AJ Mag 6 Fevrier 2025

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Jeudi 6 février 2025

8 Chevat 5785

Nº 1017 | Mensuel

TSAHAL, L'ARMÉE DU PEUPLE : MODE D'EMPLOI MICHEL

HAZANAVICIUS : « DESSINE-MOI

UN JUSTE »

LES DRUZES DU GOLAN : ENTRE ESPOIR ET INQUIÉTUDES

M.G. WOLKOWICZ : « LE FILM DE J. AINOUZ

DONNE IMAGE

AU LANGAGE »

ARRÊT SUR IMAGE

Daniella Gilboa, Liri Albag, Naama Levy, Karina Ariev et Agam Berger enfin réunies après l’enfer d’une captivité débutée le 7 octobre
Daniella Gilboa Liri Albag
Naama Levy
Karina Ariev Agam Berger

ÉDITORIAL

Consomma-Sion

Le traitement médiatique de la libération des otages doit nous interroger. Une réflexion éthique à l’échelon national n’aurait-elle pas été salutaire pour un pays dont le supplice est jeté en pâture aux yeux du monde depuis le 7 octobre 2023, souvent dans l’indifférence ? Depuis la première libération de certains de nos frères et sœurs le 24 novembre 2023, nous avons pourtant eu du temps et du recul pour analyser et réfléchir aux conséquences d’une exposition aussi crue dont les enjeux baignent dans le clair-obscur. Retransmettre en direct, pendant des dizaines d’heure, le processus de libération d’Israéliens traqués et troqués en utilisant les mises en scène indécentes de nos pires ennemis, est-ce utile ?

Passer en boucle les mêmes images jusqu’à la nausée, est-ce utile ?

Nous plonger, à notre insu, dans un cruel voyeurisme, est-ce utile ?

Bien sûr, nous avons besoin de voir le retour des membres de ce qui est devenu notre famille. Mais quelques clichés auraient été suffisants pour nous rassurer. S’y rajoutent encore les commentaires de journalistes qui, sans plus aucune retenue, livrent leurs émotions et leur vision de la caricature guignolesque voulue par le Hamas : « C’est le plus beau message de victoire et de courage de la part de ces femmes qui sourient sur ce podium ! », nous disent-ils. Ce message ne rencontre pas ce que je ressens, qui s’apparente plutôt à de l’effroi et de l’humiliation face à ce qui a été imposé à ces êtres humains capturés et séquestrés. Je ne vois pas de victoire dans l’exhibition de ces femmes dont le sourire ne me renseigne en rien sur leur état profond mais dont on ne cesse de dire qu’« elles ont l’air d’aller bien ! »

Le récit de la libération de Doron, Emily et Romi, le 19 janvier, m’avait quant à lui surprise en ce qu’il ne faisait quasiment pas mention du sacrifice enduré par les jeunes soldats et leurs familles pendant ces longs mois de combats à Gaza. Face aux incessants appels des journalistes à dire pardon aux otages (de ne pas les avoir libérées plus tôt), j’ai éprouvé une véritable honte pour tous nos fils, vivants dans le meilleur des cas, blessés ou morts dans le pire. Eux aussi doivent-ils demander pardon ?! N’ont-ils pas assez abandonné femmes, enfants, fiancées, mères et pères, études et travaux, rêves et voyages, bravant les pires dangers pour aller chercher nos 'hatoufim vivants ou morts ? Il ne s’agit pas de remettre cet accord en question mais de s’interroger sur le récit qui nous en est fait – quel message veut-on nous faire absorber de part et d’autre du curseur ? – car nous sommes bien plus que des consommateurs avides. Nous vivrons de libération en libération, en apnée, jusqu’au 2 mars, date présumée de la fin de cet écœurant accord au compte-goutte validé par les nations, la Croix-Rouge et tous les autres complices silencieux de ce trafic d’êtres humains innocents contre des terroristes aux mains tachées de sang. Mais chaque homme, femme et enfant est un miracle qui nous revient. Alors cessons de nous flageller et de désigner l’autre (au sein de notre peuple) comme coupable. Tentons de nous concentrer sur l’immense amour qui remplit les cœurs de ceux qui retrouvent les leurs, sur chaque famille réunie et sur cette grande famille qu’est le pays tout entier, qui attend le retour de tous les siens. Restons humbles, calmes et réservés pour vivre ce qui est plus grand que nous.

5 CARTES SUR TABLE

Ils partiront et nous laisseront enfin en paix

6 À L'AFFICHE

l 7 octobre. Un crime sans nom : un film de J. Ainouz

l Donner image au langage : l’analyse de M. G. Wolkowicz

11 BOUILLON DE CULTURE

• Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste »

• Nelly Tagar : l’actrice israélienne francophile qui monte, qui monte…

16-33 DOSSIER

TSAHAL :

NOTRE BOUCLIER

sommaire n° 1017

34 SOCIÉTÉ

Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes

38 INTERVIEW

Tomer Margalit et Orel Chalaf : résister par la danse et le courage

42 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Le chemin du Sanhédrin : la première start-up pour le Tikoun haMidot

44 SANTÉ

Les aliments de « nature chaude » pour l’hiver

50 JUDAÏSME

Itaï Ashkenazi, petit-fils de Manitou : une histoire de transmission

ET AUSSI... Leadership (37), Livres et vous (46), Tribune (48), Recette (49),

Le Kling du mois (52), Judaïsme (54), Jeux (58-60), Immobilier (61)

Ils partiront et nous laisseront enfin en paix

Les commémorations liées aux 80 ans de la libération des camps de concentration et des centres d'extermination d'AuschwitzBirkenau interrogent. Où était le Premier ministre d'Israël ? Son absence liée au fait qu'il doit avant tout se concentrer sur la guerre et la libération des otages est également due à une autre raison. C’est aussi parce qu'il y a un risque qu'il soit jugé en Pologne pour crime de guerre que Bibi ne s'y est pas rendu. En attendant, une dizaine de chefs d'État s'y sont réunis pour commémorer le souvenir de Juifs… morts. Car lorsqu'il s'agit de Juifs exterminés à une époque où l'État d'Israël n'existait pas, tout le monde s'émeut et se met au garde-à-vous. Mais lorsqu'il s'agit du peuple « fier et dominateur » – comme disait De Gaulle –, du peuple en vie qui se bat contre ses ennemis, dans ce cas, non seulement on préfère le critiquer, mais en plus on menace de le juger pour crime contre l'humanité. Les valeurs sont inversées, plus personne n'a plus honte de rien.

Tout cela alors que dans le même temps, la vie dans l'Hexagone, elle, poursuit son cours… 1570 actes antisémites ont officiellement été recensés en 2024. Vu qu'une enquête de l'Union Européenne indique que 80 % des Juifs agressés ne portent pas plainte par peur de représailles, cela veut dire qu'au moins 6000 actes antijuifs auraient été commis l'année dernière. Dans ce contexte, l’ordre de priorités devrait être bien différent. Plutôt que d'aller à la rencontre de nos morts, ces présidents, Macron le premier, devraient avant tout s'inquiéter de ceux qui sont vivants. D'abord des Juifs qui vivent en France, en renforçant sérieusement la sécurité les concernant. Ensuite, des Juifs qui vivent en Israël – quoique, pour ce qui est de ces derniers, ce n'est fort heureusement pas son rôle de les protéger ni de leur donner les moyens de se défendre. Ils n'attendent rien de lui. Par contre, il ferait bien une bonne fois pour toutes de prendre exemple sur le combat que nous menons et de faire de même. Sinon, les terribles prédictions du best-seller de Houellebecq Soumission

se réaliseront et une gigantesque menace pèsera sur tous. Est-il trop tard ? Peut-être. Malgré cela, il est du devoir du monde, et dans son intérêt, de tirer des leçons de notre combat et de s'en inspirer. Et que ceux qui ne comprennent rien et qui se sentent plus humanistes que le peuple juif ne fassent rien, qu'ils attendent de se faire frapper. Mieux : qu'ils réalisent la bonne idée de Trump et fassent venir chez eux ces centaines de milliers de terroristes qui vivent à Gaza. Ils partiront et nous laisseront enfin en paix. n

À L'AFFICHE

Donner image au langage

Le 27 février aura lieu à Tel Aviv la projection du film de José Ainouz : 7 octobre 2023. Un crime sans nom. Ce film sera au cœur d’un débat

auquel participeront Sam Tyano, professeur émérite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie, à l’origine de cette initiative conçue comme un moment de partage nécessaire.

AJ MAG : Pourquoi cette projection ?

Michel Gad Wolkowicz : J’avais déjà organisé une rencontre à l’Institut Français peu après le 7 octobre et j’avais compris l’importance de se rassembler, d’essayer de se donner une représentation de ce qui s’était passé, car traumatisés que nous étions tous, nous avions des difficultés à donner un sens à notre rapport à ce massacre. De nombreuses personnes ne parvenaient pas à se figurer ce qui se passait. Il est important de pouvoir mentaliser ce que nous avons vécu, de se construire une sorte de « peau psychique » pour affronter cela. À cet égard, le film de José Ainouz me semble être parfaitement en mesure de donner une image au langage. Sans rajouter un traumatisme sur le traumatisme par des images trop crues, ce type de narratif peut avoir une fonction thérapeutique.

Ce film intervenant près d’un an et demi après le 7 octobre, le fait de ne plus être dans l’immédiateté lui permet-il toujours de jouer ce rôle ?

L’histoire du traumatisme n’est pas finie. Ce que

nous vivons avec la libération des otages réactive ce traumatisme car ses modalités nous placent au cœur d’un tumulte de sentiments contradictoires extrêmement difficiles à vivre. L’importance du récit et de la conarrativité est fondamentale ; cela permet de resymboliser quelque chose. Car le traumatisme, c’est avant tout le langage anéanti. En partageant un récit, naît ce que je nomme la « tiercialité » qui permet de se réapproprier une histoire qui nous a détruits. Peu importe si cette histoire est toujours en cours, comme nous le vivons actuellement. Le process, lui, est, bien présent.

Pourquoi invitez-vous également Sam Tyano, qui a mis en place quasiment toute la pédopsychiatrie institutionnelle de l’enfant, mais également de l’adolescent, en Israël ? Il me semble intéressant de présenter deux approches du traumatisme, selon les points de vue de la psychiatrie occidentale et anglo-saxonne en vigueur en Israël. Cette dernière place l’événement au cœur

À L'AFFICHE

du traumatisme ; et tout est donc mis en place, via des outils relevant des thérapies comportementalistes et cognitivistes, pour tenter de « flouter » cet événement afin de permettre aux gens de redevenir performants et fonctionnels de manière rapide et efficace. L’approche occidentale, psychanalytique notamment, envisage l’événement traumatique à l’aune de l’histoire personnelle, selon qu’il vient ou non réactualiser, réactiver des failles vécues dans l’enfance. C’est la raison pour laquelle différentes personnes exposées à un même événement ne réagissent pas toutes de la même manière. À mon sens, ne s’occuper des traumatismes qu’en surface est une bombe à retardement. Il est important de les traiter en profondeur.

La société israélienne n’est-elle pas « thérapeutique » dans les liens très profonds qu’elle tisse au quotidien ? Le fait d’être entouré, au bureau, à l’école à la koupat 'holim, par des personnes qui partagent le même destin, n’est-ce pas en soi une sorte de filet de l’affect, qui guérit ou du moins apaise ?

Le sentiment d’une possibilité d’identification les uns aux autres, d’un fonds commun, quasi phylogénétique, transgénérationnel, d’un surmoi collectif, participe de la constitution d’une « peau psychique » collective qui restaure en partie les profondes blessures narcissiques

Septembre 2024 : une nouvelle aile dédiée au traitement des traumatisme liés à la guerre est inaugurée au centre médical Ziv de Tzfat. © Flash90

singulières, les deuils et les pertes tragiques, et donc les forces émotionnelles, de vie et de résilience. Cependant, cela ne remplace aucunement une prise en charge individuelle intense et prolongée, dans laquelle se tisse une profonde relation de confiance entre le sujet et l’analyste, et où le temps de chacun est respecté, le temps nécessaire pour reconstruire un processus interne de symbolisation et de subjectivation, pour inscrire l’événement traumatique dans son histoire intime, afin que son identité ne s’y réduise pas de façon totalisante et chronique, ni qu’il soit refoulé dans une partie clivée de sa personnalité, au risque de la constitution d’un « faux self », d’une dissociation et d’un futur effondrement psychopathologique. n

Propos recuillis par Anne-Caroll Azoulay

7 octobre 2023. Un crime sans nom, de et en présence de José Ainouz, réalisateur et historien, et avec la participation au débat de Sam Tyano, professeur émérite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie

Mercredi 26 février 2025 à 14h

Cinémathèque de Tel Aviv - 5 rue HaArbaa, Tel Aviv-Yafo Inscription sur place à la cinémathèque

PAF : 29 shekels

À L'AFFICHE

José Ainouz :

Après avoir longtemps enseigné l’histoire, José Ainouz (cicontre) a entamé une seconde carrière en tant que cinéaste documentariste il y a une vingtaine d’années. Le monde africain, dogon particulièrement, le passionne. Mais un jour, à la suite d’une conférence de Katy Hazan sur les enfants de la Shoah, il a été touché par « une question existentielle » ayant directement trait à son identité. « Je me suis dit que je devais arrêter de faire des films sur l’Afrique pour me consacrer au rapport à ma propre culture », se souvient-il. « Après un film sur les Juifs du Nigéria où j’ai rencontré des Juifs africains qui lisent parfaitement la Torah, j’ai réalisé un film sur l’association de secours d’urgence Hatzalah, qui m’a fait entrer au cœur de la préoccupation existentielle de l’État d’Israël dans ce conflit avec le monde arabe. » Revenu en France, il apprend le procès intenté à l’historien Georges Bensoussan et lui propose de faire un film. Ce puzzle identitaire mis en place, le 7 octobre intervient alors comme une vraie déflagration. Ce jour-là, José Ainouz se trouve en France, dans son petit village de l’Oise. Il découvre l’horreur à la radio, puis sur i24NEWS : « J’entends pour la première fois les noms de ces kibboutzim massacrés : Nir Oz, Be'eri, Kfar Aza. J’étais dans la plus parfaite sidération. »

Le 7 octobre a réveillé en moi une peur existentielle de l’anéantissement

À L'AFFICHE

Cela réveille en lui « une peur primordiale de l’anéantissement. Immédiatement, les images de pogroms en Biélorussie, en Ukraine ou en Algérie me reviennent, en même temps que la fameuse question : comment cela a-t-il pu arriver ? »

Trois jours plus tard, il décide de partir en Israël : « En tant que documentariste et historien, je ne me voyais pas rester chez moi.

Et puis, j’ai de la famille en Israël et j’éprouvais l’impérieux besoin de rendre compte de ce qui s’y passait. D’une certaine façon, ne pas y être relevait de l’abandon. Je devais faire ce que je savais faire. »

Très vite, il réunit un minimum d’argent pour démarrer le film. Le premier parti pris du réalisateur est de documenter l’événement afin d’avoir « des récits historiques que personne ne pourrait nier ». Face aux réseaux sociaux inondés par les immondes images du Hamas, José Ainouz regarde, classe, recoupe les images, accompagné par la précieuse grille de lecture de Georges Bensoussan qui lui fait « prendre conscience que le 7 octobre ne relevait pas d’un conflit territorial mais bien d’un combat

existentiel que nous devions mener face à des ennemis qui voulaient éradiquer la présence juive en Israël ». Disposant de peu de moyens, il est pourtant aidé et soutenu par une vraie machine humaine d’entraide.

« Les gens du kibboutz Na'hshonim ont été adorables, ils m’ont hébergé et aidé à trouver les contacts, tout s’est enchaîné à un rythme extrêmement soutenu. Grâce à cela, j’ai pu interroger de très nombreuses personnes que l’on voit dans le film. » Conseillé par un ami rabbin et un psychanalyste, il laisse les témoins parler, intervenant peu, et leur permettant d'exprimer avec pudeur leur histoire et leur ressenti.

José Ainouz dit avoir « pris conscience de son identité, de la culture juive, de l’importance qu’Israël représente pour la sécurité du peuple juif. Israël est fondamental à mes yeux. Le 7 octobre et le film m’ont permis de comprendre qu’Israël est un combat culturel et anthropologique. Il faut qu’Israël vive. » n

Anne-Caroll Azoulay

BOUILLON DE CULTURE

Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste »

Le cinéaste français

oscarisé (pour The Artist) a présenté lors du quarantième Festival du film international de Haïfa, ainsi qu’à Tel Aviv, son premier film d’animation : La plus précieuse des marchandises. Une histoire solaire dans l’ombre de la Shoah, adaptée du conte éponyme de JeanClaude Grumberg et dont les principaux protagonistes sont des Justes. Rencontre.

Invité à présenter son dernier opus lors du Festival international du fim de Haïfa, dont le coup d’envoi a été décalé de trois mois au 31 décembre en raison des tirs du Hezbollah libanais, le réalisateur Michel Hazanavicius a tenu son engagement. Le cinéaste français

(OSS 117, The Artist, Le Redoutable…), qui avait honoré le public israélien de sa présence lors de l’ouverture du Festival international du film de Jérusalem en été 2017, après avoir été l’invité d’honneur du Festival du film étudiant de Tel Aviv l’année précédente, a répondu présent à la mijanvier pour une mission délicate. lll

BOUILLON DE CULTURE

lll Il s’agissait cette fois d’accompagner la sortie en salle (le 23 janvier) de son premier film d’animation, et sans doute son œuvre la plus personnelle : La plus précieuse des marchandises, une histoire solaire campée dans l’ombre de la Shoah, dont les principaux protagonistes sont des Justes. En choisissant d’adapter le conte éponyme de Jean-Claude Grumberg, un vieil ami de ses parents, le réalisateur appuie de toute évidence sur une douloureuse touche mémoire. Michel Hazanavicius, dont les grands-parents et les parents, d’origine lituanienne et polonaise, ont survécu à la Shoah, a pu en prendre la mesure lors de l’échange qu’il a eu avec le public à l’occasion d’une avant-première organisée au cinéma Lev de Tel Aviv.

« Je voulais vous dire que j’ai été très émue et touchée par le film. Et je souhaitais vous remercier qu’on en reparle quatre-vingts ans plus tard. Je suis une petite-fille de déportés. Ma famille a été raflée au Vél' d’Hiv' en juillet 1942 », a confié une spectatrice au cinéaste dans la foulée de la projection – et ce, alors que le monde commémore en ce début d’année le quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz. Pour autant, Michel Hazanavicius a tenu à souligner que La plus précieuse des marchandises n’est pas une histoire sur l’horreur ou sur les camps. « C’est très difficile de représenter les camps. Je ne me voyais pas montrer des figurants prétendant être un convoi de déportés », a-t-il précisé. Aux spectateurs qui se sont étonnés que les mots « Juif » ou « Auschwitz » ne soient pas mentionnés dans le film (ils le sont dans le livre), le cinéaste a répondu que l’esthétique du conte

est une façon de rendre l’histoire plus universelle. Évoquant l’histoire de cette enfant juive sauvée par un couple de bûcherons durant la Seconde Guerre mondiale, il a insisté sur le fait que nous avons tous le choix de devenir ces personnages. « Nous pouvons tous êtres des victimes ou des bourreaux. Mais nous pouvons aussi être des Justes, faire cette expérience du libre arbitre. » Michel Hazanavicius, ancien étudiant en arts qui n’avait jamais montré ses dessins qu’à son entourage immédiat, est également revenu sur son choix de faire un film d’animation : « Toute la question de ce film a été de trouver la bonne distance. Pendant des années, la fiction n’était pas la bienvenue pour aborder l’Holocauste. Le film Shoah de Claude Lanzmann, basé sur des témoins, faisait figure de

dogme. Mais maintenant que les survivants disparaissent et que l’on s’éloigne de l'événement, la fiction a investi le terrain. Enfin, l’animation correspond bien à l’idée de ne pas être trop lourd. Il n’y a pas de horschamp. Il n’y a rien d’autre que ce qui est dans l’image. Le reste n’existe pas. Donc, de manière un

BOUILLON DE CULTURE

peu paradoxale, les dessins sont plus près de la vérité, au sens où ils ne mentent pas. »

À la fin de ce chef-d’œuvre animé qui a été présenté en compétition au Festival de Cannes et dont le narrateur n’est autre que le regretté comédien Jean-Louis Trintignant (disparu en 2022), une phrase ne

manque pas de résonner : « Vous voulez savoir si c’est une histoire vraie ? Bien sûr que non, pas du tout. Il n’y eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer d’urgence leurs marchandises. » Ce que Michel Hazanavicius commente ainsi : « Je pense que ce trait d’humour de Jean-Claude Grumberg est brillant. C’est une façon de dire : c’est une fiction, mais

tout le monde sait que c’est pour de vrai. »

Avec La plus précieuse des marchandises, le réalisateur, qui a publié l’été dernier une tribune incisive dans le quotidien Le Monde sur la banalisation de l’antisémitisme, peut en tout cas s’enorgueillir d’offrir un film humaniste, porteur d’espoir et « animé par les forces de la vie ». n

Nathalie Hamou

BOUILLON DE CULTURE

Nelly Tagar : l’actrice israélienne francophile qui monte, qui monte…

Le public francophone connaît sans doute son visage, mais pas forcément son nom. Distinguée il y a quelques années à l’international comme l’une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération, l’actrice et standuppeuse israélienne Nelly Tagar enchaîne les succès depuis le film Zéro motivation qui l’a révélée au grand public, non seulement en Israël mais aussi à l’étranger. Elle évoque sa carrière, ses projets, ainsi que sa passion de toujours pour la culture et la langue françaises.

AJ MAG : Avez-vous réalisé un rêve de longue date en devenant actrice ?

NellyTagar : J’ai joué dans mon premier film à l’âge de dix ans. À ce moment-là, j’ai réalisé que la vie pouvait être incroyablement belle, qu’on pouvait se lever le matin et avoir un travail comme celui-là. Je savais intérieurement que je voulais faire ce métier, mais cela a été difficile à faire accepter à mes parents. Je viens d’une famille d’avocats et de dentistes, où les professions artistiques ne sont pas valorisées. C’est aussi la mentalité en Israël : ici, le métier d’acteur n’est pas vraiment considéré, à moins de devenir une star. Mais depuis, j’ai fait ma place et ma mère est vraiment fière de moi.

Racontez-nous l’aventure du film Zéro motivation… Ce film a évidemment marqué un tournant dans ma carrière. Il est arrivé à un moment plutôt difficile du point de vue professionnel. Je venais d’être licenciée par le théâtre Cameri après une interprétation de Juliette dans Roméo et Juliette qui avait été très critiquée.

Les gens trouvaient que je ne correspondais pas à l’image classique qu’ils se faisaient du personnage. J’ai pourtant continué à croire en moi, et le rôle dans Zéro Motivation est arrivé. Le film a eu un énorme succès en Israël et à l’étranger. C’était fou de voir un film sur un sujet aussi typiquement israélien que l’armée remporter une si forte adhésion. Il a été primé au Festival Tribeca et m’a valu d’être désignée comme l’une des vingt révélations de l’année par IndieWire.

Après ce film, vous avez enchaîné les succès, avant de vous lancer dans le stand-up…

J’ai ensuite eu la chance de jouer dans la série Mes sœurs formidables, grâce à laquelle j’ai remporté l’Ophir de la meilleure actrice dans un rôle comique. Cette même année 2016 est sorti le film Past Life sur la Shoah, dans lequel je jouais pour la première fois un rôle dramatique. Travailler avec le réalisateur Avi Nesher a été une vraie consécration à mes yeux. Puis est venue la période du Covid, particulièrement difficile pour les acteurs en Israël et partout ailleurs.

BOUILLON DE CULTURE

Le monde du stand-up m’attirait beaucoup mais à l’époque il était presque exclusivement masculin. J’avais également le sentiment que pour réussir dans ce milieu, il fallait forcément être vulgaire, ce que je ne suis pas du tout. Mais j’ai finalement dépassé mes réticences et je me suis lancée, motivée aussi, il faut le dire, par le besoin de continuer à gagner ma vie. Je m’épanouis beaucoup dans le stand-up, j’aime le rapport direct avec le public et la liberté dont je jouis. J’y parle de ma vie d’actrice, de mère, de mes inquiétudes pour l’avenir… Faire du stand-up et jouer dans des films sont deux choses très différentes : la première nécessite de trouver en soi ce que l’on veut dire et écrire, tandis que la seconde permet, à travers les mots et la vision d’autres que soi, de découvrir et d’explorer des parts de soi-même que l’on ne connaît pas. J’aimerais maintenant écrire des scénarios, c’est un projet qui me tient à cœur.

Vous êtes une vraie francophile. D’où vous vient cet amour de la langue et de la culture françaises ?

Sans doute d’un proche ami de mon père qui était peintre et vivait à Paris. Chaque année, il séjournait chez nous avec sa famille pendant trois semaines. J’adorais les entendre parler entre eux. La langue française me semblait beaucoup plus adaptée à la relation parents-enfants que l’hébreu. Je préférais largement entendre « arrête ! » que « daï kvar ! ». J’ai d’ailleurs inscrit mon fils dans un gan [école maternelle] francophone. Il réalise un peu mon rêve par rapport à la langue et la culture françaises.

Un acteur qui fait son Alya de France peut-il réussir en Israël ?

Oui, sans aucun doute. À partir du moment où il maîtrise la langue, il peut se faire une place. Le fait qu’il conserve un accent n’est absolument pas un problème. Israël, qui s’est développé grâce aux vagues d’Alya successives, est particulièrement tolérant vis-à-vis des accents et même des fautes de langue. Ce n’est pas comme en France où un acteur pourrait se voir mis de côté en raison de son accent.

La connaissance de la culture israélienne est-elle selon vous un facteur d’intégration ?

C’est absolument évident. Notre degré d’intégration dépend de la manière dont on s’approprie la culture d’un pays. C’est d’autant plus vrai en Israël où l’on peut vivre facilement sans maîtriser la langue et en restant dans sa communauté. Mais c’est manquer une dimension fondamentale. n

Interview réalisée par Cathy Choukroun pour Studio Qualita

TSAHAL : NOTRE BOUCLIER

Un dossier réalisé par Nathalie Sosna-Ofir

DOSSIER

Tsahal : plus qu’une armée

Depuis sa création en 1948, Tsahal est bien plus qu’une simple armée : elle incarne l’âme du pays. Bien que fragilisée par la tragédie du 7 octobre, c’est un pilier fondamental de l'identité nationale, et le garant de la survie de la Terre d’Israël et de l’État juif.

Créée en pleine guerre d'Indépendance, Tsahal, issue de structures paramilitaires telles que la Haganah, le Palma'h et l'Irgoun, a débuté sur de modestes bases. Elle a su développer et conserver un avantage qualitatif grâce à son armée de l’air et à la modernité de ses systèmes d'armement – dont plusieurs sont conçus et produits en Israël. Cependant, l'idée d'une supériorité technologique qui permettrait d’assurer la victoire sans mener une guerre classique peut s'avérer dangereuse. Ce qui fait la force de Tsahal, ce sont avant tout la qualité de ses soldats, formés pour se battre et risquer leur vie afin de protéger leur pays dans le respect de la dignité humaine, et sa capacité à se remettre continuellement en question pour relever de nouveaux défis. Ces atouts lui ont permis de remporter tous les conflits majeurs contre les armées arabes, avec des victoires décisives dans des contextes critiques, comme lors de la guerre des Six Jours en 1967 et celle de Kippour en 1973. Tsahal combat également la haine persistante des groupes terroristes sur les fronts sud et nord, et sur celui de la Judée-Samarie. Elle mène de nombreuses opérations contre les groupes palestiniens – Hamas, Djihad islamique… – ou contre le Hezbollah afin d'assurer la sécurité du pays.

En dépit des failles du 7 octobre, Tsahal continue d’incarner une armée

innovante, résiliente et profondément enracinée dans les valeurs de son peuple.

Les défis sont immenses. La tragédie du 7 octobre a rappelé à quel point les menaces peuvent évoluer rapidement et surprendre, tout en révélant des failles majeures dans le système de défense du pays, au sein de la classe politique, des services de renseignement – et de l’armée, qui a cependant su se relever en quelques heures. Au-delà de sa mission militaire, Tsahal joue un rôle central dans la société israélienne. Le service militaire obligatoire pour les hommes et les femmes est un rite de passage, contribuant à forger l'identité nationale. Il offre aussi une opportunité unique d’intégration pour les nouveaux immigrants. Le rôle des réservistes est également essentiel. Ces citoyens-soldats, qui reprennent l'uniforme en cas de besoin, incarnent l’esprit de solidarité nationale. Après le 7 octobre, 300 000 réservistes ont été mobilisés et des milliers d’autres se sont portés volontaires, démontrant le profond attachement de la société israélienne à son armée. Nombreux sont ceux qui sont tombés pour la défense du drapeau. Tsahal est l’une des armées les plus inclusives au monde dans son désir de favoriser l’égalité et la diversité. Elle intègre dans ses rangs des homosexuels, des personnes en situation de handicap et des jeunes

DOSSIER

aux besoins spécifiques. Cependant, la question du « partage du fardeau » demeure un sujet de vif débat, alimentant les frictions sociales et politiques. Depuis la création de l’État d’Israël, une partie des ultraorthodoxes a été exemptée du service militaire pour des raisons religieuses. En dépit des accusations constantes de disproportionnalité dont elle fait l’objet, Tsahal valorise la vie humaine, même ennemie, avertissant les populations de futures frappes pour permettre aux civils de se mettre à l’abri, et menant de nombreuses opérations humanitaires. La première, en 1953, a vu la marine israélienne venir à l’aide de la Grèce après un tremblement de terre. En 1994, Tsahal a envoyé 270 personnes à Goma, au Congo, pour aider les réfugiés qui fuyaient la guerre civile au Rwanda. En 2006, après l'effondrement d’un immeuble à Nairobi, Tsahal a envoyé 80 soldats pour secourir les victimes. De 2016 à 2018, Tsahal a fourni des soins médicaux et une aide humanitaire aux Syriens dans le besoin, notamment sur le plateau du Golan.

Sur le plan militaire, Tsahal entretient d’étroites relations avec des armées étrangères, notamment

celle des États-Unis, un allié stratégique. Les exercices conjoints, comme « Juniper Cobra », renforcent la préparation face aux menaces globales, tandis que les transferts technologiques illustrent une collaboration mutuellement bénéfique. Des échanges avec des armées européennes et asiatiques témoignent de l’influence de Tsahal sur la scène internationale. En dépit de la faille du 7 octobre, Tsahal continue d’incarner une armée innovante, résiliente et profondément enracinée dans les valeurs de son peuple, toujours aussi déterminée à garantir non seulement la sécurité de la nation, mais aussi son avenir dans un environnement hostile.

Ah, encore une chose : Tsahal dispose-t-elle ou non de l’arme nucléaire ? Eh bien, ne comptez pas sur nous pour vous le révéler. Les autorités israéliennes ne l’ont ni confirmé ni infirmé. Il s’agit d’un secret qui relève davantage de la doctrine stratégique, car cultiver l’ambiguïté est beaucoup plus avantageux qu’une officialisation. Ainsi, à AJ MAG, nous choisissons de confirmer que cette installation surmontée d’un dôme en acier si bien gardée à Dimona est bien une usine de textile… n

« L'usine de textile » de Dimona...
© FLASH90

DOSSIER

Au service de la nation

Le processus

d’incorporation débute à l’âge de 16 ans avec la réception du « Tzav richone », la convocation à une journée de tests visant à évaluer les aptitudes physiques et mentales des futurs conscrits. Certains postuleront à des unités combattantes ou d’élite, Sayeret Matkal ou Shaldag, si leurs aptitudes le leur permettent.

D’ailleurs, le service combattant a été exceptionnellement sollicité après le 7 octobre. La session de recrutement de l’été 2024 révèle que les unités de défense aérienne, d’infanterie frontalière et de renseignement de combat ont dépassé 120 % des objectifs, avec un record de 159 % pour l’artillerie féminine. Ces taux très élevés renforceront la capacité opérationnelle des unités et permettront une préparation rapide aux missions à venir.

D’autres nouvelles recrues seront, elles, orientées vers des rôles techniques, administratifs ou logistiques, ou exemptées pour des raisons médicales ou psychologiques. Avant la guerre, un rapport du contrôleur de l'État indiquait une augmentation du nombre de jeunes ne s'engageant pas. Les chiffres actuels n’ont pas encore été rendus publics. Toutefois, il est à noter que le taux d’exemption pour raisons idéologiques a augmenté, tandis que celui des exemptés pour

d’autres raisons, comme le fait de vivre à l'étranger ou d’avoir un casier judiciaire, a diminué.

Avant leur incorporation, certains jeunes choisissent de participer à des programmes préparatoires : « mekhinot » ; d’autres préfèrent reporter leur service afin de se consacrer à des études religieuses ou universitaires, ou à des projets civiques.

L’incorporation – à 18 ans ou plus tard pour les autres – est un événement hautement chargé en émotion, qui marque l’engagement de chaque citoyen à défendre son pays. Dernier signe de la main des parents et grands-parents, entre fierté et inquiétude, alors que le futur soldat monte dans le bus qu’ils suivent des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Les nouvelles recrues sont réparties dans différentes bases d’entraînement où débutent les « tironout » – les classes –, axées sur la discipline, le vivre-ensemble, le maniement des armes et les valeurs éthiques. Ensuite, les recrues suivent des formations spécifiques adaptées à leurs futures spécialités. Bien que le service militaire soit obligatoire pour tous, certaines communautés, comme les Arabes israéliens, en sont généralement exemptées, même si leurs membres choisissent parfois de s’engager volontairement. Les Bédouins, eux, sont mobilisables, tout comme les Druzes qui affichent le plus haut taux d’enrôlement en Israël : 88 %

des hommes druzes rejoignent les rangs de Tsahal. La grande majorité des ultraorthodoxes ne servent pas sous les drapeaux pour se consacrer exclusivement à l’étude religieuse, ce qui génère des tensions politiques autour de la question du « partage du fardeau ». Actuellement, environ 70 000 étudiants de yechiva en âge de servir ne sont pas enrôlés. Les chiffres montrent que seuls 19 % de l'objectif annuel de recrutement de

© Flash90 4800 soldats ultraorthodoxes ont été atteints jusqu'à présent. Quant aux nouveaux immigrants, ils ne peuvent être convoqués pour le « Tzav richone » que six mois après leur Alya, et incorporés seulement douze mois après leur Alya Une fois leur service obligatoire achevé – 2 ans et 8 mois pour les hommes, 2 ans pour les femmes –, les soldats peuvent poursuivre leur carrière dans l’armée. Pour

la plupart, ils continueront à contribuer à la défense du pays en tant que réservistes jusqu’à l’âge de 40 ans, voire plus. Le service de réserve constitue une part fondamentale de l’identité nationale, à raison de périodes de plusieurs semaines par an, pouvant être prolongées en cas de nécessité. Il symbolise la résilience du pays et rappelle que Tsahal n’est pas seulement

une armée professionnelle, mais une armée populaire. Il est aussi un pilier de la culture israélienne, saupoudré d’humour et de nostalgie, notamment grâce à Guivat 'Halfon eina ona , film emblématique d’Assi Dayan qui illustre les situations absurdes issues de la rencontre entre le monde civil des réservistes et la rigueur militaire souvent caricaturale. n

Les familles disent au revoir, à la base militaire de Tel HaShomer, aux jeunes soldats enrôlés dans la brigade des parachutistes de Tsahal.

DOSSIER

Docteure Idit Shafran Gittelman : Le public israélien nourrit une confiance émotionnelle et affective en Tsahal

La docteure Idit Shafran Gittelman est chercheuse principale à l’Institut d'études sur la sécurité nationale. Experte en relations armée-société, éthique du combat et philosophie politique, elle a dirigé le programme « Armée et société » à l'Institut israélien pour la démocratie et siège au conseil de l'Association des chercheurs en armée et société. Elle dresse pour nous un constat sans tabou sur la place de Tsahal au sein de la société israélienne.

AJ MAG : Peut-on dire qu’après le 7 octobre, une crise de confiance entre la société israélienne et Tsahal s’est installée ?

Idit Shafran Gittelman : Effectivement, car l’armée n’a pas respecté la première clause implicite du contrat qui la lie à la population : assurer la protection des citoyens de l’État d’Israël. Cependant, lorsque l’on interroge le public sur sa confiance en Tsahal, les réponses restent majoritairement positives.

Comment l’expliquer ?

Il est essentiel de faire une distinction entre la confiance que le public accorde à Tsahal par attachement affectif et celle qu’il lui accorde en tant qu’institution fiable. Les citoyens aiment Tsahal, et ce lien est presque inévitable : il n’existe qu’une seule armée, et tout le concept de « l’armée du peuple » en découle. De plus, au début de la guerre, le public a placé les événements du 7 octobre dans une sorte de « capsule », affirmant que ce qui s'était passé ce jour-là ne devait pas influencer l'ensemble de sa perception de Tsahal. Cependant, dans cette perspective, cette capsule est temporaire et son temps commence à s'épuiser.

C’est-à-dire ?

Nous sommes dans une phase où le public exige des réponses claires sur les enquêtes en cours, et les leçons et les conclusions à en tirer. Tous les chefs militaires ont assumé leur responsabilité au début de la guerre, mais comment cette responsabilité se traduit-elle concrètement ? Le public israélien nourrit une confiance avant tout émotionnelle et affective en Tsahal : il aime l’armée. Mais cela suffit-il pour qu’il suive aveuglément ses directives ? Par exemple, si demain Tsahal déclare qu’il est sûr de retourner dans le Nord, est-ce que le public s’y conformera aveuglément ? En vérité, la réalité est bien plus nuancée.

DOSSIER

Dans la conscience collective israélienne, Tsahal a toujours été perçue comme « l'armée du peuple ». Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

Oui. Certes, à la veille de la guerre, il y avait beaucoup de discussions sur la possibilité que le modèle de « l'armée du peuple » soit en fin de course. Cela s'expliquait notamment par le faible taux d'enrôlement, et la non-participation des populations ultraorthodoxes et arabes. L'armée elle-même avait déjà proposé un modèle de service plus différencié, visant à raccourcir la durée du service, et à introduire une différenciation à la fois dans la durée et dans la rémunération. Après le 7 octobre, je pense que ce débat est aujourd'hui clos. Il est clair que Tsahal reste l'armée du peuple et que la conscription obligatoire perdurera.

Dans quelle mesure Tsahal peut-elle rester apolitique dans une société aussi fortement politisée et polarisée ?

La relation entre le commandement militaire et les dirigeants politiques demeure complexe, notamment

dans le contexte des mois ayant précédé la guerre et des manifestations qui ont secoué le pays. Cela s’est reflété à plusieurs reprises dans l’ensemble des prises de parole tout au long de la guerre, comme dans celle du porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, à propos d’Eliezer Feldstein, mais aussi, plus largement, dans des déclarations perçues comme remettant en cause la subordination de l’échelon militaire à l’échelon politique. Ce phénomène s’est également manifesté dans une série de déclarations émanant de hauts commandants. La capacité de Tsahal à demeurer apolitique et institutionnelle est mise à l’épreuve dans une époque marquée par un profond clivage entre l’échelon militaire et l’échelon politique, notamment sur la question des responsabilités liées au 7 octobre. C’est un des plus grands défis auxquels l’armée doit faire face. Malgré tout, Tsahal s’efforce de préserver sa neutralité politique. Cependant, cette tâche risque de devenir encore plus ardue avec la publication des enquêtes internes et la possible mise en place d’une commission d’enquête nationale. lll

© DR Issu de la page Facebook de Idit
Shafran Gittelman

lll À quel point l'inégalité dans « le partage du fardeau » impacte-t-elle la société israélienne ?

La question du « partage du fardeau » est devenue cruciale en Israël. Le fardeau des réservistes augmente, tant dans la réalité que dans les propositions législatives, tandis que le service obligatoire est prolongé et les délais de report réduits. Par exemple, les jeunes qui bénéficiaient d’un an et demi pour des programmes préparatoires ou un service civil voient cette période menacée. En revanche, une partie de la population est totalement exemptée de cette charge, ce qui met la société israélienne à rude épreuve. Ce qui était tolérable jusqu’à présent ne peut plus perdurer.

DOSSIER

« Si l’inégalité du fardeau perdure,

cela

risque de remettre en question le modèle de

" l’armée du peuple ", fondement historique de Tsahal. »

Même la tolérance envers le public ultraorthodoxe diminue progressivement… En effet, toute la rhétorique sur la conscription par le dialogue et l'amour ne tient plus. La situation, où une partie de la population est enrôlée tandis qu’on se contente de demander poliment à une autre de participer à des arrangements de service très avantageux, provoque un profond malaise. La direction dans laquelle cette question va évoluer est critique.

Le partage du fardeau est-il une décision politique ou militaire ?

La question de la conscription obligatoire,

notamment celle des ultraorthodoxes, a longtemps été au cœur des débats entre Tsahal et la société israélienne. Jusqu’à récemment, l’armée affirmait qu’elle ne pouvait recruter que 3000 jeunes ultraorthodoxes par an, en plus des 1800 déjà enrôlés. Cette position mettait l’armée au centre du débat, permettant aux responsables politiques de lui attribuer la responsabilité de l’inégalité du fardeau. Cependant, Tsahal a récemment annoncé qu’à partir de 2026, elle pourrait recruter tous les jeunes ultraorthodoxes, renvoyant ainsi la responsabilité au gouvernement et soulignant que la conscription des ultraorthodoxes relève d’une décision politique. Bien que l’armée ait commis une erreur en s’impliquant dans ce débat, elle semble avoir rectifié sa posture. Reste à savoir quelle législation sera adoptée.

Les citoyens arabes devraient-ils également être soumis à une conscription obligatoire ?

Je suppose que nous serons bientôt confrontés à cette question. Il faut se rappeler que la situation de la communauté arabe est différente de celle de la communauté ultraorthodoxe, car la communauté arabe ne participe pas du tout au recrutement, et elle met en jeu des problématiques complexes, très différentes de celles qui sont liées à la communauté ultraorthodoxe. La solution pourrait passer par un service civil. n

« On ne s'enrôlera pas dans une armée ennemie. » Des Juifs ultraorthodoxes affrontent la police lors d'une manifestation contre l'enrôlement des Juifs ultraorthodoxes dans l'armée israélienne, devant le centre de recrutement de Tsahal à Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 15 janvier 2025. © Flash90

DOSSIER

United colors of Tsahal

Bien plus qu’un simple accessoire d’uniforme, le béret – « koumta », en hébreu – incarne l’identité, la discipline et la fierté des soldats israéliens. Introduits au début des années 1950, les bérets étaient initialement limités à quelques teintes : le vert olive pour la majorité des soldats, le gris pour l’armée de l’air, le noir pour les blindés et les unités d’artillerie, et le rouge pour la brigade des parachutistes. Avec l'extension des fonctions au sein de l’armée, notamment à partir des années 1970, de nouvelles couleurs ont été ajoutées. Et si, jusqu’aux années 2000, les femmes portaient des bérets différents de ceux des hommes, elles arborent désormais les mêmes. Aujourd’hui, le béret de Tsahal se décline en seize couleurs et chaque recrue reçoit le sien en fonction de l’unité, du département ou de la brigade qu’elle rejoint à la fin de ses classes, durant lesquelles tous les soldats portent un béret vert olive.

Bleu foncé : Marine israélienne

Couleur choisie en raison de la couleur du béret des marins de la Royal Navy britannique et qui représente le lien avec la mer. Au cours des deux premières décennies de l’existence de l'État, les soldats de la Marine n'avaient pas de bérets, mais des chapeaux de marin avec un ruban portant les noms de leurs navires.

Gris foncé : Armée de l'air

Couleur choisie au moment de la création de l'Armée de l'air. Les pilotes portent une casquette ; et durant la formation, les cadets se reconnaissent à leur béret gris bordé de blanc.

Vert foncé : Renseignement militaire de Tsahal et Gardes-frontières de la Police israélienne

Le général de division Amnon Lipkin-Shahak, quinzième chef d'État-major de Tsahal, a choisi cette couleur lorsqu'il était à la tête du Renseignement militaire. Et les gardes-frontières l'ont adoptée en raison de leur activité le long de la ligne verte, leur principal théâtre d'opération.

Orange : Commandement du Front intérieur

La couleur orange est celle de nombreuses unités de sauvetage à travers le monde, c'est pourquoi elle a été choisie en 2000 comme couleur du Commandement du Front intérieur.

Bleu ciel : Département des communications et de la cybersécurité

Couleur choisie en raison de son lien avec la technologie et l'innovation.

Bleu : Police militaire

Couleur choisie en raison de son association avec les bérets de la police militaire britannique, qui étaient à l'origine bleus et rouges. Comme la couleur rouge a été attribuée aux parachutistes, il a été décidé d'adopter le bleu pour les unités de la Police militaire.

Noir : Corps blindé, Unité Magal, diverses unités de commandement terrestre, et le Bataillon Harev jusqu'à sa dissolution

Les unités blindées de l'armée britannique portaient un béret noir car les soldats de ces unités travaillaient fréquemment avec de l'huile de lubrification, ce qui risquait de salir un béret d'une autre couleur. Le Corps blindé de Tsahal a adopté cette couleur en suivant la tradition britannique.

Argent : Corps du Génie de combat

Couleur choisie par le commandant du Génie principal, Avishai Katz, dans le but de renforcer et d'accroître la fierté de l'unité des membres de ce corps. Avant cela, les soldats du Génie portaient des bérets noirs.

Turquoise : Artillerie

Jusqu'en 2000, la couleur du béret des soldats de

Parachutistes

DOSSIER

renseignement

armée de l'air

Blindés

Génie de combat
Armée générale
Golani
Givati
Na'hal
Kfir
Défense des Frontières
Artillerie

DOSSIER

l'Artillerie était le noir. Cette année-là, un béret bleu turquoise a été introduit, symbolisant le ciel à travers lequel passent les obus d'artillerie. Le changement de couleur visait à renforcer la fierté de l'unité des membres de ce corps.

Olive : Armée générale

Mais aussi procureur militaire, Tribunaux militaires, Porte-parole de Tsahal et d'autres corps sans béret spécial, ainsi que toutes les recrues avant de recevoir leur béret spécifique.

Rouge : Brigade du feu et ses unités, Brigade parachutiste, Brigade Oz, Brigade 55, Brigade

Half Fire et l'Unité multidimensionnelle, Brigade 646, Brigade 226, Sayeret Matkal, Brigade Merom et ses unités, Unité Oketz, Unité de mobilité 444, Unité Lotor, Programme Erez, et autres

Couleur choisie car elle est celle des bérets de diverses unités parachutistes dans le monde, et particulièrement en fonction de la tradition des unités parachutistes de l'armée britannique.

Marron : Brigade Golani

Couleur choisie par les soldats de la brigade en 1976 car elle symbolise le lien avec la terre, le sol et les racines, et rappelle le symbole de la brigade : un arbre avec des racines.

Violet : Brigade Givati et Bataillon de reconnaissance du désert

Couleur choisie par le premier commandant de la brigade, le général de brigade Yehuda Duvdevani, lors de la reconstruction de la brigade en novembre 1982.

Vert clair : Brigade Na'hal, membres des noyaux Na'hal dans l'Armée d’éducation

Couleur adoptée en juin 1988, qui symbolise l'affiliation de la brigade aux noyaux Na'hal, à l'agriculture et à la « colonisation ».

Camouflage vert-brun : Brigade Kfir

Couleurs choisies par le premier commandant de la brigade, le colonel David Menahem, qui symbolisent les couleurs de camouflage des soldats lors de leurs missions opérationnelles.

Camouflage jaune-brun : Unité de défense des frontières, Système de collecte de renseignements tactiques

Couleurs qui symbolisent le camouflage tactique. n

La « pureté des armes »

Ce principe fondamental de la doctrine militaire est au cœur du serment de Tsahal ; c’est un engagement à limiter l'usage de la force au strict nécessaire pour atteindre des objectifs militaires légitimes, tout en garantissant la protection des droits et de la sécurité des civils.

Cette approche implique une minutieuse évaluation des risques et des dommages collatéraux potentiels, ainsi qu’une formation rigoureuse des soldats, qui sont tenus de faire preuve de responsabilité morale même en situation de guerre. On a pu le constater ces derniers mois dans la bande de Gaza ou au Sud-Liban où Tsahal a mis en place divers mécanismes de protection, tels que l'envoi d'avertissements par SMS, appels ou tracts pour alerter les civils avant les frappes et autres opérations militaires – ce qui n'empêche pas que sur la scène internationale, Tsahal soit régulièrement tenue coupable de « disproportionnalité » dans les zones de conflit.

La « pureté des armes » a été mise à l’épreuve lors de l’affaire du soldat Elor Azaria filmé en 2016 alors qu’il tirait sur un terroriste palestinien déjà neutralisé et blessé après avoir tenté de commettre un attentat. Cet incident a déclenché un large débat au sein de la société israélienne. Certains soutenaient Azaria, estimant qu’il avait agi par légitime défense, d’autres dénonçaient une violation des principes éthiques fondamentaux de Tsahal. Le tribunal militaire chargé de juger l’affaire a reconnu Azaria coupable d’homicide volontaire, le condamnant à dix-huit mois de prison, verdict qui a profondément divisé l’opinion publique israélienne.

Le rôle des tribunaux militaires, souvent critiqués par certains, est essentiel pour garantir la discipline et l’éthique au sein de Tsahal. En tant qu'entités indépendantes, ils examinent les infractions présumées aux règles d'engagement, aux lois de la guerre et aux droits humains, garantissant que l'armée reste fidèle à ses principes fondamentaux, et que les enquêtes soient conduites avec justice et transparence. En diligentant chaque transgression avec équité et rigueur, ils assurent le respect du principe de la « pureté des armes », préservant ainsi l'intégrité de Tsahal, sans doute l'une des armées les plus morales au monde. n

DOSSIER

Matthias Inbar

journaliste Défense à i24NEWS en français

AJ MAG : Tsahal mérite-t-elle encore pleinement son titre d'Armée de défense d'Israël ?

Matthias Inbar : Malgré une indéniable faille révélée le 7 octobre, il est essentiel de rappeler que cette armée reste fidèle à sa mission principale : défendre Israël. Ce titre, elle le doit à la mobilisation exemplaire des Israéliens, toutes origines et opinions politiques confondues, unis dans un seul objectif : protéger leur pays. La défense ne se limite pas à repousser l'ennemi. Elle inclut également la protection de l'arrière-front, une mission indissociable de toute stratégie défensive. Attaquer pour neutraliser une menace imminente est, en ce sens, une composante essentielle de la défense. Ainsi, malgré l’énorme faille opérationnelle, il serait injuste de remettre en question l'appellation d'Armée de défense d'Israël.

L'image de Tsahal a-t-elle été affectée par le 7 octobre, en Israël et à l'international ?

La gestion des événements du 7 octobre, notamment en matière de renseignement et de prévision d'une attaque, a terni l'image de Tsahal. En Israël comme à l'étranger, la perception de l'armée israélienne en tant que force capable d'anticiper les mouvements de l'ennemi a été mise en question. Par ailleurs, cet événement a mis en lumière des défaillances majeures dans les processus de prise de décision. Cependant, il est crucial de souligner que Tsahal est l'une des rares armées au monde à avoir su se mobiliser en quelques heures pour repousser un ennemi déjà présent sur son territoire. Bien que les critiques soient faciles, une analyse plus approfondie révèle une situation bien plus complexe.

Et qu’en est-il de la confiance de la société israélienne en l’armée ?

Il convient d’examiner cette confiance sous trois perspectives : avant le 7 octobre, pendant les événements, et après. Si cette attaque a incontestablement engendré une fracture, elle a également mis en lumière la capacité de Tsahal à se relever rapidement et à accomplir sa mission de défense. lll

L’état d’esprit – le roua'h, en hébreu – est l’un des principaux atouts de Tsahal.

DOSSIER

lll Tsahal est régulièrement classée parmi les meilleures armées au monde. Mais quels sont ses principaux atouts et sa singularité ?

Tout d'abord, son « roua'h », ce qui, en hébreu, signifie l’état d’esprit. Cet état d'esprit demeure intact et se manifeste clairement dans l'exceptionnelle mobilisation des réservistes qui, aux côtés des forces régulières, affichent une détermination inébranlable à repousser l'ennemi et à lui adresser un message fort, à savoir, que les événements du 7 octobre ne se reproduiront plus. Autre atout majeur de Tsahal : sa capacité à se remettre en question. Après chaque opération, chaque raid, chaque frappe, l'armée mène des analyses approfondies afin d’en tirer des enseignements et de s'améliorer continuellement, preuve que Tsahal n'est pas une armée statique mais une force en constante évolution, capable de s'adapter aux défis posés par des menaces toujours changeantes.

Quels sont les défis les plus pressants auxquels Tsahal doit faire face aujourd'hui ?

L’un des défis majeurs est l’Iran, une pieuvre aux multiples tentacules. L’Iran a élaboré une stratégie sophistiquée visant à attaquer Israël en activant ces tentacules – entre autres : le Hezbollah, le Hamas, le Djihad islamique, diverses milices en Judée-Samarie – en fonction de ses propres intérêts. La stratégie des Gardiens de la Révolution a consisté à encercler Israël pour qu'il soit vulnérable. Aujourd’hui, Tsahal doit non seulement maintenir l’affaiblissement de cet axe chiite, mais également anticiper ses prochaines actions.

Par ailleurs, que va-t-il se passer avec le Hamas à Gaza ? La question se pose de savoir si l’Égypte va œuvrer afin d’empêcher le réarmement du Hamas. Enfin, le front interne en Judée-Samarie demeure un défi permanent. Cette région peut s’embraser à tout moment.

Tsahal est une armée très technologique, mais n’a-t-elle pas trop misé sur les technologies aux dépens de l’humain, comme on a pu

le voir le 7 octobre ?

Les nouvelles technologies, telles que les drones et l'intelligence artificielle, jouent un rôle essentiel au sein de Tsahal. Une armée doit s’adapter aux évolutions technologiques pour rester performante. Toutefois, la technologie ne doit jamais remplacer l'homme. Elle doit être un outil de soutien pour le soldat, et non un substitut. Il est important de ne pas se reposer uniquement sur la technologie, comme l'a démontré l’échec de certains systèmes, notamment la clôture de sécurité autour de Gaza, présentée comme infranchissable. Les capteurs, souterrains ou en surface, ne peuvent pas remplacer la combinaison de renseignements humains et technologiques pour anticiper les mouvements de l'ennemi.

Alors, Tsahal est toujours l'armée du peuple ?

Oui, sans aucun doute. Bien qu'il y ait des débats internes sur la place de certaines communautés, Tsahal reste l'armée du peuple, composée de soldats venant de toutes les origines et de toutes les couches sociales. n

DOSSIER

Tsahal, moteur de la success story

Au-delà de son rôle dans la défense d’Israël, Tsahal se positionne comme un pilier essentiel de la « Start-up Nation ». Ses unités technologiques forment des générations de jeunes leaders aux compétences avancées qui contribuent directement à cette dynamique – en particulier, l’Unité 8200, spécialisée dans le renseignement, la cybersécurité et l’intelligence artificielle, dont les anciens membres s’imposent comme des figures de proue de l’innovation israélienne. Par exemple, Kobi Alexander a fondé la société Comverse, et adapté des technologies militaires pour développer des logiciels de télécommunications et de messagerie vocale, contribuant ainsi à l’essor du GSM. Uri Levine, Amir et Gili Shinar, eux, ont développé Waze, l’application de navigation qui guide aujourd’hui des millions de conducteurs à travers le monde. Dans le domaine de la cybersécurité, Marius Nacht et Gil Shwed, également issus de l’Unité 8200, ont fondé Check Point, une entreprise qui a révolutionné la protection des réseaux internet grâce aux célèbres firewalls, en adaptant un système militaire de surveillance électronique aux besoins civils. Les innovations militaires ont également influencé le domaine médical. La PillCam, une caméra miniature ingérable utilisée pour diagnostiquer les

Un ordinateur ou une piste de décollage ?

En 1958, Itzhak Rabin, alors chef de la Branche des Opérations de Tsahal, décide de commander le premier ordinateur de l’armée, une décision qui suscite de vives contestations. « Donnez-moi cet argent et je construirai une nouvelle piste de décollage. Qu’est-ce qui est plus important : un ordinateur ou une piste ?! », s’exclame alors le commandant de l’Armée de l’air, Ezer Weizman. Pourtant, Rabin défend fermement son choix : « Le monde informatique est une partie intégrante du développement et de la nouvelle conceptualisation de ce qu’est une arme, et l’utilisation de l’ordinateur va devenir une arme moderne », affirme-til. Trois ans plus tard, Tsahal reçoit cet ordinateur, un mastodonte de la taille d’une chambre à coucher, dont la mémoire est quatre mille fois inférieure à celle qui est aujourd’hui nécessaire pour stocker une simple chanson au format MP3.

cancers intestinaux, est issue de

Les drones tels que l’Eitan,

Israël, mais également à renforcer la sécurité civile et la protection des infrastructures stratégiques.

la technologie, et agit comme un puissant catalyseur pour l’économie et l’innovation. n

DOSSIER

Les opérations exceptionnelles de Tsahal

L'Armée de Défense d'Israël – Tsahal – est reconnue comme l'une des forces militaires les plus innovantes et efficaces au monde.

Depuis sa création en 1948, Tsahal a surmonté des défis majeurs et accompli des réalisations exceptionnelles qui témoignent de son ingéniosité, de sa discipline et de son engagement envers la sécurité de l'État d'Israël. Voici un aperçu de certaines de ces réalisations marquantes tout au long de l'histoire du pays.

Guerre d'Indépendance (1948-1949)

En mai 1948, après la Déclaration d'indépendance, Israël s’est trouvé immédiatement confronté à une guerre contre les armées de plusieurs pays arabes voisins. Malgré un rapport de forces défavorable, Tsahal est parvenue à repousser les attaques et à assurer la survie de l'État naissant. Les premières

victoires militaires de Tsahal, comme la prise de Jérusalem et la défense de Tel Aviv, ont marqué un tournant décisif pour Israël.

Guerre des Six Jours (1967)

En seulement six jours, Tsahal a infligé une défaite écrasante aux armées arabes et remporté des victoires sur plusieurs fronts : le Sinaï, la Cisjordanie, le Golan et Jérusalem-Est. Cet exploit a permis à Israël de prendre le contrôle de territoires stratégiques, dont la ville sainte de Jérusalem qui a alors été réunifiée.

Opération Entebbe (1976)

L'opération Entebbe a été l’une des missions de sauvetage les plus spectaculaires de l'histoire militaire moderne. Le 27 juin 1976, un avion d'Air France en provenance de Tel Aviv a été détourné par des terroristes palestiniens et germano-jordaniens sur l’aéroport d'Entebbe, en Ouganda, Dans la nuit du 3 au 4 juillet, en seulement 90 minutes, les combattants de l'unité d'élite de Tsahal Sayeret Matkal ont libéré les 102 otages.

Opération Opéra (1981)

Lors d’un audacieux raid aérien, Tsahal a détruit le réacteur nucléaire irakien d’Osirak, empêchant ainsi l’Irak de développer des armes nucléaires. Il s'agit de la première attaque militaire visant un site nucléaire. Cette mission, réalisée avec une précision chirurgicale, a non seulement renforcé la sécurité d’Israël, mais a également constitué un message clair exprimant la détermination de l’État hébreu à contrer toute menace existentielle.

Guerre du Liban (1982)

Tsahal a mené l'Opération Paix en Galilée pour contrer les attaques des groupes terroristes palestiniens, notamment l'OLP, installés au sud du Liban, et a réussi à repousser les forces ennemies et à affirmer

DOSSIER

2009 : le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, quitte l'avion Hercules C-130 utilisé lors du raid visant à libérer les otages israéliens détenus à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda en 1976. © Flash90

son influence dans la région, même si sa gestion de la guerre a suscité des critiques.

Opération Plomb Durci (2008-2009)

Cette opération a été lancée en réponse aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers le sud d'Israël. L'attaque israélienne contre les infrastructures du Hamas et les sites de lancement de roquettes, réduisant les capacités du Hamas à mener des attaques, a été une victoire militaire lors de laquelle Tsahal a fait preuve d’une capacité d'attaque de précision avec des frappes ciblées, tout en cherchant à minimiser les pertes civiles. L'opération a cependant suscité des critiques concernant les victimes palestiniennes.

Opération Pilier de Défense (2012)

L’une des réussites notables de cette opération lancée pour répondre à des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza et neutraliser les infrastructures du Hamas a été l'élimination de plusieurs chefs de l’organisation terroriste, dont Ahmed Jaabari, le chef militaire. Tsahal

a utilisé des frappes de précision pour cibler des sites stratégiques tout en limitant les pertes civiles.

Opération Bordure Protectrice (2014)

Cette opération avait pour but d’arrêter les tirs de roquettes du Hamas et de détruire ses tunnels souterrains, utilisés par les terroristes pour infiltrer Israël. Tsahal a fait preuve d'une grande capacité d'innovation, en se servant de drones et de technologies avancées pour effectuer des frappes de précision et cibler les infrastructures du Hamas tout en réduisant les pertes civiles. L'opération a été un succès stratégique et elle a affaibli les capacités du Hamas, même si le conflit a été marqué par d’importantes pertes humaines des deux côtés, et si le Hamas a pu rapidement se réarmer et reconstruire ses infrastructures terroristes, comme on a malheureusement pu le constater le 7 octobre.

Opération Gardien des Murs (2021)

En réponse à des tirs massifs de roquettes en provenance de la bande de Gaza, Tsahal a mené une série de frappes aériennes de haute précision pour détruire des sites de lancement de roquettes et des infrastructures du Hamas, tout en protégeant la population israélienne grâce à son système de défense Dôme de Fer.

Éliminations stratégiques durant la guerre Épées de Fer (2023-2024)

- 27 septembre 2024 : Hassan Nasrallah, cofondateur et secrétaire général du Hezbollah, a été éliminé par des frappes sur le quartier général central du Hezbollah, situé sous terre, sous un immeuble résidentiel à Beyrouth (Liban).

- 17 octobre 2024 : Yahya Sinwar, chef du Hamas à Gaza, cerveau organisateur du massacre et des prises d’otages du 7 octobre, a été éliminé lors d’une opération en surface à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Opération Rabot HaDrakhim (septembre 2024)

L’une des plus importantes opérations de l'histoire de Tsahal a été menée par l'unité Shaldag avec pour objectif de détruire une usine de missiles souterraine construite par l'Iran près de Masyaf, en Syrie, pour le Hezbollah et l'armée syrienne. Avec 120 soldats et 70 aéronefs, les forces de Tsahal ont infiltré la zone, affronté des gardes syriens et détruit à l'aide d'explosifs ce site qui représentait une menace stratégique majeure pour Israël. n

Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes

Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad, cette communauté frontalière reste mue par des questions identitaires et sécuritaires.

Jeudi 19 décembre 2024, un vent nouveau souffle dans les rues de Majdal Shams, une localité nichée au pied du mont Hermon, au carrefour d’Israël, du Liban et de la Syrie. Depuis la trêve conclue fin novembre entre l’État hébreu et le Hezbollah, le calme est revenu dans cette ville peuplée de 12 000 habitants, majoritairement druzes. Cette communauté religieuse reste certes profondément marquée par l’attaque meurtrière de l’été dernier : un tir de missile imputé au Hezbollah libanais, qui a tué douze jeunes de Majdal Shams qui jouaient sur un terrain de football. Mais c’est un autre événement, survenu le week-end du 7 décembre, qui mobilise l’attention : le renversement du régime sanguinaire de Bachar al-Assad.

Au lendemain de la chute du dictateur syrien, les habitants de cette bourgade du plateau du Golan sont descendus dans les rues pour célébrer l’éviction d’Assad. Au lieu des drapeaux de deuil noirs déployés après l'attaque du Hezbollah, le drapeau vert, blanc et noir avec trois étoiles rouges de l'opposition syrienne est apparu sur la place principale de la ville, aux côtés du drapeau druze rouge, jaune, bleu, blanc et vert. Reste que sur le toit comme dans l’enceinte du bâtiment du conseil municipal, seuls le bleu et le blanc du drapeau israélien accueillent le visiteur.

« Sur le plan symbolique, on respecte le fait que le drapeau des rebelles syriens soit hissé en ville. Mais en tant qu’autorité locale sous souveraineté israélienne, nous voulons voir ici le drapeau de l’État hébreu, car c’est l’État d’Israël qui assure notre sécurité », précise d’emblée Dolan Abu Saleh (ci-contre), le chef du conseil de Majdal Shams. Ce quadra en poste depuis seize ans a des proches de l’autre côté de la frontière, comme la plupart des Druzes du Golan. lll

Ci-contre : les habitants du village druze de Majdal Shams célèbrent la prise de contrôle de la Syrie par les rebelles le 9 décembre 2024.

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Photo : la Syrie vue depuis Majdal Shams © Flash90

SOCIÉTÉ

lll Mais à ses yeux, ceux qui déclarent vouloir vivre en Syrie après les événements du 7 décembre ne peuvent guère être pris au sérieux. « Ici, les Druzes jouissent de la liberté d’expression et d’un niveau de vie élevé. Donc tous ces propos restent très théoriques », pointe l’élu. « Majdal Shams compte des docteurs, des ingénieurs, des employés de la high-tech, et cette magnifique région dispose d’un véritable potentiel, notamment sur le plan touristique, même si les considérations sécuritaires freinent ces ambitions. » Interrogé sur le statut complexe des Druzes du Golan (voir l’encadré), il affirme qu’entre 40 et 50 % d’entre eux possèdent désormais la nationalité israélienne, à la faveur de l’évolution de la situation politique en Syrie. « À titre personnel, je suis fier de ma nationalité israélienne », déclare Dolan Abu Saleh. Mon père l’a demandée dans les années 1980, ce qui a suscité beaucoup d’hostilité au sein de la communauté, alors qu’aujourd’hui tout porte à croire qu’Israël fera ce qu’il faut pour assurer la défense des Druzes syriens. » En tout état de cause, l’avenir des Druzes du Golan dépend d’autres paramètres. À en croire son maire, Majdal Shams, qui n’a pas fait partie des villages du Nord évacués dans la foulée des attaques du 7 octobre 2003, et dont seulement 60 % des habitations possèdent des abris anti-missiles, se situe « à la périphérie de la périphérie ». Or, à l’heure où le cabinet israélien vient d’approuver un plan de 40 millions de shekels pour doubler la population du Golan, Dolan Abu Saleh reste sur ses gardes et relaie une préoccupation partagée par ses résidents : « Nous voudrions recevoir l’assurance que ce budget sera réparti de manière équilibrée entre les différents secteurs, et que ces investissements concernent aussi bien le Golan druze que juif », conclut-il. n

Une minorité

au statut complexe

En Israël, la population druze est estimée à 150 000 personnes, soit environ 2 % de la population totale. La grande majorité réside dans le Nord : sur le mont Carmel, en Galilée et sur les hauteurs du Golan. La communauté druze du plateau – 20 000 personnes, vivant aux côtés d’environ 50 000 Israéliens juifs –possède un statut politique complexe au sein de la société israélienne : la région, reprise par Israël à la Syrie pendant la guerre des Six Jours, a été officiellement annexée en 1981. Ailleurs en Israël, les Druzes ont accepté la souveraineté israélienne après la fondation de l’État en 1948 et ils s’identifient généralement comme Israéliens. Les hommes issus de cette communauté servent dans l’armée israélienne où ils sont réputés pour leurs exploits. Par contraste, la plupart des Druzes du Golan ont opté pour la résidence permanente, craignant que leur acceptation de la souveraineté israélienne ne mette en danger les membres de leur famille vivant de l’autre côté de la frontière, en Syrie. Toutefois, avec le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011, un nombre croissant de résidents ont commencé à demander des passeports israéliens, en particulier les jeunes pour qui la Syrie représente un lieu abstrait dont ils n’ont entendu parler que dans des récits familiaux.

LEADERSHIP

Réseautez !

Réseautez pour mieux atteindre vos objectifs professionnels ! Pour cela il faut utiliser les outils qui permettent d’être efficace. Après avoir, dans un précédent numéro d'AJ MAG, exploré l'outil GPS et le pitch, je vous présente ici quatre autres outils : la carte de visite, le brise-glace, l’entretien-réseau et la gestion des contacts.

La carte de visite

La carte de visite vous présente sur le plan personnel et professionnel. Dicter votre nom, votre e-mail, votre numéro de téléphone, prend du temps et présente un risque d’erreur… Avoir une carte de visite à donner est la meilleure façon d’obtenir celle de votre interlocuteur ! Il y a aussi la carte de visite électronique. Elle est utile si les autres partagent cette pratique. Je recommande de mettre votre photo sur votre carte de visite ainsi que votre e-mail, votre numéro de téléphone mobile, et l’adresse de votre site web si vous en avez un. Précurseur en France de cette démarche dès 2004, elle a permis que les gens se souviennent davantage de moi. Avoir sa carte de visite sur soi est utile en toute circonstance !

Le brise-glace (ice-breaker)

La principale motivation pour participer à des événements est le réseautage.

Comment s’adresser à quelqu’un qu’on ne connaît pas encore ?

C’est là qu’intervient la « question brise-glace ». Exemples : « Que pensez-vous du conférencier ? », « pourquoi participez-vous à cette rencontre ?

L’entretien-réseau

C’est l’occasion de mieux connaître quelqu’un et son actualité, d’exprimer ses objectifs et d’écouter les siens. Au vingtième siècle, lorsqu’on voulait rencontrer quelqu’un ou qu’on souhaitait relancer un contact professionnel, on proposait de l’inviter à déjeuner – j’en ai fait beaucoup ! Au vingtet-unième siècle, il est courant de proposer un entretien en visioconférence. Je le fais via Zoom, c’est très efficace car nous sommes focalisés l’un sur l’autre et nous pouvons partager nos écrans. Je vous invite à bien préparer votre échange, notamment en consultant le profil

LinkedIn de votre interlocuteur. Le plus difficile est d’obtenir le rendez-vous-réseau. Certains n’osent pas demander, d’autres se demandent ce qu’ils vont bien pouvoir dire… Lancez-vous et vous améliorerez vos résultats. Quels résultats ? Ils sont fonction de vos objectifs : vendre une idée ou quelque chose, être embauché ou au moins obtenir des introductions vers d’autres personnes… Quoi qu’il en soit, le but est de bâtir une relation utile dans le temps.

La gestion des contacts

De nos jours, nous avons la possibilité, au moins dans nos téléphones, de gérer notre agenda et nos contacts. Audelà des informations classiques, je conseille de noter sur les fiches de vos contacts les prénoms du conjoint, des enfants… Certains notent aussi quand et où la première rencontre a eu lieu.

Conclusion

Dans l’ensemble de nos échanges, il faut montrer que nous nous « intéressons à l’autre », ce qui est la clé pour bâtir un lien durable. Réseautez, essayez, heurtezvous parfois à des échecs, mais persévérez, vous en sortirez enrichis sur le plan humain et, de surcroît, cela contribuera à vos succès. Osez ! n

Tomer Margalit et Orel Chalaf : résister par la danse, la grâce, le courage et la beauté

Depuis le 7 octobre 2023, une vague d’antisémitisme envahit les sphères artistiques et sportives où les boycotts ciblant des Israéliens se multiplient.

Sous des prétextes fallacieux, des artistes et des athlètes se retrouvent ostracisés, victimes d’une discrimination sans précédent. Dans ce climat hostile, l’engagement de Tomer Margalit, danseuse en fauteuil roulant, se distingue comme un acte d’un courage exceptionnel, porteur d’un message universel de résilience et de paix.

Tomer Margalit, jeune danseuse israélienne, est associée avec Orel Chalaf dans une discipline où grâce et puissance se rencontrent : la danse sur fauteuil. Leur travail artistique transcende les limitations physiques pour explorer des territoires d’émotion brute et de connexion humaine. Représenter Israël sur la scène internationale aujourd’hui, bien plus qu’une performance artistique, est un acte de protestation, un véritable défi face à une vague de haine qui cherche à réduire au silence tous ceux qui portent l’identité israélienne. Depuis le chabbat noir, les exemples de discrimination se multiplient. Inutile de revenir sur la chasse aux Juifs à Amsterdam ou sur le fait que l’équipe nationale de football israélienne soit contrainte de jouer ses matchs de qualification pour l’Euro 2024 à l’étranger. Dans le domaine artistique, des événements tels que le Festival Shalom Europa ont été annulés sous la pression de groupes militants, l'Eurovision fut cette année un grand moment de solitude pour Israël et des artistes comme Eden Golan continuent à braver les appels au boycott pour faire malgré tout entendre leur voix. Idem pour Sandra Hegedüs Mulliez, collectionneuse et mécène, qui

a courageusement dénoncé une exposition controversée au Palais de Tokyo, mettant en lumière des points de vue qu'elle qualifie à juste titre de « biaisés, antisémites, antisionistes et propalestiniens ». En démissionnant du comité d’administration des Amis du Palais de Tokyo dont elle faisait partie, elle a affirmé son opposition à l'absence de mise en perspective dans cette exposition qui présentait des contenus incitant à la haine. Son départ souligne l'importance d'une vigilance accrue face à l'antisémitisme. Dans ce contexte, la détermination de Tomer Margalit prend une signification particulière. Non seulement elle surmonte les défis propres à sa discipline, mais elle le fait avec une visibilité accrue, en portant fièrement les couleurs d’Israël. Sa danse est une réponse claire à la haine, un langage universel qui dépasse les barrières et prône l’unité dans un monde fracturé. Tomer Margalit, par son art et sa volonté, incarne une forme de résistance qui inspire. Sa danse n’est pas seulement un spectacle ; c’est un message au monde, une preuve que la lumière peut briller même dans les moments les plus sombres. Son parcours est une leçon de courage et d’espoir pour tous ceux qui croient en un avenir où les différences unissent plutôt que de diviser. E. L-C

INTERVIEW

Une performance comme un acte de résistance

Tomer Margalit et Orel Chalaf forment un exceptionnel duo de danseurs de salon en fauteuil roulant. Champions d'Europe et vicechampions du monde, ils incarnent l'excellence et la résilience, tout en portant haut les couleurs d'Israël sur la scène internationale. Depuis plusieurs années, ils utilisent la danse non seulement comme un art, mais aussi comme un puissant moyen de briser les frontières, qu'elles soient physiques, culturelles ou émotionnelles. Rencontrés à l’occasion de leur retour triomphal des Jeux Paralympiques de 2024 où ils ont marqué les esprits avec une mémorable prestation lors de la cérémonie d’ouverture, Tomer et Orel partagent ici leur parcours, leurs défis et leur vision inspirante de la danse comme outil de résistance et de connexion universelle.

AJ MAG : Qu'avez-vous éprouvé en vous produisant lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de 2024 ?

Tomer Margalit : C'était une expérience inoubliable ! Nous avons passé trois mois en France avant les Jeux pour nous préparer et répéter notre performance. L'énergie de la foule, l'excitation ambiante et la conscience de participer à un événement historique ont fait de ce moment l'un des plus émouvants de notre vie.

Qu'avez-vous ressenti en représentant à la fois l'art de la danse en fauteuil roulant et Israël sur une scène mondiale ?

C'était un honneur. Être sur cette scène, montrer au monde la beauté et la puissance de la danse en fauteuil roulant était un rêve que nous nourrissions depuis longtemps. Le faire en représentant Israël,

particulièrement en ces temps difficiles, a rendu ce moment encore plus significatif.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours pour devenir champions d'Europe de danse en fauteuil roulant ?

Notre parcours a été semé de défis, mais aussi d’incroyables moments de croissance. Nous nous sommes entraînés sans relâche, repoussant nos limites. Ces trois mois passés en France avant les Jeux Paralympiques nous ont permis d'affiner notre art et d'atteindre un nouveau niveau. Remporter le Championnat d'Europe était un rêve devenu réalité, mais c'était surtout une preuve que la passion et la détermination peuvent surmonter tous les obstacles. lll

INTERVIEW

lll Y a-t-il un moment du Championnat d'Europe qui vous a particulièrement marqués ?

Le moment le plus fort a été celui lors duquel nous avons dansé une performance dédiée aux otages. Après avoir remporté la médaille d'or, nous sommes restés sur le podium vêtus de nos costumes déchirés, avec du sang sur nos corps et nos visages, et le drapeau israélien flottant derrière nous. Nous voulions que cette image demeure gravée dans les mémoires et que l'hymne national soit associé à ce qui s'était passé.

Quel est le nom de votre école de danse en Israël et qu'est-ce qui vous a inspirés à la créer ?

Notre école de danse s'appelle OTstudio – Orel et Tomer. Nous l'avons fondée pour partager notre passion de la danse et créer un espace où chacun, chacune, quelles que soient ses capacités physiques, peut s'exprimer par le mouvement. Notre objectif est de montrer que la danse est accessible à tous et que les limites sont seulement dans l'esprit.

Danser sur la musique d'Eden Golan et dédier vos performances aux otages est puissant. Considérezvous cela comme un acte de résistance ?

Absolument. Il était important pour nous de dédier une danse aux otages pour faire comprendre ce qui s'est passé en Israël le 7 octobre. C'est pourquoi nous avons dansé avec des bandeaux sur les yeux, du sang sur nos visages et nos corps – ce qui était exactement la situation de celles et ceux qui ont été enlevés ce matin-là. En ce sens, notre performance était bien un acte de résistance.

Comment percevez-vous le fait d'utiliser votre art pour défendre des causes importantes au-delà des frontières d'Israël ?

Nous pensons que l'art est un puissant outil pour transmettre des messages et sensibiliser. La danse a toujours été un langage universel, et nous nous sentons privilégiés de pouvoir l'utiliser pour attirer l'attention sur des causes importantes, toucher les cœurs et raconter des histoires qui méritent d'être entendues.

Où trouvez-vous le courage et la détermination pour continuer à repousser les limites, artistiquement et personnellement ?

Notre courage vient de notre amour pour la danse et de notre conviction que tout est possible. Nous avons tous deux affronté des défis, mais la danse a toujours été notre moyen de les surmonter. À chaque fois que nous montons sur la piste, nous nous rappelons que nous

sommes là pour renverser les barrières et inspirer les autres.

Voyez-vous une connexion entre le divin et la danse ?

Oui : pour nous, la danse est spirituelle. C'est une forme de prière, une manière de se relier à quelque chose de plus grand que nous. Lorsque nous dansons, nous nous sentons libres, connectés et pleinement présents dans l'instant.

C'est un sentiment indescriptible.

Comment la danse a-t-elle influencé votre compréhension de la résilience, de la spiritualité et de l'esprit humain ?

La danse nous a appris que l'esprit humain est sans limites. Elle nous a montré que la résilience consiste à s'adapter, à grandir et à trouver de nouvelles façons de s'exprimer. Grâce à la danse, nous avons appris que, peu importe les épreuves de la vie, il y a toujours un moyen d'aller de l'avant. n

Propos recueillis par Eden Levi-Campana © DR

INTERVIEW

Tomer Margalit et Orel Chalaf : des icônes de la danse fauteuil et de la résilience israélienne

Tomer Margalit, 29 ans, est aujourd’hui l’une des figures les plus emblématiques de la danse fauteuil. Championne d’Europe et vice-championne du monde, cette danseuse israélienne en fauteuil roulant repousse les limites de son art et brille par ses performances mêlant virtuosité et émotion. Avec son partenaire, Orel Chalaf, danseur valide, ils forment un remarquable duo qui explore un large répertoire artistique. Qu’il s’agisse de danse contemporaine, latine, rumba, ballroom, ou encore de danses de salon, les deux artistes rapprochent danseurs valides et en situation de handicap. Leur récent passage sur le parquet de Danse avec les stars a marqué les esprits : une poignante chorégraphie dédiée aux otages israéliens enlevés lors de l’attaque du 7 octobre. Ces performances engagées et émouvantes témoignent de leur capacité à conjuguer l’art et un message universel de résilience.

Le 28 août 2024, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques sur la place de la Concorde à Paris, Tomer et Orel ont littéralement enflammé la scène. Cet événement spectaculaire, conçu pour célébrer l’arrivée des para-athlètes dans la capitale, a rassemblé seize artistes en situation de handicap et des danseurs valides dans d’époustouflantes chorégraphies imaginées par le célèbre danseur et chorégraphe suédois Alexander Ekman. Durant une séquence initiale symbolisant les rapports entre personnes valides et celles en situation de handicap, Tomer Margalit s’est illustrée par un splendide porté réalisé avec Orel Chalaf. Leur complicité et leur maîtrise technique ont captivé le public, mettant en lumière la richesse de la danse fauteuil comme discipline artistique à part entière. Quelques jours avant l’événement, le duo avait déjà fait sensation en publiant sur ses réseaux sociaux une vidéo tournée devant le musée du Louvre et annonçant leur participation à la cérémonie. Ce moment de grâce a marqué l’un des sommets de cette inoubliable soirée où l’inclusion et la créativité ont été célébrées.

Tomer Margalit n’est pas seulement une danseuse talentueuse, elle est également une voix forte pour la reconnaissance des para-athlètes et des artistes en situation de handicap. À travers ses performances et ses actions, elle promeut la diversité, l’inclusion et le dépassement de soi. Son parcours, marqué par sa résilience face à la myélite transverse qui l’a immobilisée, inspire des milliers de personnes à travers le monde. En parallèle, elle continue de diriger son école de danse en Israël, un lieu qui incarne ses valeurs et où elle forme une nouvelle génération d’artistes, valides comme en situation de handicap.

Avec Orel Chalaf, elle incarne l’espoir, la créativité et le pouvoir de l’art comme vecteur de changement et de lien universel.

Leur parcours prouve que la danse, au-delà des limites physiques, peut transcender les frontières et unir les cœurs. E. L-C

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Le chemin du Sanhédrin : la première start-up israélienne pour le Tikoun haMidot

Le chemin du Sanhédrin, inauguré en 2018, retrace ce voyage historique. Traversant les magnifiques paysages de la Galilée, ce parcours rappelle les lieux où le Sanhédrin a siégé : Beit-Shéarim, Usha, Shefa Amr, Tsipori et Tibériade. Mais ce chemin n'est pas seulement une randonnée historique, c'est un appel à la réflexion, à la transformation intérieure et à l'engagement envers notre héritage spirituel.

J«e répare les chemins et j'ai mesuré les routes entre Tsipori et Tibériade. » (Ketoubot 112a). Ainsi parlait Rabbi Hanina, un sage qui vivait et enseignait à Tsipori, au cœur de la Galilée. Ces mots résonnent bien au-delà de leur signification pratique. Ils symbolisent l’effort constant pour réparer non seulement les routes physiques, mais aussi les voies morales et spirituelles qui guident un peuple en quête de lumière.

Le Sanhédrin : un phare spirituel

Après la destruction du Second Temple en 70 de notre ère, le peuple juif fut plongé dans l’obscurité d’un monde sans centre. Jérusalem, en ruines, ne pouvait plus jouer son rôle de cœur battant de la nation. Mais nos sages, portés par une vision inébranlable, refusèrent de se laisser abattre.

Le Sanhédrin devint alors le pilier central d’un peuple désorienté. En Galilée, il guida la nation, rassembla les fragments et préserva l’âme d’Israël. Sous la direction de Rabbi Yehouda HaNassi, la Michna fut rédigée, créant une fondation indestructible pour la

Torah orale. Cette œuvre, réalisée au début du IIIe siècle, garantissait que même en exil, le peuple juif ne perdrait jamais son identité. En parallèle, les sages encouragèrent la construction de synagogues – des « Mikdachei me'at » (petits sanctuaires) – pour maintenir vivante la flamme du lien avec le Créateur.

Chaque étape : une leçon de Pirkei Avot

- Beit-Shearim : la Torah comme fondement

« Retourne-la et retourne-la, tout est en elle »

(Avot 5, 22) – car c’est dans la Torah que résident toutes les réponses.

- Usha : l’importance de la vigilance

« Sois aussi attentif à une petite mitzva qu'à une grande » (Avot 2, 1) : chaque acte, même minime, construit notre monde.

- Shefa Amr : l’humilité comme vertu centrale

« Sois très, très humble d'esprit » (Avot 4, 4) – car l’humilité ouvre les cœurs et les esprits.

- Tsipori : la sagesse en héritage

« Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme »

(Avot 4, 1) rappelle que chaque individu a quelque chose à nous enseigner.

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

- Tibériade : la paix comme aspiration ultime

« Sois parmi les disciples d'Aaron, aimant la paix et la poursuivant » (Avot 1, 12), car l’unité est la clé de la rédemption.

Aujourd'hui, ce chemin est emprunté par des écoles de tout Israël ainsi que par des amateurs de randonnée. Vous terminerez votre périple face au Kinneret, au cœur de l'une des quatre villes saintes : Tibériade qui, aux côtés de Safed, Jérusalem et 'Hevron, témoigne de l'âme spirituelle et historique du peuple juif.

Une start-up indestructible : Israël éternel

Le chemin du Sanhédrin est bien plus qu’un voyage à travers la Galilée. C’est un puissant rappel de la capacité du peuple juif à se relever, à se réinventer et à transcender les épreuves. En suivant ce chemin, on comprend que le « Tikoun haMidot », la réparation de nos qualités personnelles, n’est pas une tâche facultative mais une responsabilité sacrée.

Comme l’a dit Rabbi Akiva : « Ce monde ressemble à un vestibule avant le monde à venir. Prépare-toi dans le vestibule pour entrer dans le palais. » ( Avot 4, 16) Ce monde, avec ses défis, est notre chance de construire, de réparer et d’atteindre des sommets spirituels.

Aujourd'hui, Israël reste le cœur vivant de notre peuple. Le chemin du Sanhédrin symbolise non seulement un glorieux héritage, mais aussi une direction claire pour l’avenir – une start-up qui ne déposera jamais son bilan. Ce chemin rappelle que nous ne sommes pas simplement des individus, mais les gardiens d’une mission éternelle.

Puisse-t-on voir nos juges revenir comme aux premiers temps et le Sanhédrin reprendre rapidement sa place – Amen n

Chmouel Bokobza

Guide touristique diplômé du ministère du Tourisme

Visite culinaire guidée tous les vendredis matin à Ma'hanei Yehouda Inscription un jour à l'avance - Tél. : 050-3553811

La Vieille Ville de Tibériade, le mur et la tour, sur la côte de la mer de Galilée, avec la zone conflictuelle du plateau du Golan
IStock

SANTÉ

Les aliments de « nature chaude » pour l’hiver

L’hiver est la période propice à l’apparition de certains virus qui aiment se multiplier dans le froid. Quand le corps est froid, les virus font la fête. Du point de vue physiologique, pour lutter contre un virus et l’empêcher de se multiplier, le corps augmente sa température, ce qui provoque de la fièvre.

Au niveau de notre alimentation, nous disposons d’aliments pour nous réchauffer et dégager une énergie chaude, pour faire barrage aux virus et nous permettre de passer un bon hiver en bonne santé.

Qu’est qu’un aliment de nature chaude ?

Ce concept n’est pas lié à la température physique de l’aliment, mais à son effet énergétique sur le corps.

Voici deux exemples très explicites :

 Lorsque l’on mange un piment fort, on sent tout de suite une sorte de chaleur à l’intérieur de nous : le piment dégage de la chaleur du point de vue énergétique.

 Par opposition, la pastèque, par exemple, est un aliment de nature froide, qui va réduire la chaleur interne.

En hiver, on privilégie les aliments de nature chaude, pour lutter contre le froid. En été, les aliments de nature froide sont favorisés pour rafraîchir le corps.

Quelles sont les caractéristiques des aliments de nature chaude ?

Ils augmentent l’énergie, stimulent la circulation sanguine, réchauffent. De plus, ils sont riches en vitamines, en minéraux, en fibres alimentaires, et facilitent la digestion… Ils sont pour la plupart antiviraux et anti-inflammatoires.

Quels sont les aliments de nature chaude ?

Les flocons d’avoine : ils sont riches en fibres, en vitamines du groupe B, en zinc, en magnésium. Ils facilitent la digestion, le transit intestinal, ils rassasient et, de ce fait, réduisent les fringales. Les flocons d’avoine peuvent se consommer en porridge, on peut aussi en

introduire dans des smoothies, dans des gâteaux, ou même dans une soupe pour l’épaissir. C’est un aliment polyvalent, bénéfique pour la santé. Si vous ne l’avez pas encore introduit dans votre alimentation, c’est le moment de le faire !

Les légumineuses : lentilles, haricots, pois chiches… Trop souvent négligées, les légumineuses sont les éternelles oubliées de notre alimentation. Pourtant, elles sont riches en protéines d’origine végétale, en fibres, en fer, en magnésium, en zinc et en vitamines B. Elles ont un indice glycémique faible, ce qui permet la régulation de la glycémie (sucre dans le sang). Les légumineuses sont une extraordinaire source de bienfaits pour notre santé. Diététiques et nourrissantes, elles

SANTÉ

font partie d’une alimentation saine et équilibrée. Elles s’insèrent parfaitement dans un régime puisqu’elles procurent une sensation de satiété. De plus, du fait de leur richesse en protéines végétales, elles élargissent la diversité de notre ration journalière de protéines. Les légumineuses redeviennent tendance et la plupart des recommandations nutritionnelles suggèrent d’augmenter leur consommation. Alors n’attendons pas davantage pour les introduire dans notre alimentation !

Les légumes orange : carotte, patate douce, potiron, courge… Ce sont aussi des légumes de nature chaude. Ils sont riches en bêta-carotène (qui se transforme en vitamine A dans le corps) en vitamine C, en potassium, magnésium, ils aident à renforcer le

système immunitaire, protègent les yeux, la peau… Ils se consomment crus, cuits, au four, sautés, en soupe, en purée : les idées ne manquent pas pour les intégrer à notre alimentation.

Les épices : le gingembre, la cannelle, le poivre, le curcuma, le cumin, la cardamone et d’autres épices ont des propriétés réchauffantes qui génèrent une sensation de chaleur dans le corps, stimulent la circulation sanguine et favorisent la digestion. On les utilise pour épicer et parfumer nos différents plats, mais aussi en infusion.

Les noix et les amandes : les noix et les amandes ont aussi des propriétés de nature chaude, grâce à leurs bonnes matières grasses (oméga-3) et leur richesse en protéines.

Il est donc conseillé d’introduire tous ces aliments dans votre alimentation pour passer un bon hiver en bonne santé. En outre, pour compléter le tableau, il est recommandé de consommer des légumes et des fruits de toutes les couleurs, riches en vitamines, notamment la vitamine C : poivrons rouges, kiwis, agrumes… Rappelons deux règles d’or à respecter : la modération et la variété.

Je vous souhaite de passer un bon hiver en bonne santé ! n

Orlie Nabet, naturopathe 058-6277009

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LIVRES ET VOUS

7 octobre : la nouvelle guerre d’Israël

André Darmon est un journaliste qui sait mener une investigation. Il le fait depuis des années dans les pages du mensuel ISRAEL MAGAZINE, qu’il a fondé il y a vingt ans et qu’il dirige. Les labyrinthes et les méandres de Tsahal n’ont malheureusement plus de secrets pour lui qui, après la mort de son fils Raphaël en 2006, s’est heurté à tant de murs, de silences et de non-dits. Aujourd’hui, pour comprendre et informer, il s’est replongé dans ce système qui lui a fait tant de mal. Plusieurs des fils d’André Darmon sont officiers dans Tsahal et se battent contre nos ennemis depuis le 7 octobre – une motivation de plus pour essayer de reprendre le fil des événements depuis cette date fatidique où nos vies ont basculé.

André Darmon dresse ainsi un compte-rendu jour par jour, heure par heure, de ce qui s’est passé dans des lieux secrets tels que le QG militaire de la Kyria, dans les échanges entre de hauts gradés et le cabinet de sécurité – les dialogues, entièrement sourcés, sont un peu scénarisés afin d’en faciliter la compréhension. Darmon remonte dans le temps, car, dit-il, tout a commencé des mois, voire des années avant. Il analyse l’esprit des chefs de guerre, des chefs du renseignement et de la sécurité, de ceux qui sont censés penser vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la sécurité du pays en anticipant ce qui pourrait arriver. Darmon tente d’expliquer ce qu’est la « conceptia », ce modèle mental qui a formaté nos chefs militaires et nos politiques pendant des années.

Comment Tsahal, l’armée la plus puissante du monde, a-t-elle pu se trouver si dépourvue le matin du 7 octobre, lors de l’invasion sur le territoire israélien de plus de 3000 terroristes armés jusqu’aux dents et drogués au Captagon ? Qu’est-ce qui a failli dans les rouages du renseignement ? Où était l’armée de l’air

qui aurait pu rapidement enrayer l’attaque sanglante ? Pourquoi Tsahal a-t-elle agi exactement à l’inverse de ce qu’elle aurait dû faire au regard des renseignements qu’elle recevait depuis la veille ? Et même s’il s’avère que le Premier ministre Benyamin Netanyhaou a été informé et n’a pas donné les ordres qu’il fallait, qu’est-ce qui empêchait l’armée de protéger la frontière et d’agir dès les premières minutes de l’attaque ? Pourquoi ces longues heures d’attente qui ont vu mourir des centaines d’innocents ? Qui a fauté ? Quelqu’un a-t-il « trahi » – puisque c’est aussi une question qui se pose depuis le premier jour – ? Pour reprendre confiance en ceux qui ont le pouvoir de défendre notre pays, il est urgent que lumière soit faite sur tous les manquements de ceux qui n’ont pas pris les bonnes décisions et qui nous ont condamnés à vivre le plus grand pogrom de l’histoire d’Israël. Les enquêtes débutent, celle de Tsahal d’abord, dont on attend encore les conclusions, mais une enquête d’État indépendante aura-t-elle lieu ? En attendant, il est important, en historien, de retenir tous les éléments qui ont eu lieu depuis le début, pour ne rien oublier. n

LIVRES ET VOUS

André Darmon : « Je ne pouvais plus rester silencieux »

AJ MAG : Quand avez-vous commencé à écrire ce livre ?

André Darmon : J’ai vraiment commencé à écrire mon livre le 20 janvier 2024. De par mon métier, j’ai des sources d’information haut placées. J’ai enquêté et fait un travail d’historien, en recoupant tout ce qui s’écrivait. Je me suis rendu auprès des diverses unités pour interroger les gens, dans les kibboutzim du Sud, dans la bordure de la bande de Gaza. Je ne pouvais plus rester silencieux. J’ai écrit mon livre en quatre mois, sans dormir.

Le New York Times a publié une enquête très poussée réalisée par Ronen Bergman, journaliste du Yediot Ha'haronot. La censure militaire n’ayant pas permis de publier certaines informations, ce journaliste israélien s’est tourné vers la presse américaine…

L’armée a pensé que moins on en disait, mieux c’était. Très peu de reporters de guerre ont eu accès à Gaza, c’était une zone militaire fermée, certainement pour protéger les soldats et leurs familles.

Selon vous, les services de renseignement ont mal interprété les signes et les alertes reçus. Ils ont renonçé à l’unité 504 qui était sur le terrain à Gaza. Ils n’ont pas tenu compte des informations que les « observatrices » ont fait remonter, l’unité 8-200 n’écoutait plus les radios du Hamas. Cela expliquerait la non-préparation de l’armée ? Oui, c’est la désinvolture israélienne et la très lourde hiérarchie qui sont responsables. On avait beaucoup d’informations, et pourtant personne n’en a tenu compte.

Je ne pense pas qu’il y ait eu un complot mais j’ai au moins cinquante arguments pour dire qu’il y aurait pu en avoir un. J’ai envie de vous répondre comme Golda Meir qui, lorsqu’on lui demandait si Israël avait la bombe atomique, répondait : « Israël n’a pas la bombe atomique, mais si besoin nous n’hésiterions pas à nous en servir. »

Dès le début, on a parlé de trahison ou de complot pour faire tomber le gouvernement de Netanyahou – qu’en pensez-vous ?

André Darmon, 7 octobre : la nouvelle guerre d’Israël Livre en vente chez Steimatzky et sur Internet

TRIBUNE

SSouviens-toi, n’oublie pas ! ©

auf si vous avez réussi à couper tous vos écrans, vous n’avez sûrement pas manqué le déferlement de discours, d’images, d’émissions spéciales et de films autour des commémorations – jusqu’en Pologne, à Auschwitz même – du 27 janvier. Oui, le monde entier se souvient, s’apitoie et se remémore. Mais de quoi se souvient-on exactement ? « La libération d’Auschwitz » – mais qui a libéré quoi ? De quoi parle-t-on précisément ? Que s’est-il passé le 27 janvier 1945 ? Un véhicule blindé de l’Armée rouge est arrivé par hasard devant les grilles de Birkenau, pensant y trouver une usine travaillant pour les nazis, et ses passagers ont eu la surprise de se trouver face à environ 6000 êtres squelettiques et malades, ceux que les Allemands avaient laissés derrière eux car ils étaient incapables de participer aux terribles « marches de la mort » qui, dès le 17 janvier 1945, avaient vidé le camp de ses maheureux résidents. « Libération » ? Tous ceux qui parmi nous s’intéressent a minima à cette catastrophe (traduction du mot « Shoah ») savent que les nations n’ont pratiquement rien fait pour sauver les Juifs. Les Alliés ont même refusé de bombarder les rails qui amenaient les Juifs à l’abattoir, alors que les preuves s’accumulaient et que l’on savait exactement ce qui se passait.

À l’origine de cette journée organisée par l’ONU : Dan Gillerman, ambassadeur d’Israël auprès de cette instance. Suite à la cérémonie organisée en

janvier 2005 à Birkenau pour les soixante ans de la fin de la guerre et surtout pour ne pas laisser les Russes profiter seuls du titre de libérateurs, l’ONU a décidé d’en faire une journée internationale : par consensus, les 191 pays de l'Assemblée générale ont décidé que le 27 janvier serait la « Journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste » (le mot « Shoah » aurait été préférable). Formidable ! Jamais une proposition israélienne n’a obtenu autant de voix à New York ! Oui, il est important que le monde se souvienne. Mais il est encore plus important qu’il « fasse téchouva ». Or ce que nous observons de la part de l’ONU depuis le 7 octobre ne va pas vraiment en ce sens… Il est intéressant de noter comment divers pays inscrivent cette commémoration dans leur

calendrier officiel. En France, si j’en crois le site du ministère de l’Éducation nationale, cette journée est dédiée « à la mémoire des génocides et à la prévention des crimes contre l’humanité ». Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur ce qui est une banalisation de la Shoah… Le mieux étant souvent l’ennemi du bien, il y a en France de trop nombreuses dates du souvenir. Le 19 avril rappelle le le soulèvement du ghetto de Varsovie. Depuis 1954, la « Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation » se tient le dernier dimanche d’avril. Le 27 mai, c’est la « Journée nationale de la Résistance », en référence à la première réunion du Conseil national de la Résistance tenue le 27 mai 1943. Le 16 juillet marque la « Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux "Justes de France" » – voilà les « Justes » évoqués, faibles en nombre mais forts courageux vu le contexte. Et il y a aussi la « Cérémonie à la mémoire des martyrs de la déportation » à la Grande Synagogue de la Victoire, instituée par le rabbinat français dès 1946. En Israël, cette journée est bien sûr rappelée, mais ici nous avons surtout Yom HaShoah et, pour les plus religieux, le 10 Tevet, jour du Kaddich haKlali. Paris, elle, a bien été libérée, par les armes et le sang ! Le 27 janvier 1945, à Auschwitz, on a juste ouvert les portes de l’enfer. n

RECETTE

Forêt noire

PRÉPARATION

l Préchauffer le four à 200 °C (th. 6-7).

l Beurrer un cercle, le poser sur une plaque recouverte de papier cuisson et le réserver au frais.

Préparation de la génoise

l Dans un saladier, tamiser ensemble la farine, la fécule, le cacao et la vanille en poudre.

l Dans un autre saladier, séparer les blancs des jaunes.

l Mélanger les jaunes d'œufs avec 75 g de sucre.

l Monter les blancs en neige ferme en incorporant progressivement 75 g de sucre.

l Incorporer le beurre et la farine cacaotée aux jaunes blanchis.

l Ajouter le kirsch, mélanger.

l Ajouter les blancs en neige en mélangeant délicatement à l'aide d'une maryse jusqu'à ce que l'appareil soit homogène.

l Remplir le cercle et enfourner pour 35 minutes.

l Vérifier la cuisson à l'aide d'un couteau. Laisser refroidir la génoise sur une grille.

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

Pour la génoise

• 8 œufs

• 335 g de sucre en poudre

• 67 g de beurre fondu

• 67 g de farine

• 54 g de cacao

• 27 g de fécule de pomme de terre

• 2½ c. à s. de kirsch

• ½ c. à c. de vanille en poudre

Pour la garniture

• 67 cl de crème fleurette

• 2½ c. à s. de kirsch

• ½ c. à c. d'extrait de vanille ou vanille liquide

• 47 g de sucre glace

• griottines

Pour la décoration

• 107 g de copeaux de chocolat

• griottines

Préparation du sirop et de la chantilly

l Porter à ébullition 20 cl d'eau avec 100 g de sucre.

l Laisser tiédir et ajouter le kirsch.

l Réserver le sirop à température ambiante.

l Fouetter la crème fleurette. Incorporer progressivement le sucre, l'extrait de vanille et le kirsch.

Assemblage

l Égaliser la surface de la génoise et la couper en trois disques.

l Poser le premier sur un plat et l'imbiber de sirop.

l Le napper généreusement de crème fouettée, lisser et parsemer de griottines.

l Recouvrir avec le deuxième disque et renouveler l'opération.

l Terminer par le troisième disque, l'imbiber et le recouvrir d'une fine couche de crème.

l Napper également les côtés du gâteau.

l Décorer de griottines et de copeaux de chocolat. Réserver au frais jusqu'au moment de servir.

Bon appétit !

JUDAÏSME

Itaï Ashkenazi : de la Torah de Manitou à la Torah de Yemima, une histoire de transmission

Je l’ai rencontré il y a plus de vingt ans à Jérusalem. Il venait de rentrer d’un grand voyage en Asie. Il avait entendu dire que les francophones de Jérusalem étudiaient encore les enseignements de son grandpère. Il est venu à leur rencontre. Son grand-père, c’était le rav Léon Ashkenazi, dit Manitou, dont les élèves continuent de publier, traduire et transmettre les enseignements. Itaï le connaissait mal, il n’avait que 19 ans quand il est décédé. Les relations familiales étaient un peu distantes, limitées à des visites lors des Fêtes. De grandes discussions avec lui ? Il n’en a pas eu, ni de moments privilégiés. Il a découvert la grandeur de son grand-père alors que celui-ci avait déjà quitté ce monde, quand il s’est rapproché du judaïsme et de son identité profonde. Itaï a aujourd’hui 47 ans. Marié et père de famille, il enseigne la Torah dans sa communauté de Pardes Hanna. Il est également thérapeute et a publié son premier livre : 'Hidouch haBrit . Un long et beau chemin parcouru entre le grand-père et le petitfils, une histoire de transmission intergénérationnelle faite de noblesse et de profondeur.

La « révélation », Itaï l’a eue durant une méditation, pendant une retraite bouddhiste au Japon. Il renaît alors à son identité juive et comprend soudainement que la spiritualité qu’il est venu chercher si loin existe aussi dans le judaïsme. Jusque-là, il imaginait « le Dieu des Juifs comme un vieux monsieur dans le ciel, avec une barbe, qui ordonnait beaucoup de choses ». Le message reçu, il rentre en Israël et

entreprend sa quête – à Jérusalem, plus précisément, où nous nous rencontrons lui et moi à la sortie d’un cours de Torah en français. Redirigé vers le Centre Manitou qui l’accueille chaleureusement, il accède aux cours de son grandpère enregistrés et retranscrits, précieusement conservés : « C’est tragique, j’ai écouté des heures durant les enseignements de mon grand-père alors que de son vivant je n’en avais pas eu l’occasion. La vie est parfois surprenante. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à pratiquer les mitzvot et que j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme. » Ces heures d’écoute le transforment. « Lorsque j’ai étudié les sciences de l’éducation, poursuit-il, les enseignements de mon grand-père étaient toujours présents dans ma vie. Nous avons même habité avec nos enfants dans ce qui avait été son appartement à Ramat Eshkol pendant quelques années, c’était émouvant. Ma grand-mère était encore vivante quand j’ai fait techouva mais elle était déjà malade. Nous sommes ensuite partis vivres dans un yichouv “dati leoumi” dans la plaine de la Bekaa, et là-bas j’ai commencé pour la première fois à enseigner la Torah de Manitou. À la naissance de mon quatrième enfant, je me suis remis en question. La Torah

JUDAÏSME

de Manitou engage de profonds concepts, elle parle du Clal Israël, de la communauté d’Israël, mais cela ne m’aidait pas à vivre au quotidien la Torah et ses mitzvot ; cela ne m’aidait pas à relever les défis que posait un jeune couple. Je n’arrivais pas à faire le lien, dans ma vie, entre l’étude, cette morale divine et la vie de tous les jours. La barre était trop haute. Je me sentais tout petit. Cela me déprimait. Je cherchais une étude qui remplisse mon âme, une étude qui me fasse me sentir entier, complet. L’objectif de la Torah de Manitou, même si elle parle de compassion et de 'Hessed, c’est de découvrir l’Hébreu qui est en nous, et son lien avec la présence divine. Je cherchais ce lien mais je me posais également, et depuis longtemps, beaucoup de questions sur la liberté, un sujet qui n’est pas au centre du judaïsme. C’est alors que j’ai découvert la “méthode Yemima”. Je m’y suis formé et, très vite, j’ai vu des résultats dans ma vie, à tel point que ma femme a elle aussi voulu étudier et se former à cette méthode que j’ai ensuite moimême enseignée.

Yemima était une sorte de maître à penser, on l’appelait “la Rebbe”, car elle avait sa propre 'hassidout. Parallèlement, j’ai découvert le Baal Chem Tov et la 'hassidout de Rabbi Na'hman, je me suis enrichi spirituellement. Grâce à la méthode Yemima, j’ai pu relire la Torah à travers un nouveau prisme, faire le lien et réunir mon questionnement sur la liberté et les commandements en un seul mot : Brit, l’alliance. La liberté à l’intérieur des limites.

J’ai écrit mon premier livre sur ce sujet : 'Hidouch haBrit. Mon grandpère est évidemment présent entre les lignes mais j’y ai ajouté mon approche de la 'hassidout Bratslav,

Léon Ashkenazi (1922-1996), plus connu en France sous son nom de totem de Manitou, était un rabbin, philosophe et kabbaliste franco-israélien. Avec le philosophe Jacob Gordin, André Neher et Emmanuel Levinas, il a participé à la renaissance du judaïsme français après la Seconde Guerre mondiale. À la suite de la guerre des Six Jours, il a émigré en Israël où il a étudié auprès du rav Zvi Yehouda Kook et du rav Shlomo Binyamin Ashlag, et où il a fondé un réseau d'enseignement du judaïsme : l'Institut Mayanot et le Centre Yaïr, centres d'études juives et israéliennes, principalement fréquentés par les francophones d’Israël. Il est devenu l’un des plus importants porte-paroles du sionisme religieux. E. A.

Yemima Avital (1929-1999), descendante d’une famille de kabbalistes, est née au Maroc et a fait son Alya en Israël à 20 ans. Elle a développé une méthode unique qui intègre la psychologie, à laquelle elle a été formée à l'Université de Tel Aviv, et la spiritualité et la pensée juives, y compris la Kabbale. En 1987, elle a ouvert l’Institut Maayan, où elle a enseigné cette méthode de développement personnel qui porte son nom, appelée aussi « méthode de la pensée consciente ». Célèbre en Israël, cette méthode a fait également des adeptes à l’étranger. E. A

ainsi que la méthode Yemima et, bien sûr, beaucoup de moi. J’ai essayé d’écrire dans une langue que notre génération et les plus jeunes peuvent comprendre. Sa traduction en français est en cours. Je prépare un autre livre sur la place de l’homme et de la femme – et pas seulement sur le couple – dans ce monde et dans le judaïsme. De nos jours et sous l’influence du wokisme, il règne une grande confusion. Il est temps de remettre les choses en place. Je tiens aussi à continuer à enseigner en français. C’est important pour moi. »

Itaï Ashkenazi, fils de David et petit-fils de Léon AshkenaziManitou, a su saisir le lien de la transmission et, après des années d’étude et de travail personnel, il a développé sa propre approche de l’être juif, une identité profonde liée à la Terre d’Israël, à la Torah et à la communauté, mais aussi en phase avec son âme et ses aspirations. Le flambeau continue à briller. n

Emmanuelle Adda https://www.instagram.com/itai_ashkenazi/ https://www.midreshet-manitou.org/

LE KLING DU MOIS

D'un côté comme de l'autre

D'un côté…

Reims, le 28 février 1945, grand quartier général. Ike Eisenhower est penché sur les cartes d'État-major. Tout est en place pour la dernière phase de la guerre qui, dans quelques mois, conduira à la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. C'est alors que va se dérouler un des épisodes les plus incroyables de la guerre. Le chef suprême du corps expéditionnaire allié en Europe reçoit la visite d'un émissaire suisse qui dit avoir une importante communication à lui faire de la part d'un général nazi. Intrigué, l'Américain le fait entrer. L'autre lui propose un deal : l'Allemand détient 97 civils européens en otage – des Français, des Anglais et quelques Belges. Il propose d'en relâcher une trentaine en échange de la libération de mille prisonniers allemands dont quelques-uns sont membres de la Waffen-SS et ont du sang sur les mains. De plus, l'Allemand exige que les troupes américaines se retirent des territoires conquis ces derniers mois : la quasi-totalité du territoire français et l'Italie. Eisenhower demande d'arrêter l'émissaire sur-lechamp et de le faire examiner par un psychiatre afin de s'assurer de sa santé mentale. Fin de l'anecdote. Bien entendu, cette histoire est une pure invention et n'a jamais eu lieu. Elle est le fruit de mon imagination débordante. J'ai évidemment conscience de l’énorme différence entre les deux situations. Et je sais aussi, amis lecteurs, que vous serez nombreux à trouver la comparaison déplacée. Cependant, si nous voulons éviter les désastreuses conséquences de l'accord passé avec les terroristes, il faut tout d'abord avoir le courage de les regarder en face. Pourquoi ne pas avoir exigé la libération de TOUS les otages comme préalable à tout accord ? Que vont devenir les autres ? Qui peut garantir que le Hamas ne se réarme pas si nous nous retirons de l'axe de Netzarim ou de celui de Philadelphie ?

Scène de liesse dans un collège à Petah Tikva pour célébrer la libération des otages des geôles du Hamas © Flash90

Combien de futurs Sinwar retrouvent aujourd'hui la liberté et combien de victimes innocentes paieront le prix de la libération de ces assassins ?

De l'autre côté…

Une fois tout ceci posé, je me dois également d'avouer qu'à côté de la crainte et de la colère que j'ai éprouvées ces jours-ci à l'annonce de ce dangereux accord, j'ai aussi ressenti une immense fierté de voir mon pays et mon peuple pleurer d'émotion à l'unisson face aux retrouvailles de nos jeunes filles avec leurs familles. Cette joie nationale n'a rien d'évident. Bien sûr, tous les pays du monde sont soulagés lorsqu’un de leurs citoyens otage est libéré. Mais rien n'est comparable à cette ferveur, à cette attente de tout un peuple, à

LE KLING DU MOIS

ce sentiment de solidarité palpable au point que ces jeunes filles libérées semblent faire partie de notre famille ! L'Iran a retenu 52 Américains en otage pendant 444 jours. Les Américains ont continué à bien dormir la nuit et leur libération n'a pas donné lieu à des scènes de liesse chez tous les citoyens d'Amérique. « C'est plus que de la solidarité, écrivait récemment un journaliste israélien, c'est la concrétisation de la "brit", de l'alliance qui unit tous les fils et les filles d'Israël entre eux ! » Cette « brit » est à la fois notre faiblesse et notre force. Pour elle, nous sommes prêts à payer un prix exorbitant – mais sans elle, que deviendrons-nous ?

Il faut être Juif ou Israélien pour comprendre à quel point on peut être tout à la fois ulcéré par cet accord et fier qu'il ait été signé…

Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n

klingelie@gmail.com

HORAIRES DE CHABBAT

CHABBAT BECHALA'H – CHABBAT CHIRA 7 FÉVRIER 2025-9 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h38 17h57

Tel Aviv 16h58 17h59

Netanya 16h57 17h58

CHABBAT YITRO 14 FÉVRIER 2025-16 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h44 18h03

Tel Aviv 17h04 18h05

Netanya 17h03 18h04

CHABBAT MICHPATIM 21 FÉVRIER 2025-23 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h50 18h09

Tel Aviv 17h10 18h10

Netanya 17h09 18h10

CHABBAT TEROUMA (CHEQUALIM) – ROCH 'HODECH ADAR 28 FÉVRIER 2025-30 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h56 18h14

Tel Aviv 17h15 18h15

Netanya 17h15 18h15

CHABBAT TETSAVÉ – CHABBAT ZAKHOR 28 FÉVRIER 2025-30 CHEVAT 5785

Jérusalem 17h01 18h19

Tel Aviv 17h21 18h21

Netanya 17h20 18h20

« Notre âme est ardente et riche. Elle renferme le trésor le plus grand et le plus glorieux. Nous sommes remplis de la lumière de la vie. » Or Ha'Haïm

JUDAÏSME

La lettre oubliée

Jadis, en Russie, il y avait un homme pieux nommé Reb Baroukh. Imprégné d’une profonde crainte de Dieu, ce 'hassid jouissait d’une vie comblée, avec une femme dévouée, des enfants bien éduqués et une situation financière florissante. Chaque année, il se rendait chez son Maître, le Baal Chem Tov, pour recevoir ses bénédictions. Un jour, lors de sa visite chez le Maître, celui-ci lui demanda :

« Comment te portes-tu, Reb Baroukh ? »

« Très bien, grâce à Dieu ! », répondit le 'hassid avec enthousiasme.

« Et comment se portent tes affaires ? », s’enquit le Maître.

« Elles prospèrent bien, grâce à Dieu. »

« Et ta femme ? Et tes enfants ? Leur éducation ? », poursuivit le Maître.

« Dieu merci, je n’ai pas à me plaindre. Ils se portent très bien. Ils respectent les valeurs de la Torah. Tout va pour le mieux », répondit Reb Baroukh.

Le Baal Chem Tov fixa longuement Reb Baroukh puis ajouta, sur un ton mystérieux :

« Eh bien, si tout va aussi bien que tu le dis, j’aimerais te demander un petit service… »

« Bien sûr, Rabbi, avec plaisir ! De quoi s’agit-il ? »

Le Baal Chem Tov se tourna alors vers son bureau, prit une feuille de papier sur laquelle il écrivit quelques mots, avant de la plier et de la glisser dans une enveloppe qu’il remit à Reb Baroukh.

« Il s’agit d’une lettre pour le grand-rabbin Avigdor de la ville de Vitebsk. J’aimerais que tu la lui remettes, s’il te plaît », expliqua-t-il.

« Comptez sur moi, Maître, ce sera fait ! », répondit le 'hassid avec entrain.

Une fois son entrevue terminée, Reb Baroukh quitta la demeure du Juste. Quelques jours plus tard, lorsqu’il reprit la route pour rentrer chez lui, il prit soin de glisser la lettre dans la doublure de son manteau pour ne pas risquer de la perdre. Mais les jours et les semaines s’écoulèrent et Reb Baroukh finit par oublier complètement la lettre dans la doublure de son manteau. Les mois passèrent, puis les années… Vingt années s’étaient écoulées depuis lors, durant lesquelles rien ne lui avait réussi, jusqu’à la disparition aussi complète qu’inexplicable de sa fortune.

Désormais, Reb Baroukh ne possédait plus rien, si ce n’est une humble demeure où il vivait avec sa famille. La pauvreté était si grande qu’il n’avait même plus de quoi acheter du lait pour ses enfants. Dans l’abîme de son désespoir, il s’interrogeait :

« Mon Dieu, comment en suis-je arrivé là ? Pourquoi la destinée m’a-t-elle tourné le dos ainsi ? Pourquoi ? » Il ouvrit alors l’armoire, une vieille armoire qui, à l’époque où il vivait sans compter, tout au long de ses années prospères, avait vu défiler tant de manteaux de qualité, tant de costumes de grande valeur. Il chercha frénétiquement dans les poches des vêtements qui se trouvaient là, à la recherche d’un peu d’argent pour nourrir ses enfants affamés et affaiblis. Il fouilla sans y croire, il palpa, tâtonna, jusqu’à ce qu’il mette la main sur le fameux manteau. Il sentit dans la doublure quelque chose d’inhabituel et, gagné par la curiosité, se demanda ce que cela pouvait bien être. C’est alors qu’il vit la lettre jaunie datant de vingt ans, à l’attention du rabbin Avigdor ! Reb Baroukh se mit à trembler de tous ses membres. Il s’écria : « Bon sang ! Comment ai-je pu oublier cette lettre ?! Le Baal Chem Tov a déjà quitté ce monde depuis bien des années ! J’ai compris : c’est pour cela que j’en suis arrivé là ! Au fond, de moi, je le sais. Cette lettre, cette mission que le Maître m’avait confiée, comment ai-je pu l’oublier, comment ? Je m’y étais pourtant engagé ! » D’amères larmes de culpabilité coulaient le long de ses joues. Mais il se reprit et, rattrapé par un fol espoir, se dit en lui-même qu’après tout il n’était peut-être pas trop tard pour réparer sa faute. Reb Baroukh ne put se résoudre à laisser cette mission inachevée. Dans la Torah, il avait appris que rien n’était jamais perdu, qu’il y avait toujours une seconde chance – alors pourquoi pas pour lui, à présent ? Il en avait tellement besoin ! Il prit la précieuse lettre et décida de faire le voyage jusqu’à Vitebsk, la ville où le grand-rabbin Avigdor avait autrefois officié. Il espérait en lui-même :

« Mon Dieu, faites que ce rabbin soit encore vivant ! »

Au bout de quelques jours de voyage, il arriva dans la ville de Vitebsk et demanda aussitôt aux locaux s’ils connaissaient le grand-rabbin Avigdor. Mais au grand dam de Reb Baroukh, chaque personne qu’il interrogeait répondait :

« Le rav Avigdor ? Non, nous ne connaissons aucun rabbin de ce nom par ici. »

Il chercha, interrogea encore et encore, jusqu’aux anciens de la ville :

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« Vous souvenez-vous du rabbin Avigdor qui exerçait dans votre ville, ici à Vitebsk, il y a vingt ans ? », demandait-il fiévreusement. Mais les anciens faisaient la même réponse :

« Pas du tout, il n’y a jamais eu de rabbin Avigdor à Vitebsk. Tu as dû te tromper de ville, mon ami ! »

Reb Baroukh ne comprenait absolument rien à cette étrange histoire. Il se retrouva finalement avec sa lettre, seul, assis sur les marches de la grande synagogue, totalement désemparé, ne sachant que faire ni où aller. À présent, il était désespéré. Comment était-il possible que son Maître se soit trompé ? Mais soudain, ses pensées furent interrompues par un bruit qu’il entendit derrière lui. Des voix chantaient et criaient :

« Mazal tov ! Mazal tov ! »

Il entra alors dans la synagogue et y vit une foule de Juifs qui célébraient probablement un heureux événement. Il écouta attentivement et entendit de nouveau, bien distinctement :

« Mazal tov ! Mazal tov au rabbin Avigdor, le tout nouveau rabbin de la ville de Vitebsk ! »

Reb Baroukh n’en croyait pas ses yeux. Il regarda sa lettre jaunie, puis le jeune rabbin Avigdor fraîchement nommé. Il s’approcha de lui et lui demanda :

« Vous êtes le rabbin Avigdor, n’est-ce pas ? »

Le jeune homme répondit affirmativement et, en retour, lui demanda d’une voix chaleureuse :

« C’est bien moi. En quoi puis-je vous aider ? »

Reb Baroukh le pria de le suivre dans un endroit privé afin de lui raconter toute son incroyable histoire.

Le rabbin Avigdor était stupéfait : comment était-il possible que cette lettre lui soit destinée ? Il n’avait que six ans lorsque le Baal Chem Tov avait quitté ce monde ! Mais il prit la lettre et l’ouvrit. Sur le papier jauni, une seule phrase était griffonnée, qu’il lut :

« À l’attention du Rabbin Avigdor de Vitebsk

L’homme qui se trouve en face de vous était très riche à l’époque. S’il vous plaît, venez-lui en aide… »

Le secret de cette histoire

L’histoire met en évidence la clairvoyance du Baal Chem Tov. Il savait que Reb Baroukh aurait besoin de bénédictions supplémentaires pour faire face aux défis à venir. Malheureusement, Reb Baroukh n’avait pas réalisé que les bénédictions accordées par Dieu peuvent un jour être reprises. Il aurait donc dû demander au Maître que ces bénédictions continuent de l’accompagner.

La morale de cette histoire est de reconnaître la valeur des maîtres spirituels, et de solliciter leur sagesse

et leurs bénédictions. Même lorsque tout semble bien aller, il est important d’être humble et ouvert à leur assistance. Il est crucial de comprendre que les bénédictions et la protection divine doivent être recherchées et renouvelées régulièrement pour faire face aux événements de la vie. n

Qui sont les Benei Noa'h, ces Chrétiens qui respectent les sept lois de Noa'h ?

Il

est

dit

que, pour mériter le Olam haBa (le monde futur), un Juif doit suivre les 613 commandements. Mais, à l’inverse des paradis chrétien et musulman qui n’ouvrent leurs portes qu’à leurs seuls croyants, le judaïsme, pourtant souvent accusé d’être hermétique, donne accès au monde futur aux non-Juifs du moment qu’ils suivent les sept lois noahides. De quoi s’agit-il ?

Depuis l’aube des temps, Dieu a imposé à l’homme plusieurs lois fondamentales.

Après l’éradication par le Déluge d’une humanité corrompue, Dieu a imposé à Noa'h et à sa descendance de reconstruire un nouveau monde sur des bases morales essentielles : les sept lois fondamentales. Selon le Talmud qui en a fait le recensement, six de ces lois sont des interdictions, à savoir : le blasphème, incluant toute utilisation vaine du nom divin, l’idolâtrie au sens large, l’adultère ainsi que toute immoralité sexuelle, le meurtre, bien entendu, le vol et la consommation du sang d’un animal encore en vie (ce qui revient à interdire toute cruauté envers les animaux). La septième loi divine, positive, est le commandement

d’établir des tribunaux pour garantir la justice sociale. Comme signe de Son alliance avec l’humanité, Dieu a offert l’arc-en-ciel, formé de sept couleurs… comme le nombre des lois noahides. Car le nombre 7 rappelle l’œuvre de la Création par la volonté divine (les sept planètes, les sept océans, les sept continents, etc.), le chabbat ou encore la menorah à sept branches. L’homme y a d’ailleurs fait écho avec les « sept merveilles du monde », établies par les Grecs qui avaient appris des Juifs que ce nombre 7 abritait quelque chose de transcendant. Selon Maïmonide, qui s’est grandement étendu sur ce sujet, tout non-Juif qui suit les sept lois noahides et les considère d’origine divine est vertueux, et il a droit au monde futur. Mais les Juifs, eux, doivent suivre les

613 commandements, globalement appelés « lois mosaïques ». On comprend que les rabbins soient étonnés de voir un nonJuif souhaiter se convertir au judaïsme : ses obligations sont alors centuplées !

Toujours selon Maïmonide, inciter les non-Juifs à suivre ces sept lois noahides incombe à tous les Juifs. Des penseurs juifs y ont vu un terrain de morale et d’éthique compatible entre Israël et les nations. Au XIX e siècle, le rabbin livournais Elie Benamozegh (1823-1900) considérait qu’elles constituaient la seule religion universelle et fraternelle, et que le judaïsme avait pour mission de les promouvoir. Le concept a été repris par le Rabbi de Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, qui encourageait ses disciples à

JUDAÏSME

enseigner les sept lois noahides. L’idée a été suivie dans les années 1990 par des rabbins orthodoxes qui ont créé l’alliance des Benei Noa'h ( חנ ינב), c’est-à-dire les fils de Noé et leurs descendants, à savoir : toute l’humanité. À la suite de la création de plusieurs cellules de Benei Noa'h à travers le monde, un grand conseil de type Sanhédrin a été établi en 2006 à Jérusalem par plusieurs rabbins, dont le rav Oury Cherki. Le but de ce mouvement moderne est ouvertement d’encourager l’adhésion des non-Juifs aux sept lois noahides qui établissent une conduite éthique entre les humains – bien entendu, sans obligation de conversion au

judaïsme. Si ces lois générales étaient suivies universellement, il n’y aurait plus de meurtre, de vol ni de guerre !

Ce mouvement des Benei Noa'h, issu du monde juif orthodoxe, entreprend aussi de faire rayonner la spiritualité de la Torah. C’est un effort considéré comme une obligation des Juifs envers l’humanité, car le monde présent est déjà entré dans les temps messianiques, et ce mouvement s’aligne sur la prophétie de Michée : « Il arrivera à la fin des temps que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et des peuples y afflueront. Et nombre de

nations iront en disant : “Allons et gravissons la montagne de l’Éternel et allons à la maison du Dieu de Jacob, et Il nous enseignera Ses voies et nous suivrons Ses chemins. Car de Sion sort la Torah et de Jérusalem la parole de l’Éternel.” » (Michée 4, 1-2). n

Cet article est tiré du site Yedia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.

Mots fléchés

Solutions des jeux page 62

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JEUX

Solutions des mots fléchés de la page 60

Trois mères juives se rencontrent au salon de thé.

La première soupire : – Oy…

La seconde soupire : – Oy oy…

Alors la troisième s'exclame :

– On avait décidé de ne pas parler des enfants aujourd'hui !

Un rabbi monte dans un train pour aller à Cracovie. Il s'installe avec ses bagages et ses 'hassidim autour de lui.

Le contrôleur du train arrive et dit au rabbi en contrôlant son billet :

– Je suis désolé, Monsieur le Rabbin, mais vous vous êtes trompé de train. Celui-ci ne va pas à Cracovie mais à Lublin. Il faut que vous descendiez tout de suite !

Le rabbi s'énerve :

– Puisqu'on me manque de respect et que l'on m'oblige à changer de train, je maudis

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BLAGUES À PART

Et vous savez ce qui s'est passé ?

La bénédiction du rabbi s'est réalisée ! Si ce n'est pas un miracle, ça !

Une femme vient de perdre son mari. On organise les offices à la maison du défunt. Le préposé commence la prière en attendant qu'il y ait dix hommes pour réciter le Kaddich. Malheureusement, le temps passe et ils ne sont que neuf.

La femme intervient et dit :

ce train : qu'il ait un accident, qu'il n'arrive jamais à destination et que tous les passagers périssent !

Les 'hassidim protestent :

– Mais Rabbi, les passagers de ce train sont innocents !

– Vous avez raison, dit le rabbi. Je me suis un peu emporté. Eh bien, je retire ma malédiction. Je bénis ce train ! Qu'il parte à l'heure et arrive à l'heure, et que tout le monde soit en bonne santé !

– Je m'en occupe !

Elle ouvre la porte, va dans la rue et arrête le premier Juif qui passe :

– Excusez-moi ! lui crie-t-elle, vous ne voudriez pas faire le dixième ?

– Avec vous ? Même pas le premier ! répond le passant.

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille

ל''כנמ

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