidé à vous consacrer à la défense d'Israël ?
Yoseph Haddad : Tout mon parcours m'a conduit à cet engagement. Dès mon plus jeune âge, je me suis senti intégré à la société israélienne. Sur le terrain de football du quartier de Kiryat Eliezer à Haïfa, nous
Yoseph Haddad, président de l'association « Ensemble, nous nous engageons les uns pour les autres » lors d'une conférence à Jérusalem en février 2024 © Flash 90
de recevoir leur première convocation militaire et que moi je n'en ai pas reçu, j'ai ressenti un décalage et réalisé que je désirais moi aussi m'enrôler. Cette prise de conscience m'a poussé à me rendre volontairement au bureau de recrutement, à une seule condition : intégrer la brigade Golani. En 2003, un mois et demi avant mon enrôlement, ma décision s'est encore renforcée après l’attentat au restaurant Maxim de Haïfa, un établissement où Juifs et Arabes se retrouvaient attablés, et où ma famille et moi dînions régulièrement. Cela a été un choc profond.
Comment cette décision de vous enrôler dans Tsahal a-t-elle été perçue par votre famille ? Au début, ma décision a été difficile à accepter pour ma famille, et nous avons eu de nombreux conflits à ce sujet. Cependant, ils ont fini par comprendre l'importance de ce choix pour moi, et ensuite leur soutien s'est manifesté par leurs visites à ma base, ce qui a été une source de réconfort et de motivation.
Vous avez été grièvement blessé pendant la seconde guerre du Liban… Oui, à la jambe. Beaucoup de ceux qui m'attaquent, les anti-Israéliens, disent que les Juifs me jetteront à la poubelle quand ils en auront fini avec moi. Je leur réponds qu’ils en ont eu l’occasion mais ne l’ont pas fait. Mes compagnons d’armes ont risqué leur vie sous de lourds bombardements pour m'évacuer vers l'hôpital, où les meilleurs médecins, israéliens, arabes et juifs, m'ont soigné et ont reconnecté mon pied.
Où étiez-vous le 7 octobre ?
effectué des montages, et bien plus encore. Nous n'avons pas arrêté, déterminés à accomplir cette mission cruciale : la sensibilisation mondiale.
Pensez-vous que l'échec du 7 octobre est dû au fait qu'Israël n'a pas compris les intentions du Hamas et n'a pas « parlé sa langue » ?
« Si mes actions sont contestées, c'est parce que certaines personnes craignent mon influence et mes convictions. »
Absolument. Israël est un pays occidental situé au cœur du Moyen-Orient, mais jusqu'à présent nous n'avons pas réussi à saisir pleinement cette réalité. Il est crucial de trouver un équilibre entre notre occidentalisation et le fait que nous sommes entourés d'ennemis. Il est donc essentiel de savoir également « parler la langue » du Moyen-Orient. Ce qui est perçu comme de la maturité et de la force en Occident peut être interprété comme une faiblesse totale ici. Il faut que Tsahal parle arabe face au terrorisme. Quiconque décide de s'attaquer à un centimètre de notre pays doit savoir que la réponse sera sans précédent : c'est ainsi qu'on parle arabe au MoyenOrient, et c'est ainsi qu'Israël retrouvera la force de dissuasion et la dignité qu'il a perdues non pas à cause de Tsahal mais à cause des décideurs qui ne comprennent pas la réalité de la région.
J'étais chez moi lorsque tout a commencé, et j'ai rapidement compris que la situation était grave. Nous, les Arabes israéliens, avons été les premiers à saisir l'ampleur du massacre grâce aux réseaux sociaux arabes. Alors qu'à la télévision israélienne, on parlait de vingt personnes tuées, nous savions déjà qu'il y en avait des centaines.
J'ai donc ouvert une cellule de crise chez moi et immédiatement commencé à agir pour informer le monde des horreurs en cours. Avec l'aide de mes amis, nous nous sommes mobilisés sans relâche. Dès le début, nous avons produit des dizaines de contenus chaque jour, donné des interviews aux médias étrangers, réalisé des vidéos de sensibilisation,
Estimez-vous que l'État d'Israël a mal mené la guerre de l’information après ce samedi noir ? Absolument. Et l'échec a commencé bien avant le 7 octobre, car l'État d'Israël n'a pas saisi l'importance de la sensibilisation israélienne. Pendant que nos ennemis investissaient massivement pour répandre la propagande anti-israélienne à travers le monde et dans tous les aspects de la vie, nous sommes restés passifs, nous n’avons pas pris la mesure de l'importance cruciale de cet enjeu. La sensibilisation est une composante essentielle du combat, sans elle la victoire est impossible. L'État n'a pas compris l'importance de cette question et ne s'est pas impliqué comme il aurait dû le faire.
N'y a-t-il tout de même pas eu une prise de conscience ?
Si, sans doute, mais au plus haut niveau les actions nécessaires n'ont pas été entreprises. À ce jour encore, il n'existe pas de bureau officiel dédié exclusivement à ce sujet, les budgets significatifs manquent et aucune mesure n'a été prise. Il aurait fallu nommer un ministre de la Sensibilisation qui ferait une
déclaration chaque soir, comme le porte-parole de Tsahal, qui répondrait aux questions difficiles des médias étrangers et s'assurerait de contrer toutes les distorsions commises à notre encontre.
Vous êtes profondément investi dans le partenariat entre Juifs et Arabes en Israël. Qu'est-ce qui vous a incité à poursuivre cette initiative ?
Alors que je luttais à l'extérieur pour défendre Israël, la société arabe à l'intérieur d’Israël était en crise et ne s'intégrait pas dans la société israélienne ; j’ai donc décidé d’œuvrer afin de renforcer les liens et de réduire les écarts. De plus, je souhaitais créer une nouvelle représentation pour les voix jeunes et modérées dans la société arabe. C'est ainsi que j’ai fondé l'association « Ensemble, nous nous engageons les uns pour les autres », que je dirige.
Vous préférez parler de partenariat et non de coexistence : pourquoi ?
« Coexistence » est un terme utilisé pour les relations israélo-égyptiennes ou israélo-palestiniennes. Dire coexistence signifie : nous ne nous aimons pas mais essayons de nous entendre. Mais en Israël, Juifs et Arabes sont en partenariat. Ici, vous verrez un médecin arabe soigner un Juif, et vice versa. Mon association vise à combler les écarts pour que nous puissions vivre ensemble, côte à côte, dans le respect mutuel et la solidarité.
Que peut-on faire pour promouvoir le partenariat entre Juifs et Arabes ?
Il est crucial de mettre en avant les histoires de partenariats israéliens et de leur donner une large visibilité. Les extrémistes, bien que minoritaires,
dominent souvent le discours public et donnent l'impression qu'ils représentent la majorité de la société, ce qui est loin de la vérité.
Êtes-vous optimiste quant à ce partenariat ?
Nous avons vu ce partenariat en action durant la pandémie de Covid-19 dans les hôpitaux ; au moment de la catastrophe de Meron, lorsque des communautés arabes se sont mobilisées pour aider ; et le 7 octobre, où de nombreuses histoires d’incroyables partenariats ont émergé. Yossef Alziyadna, un chauffeur de bus de Rahat, a sauvé sous le feu plus de 30 jeunes du festival Nova. Awad Darawsheh, un paramédical, a sauvé des vies avant d'être lui-même assassiné. Les éclaireurs bédouins ont courageusement combattu jusqu'à la dernière balle. Toutes ces histoires témoignent de la vitalité du partenariat entre les différentes communautés et renforcent la confiance en notre vie commune dans ce pays. J’espère que ce partenariat deviendra une réalité constante ici en Israël, dans tous les domaines et tous les aspects de la vie.
Êtes-vous menacé par la communauté arabe en Israël ?
Je fais face depuis longtemps à des menaces provenant de violents extrémistes au sein de ma société. J'ai été victime d'agressions et ma mère a même eu une main cassée lors d'une de ces violentes attaques contre ma famille. Toutefois, il est important de noter que je subis également des insultes de la part d'extrémistes au sein de la société juive, ainsi que de partisans du terrorisme à l'échelle mondiale.
Cela ne vous incite-t-il pas à renoncer ?
Non. Tout en restant constamment vigilant et prudent, je refuse de laisser ces menaces me détourner de mon chemin. Si mes actions sont contestées, c'est parce que certaines personnes craignent mon influence et mes convictions. Ces prises de position n'ont fait que renforcer ma détermination à poursuivre mes efforts avec encore plus de conviction.
Pensez-vous à une carrière en politique ?
Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve. Cependant, en ces temps de guerre, alors que des otages se trouvent à Gaza et que nos combattants sont en première ligne, il est primordial de ne pas se préoccuper de considérations politiques. Je souhaite un échec monumental à tous les politiciens qui se concentrent actuellement sur ces questions plutôt que sur ce qui est véritablement important. n
Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir
PAR ARIEL KANDEL
Comme cela avait été annoncé depuis le début des combats, la guerre va être longue, même si par moments elle est moins intensive. Tsahal continue donc ses opérations ; certaines assurent la sécurité d'Israël à long terme, d'autres sont visibles à l'œil nu. C'est ainsi que l'armée juive libère petit à petit des otages, vifs ou morts, juifs ou non. Parallèlement à ce quotidien compliqué ont débuté les Jeux paralympiques à Paris. Après des J.O. réussis pour les athlètes israéliens valides, c'est à ceux qui sont atteints d’un handicap de briller. Impossible, dans ce contexte, de ne pas penser à tous nos soldats blessés dans leur corps et leur âme. Pour tous, c'est un long processus de guérison qui est mis en place. Certains passeront peut-être par le sport pour se soigner. Nous en croiserons sûrement quelques-uns lors des prochains Jeux paralympiques de Los Angeles dans quatre ans. Et dans un an, ce seront les Maccabiades, ces Jeux olympiques juifs, deuxième événement sportif au monde en termes de nombre de participants et
qui se tient tous les quatre ans, en Israël. Là aussi, certains des sportifs seront sûrement d’anciens soldats, y compris en paralympique, en athlétisme et en natation. Qualita, pour la deuxième fois de l'histoire des Maccabiades, présentera une équipe originaire de l’Alya de France. Certains, blessés de guerre, recevront une bourse qui leur permettra de s'entraîner afin de pouvoir participer à cette extraordinaire compétition. Ils ne gagneront pas tous des médailles, mais la vraie réussite sera de les voir guérir le mieux et le plus rapidement possible. Comme Tsahal qui, après son grave échec du 7 octobre, prouve qu'elle est convalescente mais surtout qu'elle demeure malgré tout la meilleure armée du monde. Elle réalise des prouesses quotidiennes, avec l'aide de Dieu et grâce au soutien moral d'un peuple qui fait beaucoup d'efforts pour rester uni et repousser la minorité bruyante qui ne pense qu'à être sous les feux des projecteurs. C’est seulement ainsi que nous vaincrons les terroristes, en Israël, à la Grande-Motte et partout ailleurs. n
DOSSIER RÉALISÉ PAR GUITTEL BEN-ISHAY
La restauration de la souveraineté juive sur le mont du Temple au lendemain de la guerre des
Six Jours a ouvert la porte à la concrétisation du rêve millénaire de la reconstruction du Beit
HaMikdach. Depuis, de plus en plus de Juifs s'organisent, par différents
moyens, pour que ce rêve devienne réalité, notamment grâce aux nombreuses associations dédiées à cet objectif, telles que le Siège des organisations du Temple, 'Hozrim
LaHar, Minhelet Har HaBayit, BeYadenou, Ichaï ou encore Kapot
HaManoul.
De nos jours, des Cohanim (prêtres) sont formés depuis leur naissance pour pouvoir servir dans le Temple : ils apprennent les rituels et ils sont protégés afin qu’ils n’entrent pas en contact avec la mort, pour ne pas devenir impurs. Des Léviim (musiciens et assistants des prêtres) répètent et étudient le cadre de leurs fonctions. Les lois relatives aux sacrifices sont enseignées.
Tous les ans, à l'approche de Pessa'h, des groupes de Juifs s'organisent pour accomplir le sacrifice pascal. Certains le font de manière encadrée, dans un rassemblement qui a pour but d'illustrer cet acte central de la fête de Pessa'h, non loin du mont du Temple. D'autres tentent d'entrer dans l'enceinte du mont du Temple avec un agneau pour le sacrifier sur place ; mais ils sont rapidement interpellés par les forces de police, parfois même encore à leur domicile.
Des associations comme 'Hozrim LaHar (Revenir sur le mont) offrent des sommes pouvant aller jusqu'à 50 000 shekels à ceux qui parviendront à réaliser le sacrifice pascal selon les règles sur le mont du Temple. Ceux qui arrivent jusqu'au mont avec un agneau mais sont arrêtés par la police avant d'avoir pu faire le sacrifice reçoivent 2500 shekels. Ceux qui sont arrêtés en route pour le mont du Temple avec l'animal touchent 700 shekels et ceux qui sont arrêtés pour une activité en lien avec le sacrifice pascal reçoivent 200 shekels.
Plusieurs vaches rousses sont aujourd'hui élevées en Israël. Déjà avant leur naissance et depuis leur premier jour, ces vaches ont reçu une attention toute particulière. À l’époque du Temple, la cérémonie de la vache rousse se déroulait sur le mont des Oliviers face au mont du Temple, et les personnes qui promeuvent ce projet ont l'intention de la reproduire dès que les vaches auront l'âge requis. Les Cohen qui ont été élevés dans le strict respect des règles de pureté selon la loi juive pourront procéder à la cérémonie, qui permettra de purifier d'autres Cohanim et qui serait un prélude au retour du service divin dans le Temple de Jérusalem. L'Institut du Temple, dirigé par le rav Israël Ariel, a finalisé la fabrication de tous les ustensiles du Beit HaMikdach, selon les mesures et les critères imposés dans les Textes.
Donner corps au projet
La préparation n'est pas uniquement spirituelle. Des architectes élaborent les plans du futur Temple, des avocats travaillent sur les difficultés juridiques d'un tel projet, des financiers récupèrent les fonds nécessaires à sa mise en œuvre. Dans tous ces domaines, des experts se penchent sur les moindres détails. Ainsi, les voies d'accès au Temple, les transports et les lieux d'hébergement ont déjà été planifiés, afin d'accueillir dans la Maison de Dieu des personnes issues de toutes les nations. Les associations qui se tiennent derrière ce projet de reconstruction du Temple insistent, par ailleurs, sur le volet information et éducation. Ils mettent l'accent sur l'enseignement au plus grand nombre de l'importance du Temple et des règles qui s'y imposent. Une attention particulière est portée à la communication avec les organes de presse et les établissements scolaires. À noter : le site internet https://thirdtemple.org/fr, qui compte à travers le monde plus de 600 000 adhérents soutenant gratuitement l’idée de la construction du Troisième Temple. Le site – multilingue, notamment en français – réunit une mine d’informations historiques, mais aussi très concrètes et actuelles, visant à faire évoluer l’idée que le Troisième Temple n’est pas un rêve mais peut-être bien une réalité en marche…
Ceux qui œuvrent à la construction du Troisième Temple ne perdent pas de vue l'aspect géopolitique et la poudrière que constitue le mont du Temple qui s'embrase régulièrement au hasard de déclarations ou de visites d'officiels israéliens sur place. Dans les années qui ont suivi la libération du mont du Temple, des Juifs regroupés dans des organisations clandestines ont essayé de faire avancer le projet du Temple par la force. C'est le cas de Yehuda Etzion qui, avec d'autres, a tenté au début des années 1980 de faire sauter les mosquées qui se trouvent sur place. L'opération a été déjouée par la police et Etzion emprisonné.
Aujourd'hui, la discussion est le moyen privilégié, et les personnes qui se tiennent derrière le projet de construction du Troisième Temple nouent des liens avec des diplomates jordaniens et saoudiens afin que cette entreprise se déroule dans l'harmonie et en accord avec tout le monde – pour coller à la définition du Temple selon le prophète Yechaya : la Maison des Nations.
Parallèlement, des équipes sont chargées de faire du lobbying auprès des politiques afin de les convaincre de la nécessité de changer la réalité sur le terrain. En 1967, l'État d'Israël a laissé la maîtrise du mont du Temple au Waqf, privant l'État juif de sa souveraineté sur le lieu le plus saint pour le judaïsme. À l’heure actuelle, les Juifs ne sont pas autorisés à prier sur le mont, ni même à y murmurer une prière, sous peine d'être arrêtés par la police. Le Waqf procède à des fouilles archéologiques qui détruisent les preuves de la présence juive sur place. Aussi des archéologues, comme Yitzhak Dvira, se sont-ils fixé comme mission, depuis maintenant plusieurs années, de superviser les travaux du Waqf afin de préserver les vestiges juifs.
Les activistes du Troisième Temple veulent que l'État d'Israël se réapproprie totalement les lieux. Force est de constater que leur travail pénètre progressivement les strates de la société israélienne. Le sujet du Temple et du mont du Temple n'est plus tabou, et des forces politiques le mettent en avant sans complexe. Jamais autant de Juifs ne sont montés sur le mont du Temple, qu'ils soient motivés par des considérations religieuses, identitaires ou politiques, ou par les trois en même temps. Lentement mais sûrement, le Troisième Temple devient plus que jamais une réalité concrète à Jérusalem. n
Arnon Segal est éducateur et journaliste. Il publie des articles sur le mont du Temple dans différents
supports médiatiques et milite pour une présence juive totalement libre sur ce lieu le plus saint pour le judaïsme. Ce sujet brûle en lui depuis qu'il a 19 ans, l’âge auquel il est monté pour la première fois sur le Har HaBayit. Il décrypte pour AJ MAG ce qui se joue dans cet endroit unique.
AJ MAG : Comment est né ce lien si fort que vous entretenez avec le Temple et le mont du Temple ?
Arnon Segal : Je suis monté pour la première fois sur le Har HaBayit en 1999, pendant 'Hol HaMoed Souccot À cette époque, ce n'était pas comme aujourd'hui, le lieu était déserté par les Juifs. Ce jour-là, à l'entrée, nous étions quatre, et nous n'avions le droit d’entrer que deux par deux. J'étais avec un ami, nous avons pu rester sept minutes montre en main.
Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là en ce lieu si particulier ?
À vrai dire, cela n'a pas été une expérience très agréable. Je sentais que l'on me considérait comme une menace sécuritaire. À cette époque, toutes les institutions religieuses, tous les responsables gouvernementaux nous faisaient comprendre que c'était une mauvaise chose.
La relation difficile que vous décrivez entre le peuple juif et le mont du Temple n'est-elle pas liée au fait que le grand-rabbinat d'Israël interdit de s'y rendre ?
En réalité, le grand-rabbinat l’interdit sans s'être jamais réellement penché sur la question, sans
jamais avoir mené aucun débat de fond pour statuer sur ce sujet. D'ailleurs, cette interdiction n'a pas été prônée par tous les grands-rabbins d'Israël de l'histoire, puisque le rav Goren, qui autorisait la montée sur le Har HaBayit, a lui-même été grandrabbin d'Israël. Aujourd'hui, les opinions des rabbins sont plus partagées. Tout comme le sionisme a d'abord été un mouvement du peuple rejeté par les rabbins dans un premier temps, le projet du Temple est lui aussi né au sein du peuple, et peu à peu il est suivi par de plus en plus de rabbins. En fait, c’est parce que s’approprier pleinement le mont du Temple changerait profondément le visage de l’État que politiciens et rabbins sont réticents. Le grand-rabbinat empêche aujourd'hui le judaïsme de dépasser le stade de l'exil et d'avancer vers celui de la Libération, et pour le moment les grands-rabbins ne donnent pas d’arguments pour justifier cette interdiction.
L'un des arguments est de rappeler que l’entrée sur le mont du Temple doit s'effectuer en état de pureté, suivant des règles précises, et qu'il se pourrait que certains Juifs ne respectent pas ces conditions, ce qui soulèverait un grave problème…
Je pense au contraire que tant que le grand-rabbinat ne se saisira pas de la question et ne commencera pas à transmettre les règles, les gens entreront quand même sur le mont du Temple, et le risque qu'ils ne le fassent pas dans les règles sera plus grand. Aujourd'hui, à l'entrée du Har HaBayit, les lois sont détaillées sur une affiche qui n'est présente que depuis que les Juifs sont nombreux à se rendre sur
le mont du Temple. Beaucoup de gens sont entrés impurs sur le mont du Temple lorsque peu de Juifs s’y rendaient. C'est le rôle de l'État et du grandrabbinat de transmettre ces règles. La même question se pose par rapport à toutes les mitzvot qui dépendent de la Terre d’Israël : est-ce que par crainte que tous les Juifs ne les respectent pas à la lettre, nous allons dire qu’il est interdit de s’installer en Israël ? Notre histoire nous a montré qu’à vouloir trop bien faire, on finit par mal faire. C’est d’ailleurs ce qui a causé la destruction du Second Temple.
Comprenez-vous les arguments sécuritaires que l'on oppose à la présence juive sur le mont du Temple et au projet de reconstruction du Temple ? N'existe-t-il pas un risque d'embrasement de la situation ? Nous avons récemment commémoré les 120 ans de la mort d'Herzl. Je me suis repenché sur les textes de l'époque. On lui opposait les mêmes arguments : on le traitait de messianiste, on prétendait que son projet était irréaliste, que le rêve ne pourrait jamais se concrétiser. Le sujet du Temple suit le même scénario : c'est le rêve juif de plusieurs générations. Je réfute l'argument des spécialistes sécuritaires qui nous promettent un embrasement, d'abord parce
que nous avons hélas pu constater qu'ils n'avaient pas toujours une juste évaluation de la situation, et surtout parce que c'est précisément cette façon de penser qui mène à l'embrasement. Aujourd'hui, nous laissons le pouvoir au caïd du quartier, on lui donne tout ce qu'il veut pour acheter le calme sur le mont du Temple – donc nous n'aurons jamais le calme. Ce qui est certain, c’est que le jour où nous affirmerons sans crainte que ce lieu est à nous et que nous pouvons nous y rendre comme bon nous semble, les réactions ne pourront qu'être inspirées par le respect.
Comment se présenterait la solution pour voir un jour le Beit HaMikdach sur le mont du Temple ? Faudrait-il expulser les Musulmans ? Il n’y a aucune raison de le faire. La mosquée al-Aqsa se dresse en dehors du terrain du Beit HaMikdach. Ce Temple pour Dieu devra être la Maison de toutes les Nations, comme il est écrit dans Yechaya et comme le voulait Chlomo HaMelekh. Ce sujet cristallise beaucoup de tensions et d’hystérie ; mais les Musulmans sont des gens religieux et je suis persuadé que si nous affirmons notre religion face à eux, ils seront les premiers à en être satisfaits. lll
La localisation du mont du Temple ne tient pas au hasard. Il se situe sur le mont Moriah, là où le monde a été créé, là où Abraham a sacrifié un bélier à la place de son fils Isaac, là où Jacob a rêvé des quatre royautés qui allaient régner sur le monde.
Au XIe siècle avant notre ère, le roi
David a acheté ce lopin de terre pour 50 sicles et son fils, le roi Salomon, y a construit le Premier Temple en 966 avant notre ère. En l'an 586 avant notre ère, la mauvaise conduite du peuple d'Israël a entraîné la colère de Dieu et le Temple a été détruit par Nabuchodonosor. Les Enfants d'Israël ont alors été exilés en Babylonie pendant 70 ans. En l'an 538 avant notre ère, le roi perse
Cyrus a publié un édit dans lequel il proclamait l'autorisation pour les Enfants d'Israël de retourner sur leur terre, d'y reconstruire le Temple et d'y acquérir une autonomie. Ainsi, près de 70 ans après la destruction du Premier Temple, le Deuxième Temple a été construit sous la direction des prophètes Ezra et Néhémie. 420 ans plus tard, les Romains l’ont détruit, nos Textes présentant cette destruction comme une sanction de la haine gratuite entre les Juifs. C’est à partir de ce moment-là qu’a commencé le grand exil d'Israël, qui durera plus de 2000 ans. Depuis, trois fois par jour dans leurs prières, mais aussi lors d'événements joyeux comme
lll Le sujet est pourtant au cœur du conflit : l'attaque du 7 octobre a été baptisée « le déluge d'AlAqsa » par le Hamas, et les soldats qui étaient à Gaza racontent que dans toutes les maisons où ils sont entrés trônait une photo du mont du Temple. Pour moi, il est clair depuis longtemps que Dieu est un peu en colère contre nous dans cette histoire, parce que nous refusons de reconnaître la réalité. Nous fuyons la nouvelle que nous devons porter au monde, comme Jonas. Nous donnons à nos ennemis la sensation que nous sommes là de manière provisoire. Je pense que pour eux, en réalité, ce lieu n'est pas important sur le plan religieux – la preuve : ils jouent au football sur l'esplanade. Mais quand bien même il revêtirait une importance religieuse pour les Musulmans, il s'agit de leur troisième lieu saint. Quant à nous, nous fuyons nos rêves, notre nation n'a pas de respect pour elle-même.
Beaucoup d'acteurs œuvrent déjà à la reconstruction du Troisième Temple ? Est-il à portée de main ?
En effet, beaucoup de choses ont déjà été réalisées et j'y participe activement. Néanmoins, je pense qu'il
les mariages, les Juifs n'ont eu de cesse de rappeler le souvenir de Jérusalem et de souhaiter la construction du Troisième Temple. Pendant de longues années, ce projet est resté au stade du vœu pieu et de la prière – « L'an prochain à Jérusalem ». Mais il a pris un tout autre sens lorsque la Terre d'Israël est devenue un refuge pour les Juifs persécutés au XIXe siècle et quand, sous l'impulsion de Theodor Herzl, le mouvement sioniste a abouti à la création de l'État d'Israël moderne en 1948. Finalement, en 1967, lorsque Tsahal a réussi à récupérer la Vieille Ville de Jérusalem, le Mur occidental et le mont du Temple, le rêve de la reconstruction du Temple est apparu plus proche que jamais.
nous faudra encore des décennies. En fait, ce ne sont pas des particuliers qui doivent construire le Temple, mais l'État d'Israël. Or, pour l'heure, l'État d'Israël ne fait que freiner la mise en œuvre de ce processus. Nous devons bénéficier d'une totale liberté de culte, y compris pour les sacrifices. Pour cela, il faut que l'État d'Israël cesse de constituer un obstacle. Je ne demande même pas qu'il soit actif pour le moment, mais au moins qu'il ne nous dérange pas. Là aussi, « si nous le voulons, ce ne sera pas un rêve ».
Vous demeurez optimiste sur les chances de voir ce rêve se concrétiser ?
Je suis très optimiste parce que je vois l'évolution depuis vingt-cinq ans. Le nombre de Juifs qui entrent sur le mont du Temple est impressionnant et ne fait qu'augmenter. Ceux qui veulent comprendre l'ampleur du mouvement n'ont qu'à lire ce que rapportent nos ennemis à ce sujet. Il ne nous reste plus qu'à planter un drapeau d'Israël sur le dôme du Rocher : ce serait un message très clair à nos ennemis et aux nations. n
Les passionnés du Temple, ceux qui en ont fait la mission de leur vie, n'agacent pas uniquement les ennemis d'Israël ou le monde occidental qui voient leur action comme un projet fou susceptible d’embraser toute la région. Ils se heurtent également aux importantes réticences de tout un secteur de la population juive qui voit d'un très mauvais œil ces démarches considérées comme prématurées, voire interdites.
Attendre le Messie ?
Il existe, de très longue date, un débat de fond sur la question de savoir si les Juifs doivent attendre que le Temple descende déjà construit du Ciel avec la venue du Messie ou si Dieu attend d'eux qu'ils prennent l'initiative de sa construction et hâtent ainsi la Délivrance.
Pour Maïmonide, la construction du Temple est l'un des 248 commandements positifs de la Torah, dont la réalisation dépend de l'homme : « Ils me feront un Sanctuaire. » (Exode 25, 8) L’avis contraire est attribué à Rachi et aux Tossafistes, au nom du Midrach Tan'houma selon lequel le Temple descendra du Ciel, étant déjà « construit et achevé » en haut.
Si la position de certains rabbins, notamment dans le courant sioniste religieux, a aujourd'hui évolué, le courant orthodoxe ne veut pas entendre parler d'une présence juive sur le mont du
Temple tant que le Messie ne sera pas arrivé. L'opposition de ces rabbins, à l'instar de celle des grands-rabbins d'Israël, se fonde sur les difficultés hilkhatiques que pose l’entrée des Juifs sur le mont du Temple à l'heure actuelle. En effet, il faut respecter toute une série de règles pour pouvoir se rendre sur ce lieu saint, notamment des règles de pureté très strictes. En outre, il est interdit de marcher à des endroits bien précis de l'Esplanade ; et si de nombreuses personnes montaient, les rabbins craignent que ces lieux ne soient foulés et profanés.
Beaucoup de rabbins estiment qu'à notre époque, le peuple juif doit se concentrer sur la « réparation » de nombreuses erreurs et déviances. Ce n'est qu'après avoir fini cette réparation spirituelle et morale préparatoire que la construction du Temple pourra être envisagée.
Enfin, selon l'avis de certains
décisionnaires, les mesures qui doivent être observées à la lettre dans la construction du Temple ne peuvent être comprises par l'esprit humain s’il n’est pas guidé par le Messie. Certaines dimensions n'ont pas été révélées à Ézéchiel, qui a prophétisé le Troisième Temple, et ne seront dévoilées qu'à la Délivrance. Selon cette opinion, le meilleur moyen est donc d'attendre la venue du Messie, qui sera accompagnée d'un éclaircissement qui résoudra toutes les questions et lèvera tous les doutes, et qui permettra de construire le Temple de Jérusalem dans les règles et à tout le peuple d'Israël de s'y rendre sans enfreindre des lois fondamentales. Des positions réconciliables ?
Le rav Oury Cherki estime que l'on peut faire une synthèse de ces opinions qui ne seraient finalement pas contradictoires : lll
À gauche : le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, après sa visite sur le mont du Temple pendant Ticha beAv le 13 août dernier À droite : le directeur du Waqf, Sheikh Azzam Al-Khatib, dans son bureau situé sur l'esplanade des Mosquées
lll « Lorsque le Temple descend du Ciel, il s’agit d’une représentation spirituelle quasi prophétique de sa structure qui prend forme, matériellement, par la main de l’homme. »
D'autres estiment que les deux versions sont compatibles : à l'ère de la Délivrance, lorsque le peuple juif pourra accomplir tous les commandements, il incombera aux hommes de reconstruire le Temple dans lequel la Présence divine descendra.
Finalement, c'est peut-être Napoléon Bonaparte qui a prédit la réconciliation de ces deux visions qui traversent le peuple juif. Un jour du 9 Av, alors que les Juifs jeûnaient pour se rappeler de la destruction des deux Temples de Jérusalem, l'empereur français a vu un Juif pleurer. Il aurait alors déclaré : « Un peuple qui pleure pour un Temple détruit il y a deux mille ans mérite de le voir reconstruit. » n
En 1967, cherchant à neutraliser l'élément religieux du conflit, Dayan propose au Waqf jordanien de contrôler les activités à l’intérieur des murs du mont du Temple, tandis qu’Israël sera responsable de la sécurité extérieure et de l’ordre public. Les Juifs auront le droit de monter sur le mont du Temple mais ne pourront pas y prier. Les Musulmans, en revanche, y jouiront d'une totale liberté de mouvement et de culte. Dayan a pris cette décision seul ; ni la Knesset ni le gouvernement ne l'ont jamais ratifiée, et pourtant ce statu quo s'est installé.
Le mont du Temple est devenu une poudrière considérée comme l'un des lieux les plus sensibles du monde par la CIA. Il est au cœur des tensions mais aussi de la propagande arabe contre Israël, qui agite les foules en brandissant la « menace juive contre Al-Aqsa ». Pour l'Islam, ce lieu doit rester aux mains des Musulmans.
La construction du Troisième Temple n'est pas que l'affaire des Juifs. En effet, dans le monde entier, des groupes se passionnent pour le Temple de Jérusalem et œuvrent également pour en faire une réalité : Chrétiens évangélistes, Makuya ou Benei Noa'h, tous souhaitent voir le Temple reconstruit. Au Brésil, aux États-Unis, au Japon ou encore en Corée, la question du Temple dépasse largement les frontières d'Israël. Ainsi, au Brésil, en 2014, a été inauguré, en présence de personnalités politiques de premier plan, le Temple de Salomão
(ci-contre), réplique du Temple de Jérusalem (Temple de Salomon). Il s'agit du plus grand temple du pays – quatre fois plus imposant que la basilique Notre-Dame d'Aparecida. C'est l'Église universelle du Royaume de Dieu, le mouvement évangélique fondé par le pasteur Edir Macedo en 1977, qui est à l'origine de ce projet. Cet édifice, d’une capacité de plus de 10 000 places assises, s'étend sur une superficie de 70 000 m2.
L'autel et la façade ont été réalisés avec des pierres de Jérusalem. n
PAR EFRAIM BOURGANEL
Adieu, l’image d’Épinal du saumon remontant à contre-courant les rivières scandinaves.
Il est désormais élevé, ou plutôt créé, dans les éprouvettes de l’État hébreu. Plongée au cœur du futur.
Rehovot, dans le centre sud du pays, n’est pas connue pour ses rivières de montagne. C’est pourtant dans cette petite ville qu’est né le premier saumon entièrement issu d’un laboratoire : Plantish, start-up fondée par Ron Ofek, s’est lancée dans un projet fou mais qui a du sens.
La plupart des mers et des océans sont déjà victimes de surpêche, et 75 % des saumons dans le monde sont issus d’élevages qui sont des gouffres écologiques – et pour cause : afin de nourrir tous ces saumons, environ 18 millions de tonnes de poissons sauvages sont pêchés chaque année ! C’est le
poisson qui se mord la nageoire… Et pour un résultat médiocre : à cause de cette méthode d’élevage, une fois arrivé à l’âge adulte le saumon renferme énormément de mercure et de microplastiques. Ce poisson, qui au fil des ans est devenu un aliment de base de l’alimentation occidentale, est pourtant classé parmi les plus dégradants pour le système écologique – mais moins pointé du doigt que le thon rouge, par exemple. Avec une technologie qui n’est pas divulguée, les chercheurs de Plantish ont donc mis au point un filet de saumon à partir d’une éprouvette : mélange de protéines de légumes, d’extraits d’algues et d’une structure fibreuse obtenue par imprimante 3D. Le chemin fut long : retrouver l’apport en
oméga, la texture, l’odeur, le goût… Des années furent nécessaires pour parvenir au graal du pavé de saumon à la chair tendre et rosée, et pour garantir toutes les cuissons, de la vapeur au barbecue, car le client n’épargne rien. « Nous procurons la même expérience que celle que vous avez eue auparavant avec le saumon. Mais c’est meilleur, plus sain, et cela participera à bâtir un monde meilleur. Aucun poisson n’est tué pour fabriquer notre saumon », déclare Ron Ofek. Cette prouesse technologique est à mettre au crédit du génie de la FoodTech israélienne. D’autres merveilles sont d’ailleurs en gestation dans l’incubateur The Kitchen Hub, une pépinière de start-ups dédiées au Food Business, qui fait la fierté de Rehovot.
En 2023, une fois le produit mis au point, il fallait le faire arriver jusque dans les assiettes aux quatre coins du monde. Plantish est alors devenu Oshi, comme l’explique son fondateur : « En nous renommant Oshi, nous voulions nous-mêmes lancer l’aventure qui doit nous mener à devenir l’une des entreprises leaders mondiales de produits de la mer. » Et ces créateurs de salmonidés qui voient les choses en grand ont quitté leur usine de Rehovot pour traverser le globe jusqu’aux États-Unis. Début 2024, la société, désormais sous l’œil de plusieurs fonds d’investissement (elle est classée dix-huitième start-up la plus prometteuse d’Israël et a levé en 2023 14,5 millions de dollars,
notamment auprès d'Unovis, investisseur spécialisé dans la FoodTech ), a démarré en fanfare chez l’Oncle Sam : partenariats avec plusieurs restaurants gastronomiques et étoilés, relais par des influenceurs culinaires et des auteurs de livres de cuisine. Oshi a également débuté sa commercialisation en Europe dans les magasins Coop à travers 7000 points de vente.
On retiendra que le premier restaurant américain à proposer le saumon d’Oshi fut le Coletta, à New York, dans un plat dont la description met l’eau à la bouche : « Saumon poêlé et son velouté de parmesan servis avec une polenta de ciboulette, des brocolis braisés, du thym et du zeste de citron ». Quel chemin
parcouru depuis les méandres du laboratoire !… « Démarrer chez Coletta, qui est un grand nom de la restauration végane et cacher à New York, est pour nous un immense accomplissement. C’est la preuve que nous sommes prêts à satisfaire les consommateurs du monde entier, et une étape supplémentaire dans notre aventure », conclut Ron Ofek. Après le saumon, Oshi envisage d’autres projets qui pourraient aboutir à une alternative complète au poisson traditionnel et faire en sorte que notre assiette ne soit plus le dernier maillon d’une chaîne alimentaire destructrice. On se laisse alors aller à rêver à des saumons désormais libres, remontant les courants norvégiens en esquivant les ours sauvages… n
PAR ANNE DA COSTA
Les rues de Kiryat Shmona, désertée par ses quelque 23 000 habitants, sont le théâtre silencieux de la situation au Nord. Çà et là, des ruines de maisons détruites, les débris d’une école maternelle et des traces de goudron frais sur les routes sont les témoins des milliers de missiles tirés sur la ville depuis le 8 octobre.
Interview d’Avichai Stern, le plus jeune maire d’Israël, qui nous reçoit dans le bâtiment désert de la mairie de Kiryat Shmona.
AJ MAG : Alors que toutes les communautés évacuées ont été déplacées dans un même périmètre géographique, voire même parfois dans un même hôtel, selon les endroits d’où elles venaient, pourquoi les habitants de Kiryat Shmona qui ont été évacués sont-ils éparpillés dans tout Israël, depuis le Nord jusqu’à Eilat ?
Avichai Stern : Nous sommes en effet éparpillés dans quelque 300 hôtels, depuis le Nord jusqu’à Eilat, parce qu’à l’époque, quand j’ai voulu établir un plan d’évacuation, on m’a répondu que ce n’était pas la peine car Kiryat Shmona ne serait pas évacuée…
Votre famille aussi a été évacuée ?
Au début de la guerre, ma famille était aux ÉtatsUnis pour une bar-mitzva, j’étais censé la rejoindre pour quarante-huit heures – mais je n’ai pas pu la rejoindre, ma femme n’a pas pu revenir, elle a été obligée d’accoucher là-bas et je n’ai pas pu assister à la naissance de ma fille. Lorsque ma femme a pu me rejoindre avec mes filles, nous avons été évacués.
Est-ce que vous pensez que nous devons entrer en guerre avec le Liban ?
Cela ne relève plus de notre choix. La question n’est plus de savoir s’il y aura une guerre mais quand il y aura une guerre.
D’après vous, une guerre au Nord est donc imminente ?
Je ne pense pas que quelqu’un ait la réponse à cette question. Mais j’espère que cela se fera rapidement car nous voulons rentrer chez nous, à Kiryat Shmona. Cela fait déjà plusieurs mois que nous avons été évacués et tous les jours trois ou quatre maisons sont prises pour cibles – sans parler de la menace qui plane sur nous depuis le 7 octobre : que l’unité commando 125, la force al-Hajj Radwan – plus souvent appelée « la force Radwan » –, ce corps d’élite du Hezbollah dont la mission principale est l’infiltration d’Israël, franchisse la frontière et fasse dans le Nord ce que le Hamas a fait dans le Sud… En 2015, le Hezbollah, qui à l’époque comptait 5000 soldats, avait déjà déclaré qu’il était en mesure de conquérir la Galilée – et aujourd’hui ses effectifs ont doublé… Que sommesnous supposés faire ? Attendre qu’ils mettent leurs menaces à exécution ? Il faut aussi comprendre que ces forces sont une armée beaucoup plus entraînée que la Nukhba du Hamas ; c’est un commando qui a beaucoup d’expérience sur le terrain car il a déjà combattu en Syrie. C’est un réel danger.
Est-ce que vous pensez qu’il faut terminer la guerre contre le Hamas dans le Sud avant d’entreprendre une guerre dans le Nord contre le Hezbollah ? Je pense que notre guerre n’est ni contre le Hamas,
ni contre le Hezbollah ou les Houthis… Il faut bien se rappeler qu’en fin de compte, il y a une tête qui est responsable de tout cela, et c’est l’Iran. Ce sont tous des proxies de l’Iran. Il est temps que nous arrêtions de nous préoccuper des mouches et des moustiques, et que nous nous occupions de leur « lieu de ponte » ! Mais pour cela, nous avons besoin d’un soutien international, Israël ne peut pas être seul face à cette menace ; ce n’est d’ailleurs pas uniquement le problème d’Israël. Nous sommes le seul pays démocratique du Moyen-Orient et nous sommes entourés de pays islamistes extrémistes qui veulent notre destruction ! En fin de compte, c'est une guerre de religion.
On dirait pourtant que ni l’Iran ni les États-Unis ne sont intéressés à entrer en guerre… Il faut se rappeler que le 8 octobre, c’est le Liban qui a débuté la guerre dans le Nord, même si les missiles proviennent d’Iran. L’Iran a menacé publiquement de se joindre au combat si nous entrons en guerre au Liban. Il ne cache pas sa volonté de nous exterminer. Tous ceux qui ne pensent pas comme eux doivent mourir, ils commencent avec nous les Juifs, mais après ce sera au tour des Chrétiens… La seule façon de se débarrasser de ces extrémistes, c’est de les détruire, comme les États-Unis ont fait avec AlQaïda. Les États-Unis sont nos alliés, cependant
A gauche : Avichai Stern, maire de Kiryat Shmona. Ci-contre et ci-dessous : scènes de la vie quotidienne... Maisons éventrées, jardins d'enfants dévastés.
leur compréhension de la situation est différente, ils penchent pour des accords diplomatiques – mais on ne peut pas traiter avec ces organisations terroristes. Les nations du monde doivent s’unifier et être avec nous, sinon ils arriveront à leurs portes, car si la maison de ton voisin brûle et que tu ne t’en mêles pas, l'incendie gagnera la tienne…
Je ne crois pas qu’un seul pays au monde accepterait sans réagir d’être attaqué au point que plus de 100 000 habitants soient évacués depuis plus de neuf mois !
Que représente Kiryat Shmona pour vous ?
En 1974, avant ma naissance, a eu lieu la première infiltration de terroristes à Kiryat Shmona : trois terroristes du Liban ont essayé de rentrer dans une école, mais elle était fermée en raison des vacances scolaires. Ils se sont alors rendus dans les bâtiments d’en face et, étage après étage, ils ont massacré les habitants, les vieillards comme les enfants…18 personnes ont perdu la vie dans ce massacre, dont ma grand-mère et ma tante. La majorité des victimes et des témoins ont quitté Kiryat Shmona ; mais ma famille a décidé de rester. C’est peut-être la première leçon que j’ai tirée de cet attentat : on n’abandonne pas sa maison. C’est un message clair : nous sommes ici et nous avons l’intention de rester. n
PAR EDEN LEVI CAMPANA
La guerre révèle les héros et les couards, les gens de bien et les profiteurs, les humanistes et les égoïstes. Marié, père de deux grandes filles, médecinchirurgien ORL officiant à Paris, Nice et Tel Aviv, Bruno Lellouche s’est révélé être un soldat de lumière au lendemain du 7 octobre. Son engagement ne date pas de la tragédie du chabbat noir mais depuis ce jour-là, il a pris une forme différente. Bruno Lellouche a été volontaire durant dix ans au sein de l’hôpital Hadassah et encore dix années supplémentaires au Maguen David Adom, avant de créer en janvier 2024 l’association Netsah (Éternité). Nous l’avons suivi pendant une mission à la frontière de Gaza.
Bruno Lellouche ( à gauche) et Ariel Kandel, directeur général de Qualita
AJ MAG : Pourquoi « Netsah » ?
Bruno Lellouche : Notre association est née le 29 janvier 2024, après que nous avons collaboré avec une autre association à partir du 9 octobre. Nous avons compris qu’une petite structure permettait de n’avoir aucun frais et surtout d’être en lien direct avec les bénéficiaires des aides.
Cela vous prend beaucoup de temps ?
Quatre à cinq heures par jour tous les jours depuis le 9 octobre.
Quelle sont vos missions ?
Elles sont multiples. Nous avons aidé à ce jour plus de 20 000 sauveteurs et 6000 civils. C’est incroyable ! Les kibboutzim et les personnes déplacées ont été
aidés depuis le début, en particulier le kibboutz Aloumim et le kibboutz Nir Oz, des familles du Sud, des enfants. Nous avons acheté des milliers de pulls, d’anoraks, d’imperméables, de blousons, de chaussures, de sousvêtements, des tentes, du matériel d’hygiène, des matelas, des lampes, etc., etc.
Aujourd’hui, vous êtes dans le sud d’Israël, à la frontière de Gaza : pourquoi ?
Nous sommes à Kerem Shalom, dans le kibboutz. Depuis le mois de décembre, nous suivons et aidons une unité de Tsahal nommée Ness. À la mi-juillet, nous sommes allés leur apporter du matériel important. Dans le Sud, nous avons aidé des unités qui ont besoin de matériel crucial et vital. Il y a tellement de bases !… Au début, Raphaël, mon ami francoisraélien, a facilité les actions en les mettant toutes dans un logiciel. Ensuite, c’est allé très vite ; nous avons aidé une centaine d’unités.
Quelle est la force de ce travail sur le terrain ?
Nous voyons les réalisations de notre travail et nous sommes tous les jours remerciés. Nous avons pu sauver la vie d’un certain nombre de personnes grâce au matériel donné. Notre association est déjà reconnue pour son sérieux, son honnêteté et la rapidité de ses réponses. À titre personnel, je regrette de ne pas pouvoir répondre à tout le monde, c’est chaque fois un déchirement.
Qui soutient « Netsah » ?
La plupart des aides financières viennent des particuliers. Quelques entreprises font également des dons, mais elles ne sont pas assez nombreuses au vu des enjeux. Studio Qualita est un partenaire important. Il nous facilite l’accès aux familles dans le besoin. Ainsi aidons-nous à présent plus de 50 familles avec des bons alimentaires mensuels. Nous avons monté une colonie de vacances d’une semaine pour 150 enfants. Pour la rentrée des classes, nous allons aider 400 enfants à remplir leurs cartables. Qualita nous facilite l’accès à toutes ces personnes.
Finalement, vous recevez beaucoup ?
Comme dit le Talmud : « Celui qui donne reçoit plus que celui qui reçoit. » En effet, combien de fois
avons-nous pleuré ! Cette expérience, depuis 288 jours à présent, nous a renforcés. Notre lien avec Israël, qui était déjà très fort, est devenu vital. Le seul espoir de tous les Juifs du monde, c’est Israël ! Et malheureusement, le pogrom du 7 octobre a renforcé cette certitude. n
Pour en savoir plus : netsah1948.com
PAR CHMOUEL BOKOBZA
Le retour d’Israël sur sa terre ancestrale a permis de mettre en lumière des vestiges royaux datant de l'époque des rois d’Israël. À une époque où notre lien historique à cette terre est souvent contesté, ces découvertes archéologiques émergent comme de puissants témoins d'un passé glorieux, rappelant avec force à tous notre riche héritage.
Archéologie en Israël : les minimalistes contre les maximalistes
L'archéologie israélienne est depuis longtemps le théâtre de découvertes majeures captivant le monde entier. Les manuscrits sacrés de la mer Morte, la forteresse de Massada — témoignage des ambitions architecturales du roi Hérode — et la Cité de David figurent parmi les joyaux les plus remarquables, célébrés à juste titre. Toutefois, notre attention se tourne aujourd'hui vers trois sites particuliers, érigés à la gloire du roi Salomon qui, dans les textes sacrés, est vénéré comme l'homme le plus sage de son temps. Salomon, dont l'esprit prodigieux nous a légué le Cantique des Cantiques et Michlé, a souvent été marginalisé dans le discours archéologique moderne. Les débats autour de ses réalisations divisent les experts en deux camps distincts : les minimalistes, qui remettent en question l'authenticité historique des récits bibliques, et les maximalistes, qui défendent la Bible comme un document historique fiable.
Israël à l’époque de Salomon : une grande puissance du Moyen-Orient
Les récits bibliques décrivent une ère de prospérité sous Salomon, marquée par des alliances internationales avec des puissances comme l'Égypte, l'Éthiopie et Tyr, qui firent d'Israël un véritable centre économique et culturel au Moyen-Orient. Les Textes
© DR
témoignent de l'immensité du royaume de Salomon, s'étendant du fleuve Euphrate jusqu'à l'Égypte : « Et Salomon dominait sur tous les royaumes, depuis le fleuve [l’Euphrate] jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière de l’Égypte ; ils apportaient des présents et ils furent assujettis à Salomon pendant toute sa vie. » (I Rois 4, 21)
Un archéologue guidé par la Bible
Dans les années 1950 et 1960, Yigaël Yadin (photo cicontre), éminent archéologue israélien et ancien chef d’Étatmajor de Tsahal, fit des découvertes stupéfiantes.
La Bible nous raconte que pour affirmer sa domination, Salomon fit ériger de majestueux monuments à Guézer (près de Jérusalem), Megiddo (au nord d’Israël) et 'Hatzor (encore plus au nord que Meggido). À 'Hatzor, Yadin mit au jour un complexe de grande envergure, suggérant un centre administratif ou militaire. Le site se distingue par des structures taillées directement dans la roche, notamment une série de six
compartiments qui auraient pu servir de magasins ou de salles de garnison, ainsi qu'un imposant portail de pierre, typique de l'architecture royale de l'époque. Ce portail, solidement construit, régulait l'accès à la ville, témoignant de l'importance stratégique de 'Hatzor sous le règne de Salomon. Un autre aspect fascinant de ce site est le système d'approvisionnement en eau, très avancé pour l'époque : un puits profond, creusé dans la roche, assurait un accès à l'eau même en cas de siège. Ces éléments, par leur complexité et les ressources qu'ils mobilisent, ne sauraient correspondre à un village ou à une simple ville. De par leur ampleur et leur sophistication, ils ne peuvent avoir été conçus que par un royaume centralisé et puissant. Une analyse au carbone 14 des matériaux organiques retrouvés sur place a confirmé que ce complexe datait du Xe siècle avant notre ère, ce qui coïncide précisément avec la période attribuée au règne de Salomon.
Quand l'archéologie et la Bible s'alignent Ému par cette découverte, Yadin se tourna vers les textes bibliques et y trouva cette confirmation : « Voici le récit de la corvée que le roi Salomon leva pour bâtir la maison de l’Éternel, sa propre maison, le Millo, le mur de Jérusalem, 'Hatzor, Megiddo et Guézer. » (I Rois 9, 15) Ce verset mentionne également les villes de Megiddo et Guézer, que Yadin entreprit
d'explorer avec une détermination renouvelée. À sa grande surprise, il découvrit sur ces deux sites les mêmes types de structures que celles mises au jour à 'Hatzor : des portes monumentales à six chambres et des systèmes d'approvisionnement en eau tout aussi sophistiqués. La similitude des dimensions et des plans architecturaux ne laissait aucun doute quant à leur origine royale, suggérant une standardisation des constructions sous le règne de Salomon.
La vérité sortira de la terre
Bien que ces découvertes ne soient peut-être pas les plus grandes trouvailles archéologiques en termes de taille ou de notoriété, elles se distinguent par leur profonde charge émotionnelle. Elles évoquent pour notre peuple, avide de voir ressusciter le règne glorieux de Salomon, une nostalgie particulière, et témoignent d’une grandeur passée qui continue de nourrir notre identité et notre espoir.
Le père de Salomon, David, a écrit dans ses Psaumes : « Émèt miEretz titzma'h » (« la vérité poussera de la terre »), illustrant avec une précision prophétique comment cette découverte archéologique, malgré le scepticisme de certains, apporte finalement une confirmation tangible de l'existence du royaume de Salomon, réhabilitant ainsi d'une certaine manière l'honneur de son propre fils. En fin de compte, c'est la terre elle-même, à travers ses vestiges, qui révèle la vérité, même lorsque celle-ci est contestée. Cette vérité qui émerge du sol prouve que, malgré les doutes, l'histoire racontée dans la Bible trouve sa validation dans ces découvertes.
Cependant, chers lecteurs, vous avez la liberté de vous forger votre propre opinion. Après tout, nous sommes un peuple de débats, et cette quête de vérité fait aussi partie intégrante de notre héritage. n
Bokobza
: 050-3553811
Depuis leur invention, l'évolution des drones militaires a été rapide et continue, passant de petits avions télécommandés utilisés pour des missions de reconnaissance à de véritables armes de guerre. Ces aéronefs sans pilote ont radicalement changé les méthodes opérationnelles des forces armées, devenant des outils non seulement pour les États mais aussi pour les organisations terroristes. Leur prolifération est désormais un enjeu géopolitique majeur, qui soulève aussi des questions éthiques et stratégiques.
Le 19 juillet, un drone lancé par les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, a réussi à contourner les systèmes de défense aérienne de Tsahal et s’est écrasé sur un immeuble de Tel Aviv, faisant une victime. Quelques mois plus tôt, un drone venu de Syrie a explosé dans la cour d’une école à Eilat ; et le 15 mars dernier, un drone lancé par le Hezbollah a atteint la base militaire Tal Shamayim, près du carrefour Golani, qui abrite le ballon d'observation Sky Dew de l'armée de l'air, un dispositif avancé conçu pour fournir des alertes rapides contre les missiles et les drones – l’attaque la plus profonde jamais réalisée par le groupe terroriste en territoire israélien. Ces attaques révèlent une amélioration préoccupante dans la précision et la capacité des drones à échapper à la défense aérienne. Ces engins de plus en plus sophistiqués représentent une menace pour la sécurité du pays.
L’histoire des drones remonte à la Première Guerre mondiale et leur rôle sur les champs de bataille s’est affirmé au cours du XXe siècle. Initialement utilisés pour la reconnaissance et l'observation, les drones, avec les avancées technologiques, ont évolué en armes offensives capables de frapper des cibles spécifiques avec une efficacité redoutable. Le RQ-1 Predator, l’un des premiers drones armés, développé par General Atomics aux États-Unis, a
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
introduit un nouveau paradigme dans les opérations militaires. En Afghanistan et en Irak, il a été utilisé pour des missions de surveillance mais aussi pour des frappes de précision, dévoilant comment les drones armés peuvent réduire les victimes collatérales et minimiser les risques pour les pilotes. Israël a été pionnier en matière d’avions non pilotés : dès les années 1970, il a développé des appareils destinés à la reconnaissance, permettant de collecter des renseignements sans risquer la vie d’aviateurs. Des entreprises comme Israel Aerospace Industries et Elbit Systems ont depuis créé des drones avancés tels que le Heron et le Hermes, acquis par de nombreux pays et utilisés pour des missions variées allant de la surveillance des frontières à la neutralisation de menaces spécifiques. Pendant la guerre de Kippour, ces appareils ont fourni des images des positions ennemies même dans des environnements hostiles.
La guerre du Liban, en 2006, a marqué un tournant. Pour la première fois, les heures de vol effectuées par des drones ont dépassé celles des avions de chasse, et les drones ont permis d’améliorer la reconnaissance et la réactivité sur le champ de bataille, tout en réduisant les dommages collatéraux.
Leur coût relativement bas, leur capacité à offrir une supériorité
Des soldats israéliens de l'unité Sky Rider de Tsahal lors d'un exercice d'entraînement à la base militaire de Tze'elim sur un véhicule aérien sans pilote fabriqué par Elbit Systems. Le Sky Rider, un drone de 7 kilogrammes, équipé de caméras qui produisent des images vidéo du champ de bataille où le bataillon est actif, fournit ainsi des renseignements en temps réel aux forces sur le terrain. © Flash90
aérienne sans risquer la vie de soldats et leur flexibilité opérationnelle font des drones des éléments clés du champ de bataille moderne, et plus de 100 pays en possèdent. Outre les États-Unis et Israël, la Chine et la Turquie, en particulier, ont émergé comme des producteurs majeurs, proposant des drones sophistiqués à des coûts compétitifs. Cette démocratisation a permis à des groupes non étatiques, voire terroristes, de développer leurs propres capacités, comme le Hamas ou le Hezbollah qui, avec le soutien de l’Iran, dispose d’un arsenal estimé à 2000 drones, dont certains modèles avancés. Depuis le début des hostilités à
Gaza et à la frontière libanaise, l'armée de l'air de Tsahal, en utilisant des systèmes comme le Dôme de fer, a intercepté plusieurs centaines de drones, principalement lancés depuis le Sud-Liban. Cependant, l’interception de ces menaces reste un défi, notamment en raison de la topographie complexe de la frontière libanaise – crêtes
et collines –, et des trajectoires courtes qui compliquent la détection et l’interception. Les drones plus petits, comme les quadricoptères utilisés par le Hamas, sont particulièrement difficiles à contrer en raison de leur vitesse lente et de leur faible altitude, rendant leur détection par les radars conventionnels presque impossible. lll
lll Les progrès rapides en la matière posent donc de nouveaux défis stratégiques et opérationnels. La miniaturisation, l’autonomie et l'utilisation coordonnée de drones pourraient transformer les opérations militaires. Les essaims de drones, capables de saturer les défenses ennemies, de collecter des renseignements et de brouiller les communications adverses, représentent un danger particulièrement redoutable, qui oblige à des ajustements dans les stratégies de défense des forces armées du monde entier
et des contre-mesures adaptées. Et pour Israël, il est crucial de se préparer à cette menace évolutive, car le Hezbollah semble en passe de la maîtriser. Toute lacune dans le système de défense israélien pourrait avoir de graves conséquences. L'utilisation croissante de drones armés soulève également des questions éthiques et juridiques. Actuellement, ces appareils sont pilotés par des humains, mais ils pourraient évoluer vers des systèmes entièrement autonomes capables de prendre des décisions,
y compris celle de « tuer », sans intervention humaine – une perspective alarmante pour de nombreux experts et défenseurs des droits de l’homme qui plaident pour une réglementation stricte afin d'éviter une dérive vers des conflits automatisés. Malheureusement, les discussions au sein de l'ONU sur la régulation des armes autonomes piétinent, malgré les efforts de certains pays pour progresser sur ce sujet. L'objectif serait de trouver un équilibre entre avantages opérationnels et impératifs moraux. n
La docteure Liran Antebi, chercheuse à l'Institut israélien d'études de sécurité nationale (INSS), supervise le programme sur les technologies avancées et la sécurité nationale. Elle répond aux questions que se pose
AJ MAG au sujet de la place des drones dans la guerre « Épées de fer ».
AJ MAG : En regardant du côté de l'Ukraine, de la Russie, de l'Iran et d'Israël, on a la nette impression que le drone, ce véhicule aérien sans pilote, est aujourd'hui devenu une composante essentielle du champ de bataille. Est-ce le cas ?
Liran Antebi : Les drones étaient déjà essentiels auparavant, mais ils étaient principalement entre les mains de pays très avancés. Au cours des quinze dernières années, nous avons assisté à une véritable révolution. Ce qui était autrefois réservé à des nations hautement développées est devenu accessible à presque tous les acteurs, y compris les acteurs non étatiques comme les organisations terroristes et les
forces proxys, qui les utilisent désormais de manière plus généralisée. Et ces cinq dernières années, nous avons observé une évolution : les organisations terroristes, qui jusqu’alors utilisaient principalement des drones artisanaux ou de petits appareils, emploient désormais des dispositifs plus grands, plus lourds, et chargés de nombreux explosifs, ce qui représente un défi même pour des forces comme Tsahal et l'armée américaine. On peut parler d'une véritable démocratisation des drones.
Peut-on considérer les drones comme une arme low cost ?
Il existe des systèmes de drones à faible coût, dans la fourchette de quelques centaines à quelques milliers de dollars, mais certains systèmes utilisés contre Israël sont beaucoup plus chers. Ce qui est frappant, c'est surtout la capacité et la sophistication dont font preuve des acteurs comme l'Iran et le Hezbollah. Ils utilisent des systèmes relativement simples et peu coûteux pour exploiter les faiblesses des forces occidentales, en adaptant leurs outils en fonction de ces vulnérabilités. lll
Ci-contre : le Shoval lors de sa mise en service en 2017
Ci-dessous : le Hermes 900 développé par Elbit Systems
Le réseautage (« networking », en anglais) est l’art et la manière de développer son réseau pour atteindre ses objectifs.
Pour être efficace, je vous propose d’utiliser en priorité ces deux outils professionnels : le GPS et le pitch.
L’outil GPS
GPS = Goals (objectifs) + People (personnes) + Strategy (stratégie)
L’outil GPS vous permettra de formaliser, par écrit, le pourquoi et le comment de votre réseautage.
Vos objectifs (Goals) doivent être clairs pour vous. Cela vous permettra, d’une part, de ne pas faire de pilotage à vue, sans efficacité, et d’autre part, de partager ces objectifs afin que les autres puissent éventuellement vous aider à les atteindre.
Vos personnes à cibler (People) sont celles qui vous permettront concrètement d’atteindre un objectif. Exemples : pour trouver un emploi, il faut contacter et rencontrer des personnes dans les ressources humaines, en charge du recrutement ; pour faire des affaires, il faut contacter et rencontrer des personnes qui ont des besoins et qui gèrent des budgets.
Votre stratégie (Strategy) sera fonction de l’environnement dans lequel évoluent les personnes que vous ciblez. Vous devrez comprendre les intérêts et les objectifs de ces personnes afin de pouvoir les convaincre ; ainsi pourrez-vous mieux échanger avec elles et vous faire comprendre.
L’outil pitch
Le « pitch » est une présentation courte et percutante. Il y a plusieurs modèles de pitch. Les trois que je pratique et que j’enseigne sont le pitch en quinze mots (cocktail), le pitch d’une minute (tour de table) et le pitch de cinq minutes (quand c’est possible).
Exemple pour mon pitch en quinze
mots : « J’ai la chance, chaque année, de faire grandir un millier de personnes, en français et en anglais, sur le leadership, et au-delà. »
Pour mon pitch d’une minute, j’ajoute les modes de transmission que j’applique, à savoir : conférences, formations, ateliers, coaching individuel et de groupe, interventions en entreprise et à l’université. Pour mon pitch de cinq minutes, j’ajoute des exemples de clients (Orange, la SNCF, La Poste, Bouygues…), les problèmes que j’ai contribué à résoudre, comment je m’y suis pris. Je présente une
ou deux offres de services avec des ordres de grandeur de prix. Enfin, je conclus par une demande de feedback de mon ou mes auditeur(s).
Cet exercice du pitch est difficile. Mon conseil est de bien le préparer, en se posant la question : « Qu’est-ce que je dois dire pour faire comprendre mes objectifs et inciter mes interlocuteurs à m’aider à les atteindre ? » Il est souhaitable d’essayer son pitch avec une personne très proche de vous et qui aura le courage de vous pousser à améliorer telle ou telle partie. De surcroît, votre préparation renforcera votre confiance en vous. L’une des difficultés est de s’exprimer à l’oral devant plusieurs personnes. Vous serez également jugé sur votre ton, votre force de conviction…
Muni de ces deux outils bien utilisés, vous pourrez affronter des personnes connues et inconnues, et faire passer votre message. Le succès sera à votre portée ! n
André Dan Coach en leadership a@andredan.com
PAR EMMANUELLE ADDA
Israël fait face aujourd’hui à de nombreux défis mais le plus flagrant est celui que pose la perte de confiance dans la politique, les politiciens et les institutions. Corruption, combines, incompétences, intérêts personnels sont les reproches que l’on entend régulièrement dans le public ou que l’on lit sur les réseaux sociaux. La tragédie du 7 octobre a encore accentué cette perte de confiance dans les institutions politiques, et même militaires et judiciaires.
Les citoyens ont le sentiment de ne pas être entendus ni respectés, et ils souhaiteraient pouvoir influencer ou « souffler » aux politiques que faire et comment le faire. Alors, qui donnera la parole au peuple ?
Les mouvements citoyens sont une alternative qui connaissent un renouveau sur les plans local et national. Leurs objectifs : impliquer les citoyens dans la définition des politiques publiques, et leur permettre de participer au débat public et à de nombreuses initiatives, en tenant compte de la diversité de leurs opinions et de leurs attentes. Conventions ou parlements, consultations sur Internet, ateliers de réflexion, écriture de propositions : les outils de participation citoyenne poursuivent leur essor en Israël. Ces mouvements souhaitent ainsi interpeller les responsables politiques et alerter l’opinion publique. Nous avons été à la rencontre de deux mouvements citoyens israéliens qui font parler d’eux : HaRivon HaRevii et Israël 3.0. La rencontre avec leurs dirigeants nous a permis de prendre conscience de l’engagement des citoyens israéliens dans la vie
publique, mus par un réel désir de changement et de participation.
« Le quatrième quart » a été créé il y a plus de deux ans, à l’initiative du docteur Yoav Heller. Aujourd'hui, il compte plus de 130 000 membres à travers tout le pays, et leur dernière convention a réuni plus de 6000 personnes à Tel Aviv. Ils se rencontrent régulièrement chez les uns et les autres ou lors de séminaires. Ils réfléchissent aux principaux sujets de société que sont la sécurité, l’économie et l’éducation. Leur grand mérite est d’avoir réussi à réunir physiquement des milliers de personnes de différents milieux pour faire évoluer le débat public. Des publications résumant leurs réflexions sont en cours d’édition, et ils espèrent ainsi influencer et éclairer les politiques.
Le nom « Quatrième Quart » a été inspiré par David Ben Gourion qui, avec sa riche compréhension de l'histoire, avait déclaré lors de la fondation de l'État : « Le test du sionisme aura lieu quand Israël aura 75 ans. D'ici là, les enfants qui naîtront ne rencontreront plus de survivants de la Shoah et ne connaîtront plus l'histoire fondatrice de notre peuple. » En effet, les quatre quarts du premier siècle d’existence d’une nation correspondent en gros à quatre générations, explique Yoav Heller. La première génération est celle des fondateurs, qui posent les bases pratiques et idéologiques du projet national. La seconde est chargée de construire l’infrastructure institutionnelle et sociale du pays. La troisième génération solidifie la réalité politique, militaire et économique de la nation, assurant ainsi sa viabilité à long terme. Et c’est la quatrième génération qui détermine si la nation échouera ou prospérera. Israël a entamé sa soixante-quinzième année dans des divisions internes, entre autres autour du projet de la réforme judiciaire et de la question de l’enrôlement des orthodoxes dans Tsahal. Après le pogrom du 7 octobre, Israël, en guerre, se trouve aujourd’hui dans la situation la plus périlleuse de son histoire depuis la guerre d’indépendance. Certains se demandent si nous dépasserons la durée d'indépendance des royaumes de David et Salomon, et celle du royaume hasmonéen, qui, eux, n’ont pas atteint le quatrième quart… Israël se relèvera-t-il de ses épreuves ? Les citoyens engagés du Rivon HaRevii
À gauche : des membres du « Quatrième Quart » réunis pour « écrire ensemble l'histoire d'Israël »
En médaillon : le docteur Yoav Heller © Photos : DR, issues du site du mouvement citoyen
apportent une vision peut-être utopique, mais positive. Ils souhaitent qu’Israël devienne un État modèle, juif et démocratique, libéral et traditionnel, garantissant la sécurité de tous ses citoyens. Le mouvement envisage de jouer un rôle central dans la transformation de la culture politique en Israël, en promouvant un système politique basé sur la responsabilité collective.
Les grands principes sont :
l le sionisme : Israël est le centre du monde juif et la manifestation du droit du peuple juif à l’autodétermination.
l la tradition, qui doit inclure aussi les Juifs vivant en dehors d’Israël
l le pluralisme, qui reflète la diversité du peuple israélien : Juifs et Arabes, Musulmans, Chrétiens et Druzes, laïques, traditionalistes, religieux et 'Haredim, Ashkénazes, Séfarades et « Mizra'him » doivent être des partenaires égaux
l une « démocratie libérale » qui doit refléter les principes de la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël : liberté, justice et paix, égalité complète des droits sociaux et politiques sans distinction de religion, de race ou de sexe
À la lecture, cela semble faire l’unanimité. Pourtant, une voix respectée dans le monde francophone a exprimé beaucoup de réserves sur ce mouvement : celle du rabbin Oury Cherki, qui a remis en cause la notion de démocratie libérale, sur laquelle les dirigeants du mouvement insistent beaucoup, ainsi
que l’égalité que le mouvement établit entre les citoyens israéliens, les Juifs de la Diaspora et les minorités du pays.
(On peut lire à ce sujet le post que le rav Cherki a publié sur sa page Facebook et auquel les dirigeants du mouvement ont adressé un droit de réponse qui n’a pas eu d’écho auprès du rabbin. Scannez le QR code pour lire le post du rav en hébreu.)
Pour le moment, le mouvement HaRivon HaRevii n’a pas d’agenda politique, mais cela sera un jour envisageable. Il est financé par un prestigieux panel de diverses fondations israéliennes et américaines, ainsi que par des donateurs privés. Tous figurent clairement et en toute transparence sur le site du mouvement.
Israël 3.0
Levi Semama donne tout de suite le ton : nous entrons dans le monde fascinant et déroutant des nouvelles technologies. Le fondateur du mouvement Israël 3.0 est francophone, il vit en Israël et évolue à la fois dans le monde de la Torah et dans celui de la hightech. Il y a plusieurs années, il a décidé d’investir ses propres deniers pour fonder un mouvement citoyen d’envergure. Pour Levi, le but est l’unité nationale, la justice sociale et la sécurité du pays. Son innovation ? La création d’une plateforme participative du nom de « Coali » afin de permettre au peuple d’exprimer sa voix en toute sécurité grâce à une blockchain. Pour finir, une cryptomonnaie, le « zouz », a été créée spécialement afin de financer le mouvement en toute fiabilité. La plateforme « Coali » va faciliter les diverses activités du mouvement : rencontres, séminaires, forums, mais surtout promouvoir la réflexion générale du public. Sécurité, économie, justice, santé et éducation sont les principaux sujets de réflexion. Israël 3.0 souhaite transformer la démocratie israélienne en intégrant des experts dans divers domaines afin de garantir une représentation équilibrée et transparente des citoyens. La blockchain permettra à chacun d’entre eux de voter et tous seront équitablement représentés dans les commissions. Levi aspire à un modèle démocratique participatif et décentralisé. Les experts élus par le peuple formeront des comités spécialisés qui débattront de grands sujets de société et pourront ainsi influencer et conseiller les politiques qui n’ont souvent pas le niveau de compétences ni de connaissances spécialisées que requièrent leurs postes de ministres et de députés.
L’objectif est de créer une base solide avec plus de 200 000 participants. Plusieurs années ont été nécessaires pour mettre en place des outils innovants. À présent, le mouvement a des outils technologiques performants et opératifs ; il faut maintenant que les hommes et les femmes du pays s’engagent, réfléchissent et débattent pour devenir de vrais acteurs de la démocratie israélienne, et que des experts choisis par le public élaborent le programme et le contenu du mouvement. On pourrait formuler des réserves. La maîtrise de l’utilisation de ces nouveaux outils technologiques ne sera pas évidente pour tous et en découragera certainement plus d’un. Mais c’est surtout le principe
« Israël 3.0 souhaite transformer la démocratie israélienne en intégrant des experts dans divers domaines afin de garantir une représentation équilibrée et transparente des citoyens. La blockchain permettra à chacun d’entre eux de voter et tous seront équitablement représentés dans les commissions. »
des « experts » qui est discutable – qui est un expert ? Ces dernières années, on a justement assisté à la délégitimation des « experts » dans les domaines de la sécurité, de la stratégie militaire ou même de la santé publique.
Le mouvement – qui dans un second temps a un agenda politique – est principalement financé par son fondateur ainsi que par ses membres qui doivent verser une cotisation. Une collecte de fonds est en cours auprès du public et de grandes entreprises afin de permettre au mouvement de se développer.
En conclusion : cette dynamique de mouvements citoyens au cœur même de la société israélienne est
fascinante et nous rend optimistes. La valorisation démocratique de ces mouvements issus de la société civile est importante car sur les questions politiques, les citoyens ont le sens du bien commun et de l’intérêt général, précisément parce qu’ils ne sont pas des professionnels de la politique détachés du réel ni des représentants de groupes d’intérêts ou de lobbies. Il faudra bien sûr être vigilants et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’instrumentalisation politique de ces projets, afin qu’ils restent avant tout la voix du peuple. n
www.israel3.org.il
www.q4israel.org.il
PAR AVIVA AZAN
Après la lecture de la Torah, nous disons : « Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, roi du monde, qui nous a donné Sa Torah, une Torah de vérité, et qui a implanté en nous une vie éternelle… » Le Ben Ich 'Haï explique que la Torah écrite est implantée en nous pour former des écrins prêts à recevoir la Torah orale. La Torah orale apporte un éclairage à la Torah écrite en la rendant concrète et applicable : elle la complète.
La Torah écrite exprime le potentiel, la Torah orale a pour rôle de le révéler dans le but de transmettre.
« Torah-ché-be-al-pé » : Torah « qui-est-dans-la-bouche », qui transmet par la parole. La Torah écrite représenterait la polarité masculine, la Torah orale la partie féminine, qui permet de la dévoiler. C’est l’union des deux qui rendra possible la transmission. L’homme engendre, la femme enfante, l’enfant « naît au sens » de leur union : c’est sa naissance. Nous sommes porteurs du message divin et notre rôle est de le transmettre.
Au niveau de la biologie, le message est identique. Nous recevons des gènes qui vont se loger dans notre partie féminine, nos ressentis et nos émotions. Le rôle des émotions est d’exprimer ce qui a été imprimé dans nos cellules. La parole est le meilleur moyen de communication pour libérer les ressentis gênants.
Quand nous ne parlons pas, le message stagne et s’exprime par une autre forme de langage, à travers le corps.
Notre corps, programmé pour se maintenir en vie, va se rééquilibrer naturellement. Cependant, en cas de choc ingérable, notre inconscient va absorber le ressenti pour nous permettre de continuer à fonctionner. Mais cette solution d’urgence est provisoire. Si nous avons laissé fermenter trop de ressentis, les émotions se manifesteront alors sous forme de réactions, à travers des symptômes physiques ou psychiques.
La maladie révèle une mésentente dans le couple corps-esprit. Quand nous la décodons à la lumière de la Torah, nous réconcilions nos polarités, nous sommes réunifiés. Quand nos émotions sont équilibrées, notre potentiel est dévoilé, nous évoluons en harmonie.
La même image se dessine au
niveau de notre généalogie. Nous recevons l’histoire de nos ancêtres, qui va se loger dans nos cellules au même titre qu’un gène biologique. Cet héritage psychologique peut s’exprimer ou non, comme le ferait un gène récessif dont nous serions toujours le porteur. Ce patrimoine est imprimé dans l’inconscient qui joue alors le rôle d’écrin, attendant son dévoilement. Quand nous le transformons en énergie de vie, il nous autorise une transmission saine. Lorsque nous ignorons son message, il va s’exprimer de manière automatique et répétitive sous forme de symptômes. Pourquoi ? Parce que ne pas recycler cet héritage équivaudrait à rompre le cycle de la nature. Tout se transforme dans l’univers, même la feuille pourrit sur le sol pour servir d’engrais à la création à venir. Interrompre l’ordre naturel de l’évolution correspondrait à ne pas honorer son « clan ». Comment faire ? D’abord, identifier à quel niveau le
conflit s’exprime, en se laissant guider par son expression : les symptômes. Le sentiment de ne pas vivre sa vie, les situations conflictuelles répétitives, les maladies chroniques ou énigmatiques nous indiquent que nous avons hérité d’un patrimoine en attente d’être recyclé.
Nous exprimons les conflits de nos ancêtres au lieu de nous en servir d’expérience de vie. Le sage est celui qui sait faire de ses épreuves des
apprentissages ; il transforme les larmes en rires, l’amertume en douceur. Ainsi laisseronsnous à notre descendance un livre d’histoire illustré de messages de vie à raconter et à perpétuer.
À l’instar du don de la Torah écrite, notre descendance recevra son livre d’histoire, sa lecture orale en précisera les éclaircissements, assurant la transmission d’une histoire où le passé s’unit au présent pour transmettre une « Torat 'haïm », une « Torah de vie ». n
SÉMINAIRE DE DÉCODAGEPSYCHOGÉNÉALOGIQUE EN ISRAËL
« Réinitialiser son cerveau en douceur pour mieux vivre sa vie : transformer symptômes, blocages et réactions indésirables en force! Outil rapide, pratique et efficace instantanément. »
Lundi 23 septembre de 9h à 17h30 à Maale adumim. Aviva Azan 054 63 60003 avivaazan1@gmail.com
PAR RONY KLEIN
Le 7 octobre 2023 est une journée qui a changé la face d’Israël. Depuis dix mois, on a beaucoup écrit sur ce changement, notamment en termes de redéfinition de l’identité juive et israélienne. Frappés par un événement qui rappelle les pogroms de l’exil, les Israéliens sont devenus « plus juifs », tout d’un coup. Les Juifs de Diaspora se sont quant à eux rapprochés des Israéliens, par un sentiment de solidarité indéfectible qui relie tous les membres du peuple juif, surtout dans les temps de malheur.
J’aimerais aborder brièvement une autre dimension de ce changement : celle qui, selon moi, doit toucher le discours politique. Je dis bien le discours politique. On a beaucoup déploré, depuis de nombreuses années, la crise du personnel politique israélien, enlisé dans un perpétuel jeu politicien sans la moindre envergure ni la moindre vision à long terme. Plus encore, la corruption semble être un fléau endémique des politiques israéliens, notamment à cause du système proportionnel qui donne beaucoup de poids aux petits partis. Mais il ne s’agit pas de cela ici, plutôt de l’axe droite-gauche qui, depuis de nombreuses décennies, divise la politique israélienne autour d’un seul et unique sujet : le conflit israélo-palestinien. La droite s’est affirmée comme « le camp national » tandis que la gauche
s’est présentée comme « le camp de la paix ». Cette division s’est mise en place dès 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, avec la question du sort des territoires de Judée-Samarie, que certains ont nommés « occupés » et d’autres « libérés ». Depuis, tous les grands débats entre la droite et la gauche ont tourné autour de cette seule et unique question, surtout depuis les accords d’Oslo, en 1993, où le clivage entre les deux positions est devenu particulièrement aigu. L’assassinat d’Itzhak Rabin, en 1995, n’a fait qu’envenimer cette fracture de la société israélienne, entre les tenants du Grand Israël d’un côté, et les partisans d’une paix négociée de l’autre. De ce fait, tous les autres sujets politiques sont passés au second plan. Certes, ils ont progressivement émergé depuis 2011, avec la Révolte des Tentes
à Tel Aviv, où le discours social a fait son éclatante apparition, et durant les manifestations de 2023 contre le projet de réforme judiciaire de Levin, mais le clivage droite-gauche autour des questions géostratégiques et sécuritaires n’a pas été entamé.
Il me semble que le 7 octobre nous oblige précisément à une reconfiguration du discours politique, qui doit tourner autour d’autres axes que celui-ci. En effet, la question de la sécurité d’Israël ne doit pas être matière à des batailles politiques ou idéologiques, comme ce fut le cas jusqu’ici. Car il est clair que face à nos ennemis, nous sommes tous unis. Or la question de savoir si les « Palestiniens », en bloc, sont nos ennemis, fut au cœur du débat politique israélien pendant des décennies. Aujourd’hui, après le 7 octobre, il est clair que c’est
le cas, à moins d’un revirement spectaculaire de l’opinion palestinienne. La question d’un État palestinien n’est plus à l’ordre du jour, ou en tout cas pas sous la forme où il a été envisagé jusqu’ici. Nous devons être unis face à nos ennemis, et Dieu sait s’ils sont nombreux aujourd’hui.
Toutefois, ce consensus espéré doit voler en éclats dès que nous abordons les deux autres axes du discours politique israélien, que j’ai mentionnés plus haut : la question sociale, et la question de l’identité de l’État entre juif et démocratique. Là, nous devrions avoir de vrais débats, car il s’agit d’enjeux de taille qui divisent la société israélienne, et à juste titre. Ils agitent des questions réelles, qui doivent préoccuper tous les
citoyens de cet État : comment redistribuer les richesses ? Comment bâtir une société juste, et pas seulement prospère économiquement, ne profitant en général qu’à une petite fraction de la société ? Sur l’autre axe, comment rendre cet État fidèle au double idéal qui l’anime : le judaïsme et la démocratie ? Et surtout, comment articuler ces deux idéaux, que certains tiennent pour incompatibles, voire pour contraires l’un à l’autre ? À partir de ces questions de fond, d’autres vont surgir, comme celle de notre rapport aux non-Juifs qui vivent avec nous sur cette terre. Voilà les vraies questions qui doivent désormais occuper la scène du politique israélien, des questions qui
doivent être débattues dans des échanges faits de fraternité et d’amitié, et non dans l’hostilité, voire la haine, comme ce fut le cas jusqu’ici. Mais ces débats devront attendre. À l’heure où j’écris ces lignes, fin juillet 2024, nous sommes encore aux prises avec une guerre qui n’en finit pas. Lorsque nous serons entrés dans un temps plus calme, plus propice à la réflexion, nul doute que ces questions resurgiront de plus belle, car ce sont les questions de l’avenir d’Israël, tout simplement. n
Rony Klein est un universitaire francoisraélien né à Tel Aviv en 1970. Il enseigne la philosophie et la littérature française, et il est l'auteur de Lettre, corps, communauté (en hébreu).
Les histoires du Baal Chem Tov
Par la grâce de Dieu, la vie de Yossef et de sa femme était bénie de richesses et de prospérité, mais ils étaient affligés d’un malheur qui leur pesait énormément : ils n’avaient pas d’enfant, pas de descendance pour honorer et perpétuer leur nom. Cependant, l’espoir leur en était toujours offert, sous la forme d’une bénédiction du saint Baal Chem Tov. En effet, Yossef se rendait chaque année auprès du Maître pour y puiser des conseils et des bénédictions ; et cette année-là, il osa demander la plus grande faveur qui soit : une bénédiction pour avoir enfin un enfant.
Le rabbi l’écouta attentivement et répondit : – Yossef, je suis prêt à intercéder auprès de Dieu pour que tu puisses avoir un enfant. Mais tu devras respecter scrupuleusement deux conditions : quand ta femme sera enceinte, elle ne devra en parler à personne jusqu’à la naissance de l’enfant. Et surtout, dès sa naissance, tu devras être très vigilant pour que ton enfant ne touche jamais le sol avant l’âge de trois ans et sa coupe de cheveux. Après cela, tu pourras le poser au sol comme tous les autres enfants.
Yossef accepta ces mystérieuses conditions sans hésitation et avec une immense gratitude envers son rabbi, même s’il ne comprenait pas les raisons de ces interdits… Enfin, leur souffrance allait prendre fin et ils pourraient goûter à la douce joie d’être parents ! Ils savaient avec certitude et confiance que cette bénédiction était précieuse, et qu’ils devaient respecter ces conditions à la lettre. Ils attendirent donc patiemment la naissance de leur enfant en s’efforçant de garder le secret ; et dès que leur petit trésor vit le jour, ils firent en sorte qu’il ne
touche jamais le sol, comme le Tzadik le leur avait prescrit, ce qui était difficile à respecter au jour le jour. Ce fut pour le couple un véritable sacrifice, mais ils étaient prêts à tout pour honorer cette bénédiction et en jouir. Aussi Yossef engagea-t-il des serviteurs pour veiller sur l’enfant jour et nuit, afin de s’assurer qu’en aucun cas il ne descende de son lit.
La troisième année arriva enfin – entretemps, le Baal Chem Tov avait déjà quitté ce monde – et les parents du petit garçon organisèrent une grande fête en l’honneur de sa coupe de cheveux, que l’on appelle le « 'halaké ». Toute la famille et tous les pauvres de la région furent conviés. Les invités commencèrent à affluer. Tandis que la maman du petit était occupée en cuisine, préparant des gâteaux pour la fête, la tante de l’enfant déambula dans les différentes pièces de la maison. Soudain, elle entendit un cri d’enfant
qui pleurait. Elle vit alors un serviteur tenant l’enfant qui se débattait en criant :
– Laisse-moi descendre ! Lâche-moi ! Je veux courir !
Je veux jouer comme les autres !
La tante, qui visiblement n’était pas au courant des injonctions du Baal Chem Tov, lança alors avec autorité au serviteur :
– Mais que faites-vous donc avec mon neveu ?
Lâchez-le ! Posez-le immédiatement par terre !
Le serviteur se prit à penser que cette proche de la famille avait sans doute suffisamment d’autorité et de légitimité pour qu’il lui obéisse. Dans la confusion, un peu perplexe et déboussolé par la situation, il déposa l’enfant à terre. Dès que ses pieds touchèrent le sol, le petit garçon disparut littéralement : il n’y avait plus d’enfant dans la pièce ! Il s’était totalement volatilisé !
Des cris de panique s’échappèrent de la chambre. Les parents affolés surgirent et demandèrent fébrilement : – Où est notre fils ? Où est-il ?
– Il… a… L’enfant a… disparu…, balbutièrent les serviteurs complètement abasourdis.
– Comment ça, il a disparu ?!
La détresse des parents était insoutenable. Yossef se souvint alors d’Adèle, la célèbre et sainte fille du Baal Chem Tov. Lorsqu’il s’apprêtait à quitter ce monde, le Juste avait donné certaines instructions à sa fille : l’une d’elles stipulait que lorsque des problèmes complexes se présenteraient ou que des bénédictions particulières seraient sollicitées, les 'Hassidim ne devraient pas hésiter à venir la solliciter. Elle irait alors prier sur la tombe de son père et recevrait des réponses. Yossef décida donc d’entreprendre le voyage pour Mezibouz et raconta son histoire à Adèle, qui lui répondit :
– Reste là, je vais me rendre auprès de mon père pour savoir la marche à suivre.
Après deux heures d’attente fébrile, Adèle revint de la tombe de son père et annonça avec gravité : – Yossef, mon père s’est révélé à moi. Retiens bien ce qu’il m’a demandé de te transmettre. Premièrement, tu vas devoir partir en exil, quitter ta maison et laisser ta richesse derrière toi. Tu n’emporteras rien avec toi. Ton exil durera onze mois. Durant cet exil, tu devras comptabiliser chaque jour qui passe : un jour en exil, deux jours en exil, etc. Deuxièmement, tu ne devras jamais dormir plus d’une nuit au même endroit. Tu demanderas l’hospitalité dans chaque endroit où tu iras. Tu te nourriras de l’aumône, de ce que les gens voudront bien te donner. Troisièmement, là où tu iras, tu devras raconter ton histoire. Et même si tu rencontres à deux reprises la même personne, tu devras lui raconter deux fois ton histoire.
Yossef accepta toutes les étranges conditions exposées par la fille du Tzadik. Il rentra chez lui et raconta tout cela à sa femme, qui accepta à son tour avec foi. Dès le lendemain, il quitta la maison, n’emportant absolument rien avec lui, laissant toute sa richesse derrière lui. Il partit en exil, errant de village en village, demandant la charité et comptant les jours de son exil. Les jours, les semaines et les mois s’écoulèrent ainsi. Comme il s’y était engagé, Yossef racontait son histoire à qui voulait l’entendre. Au dixième mois, totalement épuisé et affamé, il arriva dans un petit village. Une vieille dame, touchée par sa détresse, lui offrit l’hospitalité et une soupe chaude. Yossef, selon le pacte établi, lui raconta alors toute son histoire. La vieille dame l’écoutait avec attention, hochant parfois la tête comme si elle avait déjà entendu des récits similaires.
– Ah, c’était donc ça ! s’exclama-t-elle lorsque Yossef eut fini.
– Mais de quoi parlez-vous donc ? demanda Yossef, intrigué.
La vieille dame lui expliqua :
– Nous avons dans notre contrée un seigneur russe. Des années durant, il n’avait pas d’enfant. On raconte qu’il aurait fait appel à des sorciers qui, par le biais de divers sortilèges, auraient réussi à lui faire apparaître un petit enfant. Qui sait ? Peut-être que cet enfant est le tien ?
– Mais comment le saurai-je ? répondit Yossef, désemparé.
– Écoute, je sais que demain, justement, l’évêque de la région doit se rendre chez le seigneur, dans son palais, pour baptiser l’enfant. Il arrivera par la route que je vais t’indiquer. Tiens-toi sur cette route. On dit de lui que c’est un homme bon, un homme sage. Parle-lui, demande-lui de l’aide. Peut-être pourra-t-il te venir en aide. n
… à suivre dans le prochain numéro d’AJ MAG
Le mois d’Eloul se rapproche, date à laquelle les Sefaradim ont pour coutume de commencer les Seli'hot. Le moment est venu de conclure une année et de renouveler ses objectifs pour l’année qui arrive.
Cette année n’a pas été simple pour nous, elle nous a tous plus ou moins secoués. Notre zone de sécurité a vacillé face à l’instabilité et aux incertitudes auxquelles l’avenir nous confronte. Notre routine quotidienne a basculé. Soudain, notre liste de « choses importantes » à faire n’est plus si importante...
Dans des moments comme ceuxci, de nombreuses inquiétudes surgissent, ainsi que des pensées inhabituelles, plus substantielles, plus profondes : que puis-je donner dans cette situation ? Peutêtre est-ce le moment de quitter une vie confortable à l’étranger et de faire l’Alya ? Pour qui suis-je prêt à sacrifier ma vie ? Quel est mon rôle dans ce monde ? En général, au début de la nouvelle année et de la période des fêtes, il est bon de faire une introspection personnelle et de se demander : comment me suis-je comporté cette année ? Qu’est ce qui était bien et qu’est-ce qui ne l’était pas ?
Et surtout, que puis-je faire pour m’améliorer l’année à venir ?
Cette année, en plus d’une introspection personnelle, nous avons besoin de faire une « introspection nationale » : quelle est ma place dans ce qui s’appelle le peuple d’Israël, dont je fais partie, et sur la Terre d’Israël ?
La réflexion se décline en deux points.
Premièrement : qu’est-ce que j’apporte dans cette période de guerre ?
Nous avons lu énormément d’histoires de héros qui, le 7 octobre, sont descendus vers le Sud avec leurs armes privées, de leur propre gré et en risquant leur vie pour sauver des vies, de jeunes et de moins jeunes qui se sont portés volontaires dans les champs des villages en bordure de Gaza, de groupes de lecture quotidienne de Tehilim, de dons pour les soldats, de personnes faisant le tour des bases pour rendre les soldats heureux… Il y a eu une très forte et puissante lumière dans notre peuple ; tout le monde s'est impliqué et a
contribué au succès et à l'unité du peuple d'Israël.
Naturellement, au fur et à mesure du temps, l'enthousiasme des débuts retombe et se transforme en habitude, ou bien chacun retourne à sa routine quotidienne. Mais cette étincelle devenue flamme d’union et d'entraide doit continuer à brûler en nous et chacun doit réfléchir à la manière de l’entretenir. Nous vivons un moment où l’on ne peut pas simplement penser à soi, où nous devons aussi donner une place importante et un rôle central à notre peuple, à nous en tant que peuple.
Une des plus belles choses à laquelle on assiste est que précisément en ce moment, de nombreux Juifs immigrent en Israël – c’est tout simplement merveilleux à voir ! Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, nous avons vu beaucoup de Juifs immigrer en Israël, ce qui est tout à fait compréhensible puisqu’ils passaient d’un lieu de guerre à un endroit sûr. Mais aujourd’hui, c’est l'inverse qui
se produit : les Juifs immigrent en Israël en temps de guerre, car ils comprennent que c'est l'endroit idéal et qu'il est nécessaire de renforcer le peuple d'Israël sur la Terre d'Israël, maintenant plus que jamais.
Deuxièmement : en quoi puis je contribuer à l’unité du peuple d’Israël ?
Nous avons récemment jeûné le jour du 9 Av, en nous rappelant la destruction du Beit HaMikdach et la raison qui l’a entraînée : la haine gratuite. Parfois, cela nous semble exagéré ou incompréhensible d’imaginer que la haine ait pu conduire à cette catastrophe. Récemment j’ai visité Sdérot avec les autres directeurs du programme Massa. Lorsque nous sommes arrivés au niveau du commissariat de la ville, le guide nous a raconté les terribles combats qui se sont déroulés à cet endroit face aux terroristes le 7 octobre. J’ai alors soudain eu l'impression d'être dans la Vieille Ville de Jérusalem, à Chaar Tzion, en train d'écouter des récits sur la guerre d'indépendance de 1948 : comment ils ont attaqué, ce qu’il s'est passé, qui a été blessé… Cela ressemble à une histoire du passé, et pourtant cela s'est produit il y a seulement quelques mois – qui l'eût cru ? Chacun de nous est responsable de son comportement envers autrui. Nous sommes des gens simples, pas nécessairement à la tête de l'État, mais nous avons une influence sur nos amis, notre famille, nos élèves, et
cette influence est importante et puissante.
Nous sommes tous des frères ! La force du peuple d’Israël est dans notre unité. Nous avons tous la même essence et le même but. Nous pouvons ne pas être d'accord sur le chemin à suivre – et c'est très bien ! Nous pouvons discuter, nous pouvons être en désaccord, mais notre objectif est le même. Nous devons mener le débat entre nous et ne pas nous laisser mener par des personnes qui incitent à un discours incorrect. Il faut être très prudent quant à la diffusion de contenus montrant de la violence et de la haine. En ce mois d’Eloul, en pleine période de bilan de l’année écoulée et désireux d’améliorer l’année à venir, nous devons concentrer notre réflexion sur notre place
active au sein du peuple d’Israël, autour des points clés que nous avons évoqués.
Je partage avec vous deux phrases du Rav Kook, en espérant qu’elles nous inspirent pour atteindre un tel niveau de véritable amour libre, d'unité – et la victoire :
« Nous nous devons une grande et merveilleuse mesure d’amour. »
« Nous devons aimer notre frère, non pas d’un amour imposé par les lois humaines, mais du même amour sincère que l’on a pour un frère de sang. » n
Chana tova !
Yehouda Salama
Directeur du programme Gour Arié de préparation à l’armée israélienne pour les jeunes Juifs français Yehuda@betar.org.il
PAR ELIE KLING
Durant des décennies, les partisans de la paix maintenant et à tout prix nous ont doctement expliqué que la solution du conflit passait inévitablement par la négociation et le compromis. À ceux qui doutaient de la possibilité de parvenir à une paix durable avec des voisins qui, à l'évidence, n'en acceptaient pas même l'idée, on répondait à coups de slogans : « Quelle est l'alternative ? », « allons-nous vivre éternellement les armes à la main ? », « on ne choisit pas son ennemi », « c'est avec nos ennemis qu'il nous faut faire la paix », etc. Cet argumentaire se trouvait presque toujours renforcé par un précédent historique indiscutable : la France et l'Allemagne ne vivent-elles pas aujourd'hui en paix après des siècles de conflits, trois guerres dont deux mondiales et des millions de victimes ? Si la paix a été possible sur le Vieux Continent malgré les contentieux territoriaux et les haines ancestrales, pourquoi ne le serait-elle pas au Moyen-Orient entre Juifs et Arabes ? Ce qu'on oubliait généralement de rappeler, c'était que la paix franco-allemande ne devint possible et durable qu'après avoir transformé l'Allemagne en un immense champ de ruines, et lui avoir fait subir un long et systématique processus de dénazification.
La dénazification voulue et appliquée par les Alliés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale consistait en une épuration de la société, de la culture, de la presse, de l'économie, du pouvoir judiciaire et de la politique allemands de toute influence nazie.
De la même façon, tant que l'idéologie islamiste visant à rayer l'État juif de la surface de la terre ne sera pas expurgée de la société palestinienne, il n'y aura pas de solution au conflit. Et qu'on ne se berce pas d'illusions : ceci concerne tout autant le Hamas que l'Autorité palestinienne mise en place depuis les accords d'Oslo.
Le choc du 7 octobre devrait au minimum nous guérir de la politique naïve et dangereuse qui nous a si longtemps empêchés de regarder la réalité en face. La réalité, c'est qu'au moment où vous lisez cet article, la rue de Ramallah – capitale de l'Autorité palestinienne – qui mène de l’artère principale au quartier des hôtels de luxe s'appelle la rue du
Jihad. La réalité, c'est qu'à quelques mètres de là, le parlement palestinien est situé rue Khalil alWazir, qui n'est autre qu'Abou Jihad, l'homme des attentats terroristes des années 1970 et 1980. En sens opposé, vous tombez sur la rue Yahya Ayache, dit « l'ingénieur » : l'homme du Hamas, organisateur des attentats-suicides des années 1990. Et le rond-point d'à côté porte le nom de Dalal Mughrabi, la terroriste du Fatah qui a assassiné 35 civils israéliens en 1978 dans l'attentat de la route du littoral. Bienvenue en Palestine !
Vous vous souvenez du policier palestinien qui exposa fièrement ses mains dégoulinantes du sang de deux soldats israéliens égarés à Ramallah (voir photo ci-dessous) ? Le lynchage sauvage avait eu lieu au centre de police de la ville et les mains rouges sont aujourd'hui encore un symbole de fierté palestinien exhibé joyeusement jusque dans les manifestations propalestiniennes à Paris ou à Londres. Le flic aux mains rouges fut arrêté mais libéré lors de l'accord Shalit. Son arrivée triomphale à Ramallah fut
organisée par l'Autorité palestinienne dont le chef, Abou Mazen, prononça à cette heureuse occasion un émouvant discours de bienvenue au héros de retour chez lui.
Chez nos voisins, le crime terroriste est également rentable. Voici le tarif (tout ce qui suit est officiel et avéré) :
l Si vous êtes arrêté parce que vous vous êtes gentiment amusé à lapider un véhicule israélien et que, ce faisant, un bébé a été blessé, vous recevrez 2000 shekels par mois.
l Pour avoir poignardé un gosse de 12 ans et l'avoir mortellement blessé : 6000
l Si grâce à vous, votre victime devient paralysée à vie : 7000
l Si vous avez aidé votre copain, en lui fournissant l'arme et en lui indiquant la cible, à tuer un Juif qui se baladait en forêt : 8000
l Pour avoir réussi à assassiner Eythan Hankin et son épouse Naama sous les yeux de leurs enfants : 12 000
Bref, plus vous tuerez de Juifs et plus l'Autorité palestinienne vous récompensera.
Sachant que le salaire moyen d'un Palestinien est de 2987 shekels, vous comprenez que vous avez beaucoup plus intérêt à tuer des Juifs qu’à poursuivre une quelconque carrière. Être assassin pour la bonne cause, c'est un peu comme travailler dans la high-tech en Israël : cela vous assure un salaire confortable. En Israël, on ne peut pas se rappeler de tous les
Chabbat Choftim
6 septembre 2024-3 Eloul 5784
Jérusalem 18h16 19h32
Tel Aviv 18h36 19h34
Netanya 18h36 19h34
Chabbat Ki Tetsé
13 septembre 2024-10 Eloul 5784
Jérusalem 18h07 19h23
Tel Aviv 18h27 19h25
Netanya 18h27 19h25
Chabbat Ki Tavo
20 septembre 2024-17 Eloul 5784
Jérusalem 17h58 19h14
Tel Aviv 18h18 19h15
Netanya 18h17 19h15
Chabbat Nitzavim-VaYelekh
27 septembre 2024-24 Eloul 5784
Jérusalem 17h49 19h04
Tel Aviv 18h08 19h06
Netanya 18h08 19h06
Roch HaChana
3 et 4 octobre 2024 1er et 2 Tichri 5785
Entrée de la fête le mercredi 2 octobre 2024
Jérusalem 17h42
Tel Aviv 18h02
Netanya 18h01
Quand un individu se repent, regrette son passé et accomplit le bien, c’est là un acte si puissant que ses péchés se transforment en mérites.
Rabbi Chimon ben Lakich
attentats et du nom de toutes les victimes : il y en a beaucoup trop. Cependant, tout le monde se souvient de l’attentat de la pizzeria Sbarro à Jérusalem en 2001 : 16 morts dont Mordekhaï et sa femme Tsirel et trois de leurs enfants, 8 enfants tués, 140 blessés.
Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que le cerveau de l'attentat, Abdallah Barghouti, arrêté et condamné à la prison à vie, a déjà touché plus d'un million de shekels en vingt ans de prison… La famille du terroriste, quant à elle, a touché 238 000 shekels. Et si Ahlam Tamimi, qui avait choisi le lieu et l'heure, n'a pu recevoir que 182 670 shekels, c'est uniquement parce qu'elle a été libérée lors de l'accord Shalit. Finalement, l'Autorité palestinienne a déboursé plus de 4 millions de shekels pour cet unique attentat ! Et je ne vous ai encore rien dit sur les livres scolaires, les représentations de fin d'année dans les écoles et les jardins d'enfants, les prix littéraires et autres distinctions honorifiques accordés aux terroristes et à leur idéologie de mort.
Dénazislamiser nos voisins devrait donc être une condition incontournable pour tous ceux qui souhaitent réellement faire progresser la paix dans notre région.
Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n klingelie@gmail.com
PAR ARIELA CHETBOUN
Moïse parle à tous et à chacun. Il s’adresse, par-devers ceux qui sont présents en ce jour solennel, aux générations futures : nous-mêmes, chacun de nous aujourd’hui. « Nitzavim » est sûrement la paracha la plus vibrante d’amour ! Elle évoque la relation du Juif à son peuple et son engagement éternel – destin personnel et destinée collective irrémédiablement liés. Comme s’il n’y avait d’existence que par ce lien de l’un au tout.
Nous comptons en tant que peuple, chaque être juif fondu dans le collectif, s’annulant mais participant à ce grand corps inusable. Et tout autant, chacun reste unique et brille par sa nécessité, sa sidérante singularité : à tout jamais un seul « moi ». Le Juif ne se tient jamais seul. Il est indissociable de son peuple. Chacun compte devant le Créateur, chacun a de la valeur, grand prince de tribu ou modeste citoyen. C’est cela, être Juif. Savoir que, quelle que soit la valeur que la société m’accorde, très élevée ou insignifiante, je me sais en mon for intérieur d’une très grande valeur aux yeux du Créateur. C’est cette certitude indéracinable qui fait tenir le Juif debout, dans sa solitude, mais l’égal de ses congénères lorsqu’il est en miniane. Il est un prince et il n’est rien, rien d’autre que l’égal d’un autre Juif. Car chaque Juif détient
Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.
dans son cœur une parcelle de Lumière divine.
Chaque jour, nous dévoilons un peu plus notre personnalité unique, cette lumière personnelle que le Créateur veut nous voir exprimer dans son exception. Ta couleur, ta musique, ta grâce particulière, si différente de la mienne. Devenir qui l’on est, découvrir au long du chemin que je suis profondément seul, en ne l’étant jamais. Absolument différent mais toujours relié à mon peuple, parcelle de l’Unique. La Torah dit haYom, aujourd’hui, premier jour de l’année. Ce jour-là, Roch HaChana, chaque Juif choisit de renouveler l’Alliance. Une vie, mais aujourd’hui et chaque jour de celle-ci. Avec sa congrégation ou sans elle. S’imaginant seul en son immense liberté ou se sachant lié par tous les liens de la communauté d’esprit, de temps et de lieu à son peuple. Chacun avec ses qualités, sa voix singulière, mais aussi partie indistincte d’un tout indissociable. La spécificité du Juif, c’est de se tenir à chaque instant et pour toujours devant son Créateur, lié à son peuple même quand il veut l’ignorer, et unique aux yeux du Maître du monde.
C’est ce qu’enseigne « Nitzavim ». Le jour de son départ pour l’autre monde, Moïse réunit les Benei Israël et les fait se tenir ensemble devant Dieu pour s’engager à
jamais dans l’Alliance. C’est un moment charnière : les Hébreux s’apprêtent à entrer en Eretz Canaan et Moché passe le flambeau à Josué. Il faut les réunir avant que la guerre ne les sépare, que les tribus ne se scindent, chacune gagnant sa portion de territoire. Il doit les renforcer, mentalement et spirituellement, pour les guerres à venir, et pour qu’ils conservent leur identité individuelle et collective ainsi que leur unité jusqu’à la délivrance messianique. n
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Associant la douceur de la pomme, l’explosion juteuse des grenades, le croquant des noix de pécan, la richesse de la féta et la vivacité de la roquette, la fusion créative des saveurs de cette salade incarne l’esprit automnal à chaque bouchée. Une recette peu ordinaire pour garnir votre table de Roch HaChana, et dont la réussite ne requiert pas d’être un grand cuisinier.
Voici les ingrédients à avoir sous la main pour réaliser cette délicieuse recette :
l De la pomme (si possible Elstar). Si vous ne trouvez pas cette variété emblématique de l’automne, optez pour des pommes fermes, sans meurtrissures, ayant une texture croquante et une saveur sucrée pour une expérience gustative optimale.
l De la roquette, dont le délicat piquant ajoute une dimension épicée à la salade. Sélectionnez des feuilles fraîches, en évitant celles qui semblent flétries. La roquette apporte une touche de fraîcheur caractéristique de la saison.
l Des grains de grenade éclatants ajoutent une explosion de saveurs acidulées. Choisissez des grenades lourdes, avec une peau ferme et intacte. Les graines doivent être d’une teinte rouge profond, signe de maturité et de douceur.
l De la féta, fromage emblématique de la cuisine méditerranéenne, apporte une richesse crémeuse à la salade. Pour une expérience authentique, optez pour une féta grecque de qualité, achetée en bloc et coupée en dés. La féta est optionnelle si vous souhaitez que votre salade soit parvé
l Des noix de pécan qui ajoutent une texture croquante et une riche saveur. Assurez-vous qu’elles soient fraîches, sans signes de rancidité, et préférez-les non salées pour équilibrer les autres saveurs de la salade.
l De la vinaigrette maison contenant du vinaigre (de cidre de préférence), de l’huile d’olive, du sirop d’érable, du thym et de la moutarde. Cette combinaison apporte une harmonie de saveurs sucrées, acidulées et aromatiques à la salade.
Bon appêtit et Chana tova !
Mots fléchés
Solutions des jeux page 54
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Solutions des mots fléchés de la page 52
Encore aujourd'hui, certains continuent d'ajouter une barre horizontale au chiffre 7. Pour en connaître la raison, il faut remonter aux temps bibliques : après avoir gravi le mont Sinaï et récupéré les Dix Commandements, Moïse redescendit pour les transmettre à son peuple. Il leur lut alors, un par un, les commandements à haute voix. Arrivé au septième, il annonça bien fort : « Tu ne désireras pas la femme de ton prochain. » Il entendit alors un énorme brouhaha de contestation. Une voix d'homme s'éleva, plus forte que les autres : « Barre le sept, barre le sept, barre le sept ! »
Avraham ne se sent pas bien mais rechigne à aller chez le docteur à cause des tarifs élevés des praticiens. Il en parle à son ami Moché : – Je suis vraiment patraque mais j'ai peur d'aller voir le toubib, il va me ruiner !
– Eh ben, tu n'as qu'à aller voir le docteur Samuel. Il pratique un tarif dégressif. Quand on retourne le voir, la deuxième consultation est à moitié prix. Avraham se rend donc chez le docteur Samuel et lui déclare tout de go :
– Bonjour Docteur, c'est ENCORE moi !
Max le tailleur est dans son échoppe et son ami
Chmouel le cordonnier vient le voir. Il le trouve plongé dans la lecture du journal. Max est si concentré qu’il lève à peine la tête :
– Hé, Chmouel, quel bon vent t'amène ?
– Qu'est-ce que tu lis de si important pour être concentré à ce point ?
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– Je ne comprends toujours pas, déclare Chmouel, complètement désespéré.
– Oh là là !… Bon, troisième exemple : une femme va voir un rabbin. D'un côté tu as une femme, et de l'autre côté un rabbin. Deuxième cas : un rabbin va voir une femme. D'un côté tu as un rabbin, et de l'autre une femme. Mais ce n'est quand même pas la même chose.
– Ah, ça y est, je crois que j'ai compris. Cela dit, ça me dépasse qu'Einstein aille au Japon pour de telles bêtises !…
– Je viens de lire qu'Einstein est allé au Japon.
– Ah bon ? Tu sais, je vais te faire un aveu : je ne comprends rien à cette loi de la relativité.
Max lève le nez de son journal et lui répond :
– C'est pourtant très simple : c'est une chose qui a l'air d'être comme une autre chose, mais ce n'est pas la même chose.
Chmouel, abasourdi, ouvre de grands yeux ronds :
– Désolé, je ne comprends pas.
– Bon, je te donne un exemple : un type est assis sur un poêle brûlant, chaque seconde lui paraît une éternité.
Le même type a une jolie fille assise sur ses genoux, et chaque heure lui paraît comme une minute.
– Quoi, c'est ça, la relativité ? Ben, désolé, je ne comprends toujours pas.
– Bon, je vais te donner un deuxième exemple : un type donne un coup de pied dans le derrière d'un autre. Si l'on regarde la situation, l'un a un pied dans le derrière et l'autre un pied dans le derrière ! Mais ce n’est quand même pas la même chose pour chacun des deux.
À Brooklyn, dans une synagogue orthodoxe, certains Juifs veulent que les prières soient faites en anglais. Le rabbin proteste :
– Mais vous ne pouvez pas faire cela ! L'hébreu est la langue de nos ancêtres, c'est la langue sainte ! Soumettons la demande au vote du comité directeur. Malheureusement pour le rabbin, la proposition est acceptée à sept voix contre une – celle du rabbin.
Ce dernier lève les yeux au ciel et demande l'aide de Dieu :
– Dieu, fais quelque chose !
À ce moment-là, une voix céleste retentit dans la synagogue : « The rabbi is right, le rabbin a raison ! »
Les membre du comité sont ébahis. Mais après une courte réflexion, le président de la communauté déclare :
– Cela ne change rien ! Adopté à sept voix contre deux !
ל''כנמ
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