Jeudi 6 février 2025
8 Chevat 5785
NÂș 1017 | Mensuel
TSAHAL, L'ARMĂE DU PEUPLE : MODE D'EMPLOI MICHEL
HAZANAVICIUS : « DESSINE-MOI
UN JUSTE »
LES DRUZES DU GOLAN : ENTRE ESPOIR ET INQUIĂTUDES
M.G. WOLKOWICZ : « LE FILM DE J. AINOUZ
DONNE IMAGE
AU LANGAGE »
ARRĂT SUR IMAGE Daniella Gilboa, Liri Albag, Naama Levy, Karina Ariev et Agam Berger enfin rĂ©unies aprĂšs lâenfer dâune captivitĂ© dĂ©butĂ©e le 7 octobre
Daniella Gilboa Liri Albag
Naama Levy
Karina Ariev Agam Berger
ĂDITORIAL Consomma-Sion Le traitement mĂ©diatique de la libĂ©ration des otages doit nous interroger. Une rĂ©flexion Ă©thique Ă lâĂ©chelon national nâaurait-elle pas Ă©tĂ© salutaire pour un pays dont le supplice est jetĂ© en pĂąture aux yeux du monde depuis le 7 octobre 2023, souvent dans lâindiffĂ©rence ? Depuis la premiĂšre libĂ©ration de certains de nos frĂšres et sĆurs le 24 novembre 2023, nous avons pourtant eu du temps et du recul pour analyser et rĂ©flĂ©chir aux consĂ©quences dâune exposition aussi crue dont les enjeux baignent dans le clair-obscur. Retransmettre en direct, pendant des dizaines dâheure, le processus de libĂ©ration dâIsraĂ©liens traquĂ©s et troquĂ©s en utilisant les mises en scĂšne indĂ©centes de nos pires ennemis, est-ce utile ?
Passer en boucle les mĂȘmes images jusquâĂ la nausĂ©e, est-ce utile ?
Nous plonger, Ă notre insu, dans un cruel voyeurisme, est-ce utile ?
Bien sĂ»r, nous avons besoin de voir le retour des membres de ce qui est devenu notre famille. Mais quelques clichĂ©s auraient Ă©tĂ© suffisants pour nous rassurer. Sây rajoutent encore les commentaires de journalistes qui, sans plus aucune retenue, livrent leurs Ă©motions et leur vision de la caricature guignolesque voulue par le Hamas : « Câest le plus beau message de victoire et de courage de la part de ces femmes qui sourient sur ce podium ! », nous disent-ils. Ce message ne rencontre pas ce que je ressens, qui sâapparente plutĂŽt Ă de lâeffroi et de lâhumiliation face Ă ce qui a Ă©tĂ© imposĂ© Ă ces ĂȘtres humains capturĂ©s et sĂ©questrĂ©s. Je ne vois pas de victoire dans lâexhibition de ces femmes dont le sourire ne me renseigne en rien sur leur Ă©tat profond mais dont on ne cesse de dire quâ« elles ont lâair dâaller bien ! »
Le rĂ©cit de la libĂ©ration de Doron, Emily et Romi, le 19 janvier, mâavait quant Ă lui surprise en ce quâil ne faisait quasiment pas mention du sacrifice endurĂ© par les jeunes soldats et leurs familles pendant ces longs mois de combats Ă Gaza. Face aux incessants appels des journalistes Ă dire pardon aux otages (de ne pas les avoir libĂ©rĂ©es plus tĂŽt), jâai Ă©prouvĂ© une vĂ©ritable honte pour tous nos fils, vivants dans le meilleur des cas, blessĂ©s ou morts dans le pire. Eux aussi doivent-ils demander pardon ?! Nâont-ils pas assez abandonnĂ© femmes, enfants, fiancĂ©es, mĂšres et pĂšres, Ă©tudes et travaux, rĂȘves et voyages, bravant les pires dangers pour aller chercher nos 'hatoufim vivants ou morts ? Il ne sâagit pas de remettre cet accord en question mais de sâinterroger sur le rĂ©cit qui nous en est fait â quel message veut-on nous faire absorber de part et dâautre du curseur ? â car nous sommes bien plus que des consommateurs avides. Nous vivrons de libĂ©ration en libĂ©ration, en apnĂ©e, jusquâau 2 mars, date prĂ©sumĂ©e de la fin de cet Ă©cĆurant accord au compte-goutte validĂ© par les nations, la Croix-Rouge et tous les autres complices silencieux de ce trafic dâĂȘtres humains innocents contre des terroristes aux mains tachĂ©es de sang. Mais chaque homme, femme et enfant est un miracle qui nous revient. Alors cessons de nous flageller et de dĂ©signer lâautre (au sein de notre peuple) comme coupable. Tentons de nous concentrer sur lâimmense amour qui remplit les cĆurs de ceux qui retrouvent les leurs, sur chaque famille rĂ©unie et sur cette grande famille quâest le pays tout entier, qui attend le retour de tous les siens. Restons humbles, calmes et rĂ©servĂ©s pour vivre ce qui est plus grand que nous.
Anne-Caroll Azoulay
5 CARTES SUR TABLE
Ils partiront et nous laisseront enfin en paix
6 Ă L'AFFICHE
l 7 octobre. Un crime sans nom : un film de J. Ainouz
l Donner image au langage : lâanalyse de M. G. Wolkowicz
11 BOUILLON DE CULTURE
⹠Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste »
âą Nelly Tagar : lâactrice israĂ©lienne francophile qui monte, qui monteâŠ
16-33 DOSSIER
TSAHAL :
NOTRE BOUCLIER
sommaire n° 1017 34 SOCIĂTĂ
Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes
38 INTERVIEW
Tomer Margalit et Orel Chalaf : résister par la danse et le courage
42 DĂCOUVERTE D'ISRAĂL
Le chemin du Sanhédrin : la premiÚre start-up pour le Tikoun haMidot
44 SANTĂ
Les aliments de « nature chaude » pour lâhiver
50 JUDAĂSME
ItaĂŻ Ashkenazi, petit-fils de Manitou : une histoire de transmission
ET AUSSI... Leadership (37), Livres et vous (46), Tribune (48), Recette (49),
Le Kling du mois (52), JudaĂŻsme (54), Jeux (58-60), Immobilier (61)
Ils partiront et nous laisseront enfin en paix Les commĂ©morations liĂ©es aux 80 ans de la libĂ©ration des camps de concentration et des centres d'extermination d'AuschwitzBirkenau interrogent. OĂč Ă©tait le Premier ministre d'IsraĂ«l ? Son absence liĂ©e au fait qu'il doit avant tout se concentrer sur la guerre et la libĂ©ration des otages est Ă©galement due Ă une autre raison. Câest aussi parce qu'il y a un risque qu'il soit jugĂ© en Pologne pour crime de guerre que Bibi ne s'y est pas rendu. En attendant, une dizaine de chefs d'Ătat s'y sont rĂ©unis pour commĂ©morer le souvenir de Juifs⊠morts. Car lorsqu'il s'agit de Juifs exterminĂ©s Ă une Ă©poque oĂč l'Ătat d'IsraĂ«l n'existait pas, tout le monde s'Ă©meut et se met au garde-Ă -vous. Mais lorsqu'il s'agit du peuple « fier et dominateur » â comme disait De Gaulle â, du peuple en vie qui se bat contre ses ennemis, dans ce cas, non seulement on prĂ©fĂšre le critiquer, mais en plus on menace de le juger pour crime contre l'humanitĂ©. Les valeurs sont inversĂ©es, plus personne n'a plus honte de rien.
Tout cela alors que dans le mĂȘme temps, la vie dans l'Hexagone, elle, poursuit son cours⊠1570 actes antisĂ©mites ont officiellement Ă©tĂ© recensĂ©s en 2024. Vu qu'une enquĂȘte de l'Union EuropĂ©enne indique que 80 % des Juifs agressĂ©s ne portent pas plainte par peur de reprĂ©sailles, cela veut dire qu'au moins 6000 actes antijuifs auraient Ă©tĂ© commis l'annĂ©e derniĂšre. Dans ce contexte, lâordre de prioritĂ©s devrait ĂȘtre bien diffĂ©rent. PlutĂŽt que d'aller Ă la rencontre de nos morts, ces prĂ©sidents, Macron le premier, devraient avant tout s'inquiĂ©ter de ceux qui sont vivants. D'abord des Juifs qui vivent en France, en renforçant sĂ©rieusement la sĂ©curitĂ© les concernant. Ensuite, des Juifs qui vivent en IsraĂ«l â quoique, pour ce qui est de ces derniers, ce n'est fort heureusement pas son rĂŽle de les protĂ©ger ni de leur donner les moyens de se dĂ©fendre. Ils n'attendent rien de lui. Par contre, il ferait bien une bonne fois pour toutes de prendre exemple sur le combat que nous menons et de faire de mĂȘme. Sinon, les terribles prĂ©dictions du best-seller de Houellebecq Soumission
se rĂ©aliseront et une gigantesque menace pĂšsera sur tous. Est-il trop tard ? Peut-ĂȘtre. MalgrĂ© cela, il est du devoir du monde, et dans son intĂ©rĂȘt, de tirer des leçons de notre combat et de s'en inspirer. Et que ceux qui ne comprennent rien et qui se sentent plus humanistes que le peuple juif ne fassent rien, qu'ils attendent de se faire frapper. Mieux : qu'ils rĂ©alisent la bonne idĂ©e de Trump et fassent venir chez eux ces centaines de milliers de terroristes qui vivent Ă Gaza. Ils partiront et nous laisseront enfin en paix. n
Ă L'AFFICHE Donner image au langage Le 27 fĂ©vrier aura lieu Ă Tel Aviv la projection du film de JosĂ© Ainouz : 7 octobre 2023. Un crime sans nom. Ce film sera au cĆur dâun dĂ©bat
auquel participeront Sam Tyano, professeur Ă©mĂ©rite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie, Ă lâorigine de cette initiative conçue comme un moment de partage nĂ©cessaire.
AJ MAG : Pourquoi cette projection ?
Michel Gad Wolkowicz : Jâavais dĂ©jĂ organisĂ© une rencontre Ă lâInstitut Français peu aprĂšs le 7 octobre et jâavais compris lâimportance de se rassembler, dâessayer de se donner une reprĂ©sentation de ce qui sâĂ©tait passĂ©, car traumatisĂ©s que nous Ă©tions tous, nous avions des difficultĂ©s Ă donner un sens Ă notre rapport Ă ce massacre. De nombreuses personnes ne parvenaient pas Ă se figurer ce qui se passait. Il est important de pouvoir mentaliser ce que nous avons vĂ©cu, de se construire une sorte de « peau psychique » pour affronter cela. Ă cet Ă©gard, le film de JosĂ© Ainouz me semble ĂȘtre parfaitement en mesure de donner une image au langage. Sans rajouter un traumatisme sur le traumatisme par des images trop crues, ce type de narratif peut avoir une fonction thĂ©rapeutique.
Ce film intervenant prĂšs dâun an et demi aprĂšs le 7 octobre, le fait de ne plus ĂȘtre dans lâimmĂ©diatetĂ© lui permet-il toujours de jouer ce rĂŽle ?
Lâhistoire du traumatisme nâest pas finie. Ce que
nous vivons avec la libĂ©ration des otages rĂ©active ce traumatisme car ses modalitĂ©s nous placent au cĆur dâun tumulte de sentiments contradictoires extrĂȘmement difficiles Ă vivre. Lâimportance du rĂ©cit et de la conarrativitĂ© est fondamentale ; cela permet de resymboliser quelque chose. Car le traumatisme, câest avant tout le langage anĂ©anti. En partageant un rĂ©cit, naĂźt ce que je nomme la « tiercialitĂ© » qui permet de se rĂ©approprier une histoire qui nous a dĂ©truits. Peu importe si cette histoire est toujours en cours, comme nous le vivons actuellement. Le process, lui, est, bien prĂ©sent.
Pourquoi invitez-vous Ă©galement Sam Tyano, qui a mis en place quasiment toute la pĂ©dopsychiatrie institutionnelle de lâenfant, mais Ă©galement de lâadolescent, en IsraĂ«l ? Il me semble intĂ©ressant de prĂ©senter deux approches du traumatisme, selon les points de vue de la psychiatrie occidentale et anglo-saxonne en vigueur en IsraĂ«l. Cette derniĂšre place lâĂ©vĂ©nement au cĆur
Ă L'AFFICHE du traumatisme ; et tout est donc mis en place, via des outils relevant des thĂ©rapies comportementalistes et cognitivistes, pour tenter de « flouter » cet Ă©vĂ©nement afin de permettre aux gens de redevenir performants et fonctionnels de maniĂšre rapide et efficace. Lâapproche occidentale, psychanalytique notamment, envisage lâĂ©vĂ©nement traumatique Ă lâaune de lâhistoire personnelle, selon quâil vient ou non rĂ©actualiser, rĂ©activer des failles vĂ©cues dans lâenfance. Câest la raison pour laquelle diffĂ©rentes personnes exposĂ©es Ă un mĂȘme Ă©vĂ©nement ne rĂ©agissent pas toutes de la mĂȘme maniĂšre. Ă mon sens, ne sâoccuper des traumatismes quâen surface est une bombe Ă retardement. Il est important de les traiter en profondeur.
La sociĂ©tĂ© israĂ©lienne nâest-elle pas « thĂ©rapeutique » dans les liens trĂšs profonds quâelle tisse au quotidien ? Le fait dâĂȘtre entourĂ©, au bureau, Ă lâĂ©cole Ă la koupat 'holim, par des personnes qui partagent le mĂȘme destin, nâest-ce pas en soi une sorte de filet de lâaffect, qui guĂ©rit ou du moins apaise ?
Le sentiment dâune possibilitĂ© dâidentification les uns aux autres, dâun fonds commun, quasi phylogĂ©nĂ©tique, transgĂ©nĂ©rationnel, dâun surmoi collectif, participe de la constitution dâune « peau psychique » collective qui restaure en partie les profondes blessures narcissiques
Septembre 2024 : une nouvelle aile dédiée au traitement des traumatisme liés à la guerre est inaugurée au centre médical Ziv de Tzfat. © Flash90
singuliĂšres, les deuils et les pertes tragiques, et donc les forces Ă©motionnelles, de vie et de rĂ©silience. Cependant, cela ne remplace aucunement une prise en charge individuelle intense et prolongĂ©e, dans laquelle se tisse une profonde relation de confiance entre le sujet et lâanalyste, et oĂč le temps de chacun est respectĂ©, le temps nĂ©cessaire pour reconstruire un processus interne de symbolisation et de subjectivation, pour inscrire lâĂ©vĂ©nement traumatique dans son histoire intime, afin que son identitĂ© ne sây rĂ©duise pas de façon totalisante et chronique, ni quâil soit refoulĂ© dans une partie clivĂ©e de sa personnalitĂ©, au risque de la constitution dâun « faux self », dâune dissociation et dâun futur effondrement psychopathologique. n
Propos recuillis par Anne-Caroll Azoulay
7 octobre 2023. Un crime sans nom, de et en présence de José Ainouz, réalisateur et historien, et avec la participation au débat de Sam Tyano, professeur émérite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie
Mercredi 26 février 2025 à 14h
CinémathÚque de Tel Aviv - 5 rue HaArbaa, Tel Aviv-Yafo Inscription sur place à la cinémathÚque
PAF : 29 shekels
Ă L'AFFICHE JosĂ© Ainouz : AprĂšs avoir longtemps enseignĂ© lâhistoire, JosĂ© Ainouz (cicontre) a entamĂ© une seconde carriĂšre en tant que cinĂ©aste documentariste il y a une vingtaine dâannĂ©es. Le monde africain, dogon particuliĂšrement, le passionne. Mais un jour, Ă la suite dâune confĂ©rence de Katy Hazan sur les enfants de la Shoah, il a Ă©tĂ© touchĂ© par « une question existentielle » ayant directement trait Ă son identitĂ©. « Je me suis dit que je devais arrĂȘter de faire des films sur lâAfrique pour me consacrer au rapport Ă ma propre culture », se souvient-il. « AprĂšs un film sur les Juifs du NigĂ©ria oĂč jâai rencontrĂ© des Juifs africains qui lisent parfaitement la Torah, jâai rĂ©alisĂ© un film sur lâassociation de secours dâurgence Hatzalah, qui mâa fait entrer au cĆur de la prĂ©occupation existentielle de lâĂtat dâIsraĂ«l dans ce conflit avec le monde arabe. » Revenu en France, il apprend le procĂšs intentĂ© Ă lâhistorien Georges Bensoussan et lui propose de faire un film. Ce puzzle identitaire mis en place, le 7 octobre intervient alors comme une vraie dĂ©flagration. Ce jour-lĂ , JosĂ© Ainouz se trouve en France, dans son petit village de lâOise. Il dĂ©couvre lâhorreur Ă la radio, puis sur i24NEWS : « Jâentends pour la premiĂšre fois les noms de ces kibboutzim massacrĂ©s : Nir Oz, Be'eri, Kfar Aza. JâĂ©tais dans la plus parfaite sidĂ©ration. »
Le 7 octobre a rĂ©veillĂ© en moi une peur existentielle de lâanĂ©antissement Ă L'AFFICHE Cela rĂ©veille en lui « une peur primordiale de lâanĂ©antissement. ImmĂ©diatement, les images de pogroms en BiĂ©lorussie, en Ukraine ou en AlgĂ©rie me reviennent, en mĂȘme temps que la fameuse question : comment cela a-t-il pu arriver ? »
Trois jours plus tard, il décide de partir en Israël : « En tant que documentariste et historien, je ne me voyais pas rester chez moi.
Et puis, jâai de la famille en IsraĂ«l et jâĂ©prouvais lâimpĂ©rieux besoin de rendre compte de ce qui sây passait. Dâune certaine façon, ne pas y ĂȘtre relevait de lâabandon. Je devais faire ce que je savais faire. »
TrĂšs vite, il rĂ©unit un minimum dâargent pour dĂ©marrer le film. Le premier parti pris du rĂ©alisateur est de documenter lâĂ©vĂ©nement afin dâavoir « des rĂ©cits historiques que personne ne pourrait nier ». Face aux rĂ©seaux sociaux inondĂ©s par les immondes images du Hamas, JosĂ© Ainouz regarde, classe, recoupe les images, accompagnĂ© par la prĂ©cieuse grille de lecture de Georges Bensoussan qui lui fait « prendre conscience que le 7 octobre ne relevait pas dâun conflit territorial mais bien dâun combat
existentiel que nous devions mener face Ă des ennemis qui voulaient Ă©radiquer la prĂ©sence juive en IsraĂ«l ». Disposant de peu de moyens, il est pourtant aidĂ© et soutenu par une vraie machine humaine dâentraide.
« Les gens du kibboutz Na'hshonim ont Ă©tĂ© adorables, ils mâont hĂ©bergĂ© et aidĂ© Ă trouver les contacts, tout sâest enchaĂźnĂ© Ă un rythme extrĂȘmement soutenu. GrĂące Ă cela, jâai pu interroger de trĂšs nombreuses personnes que lâon voit dans le film. » ConseillĂ© par un ami rabbin et un psychanalyste, il laisse les tĂ©moins parler, intervenant peu, et leur permettant d'exprimer avec pudeur leur histoire et leur ressenti.
JosĂ© Ainouz dit avoir « pris conscience de son identitĂ©, de la culture juive, de lâimportance quâIsraĂ«l reprĂ©sente pour la sĂ©curitĂ© du peuple juif. IsraĂ«l est fondamental Ă mes yeux. Le 7 octobre et le film mâont permis de comprendre quâIsraĂ«l est un combat culturel et anthropologique. Il faut quâIsraĂ«l vive. » n
Anne-Caroll Azoulay
BOUILLON DE CULTURE Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste » Le cinéaste français
oscarisĂ© (pour The Artist) a prĂ©sentĂ© lors du quarantiĂšme Festival du film international de HaĂŻfa, ainsi quâĂ Tel Aviv, son premier film dâanimation : La plus prĂ©cieuse des marchandises. Une histoire solaire dans lâombre de la Shoah, adaptĂ©e du conte Ă©ponyme de JeanClaude Grumberg et dont les principaux protagonistes sont des Justes. Rencontre.
InvitĂ© Ă prĂ©senter son dernier opus lors du Festival international du fim de HaĂŻfa, dont le coup dâenvoi a Ă©tĂ© dĂ©calĂ© de trois mois au 31 dĂ©cembre en raison des tirs du Hezbollah libanais, le rĂ©alisateur Michel Hazanavicius a tenu son engagement. Le cinĂ©aste français
(OSS 117, The Artist, Le RedoutableâŠ), qui avait honorĂ© le public israĂ©lien de sa prĂ©sence lors de lâouverture du Festival international du film de JĂ©rusalem en Ă©tĂ© 2017, aprĂšs avoir Ă©tĂ© lâinvitĂ© dâhonneur du Festival du film Ă©tudiant de Tel Aviv lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, a rĂ©pondu prĂ©sent Ă la mijanvier pour une mission dĂ©licate. lll
BOUILLON DE CULTURE lll Il sâagissait cette fois dâaccompagner la sortie en salle (le 23 janvier) de son premier film dâanimation, et sans doute son Ćuvre la plus personnelle : La plus prĂ©cieuse des marchandises, une histoire solaire campĂ©e dans lâombre de la Shoah, dont les principaux protagonistes sont des Justes. En choisissant dâadapter le conte Ă©ponyme de Jean-Claude Grumberg, un vieil ami de ses parents, le rĂ©alisateur appuie de toute Ă©vidence sur une douloureuse touche mĂ©moire. Michel Hazanavicius, dont les grands-parents et les parents, dâorigine lituanienne et polonaise, ont survĂ©cu Ă la Shoah, a pu en prendre la mesure lors de lâĂ©change quâil a eu avec le public Ă lâoccasion dâune avant-premiĂšre organisĂ©e au cinĂ©ma Lev de Tel Aviv.
« Je voulais vous dire que jâai Ă©tĂ© trĂšs Ă©mue et touchĂ©e par le film. Et je souhaitais vous remercier quâon en reparle quatre-vingts ans plus tard. Je suis une petite-fille de dĂ©portĂ©s. Ma famille a Ă©tĂ© raflĂ©e au VĂ©l' dâHiv' en juillet 1942 », a confiĂ© une spectatrice au cinĂ©aste dans la foulĂ©e de la projection â et ce, alors que le monde commĂ©more en ce dĂ©but dâannĂ©e le quatre-vingtiĂšme anniversaire de la libĂ©ration du camp dâextermination dâAuschwitz. Pour autant, Michel Hazanavicius a tenu Ă souligner que La plus prĂ©cieuse des marchandises nâest pas une histoire sur lâhorreur ou sur les camps. « Câest trĂšs difficile de reprĂ©senter les camps. Je ne me voyais pas montrer des figurants prĂ©tendant ĂȘtre un convoi de dĂ©portĂ©s », a-t-il prĂ©cisĂ©. Aux spectateurs qui se sont Ă©tonnĂ©s que les mots « Juif » ou « Auschwitz » ne soient pas mentionnĂ©s dans le film (ils le sont dans le livre), le cinĂ©aste a rĂ©pondu que lâesthĂ©tique du conte
est une façon de rendre lâhistoire plus universelle. Ăvoquant lâhistoire de cette enfant juive sauvĂ©e par un couple de bĂ»cherons durant la Seconde Guerre mondiale, il a insistĂ© sur le fait que nous avons tous le choix de devenir ces personnages. « Nous pouvons tous ĂȘtres des victimes ou des bourreaux. Mais nous pouvons aussi ĂȘtre des Justes, faire cette expĂ©rience du libre arbitre. » Michel Hazanavicius, ancien Ă©tudiant en arts qui nâavait jamais montrĂ© ses dessins quâĂ son entourage immĂ©diat, est Ă©galement revenu sur son choix de faire un film dâanimation : « Toute la question de ce film a Ă©tĂ© de trouver la bonne distance. Pendant des annĂ©es, la fiction nâĂ©tait pas la bienvenue pour aborder lâHolocauste. Le film Shoah de Claude Lanzmann, basĂ© sur des tĂ©moins, faisait figure de
dogme. Mais maintenant que les survivants disparaissent et que lâon sâĂ©loigne de l'Ă©vĂ©nement, la fiction a investi le terrain. Enfin, lâanimation correspond bien Ă lâidĂ©e de ne pas ĂȘtre trop lourd. Il nây a pas de horschamp. Il nây a rien dâautre que ce qui est dans lâimage. Le reste nâexiste pas. Donc, de maniĂšre un
BOUILLON DE CULTURE peu paradoxale, les dessins sont plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, au sens oĂč ils ne mentent pas. »
Ă la fin de ce chef-dâĆuvre animĂ© qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en compĂ©tition au Festival de Cannes et dont le narrateur nâest autre que le regrettĂ© comĂ©dien Jean-Louis Trintignant (disparu en 2022), une phrase ne
manque pas de rĂ©sonner : « Vous voulez savoir si câest une histoire vraie ? Bien sĂ»r que non, pas du tout. Il nây eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer dâurgence leurs marchandises. » Ce que Michel Hazanavicius commente ainsi : « Je pense que ce trait dâhumour de Jean-Claude Grumberg est brillant. Câest une façon de dire : câest une fiction, mais
tout le monde sait que câest pour de vrai. »
Avec La plus prĂ©cieuse des marchandises, le rĂ©alisateur, qui a publiĂ© lâĂ©tĂ© dernier une tribune incisive dans le quotidien Le Monde sur la banalisation de lâantisĂ©mitisme, peut en tout cas sâenorgueillir dâoffrir un film humaniste, porteur dâespoir et « animĂ© par les forces de la vie ». n
Nathalie Hamou
BOUILLON DE CULTURE Nelly Tagar : lâactrice israĂ©lienne francophile qui monte, qui monte⊠Le public francophone connaĂźt sans doute son visage, mais pas forcĂ©ment son nom. DistinguĂ©e il y a quelques annĂ©es Ă lâinternational comme lâune des comĂ©diennes les plus prometteuses de sa gĂ©nĂ©ration, lâactrice et standuppeuse israĂ©lienne Nelly Tagar enchaĂźne les succĂšs depuis le film ZĂ©ro motivation qui lâa rĂ©vĂ©lĂ©e au grand public, non seulement en IsraĂ«l mais aussi Ă lâĂ©tranger. Elle Ă©voque sa carriĂšre, ses projets, ainsi que sa passion de toujours pour la culture et la langue françaises.
AJ MAG : Avez-vous rĂ©alisĂ© un rĂȘve de longue date en devenant actrice ?
NellyTagar : Jâai jouĂ© dans mon premier film Ă lâĂąge de dix ans. Ă ce moment-lĂ , jâai rĂ©alisĂ© que la vie pouvait ĂȘtre incroyablement belle, quâon pouvait se lever le matin et avoir un travail comme celui-lĂ . Je savais intĂ©rieurement que je voulais faire ce mĂ©tier, mais cela a Ă©tĂ© difficile Ă faire accepter Ă mes parents. Je viens dâune famille dâavocats et de dentistes, oĂč les professions artistiques ne sont pas valorisĂ©es. Câest aussi la mentalitĂ© en IsraĂ«l : ici, le mĂ©tier dâacteur nâest pas vraiment considĂ©rĂ©, Ă moins de devenir une star. Mais depuis, jâai fait ma place et ma mĂšre est vraiment fiĂšre de moi.
Racontez-nous lâaventure du film ZĂ©ro motivation⊠Ce film a Ă©videmment marquĂ© un tournant dans ma carriĂšre. Il est arrivĂ© Ă un moment plutĂŽt difficile du point de vue professionnel. Je venais dâĂȘtre licenciĂ©e par le théùtre Cameri aprĂšs une interprĂ©tation de Juliette dans RomĂ©o et Juliette qui avait Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e.
Les gens trouvaient que je ne correspondais pas Ă lâimage classique quâils se faisaient du personnage. Jâai pourtant continuĂ© Ă croire en moi, et le rĂŽle dans ZĂ©ro Motivation est arrivĂ©. Le film a eu un Ă©norme succĂšs en IsraĂ«l et Ă lâĂ©tranger. CâĂ©tait fou de voir un film sur un sujet aussi typiquement israĂ©lien que lâarmĂ©e remporter une si forte adhĂ©sion. Il a Ă©tĂ© primĂ© au Festival Tribeca et mâa valu dâĂȘtre dĂ©signĂ©e comme lâune des vingt rĂ©vĂ©lations de lâannĂ©e par IndieWire.
AprĂšs ce film, vous avez enchaĂźnĂ© les succĂšs, avant de vous lancer dans le stand-upâŠ
Jâai ensuite eu la chance de jouer dans la sĂ©rie Mes sĆurs formidables, grĂące Ă laquelle jâai remportĂ© lâOphir de la meilleure actrice dans un rĂŽle comique. Cette mĂȘme annĂ©e 2016 est sorti le film Past Life sur la Shoah, dans lequel je jouais pour la premiĂšre fois un rĂŽle dramatique. Travailler avec le rĂ©alisateur Avi Nesher a Ă©tĂ© une vraie consĂ©cration Ă mes yeux. Puis est venue la pĂ©riode du Covid, particuliĂšrement difficile pour les acteurs en IsraĂ«l et partout ailleurs.
BOUILLON DE CULTURE Le monde du stand-up mâattirait beaucoup mais Ă lâĂ©poque il Ă©tait presque exclusivement masculin. Jâavais Ă©galement le sentiment que pour rĂ©ussir dans ce milieu, il fallait forcĂ©ment ĂȘtre vulgaire, ce que je ne suis pas du tout. Mais jâai finalement dĂ©passĂ© mes rĂ©ticences et je me suis lancĂ©e, motivĂ©e aussi, il faut le dire, par le besoin de continuer Ă gagner ma vie. Je mâĂ©panouis beaucoup dans le stand-up, jâaime le rapport direct avec le public et la libertĂ© dont je jouis. Jây parle de ma vie dâactrice, de mĂšre, de mes inquiĂ©tudes pour lâavenir⊠Faire du stand-up et jouer dans des films sont deux choses trĂšs diffĂ©rentes : la premiĂšre nĂ©cessite de trouver en soi ce que lâon veut dire et Ă©crire, tandis que la seconde permet, Ă travers les mots et la vision dâautres que soi, de dĂ©couvrir et dâexplorer des parts de soi-mĂȘme que lâon ne connaĂźt pas. Jâaimerais maintenant Ă©crire des scĂ©narios, câest un projet qui me tient Ă cĆur.
Vous ĂȘtes une vraie francophile. DâoĂč vous vient cet amour de la langue et de la culture françaises ?
Sans doute dâun proche ami de mon pĂšre qui Ă©tait peintre et vivait Ă Paris. Chaque annĂ©e, il sĂ©journait chez nous avec sa famille pendant trois semaines. Jâadorais les entendre parler entre eux. La langue française me semblait beaucoup plus adaptĂ©e Ă la relation parents-enfants que lâhĂ©breu. Je prĂ©fĂ©rais largement entendre « arrĂȘte ! » que « daĂŻ kvar ! ». Jâai dâailleurs inscrit mon fils dans un gan [Ă©cole maternelle] francophone. Il rĂ©alise un peu mon rĂȘve par rapport Ă la langue et la culture françaises.
Un acteur qui fait son Alya de France peut-il réussir en Israël ?
Oui, sans aucun doute. Ă partir du moment oĂč il maĂźtrise la langue, il peut se faire une place. Le fait quâil conserve un accent nâest absolument pas un problĂšme. IsraĂ«l, qui sâest dĂ©veloppĂ© grĂące aux vagues dâAlya successives, est particuliĂšrement tolĂ©rant vis-Ă -vis des accents et mĂȘme des fautes de langue. Ce nâest pas comme en France oĂč un acteur pourrait se voir mis de cĂŽtĂ© en raison de son accent.
La connaissance de la culture israĂ©lienne est-elle selon vous un facteur dâintĂ©gration ?
Câest absolument Ă©vident. Notre degrĂ© dâintĂ©gration dĂ©pend de la maniĂšre dont on sâapproprie la culture dâun pays. Câest dâautant plus vrai en IsraĂ«l oĂč lâon peut vivre facilement sans maĂźtriser la langue et en restant dans sa communautĂ©. Mais câest manquer une dimension fondamentale. n
Interview réalisée par Cathy Choukroun pour Studio Qualita
TSAHAL : NOTRE BOUCLIER Un dossier réalisé par Nathalie Sosna-Ofir
DOSSIER Tsahal : plus quâune armĂ©e Depuis sa crĂ©ation en 1948, Tsahal est bien plus quâune simple armĂ©e : elle incarne lâĂąme du pays. Bien que fragilisĂ©e par la tragĂ©die du 7 octobre, câest un pilier fondamental de l'identitĂ© nationale, et le garant de la survie de la Terre dâIsraĂ«l et de lâĂtat juif.
Créée en pleine guerre d'IndĂ©pendance, Tsahal, issue de structures paramilitaires telles que la Haganah, le Palma'h et l'Irgoun, a dĂ©butĂ© sur de modestes bases. Elle a su dĂ©velopper et conserver un avantage qualitatif grĂące Ă son armĂ©e de lâair et Ă la modernitĂ© de ses systĂšmes d'armement â dont plusieurs sont conçus et produits en IsraĂ«l. Cependant, l'idĂ©e d'une supĂ©rioritĂ© technologique qui permettrait dâassurer la victoire sans mener une guerre classique peut s'avĂ©rer dangereuse. Ce qui fait la force de Tsahal, ce sont avant tout la qualitĂ© de ses soldats, formĂ©s pour se battre et risquer leur vie afin de protĂ©ger leur pays dans le respect de la dignitĂ© humaine, et sa capacitĂ© Ă se remettre continuellement en question pour relever de nouveaux dĂ©fis. Ces atouts lui ont permis de remporter tous les conflits majeurs contre les armĂ©es arabes, avec des victoires dĂ©cisives dans des contextes critiques, comme lors de la guerre des Six Jours en 1967 et celle de Kippour en 1973. Tsahal combat Ă©galement la haine persistante des groupes terroristes sur les fronts sud et nord, et sur celui de la JudĂ©e-Samarie. Elle mĂšne de nombreuses opĂ©rations contre les groupes palestiniens â Hamas, Djihad islamique⊠â ou contre le Hezbollah afin d'assurer la sĂ©curitĂ© du pays.
En dĂ©pit des failles du 7 octobre, Tsahal continue dâincarner une armĂ©e
innovante, rĂ©siliente et profondĂ©ment enracinĂ©e dans les valeurs de son peuple. Les dĂ©fis sont immenses. La tragĂ©die du 7 octobre a rappelĂ© Ă quel point les menaces peuvent Ă©voluer rapidement et surprendre, tout en rĂ©vĂ©lant des failles majeures dans le systĂšme de dĂ©fense du pays, au sein de la classe politique, des services de renseignement â et de lâarmĂ©e, qui a cependant su se relever en quelques heures. Au-delĂ de sa mission militaire, Tsahal joue un rĂŽle central dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Le service militaire obligatoire pour les hommes et les femmes est un rite de passage, contribuant Ă forger l'identitĂ© nationale. Il offre aussi une opportunitĂ© unique dâintĂ©gration pour les nouveaux immigrants. Le rĂŽle des rĂ©servistes est Ă©galement essentiel. Ces citoyens-soldats, qui reprennent l'uniforme en cas de besoin, incarnent lâesprit de solidaritĂ© nationale. AprĂšs le 7 octobre, 300 000 rĂ©servistes ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s et des milliers dâautres se sont portĂ©s volontaires, dĂ©montrant le profond attachement de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Ă son armĂ©e. Nombreux sont ceux qui sont tombĂ©s pour la dĂ©fense du drapeau. Tsahal est lâune des armĂ©es les plus inclusives au monde dans son dĂ©sir de favoriser lâĂ©galitĂ© et la diversitĂ©. Elle intĂšgre dans ses rangs des homosexuels, des personnes en situation de handicap et des jeunes
DOSSIER aux besoins spĂ©cifiques. Cependant, la question du « partage du fardeau » demeure un sujet de vif dĂ©bat, alimentant les frictions sociales et politiques. Depuis la crĂ©ation de lâĂtat dâIsraĂ«l, une partie des ultraorthodoxes a Ă©tĂ© exemptĂ©e du service militaire pour des raisons religieuses. En dĂ©pit des accusations constantes de disproportionnalitĂ© dont elle fait lâobjet, Tsahal valorise la vie humaine, mĂȘme ennemie, avertissant les populations de futures frappes pour permettre aux civils de se mettre Ă lâabri, et menant de nombreuses opĂ©rations humanitaires. La premiĂšre, en 1953, a vu la marine israĂ©lienne venir Ă lâaide de la GrĂšce aprĂšs un tremblement de terre. En 1994, Tsahal a envoyĂ© 270 personnes Ă Goma, au Congo, pour aider les rĂ©fugiĂ©s qui fuyaient la guerre civile au Rwanda. En 2006, aprĂšs l'effondrement dâun immeuble Ă Nairobi, Tsahal a envoyĂ© 80 soldats pour secourir les victimes. De 2016 Ă 2018, Tsahal a fourni des soins mĂ©dicaux et une aide humanitaire aux Syriens dans le besoin, notamment sur le plateau du Golan.
Sur le plan militaire, Tsahal entretient dâĂ©troites relations avec des armĂ©es Ă©trangĂšres, notamment
celle des Ătats-Unis, un alliĂ© stratĂ©gique. Les exercices conjoints, comme « Juniper Cobra », renforcent la prĂ©paration face aux menaces globales, tandis que les transferts technologiques illustrent une collaboration mutuellement bĂ©nĂ©fique. Des Ă©changes avec des armĂ©es europĂ©ennes et asiatiques tĂ©moignent de lâinfluence de Tsahal sur la scĂšne internationale. En dĂ©pit de la faille du 7 octobre, Tsahal continue dâincarner une armĂ©e innovante, rĂ©siliente et profondĂ©ment enracinĂ©e dans les valeurs de son peuple, toujours aussi dĂ©terminĂ©e Ă garantir non seulement la sĂ©curitĂ© de la nation, mais aussi son avenir dans un environnement hostile.
Ah, encore une chose : Tsahal dispose-t-elle ou non de lâarme nuclĂ©aire ? Eh bien, ne comptez pas sur nous pour vous le rĂ©vĂ©ler. Les autoritĂ©s israĂ©liennes ne lâont ni confirmĂ© ni infirmĂ©. Il sâagit dâun secret qui relĂšve davantage de la doctrine stratĂ©gique, car cultiver lâambiguĂŻtĂ© est beaucoup plus avantageux quâune officialisation. Ainsi, Ă AJ MAG, nous choisissons de confirmer que cette installation surmontĂ©e dâun dĂŽme en acier si bien gardĂ©e Ă Dimona est bien une usine de textile⊠n
« L'usine de textile » de Dimona...
© FLASH90
DOSSIER Au service de la nation Le processus
dâincorporation dĂ©bute Ă lâĂąge de 16 ans avec la rĂ©ception du « Tzav richone », la convocation Ă une journĂ©e de tests visant Ă Ă©valuer les aptitudes physiques et mentales des futurs conscrits. Certains postuleront Ă des unitĂ©s combattantes ou dâĂ©lite, Sayeret Matkal ou Shaldag, si leurs aptitudes le leur permettent.
Dâailleurs, le service combattant a Ă©tĂ© exceptionnellement sollicitĂ© aprĂšs le 7 octobre. La session de recrutement de lâĂ©tĂ© 2024 rĂ©vĂšle que les unitĂ©s de dĂ©fense aĂ©rienne, dâinfanterie frontaliĂšre et de renseignement de combat ont dĂ©passĂ© 120 % des objectifs, avec un record de 159 % pour lâartillerie fĂ©minine. Ces taux trĂšs Ă©levĂ©s renforceront la capacitĂ© opĂ©rationnelle des unitĂ©s et permettront une prĂ©paration rapide aux missions Ă venir.
Dâautres nouvelles recrues seront, elles, orientĂ©es vers des rĂŽles techniques, administratifs ou logistiques, ou exemptĂ©es pour des raisons mĂ©dicales ou psychologiques. Avant la guerre, un rapport du contrĂŽleur de l'Ătat indiquait une augmentation du nombre de jeunes ne s'engageant pas. Les chiffres actuels nâont pas encore Ă©tĂ© rendus publics. Toutefois, il est Ă noter que le taux dâexemption pour raisons idĂ©ologiques a augmentĂ©, tandis que celui des exemptĂ©s pour
dâautres raisons, comme le fait de vivre Ă l'Ă©tranger ou dâavoir un casier judiciaire, a diminuĂ©.
Avant leur incorporation, certains jeunes choisissent de participer Ă des programmes prĂ©paratoires : « mekhinot » ; dâautres prĂ©fĂšrent reporter leur service afin de se consacrer Ă des Ă©tudes religieuses ou universitaires, ou Ă des projets civiques.
Lâincorporation â Ă 18 ans ou plus tard pour les autres â est un Ă©vĂ©nement hautement chargĂ© en Ă©motion, qui marque lâengagement de chaque citoyen Ă dĂ©fendre son pays. Dernier signe de la main des parents et grands-parents, entre fiertĂ© et inquiĂ©tude, alors que le futur soldat monte dans le bus quâils suivent des yeux jusquâĂ ce quâil disparaisse.
Les nouvelles recrues sont rĂ©parties dans diffĂ©rentes bases dâentraĂźnement oĂč dĂ©butent les « tironout » â les classes â, axĂ©es sur la discipline, le vivre-ensemble, le maniement des armes et les valeurs Ă©thiques. Ensuite, les recrues suivent des formations spĂ©cifiques adaptĂ©es Ă leurs futures spĂ©cialitĂ©s. Bien que le service militaire soit obligatoire pour tous, certaines communautĂ©s, comme les Arabes israĂ©liens, en sont gĂ©nĂ©ralement exemptĂ©es, mĂȘme si leurs membres choisissent parfois de sâengager volontairement. Les BĂ©douins, eux, sont mobilisables, tout comme les Druzes qui affichent le plus haut taux dâenrĂŽlement en IsraĂ«l : 88 %
des hommes druzes rejoignent les rangs de Tsahal. La grande majoritĂ© des ultraorthodoxes ne servent pas sous les drapeaux pour se consacrer exclusivement Ă lâĂ©tude religieuse, ce qui gĂ©nĂšre des tensions politiques autour de la question du « partage du fardeau ». Actuellement, environ 70 000 Ă©tudiants de yechiva en Ăąge de servir ne sont pas enrĂŽlĂ©s. Les chiffres montrent que seuls 19 % de l'objectif annuel de recrutement de
© Flash90 4800 soldats ultraorthodoxes ont Ă©tĂ© atteints jusqu'Ă prĂ©sent. Quant aux nouveaux immigrants, ils ne peuvent ĂȘtre convoquĂ©s pour le « Tzav richone » que six mois aprĂšs leur Alya, et incorporĂ©s seulement douze mois aprĂšs leur Alya Une fois leur service obligatoire achevĂ© â 2 ans et 8 mois pour les hommes, 2 ans pour les femmes â, les soldats peuvent poursuivre leur carriĂšre dans lâarmĂ©e. Pour
la plupart, ils continueront Ă contribuer Ă la dĂ©fense du pays en tant que rĂ©servistes jusquâĂ lâĂąge de 40 ans, voire plus. Le service de rĂ©serve constitue une part fondamentale de lâidentitĂ© nationale, Ă raison de pĂ©riodes de plusieurs semaines par an, pouvant ĂȘtre prolongĂ©es en cas de nĂ©cessitĂ©. Il symbolise la rĂ©silience du pays et rappelle que Tsahal nâest pas seulement
une armĂ©e professionnelle, mais une armĂ©e populaire. Il est aussi un pilier de la culture israĂ©lienne, saupoudrĂ© dâhumour et de nostalgie, notamment grĂące Ă Guivat 'Halfon eina ona , film emblĂ©matique dâAssi Dayan qui illustre les situations absurdes issues de la rencontre entre le monde civil des rĂ©servistes et la rigueur militaire souvent caricaturale. n
Les familles disent au revoir, à la base militaire de Tel HaShomer, aux jeunes soldats enrÎlés dans la brigade des parachutistes de Tsahal.
DOSSIER Docteure Idit Shafran Gittelman : Le public israĂ©lien nourrit une confiance Ă©motionnelle et affective en Tsahal La docteure Idit Shafran Gittelman est chercheuse principale Ă lâInstitut d'Ă©tudes sur la sĂ©curitĂ© nationale. Experte en relations armĂ©e-sociĂ©tĂ©, Ă©thique du combat et philosophie politique, elle a dirigĂ© le programme « ArmĂ©e et sociĂ©tĂ© » Ă l'Institut israĂ©lien pour la dĂ©mocratie et siĂšge au conseil de l'Association des chercheurs en armĂ©e et sociĂ©tĂ©. Elle dresse pour nous un constat sans tabou sur la place de Tsahal au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne.
AJ MAG : Peut-on dire quâaprĂšs le 7 octobre, une crise de confiance entre la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne et Tsahal sâest installĂ©e ?
Idit Shafran Gittelman : Effectivement, car lâarmĂ©e nâa pas respectĂ© la premiĂšre clause implicite du contrat qui la lie Ă la population : assurer la protection des citoyens de lâĂtat dâIsraĂ«l. Cependant, lorsque lâon interroge le public sur sa confiance en Tsahal, les rĂ©ponses restent majoritairement positives.
Comment lâexpliquer ?
Il est essentiel de faire une distinction entre la confiance que le public accorde Ă Tsahal par attachement affectif et celle quâil lui accorde en tant quâinstitution fiable. Les citoyens aiment Tsahal, et ce lien est presque inĂ©vitable : il nâexiste quâune seule armĂ©e, et tout le concept de « lâarmĂ©e du peuple » en dĂ©coule. De plus, au dĂ©but de la guerre, le public a placĂ© les Ă©vĂ©nements du 7 octobre dans une sorte de « capsule », affirmant que ce qui s'Ă©tait passĂ© ce jour-lĂ ne devait pas influencer l'ensemble de sa perception de Tsahal. Cependant, dans cette perspective, cette capsule est temporaire et son temps commence Ă s'Ă©puiser.
Câest-Ă -dire ?
Nous sommes dans une phase oĂč le public exige des rĂ©ponses claires sur les enquĂȘtes en cours, et les leçons et les conclusions Ă en tirer. Tous les chefs militaires ont assumĂ© leur responsabilitĂ© au dĂ©but de la guerre, mais comment cette responsabilitĂ© se traduit-elle concrĂštement ? Le public israĂ©lien nourrit une confiance avant tout Ă©motionnelle et affective en Tsahal : il aime lâarmĂ©e. Mais cela suffit-il pour quâil suive aveuglĂ©ment ses directives ? Par exemple, si demain Tsahal dĂ©clare quâil est sĂ»r de retourner dans le Nord, est-ce que le public sây conformera aveuglĂ©ment ? En vĂ©ritĂ©, la rĂ©alitĂ© est bien plus nuancĂ©e.
DOSSIER Dans la conscience collective israĂ©lienne, Tsahal a toujours Ă©tĂ© perçue comme « l'armĂ©e du peuple ». Est-ce encore le cas aujourdâhui ?
Oui. Certes, Ă la veille de la guerre, il y avait beaucoup de discussions sur la possibilitĂ© que le modĂšle de « l'armĂ©e du peuple » soit en fin de course. Cela s'expliquait notamment par le faible taux d'enrĂŽlement, et la non-participation des populations ultraorthodoxes et arabes. L'armĂ©e elle-mĂȘme avait dĂ©jĂ proposĂ© un modĂšle de service plus diffĂ©renciĂ©, visant Ă raccourcir la durĂ©e du service, et Ă introduire une diffĂ©renciation Ă la fois dans la durĂ©e et dans la rĂ©munĂ©ration. AprĂšs le 7 octobre, je pense que ce dĂ©bat est aujourd'hui clos. Il est clair que Tsahal reste l'armĂ©e du peuple et que la conscription obligatoire perdurera.
Dans quelle mesure Tsahal peut-elle rester apolitique dans une société aussi fortement politisée et polarisée ?
La relation entre le commandement militaire et les dirigeants politiques demeure complexe, notamment
dans le contexte des mois ayant prĂ©cĂ©dĂ© la guerre et des manifestations qui ont secouĂ© le pays. Cela sâest reflĂ©tĂ© Ă plusieurs reprises dans lâensemble des prises de parole tout au long de la guerre, comme dans celle du porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, Ă propos dâEliezer Feldstein, mais aussi, plus largement, dans des dĂ©clarations perçues comme remettant en cause la subordination de lâĂ©chelon militaire Ă lâĂ©chelon politique. Ce phĂ©nomĂšne sâest Ă©galement manifestĂ© dans une sĂ©rie de dĂ©clarations Ă©manant de hauts commandants. La capacitĂ© de Tsahal Ă demeurer apolitique et institutionnelle est mise Ă lâĂ©preuve dans une Ă©poque marquĂ©e par un profond clivage entre lâĂ©chelon militaire et lâĂ©chelon politique, notamment sur la question des responsabilitĂ©s liĂ©es au 7 octobre. Câest un des plus grands dĂ©fis auxquels lâarmĂ©e doit faire face. MalgrĂ© tout, Tsahal sâefforce de prĂ©server sa neutralitĂ© politique. Cependant, cette tĂąche risque de devenir encore plus ardue avec la publication des enquĂȘtes internes et la possible mise en place dâune commission dâenquĂȘte nationale. lll
© DR Issu de la page Facebook de Idit
Shafran Gittelman
lll à quel point l'inégalité dans « le partage du fardeau » impacte-t-elle la société israélienne ?
La question du « partage du fardeau » est devenue cruciale en IsraĂ«l. Le fardeau des rĂ©servistes augmente, tant dans la rĂ©alitĂ© que dans les propositions lĂ©gislatives, tandis que le service obligatoire est prolongĂ© et les dĂ©lais de report rĂ©duits. Par exemple, les jeunes qui bĂ©nĂ©ficiaient dâun an et demi pour des programmes prĂ©paratoires ou un service civil voient cette pĂ©riode menacĂ©e. En revanche, une partie de la population est totalement exemptĂ©e de cette charge, ce qui met la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Ă rude Ă©preuve. Ce qui Ă©tait tolĂ©rable jusquâĂ prĂ©sent ne peut plus perdurer.
DOSSIER « Si lâinĂ©galitĂ© du fardeau perdure, cela risque de remettre en question le modĂšle de " lâarmĂ©e du peuple ", fondement historique de Tsahal. » MĂȘme la tolĂ©rance envers le public ultraorthodoxe diminue progressivement⊠En effet, toute la rhĂ©torique sur la conscription par le dialogue et l'amour ne tient plus. La situation, oĂč une partie de la population est enrĂŽlĂ©e tandis quâon se contente de demander poliment Ă une autre de participer Ă des arrangements de service trĂšs avantageux, provoque un profond malaise. La direction dans laquelle cette question va Ă©voluer est critique.
Le partage du fardeau est-il une décision politique ou militaire ?
La question de la conscription obligatoire,
notamment celle des ultraorthodoxes, a longtemps Ă©tĂ© au cĆur des dĂ©bats entre Tsahal et la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. JusquâĂ rĂ©cemment, lâarmĂ©e affirmait quâelle ne pouvait recruter que 3000 jeunes ultraorthodoxes par an, en plus des 1800 dĂ©jĂ enrĂŽlĂ©s. Cette position mettait lâarmĂ©e au centre du dĂ©bat, permettant aux responsables politiques de lui attribuer la responsabilitĂ© de lâinĂ©galitĂ© du fardeau. Cependant, Tsahal a rĂ©cemment annoncĂ© quâĂ partir de 2026, elle pourrait recruter tous les jeunes ultraorthodoxes, renvoyant ainsi la responsabilitĂ© au gouvernement et soulignant que la conscription des ultraorthodoxes relĂšve dâune dĂ©cision politique. Bien que lâarmĂ©e ait commis une erreur en sâimpliquant dans ce dĂ©bat, elle semble avoir rectifiĂ© sa posture. Reste Ă savoir quelle lĂ©gislation sera adoptĂ©e.
Les citoyens arabes devraient-ils Ă©galement ĂȘtre soumis Ă une conscription obligatoire ?
Je suppose que nous serons bientÎt confrontés à cette question. Il faut se rappeler que la situation de la communauté arabe est différente de celle de la communauté ultraorthodoxe, car la communauté arabe ne participe pas du tout au recrutement, et elle met en jeu des problématiques complexes, trÚs différentes de celles qui sont liées à la communauté ultraorthodoxe. La solution pourrait passer par un service civil. n
« On ne s'enrÎlera pas dans une armée ennemie. » Des Juifs ultraorthodoxes affrontent la police lors d'une manifestation contre l'enrÎlement des Juifs ultraorthodoxes dans l'armée israélienne, devant le centre de recrutement de Tsahal à Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 15 janvier 2025. © Flash90
DOSSIER United colors of Tsahal Bien plus quâun simple accessoire dâuniforme, le bĂ©ret â « koumta », en hĂ©breu â incarne lâidentitĂ©, la discipline et la fiertĂ© des soldats israĂ©liens. Introduits au dĂ©but des annĂ©es 1950, les bĂ©rets Ă©taient initialement limitĂ©s Ă quelques teintes : le vert olive pour la majoritĂ© des soldats, le gris pour lâarmĂ©e de lâair, le noir pour les blindĂ©s et les unitĂ©s dâartillerie, et le rouge pour la brigade des parachutistes. Avec l'extension des fonctions au sein de lâarmĂ©e, notamment Ă partir des annĂ©es 1970, de nouvelles couleurs ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es. Et si, jusquâaux annĂ©es 2000, les femmes portaient des bĂ©rets diffĂ©rents de ceux des hommes, elles arborent dĂ©sormais les mĂȘmes. Aujourdâhui, le bĂ©ret de Tsahal se dĂ©cline en seize couleurs et chaque recrue reçoit le sien en fonction de lâunitĂ©, du dĂ©partement ou de la brigade quâelle rejoint Ă la fin de ses classes, durant lesquelles tous les soldats portent un bĂ©ret vert olive.
Bleu foncé : Marine israélienne
Couleur choisie en raison de la couleur du bĂ©ret des marins de la Royal Navy britannique et qui reprĂ©sente le lien avec la mer. Au cours des deux premiĂšres dĂ©cennies de lâexistence de l'Ătat, les soldats de la Marine n'avaient pas de bĂ©rets, mais des chapeaux de marin avec un ruban portant les noms de leurs navires.
Gris foncé : Armée de l'air
Couleur choisie au moment de la création de l'Armée de l'air. Les pilotes portent une casquette ; et durant la formation, les cadets se reconnaissent à leur béret gris bordé de blanc.
Vert foncé : Renseignement militaire de Tsahal et Gardes-frontiÚres de la Police israélienne
Le gĂ©nĂ©ral de division Amnon Lipkin-Shahak, quinziĂšme chef d'Ătat-major de Tsahal, a choisi cette couleur lorsqu'il Ă©tait Ă la tĂȘte du Renseignement militaire. Et les gardes-frontiĂšres l'ont adoptĂ©e en raison de leur activitĂ© le long de la ligne verte, leur principal théùtre d'opĂ©ration.
Orange : Commandement du Front intérieur
La couleur orange est celle de nombreuses unités de sauvetage à travers le monde, c'est pourquoi elle a été choisie en 2000 comme couleur du Commandement du Front intérieur.
Bleu ciel : Département des communications et de la cybersécurité
Couleur choisie en raison de son lien avec la technologie et l'innovation.
Bleu : Police militaire
Couleur choisie en raison de son association avec les bérets de la police militaire britannique, qui étaient à l'origine bleus et rouges. Comme la couleur rouge a été attribuée aux parachutistes, il a été décidé d'adopter le bleu pour les unités de la Police militaire.
Noir : Corps blindé, Unité Magal, diverses unités de commandement terrestre, et le Bataillon Harev jusqu'à sa dissolution
Les unités blindées de l'armée britannique portaient un béret noir car les soldats de ces unités travaillaient fréquemment avec de l'huile de lubrification, ce qui risquait de salir un béret d'une autre couleur. Le Corps blindé de Tsahal a adopté cette couleur en suivant la tradition britannique.
Argent : Corps du Génie de combat
Couleur choisie par le commandant du Génie principal, Avishai Katz, dans le but de renforcer et d'accroßtre la fierté de l'unité des membres de ce corps. Avant cela, les soldats du Génie portaient des bérets noirs.
Turquoise : Artillerie
Jusqu'en 2000, la couleur du béret des soldats de
Parachutistes
DOSSIER renseignement
armée de l'air
Blindés
Génie de combat
Armée générale
Golani
Givati
Na'hal
Kfir
Défense des FrontiÚres
Artillerie
DOSSIER l'Artillerie était le noir. Cette année-là , un béret bleu turquoise a été introduit, symbolisant le ciel à travers lequel passent les obus d'artillerie. Le changement de couleur visait à renforcer la fierté de l'unité des membres de ce corps.
Olive : Armée générale
Mais aussi procureur militaire, Tribunaux militaires, Porte-parole de Tsahal et d'autres corps sans béret spécial, ainsi que toutes les recrues avant de recevoir leur béret spécifique.
Rouge : Brigade du feu et ses unités, Brigade parachutiste, Brigade Oz, Brigade 55, Brigade
Half Fire et l'Unité multidimensionnelle, Brigade 646, Brigade 226, Sayeret Matkal, Brigade Merom et ses unités, Unité Oketz, Unité de mobilité 444, Unité Lotor, Programme Erez, et autres
Couleur choisie car elle est celle des bérets de diverses unités parachutistes dans le monde, et particuliÚrement en fonction de la tradition des unités parachutistes de l'armée britannique.
Marron : Brigade Golani
Couleur choisie par les soldats de la brigade en 1976 car elle symbolise le lien avec la terre, le sol et les racines, et rappelle le symbole de la brigade : un arbre avec des racines.
Violet : Brigade Givati et Bataillon de reconnaissance du désert
Couleur choisie par le premier commandant de la brigade, le général de brigade Yehuda Duvdevani, lors de la reconstruction de la brigade en novembre 1982.
Vert clair : Brigade Na'hal, membres des noyaux Na'hal dans l'ArmĂ©e dâĂ©ducation
Couleur adoptée en juin 1988, qui symbolise l'affiliation de la brigade aux noyaux Na'hal, à l'agriculture et à la « colonisation ».
Camouflage vert-brun : Brigade Kfir
Couleurs choisies par le premier commandant de la brigade, le colonel David Menahem, qui symbolisent les couleurs de camouflage des soldats lors de leurs missions opérationnelles.
Camouflage jaune-brun : Unité de défense des frontiÚres, SystÚme de collecte de renseignements tactiques
Couleurs qui symbolisent le camouflage tactique. n
La « puretĂ© des armes » Ce principe fondamental de la doctrine militaire est au cĆur du serment de Tsahal ; câest un engagement Ă limiter l'usage de la force au strict nĂ©cessaire pour atteindre des objectifs militaires lĂ©gitimes, tout en garantissant la protection des droits et de la sĂ©curitĂ© des civils.
Cette approche implique une minutieuse Ă©valuation des risques et des dommages collatĂ©raux potentiels, ainsi quâune formation rigoureuse des soldats, qui sont tenus de faire preuve de responsabilitĂ© morale mĂȘme en situation de guerre. On a pu le constater ces derniers mois dans la bande de Gaza ou au Sud-Liban oĂč Tsahal a mis en place divers mĂ©canismes de protection, tels que l'envoi d'avertissements par SMS, appels ou tracts pour alerter les civils avant les frappes et autres opĂ©rations militaires â ce qui n'empĂȘche pas que sur la scĂšne internationale, Tsahal soit rĂ©guliĂšrement tenue coupable de « disproportionnalitĂ© » dans les zones de conflit.
La « puretĂ© des armes » a Ă©tĂ© mise Ă lâĂ©preuve lors de lâaffaire du soldat Elor Azaria filmĂ© en 2016 alors quâil tirait sur un terroriste palestinien dĂ©jĂ neutralisĂ© et blessĂ© aprĂšs avoir tentĂ© de commettre un attentat. Cet incident a dĂ©clenchĂ© un large dĂ©bat au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Certains soutenaient Azaria, estimant quâil avait agi par lĂ©gitime dĂ©fense, dâautres dĂ©nonçaient une violation des principes Ă©thiques fondamentaux de Tsahal. Le tribunal militaire chargĂ© de juger lâaffaire a reconnu Azaria coupable dâhomicide volontaire, le condamnant Ă dix-huit mois de prison, verdict qui a profondĂ©ment divisĂ© lâopinion publique israĂ©lienne.
Le rĂŽle des tribunaux militaires, souvent critiquĂ©s par certains, est essentiel pour garantir la discipline et lâĂ©thique au sein de Tsahal. En tant qu'entitĂ©s indĂ©pendantes, ils examinent les infractions prĂ©sumĂ©es aux rĂšgles d'engagement, aux lois de la guerre et aux droits humains, garantissant que l'armĂ©e reste fidĂšle Ă ses principes fondamentaux, et que les enquĂȘtes soient conduites avec justice et transparence. En diligentant chaque transgression avec Ă©quitĂ© et rigueur, ils assurent le respect du principe de la « puretĂ© des armes », prĂ©servant ainsi l'intĂ©gritĂ© de Tsahal, sans doute l'une des armĂ©es les plus morales au monde. n
DOSSIER Matthias Inbar journaliste Défense à i24NEWS en français AJ MAG : Tsahal mérite-t-elle encore pleinement son titre d'Armée de défense d'Israël ?
Matthias Inbar : MalgrĂ© une indĂ©niable faille rĂ©vĂ©lĂ©e le 7 octobre, il est essentiel de rappeler que cette armĂ©e reste fidĂšle Ă sa mission principale : dĂ©fendre IsraĂ«l. Ce titre, elle le doit Ă la mobilisation exemplaire des IsraĂ©liens, toutes origines et opinions politiques confondues, unis dans un seul objectif : protĂ©ger leur pays. La dĂ©fense ne se limite pas Ă repousser l'ennemi. Elle inclut Ă©galement la protection de l'arriĂšre-front, une mission indissociable de toute stratĂ©gie dĂ©fensive. Attaquer pour neutraliser une menace imminente est, en ce sens, une composante essentielle de la dĂ©fense. Ainsi, malgrĂ© lâĂ©norme faille opĂ©rationnelle, il serait injuste de remettre en question l'appellation d'ArmĂ©e de dĂ©fense d'IsraĂ«l.
L'image de Tsahal a-t-elle été affectée par le 7 octobre, en Israël et à l'international ?
La gestion des événements du 7 octobre, notamment en matiÚre de renseignement et de prévision d'une attaque, a terni l'image de Tsahal. En Israël comme à l'étranger, la perception de l'armée israélienne en tant que force capable d'anticiper les mouvements de l'ennemi a été mise en question. Par ailleurs, cet événement a mis en lumiÚre des défaillances majeures dans les processus de prise de décision. Cependant, il est crucial de souligner que Tsahal est l'une des rares armées au monde à avoir su se mobiliser en quelques heures pour repousser un ennemi déjà présent sur son territoire. Bien que les critiques soient faciles, une analyse plus approfondie révÚle une situation bien plus complexe.
Et quâen est-il de la confiance de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne en lâarmĂ©e ?
Il convient dâexaminer cette confiance sous trois perspectives : avant le 7 octobre, pendant les Ă©vĂ©nements, et aprĂšs. Si cette attaque a incontestablement engendrĂ© une fracture, elle a Ă©galement mis en lumiĂšre la capacitĂ© de Tsahal Ă se relever rapidement et Ă accomplir sa mission de dĂ©fense. lll
LâĂ©tat dâesprit â le roua'h, en hĂ©breu â est lâun des principaux atouts de Tsahal. DOSSIER lll Tsahal est rĂ©guliĂšrement classĂ©e parmi les meilleures armĂ©es au monde. Mais quels sont ses principaux atouts et sa singularitĂ© ?
Tout d'abord, son « roua'h », ce qui, en hĂ©breu, signifie lâĂ©tat dâesprit. Cet Ă©tat d'esprit demeure intact et se manifeste clairement dans l'exceptionnelle mobilisation des rĂ©servistes qui, aux cĂŽtĂ©s des forces rĂ©guliĂšres, affichent une dĂ©termination inĂ©branlable Ă repousser l'ennemi et Ă lui adresser un message fort, Ă savoir, que les Ă©vĂ©nements du 7 octobre ne se reproduiront plus. Autre atout majeur de Tsahal : sa capacitĂ© Ă se remettre en question. AprĂšs chaque opĂ©ration, chaque raid, chaque frappe, l'armĂ©e mĂšne des analyses approfondies afin dâen tirer des enseignements et de s'amĂ©liorer continuellement, preuve que Tsahal n'est pas une armĂ©e statique mais une force en constante Ă©volution, capable de s'adapter aux dĂ©fis posĂ©s par des menaces toujours changeantes.
Quels sont les défis les plus pressants auxquels Tsahal doit faire face aujourd'hui ?
Lâun des dĂ©fis majeurs est lâIran, une pieuvre aux multiples tentacules. LâIran a Ă©laborĂ© une stratĂ©gie sophistiquĂ©e visant Ă attaquer IsraĂ«l en activant ces tentacules â entre autres : le Hezbollah, le Hamas, le Djihad islamique, diverses milices en JudĂ©e-Samarie â en fonction de ses propres intĂ©rĂȘts. La stratĂ©gie des Gardiens de la RĂ©volution a consistĂ© Ă encercler IsraĂ«l pour qu'il soit vulnĂ©rable. Aujourdâhui, Tsahal doit non seulement maintenir lâaffaiblissement de cet axe chiite, mais Ă©galement anticiper ses prochaines actions.
Par ailleurs, que va-t-il se passer avec le Hamas Ă Gaza ? La question se pose de savoir si lâĂgypte va Ćuvrer afin dâempĂȘcher le rĂ©armement du Hamas. Enfin, le front interne en JudĂ©e-Samarie demeure un dĂ©fi permanent. Cette rĂ©gion peut sâembraser Ă tout moment.
Tsahal est une armĂ©e trĂšs technologique, mais nâa-t-elle pas trop misĂ© sur les technologies aux dĂ©pens de lâhumain, comme on a pu
le voir le 7 octobre ?
Les nouvelles technologies, telles que les drones et l'intelligence artificielle, jouent un rĂŽle essentiel au sein de Tsahal. Une armĂ©e doit sâadapter aux Ă©volutions technologiques pour rester performante. Toutefois, la technologie ne doit jamais remplacer l'homme. Elle doit ĂȘtre un outil de soutien pour le soldat, et non un substitut. Il est important de ne pas se reposer uniquement sur la technologie, comme l'a dĂ©montrĂ© lâĂ©chec de certains systĂšmes, notamment la clĂŽture de sĂ©curitĂ© autour de Gaza, prĂ©sentĂ©e comme infranchissable. Les capteurs, souterrains ou en surface, ne peuvent pas remplacer la combinaison de renseignements humains et technologiques pour anticiper les mouvements de l'ennemi.
Alors, Tsahal est toujours l'armée du peuple ?
Oui, sans aucun doute. Bien qu'il y ait des débats internes sur la place de certaines communautés, Tsahal reste l'armée du peuple, composée de soldats venant de toutes les origines et de toutes les couches sociales. n
DOSSIER Tsahal, moteur de la success story Au-delĂ de son rĂŽle dans la dĂ©fense dâIsraĂ«l, Tsahal se positionne comme un pilier essentiel de la « Start-up Nation ». Ses unitĂ©s technologiques forment des gĂ©nĂ©rations de jeunes leaders aux compĂ©tences avancĂ©es qui contribuent directement Ă cette dynamique â en particulier, lâUnitĂ© 8200, spĂ©cialisĂ©e dans le renseignement, la cybersĂ©curitĂ© et lâintelligence artificielle, dont les anciens membres sâimposent comme des figures de proue de lâinnovation israĂ©lienne. Par exemple, Kobi Alexander a fondĂ© la sociĂ©tĂ© Comverse, et adaptĂ© des technologies militaires pour dĂ©velopper des logiciels de tĂ©lĂ©communications et de messagerie vocale, contribuant ainsi Ă lâessor du GSM. Uri Levine, Amir et Gili Shinar, eux, ont dĂ©veloppĂ© Waze, lâapplication de navigation qui guide aujourdâhui des millions de conducteurs Ă travers le monde. Dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©, Marius Nacht et Gil Shwed, Ă©galement issus de lâUnitĂ© 8200, ont fondĂ© Check Point, une entreprise qui a rĂ©volutionnĂ© la protection des rĂ©seaux internet grĂące aux cĂ©lĂšbres firewalls, en adaptant un systĂšme militaire de surveillance Ă©lectronique aux besoins civils. Les innovations militaires ont Ă©galement influencĂ© le domaine mĂ©dical. La PillCam, une camĂ©ra miniature ingĂ©rable utilisĂ©e pour diagnostiquer les
Un ordinateur ou une piste de dĂ©collage ? En 1958, Itzhak Rabin, alors chef de la Branche des OpĂ©rations de Tsahal, dĂ©cide de commander le premier ordinateur de lâarmĂ©e, une dĂ©cision qui suscite de vives contestations. « Donnez-moi cet argent et je construirai une nouvelle piste de dĂ©collage. Quâest-ce qui est plus important : un ordinateur ou une piste ?! », sâexclame alors le commandant de lâArmĂ©e de lâair, Ezer Weizman. Pourtant, Rabin dĂ©fend fermement son choix : « Le monde informatique est une partie intĂ©grante du dĂ©veloppement et de la nouvelle conceptualisation de ce quâest une arme, et lâutilisation de lâordinateur va devenir une arme moderne », affirme-til. Trois ans plus tard, Tsahal reçoit cet ordinateur, un mastodonte de la taille dâune chambre Ă coucher, dont la mĂ©moire est quatre mille fois infĂ©rieure Ă celle qui est aujourdâhui nĂ©cessaire pour stocker une simple chanson au format MP3.
cancers intestinaux, est issue de
Les drones tels que lâEitan,
Israël, mais également à renforcer la sécurité civile et la protection des infrastructures stratégiques.
la technologie, et agit comme un puissant catalyseur pour lâĂ©conomie et lâinnovation. n
DOSSIER Les opĂ©rations exceptionnelles de Tsahal L'ArmĂ©e de DĂ©fense d'IsraĂ«l â Tsahal â est reconnue comme l'une des forces militaires les plus innovantes et efficaces au monde.
Depuis sa crĂ©ation en 1948, Tsahal a surmontĂ© des dĂ©fis majeurs et accompli des rĂ©alisations exceptionnelles qui tĂ©moignent de son ingĂ©niositĂ©, de sa discipline et de son engagement envers la sĂ©curitĂ© de l'Ătat d'IsraĂ«l. Voici un aperçu de certaines de ces rĂ©alisations marquantes tout au long de l'histoire du pays.
Guerre d'Indépendance (1948-1949)
En mai 1948, aprĂšs la DĂ©claration d'indĂ©pendance, IsraĂ«l sâest trouvĂ© immĂ©diatement confrontĂ© Ă une guerre contre les armĂ©es de plusieurs pays arabes voisins. MalgrĂ© un rapport de forces dĂ©favorable, Tsahal est parvenue Ă repousser les attaques et Ă assurer la survie de l'Ătat naissant. Les premiĂšres
victoires militaires de Tsahal, comme la prise de Jérusalem et la défense de Tel Aviv, ont marqué un tournant décisif pour Israël.
Guerre des Six Jours (1967)
En seulement six jours, Tsahal a infligé une défaite écrasante aux armées arabes et remporté des victoires sur plusieurs fronts : le Sinaï, la Cisjordanie, le Golan et Jérusalem-Est. Cet exploit a permis à Israël de prendre le contrÎle de territoires stratégiques, dont la ville sainte de Jérusalem qui a alors été réunifiée.
Opération Entebbe (1976)
L'opĂ©ration Entebbe a Ă©tĂ© lâune des missions de sauvetage les plus spectaculaires de l'histoire militaire moderne. Le 27 juin 1976, un avion d'Air France en provenance de Tel Aviv a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© par des terroristes palestiniens et germano-jordaniens sur lâaĂ©roport d'Entebbe, en Ouganda, Dans la nuit du 3 au 4 juillet, en seulement 90 minutes, les combattants de l'unitĂ© d'Ă©lite de Tsahal Sayeret Matkal ont libĂ©rĂ© les 102 otages.
Opération Opéra (1981)
Lors dâun audacieux raid aĂ©rien, Tsahal a dĂ©truit le rĂ©acteur nuclĂ©aire irakien dâOsirak, empĂȘchant ainsi lâIrak de dĂ©velopper des armes nuclĂ©aires. Il s'agit de la premiĂšre attaque militaire visant un site nuclĂ©aire. Cette mission, rĂ©alisĂ©e avec une prĂ©cision chirurgicale, a non seulement renforcĂ© la sĂ©curitĂ© dâIsraĂ«l, mais a Ă©galement constituĂ© un message clair exprimant la dĂ©termination de lâĂtat hĂ©breu Ă contrer toute menace existentielle.
Guerre du Liban (1982)
Tsahal a mené l'Opération Paix en Galilée pour contrer les attaques des groupes terroristes palestiniens, notamment l'OLP, installés au sud du Liban, et a réussi à repousser les forces ennemies et à affirmer
DOSSIER 2009 : le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, quitte l'avion Hercules C-130 utilisé lors du raid visant à libérer les otages israéliens détenus à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda en 1976. © Flash90
son influence dans la rĂ©gion, mĂȘme si sa gestion de la guerre a suscitĂ© des critiques.
Opération Plomb Durci (2008-2009)
Cette opĂ©ration a Ă©tĂ© lancĂ©e en rĂ©ponse aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers le sud d'IsraĂ«l. L'attaque israĂ©lienne contre les infrastructures du Hamas et les sites de lancement de roquettes, rĂ©duisant les capacitĂ©s du Hamas Ă mener des attaques, a Ă©tĂ© une victoire militaire lors de laquelle Tsahal a fait preuve dâune capacitĂ© d'attaque de prĂ©cision avec des frappes ciblĂ©es, tout en cherchant Ă minimiser les pertes civiles. L'opĂ©ration a cependant suscitĂ© des critiques concernant les victimes palestiniennes.
Opération Pilier de Défense (2012)
Lâune des rĂ©ussites notables de cette opĂ©ration lancĂ©e pour rĂ©pondre Ă des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza et neutraliser les infrastructures du Hamas a Ă©tĂ© l'Ă©limination de plusieurs chefs de lâorganisation terroriste, dont Ahmed Jaabari, le chef militaire. Tsahal
a utilisé des frappes de précision pour cibler des sites stratégiques tout en limitant les pertes civiles.
Opération Bordure Protectrice (2014)
Cette opĂ©ration avait pour but dâarrĂȘter les tirs de roquettes du Hamas et de dĂ©truire ses tunnels souterrains, utilisĂ©s par les terroristes pour infiltrer IsraĂ«l. Tsahal a fait preuve d'une grande capacitĂ© d'innovation, en se servant de drones et de technologies avancĂ©es pour effectuer des frappes de prĂ©cision et cibler les infrastructures du Hamas tout en rĂ©duisant les pertes civiles. L'opĂ©ration a Ă©tĂ© un succĂšs stratĂ©gique et elle a affaibli les capacitĂ©s du Hamas, mĂȘme si le conflit a Ă©tĂ© marquĂ© par dâimportantes pertes humaines des deux cĂŽtĂ©s, et si le Hamas a pu rapidement se rĂ©armer et reconstruire ses infrastructures terroristes, comme on a malheureusement pu le constater le 7 octobre.
Opération Gardien des Murs (2021)
En réponse à des tirs massifs de roquettes en provenance de la bande de Gaza, Tsahal a mené une série de frappes aériennes de haute précision pour détruire des sites de lancement de roquettes et des infrastructures du Hamas, tout en protégeant la population israélienne grùce à son systÚme de défense DÎme de Fer.
Ăliminations stratĂ©giques durant la guerre ĂpĂ©es de Fer (2023-2024)
- 27 septembre 2024 : Hassan Nasrallah, cofondateur et secrétaire général du Hezbollah, a été éliminé par des frappes sur le quartier général central du Hezbollah, situé sous terre, sous un immeuble résidentiel à Beyrouth (Liban).
- 17 octobre 2024 : Yahya Sinwar, chef du Hamas Ă Gaza, cerveau organisateur du massacre et des prises dâotages du 7 octobre, a Ă©tĂ© Ă©liminĂ© lors dâune opĂ©ration en surface Ă Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Opération Rabot HaDrakhim (septembre 2024)
Lâune des plus importantes opĂ©rations de l'histoire de Tsahal a Ă©tĂ© menĂ©e par l'unitĂ© Shaldag avec pour objectif de dĂ©truire une usine de missiles souterraine construite par l'Iran prĂšs de Masyaf, en Syrie, pour le Hezbollah et l'armĂ©e syrienne. Avec 120 soldats et 70 aĂ©ronefs, les forces de Tsahal ont infiltrĂ© la zone, affrontĂ© des gardes syriens et dĂ©truit Ă l'aide d'explosifs ce site qui reprĂ©sentait une menace stratĂ©gique majeure pour IsraĂ«l. n
Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad, cette communauté frontaliÚre reste mue par des questions identitaires et sécuritaires.
Jeudi 19 dĂ©cembre 2024, un vent nouveau souffle dans les rues de Majdal Shams, une localitĂ© nichĂ©e au pied du mont Hermon, au carrefour dâIsraĂ«l, du Liban et de la Syrie. Depuis la trĂȘve conclue fin novembre entre lâĂtat hĂ©breu et le Hezbollah, le calme est revenu dans cette ville peuplĂ©e de 12 000 habitants, majoritairement druzes. Cette communautĂ© religieuse reste certes profondĂ©ment marquĂ©e par lâattaque meurtriĂšre de lâĂ©tĂ© dernier : un tir de missile imputĂ© au Hezbollah libanais, qui a tuĂ© douze jeunes de Majdal Shams qui jouaient sur un terrain de football. Mais câest un autre Ă©vĂ©nement, survenu le week-end du 7 dĂ©cembre, qui mobilise lâattention : le renversement du rĂ©gime sanguinaire de Bachar al-Assad.
Au lendemain de la chute du dictateur syrien, les habitants de cette bourgade du plateau du Golan sont descendus dans les rues pour cĂ©lĂ©brer lâĂ©viction dâAssad. Au lieu des drapeaux de deuil noirs dĂ©ployĂ©s aprĂšs l'attaque du Hezbollah, le drapeau vert, blanc et noir avec trois Ă©toiles rouges de l'opposition syrienne est apparu sur la place principale de la ville, aux cĂŽtĂ©s du drapeau druze rouge, jaune, bleu, blanc et vert. Reste que sur le toit comme dans lâenceinte du bĂątiment du conseil municipal, seuls le bleu et le blanc du drapeau israĂ©lien accueillent le visiteur.
« Sur le plan symbolique, on respecte le fait que le drapeau des rebelles syriens soit hissĂ© en ville. Mais en tant quâautoritĂ© locale sous souverainetĂ© israĂ©lienne, nous voulons voir ici le drapeau de lâĂtat hĂ©breu, car câest lâĂtat dâIsraĂ«l qui assure notre sĂ©curitĂ© », prĂ©cise dâemblĂ©e Dolan Abu Saleh (ci-contre), le chef du conseil de Majdal Shams. Ce quadra en poste depuis seize ans a des proches de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, comme la plupart des Druzes du Golan. lll
Ci-contre : les habitants du village druze de Majdal Shams célÚbrent la prise de contrÎle de la Syrie par les rebelles le 9 décembre 2024.
© DR
Photo : la Syrie vue depuis Majdal Shams © Flash90
SOCIĂTĂ lll Mais Ă ses yeux, ceux qui dĂ©clarent vouloir vivre en Syrie aprĂšs les Ă©vĂ©nements du 7 dĂ©cembre ne peuvent guĂšre ĂȘtre pris au sĂ©rieux. « Ici, les Druzes jouissent de la libertĂ© dâexpression et dâun niveau de vie Ă©levĂ©. Donc tous ces propos restent trĂšs thĂ©oriques », pointe lâĂ©lu. « Majdal Shams compte des docteurs, des ingĂ©nieurs, des employĂ©s de la high-tech, et cette magnifique rĂ©gion dispose dâun vĂ©ritable potentiel, notamment sur le plan touristique, mĂȘme si les considĂ©rations sĂ©curitaires freinent ces ambitions. » InterrogĂ© sur le statut complexe des Druzes du Golan (voir lâencadrĂ©), il affirme quâentre 40 et 50 % dâentre eux possĂšdent dĂ©sormais la nationalitĂ© israĂ©lienne, Ă la faveur de lâĂ©volution de la situation politique en Syrie. « Ă titre personnel, je suis fier de ma nationalitĂ© israĂ©lienne », dĂ©clare Dolan Abu Saleh. Mon pĂšre lâa demandĂ©e dans les annĂ©es 1980, ce qui a suscitĂ© beaucoup dâhostilitĂ© au sein de la communautĂ©, alors quâaujourdâhui tout porte Ă croire quâIsraĂ«l fera ce quâil faut pour assurer la dĂ©fense des Druzes syriens. » En tout Ă©tat de cause, lâavenir des Druzes du Golan dĂ©pend dâautres paramĂštres. Ă en croire son maire, Majdal Shams, qui nâa pas fait partie des villages du Nord Ă©vacuĂ©s dans la foulĂ©e des attaques du 7 octobre 2003, et dont seulement 60 % des habitations possĂšdent des abris anti-missiles, se situe « Ă la pĂ©riphĂ©rie de la pĂ©riphĂ©rie ». Or, Ă lâheure oĂč le cabinet israĂ©lien vient dâapprouver un plan de 40 millions de shekels pour doubler la population du Golan, Dolan Abu Saleh reste sur ses gardes et relaie une prĂ©occupation partagĂ©e par ses rĂ©sidents : « Nous voudrions recevoir lâassurance que ce budget sera rĂ©parti de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e entre les diffĂ©rents secteurs, et que ces investissements concernent aussi bien le Golan druze que juif », conclut-il. n
Nathalie Hamou
Une minoritĂ© au statut complexe En IsraĂ«l, la population druze est estimĂ©e Ă 150 000 personnes, soit environ 2 % de la population totale. La grande majoritĂ© rĂ©side dans le Nord : sur le mont Carmel, en GalilĂ©e et sur les hauteurs du Golan. La communautĂ© druze du plateau â 20 000 personnes, vivant aux cĂŽtĂ©s dâenviron 50 000 IsraĂ©liens juifs âpossĂšde un statut politique complexe au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne : la rĂ©gion, reprise par IsraĂ«l Ă la Syrie pendant la guerre des Six Jours, a Ă©tĂ© officiellement annexĂ©e en 1981. Ailleurs en IsraĂ«l, les Druzes ont acceptĂ© la souverainetĂ© israĂ©lienne aprĂšs la fondation de lâĂtat en 1948 et ils sâidentifient gĂ©nĂ©ralement comme IsraĂ©liens. Les hommes issus de cette communautĂ© servent dans lâarmĂ©e israĂ©lienne oĂč ils sont rĂ©putĂ©s pour leurs exploits. Par contraste, la plupart des Druzes du Golan ont optĂ© pour la rĂ©sidence permanente, craignant que leur acceptation de la souverainetĂ© israĂ©lienne ne mette en danger les membres de leur famille vivant de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, en Syrie. Toutefois, avec le dĂ©clenchement de la guerre civile syrienne en 2011, un nombre croissant de rĂ©sidents ont commencĂ© Ă demander des passeports israĂ©liens, en particulier les jeunes pour qui la Syrie reprĂ©sente un lieu abstrait dont ils nâont entendu parler que dans des rĂ©cits familiaux.
N.H.
LEADERSHIP RĂ©seautez ! RĂ©seautez pour mieux atteindre vos objectifs professionnels ! Pour cela il faut utiliser les outils qui permettent dâĂȘtre efficace. AprĂšs avoir, dans un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro d'AJ MAG, explorĂ© l'outil GPS et le pitch, je vous prĂ©sente ici quatre autres outils : la carte de visite, le brise-glace, lâentretien-rĂ©seau et la gestion des contacts.
La carte de visite
La carte de visite vous prĂ©sente sur le plan personnel et professionnel. Dicter votre nom, votre e-mail, votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, prend du temps et prĂ©sente un risque dâerreur⊠Avoir une carte de visite Ă donner est la meilleure façon dâobtenir celle de votre interlocuteur ! Il y a aussi la carte de visite Ă©lectronique. Elle est utile si les autres partagent cette pratique. Je recommande de mettre votre photo sur votre carte de visite ainsi que votre e-mail, votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone mobile, et lâadresse de votre site web si vous en avez un. PrĂ©curseur en France de cette dĂ©marche dĂšs 2004, elle a permis que les gens se souviennent davantage de moi. Avoir sa carte de visite sur soi est utile en toute circonstance !
Le brise-glace (ice-breaker)
La principale motivation pour participer à des événements est le réseautage.
Comment sâadresser Ă quelquâun quâon ne connaĂźt pas encore ?
Câest lĂ quâintervient la « question brise-glace ». Exemples : « Que pensez-vous du confĂ©rencier ? », « pourquoi participez-vous Ă cette rencontre ?
Lâentretien-rĂ©seau Câest lâoccasion de mieux connaĂźtre quelquâun et son actualitĂ©, dâexprimer ses objectifs et dâĂ©couter les siens. Au vingtiĂšme siĂšcle, lorsquâon voulait rencontrer quelquâun ou quâon souhaitait relancer un contact professionnel, on proposait de lâinviter Ă dĂ©jeuner â jâen ai fait beaucoup ! Au vingtet-uniĂšme siĂšcle, il est courant de proposer un entretien en visioconfĂ©rence. Je le fais via Zoom, câest trĂšs efficace car nous sommes focalisĂ©s lâun sur lâautre et nous pouvons partager nos Ă©crans. Je vous invite Ă bien prĂ©parer votre Ă©change, notamment en consultant le profil
LinkedIn de votre interlocuteur. Le plus difficile est dâobtenir le rendez-vous-rĂ©seau. Certains nâosent pas demander, dâautres se demandent ce quâils vont bien pouvoir dire⊠Lancez-vous et vous amĂ©liorerez vos rĂ©sultats. Quels rĂ©sultats ? Ils sont fonction de vos objectifs : vendre une idĂ©e ou quelque chose, ĂȘtre embauchĂ© ou au moins obtenir des introductions vers dâautres personnes⊠Quoi quâil en soit, le but est de bĂątir une relation utile dans le temps.
La gestion des contacts
De nos jours, nous avons la possibilitĂ©, au moins dans nos tĂ©lĂ©phones, de gĂ©rer notre agenda et nos contacts. AudelĂ des informations classiques, je conseille de noter sur les fiches de vos contacts les prĂ©noms du conjoint, des enfants⊠Certains notent aussi quand et oĂč la premiĂšre rencontre a eu lieu.
Conclusion Dans lâensemble de nos Ă©changes, il faut montrer que nous nous « intĂ©ressons Ă lâautre », ce qui est la clĂ© pour bĂątir un lien durable. RĂ©seautez, essayez, heurtezvous parfois Ă des Ă©checs, mais persĂ©vĂ©rez, vous en sortirez enrichis sur le plan humain et, de surcroĂźt, cela contribuera Ă vos succĂšs. Osez ! n
André Dan Coach en leadership a@andredan.com
Tomer Margalit et Orel Chalaf : rĂ©sister par la danse, la grĂące, le courage et la beautĂ© Depuis le 7 octobre 2023, une vague dâantisĂ©mitisme envahit les sphĂšres artistiques et sportives oĂč les boycotts ciblant des IsraĂ©liens se multiplient.
Sous des prĂ©textes fallacieux, des artistes et des athlĂštes se retrouvent ostracisĂ©s, victimes dâune discrimination sans prĂ©cĂ©dent. Dans ce climat hostile, lâengagement de Tomer Margalit, danseuse en fauteuil roulant, se distingue comme un acte dâun courage exceptionnel, porteur dâun message universel de rĂ©silience et de paix.
Tomer Margalit, jeune danseuse israĂ©lienne, est associĂ©e avec Orel Chalaf dans une discipline oĂč grĂące et puissance se rencontrent : la danse sur fauteuil. Leur travail artistique transcende les limitations physiques pour explorer des territoires dâĂ©motion brute et de connexion humaine. ReprĂ©senter IsraĂ«l sur la scĂšne internationale aujourdâhui, bien plus quâune performance artistique, est un acte de protestation, un vĂ©ritable dĂ©fi face Ă une vague de haine qui cherche Ă rĂ©duire au silence tous ceux qui portent lâidentitĂ© israĂ©lienne. Depuis le chabbat noir, les exemples de discrimination se multiplient. Inutile de revenir sur la chasse aux Juifs Ă Amsterdam ou sur le fait que lâĂ©quipe nationale de football israĂ©lienne soit contrainte de jouer ses matchs de qualification pour lâEuro 2024 Ă lâĂ©tranger. Dans le domaine artistique, des Ă©vĂ©nements tels que le Festival Shalom Europa ont Ă©tĂ© annulĂ©s sous la pression de groupes militants, l'Eurovision fut cette annĂ©e un grand moment de solitude pour IsraĂ«l et des artistes comme Eden Golan continuent Ă braver les appels au boycott pour faire malgrĂ© tout entendre leur voix. Idem pour Sandra HegedĂŒs Mulliez, collectionneuse et mĂ©cĂšne, qui
a courageusement dĂ©noncĂ© une exposition controversĂ©e au Palais de Tokyo, mettant en lumiĂšre des points de vue qu'elle qualifie Ă juste titre de « biaisĂ©s, antisĂ©mites, antisionistes et propalestiniens ». En dĂ©missionnant du comitĂ© dâadministration des Amis du Palais de Tokyo dont elle faisait partie, elle a affirmĂ© son opposition Ă l'absence de mise en perspective dans cette exposition qui prĂ©sentait des contenus incitant Ă la haine. Son dĂ©part souligne l'importance d'une vigilance accrue face Ă l'antisĂ©mitisme. Dans ce contexte, la dĂ©termination de Tomer Margalit prend une signification particuliĂšre. Non seulement elle surmonte les dĂ©fis propres Ă sa discipline, mais elle le fait avec une visibilitĂ© accrue, en portant fiĂšrement les couleurs dâIsraĂ«l. Sa danse est une rĂ©ponse claire Ă la haine, un langage universel qui dĂ©passe les barriĂšres et prĂŽne lâunitĂ© dans un monde fracturĂ©. Tomer Margalit, par son art et sa volontĂ©, incarne une forme de rĂ©sistance qui inspire. Sa danse nâest pas seulement un spectacle ; câest un message au monde, une preuve que la lumiĂšre peut briller mĂȘme dans les moments les plus sombres. Son parcours est une leçon de courage et dâespoir pour tous ceux qui croient en un avenir oĂč les diffĂ©rences unissent plutĂŽt que de diviser. E. L-C
INTERVIEW Une performance comme un acte de rĂ©sistance Tomer Margalit et Orel Chalaf forment un exceptionnel duo de danseurs de salon en fauteuil roulant. Champions d'Europe et vicechampions du monde, ils incarnent l'excellence et la rĂ©silience, tout en portant haut les couleurs d'IsraĂ«l sur la scĂšne internationale. Depuis plusieurs annĂ©es, ils utilisent la danse non seulement comme un art, mais aussi comme un puissant moyen de briser les frontiĂšres, qu'elles soient physiques, culturelles ou Ă©motionnelles. RencontrĂ©s Ă lâoccasion de leur retour triomphal des Jeux Paralympiques de 2024 oĂč ils ont marquĂ© les esprits avec une mĂ©morable prestation lors de la cĂ©rĂ©monie dâouverture, Tomer et Orel partagent ici leur parcours, leurs dĂ©fis et leur vision inspirante de la danse comme outil de rĂ©sistance et de connexion universelle.
AJ MAG : Qu'avez-vous éprouvé en vous produisant lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de 2024 ?
Tomer Margalit : C'était une expérience inoubliable ! Nous avons passé trois mois en France avant les Jeux pour nous préparer et répéter notre performance. L'énergie de la foule, l'excitation ambiante et la conscience de participer à un événement historique ont fait de ce moment l'un des plus émouvants de notre vie.
Qu'avez-vous ressenti en représentant à la fois l'art de la danse en fauteuil roulant et Israël sur une scÚne mondiale ?
C'Ă©tait un honneur. Ătre sur cette scĂšne, montrer au monde la beautĂ© et la puissance de la danse en fauteuil roulant Ă©tait un rĂȘve que nous nourrissions depuis longtemps. Le faire en reprĂ©sentant IsraĂ«l,
© DR
particuliĂšrement en ces temps difficiles, a rendu ce moment encore plus significatif.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours pour devenir champions d'Europe de danse en fauteuil roulant ?
Notre parcours a Ă©tĂ© semĂ© de dĂ©fis, mais aussi dâincroyables moments de croissance. Nous nous sommes entraĂźnĂ©s sans relĂąche, repoussant nos limites. Ces trois mois passĂ©s en France avant les Jeux Paralympiques nous ont permis d'affiner notre art et d'atteindre un nouveau niveau. Remporter le Championnat d'Europe Ă©tait un rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©, mais c'Ă©tait surtout une preuve que la passion et la dĂ©termination peuvent surmonter tous les obstacles. lll
INTERVIEW lll Y a-t-il un moment du Championnat d'Europe qui vous a particuliÚrement marqués ?
Le moment le plus fort a Ă©tĂ© celui lors duquel nous avons dansĂ© une performance dĂ©diĂ©e aux otages. AprĂšs avoir remportĂ© la mĂ©daille d'or, nous sommes restĂ©s sur le podium vĂȘtus de nos costumes dĂ©chirĂ©s, avec du sang sur nos corps et nos visages, et le drapeau israĂ©lien flottant derriĂšre nous. Nous voulions que cette image demeure gravĂ©e dans les mĂ©moires et que l'hymne national soit associĂ© Ă ce qui s'Ă©tait passĂ©.
Quel est le nom de votre école de danse en Israël et qu'est-ce qui vous a inspirés à la créer ?
Notre Ă©cole de danse s'appelle OTstudio â Orel et Tomer. Nous l'avons fondĂ©e pour partager notre passion de la danse et crĂ©er un espace oĂč chacun, chacune, quelles que soient ses capacitĂ©s physiques, peut s'exprimer par le mouvement. Notre objectif est de montrer que la danse est accessible Ă tous et que les limites sont seulement dans l'esprit.
Danser sur la musique d'Eden Golan et dédier vos performances aux otages est puissant. Considérezvous cela comme un acte de résistance ?
Absolument. Il Ă©tait important pour nous de dĂ©dier une danse aux otages pour faire comprendre ce qui s'est passĂ© en IsraĂ«l le 7 octobre. C'est pourquoi nous avons dansĂ© avec des bandeaux sur les yeux, du sang sur nos visages et nos corps â ce qui Ă©tait exactement la situation de celles et ceux qui ont Ă©tĂ© enlevĂ©s ce matin-lĂ . En ce sens, notre performance Ă©tait bien un acte de rĂ©sistance.
Comment percevez-vous le fait d'utiliser votre art pour défendre des causes importantes au-delà des frontiÚres d'Israël ?
Nous pensons que l'art est un puissant outil pour transmettre des messages et sensibiliser. La danse a toujours Ă©tĂ© un langage universel, et nous nous sentons privilĂ©giĂ©s de pouvoir l'utiliser pour attirer l'attention sur des causes importantes, toucher les cĆurs et raconter des histoires qui mĂ©ritent d'ĂȘtre entendues.
OĂč trouvez-vous le courage et la dĂ©termination pour continuer Ă repousser les limites, artistiquement et personnellement ?
Notre courage vient de notre amour pour la danse et de notre conviction que tout est possible. Nous avons tous deux affronté des défis, mais la danse a toujours été notre moyen de les surmonter. à chaque fois que nous montons sur la piste, nous nous rappelons que nous
sommes lĂ pour renverser les barriĂšres et inspirer les autres.
Voyez-vous une connexion entre le divin et la danse ?
Oui : pour nous, la danse est spirituelle. C'est une forme de priÚre, une maniÚre de se relier à quelque chose de plus grand que nous. Lorsque nous dansons, nous nous sentons libres, connectés et pleinement présents dans l'instant.
C'est un sentiment indescriptible.
Comment la danse a-t-elle influencé votre compréhension de la résilience, de la spiritualité et de l'esprit humain ?
La danse nous a appris que l'esprit humain est sans limites. Elle nous a montré que la résilience consiste à s'adapter, à grandir et à trouver de nouvelles façons de s'exprimer. Grùce à la danse, nous avons appris que, peu importe les épreuves de la vie, il y a toujours un moyen d'aller de l'avant. n
Propos recueillis par Eden Levi-Campana © DR
INTERVIEW Tomer Margalit et Orel Chalaf : des icÎnes de la danse fauteuil et de la résilience israélienne
Tomer Margalit, 29 ans, est aujourdâhui lâune des figures les plus emblĂ©matiques de la danse fauteuil. Championne dâEurope et vice-championne du monde, cette danseuse israĂ©lienne en fauteuil roulant repousse les limites de son art et brille par ses performances mĂȘlant virtuositĂ© et Ă©motion. Avec son partenaire, Orel Chalaf, danseur valide, ils forment un remarquable duo qui explore un large rĂ©pertoire artistique. Quâil sâagisse de danse contemporaine, latine, rumba, ballroom, ou encore de danses de salon, les deux artistes rapprochent danseurs valides et en situation de handicap. Leur rĂ©cent passage sur le parquet de Danse avec les stars a marquĂ© les esprits : une poignante chorĂ©graphie dĂ©diĂ©e aux otages israĂ©liens enlevĂ©s lors de lâattaque du 7 octobre. Ces performances engagĂ©es et Ă©mouvantes tĂ©moignent de leur capacitĂ© Ă conjuguer lâart et un message universel de rĂ©silience.
Le 28 aoĂ»t 2024, lors de la cĂ©rĂ©monie dâouverture des Jeux Paralympiques sur la place de la Concorde Ă Paris, Tomer et Orel ont littĂ©ralement enflammĂ© la scĂšne. Cet Ă©vĂ©nement spectaculaire, conçu pour cĂ©lĂ©brer lâarrivĂ©e des para-athlĂštes dans la capitale, a rassemblĂ© seize artistes en situation de handicap et des danseurs valides dans dâĂ©poustouflantes chorĂ©graphies imaginĂ©es par le cĂ©lĂšbre danseur et chorĂ©graphe suĂ©dois Alexander Ekman. Durant une sĂ©quence initiale symbolisant les rapports entre personnes valides et celles en situation de handicap, Tomer Margalit sâest illustrĂ©e par un splendide portĂ© rĂ©alisĂ© avec Orel Chalaf. Leur complicitĂ© et leur maĂźtrise technique ont captivĂ© le public, mettant en lumiĂšre la richesse de la danse fauteuil comme discipline artistique Ă part entiĂšre. Quelques jours avant lâĂ©vĂ©nement, le duo avait dĂ©jĂ fait sensation en publiant sur ses rĂ©seaux sociaux une vidĂ©o tournĂ©e devant le musĂ©e du Louvre et annonçant leur participation Ă la cĂ©rĂ©monie. Ce moment de grĂące a marquĂ© lâun des sommets de cette inoubliable soirĂ©e oĂč lâinclusion et la crĂ©ativitĂ© ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es.
Tomer Margalit nâest pas seulement une danseuse talentueuse, elle est Ă©galement une voix forte pour la reconnaissance des para-athlĂštes et des artistes en situation de handicap. Ă travers ses performances et ses actions, elle promeut la diversitĂ©, lâinclusion et le dĂ©passement de soi. Son parcours, marquĂ© par sa rĂ©silience face Ă la myĂ©lite transverse qui lâa immobilisĂ©e, inspire des milliers de personnes Ă travers le monde. En parallĂšle, elle continue de diriger son Ă©cole de danse en IsraĂ«l, un lieu qui incarne ses valeurs et oĂč elle forme une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâartistes, valides comme en situation de handicap.
Avec Orel Chalaf, elle incarne lâespoir, la crĂ©ativitĂ© et le pouvoir de lâart comme vecteur de changement et de lien universel.
Leur parcours prouve que la danse, au-delĂ des limites physiques, peut transcender les frontiĂšres et unir les cĆurs. E. L-C
DĂCOUVERTE D'ISRAĂL Le chemin du SanhĂ©drin : la premiĂšre start-up israĂ©lienne pour le Tikoun haMidot Le chemin du SanhĂ©drin, inaugurĂ© en 2018, retrace ce voyage historique. Traversant les magnifiques paysages de la GalilĂ©e, ce parcours rappelle les lieux oĂč le SanhĂ©drin a siĂ©gĂ© : Beit-ShĂ©arim, Usha, Shefa Amr, Tsipori et TibĂ©riade. Mais ce chemin n'est pas seulement une randonnĂ©e historique, c'est un appel Ă la rĂ©flexion, Ă la transformation intĂ©rieure et Ă l'engagement envers notre hĂ©ritage spirituel.
J«e rĂ©pare les chemins et j'ai mesurĂ© les routes entre Tsipori et TibĂ©riade. » (Ketoubot 112a). Ainsi parlait Rabbi Hanina, un sage qui vivait et enseignait Ă Tsipori, au cĆur de la GalilĂ©e. Ces mots rĂ©sonnent bien au-delĂ de leur signification pratique. Ils symbolisent lâeffort constant pour rĂ©parer non seulement les routes physiques, mais aussi les voies morales et spirituelles qui guident un peuple en quĂȘte de lumiĂšre.
Le Sanhédrin : un phare spirituel
AprĂšs la destruction du Second Temple en 70 de notre Ăšre, le peuple juif fut plongĂ© dans lâobscuritĂ© dâun monde sans centre. JĂ©rusalem, en ruines, ne pouvait plus jouer son rĂŽle de cĆur battant de la nation. Mais nos sages, portĂ©s par une vision inĂ©branlable, refusĂšrent de se laisser abattre.
Le SanhĂ©drin devint alors le pilier central dâun peuple dĂ©sorientĂ©. En GalilĂ©e, il guida la nation, rassembla les fragments et prĂ©serva lâĂąme dâIsraĂ«l. Sous la direction de Rabbi Yehouda HaNassi, la Michna fut rĂ©digĂ©e, crĂ©ant une fondation indestructible pour la
Torah orale. Cette Ćuvre, rĂ©alisĂ©e au dĂ©but du IIIe siĂšcle, garantissait que mĂȘme en exil, le peuple juif ne perdrait jamais son identitĂ©. En parallĂšle, les sages encouragĂšrent la construction de synagogues â des « Mikdachei me'at » (petits sanctuaires) â pour maintenir vivante la flamme du lien avec le CrĂ©ateur.
Chaque étape : une leçon de Pirkei Avot
- Beit-Shearim : la Torah comme fondement
« Retourne-la et retourne-la, tout est en elle »
(Avot 5, 22) â car câest dans la Torah que rĂ©sident toutes les rĂ©ponses.
- Usha : lâimportance de la vigilance
« Sois aussi attentif Ă une petite mitzva qu'Ă une grande » (Avot 2, 1) : chaque acte, mĂȘme minime, construit notre monde.
- Shefa Amr : lâhumilitĂ© comme vertu centrale
« Sois trĂšs, trĂšs humble d'esprit » (Avot 4, 4) â car lâhumilitĂ© ouvre les cĆurs et les esprits.
- Tsipori : la sagesse en héritage
« Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme »
(Avot 4, 1) rappelle que chaque individu a quelque chose Ă nous enseigner.
DĂCOUVERTE D'ISRAĂL - TibĂ©riade : la paix comme aspiration ultime
« Sois parmi les disciples d'Aaron, aimant la paix et la poursuivant » (Avot 1, 12), car lâunitĂ© est la clĂ© de la rĂ©demption.
Aujourd'hui, ce chemin est empruntĂ© par des Ă©coles de tout IsraĂ«l ainsi que par des amateurs de randonnĂ©e. Vous terminerez votre pĂ©riple face au Kinneret, au cĆur de l'une des quatre villes saintes : TibĂ©riade qui, aux cĂŽtĂ©s de Safed, JĂ©rusalem et 'Hevron, tĂ©moigne de l'Ăąme spirituelle et historique du peuple juif.
Une start-up indestructible : Israël éternel
Le chemin du SanhĂ©drin est bien plus quâun voyage Ă travers la GalilĂ©e. Câest un puissant rappel de la capacitĂ© du peuple juif Ă se relever, Ă se rĂ©inventer et Ă transcender les Ă©preuves. En suivant ce chemin, on comprend que le « Tikoun haMidot », la rĂ©paration de nos qualitĂ©s personnelles, nâest pas une tĂąche facultative mais une responsabilitĂ© sacrĂ©e.
Comme lâa dit Rabbi Akiva : « Ce monde ressemble Ă un vestibule avant le monde Ă venir. PrĂ©pare-toi dans le vestibule pour entrer dans le palais. » ( Avot 4, 16) Ce monde, avec ses dĂ©fis, est notre chance de construire, de rĂ©parer et dâatteindre des sommets spirituels.
Aujourd'hui, IsraĂ«l reste le cĆur vivant de notre peuple. Le chemin du SanhĂ©drin symbolise non seulement un glorieux hĂ©ritage, mais aussi une direction claire pour lâavenir â une start-up qui ne dĂ©posera jamais son bilan. Ce chemin rappelle que nous ne sommes pas simplement des individus, mais les gardiens dâune mission Ă©ternelle.
Puisse-t-on voir nos juges revenir comme aux premiers temps et le SanhĂ©drin reprendre rapidement sa place â Amen n
Chmouel Bokobza
Guide touristique diplÎmé du ministÚre du Tourisme
Visite culinaire guidée tous les vendredis matin à Ma'hanei Yehouda Inscription un jour à l'avance - Tél. : 050-3553811
La Vieille Ville de Tibériade, le mur et la tour, sur la cÎte de la mer de Galilée, avec la zone conflictuelle du plateau du Golan
IStock
SANTĂ Les aliments de « nature chaude » pour lâhiver Lâhiver est la pĂ©riode propice Ă lâapparition de certains virus qui aiment se multiplier dans le froid. Quand le corps est froid, les virus font la fĂȘte. Du point de vue physiologique, pour lutter contre un virus et lâempĂȘcher de se multiplier, le corps augmente sa tempĂ©rature, ce qui provoque de la fiĂšvre.
Au niveau de notre alimentation, nous disposons dâaliments pour nous rĂ©chauffer et dĂ©gager une Ă©nergie chaude, pour faire barrage aux virus et nous permettre de passer un bon hiver en bonne santĂ©.
Quâest quâun aliment de nature chaude ?
Ce concept nâest pas liĂ© Ă la tempĂ©rature physique de lâaliment, mais Ă son effet Ă©nergĂ©tique sur le corps.
Voici deux exemples trĂšs explicites :
ï Lorsque lâon mange un piment fort, on sent tout de suite une sorte de chaleur Ă lâintĂ©rieur de nous : le piment dĂ©gage de la chaleur du point de vue Ă©nergĂ©tique.
ï Par opposition, la pastĂšque, par exemple, est un aliment de nature froide, qui va rĂ©duire la chaleur interne.
En hiver, on privilégie les aliments de nature chaude, pour lutter contre le froid. En été, les aliments de nature froide sont favorisés pour rafraßchir le corps.
Quelles sont les caractéristiques des aliments de nature chaude ?
Ils augmentent lâĂ©nergie, stimulent la circulation sanguine, rĂ©chauffent. De plus, ils sont riches en vitamines, en minĂ©raux, en fibres alimentaires, et facilitent la digestion⊠Ils sont pour la plupart antiviraux et anti-inflammatoires.
Quels sont les aliments de nature chaude ?
Les flocons dâavoine : ils sont riches en fibres, en vitamines du groupe B, en zinc, en magnĂ©sium. Ils facilitent la digestion, le transit intestinal, ils rassasient et, de ce fait, rĂ©duisent les fringales. Les flocons dâavoine peuvent se consommer en porridge, on peut aussi en
introduire dans des smoothies, dans des gĂąteaux, ou mĂȘme dans une soupe pour lâĂ©paissir. Câest un aliment polyvalent, bĂ©nĂ©fique pour la santĂ©. Si vous ne lâavez pas encore introduit dans votre alimentation, câest le moment de le faire !
Les lĂ©gumineuses : lentilles, haricots, pois chiches⊠Trop souvent nĂ©gligĂ©es, les lĂ©gumineuses sont les Ă©ternelles oubliĂ©es de notre alimentation. Pourtant, elles sont riches en protĂ©ines dâorigine vĂ©gĂ©tale, en fibres, en fer, en magnĂ©sium, en zinc et en vitamines B. Elles ont un indice glycĂ©mique faible, ce qui permet la rĂ©gulation de la glycĂ©mie (sucre dans le sang). Les lĂ©gumineuses sont une extraordinaire source de bienfaits pour notre santĂ©. DiĂ©tĂ©tiques et nourrissantes, elles
SANTĂ font partie dâune alimentation saine et Ă©quilibrĂ©e. Elles sâinsĂšrent parfaitement dans un rĂ©gime puisquâelles procurent une sensation de satiĂ©tĂ©. De plus, du fait de leur richesse en protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, elles Ă©largissent la diversitĂ© de notre ration journaliĂšre de protĂ©ines. Les lĂ©gumineuses redeviennent tendance et la plupart des recommandations nutritionnelles suggĂšrent dâaugmenter leur consommation. Alors nâattendons pas davantage pour les introduire dans notre alimentation !
Les lĂ©gumes orange : carotte, patate douce, potiron, courge⊠Ce sont aussi des lĂ©gumes de nature chaude. Ils sont riches en bĂȘta-carotĂšne (qui se transforme en vitamine A dans le corps) en vitamine C, en potassium, magnĂ©sium, ils aident Ă renforcer le
systÚme immunitaire, protÚgent les yeux, la peau⊠Ils se consomment crus, cuits, au four, sautés, en soupe, en purée : les idées ne manquent pas pour les intégrer à notre alimentation.
Les Ă©pices : le gingembre, la cannelle, le poivre, le curcuma, le cumin, la cardamone et dâautres Ă©pices ont des propriĂ©tĂ©s rĂ©chauffantes qui gĂ©nĂšrent une sensation de chaleur dans le corps, stimulent la circulation sanguine et favorisent la digestion. On les utilise pour Ă©picer et parfumer nos diffĂ©rents plats, mais aussi en infusion.
Les noix et les amandes : les noix et les amandes ont aussi des propriétés de nature chaude, grùce à leurs bonnes matiÚres grasses (oméga-3) et leur richesse en protéines.
Il est donc conseillĂ© dâintroduire tous ces aliments dans votre alimentation pour passer un bon hiver en bonne santĂ©. En outre, pour complĂ©ter le tableau, il est recommandĂ© de consommer des lĂ©gumes et des fruits de toutes les couleurs, riches en vitamines, notamment la vitamine C : poivrons rouges, kiwis, agrumes⊠Rappelons deux rĂšgles dâor Ă respecter : la modĂ©ration et la variĂ©tĂ©.
Je vous souhaite de passer un bon hiver en bonne santé ! n
Orlie Nabet, naturopathe 058-6277009
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LIVRES ET VOUS 7 octobre : la nouvelle guerre dâIsraĂ«l AndrĂ© Darmon est un journaliste qui sait mener une investigation. Il le fait depuis des annĂ©es dans les pages du mensuel ISRAEL MAGAZINE, quâil a fondĂ© il y a vingt ans et quâil dirige. Les labyrinthes et les mĂ©andres de Tsahal nâont malheureusement plus de secrets pour lui qui, aprĂšs la mort de son fils RaphaĂ«l en 2006, sâest heurtĂ© Ă tant de murs, de silences et de non-dits. Aujourdâhui, pour comprendre et informer, il sâest replongĂ© dans ce systĂšme qui lui a fait tant de mal. Plusieurs des fils dâAndrĂ© Darmon sont officiers dans Tsahal et se battent contre nos ennemis depuis le 7 octobre â une motivation de plus pour essayer de reprendre le fil des Ă©vĂ©nements depuis cette date fatidique oĂč nos vies ont basculĂ©.
AndrĂ© Darmon dresse ainsi un compte-rendu jour par jour, heure par heure, de ce qui sâest passĂ© dans des lieux secrets tels que le QG militaire de la Kyria, dans les Ă©changes entre de hauts gradĂ©s et le cabinet de sĂ©curitĂ© â les dialogues, entiĂšrement sourcĂ©s, sont un peu scĂ©narisĂ©s afin dâen faciliter la comprĂ©hension. Darmon remonte dans le temps, car, dit-il, tout a commencĂ© des mois, voire des annĂ©es avant. Il analyse lâesprit des chefs de guerre, des chefs du renseignement et de la sĂ©curitĂ©, de ceux qui sont censĂ©s penser vingt-quatre heures sur vingt-quatre Ă la sĂ©curitĂ© du pays en anticipant ce qui pourrait arriver. Darmon tente dâexpliquer ce quâest la « conceptia », ce modĂšle mental qui a formatĂ© nos chefs militaires et nos politiques pendant des annĂ©es.
Comment Tsahal, lâarmĂ©e la plus puissante du monde, a-t-elle pu se trouver si dĂ©pourvue le matin du 7 octobre, lors de lâinvasion sur le territoire israĂ©lien de plus de 3000 terroristes armĂ©s jusquâaux dents et droguĂ©s au Captagon ? Quâest-ce qui a failli dans les rouages du renseignement ? OĂč Ă©tait lâarmĂ©e de lâair
qui aurait pu rapidement enrayer lâattaque sanglante ? Pourquoi Tsahal a-t-elle agi exactement Ă lâinverse de ce quâelle aurait dĂ» faire au regard des renseignements quâelle recevait depuis la veille ? Et mĂȘme sâil sâavĂšre que le Premier ministre Benyamin Netanyhaou a Ă©tĂ© informĂ© et nâa pas donnĂ© les ordres quâil fallait, quâest-ce qui empĂȘchait lâarmĂ©e de protĂ©ger la frontiĂšre et dâagir dĂšs les premiĂšres minutes de lâattaque ? Pourquoi ces longues heures dâattente qui ont vu mourir des centaines dâinnocents ? Qui a fautĂ© ? Quelquâun a-t-il « trahi » â puisque câest aussi une question qui se pose depuis le premier jour â ? Pour reprendre confiance en ceux qui ont le pouvoir de dĂ©fendre notre pays, il est urgent que lumiĂšre soit faite sur tous les manquements de ceux qui nâont pas pris les bonnes dĂ©cisions et qui nous ont condamnĂ©s Ă vivre le plus grand pogrom de lâhistoire dâIsraĂ«l. Les enquĂȘtes dĂ©butent, celle de Tsahal dâabord, dont on attend encore les conclusions, mais une enquĂȘte dâĂtat indĂ©pendante aura-t-elle lieu ? En attendant, il est important, en historien, de retenir tous les Ă©lĂ©ments qui ont eu lieu depuis le dĂ©but, pour ne rien oublier. n
LIVRES ET VOUS André Darmon : « Je ne pouvais plus rester silencieux » AJ MAG : Quand avez-vous commencé à écrire ce livre ?
AndrĂ© Darmon : Jâai vraiment commencĂ© Ă Ă©crire mon livre le 20 janvier 2024. De par mon mĂ©tier, jâai des sources dâinformation haut placĂ©es. Jâai enquĂȘtĂ© et fait un travail dâhistorien, en recoupant tout ce qui sâĂ©crivait. Je me suis rendu auprĂšs des diverses unitĂ©s pour interroger les gens, dans les kibboutzim du Sud, dans la bordure de la bande de Gaza. Je ne pouvais plus rester silencieux. Jâai Ă©crit mon livre en quatre mois, sans dormir.
Le New York Times a publiĂ© une enquĂȘte trĂšs poussĂ©e rĂ©alisĂ©e par Ronen Bergman, journaliste du Yediot Ha'haronot. La censure militaire nâayant pas permis de publier certaines informations, ce journaliste israĂ©lien sâest tournĂ© vers la presse amĂ©ricaineâŠ
LâarmĂ©e a pensĂ© que moins on en disait, mieux câĂ©tait. TrĂšs peu de reporters de guerre ont eu accĂšs Ă Gaza, câĂ©tait une zone militaire fermĂ©e, certainement pour protĂ©ger les soldats et leurs familles.
Selon vous, les services de renseignement ont mal interprĂ©tĂ© les signes et les alertes reçus. Ils ont renonçé Ă lâunitĂ© 504 qui Ă©tait sur le terrain Ă Gaza. Ils nâont pas tenu compte des informations que les « observatrices » ont fait remonter, lâunitĂ© 8-200 nâĂ©coutait plus les radios du Hamas. Cela expliquerait la non-prĂ©paration de lâarmĂ©e ? Oui, câest la dĂ©sinvolture israĂ©lienne et la trĂšs lourde hiĂ©rarchie qui sont responsables. On avait beaucoup dâinformations, et pourtant personne nâen a tenu compte.
Je ne pense pas quâil y ait eu un complot mais jâai au moins cinquante arguments pour dire quâil y aurait pu en avoir un. Jâai envie de vous rĂ©pondre comme Golda Meir qui, lorsquâon lui demandait si IsraĂ«l avait la bombe atomique, rĂ©pondait : « IsraĂ«l nâa pas la bombe atomique, mais si besoin nous nâhĂ©siterions pas Ă nous en servir. »
DĂšs le dĂ©but, on a parlĂ© de trahison ou de complot pour faire tomber le gouvernement de Netanyahou â quâen pensez-vous ?
AndrĂ© Darmon, 7 octobre : la nouvelle guerre dâIsraĂ«l Livre en vente chez Steimatzky et sur Internet
TRIBUNE SSouviens-toi, nâoublie pas ! © auf si vous avez rĂ©ussi Ă couper tous vos Ă©crans, vous nâavez sĂ»rement pas manquĂ© le dĂ©ferlement de discours, dâimages, dâĂ©missions spĂ©ciales et de films autour des commĂ©morations â jusquâen Pologne, Ă Auschwitz mĂȘme â du 27 janvier. Oui, le monde entier se souvient, sâapitoie et se remĂ©more. Mais de quoi se souvient-on exactement ? « La libĂ©ration dâAuschwitz » â mais qui a libĂ©rĂ© quoi ? De quoi parle-t-on prĂ©cisĂ©ment ? Que sâest-il passĂ© le 27 janvier 1945 ? Un vĂ©hicule blindĂ© de lâArmĂ©e rouge est arrivĂ© par hasard devant les grilles de Birkenau, pensant y trouver une usine travaillant pour les nazis, et ses passagers ont eu la surprise de se trouver face Ă environ 6000 ĂȘtres squelettiques et malades, ceux que les Allemands avaient laissĂ©s derriĂšre eux car ils Ă©taient incapables de participer aux terribles « marches de la mort » qui, dĂšs le 17 janvier 1945, avaient vidĂ© le camp de ses maheureux rĂ©sidents. « LibĂ©ration » ? Tous ceux qui parmi nous sâintĂ©ressent a minima Ă cette catastrophe (traduction du mot « Shoah ») savent que les nations nâont pratiquement rien fait pour sauver les Juifs. Les AlliĂ©s ont mĂȘme refusĂ© de bombarder les rails qui amenaient les Juifs Ă lâabattoir, alors que les preuves sâaccumulaient et que lâon savait exactement ce qui se passait.
Ă lâorigine de cette journĂ©e organisĂ©e par lâONU : Dan Gillerman, ambassadeur dâIsraĂ«l auprĂšs de cette instance. Suite Ă la cĂ©rĂ©monie organisĂ©e en
janvier 2005 Ă Birkenau pour les soixante ans de la fin de la guerre et surtout pour ne pas laisser les Russes profiter seuls du titre de libĂ©rateurs, lâONU a dĂ©cidĂ© dâen faire une journĂ©e internationale : par consensus, les 191 pays de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ont dĂ©cidĂ© que le 27 janvier serait la « JournĂ©e internationale de commĂ©moration des victimes de l'Holocauste » (le mot « Shoah » aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable). Formidable ! Jamais une proposition israĂ©lienne nâa obtenu autant de voix Ă New York ! Oui, il est important que le monde se souvienne. Mais il est encore plus important quâil « fasse tĂ©chouva ». Or ce que nous observons de la part de lâONU depuis le 7 octobre ne va pas vraiment en ce sens⊠Il est intĂ©ressant de noter comment divers pays inscrivent cette commĂ©moration dans leur
DR
calendrier officiel. En France, si jâen crois le site du ministĂšre de lâĂducation nationale, cette journĂ©e est dĂ©diĂ©e « Ă la mĂ©moire des gĂ©nocides et Ă la prĂ©vention des crimes contre lâhumanitĂ© ». Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur ce qui est une banalisation de la Shoah⊠Le mieux Ă©tant souvent lâennemi du bien, il y a en France de trop nombreuses dates du souvenir. Le 19 avril rappelle le le soulĂšvement du ghetto de Varsovie. Depuis 1954, la « JournĂ©e nationale du souvenir des victimes et des hĂ©ros de la dĂ©portation » se tient le dernier dimanche dâavril. Le 27 mai, câest la « JournĂ©e nationale de la RĂ©sistance », en rĂ©fĂ©rence Ă la premiĂšre rĂ©union du Conseil national de la RĂ©sistance tenue le 27 mai 1943. Le 16 juillet marque la « JournĂ©e nationale Ă la mĂ©moire des victimes des crimes racistes et antisĂ©mites de lâĂtat français et dâhommage aux "Justes de France" » â voilĂ les « Justes » Ă©voquĂ©s, faibles en nombre mais forts courageux vu le contexte. Et il y a aussi la « CĂ©rĂ©monie Ă la mĂ©moire des martyrs de la dĂ©portation » Ă la Grande Synagogue de la Victoire, instituĂ©e par le rabbinat français dĂšs 1946. En IsraĂ«l, cette journĂ©e est bien sĂ»r rappelĂ©e, mais ici nous avons surtout Yom HaShoah et, pour les plus religieux, le 10 Tevet, jour du Kaddich haKlali. Paris, elle, a bien Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e, par les armes et le sang ! Le 27 janvier 1945, Ă Auschwitz, on a juste ouvert les portes de lâenfer. n
Jean-Charles Zerbib
RECETTE ForĂȘt noire PRĂPARATION
l Préchauffer le four à 200 °C (th. 6-7).
l Beurrer un cercle, le poser sur une plaque recouverte de papier cuisson et le réserver au frais.
Préparation de la génoise
l Dans un saladier, tamiser ensemble la farine, la fécule, le cacao et la vanille en poudre.
l Dans un autre saladier, séparer les blancs des jaunes.
l MĂ©langer les jaunes d'Ćufs avec 75 g de sucre.
l Monter les blancs en neige ferme en incorporant progressivement 75 g de sucre.
l Incorporer le beurre et la farine cacaotée aux jaunes blanchis.
l Ajouter le kirsch, mélanger.
l Ajouter les blancs en neige en mélangeant délicatement à l'aide d'une maryse jusqu'à ce que l'appareil soit homogÚne.
l Remplir le cercle et enfourner pour 35 minutes.
l Vérifier la cuisson à l'aide d'un couteau. Laisser refroidir la génoise sur une grille.
INGRĂDIENTS Pour 8 personnes
Pour la génoise
âą 8 Ćufs
âą 335 g de sucre en poudre
âą 67 g de beurre fondu
âą 67 g de farine
âą 54 g de cacao
⹠27 g de fécule de pomme de terre
âą 2œ c. Ă s. de kirsch
âą Âœ c. Ă c. de vanille en poudre
Pour la garniture
âą 67 cl de crĂšme fleurette
âą 2œ c. Ă s. de kirsch
âą Âœ c. Ă c. d'extrait de vanille ou vanille liquide
âą 47 g de sucre glace
âą griottines
Pour la décoration
âą 107 g de copeaux de chocolat
âą griottines
Préparation du sirop et de la chantilly
l Porter à ébullition 20 cl d'eau avec 100 g de sucre.
l Laisser tiédir et ajouter le kirsch.
l Réserver le sirop à température ambiante.
l Fouetter la crĂšme fleurette. Incorporer progressivement le sucre, l'extrait de vanille et le kirsch.
Assemblage
l Ăgaliser la surface de la gĂ©noise et la couper en trois disques.
l Poser le premier sur un plat et l'imbiber de sirop.
l Le napper généreusement de crÚme fouettée, lisser et parsemer de griottines.
l Recouvrir avec le deuxiÚme disque et renouveler l'opération.
l Terminer par le troisiĂšme disque, l'imbiber et le recouvrir d'une fine couche de crĂšme.
l Napper également les cÎtés du gùteau.
l Décorer de griottines et de copeaux de chocolat. Réserver au frais jusqu'au moment de servir.
Bon appétit !
JUDAĂSME ItaĂŻ Ashkenazi : de la Torah de Manitou Ă la Torah de Yemima, une histoire de transmission Je lâai rencontrĂ© il y a plus de vingt ans Ă JĂ©rusalem. Il venait de rentrer dâun grand voyage en Asie. Il avait entendu dire que les francophones de JĂ©rusalem Ă©tudiaient encore les enseignements de son grandpĂšre. Il est venu Ă leur rencontre. Son grand-pĂšre, câĂ©tait le rav LĂ©on Ashkenazi, dit Manitou, dont les Ă©lĂšves continuent de publier, traduire et transmettre les enseignements. ItaĂŻ le connaissait mal, il nâavait que 19 ans quand il est dĂ©cĂ©dĂ©. Les relations familiales Ă©taient un peu distantes, limitĂ©es Ă des visites lors des FĂȘtes. De grandes discussions avec lui ? Il nâen a pas eu, ni de moments privilĂ©giĂ©s. Il a dĂ©couvert la grandeur de son grand-pĂšre alors que celui-ci avait dĂ©jĂ quittĂ© ce monde, quand il sâest rapprochĂ© du judaĂŻsme et de son identitĂ© profonde. ItaĂŻ a aujourdâhui 47 ans. MariĂ© et pĂšre de famille, il enseigne la Torah dans sa communautĂ© de Pardes Hanna. Il est Ă©galement thĂ©rapeute et a publiĂ© son premier livre : 'Hidouch haBrit . Un long et beau chemin parcouru entre le grand-pĂšre et le petitfils, une histoire de transmission intergĂ©nĂ©rationnelle faite de noblesse et de profondeur.
La « rĂ©vĂ©lation », ItaĂŻ lâa eue durant une mĂ©ditation, pendant une retraite bouddhiste au Japon. Il renaĂźt alors Ă son identitĂ© juive et comprend soudainement que la spiritualitĂ© quâil est venu chercher si loin existe aussi dans le judaĂŻsme. Jusque-lĂ , il imaginait « le Dieu des Juifs comme un vieux monsieur dans le ciel, avec une barbe, qui ordonnait beaucoup de choses ». Le message reçu, il rentre en IsraĂ«l et
entreprend sa quĂȘte â Ă JĂ©rusalem, plus prĂ©cisĂ©ment, oĂč nous nous rencontrons lui et moi Ă la sortie dâun cours de Torah en français. RedirigĂ© vers le Centre Manitou qui lâaccueille chaleureusement, il accĂšde aux cours de son grandpĂšre enregistrĂ©s et retranscrits, prĂ©cieusement conservĂ©s : « Câest tragique, jâai Ă©coutĂ© des heures durant les enseignements de mon grand-pĂšre alors que de son vivant je nâen avais pas eu lâoccasion. La vie est parfois surprenante. Câest Ă ce moment-lĂ que jâai commencĂ© Ă pratiquer les mitzvot et que jâai rencontrĂ© celle qui allait devenir ma femme. » Ces heures dâĂ©coute le transforment. « Lorsque jâai Ă©tudiĂ© les sciences de lâĂ©ducation, poursuit-il, les enseignements de mon grand-pĂšre Ă©taient toujours prĂ©sents dans ma vie. Nous avons mĂȘme habitĂ© avec nos enfants dans ce qui avait Ă©tĂ© son appartement Ă Ramat Eshkol pendant quelques annĂ©es, câĂ©tait Ă©mouvant. Ma grand-mĂšre Ă©tait encore vivante quand jâai fait techouva mais elle Ă©tait dĂ©jĂ malade. Nous sommes ensuite partis vivres dans un yichouv âdati leoumiâ dans la plaine de la Bekaa, et lĂ -bas jâai commencĂ© pour la premiĂšre fois Ă enseigner la Torah de Manitou. Ă la naissance de mon quatriĂšme enfant, je me suis remis en question. La Torah
JUDAĂSME de Manitou engage de profonds concepts, elle parle du Clal IsraĂ«l, de la communautĂ© dâIsraĂ«l, mais cela ne mâaidait pas Ă vivre au quotidien la Torah et ses mitzvot ; cela ne mâaidait pas Ă relever les dĂ©fis que posait un jeune couple. Je nâarrivais pas Ă faire le lien, dans ma vie, entre lâĂ©tude, cette morale divine et la vie de tous les jours. La barre Ă©tait trop haute. Je me sentais tout petit. Cela me dĂ©primait. Je cherchais une Ă©tude qui remplisse mon Ăąme, une Ă©tude qui me fasse me sentir entier, complet. Lâobjectif de la Torah de Manitou, mĂȘme si elle parle de compassion et de 'Hessed, câest de dĂ©couvrir lâHĂ©breu qui est en nous, et son lien avec la prĂ©sence divine. Je cherchais ce lien mais je me posais Ă©galement, et depuis longtemps, beaucoup de questions sur la libertĂ©, un sujet qui nâest pas au centre du judaĂŻsme. Câest alors que jâai dĂ©couvert la âmĂ©thode Yemimaâ. Je mây suis formĂ© et, trĂšs vite, jâai vu des rĂ©sultats dans ma vie, Ă tel point que ma femme a elle aussi voulu Ă©tudier et se former Ă cette mĂ©thode que jâai ensuite moimĂȘme enseignĂ©e.
Yemima Ă©tait une sorte de maĂźtre Ă penser, on lâappelait âla Rebbeâ, car elle avait sa propre 'hassidout. ParallĂšlement, jâai dĂ©couvert le Baal Chem Tov et la 'hassidout de Rabbi Na'hman, je me suis enrichi spirituellement. GrĂące Ă la mĂ©thode Yemima, jâai pu relire la Torah Ă travers un nouveau prisme, faire le lien et rĂ©unir mon questionnement sur la libertĂ© et les commandements en un seul mot : Brit, lâalliance. La libertĂ© Ă lâintĂ©rieur des limites.
Jâai Ă©crit mon premier livre sur ce sujet : 'Hidouch haBrit. Mon grandpĂšre est Ă©videmment prĂ©sent entre les lignes mais jây ai ajoutĂ© mon approche de la 'hassidout Bratslav,
LĂ©on Ashkenazi (1922-1996), plus connu en France sous son nom de totem de Manitou, Ă©tait un rabbin, philosophe et kabbaliste franco-israĂ©lien. Avec le philosophe Jacob Gordin, AndrĂ© Neher et Emmanuel Levinas, il a participĂ© Ă la renaissance du judaĂŻsme français aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. Ă la suite de la guerre des Six Jours, il a Ă©migrĂ© en IsraĂ«l oĂč il a Ă©tudiĂ© auprĂšs du rav Zvi Yehouda Kook et du rav Shlomo Binyamin Ashlag, et oĂč il a fondĂ© un rĂ©seau d'enseignement du judaĂŻsme : l'Institut Mayanot et le Centre YaĂŻr, centres d'Ă©tudes juives et israĂ©liennes, principalement frĂ©quentĂ©s par les francophones dâIsraĂ«l. Il est devenu lâun des plus importants porte-paroles du sionisme religieux. E. A.
Yemima Avital (1929-1999), descendante dâune famille de kabbalistes, est nĂ©e au Maroc et a fait son Alya en IsraĂ«l Ă 20 ans. Elle a dĂ©veloppĂ© une mĂ©thode unique qui intĂšgre la psychologie, Ă laquelle elle a Ă©tĂ© formĂ©e Ă l'UniversitĂ© de Tel Aviv, et la spiritualitĂ© et la pensĂ©e juives, y compris la Kabbale. En 1987, elle a ouvert lâInstitut Maayan, oĂč elle a enseignĂ© cette mĂ©thode de dĂ©veloppement personnel qui porte son nom, appelĂ©e aussi « mĂ©thode de la pensĂ©e consciente ». CĂ©lĂšbre en IsraĂ«l, cette mĂ©thode a fait Ă©galement des adeptes Ă lâĂ©tranger. E. A
ainsi que la mĂ©thode Yemima et, bien sĂ»r, beaucoup de moi. Jâai essayĂ© dâĂ©crire dans une langue que notre gĂ©nĂ©ration et les plus jeunes peuvent comprendre. Sa traduction en français est en cours. Je prĂ©pare un autre livre sur la place de lâhomme et de la femme â et pas seulement sur le couple â dans ce monde et dans le judaĂŻsme. De nos jours et sous lâinfluence du wokisme, il rĂšgne une grande confusion. Il est temps de remettre les choses en place. Je tiens aussi Ă continuer Ă enseigner en français. Câest important pour moi. »
ItaĂŻ Ashkenazi, fils de David et petit-fils de LĂ©on AshkenaziManitou, a su saisir le lien de la transmission et, aprĂšs des annĂ©es dâĂ©tude et de travail personnel, il a dĂ©veloppĂ© sa propre approche de lâĂȘtre juif, une identitĂ© profonde liĂ©e Ă la Terre dâIsraĂ«l, Ă la Torah et Ă la communautĂ©, mais aussi en phase avec son Ăąme et ses aspirations. Le flambeau continue Ă briller. n
Emmanuelle Adda https://www.instagram.com/itai_ashkenazi/ https://www.midreshet-manitou.org/
LE KLING DU MOIS D'un cĂŽtĂ© comme de l'autre D'un cĂŽtĂ©âŠ
Reims, le 28 fĂ©vrier 1945, grand quartier gĂ©nĂ©ral. Ike Eisenhower est penchĂ© sur les cartes d'Ătat-major. Tout est en place pour la derniĂšre phase de la guerre qui, dans quelques mois, conduira Ă la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. C'est alors que va se dĂ©rouler un des Ă©pisodes les plus incroyables de la guerre. Le chef suprĂȘme du corps expĂ©ditionnaire alliĂ© en Europe reçoit la visite d'un Ă©missaire suisse qui dit avoir une importante communication Ă lui faire de la part d'un gĂ©nĂ©ral nazi. IntriguĂ©, l'AmĂ©ricain le fait entrer. L'autre lui propose un deal : l'Allemand dĂ©tient 97 civils europĂ©ens en otage â des Français, des Anglais et quelques Belges. Il propose d'en relĂącher une trentaine en Ă©change de la libĂ©ration de mille prisonniers allemands dont quelques-uns sont membres de la Waffen-SS et ont du sang sur les mains. De plus, l'Allemand exige que les troupes amĂ©ricaines se retirent des territoires conquis ces derniers mois : la quasi-totalitĂ© du territoire français et l'Italie. Eisenhower demande d'arrĂȘter l'Ă©missaire sur-lechamp et de le faire examiner par un psychiatre afin de s'assurer de sa santĂ© mentale. Fin de l'anecdote. Bien entendu, cette histoire est une pure invention et n'a jamais eu lieu. Elle est le fruit de mon imagination dĂ©bordante. J'ai Ă©videmment conscience de lâĂ©norme diffĂ©rence entre les deux situations. Et je sais aussi, amis lecteurs, que vous serez nombreux Ă trouver la comparaison dĂ©placĂ©e. Cependant, si nous voulons Ă©viter les dĂ©sastreuses consĂ©quences de l'accord passĂ© avec les terroristes, il faut tout d'abord avoir le courage de les regarder en face. Pourquoi ne pas avoir exigĂ© la libĂ©ration de TOUS les otages comme prĂ©alable Ă tout accord ? Que vont devenir les autres ? Qui peut garantir que le Hamas ne se rĂ©arme pas si nous nous retirons de l'axe de Netzarim ou de celui de Philadelphie ?
ScÚne de liesse dans un collÚge à Petah Tikva pour célébrer la libération des otages des geÎles du Hamas © Flash90
Combien de futurs Sinwar retrouvent aujourd'hui la liberté et combien de victimes innocentes paieront le prix de la libération de ces assassins ?
De l'autre cĂŽtĂ©âŠ
Une fois tout ceci posĂ©, je me dois Ă©galement d'avouer qu'Ă cĂŽtĂ© de la crainte et de la colĂšre que j'ai Ă©prouvĂ©es ces jours-ci Ă l'annonce de ce dangereux accord, j'ai aussi ressenti une immense fiertĂ© de voir mon pays et mon peuple pleurer d'Ă©motion Ă l'unisson face aux retrouvailles de nos jeunes filles avec leurs familles. Cette joie nationale n'a rien d'Ă©vident. Bien sĂ»r, tous les pays du monde sont soulagĂ©s lorsquâun de leurs citoyens otage est libĂ©rĂ©. Mais rien n'est comparable Ă cette ferveur, Ă cette attente de tout un peuple, Ă
LE KLING DU MOIS ce sentiment de solidaritĂ© palpable au point que ces jeunes filles libĂ©rĂ©es semblent faire partie de notre famille ! L'Iran a retenu 52 AmĂ©ricains en otage pendant 444 jours. Les AmĂ©ricains ont continuĂ© Ă bien dormir la nuit et leur libĂ©ration n'a pas donnĂ© lieu Ă des scĂšnes de liesse chez tous les citoyens d'AmĂ©rique. « C'est plus que de la solidaritĂ©, Ă©crivait rĂ©cemment un journaliste israĂ©lien, c'est la concrĂ©tisation de la "brit", de l'alliance qui unit tous les fils et les filles d'IsraĂ«l entre eux ! » Cette « brit » est Ă la fois notre faiblesse et notre force. Pour elle, nous sommes prĂȘts Ă payer un prix exorbitant â mais sans elle, que deviendrons-nous ?
Il faut ĂȘtre Juif ou IsraĂ©lien pour comprendre Ă quel point on peut ĂȘtre tout Ă la fois ulcĂ©rĂ© par cet accord et fier qu'il ait Ă©tĂ© signĂ©âŠ
ArrĂȘtez-moi si je dis des bĂȘtises⊠n
klingelie@gmail.com
HORAIRES DE CHABBAT CHABBAT BECHALA'H â CHABBAT CHIRA 7 FĂVRIER 2025-9 CHEVAT 5785
Jérusalem 16h38 17h57
Tel Aviv 16h58 17h59
Netanya 16h57 17h58
CHABBAT YITRO 14 FĂVRIER 2025-16 CHEVAT 5785
Jérusalem 16h44 18h03
Tel Aviv 17h04 18h05
Netanya 17h03 18h04
CHABBAT MICHPATIM 21 FĂVRIER 2025-23 CHEVAT 5785
Jérusalem 16h50 18h09
Tel Aviv 17h10 18h10
Netanya 17h09 18h10
CHABBAT TEROUMA (CHEQUALIM) â ROCH 'HODECH ADAR 28 FĂVRIER 2025-30 CHEVAT 5785
Jérusalem 16h56 18h14
Tel Aviv 17h15 18h15
Netanya 17h15 18h15
CHABBAT TETSAVĂ â CHABBAT ZAKHOR 28 FĂVRIER 2025-30 CHEVAT 5785
Jérusalem 17h01 18h19
Tel Aviv 17h21 18h21
Netanya 17h20 18h20
« Notre ùme est ardente et riche. Elle renferme le trésor le plus grand et le plus glorieux. Nous sommes remplis de la lumiÚre de la vie. » Or Ha'Haïm
JUDAĂSME La lettre oubliĂ©e Jadis, en Russie, il y avait un homme pieux nommĂ© Reb Baroukh. ImprĂ©gnĂ© dâune profonde crainte de Dieu, ce 'hassid jouissait dâune vie comblĂ©e, avec une femme dĂ©vouĂ©e, des enfants bien Ă©duquĂ©s et une situation financiĂšre florissante. Chaque annĂ©e, il se rendait chez son MaĂźtre, le Baal Chem Tov, pour recevoir ses bĂ©nĂ©dictions. Un jour, lors de sa visite chez le MaĂźtre, celui-ci lui demanda :
« Comment te portes-tu, Reb Baroukh ? »
« TrÚs bien, grùce à Dieu ! », répondit le 'hassid avec enthousiasme.
« Et comment se portent tes affaires ? », sâenquit le MaĂźtre.
« Elles prospÚrent bien, grùce à Dieu. »
« Et ta femme ? Et tes enfants ? Leur éducation ? », poursuivit le Maßtre.
« Dieu merci, je nâai pas Ă me plaindre. Ils se portent trĂšs bien. Ils respectent les valeurs de la Torah. Tout va pour le mieux », rĂ©pondit Reb Baroukh.
Le Baal Chem Tov fixa longuement Reb Baroukh puis ajouta, sur un ton mystérieux :
« Eh bien, si tout va aussi bien que tu le dis, jâaimerais te demander un petit service⊠»
« Bien sĂ»r, Rabbi, avec plaisir ! De quoi sâagit-il ? »
Le Baal Chem Tov se tourna alors vers son bureau, prit une feuille de papier sur laquelle il Ă©crivit quelques mots, avant de la plier et de la glisser dans une enveloppe quâil remit Ă Reb Baroukh.
« Il sâagit dâune lettre pour le grand-rabbin Avigdor de la ville de Vitebsk. Jâaimerais que tu la lui remettes, sâil te plaĂźt », expliqua-t-il.
« Comptez sur moi, Maßtre, ce sera fait ! », répondit le 'hassid avec entrain.
Une fois son entrevue terminĂ©e, Reb Baroukh quitta la demeure du Juste. Quelques jours plus tard, lorsquâil reprit la route pour rentrer chez lui, il prit soin de glisser la lettre dans la doublure de son manteau pour ne pas risquer de la perdre. Mais les jours et les semaines sâĂ©coulĂšrent et Reb Baroukh finit par oublier complĂštement la lettre dans la doublure de son manteau. Les mois passĂšrent, puis les annĂ©es⊠Vingt annĂ©es sâĂ©taient Ă©coulĂ©es depuis lors, durant lesquelles rien ne lui avait rĂ©ussi, jusquâĂ la disparition aussi complĂšte quâinexplicable de sa fortune.
DĂ©sormais, Reb Baroukh ne possĂ©dait plus rien, si ce nâest une humble demeure oĂč il vivait avec sa famille. La pauvretĂ© Ă©tait si grande quâil nâavait mĂȘme plus de quoi acheter du lait pour ses enfants. Dans lâabĂźme de son dĂ©sespoir, il sâinterrogeait :
« Mon Dieu, comment en suis-je arrivĂ© lĂ ? Pourquoi la destinĂ©e mâa-t-elle tournĂ© le dos ainsi ? Pourquoi ? » Il ouvrit alors lâarmoire, une vieille armoire qui, Ă lâĂ©poque oĂč il vivait sans compter, tout au long de ses annĂ©es prospĂšres, avait vu dĂ©filer tant de manteaux de qualitĂ©, tant de costumes de grande valeur. Il chercha frĂ©nĂ©tiquement dans les poches des vĂȘtements qui se trouvaient lĂ , Ă la recherche dâun peu dâargent pour nourrir ses enfants affamĂ©s et affaiblis. Il fouilla sans y croire, il palpa, tĂątonna, jusquâĂ ce quâil mette la main sur le fameux manteau. Il sentit dans la doublure quelque chose dâinhabituel et, gagnĂ© par la curiositĂ©, se demanda ce que cela pouvait bien ĂȘtre. Câest alors quâil vit la lettre jaunie datant de vingt ans, Ă lâattention du rabbin Avigdor ! Reb Baroukh se mit Ă trembler de tous ses membres. Il sâĂ©cria : « Bon sang ! Comment ai-je pu oublier cette lettre ?! Le Baal Chem Tov a dĂ©jĂ quittĂ© ce monde depuis bien des annĂ©es ! Jâai compris : câest pour cela que jâen suis arrivĂ© lĂ ! Au fond, de moi, je le sais. Cette lettre, cette mission que le MaĂźtre mâavait confiĂ©e, comment ai-je pu lâoublier, comment ? Je mây Ă©tais pourtant engagĂ© ! » DâamĂšres larmes de culpabilitĂ© coulaient le long de ses joues. Mais il se reprit et, rattrapĂ© par un fol espoir, se dit en lui-mĂȘme quâaprĂšs tout il nâĂ©tait peut-ĂȘtre pas trop tard pour rĂ©parer sa faute. Reb Baroukh ne put se rĂ©soudre Ă laisser cette mission inachevĂ©e. Dans la Torah, il avait appris que rien nâĂ©tait jamais perdu, quâil y avait toujours une seconde chance â alors pourquoi pas pour lui, Ă prĂ©sent ? Il en avait tellement besoin ! Il prit la prĂ©cieuse lettre et dĂ©cida de faire le voyage jusquâĂ Vitebsk, la ville oĂč le grand-rabbin Avigdor avait autrefois officiĂ©. Il espĂ©rait en lui-mĂȘme :
« Mon Dieu, faites que ce rabbin soit encore vivant ! »
Au bout de quelques jours de voyage, il arriva dans la ville de Vitebsk et demanda aussitĂŽt aux locaux sâils connaissaient le grand-rabbin Avigdor. Mais au grand dam de Reb Baroukh, chaque personne quâil interrogeait rĂ©pondait :
« Le rav Avigdor ? Non, nous ne connaissons aucun rabbin de ce nom par ici. »
Il chercha, interrogea encore et encore, jusquâaux anciens de la ville :
JUDAĂSME « Vous souvenez-vous du rabbin Avigdor qui exerçait dans votre ville, ici Ă Vitebsk, il y a vingt ans ? », demandait-il fiĂ©vreusement. Mais les anciens faisaient la mĂȘme rĂ©ponse :
« Pas du tout, il nây a jamais eu de rabbin Avigdor Ă Vitebsk. Tu as dĂ» te tromper de ville, mon ami ! »
Reb Baroukh ne comprenait absolument rien Ă cette Ă©trange histoire. Il se retrouva finalement avec sa lettre, seul, assis sur les marches de la grande synagogue, totalement dĂ©semparĂ©, ne sachant que faire ni oĂč aller. Ă prĂ©sent, il Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©. Comment Ă©tait-il possible que son MaĂźtre se soit trompĂ© ? Mais soudain, ses pensĂ©es furent interrompues par un bruit quâil entendit derriĂšre lui. Des voix chantaient et criaient :
« Mazal tov ! Mazal tov ! »
Il entra alors dans la synagogue et y vit une foule de Juifs qui célébraient probablement un heureux événement. Il écouta attentivement et entendit de nouveau, bien distinctement :
« Mazal tov ! Mazal tov au rabbin Avigdor, le tout nouveau rabbin de la ville de Vitebsk ! »
Reb Baroukh nâen croyait pas ses yeux. Il regarda sa lettre jaunie, puis le jeune rabbin Avigdor fraĂźchement nommĂ©. Il sâapprocha de lui et lui demanda :
« Vous ĂȘtes le rabbin Avigdor, nâest-ce pas ? »
Le jeune homme rĂ©pondit affirmativement et, en retour, lui demanda dâune voix chaleureuse :
« Câest bien moi. En quoi puis-je vous aider ? »
Reb Baroukh le pria de le suivre dans un endroit privé afin de lui raconter toute son incroyable histoire.
Le rabbin Avigdor Ă©tait stupĂ©fait : comment Ă©tait-il possible que cette lettre lui soit destinĂ©e ? Il nâavait que six ans lorsque le Baal Chem Tov avait quittĂ© ce monde ! Mais il prit la lettre et lâouvrit. Sur le papier jauni, une seule phrase Ă©tait griffonnĂ©e, quâil lut :
« Ă lâattention du Rabbin Avigdor de Vitebsk
Lâhomme qui se trouve en face de vous Ă©tait trĂšs riche Ă lâĂ©poque. Sâil vous plaĂźt, venez-lui en aide⊠»
Le secret de cette histoire
Lâhistoire met en Ă©vidence la clairvoyance du Baal Chem Tov. Il savait que Reb Baroukh aurait besoin de bĂ©nĂ©dictions supplĂ©mentaires pour faire face aux dĂ©fis Ă venir. Malheureusement, Reb Baroukh nâavait pas rĂ©alisĂ© que les bĂ©nĂ©dictions accordĂ©es par Dieu peuvent un jour ĂȘtre reprises. Il aurait donc dĂ» demander au MaĂźtre que ces bĂ©nĂ©dictions continuent de lâaccompagner.
La morale de cette histoire est de reconnaĂźtre la valeur des maĂźtres spirituels, et de solliciter leur sagesse
et leurs bĂ©nĂ©dictions. MĂȘme lorsque tout semble bien aller, il est important dâĂȘtre humble et ouvert Ă leur assistance. Il est crucial de comprendre que les bĂ©nĂ©dictions et la protection divine doivent ĂȘtre recherchĂ©es et renouvelĂ©es rĂ©guliĂšrement pour faire face aux Ă©vĂ©nements de la vie. n
Qui sont les Benei Noa'h, ces Chrétiens qui respectent les sept lois de Noa'h ? Il est
dit que, pour mĂ©riter le Olam haBa (le monde futur), un Juif doit suivre les 613 commandements. Mais, Ă lâinverse des paradis chrĂ©tien et musulman qui nâouvrent leurs portes quâĂ leurs seuls croyants, le judaĂŻsme, pourtant souvent accusĂ© dâĂȘtre hermĂ©tique, donne accĂšs au monde futur aux non-Juifs du moment quâils suivent les sept lois noahides. De quoi sâagit-il ?
Depuis lâaube des temps, Dieu a imposĂ© Ă lâhomme plusieurs lois fondamentales.
AprĂšs lâĂ©radication par le DĂ©luge dâune humanitĂ© corrompue, Dieu a imposĂ© Ă Noa'h et Ă sa descendance de reconstruire un nouveau monde sur des bases morales essentielles : les sept lois fondamentales. Selon le Talmud qui en a fait le recensement, six de ces lois sont des interdictions, Ă savoir : le blasphĂšme, incluant toute utilisation vaine du nom divin, lâidolĂątrie au sens large, lâadultĂšre ainsi que toute immoralitĂ© sexuelle, le meurtre, bien entendu, le vol et la consommation du sang dâun animal encore en vie (ce qui revient Ă interdire toute cruautĂ© envers les animaux). La septiĂšme loi divine, positive, est le commandement
dâĂ©tablir des tribunaux pour garantir la justice sociale. Comme signe de Son alliance avec lâhumanitĂ©, Dieu a offert lâarc-en-ciel, formĂ© de sept couleurs⊠comme le nombre des lois noahides. Car le nombre 7 rappelle lâĆuvre de la CrĂ©ation par la volontĂ© divine (les sept planĂštes, les sept ocĂ©ans, les sept continents, etc.), le chabbat ou encore la menorah Ă sept branches. Lâhomme y a dâailleurs fait Ă©cho avec les « sept merveilles du monde », Ă©tablies par les Grecs qui avaient appris des Juifs que ce nombre 7 abritait quelque chose de transcendant. Selon MaĂŻmonide, qui sâest grandement Ă©tendu sur ce sujet, tout non-Juif qui suit les sept lois noahides et les considĂšre dâorigine divine est vertueux, et il a droit au monde futur. Mais les Juifs, eux, doivent suivre les
613 commandements, globalement appelés « lois mosaïques ». On comprend que les rabbins soient étonnés de voir un nonJuif souhaiter se convertir au judaïsme : ses obligations sont alors centuplées !
Toujours selon MaĂŻmonide, inciter les non-Juifs Ă suivre ces sept lois noahides incombe Ă tous les Juifs. Des penseurs juifs y ont vu un terrain de morale et dâĂ©thique compatible entre IsraĂ«l et les nations. Au XIX e siĂšcle, le rabbin livournais Elie Benamozegh (1823-1900) considĂ©rait quâelles constituaient la seule religion universelle et fraternelle, et que le judaĂŻsme avait pour mission de les promouvoir. Le concept a Ă©tĂ© repris par le Rabbi de Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, qui encourageait ses disciples Ă
JUDAĂSME enseigner les sept lois noahides. LâidĂ©e a Ă©tĂ© suivie dans les annĂ©es 1990 par des rabbins orthodoxes qui ont créé lâalliance des Benei Noa'h ( ŚŚ ŚŚ Ś), câest-Ă -dire les fils de NoĂ© et leurs descendants, Ă savoir : toute lâhumanitĂ©. Ă la suite de la crĂ©ation de plusieurs cellules de Benei Noa'h Ă travers le monde, un grand conseil de type SanhĂ©drin a Ă©tĂ© Ă©tabli en 2006 Ă JĂ©rusalem par plusieurs rabbins, dont le rav Oury Cherki. Le but de ce mouvement moderne est ouvertement dâencourager lâadhĂ©sion des non-Juifs aux sept lois noahides qui Ă©tablissent une conduite Ă©thique entre les humains â bien entendu, sans obligation de conversion au
judaĂŻsme. Si ces lois gĂ©nĂ©rales Ă©taient suivies universellement, il nây aurait plus de meurtre, de vol ni de guerre !
Ce mouvement des Benei Noa'h, issu du monde juif orthodoxe, entreprend aussi de faire rayonner la spiritualitĂ© de la Torah. Câest un effort considĂ©rĂ© comme une obligation des Juifs envers lâhumanitĂ©, car le monde prĂ©sent est dĂ©jĂ entrĂ© dans les temps messianiques, et ce mouvement sâaligne sur la prophĂ©tie de MichĂ©e : « Il arrivera Ă la fin des temps que la montagne de la maison de lâĂternel sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et des peuples y afflueront. Et nombre de
nations iront en disant : âAllons et gravissons la montagne de lâĂternel et allons Ă la maison du Dieu de Jacob, et Il nous enseignera Ses voies et nous suivrons Ses chemins. Car de Sion sort la Torah et de JĂ©rusalem la parole de lâĂternel.â » (MichĂ©e 4, 1-2). n
Cet article est tiré du site Yedia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.
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JEUX Solutions des mots fléchés de la page 60
Trois mÚres juives se rencontrent au salon de thé.
La premiĂšre soupire : â OyâŠ
La seconde soupire : â Oy oyâŠ
Alors la troisiĂšme s'exclame :
â On avait dĂ©cidĂ© de ne pas parler des enfants aujourd'hui !
Un rabbi monte dans un train pour aller Ă Cracovie. Il s'installe avec ses bagages et ses 'hassidim autour de lui.
Le contrĂŽleur du train arrive et dit au rabbi en contrĂŽlant son billet :
â Je suis dĂ©solĂ©, Monsieur le Rabbin, mais vous vous ĂȘtes trompĂ© de train. Celui-ci ne va pas Ă Cracovie mais Ă Lublin. Il faut que vous descendiez tout de suite !
Le rabbi s'énerve :
â Puisqu'on me manque de respect et que l'on m'oblige Ă changer de train, je maudis
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BLAGUES à PART Et vous savez ce qui s'est passé ?
La bénédiction du rabbi s'est réalisée ! Si ce n'est pas un miracle, ça !
Une femme vient de perdre son mari. On organise les offices à la maison du défunt. Le préposé commence la priÚre en attendant qu'il y ait dix hommes pour réciter le Kaddich. Malheureusement, le temps passe et ils ne sont que neuf.
La femme intervient et dit :
ce train : qu'il ait un accident, qu'il n'arrive jamais à destination et que tous les passagers périssent !
Les 'hassidim protestent :
â Mais Rabbi, les passagers de ce train sont innocents !
â Vous avez raison, dit le rabbi. Je me suis un peu emportĂ©. Eh bien, je retire ma malĂ©diction. Je bĂ©nis ce train ! Qu'il parte Ă l'heure et arrive Ă l'heure, et que tout le monde soit en bonne santĂ© !
â Je m'en occupe !
Elle ouvre la porte, va dans la rue et arrĂȘte le premier Juif qui passe :
â Excusez-moi ! lui crie-t-elle, vous ne voudriez pas faire le dixiĂšme ?
â Avec vous ? MĂȘme pas le premier ! rĂ©pond le passant.
Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille
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