AJ Mag 6 Fevrier 2025

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Jeudi 6 février 2025

8 Chevat 5785

NÂș 1017 | Mensuel

TSAHAL, L'ARMÉE DU PEUPLE : MODE D'EMPLOI MICHEL

HAZANAVICIUS : « DESSINE-MOI

UN JUSTE »

LES DRUZES DU GOLAN : ENTRE ESPOIR ET INQUIÉTUDES

M.G. WOLKOWICZ : « LE FILM DE J. AINOUZ

DONNE IMAGE

AU LANGAGE »

ARRÊT SUR IMAGE

Daniella Gilboa, Liri Albag, Naama Levy, Karina Ariev et Agam Berger enfin rĂ©unies aprĂšs l’enfer d’une captivitĂ© dĂ©butĂ©e le 7 octobre
Daniella Gilboa Liri Albag
Naama Levy
Karina Ariev Agam Berger

ÉDITORIAL

Consomma-Sion

Le traitement mĂ©diatique de la libĂ©ration des otages doit nous interroger. Une rĂ©flexion Ă©thique Ă  l’échelon national n’aurait-elle pas Ă©tĂ© salutaire pour un pays dont le supplice est jetĂ© en pĂąture aux yeux du monde depuis le 7 octobre 2023, souvent dans l’indiffĂ©rence ? Depuis la premiĂšre libĂ©ration de certains de nos frĂšres et sƓurs le 24 novembre 2023, nous avons pourtant eu du temps et du recul pour analyser et rĂ©flĂ©chir aux consĂ©quences d’une exposition aussi crue dont les enjeux baignent dans le clair-obscur. Retransmettre en direct, pendant des dizaines d’heure, le processus de libĂ©ration d’IsraĂ©liens traquĂ©s et troquĂ©s en utilisant les mises en scĂšne indĂ©centes de nos pires ennemis, est-ce utile ?

Passer en boucle les mĂȘmes images jusqu’à la nausĂ©e, est-ce utile ?

Nous plonger, Ă  notre insu, dans un cruel voyeurisme, est-ce utile ?

Bien sĂ»r, nous avons besoin de voir le retour des membres de ce qui est devenu notre famille. Mais quelques clichĂ©s auraient Ă©tĂ© suffisants pour nous rassurer. S’y rajoutent encore les commentaires de journalistes qui, sans plus aucune retenue, livrent leurs Ă©motions et leur vision de la caricature guignolesque voulue par le Hamas : « C’est le plus beau message de victoire et de courage de la part de ces femmes qui sourient sur ce podium ! », nous disent-ils. Ce message ne rencontre pas ce que je ressens, qui s’apparente plutĂŽt Ă  de l’effroi et de l’humiliation face Ă  ce qui a Ă©tĂ© imposĂ© Ă  ces ĂȘtres humains capturĂ©s et sĂ©questrĂ©s. Je ne vois pas de victoire dans l’exhibition de ces femmes dont le sourire ne me renseigne en rien sur leur Ă©tat profond mais dont on ne cesse de dire qu’« elles ont l’air d’aller bien ! »

Le rĂ©cit de la libĂ©ration de Doron, Emily et Romi, le 19 janvier, m’avait quant Ă  lui surprise en ce qu’il ne faisait quasiment pas mention du sacrifice endurĂ© par les jeunes soldats et leurs familles pendant ces longs mois de combats Ă  Gaza. Face aux incessants appels des journalistes Ă  dire pardon aux otages (de ne pas les avoir libĂ©rĂ©es plus tĂŽt), j’ai Ă©prouvĂ© une vĂ©ritable honte pour tous nos fils, vivants dans le meilleur des cas, blessĂ©s ou morts dans le pire. Eux aussi doivent-ils demander pardon ?! N’ont-ils pas assez abandonnĂ© femmes, enfants, fiancĂ©es, mĂšres et pĂšres, Ă©tudes et travaux, rĂȘves et voyages, bravant les pires dangers pour aller chercher nos 'hatoufim vivants ou morts ? Il ne s’agit pas de remettre cet accord en question mais de s’interroger sur le rĂ©cit qui nous en est fait – quel message veut-on nous faire absorber de part et d’autre du curseur ? – car nous sommes bien plus que des consommateurs avides. Nous vivrons de libĂ©ration en libĂ©ration, en apnĂ©e, jusqu’au 2 mars, date prĂ©sumĂ©e de la fin de cet Ă©cƓurant accord au compte-goutte validĂ© par les nations, la Croix-Rouge et tous les autres complices silencieux de ce trafic d’ĂȘtres humains innocents contre des terroristes aux mains tachĂ©es de sang. Mais chaque homme, femme et enfant est un miracle qui nous revient. Alors cessons de nous flageller et de dĂ©signer l’autre (au sein de notre peuple) comme coupable. Tentons de nous concentrer sur l’immense amour qui remplit les cƓurs de ceux qui retrouvent les leurs, sur chaque famille rĂ©unie et sur cette grande famille qu’est le pays tout entier, qui attend le retour de tous les siens. Restons humbles, calmes et rĂ©servĂ©s pour vivre ce qui est plus grand que nous.

5 CARTES SUR TABLE

Ils partiront et nous laisseront enfin en paix

6 À L'AFFICHE

l 7 octobre. Un crime sans nom : un film de J. Ainouz

l Donner image au langage : l’analyse de M. G. Wolkowicz

11 BOUILLON DE CULTURE

‱ Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste »

‱ Nelly Tagar : l’actrice israĂ©lienne francophile qui monte, qui monte


16-33 DOSSIER

TSAHAL :

NOTRE BOUCLIER

sommaire n° 1017

34 SOCIÉTÉ

Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes

38 INTERVIEW

Tomer Margalit et Orel Chalaf : résister par la danse et le courage

42 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Le chemin du Sanhédrin : la premiÚre start-up pour le Tikoun haMidot

44 SANTÉ

Les aliments de « nature chaude » pour l’hiver

50 JUDAÏSME

ItaĂŻ Ashkenazi, petit-fils de Manitou : une histoire de transmission

ET AUSSI... Leadership (37), Livres et vous (46), Tribune (48), Recette (49),

Le Kling du mois (52), JudaĂŻsme (54), Jeux (58-60), Immobilier (61)

Ils partiront et nous laisseront enfin en paix

Les commĂ©morations liĂ©es aux 80 ans de la libĂ©ration des camps de concentration et des centres d'extermination d'AuschwitzBirkenau interrogent. OĂč Ă©tait le Premier ministre d'IsraĂ«l ? Son absence liĂ©e au fait qu'il doit avant tout se concentrer sur la guerre et la libĂ©ration des otages est Ă©galement due Ă  une autre raison. C’est aussi parce qu'il y a un risque qu'il soit jugĂ© en Pologne pour crime de guerre que Bibi ne s'y est pas rendu. En attendant, une dizaine de chefs d'État s'y sont rĂ©unis pour commĂ©morer le souvenir de Juifs
 morts. Car lorsqu'il s'agit de Juifs exterminĂ©s Ă  une Ă©poque oĂč l'État d'IsraĂ«l n'existait pas, tout le monde s'Ă©meut et se met au garde-Ă -vous. Mais lorsqu'il s'agit du peuple « fier et dominateur » – comme disait De Gaulle –, du peuple en vie qui se bat contre ses ennemis, dans ce cas, non seulement on prĂ©fĂšre le critiquer, mais en plus on menace de le juger pour crime contre l'humanitĂ©. Les valeurs sont inversĂ©es, plus personne n'a plus honte de rien.

Tout cela alors que dans le mĂȘme temps, la vie dans l'Hexagone, elle, poursuit son cours
 1570 actes antisĂ©mites ont officiellement Ă©tĂ© recensĂ©s en 2024. Vu qu'une enquĂȘte de l'Union EuropĂ©enne indique que 80 % des Juifs agressĂ©s ne portent pas plainte par peur de reprĂ©sailles, cela veut dire qu'au moins 6000 actes antijuifs auraient Ă©tĂ© commis l'annĂ©e derniĂšre. Dans ce contexte, l’ordre de prioritĂ©s devrait ĂȘtre bien diffĂ©rent. PlutĂŽt que d'aller Ă  la rencontre de nos morts, ces prĂ©sidents, Macron le premier, devraient avant tout s'inquiĂ©ter de ceux qui sont vivants. D'abord des Juifs qui vivent en France, en renforçant sĂ©rieusement la sĂ©curitĂ© les concernant. Ensuite, des Juifs qui vivent en IsraĂ«l – quoique, pour ce qui est de ces derniers, ce n'est fort heureusement pas son rĂŽle de les protĂ©ger ni de leur donner les moyens de se dĂ©fendre. Ils n'attendent rien de lui. Par contre, il ferait bien une bonne fois pour toutes de prendre exemple sur le combat que nous menons et de faire de mĂȘme. Sinon, les terribles prĂ©dictions du best-seller de Houellebecq Soumission

se rĂ©aliseront et une gigantesque menace pĂšsera sur tous. Est-il trop tard ? Peut-ĂȘtre. MalgrĂ© cela, il est du devoir du monde, et dans son intĂ©rĂȘt, de tirer des leçons de notre combat et de s'en inspirer. Et que ceux qui ne comprennent rien et qui se sentent plus humanistes que le peuple juif ne fassent rien, qu'ils attendent de se faire frapper. Mieux : qu'ils rĂ©alisent la bonne idĂ©e de Trump et fassent venir chez eux ces centaines de milliers de terroristes qui vivent Ă  Gaza. Ils partiront et nous laisseront enfin en paix. n

À L'AFFICHE

Donner image au langage

Le 27 fĂ©vrier aura lieu Ă  Tel Aviv la projection du film de JosĂ© Ainouz : 7 octobre 2023. Un crime sans nom. Ce film sera au cƓur d’un dĂ©bat

auquel participeront Sam Tyano, professeur Ă©mĂ©rite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie, Ă  l’origine de cette initiative conçue comme un moment de partage nĂ©cessaire.

AJ MAG : Pourquoi cette projection ?

Michel Gad Wolkowicz : J’avais dĂ©jĂ  organisĂ© une rencontre Ă  l’Institut Français peu aprĂšs le 7 octobre et j’avais compris l’importance de se rassembler, d’essayer de se donner une reprĂ©sentation de ce qui s’était passĂ©, car traumatisĂ©s que nous Ă©tions tous, nous avions des difficultĂ©s Ă  donner un sens Ă  notre rapport Ă  ce massacre. De nombreuses personnes ne parvenaient pas Ă  se figurer ce qui se passait. Il est important de pouvoir mentaliser ce que nous avons vĂ©cu, de se construire une sorte de « peau psychique » pour affronter cela. À cet Ă©gard, le film de JosĂ© Ainouz me semble ĂȘtre parfaitement en mesure de donner une image au langage. Sans rajouter un traumatisme sur le traumatisme par des images trop crues, ce type de narratif peut avoir une fonction thĂ©rapeutique.

Ce film intervenant prĂšs d’un an et demi aprĂšs le 7 octobre, le fait de ne plus ĂȘtre dans l’immĂ©diatetĂ© lui permet-il toujours de jouer ce rĂŽle ?

L’histoire du traumatisme n’est pas finie. Ce que

nous vivons avec la libĂ©ration des otages rĂ©active ce traumatisme car ses modalitĂ©s nous placent au cƓur d’un tumulte de sentiments contradictoires extrĂȘmement difficiles Ă  vivre. L’importance du rĂ©cit et de la conarrativitĂ© est fondamentale ; cela permet de resymboliser quelque chose. Car le traumatisme, c’est avant tout le langage anĂ©anti. En partageant un rĂ©cit, naĂźt ce que je nomme la « tiercialitĂ© » qui permet de se rĂ©approprier une histoire qui nous a dĂ©truits. Peu importe si cette histoire est toujours en cours, comme nous le vivons actuellement. Le process, lui, est, bien prĂ©sent.

Pourquoi invitez-vous Ă©galement Sam Tyano, qui a mis en place quasiment toute la pĂ©dopsychiatrie institutionnelle de l’enfant, mais Ă©galement de l’adolescent, en IsraĂ«l ? Il me semble intĂ©ressant de prĂ©senter deux approches du traumatisme, selon les points de vue de la psychiatrie occidentale et anglo-saxonne en vigueur en IsraĂ«l. Cette derniĂšre place l’évĂ©nement au cƓur

À L'AFFICHE

du traumatisme ; et tout est donc mis en place, via des outils relevant des thĂ©rapies comportementalistes et cognitivistes, pour tenter de « flouter » cet Ă©vĂ©nement afin de permettre aux gens de redevenir performants et fonctionnels de maniĂšre rapide et efficace. L’approche occidentale, psychanalytique notamment, envisage l’évĂ©nement traumatique Ă  l’aune de l’histoire personnelle, selon qu’il vient ou non rĂ©actualiser, rĂ©activer des failles vĂ©cues dans l’enfance. C’est la raison pour laquelle diffĂ©rentes personnes exposĂ©es Ă  un mĂȘme Ă©vĂ©nement ne rĂ©agissent pas toutes de la mĂȘme maniĂšre. À mon sens, ne s’occuper des traumatismes qu’en surface est une bombe Ă  retardement. Il est important de les traiter en profondeur.

La sociĂ©tĂ© israĂ©lienne n’est-elle pas « thĂ©rapeutique » dans les liens trĂšs profonds qu’elle tisse au quotidien ? Le fait d’ĂȘtre entourĂ©, au bureau, Ă  l’école Ă  la koupat 'holim, par des personnes qui partagent le mĂȘme destin, n’est-ce pas en soi une sorte de filet de l’affect, qui guĂ©rit ou du moins apaise ?

Le sentiment d’une possibilitĂ© d’identification les uns aux autres, d’un fonds commun, quasi phylogĂ©nĂ©tique, transgĂ©nĂ©rationnel, d’un surmoi collectif, participe de la constitution d’une « peau psychique » collective qui restaure en partie les profondes blessures narcissiques

Septembre 2024 : une nouvelle aile dédiée au traitement des traumatisme liés à la guerre est inaugurée au centre médical Ziv de Tzfat. © Flash90

singuliĂšres, les deuils et les pertes tragiques, et donc les forces Ă©motionnelles, de vie et de rĂ©silience. Cependant, cela ne remplace aucunement une prise en charge individuelle intense et prolongĂ©e, dans laquelle se tisse une profonde relation de confiance entre le sujet et l’analyste, et oĂč le temps de chacun est respectĂ©, le temps nĂ©cessaire pour reconstruire un processus interne de symbolisation et de subjectivation, pour inscrire l’évĂ©nement traumatique dans son histoire intime, afin que son identitĂ© ne s’y rĂ©duise pas de façon totalisante et chronique, ni qu’il soit refoulĂ© dans une partie clivĂ©e de sa personnalitĂ©, au risque de la constitution d’un « faux self », d’une dissociation et d’un futur effondrement psychopathologique. n

Propos recuillis par Anne-Caroll Azoulay

7 octobre 2023. Un crime sans nom, de et en présence de José Ainouz, réalisateur et historien, et avec la participation au débat de Sam Tyano, professeur émérite de psychiatrie, Maurice Ifergan, journaliste, et Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste et professeur de psychopathologie

Mercredi 26 février 2025 à 14h

CinémathÚque de Tel Aviv - 5 rue HaArbaa, Tel Aviv-Yafo Inscription sur place à la cinémathÚque

PAF : 29 shekels

À L'AFFICHE

José Ainouz :

AprĂšs avoir longtemps enseignĂ© l’histoire, JosĂ© Ainouz (cicontre) a entamĂ© une seconde carriĂšre en tant que cinĂ©aste documentariste il y a une vingtaine d’annĂ©es. Le monde africain, dogon particuliĂšrement, le passionne. Mais un jour, Ă  la suite d’une confĂ©rence de Katy Hazan sur les enfants de la Shoah, il a Ă©tĂ© touchĂ© par « une question existentielle » ayant directement trait Ă  son identitĂ©. « Je me suis dit que je devais arrĂȘter de faire des films sur l’Afrique pour me consacrer au rapport Ă  ma propre culture », se souvient-il. « AprĂšs un film sur les Juifs du NigĂ©ria oĂč j’ai rencontrĂ© des Juifs africains qui lisent parfaitement la Torah, j’ai rĂ©alisĂ© un film sur l’association de secours d’urgence Hatzalah, qui m’a fait entrer au cƓur de la prĂ©occupation existentielle de l’État d’IsraĂ«l dans ce conflit avec le monde arabe. » Revenu en France, il apprend le procĂšs intentĂ© Ă  l’historien Georges Bensoussan et lui propose de faire un film. Ce puzzle identitaire mis en place, le 7 octobre intervient alors comme une vraie dĂ©flagration. Ce jour-lĂ , JosĂ© Ainouz se trouve en France, dans son petit village de l’Oise. Il dĂ©couvre l’horreur Ă  la radio, puis sur i24NEWS : « J’entends pour la premiĂšre fois les noms de ces kibboutzim massacrĂ©s : Nir Oz, Be'eri, Kfar Aza. J’étais dans la plus parfaite sidĂ©ration. »

Le 7 octobre a rĂ©veillĂ© en moi une peur existentielle de l’anĂ©antissement

À L'AFFICHE

Cela rĂ©veille en lui « une peur primordiale de l’anĂ©antissement. ImmĂ©diatement, les images de pogroms en BiĂ©lorussie, en Ukraine ou en AlgĂ©rie me reviennent, en mĂȘme temps que la fameuse question : comment cela a-t-il pu arriver ? »

Trois jours plus tard, il décide de partir en Israël : « En tant que documentariste et historien, je ne me voyais pas rester chez moi.

Et puis, j’ai de la famille en IsraĂ«l et j’éprouvais l’impĂ©rieux besoin de rendre compte de ce qui s’y passait. D’une certaine façon, ne pas y ĂȘtre relevait de l’abandon. Je devais faire ce que je savais faire. »

TrĂšs vite, il rĂ©unit un minimum d’argent pour dĂ©marrer le film. Le premier parti pris du rĂ©alisateur est de documenter l’évĂ©nement afin d’avoir « des rĂ©cits historiques que personne ne pourrait nier ». Face aux rĂ©seaux sociaux inondĂ©s par les immondes images du Hamas, JosĂ© Ainouz regarde, classe, recoupe les images, accompagnĂ© par la prĂ©cieuse grille de lecture de Georges Bensoussan qui lui fait « prendre conscience que le 7 octobre ne relevait pas d’un conflit territorial mais bien d’un combat

existentiel que nous devions mener face Ă  des ennemis qui voulaient Ă©radiquer la prĂ©sence juive en IsraĂ«l ». Disposant de peu de moyens, il est pourtant aidĂ© et soutenu par une vraie machine humaine d’entraide.

« Les gens du kibboutz Na'hshonim ont Ă©tĂ© adorables, ils m’ont hĂ©bergĂ© et aidĂ© Ă  trouver les contacts, tout s’est enchaĂźnĂ© Ă  un rythme extrĂȘmement soutenu. GrĂące Ă  cela, j’ai pu interroger de trĂšs nombreuses personnes que l’on voit dans le film. » ConseillĂ© par un ami rabbin et un psychanalyste, il laisse les tĂ©moins parler, intervenant peu, et leur permettant d'exprimer avec pudeur leur histoire et leur ressenti.

JosĂ© Ainouz dit avoir « pris conscience de son identitĂ©, de la culture juive, de l’importance qu’IsraĂ«l reprĂ©sente pour la sĂ©curitĂ© du peuple juif. IsraĂ«l est fondamental Ă  mes yeux. Le 7 octobre et le film m’ont permis de comprendre qu’IsraĂ«l est un combat culturel et anthropologique. Il faut qu’IsraĂ«l vive. » n

Anne-Caroll Azoulay

BOUILLON DE CULTURE

Michel Hazanavicius : « Dessine-moi un Juste »

Le cinéaste français

oscarisĂ© (pour The Artist) a prĂ©sentĂ© lors du quarantiĂšme Festival du film international de HaĂŻfa, ainsi qu’à Tel Aviv, son premier film d’animation : La plus prĂ©cieuse des marchandises. Une histoire solaire dans l’ombre de la Shoah, adaptĂ©e du conte Ă©ponyme de JeanClaude Grumberg et dont les principaux protagonistes sont des Justes. Rencontre.

InvitĂ© Ă  prĂ©senter son dernier opus lors du Festival international du fim de HaĂŻfa, dont le coup d’envoi a Ă©tĂ© dĂ©calĂ© de trois mois au 31 dĂ©cembre en raison des tirs du Hezbollah libanais, le rĂ©alisateur Michel Hazanavicius a tenu son engagement. Le cinĂ©aste français

(OSS 117, The Artist, Le Redoutable
), qui avait honorĂ© le public israĂ©lien de sa prĂ©sence lors de l’ouverture du Festival international du film de JĂ©rusalem en Ă©tĂ© 2017, aprĂšs avoir Ă©tĂ© l’invitĂ© d’honneur du Festival du film Ă©tudiant de Tel Aviv l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, a rĂ©pondu prĂ©sent Ă  la mijanvier pour une mission dĂ©licate. lll

BOUILLON DE CULTURE

lll Il s’agissait cette fois d’accompagner la sortie en salle (le 23 janvier) de son premier film d’animation, et sans doute son Ɠuvre la plus personnelle : La plus prĂ©cieuse des marchandises, une histoire solaire campĂ©e dans l’ombre de la Shoah, dont les principaux protagonistes sont des Justes. En choisissant d’adapter le conte Ă©ponyme de Jean-Claude Grumberg, un vieil ami de ses parents, le rĂ©alisateur appuie de toute Ă©vidence sur une douloureuse touche mĂ©moire. Michel Hazanavicius, dont les grands-parents et les parents, d’origine lituanienne et polonaise, ont survĂ©cu Ă  la Shoah, a pu en prendre la mesure lors de l’échange qu’il a eu avec le public Ă  l’occasion d’une avant-premiĂšre organisĂ©e au cinĂ©ma Lev de Tel Aviv.

« Je voulais vous dire que j’ai Ă©tĂ© trĂšs Ă©mue et touchĂ©e par le film. Et je souhaitais vous remercier qu’on en reparle quatre-vingts ans plus tard. Je suis une petite-fille de dĂ©portĂ©s. Ma famille a Ă©tĂ© raflĂ©e au VĂ©l' d’Hiv' en juillet 1942 », a confiĂ© une spectatrice au cinĂ©aste dans la foulĂ©e de la projection – et ce, alors que le monde commĂ©more en ce dĂ©but d’annĂ©e le quatre-vingtiĂšme anniversaire de la libĂ©ration du camp d’extermination d’Auschwitz. Pour autant, Michel Hazanavicius a tenu Ă  souligner que La plus prĂ©cieuse des marchandises n’est pas une histoire sur l’horreur ou sur les camps. « C’est trĂšs difficile de reprĂ©senter les camps. Je ne me voyais pas montrer des figurants prĂ©tendant ĂȘtre un convoi de dĂ©portĂ©s », a-t-il prĂ©cisĂ©. Aux spectateurs qui se sont Ă©tonnĂ©s que les mots « Juif » ou « Auschwitz » ne soient pas mentionnĂ©s dans le film (ils le sont dans le livre), le cinĂ©aste a rĂ©pondu que l’esthĂ©tique du conte

est une façon de rendre l’histoire plus universelle. Évoquant l’histoire de cette enfant juive sauvĂ©e par un couple de bĂ»cherons durant la Seconde Guerre mondiale, il a insistĂ© sur le fait que nous avons tous le choix de devenir ces personnages. « Nous pouvons tous ĂȘtres des victimes ou des bourreaux. Mais nous pouvons aussi ĂȘtre des Justes, faire cette expĂ©rience du libre arbitre. » Michel Hazanavicius, ancien Ă©tudiant en arts qui n’avait jamais montrĂ© ses dessins qu’à son entourage immĂ©diat, est Ă©galement revenu sur son choix de faire un film d’animation : « Toute la question de ce film a Ă©tĂ© de trouver la bonne distance. Pendant des annĂ©es, la fiction n’était pas la bienvenue pour aborder l’Holocauste. Le film Shoah de Claude Lanzmann, basĂ© sur des tĂ©moins, faisait figure de

dogme. Mais maintenant que les survivants disparaissent et que l’on s’éloigne de l'Ă©vĂ©nement, la fiction a investi le terrain. Enfin, l’animation correspond bien Ă  l’idĂ©e de ne pas ĂȘtre trop lourd. Il n’y a pas de horschamp. Il n’y a rien d’autre que ce qui est dans l’image. Le reste n’existe pas. Donc, de maniĂšre un

BOUILLON DE CULTURE

peu paradoxale, les dessins sont plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, au sens oĂč ils ne mentent pas. »

À la fin de ce chef-d’Ɠuvre animĂ© qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en compĂ©tition au Festival de Cannes et dont le narrateur n’est autre que le regrettĂ© comĂ©dien Jean-Louis Trintignant (disparu en 2022), une phrase ne

manque pas de rĂ©sonner : « Vous voulez savoir si c’est une histoire vraie ? Bien sĂ»r que non, pas du tout. Il n’y eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer d’urgence leurs marchandises. » Ce que Michel Hazanavicius commente ainsi : « Je pense que ce trait d’humour de Jean-Claude Grumberg est brillant. C’est une façon de dire : c’est une fiction, mais

tout le monde sait que c’est pour de vrai. »

Avec La plus prĂ©cieuse des marchandises, le rĂ©alisateur, qui a publiĂ© l’étĂ© dernier une tribune incisive dans le quotidien Le Monde sur la banalisation de l’antisĂ©mitisme, peut en tout cas s’enorgueillir d’offrir un film humaniste, porteur d’espoir et « animĂ© par les forces de la vie ». n

Nathalie Hamou

BOUILLON DE CULTURE

Nelly Tagar : l’actrice israĂ©lienne francophile qui monte, qui monte


Le public francophone connaĂźt sans doute son visage, mais pas forcĂ©ment son nom. DistinguĂ©e il y a quelques annĂ©es Ă  l’international comme l’une des comĂ©diennes les plus prometteuses de sa gĂ©nĂ©ration, l’actrice et standuppeuse israĂ©lienne Nelly Tagar enchaĂźne les succĂšs depuis le film ZĂ©ro motivation qui l’a rĂ©vĂ©lĂ©e au grand public, non seulement en IsraĂ«l mais aussi Ă  l’étranger. Elle Ă©voque sa carriĂšre, ses projets, ainsi que sa passion de toujours pour la culture et la langue françaises.

AJ MAG : Avez-vous rĂ©alisĂ© un rĂȘve de longue date en devenant actrice ?

NellyTagar : J’ai jouĂ© dans mon premier film Ă  l’ñge de dix ans. À ce moment-lĂ , j’ai rĂ©alisĂ© que la vie pouvait ĂȘtre incroyablement belle, qu’on pouvait se lever le matin et avoir un travail comme celui-lĂ . Je savais intĂ©rieurement que je voulais faire ce mĂ©tier, mais cela a Ă©tĂ© difficile Ă  faire accepter Ă  mes parents. Je viens d’une famille d’avocats et de dentistes, oĂč les professions artistiques ne sont pas valorisĂ©es. C’est aussi la mentalitĂ© en IsraĂ«l : ici, le mĂ©tier d’acteur n’est pas vraiment considĂ©rĂ©, Ă  moins de devenir une star. Mais depuis, j’ai fait ma place et ma mĂšre est vraiment fiĂšre de moi.

Racontez-nous l’aventure du film ZĂ©ro motivation
 Ce film a Ă©videmment marquĂ© un tournant dans ma carriĂšre. Il est arrivĂ© Ă  un moment plutĂŽt difficile du point de vue professionnel. Je venais d’ĂȘtre licenciĂ©e par le théùtre Cameri aprĂšs une interprĂ©tation de Juliette dans RomĂ©o et Juliette qui avait Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e.

Les gens trouvaient que je ne correspondais pas Ă  l’image classique qu’ils se faisaient du personnage. J’ai pourtant continuĂ© Ă  croire en moi, et le rĂŽle dans ZĂ©ro Motivation est arrivĂ©. Le film a eu un Ă©norme succĂšs en IsraĂ«l et Ă  l’étranger. C’était fou de voir un film sur un sujet aussi typiquement israĂ©lien que l’armĂ©e remporter une si forte adhĂ©sion. Il a Ă©tĂ© primĂ© au Festival Tribeca et m’a valu d’ĂȘtre dĂ©signĂ©e comme l’une des vingt rĂ©vĂ©lations de l’annĂ©e par IndieWire.

AprÚs ce film, vous avez enchaßné les succÚs, avant de vous lancer dans le stand-up


J’ai ensuite eu la chance de jouer dans la sĂ©rie Mes sƓurs formidables, grĂące Ă  laquelle j’ai remportĂ© l’Ophir de la meilleure actrice dans un rĂŽle comique. Cette mĂȘme annĂ©e 2016 est sorti le film Past Life sur la Shoah, dans lequel je jouais pour la premiĂšre fois un rĂŽle dramatique. Travailler avec le rĂ©alisateur Avi Nesher a Ă©tĂ© une vraie consĂ©cration Ă  mes yeux. Puis est venue la pĂ©riode du Covid, particuliĂšrement difficile pour les acteurs en IsraĂ«l et partout ailleurs.

BOUILLON DE CULTURE

Le monde du stand-up m’attirait beaucoup mais Ă  l’époque il Ă©tait presque exclusivement masculin. J’avais Ă©galement le sentiment que pour rĂ©ussir dans ce milieu, il fallait forcĂ©ment ĂȘtre vulgaire, ce que je ne suis pas du tout. Mais j’ai finalement dĂ©passĂ© mes rĂ©ticences et je me suis lancĂ©e, motivĂ©e aussi, il faut le dire, par le besoin de continuer Ă  gagner ma vie. Je m’épanouis beaucoup dans le stand-up, j’aime le rapport direct avec le public et la libertĂ© dont je jouis. J’y parle de ma vie d’actrice, de mĂšre, de mes inquiĂ©tudes pour l’avenir
 Faire du stand-up et jouer dans des films sont deux choses trĂšs diffĂ©rentes : la premiĂšre nĂ©cessite de trouver en soi ce que l’on veut dire et Ă©crire, tandis que la seconde permet, Ă  travers les mots et la vision d’autres que soi, de dĂ©couvrir et d’explorer des parts de soi-mĂȘme que l’on ne connaĂźt pas. J’aimerais maintenant Ă©crire des scĂ©narios, c’est un projet qui me tient Ă  cƓur.

Vous ĂȘtes une vraie francophile. D’oĂč vous vient cet amour de la langue et de la culture françaises ?

Sans doute d’un proche ami de mon pĂšre qui Ă©tait peintre et vivait Ă  Paris. Chaque annĂ©e, il sĂ©journait chez nous avec sa famille pendant trois semaines. J’adorais les entendre parler entre eux. La langue française me semblait beaucoup plus adaptĂ©e Ă  la relation parents-enfants que l’hĂ©breu. Je prĂ©fĂ©rais largement entendre « arrĂȘte ! » que « daĂŻ kvar ! ». J’ai d’ailleurs inscrit mon fils dans un gan [Ă©cole maternelle] francophone. Il rĂ©alise un peu mon rĂȘve par rapport Ă  la langue et la culture françaises.

Un acteur qui fait son Alya de France peut-il réussir en Israël ?

Oui, sans aucun doute. À partir du moment oĂč il maĂźtrise la langue, il peut se faire une place. Le fait qu’il conserve un accent n’est absolument pas un problĂšme. IsraĂ«l, qui s’est dĂ©veloppĂ© grĂące aux vagues d’Alya successives, est particuliĂšrement tolĂ©rant vis-Ă -vis des accents et mĂȘme des fautes de langue. Ce n’est pas comme en France oĂč un acteur pourrait se voir mis de cĂŽtĂ© en raison de son accent.

La connaissance de la culture israĂ©lienne est-elle selon vous un facteur d’intĂ©gration ?

C’est absolument Ă©vident. Notre degrĂ© d’intĂ©gration dĂ©pend de la maniĂšre dont on s’approprie la culture d’un pays. C’est d’autant plus vrai en IsraĂ«l oĂč l’on peut vivre facilement sans maĂźtriser la langue et en restant dans sa communautĂ©. Mais c’est manquer une dimension fondamentale. n

Interview réalisée par Cathy Choukroun pour Studio Qualita

TSAHAL : NOTRE BOUCLIER

Un dossier réalisé par Nathalie Sosna-Ofir

DOSSIER

Tsahal : plus qu’une armĂ©e

Depuis sa crĂ©ation en 1948, Tsahal est bien plus qu’une simple armĂ©e : elle incarne l’ñme du pays. Bien que fragilisĂ©e par la tragĂ©die du 7 octobre, c’est un pilier fondamental de l'identitĂ© nationale, et le garant de la survie de la Terre d’IsraĂ«l et de l’État juif.

Créée en pleine guerre d'IndĂ©pendance, Tsahal, issue de structures paramilitaires telles que la Haganah, le Palma'h et l'Irgoun, a dĂ©butĂ© sur de modestes bases. Elle a su dĂ©velopper et conserver un avantage qualitatif grĂące Ă  son armĂ©e de l’air et Ă  la modernitĂ© de ses systĂšmes d'armement – dont plusieurs sont conçus et produits en IsraĂ«l. Cependant, l'idĂ©e d'une supĂ©rioritĂ© technologique qui permettrait d’assurer la victoire sans mener une guerre classique peut s'avĂ©rer dangereuse. Ce qui fait la force de Tsahal, ce sont avant tout la qualitĂ© de ses soldats, formĂ©s pour se battre et risquer leur vie afin de protĂ©ger leur pays dans le respect de la dignitĂ© humaine, et sa capacitĂ© Ă  se remettre continuellement en question pour relever de nouveaux dĂ©fis. Ces atouts lui ont permis de remporter tous les conflits majeurs contre les armĂ©es arabes, avec des victoires dĂ©cisives dans des contextes critiques, comme lors de la guerre des Six Jours en 1967 et celle de Kippour en 1973. Tsahal combat Ă©galement la haine persistante des groupes terroristes sur les fronts sud et nord, et sur celui de la JudĂ©e-Samarie. Elle mĂšne de nombreuses opĂ©rations contre les groupes palestiniens – Hamas, Djihad islamique
 – ou contre le Hezbollah afin d'assurer la sĂ©curitĂ© du pays.

En dĂ©pit des failles du 7 octobre, Tsahal continue d’incarner une armĂ©e

innovante, résiliente et profondément enracinée dans les valeurs de son peuple.

Les dĂ©fis sont immenses. La tragĂ©die du 7 octobre a rappelĂ© Ă  quel point les menaces peuvent Ă©voluer rapidement et surprendre, tout en rĂ©vĂ©lant des failles majeures dans le systĂšme de dĂ©fense du pays, au sein de la classe politique, des services de renseignement – et de l’armĂ©e, qui a cependant su se relever en quelques heures. Au-delĂ  de sa mission militaire, Tsahal joue un rĂŽle central dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Le service militaire obligatoire pour les hommes et les femmes est un rite de passage, contribuant Ă  forger l'identitĂ© nationale. Il offre aussi une opportunitĂ© unique d’intĂ©gration pour les nouveaux immigrants. Le rĂŽle des rĂ©servistes est Ă©galement essentiel. Ces citoyens-soldats, qui reprennent l'uniforme en cas de besoin, incarnent l’esprit de solidaritĂ© nationale. AprĂšs le 7 octobre, 300 000 rĂ©servistes ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s et des milliers d’autres se sont portĂ©s volontaires, dĂ©montrant le profond attachement de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Ă  son armĂ©e. Nombreux sont ceux qui sont tombĂ©s pour la dĂ©fense du drapeau. Tsahal est l’une des armĂ©es les plus inclusives au monde dans son dĂ©sir de favoriser l’égalitĂ© et la diversitĂ©. Elle intĂšgre dans ses rangs des homosexuels, des personnes en situation de handicap et des jeunes

DOSSIER

aux besoins spĂ©cifiques. Cependant, la question du « partage du fardeau » demeure un sujet de vif dĂ©bat, alimentant les frictions sociales et politiques. Depuis la crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l, une partie des ultraorthodoxes a Ă©tĂ© exemptĂ©e du service militaire pour des raisons religieuses. En dĂ©pit des accusations constantes de disproportionnalitĂ© dont elle fait l’objet, Tsahal valorise la vie humaine, mĂȘme ennemie, avertissant les populations de futures frappes pour permettre aux civils de se mettre Ă  l’abri, et menant de nombreuses opĂ©rations humanitaires. La premiĂšre, en 1953, a vu la marine israĂ©lienne venir Ă  l’aide de la GrĂšce aprĂšs un tremblement de terre. En 1994, Tsahal a envoyĂ© 270 personnes Ă  Goma, au Congo, pour aider les rĂ©fugiĂ©s qui fuyaient la guerre civile au Rwanda. En 2006, aprĂšs l'effondrement d’un immeuble Ă  Nairobi, Tsahal a envoyĂ© 80 soldats pour secourir les victimes. De 2016 Ă  2018, Tsahal a fourni des soins mĂ©dicaux et une aide humanitaire aux Syriens dans le besoin, notamment sur le plateau du Golan.

Sur le plan militaire, Tsahal entretient d’étroites relations avec des armĂ©es Ă©trangĂšres, notamment

celle des États-Unis, un alliĂ© stratĂ©gique. Les exercices conjoints, comme « Juniper Cobra », renforcent la prĂ©paration face aux menaces globales, tandis que les transferts technologiques illustrent une collaboration mutuellement bĂ©nĂ©fique. Des Ă©changes avec des armĂ©es europĂ©ennes et asiatiques tĂ©moignent de l’influence de Tsahal sur la scĂšne internationale. En dĂ©pit de la faille du 7 octobre, Tsahal continue d’incarner une armĂ©e innovante, rĂ©siliente et profondĂ©ment enracinĂ©e dans les valeurs de son peuple, toujours aussi dĂ©terminĂ©e Ă  garantir non seulement la sĂ©curitĂ© de la nation, mais aussi son avenir dans un environnement hostile.

Ah, encore une chose : Tsahal dispose-t-elle ou non de l’arme nuclĂ©aire ? Eh bien, ne comptez pas sur nous pour vous le rĂ©vĂ©ler. Les autoritĂ©s israĂ©liennes ne l’ont ni confirmĂ© ni infirmĂ©. Il s’agit d’un secret qui relĂšve davantage de la doctrine stratĂ©gique, car cultiver l’ambiguĂŻtĂ© est beaucoup plus avantageux qu’une officialisation. Ainsi, Ă  AJ MAG, nous choisissons de confirmer que cette installation surmontĂ©e d’un dĂŽme en acier si bien gardĂ©e Ă  Dimona est bien une usine de textile
 n

« L'usine de textile » de Dimona...
© FLASH90

DOSSIER

Au service de la nation

Le processus

d’incorporation dĂ©bute Ă  l’ñge de 16 ans avec la rĂ©ception du « Tzav richone », la convocation Ă  une journĂ©e de tests visant Ă  Ă©valuer les aptitudes physiques et mentales des futurs conscrits. Certains postuleront Ă  des unitĂ©s combattantes ou d’élite, Sayeret Matkal ou Shaldag, si leurs aptitudes le leur permettent.

D’ailleurs, le service combattant a Ă©tĂ© exceptionnellement sollicitĂ© aprĂšs le 7 octobre. La session de recrutement de l’étĂ© 2024 rĂ©vĂšle que les unitĂ©s de dĂ©fense aĂ©rienne, d’infanterie frontaliĂšre et de renseignement de combat ont dĂ©passĂ© 120 % des objectifs, avec un record de 159 % pour l’artillerie fĂ©minine. Ces taux trĂšs Ă©levĂ©s renforceront la capacitĂ© opĂ©rationnelle des unitĂ©s et permettront une prĂ©paration rapide aux missions Ă  venir.

D’autres nouvelles recrues seront, elles, orientĂ©es vers des rĂŽles techniques, administratifs ou logistiques, ou exemptĂ©es pour des raisons mĂ©dicales ou psychologiques. Avant la guerre, un rapport du contrĂŽleur de l'État indiquait une augmentation du nombre de jeunes ne s'engageant pas. Les chiffres actuels n’ont pas encore Ă©tĂ© rendus publics. Toutefois, il est Ă  noter que le taux d’exemption pour raisons idĂ©ologiques a augmentĂ©, tandis que celui des exemptĂ©s pour

d’autres raisons, comme le fait de vivre Ă  l'Ă©tranger ou d’avoir un casier judiciaire, a diminuĂ©.

Avant leur incorporation, certains jeunes choisissent de participer Ă  des programmes prĂ©paratoires : « mekhinot » ; d’autres prĂ©fĂšrent reporter leur service afin de se consacrer Ă  des Ă©tudes religieuses ou universitaires, ou Ă  des projets civiques.

L’incorporation – Ă  18 ans ou plus tard pour les autres – est un Ă©vĂ©nement hautement chargĂ© en Ă©motion, qui marque l’engagement de chaque citoyen Ă  dĂ©fendre son pays. Dernier signe de la main des parents et grands-parents, entre fiertĂ© et inquiĂ©tude, alors que le futur soldat monte dans le bus qu’ils suivent des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Les nouvelles recrues sont rĂ©parties dans diffĂ©rentes bases d’entraĂźnement oĂč dĂ©butent les « tironout » – les classes –, axĂ©es sur la discipline, le vivre-ensemble, le maniement des armes et les valeurs Ă©thiques. Ensuite, les recrues suivent des formations spĂ©cifiques adaptĂ©es Ă  leurs futures spĂ©cialitĂ©s. Bien que le service militaire soit obligatoire pour tous, certaines communautĂ©s, comme les Arabes israĂ©liens, en sont gĂ©nĂ©ralement exemptĂ©es, mĂȘme si leurs membres choisissent parfois de s’engager volontairement. Les BĂ©douins, eux, sont mobilisables, tout comme les Druzes qui affichent le plus haut taux d’enrĂŽlement en IsraĂ«l : 88 %

des hommes druzes rejoignent les rangs de Tsahal. La grande majoritĂ© des ultraorthodoxes ne servent pas sous les drapeaux pour se consacrer exclusivement Ă  l’étude religieuse, ce qui gĂ©nĂšre des tensions politiques autour de la question du « partage du fardeau ». Actuellement, environ 70 000 Ă©tudiants de yechiva en Ăąge de servir ne sont pas enrĂŽlĂ©s. Les chiffres montrent que seuls 19 % de l'objectif annuel de recrutement de

© Flash90 4800 soldats ultraorthodoxes ont Ă©tĂ© atteints jusqu'Ă  prĂ©sent. Quant aux nouveaux immigrants, ils ne peuvent ĂȘtre convoquĂ©s pour le « Tzav richone » que six mois aprĂšs leur Alya, et incorporĂ©s seulement douze mois aprĂšs leur Alya Une fois leur service obligatoire achevĂ© – 2 ans et 8 mois pour les hommes, 2 ans pour les femmes –, les soldats peuvent poursuivre leur carriĂšre dans l’armĂ©e. Pour

la plupart, ils continueront Ă  contribuer Ă  la dĂ©fense du pays en tant que rĂ©servistes jusqu’à l’ñge de 40 ans, voire plus. Le service de rĂ©serve constitue une part fondamentale de l’identitĂ© nationale, Ă  raison de pĂ©riodes de plusieurs semaines par an, pouvant ĂȘtre prolongĂ©es en cas de nĂ©cessitĂ©. Il symbolise la rĂ©silience du pays et rappelle que Tsahal n’est pas seulement

une armĂ©e professionnelle, mais une armĂ©e populaire. Il est aussi un pilier de la culture israĂ©lienne, saupoudrĂ© d’humour et de nostalgie, notamment grĂące Ă  Guivat 'Halfon eina ona , film emblĂ©matique d’Assi Dayan qui illustre les situations absurdes issues de la rencontre entre le monde civil des rĂ©servistes et la rigueur militaire souvent caricaturale. n

Les familles disent au revoir, à la base militaire de Tel HaShomer, aux jeunes soldats enrÎlés dans la brigade des parachutistes de Tsahal.

DOSSIER

Docteure Idit Shafran Gittelman : Le public israélien nourrit une confiance émotionnelle et affective en Tsahal

La docteure Idit Shafran Gittelman est chercheuse principale Ă  l’Institut d'Ă©tudes sur la sĂ©curitĂ© nationale. Experte en relations armĂ©e-sociĂ©tĂ©, Ă©thique du combat et philosophie politique, elle a dirigĂ© le programme « ArmĂ©e et sociĂ©tĂ© » Ă  l'Institut israĂ©lien pour la dĂ©mocratie et siĂšge au conseil de l'Association des chercheurs en armĂ©e et sociĂ©tĂ©. Elle dresse pour nous un constat sans tabou sur la place de Tsahal au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne.

AJ MAG : Peut-on dire qu’aprĂšs le 7 octobre, une crise de confiance entre la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne et Tsahal s’est installĂ©e ?

Idit Shafran Gittelman : Effectivement, car l’armĂ©e n’a pas respectĂ© la premiĂšre clause implicite du contrat qui la lie Ă  la population : assurer la protection des citoyens de l’État d’IsraĂ«l. Cependant, lorsque l’on interroge le public sur sa confiance en Tsahal, les rĂ©ponses restent majoritairement positives.

Comment l’expliquer ?

Il est essentiel de faire une distinction entre la confiance que le public accorde Ă  Tsahal par attachement affectif et celle qu’il lui accorde en tant qu’institution fiable. Les citoyens aiment Tsahal, et ce lien est presque inĂ©vitable : il n’existe qu’une seule armĂ©e, et tout le concept de « l’armĂ©e du peuple » en dĂ©coule. De plus, au dĂ©but de la guerre, le public a placĂ© les Ă©vĂ©nements du 7 octobre dans une sorte de « capsule », affirmant que ce qui s'Ă©tait passĂ© ce jour-lĂ  ne devait pas influencer l'ensemble de sa perception de Tsahal. Cependant, dans cette perspective, cette capsule est temporaire et son temps commence Ă  s'Ă©puiser.

C’est-à-dire ?

Nous sommes dans une phase oĂč le public exige des rĂ©ponses claires sur les enquĂȘtes en cours, et les leçons et les conclusions Ă  en tirer. Tous les chefs militaires ont assumĂ© leur responsabilitĂ© au dĂ©but de la guerre, mais comment cette responsabilitĂ© se traduit-elle concrĂštement ? Le public israĂ©lien nourrit une confiance avant tout Ă©motionnelle et affective en Tsahal : il aime l’armĂ©e. Mais cela suffit-il pour qu’il suive aveuglĂ©ment ses directives ? Par exemple, si demain Tsahal dĂ©clare qu’il est sĂ»r de retourner dans le Nord, est-ce que le public s’y conformera aveuglĂ©ment ? En vĂ©ritĂ©, la rĂ©alitĂ© est bien plus nuancĂ©e.

DOSSIER

Dans la conscience collective israĂ©lienne, Tsahal a toujours Ă©tĂ© perçue comme « l'armĂ©e du peuple ». Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

Oui. Certes, Ă  la veille de la guerre, il y avait beaucoup de discussions sur la possibilitĂ© que le modĂšle de « l'armĂ©e du peuple » soit en fin de course. Cela s'expliquait notamment par le faible taux d'enrĂŽlement, et la non-participation des populations ultraorthodoxes et arabes. L'armĂ©e elle-mĂȘme avait dĂ©jĂ  proposĂ© un modĂšle de service plus diffĂ©renciĂ©, visant Ă  raccourcir la durĂ©e du service, et Ă  introduire une diffĂ©renciation Ă  la fois dans la durĂ©e et dans la rĂ©munĂ©ration. AprĂšs le 7 octobre, je pense que ce dĂ©bat est aujourd'hui clos. Il est clair que Tsahal reste l'armĂ©e du peuple et que la conscription obligatoire perdurera.

Dans quelle mesure Tsahal peut-elle rester apolitique dans une société aussi fortement politisée et polarisée ?

La relation entre le commandement militaire et les dirigeants politiques demeure complexe, notamment

dans le contexte des mois ayant prĂ©cĂ©dĂ© la guerre et des manifestations qui ont secouĂ© le pays. Cela s’est reflĂ©tĂ© Ă  plusieurs reprises dans l’ensemble des prises de parole tout au long de la guerre, comme dans celle du porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, Ă  propos d’Eliezer Feldstein, mais aussi, plus largement, dans des dĂ©clarations perçues comme remettant en cause la subordination de l’échelon militaire Ă  l’échelon politique. Ce phĂ©nomĂšne s’est Ă©galement manifestĂ© dans une sĂ©rie de dĂ©clarations Ă©manant de hauts commandants. La capacitĂ© de Tsahal Ă  demeurer apolitique et institutionnelle est mise Ă  l’épreuve dans une Ă©poque marquĂ©e par un profond clivage entre l’échelon militaire et l’échelon politique, notamment sur la question des responsabilitĂ©s liĂ©es au 7 octobre. C’est un des plus grands dĂ©fis auxquels l’armĂ©e doit faire face. MalgrĂ© tout, Tsahal s’efforce de prĂ©server sa neutralitĂ© politique. Cependant, cette tĂąche risque de devenir encore plus ardue avec la publication des enquĂȘtes internes et la possible mise en place d’une commission d’enquĂȘte nationale. lll

© DR Issu de la page Facebook de Idit
Shafran Gittelman

lll À quel point l'inĂ©galitĂ© dans « le partage du fardeau » impacte-t-elle la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne ?

La question du « partage du fardeau » est devenue cruciale en IsraĂ«l. Le fardeau des rĂ©servistes augmente, tant dans la rĂ©alitĂ© que dans les propositions lĂ©gislatives, tandis que le service obligatoire est prolongĂ© et les dĂ©lais de report rĂ©duits. Par exemple, les jeunes qui bĂ©nĂ©ficiaient d’un an et demi pour des programmes prĂ©paratoires ou un service civil voient cette pĂ©riode menacĂ©e. En revanche, une partie de la population est totalement exemptĂ©e de cette charge, ce qui met la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Ă  rude Ă©preuve. Ce qui Ă©tait tolĂ©rable jusqu’à prĂ©sent ne peut plus perdurer.

DOSSIER

« Si l’inĂ©galitĂ© du fardeau perdure,

cela

risque de remettre en question le modĂšle de

" l’armĂ©e du peuple ", fondement historique de Tsahal. »

MĂȘme la tolĂ©rance envers le public ultraorthodoxe diminue progressivement
 En effet, toute la rhĂ©torique sur la conscription par le dialogue et l'amour ne tient plus. La situation, oĂč une partie de la population est enrĂŽlĂ©e tandis qu’on se contente de demander poliment Ă  une autre de participer Ă  des arrangements de service trĂšs avantageux, provoque un profond malaise. La direction dans laquelle cette question va Ă©voluer est critique.

Le partage du fardeau est-il une décision politique ou militaire ?

La question de la conscription obligatoire,

notamment celle des ultraorthodoxes, a longtemps Ă©tĂ© au cƓur des dĂ©bats entre Tsahal et la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Jusqu’à rĂ©cemment, l’armĂ©e affirmait qu’elle ne pouvait recruter que 3000 jeunes ultraorthodoxes par an, en plus des 1800 dĂ©jĂ  enrĂŽlĂ©s. Cette position mettait l’armĂ©e au centre du dĂ©bat, permettant aux responsables politiques de lui attribuer la responsabilitĂ© de l’inĂ©galitĂ© du fardeau. Cependant, Tsahal a rĂ©cemment annoncĂ© qu’à partir de 2026, elle pourrait recruter tous les jeunes ultraorthodoxes, renvoyant ainsi la responsabilitĂ© au gouvernement et soulignant que la conscription des ultraorthodoxes relĂšve d’une dĂ©cision politique. Bien que l’armĂ©e ait commis une erreur en s’impliquant dans ce dĂ©bat, elle semble avoir rectifiĂ© sa posture. Reste Ă  savoir quelle lĂ©gislation sera adoptĂ©e.

Les citoyens arabes devraient-ils Ă©galement ĂȘtre soumis Ă  une conscription obligatoire ?

Je suppose que nous serons bientÎt confrontés à cette question. Il faut se rappeler que la situation de la communauté arabe est différente de celle de la communauté ultraorthodoxe, car la communauté arabe ne participe pas du tout au recrutement, et elle met en jeu des problématiques complexes, trÚs différentes de celles qui sont liées à la communauté ultraorthodoxe. La solution pourrait passer par un service civil. n

« On ne s'enrÎlera pas dans une armée ennemie. » Des Juifs ultraorthodoxes affrontent la police lors d'une manifestation contre l'enrÎlement des Juifs ultraorthodoxes dans l'armée israélienne, devant le centre de recrutement de Tsahal à Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 15 janvier 2025. © Flash90

DOSSIER

United colors of Tsahal

Bien plus qu’un simple accessoire d’uniforme, le bĂ©ret – « koumta », en hĂ©breu – incarne l’identitĂ©, la discipline et la fiertĂ© des soldats israĂ©liens. Introduits au dĂ©but des annĂ©es 1950, les bĂ©rets Ă©taient initialement limitĂ©s Ă  quelques teintes : le vert olive pour la majoritĂ© des soldats, le gris pour l’armĂ©e de l’air, le noir pour les blindĂ©s et les unitĂ©s d’artillerie, et le rouge pour la brigade des parachutistes. Avec l'extension des fonctions au sein de l’armĂ©e, notamment Ă  partir des annĂ©es 1970, de nouvelles couleurs ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es. Et si, jusqu’aux annĂ©es 2000, les femmes portaient des bĂ©rets diffĂ©rents de ceux des hommes, elles arborent dĂ©sormais les mĂȘmes. Aujourd’hui, le bĂ©ret de Tsahal se dĂ©cline en seize couleurs et chaque recrue reçoit le sien en fonction de l’unitĂ©, du dĂ©partement ou de la brigade qu’elle rejoint Ă  la fin de ses classes, durant lesquelles tous les soldats portent un bĂ©ret vert olive.

Bleu foncé : Marine israélienne

Couleur choisie en raison de la couleur du bĂ©ret des marins de la Royal Navy britannique et qui reprĂ©sente le lien avec la mer. Au cours des deux premiĂšres dĂ©cennies de l’existence de l'État, les soldats de la Marine n'avaient pas de bĂ©rets, mais des chapeaux de marin avec un ruban portant les noms de leurs navires.

Gris foncé : Armée de l'air

Couleur choisie au moment de la création de l'Armée de l'air. Les pilotes portent une casquette ; et durant la formation, les cadets se reconnaissent à leur béret gris bordé de blanc.

Vert foncé : Renseignement militaire de Tsahal et Gardes-frontiÚres de la Police israélienne

Le gĂ©nĂ©ral de division Amnon Lipkin-Shahak, quinziĂšme chef d'État-major de Tsahal, a choisi cette couleur lorsqu'il Ă©tait Ă  la tĂȘte du Renseignement militaire. Et les gardes-frontiĂšres l'ont adoptĂ©e en raison de leur activitĂ© le long de la ligne verte, leur principal théùtre d'opĂ©ration.

Orange : Commandement du Front intérieur

La couleur orange est celle de nombreuses unités de sauvetage à travers le monde, c'est pourquoi elle a été choisie en 2000 comme couleur du Commandement du Front intérieur.

Bleu ciel : Département des communications et de la cybersécurité

Couleur choisie en raison de son lien avec la technologie et l'innovation.

Bleu : Police militaire

Couleur choisie en raison de son association avec les bérets de la police militaire britannique, qui étaient à l'origine bleus et rouges. Comme la couleur rouge a été attribuée aux parachutistes, il a été décidé d'adopter le bleu pour les unités de la Police militaire.

Noir : Corps blindé, Unité Magal, diverses unités de commandement terrestre, et le Bataillon Harev jusqu'à sa dissolution

Les unités blindées de l'armée britannique portaient un béret noir car les soldats de ces unités travaillaient fréquemment avec de l'huile de lubrification, ce qui risquait de salir un béret d'une autre couleur. Le Corps blindé de Tsahal a adopté cette couleur en suivant la tradition britannique.

Argent : Corps du Génie de combat

Couleur choisie par le commandant du Génie principal, Avishai Katz, dans le but de renforcer et d'accroßtre la fierté de l'unité des membres de ce corps. Avant cela, les soldats du Génie portaient des bérets noirs.

Turquoise : Artillerie

Jusqu'en 2000, la couleur du béret des soldats de

Parachutistes

DOSSIER

renseignement

armée de l'air

Blindés

Génie de combat
Armée générale
Golani
Givati
Na'hal
Kfir
Défense des FrontiÚres
Artillerie

DOSSIER

l'Artillerie était le noir. Cette année-là, un béret bleu turquoise a été introduit, symbolisant le ciel à travers lequel passent les obus d'artillerie. Le changement de couleur visait à renforcer la fierté de l'unité des membres de ce corps.

Olive : Armée générale

Mais aussi procureur militaire, Tribunaux militaires, Porte-parole de Tsahal et d'autres corps sans béret spécial, ainsi que toutes les recrues avant de recevoir leur béret spécifique.

Rouge : Brigade du feu et ses unités, Brigade parachutiste, Brigade Oz, Brigade 55, Brigade

Half Fire et l'Unité multidimensionnelle, Brigade 646, Brigade 226, Sayeret Matkal, Brigade Merom et ses unités, Unité Oketz, Unité de mobilité 444, Unité Lotor, Programme Erez, et autres

Couleur choisie car elle est celle des bérets de diverses unités parachutistes dans le monde, et particuliÚrement en fonction de la tradition des unités parachutistes de l'armée britannique.

Marron : Brigade Golani

Couleur choisie par les soldats de la brigade en 1976 car elle symbolise le lien avec la terre, le sol et les racines, et rappelle le symbole de la brigade : un arbre avec des racines.

Violet : Brigade Givati et Bataillon de reconnaissance du désert

Couleur choisie par le premier commandant de la brigade, le général de brigade Yehuda Duvdevani, lors de la reconstruction de la brigade en novembre 1982.

Vert clair : Brigade Na'hal, membres des noyaux Na'hal dans l'ArmĂ©e d’éducation

Couleur adoptée en juin 1988, qui symbolise l'affiliation de la brigade aux noyaux Na'hal, à l'agriculture et à la « colonisation ».

Camouflage vert-brun : Brigade Kfir

Couleurs choisies par le premier commandant de la brigade, le colonel David Menahem, qui symbolisent les couleurs de camouflage des soldats lors de leurs missions opérationnelles.

Camouflage jaune-brun : Unité de défense des frontiÚres, SystÚme de collecte de renseignements tactiques

Couleurs qui symbolisent le camouflage tactique. n

La « pureté des armes »

Ce principe fondamental de la doctrine militaire est au cƓur du serment de Tsahal ; c’est un engagement Ă  limiter l'usage de la force au strict nĂ©cessaire pour atteindre des objectifs militaires lĂ©gitimes, tout en garantissant la protection des droits et de la sĂ©curitĂ© des civils.

Cette approche implique une minutieuse Ă©valuation des risques et des dommages collatĂ©raux potentiels, ainsi qu’une formation rigoureuse des soldats, qui sont tenus de faire preuve de responsabilitĂ© morale mĂȘme en situation de guerre. On a pu le constater ces derniers mois dans la bande de Gaza ou au Sud-Liban oĂč Tsahal a mis en place divers mĂ©canismes de protection, tels que l'envoi d'avertissements par SMS, appels ou tracts pour alerter les civils avant les frappes et autres opĂ©rations militaires – ce qui n'empĂȘche pas que sur la scĂšne internationale, Tsahal soit rĂ©guliĂšrement tenue coupable de « disproportionnalitĂ© » dans les zones de conflit.

La « puretĂ© des armes » a Ă©tĂ© mise Ă  l’épreuve lors de l’affaire du soldat Elor Azaria filmĂ© en 2016 alors qu’il tirait sur un terroriste palestinien dĂ©jĂ  neutralisĂ© et blessĂ© aprĂšs avoir tentĂ© de commettre un attentat. Cet incident a dĂ©clenchĂ© un large dĂ©bat au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Certains soutenaient Azaria, estimant qu’il avait agi par lĂ©gitime dĂ©fense, d’autres dĂ©nonçaient une violation des principes Ă©thiques fondamentaux de Tsahal. Le tribunal militaire chargĂ© de juger l’affaire a reconnu Azaria coupable d’homicide volontaire, le condamnant Ă  dix-huit mois de prison, verdict qui a profondĂ©ment divisĂ© l’opinion publique israĂ©lienne.

Le rĂŽle des tribunaux militaires, souvent critiquĂ©s par certains, est essentiel pour garantir la discipline et l’éthique au sein de Tsahal. En tant qu'entitĂ©s indĂ©pendantes, ils examinent les infractions prĂ©sumĂ©es aux rĂšgles d'engagement, aux lois de la guerre et aux droits humains, garantissant que l'armĂ©e reste fidĂšle Ă  ses principes fondamentaux, et que les enquĂȘtes soient conduites avec justice et transparence. En diligentant chaque transgression avec Ă©quitĂ© et rigueur, ils assurent le respect du principe de la « puretĂ© des armes », prĂ©servant ainsi l'intĂ©gritĂ© de Tsahal, sans doute l'une des armĂ©es les plus morales au monde. n

DOSSIER

Matthias Inbar

journaliste Défense à i24NEWS en français

AJ MAG : Tsahal mérite-t-elle encore pleinement son titre d'Armée de défense d'Israël ?

Matthias Inbar : MalgrĂ© une indĂ©niable faille rĂ©vĂ©lĂ©e le 7 octobre, il est essentiel de rappeler que cette armĂ©e reste fidĂšle Ă  sa mission principale : dĂ©fendre IsraĂ«l. Ce titre, elle le doit Ă  la mobilisation exemplaire des IsraĂ©liens, toutes origines et opinions politiques confondues, unis dans un seul objectif : protĂ©ger leur pays. La dĂ©fense ne se limite pas Ă  repousser l'ennemi. Elle inclut Ă©galement la protection de l'arriĂšre-front, une mission indissociable de toute stratĂ©gie dĂ©fensive. Attaquer pour neutraliser une menace imminente est, en ce sens, une composante essentielle de la dĂ©fense. Ainsi, malgrĂ© l’énorme faille opĂ©rationnelle, il serait injuste de remettre en question l'appellation d'ArmĂ©e de dĂ©fense d'IsraĂ«l.

L'image de Tsahal a-t-elle été affectée par le 7 octobre, en Israël et à l'international ?

La gestion des événements du 7 octobre, notamment en matiÚre de renseignement et de prévision d'une attaque, a terni l'image de Tsahal. En Israël comme à l'étranger, la perception de l'armée israélienne en tant que force capable d'anticiper les mouvements de l'ennemi a été mise en question. Par ailleurs, cet événement a mis en lumiÚre des défaillances majeures dans les processus de prise de décision. Cependant, il est crucial de souligner que Tsahal est l'une des rares armées au monde à avoir su se mobiliser en quelques heures pour repousser un ennemi déjà présent sur son territoire. Bien que les critiques soient faciles, une analyse plus approfondie révÚle une situation bien plus complexe.

Et qu’en est-il de la confiance de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne en l’armĂ©e ?

Il convient d’examiner cette confiance sous trois perspectives : avant le 7 octobre, pendant les Ă©vĂ©nements, et aprĂšs. Si cette attaque a incontestablement engendrĂ© une fracture, elle a Ă©galement mis en lumiĂšre la capacitĂ© de Tsahal Ă  se relever rapidement et Ă  accomplir sa mission de dĂ©fense. lll

L’état d’esprit – le roua'h, en hĂ©breu – est l’un des principaux atouts de Tsahal.

DOSSIER

lll Tsahal est réguliÚrement classée parmi les meilleures armées au monde. Mais quels sont ses principaux atouts et sa singularité ?

Tout d'abord, son « roua'h », ce qui, en hĂ©breu, signifie l’état d’esprit. Cet Ă©tat d'esprit demeure intact et se manifeste clairement dans l'exceptionnelle mobilisation des rĂ©servistes qui, aux cĂŽtĂ©s des forces rĂ©guliĂšres, affichent une dĂ©termination inĂ©branlable Ă  repousser l'ennemi et Ă  lui adresser un message fort, Ă  savoir, que les Ă©vĂ©nements du 7 octobre ne se reproduiront plus. Autre atout majeur de Tsahal : sa capacitĂ© Ă  se remettre en question. AprĂšs chaque opĂ©ration, chaque raid, chaque frappe, l'armĂ©e mĂšne des analyses approfondies afin d’en tirer des enseignements et de s'amĂ©liorer continuellement, preuve que Tsahal n'est pas une armĂ©e statique mais une force en constante Ă©volution, capable de s'adapter aux dĂ©fis posĂ©s par des menaces toujours changeantes.

Quels sont les défis les plus pressants auxquels Tsahal doit faire face aujourd'hui ?

L’un des dĂ©fis majeurs est l’Iran, une pieuvre aux multiples tentacules. L’Iran a Ă©laborĂ© une stratĂ©gie sophistiquĂ©e visant Ă  attaquer IsraĂ«l en activant ces tentacules – entre autres : le Hezbollah, le Hamas, le Djihad islamique, diverses milices en JudĂ©e-Samarie – en fonction de ses propres intĂ©rĂȘts. La stratĂ©gie des Gardiens de la RĂ©volution a consistĂ© Ă  encercler IsraĂ«l pour qu'il soit vulnĂ©rable. Aujourd’hui, Tsahal doit non seulement maintenir l’affaiblissement de cet axe chiite, mais Ă©galement anticiper ses prochaines actions.

Par ailleurs, que va-t-il se passer avec le Hamas Ă  Gaza ? La question se pose de savoir si l’Égypte va Ɠuvrer afin d’empĂȘcher le rĂ©armement du Hamas. Enfin, le front interne en JudĂ©e-Samarie demeure un dĂ©fi permanent. Cette rĂ©gion peut s’embraser Ă  tout moment.

Tsahal est une armĂ©e trĂšs technologique, mais n’a-t-elle pas trop misĂ© sur les technologies aux dĂ©pens de l’humain, comme on a pu

le voir le 7 octobre ?

Les nouvelles technologies, telles que les drones et l'intelligence artificielle, jouent un rĂŽle essentiel au sein de Tsahal. Une armĂ©e doit s’adapter aux Ă©volutions technologiques pour rester performante. Toutefois, la technologie ne doit jamais remplacer l'homme. Elle doit ĂȘtre un outil de soutien pour le soldat, et non un substitut. Il est important de ne pas se reposer uniquement sur la technologie, comme l'a dĂ©montrĂ© l’échec de certains systĂšmes, notamment la clĂŽture de sĂ©curitĂ© autour de Gaza, prĂ©sentĂ©e comme infranchissable. Les capteurs, souterrains ou en surface, ne peuvent pas remplacer la combinaison de renseignements humains et technologiques pour anticiper les mouvements de l'ennemi.

Alors, Tsahal est toujours l'armée du peuple ?

Oui, sans aucun doute. Bien qu'il y ait des débats internes sur la place de certaines communautés, Tsahal reste l'armée du peuple, composée de soldats venant de toutes les origines et de toutes les couches sociales. n

DOSSIER

Tsahal, moteur de la success story

Au-delĂ  de son rĂŽle dans la dĂ©fense d’IsraĂ«l, Tsahal se positionne comme un pilier essentiel de la « Start-up Nation ». Ses unitĂ©s technologiques forment des gĂ©nĂ©rations de jeunes leaders aux compĂ©tences avancĂ©es qui contribuent directement Ă  cette dynamique – en particulier, l’UnitĂ© 8200, spĂ©cialisĂ©e dans le renseignement, la cybersĂ©curitĂ© et l’intelligence artificielle, dont les anciens membres s’imposent comme des figures de proue de l’innovation israĂ©lienne. Par exemple, Kobi Alexander a fondĂ© la sociĂ©tĂ© Comverse, et adaptĂ© des technologies militaires pour dĂ©velopper des logiciels de tĂ©lĂ©communications et de messagerie vocale, contribuant ainsi Ă  l’essor du GSM. Uri Levine, Amir et Gili Shinar, eux, ont dĂ©veloppĂ© Waze, l’application de navigation qui guide aujourd’hui des millions de conducteurs Ă  travers le monde. Dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©, Marius Nacht et Gil Shwed, Ă©galement issus de l’UnitĂ© 8200, ont fondĂ© Check Point, une entreprise qui a rĂ©volutionnĂ© la protection des rĂ©seaux internet grĂące aux cĂ©lĂšbres firewalls, en adaptant un systĂšme militaire de surveillance Ă©lectronique aux besoins civils. Les innovations militaires ont Ă©galement influencĂ© le domaine mĂ©dical. La PillCam, une camĂ©ra miniature ingĂ©rable utilisĂ©e pour diagnostiquer les

Un ordinateur ou une piste de décollage ?

En 1958, Itzhak Rabin, alors chef de la Branche des OpĂ©rations de Tsahal, dĂ©cide de commander le premier ordinateur de l’armĂ©e, une dĂ©cision qui suscite de vives contestations. « Donnez-moi cet argent et je construirai une nouvelle piste de dĂ©collage. Qu’est-ce qui est plus important : un ordinateur ou une piste ?! », s’exclame alors le commandant de l’ArmĂ©e de l’air, Ezer Weizman. Pourtant, Rabin dĂ©fend fermement son choix : « Le monde informatique est une partie intĂ©grante du dĂ©veloppement et de la nouvelle conceptualisation de ce qu’est une arme, et l’utilisation de l’ordinateur va devenir une arme moderne », affirme-til. Trois ans plus tard, Tsahal reçoit cet ordinateur, un mastodonte de la taille d’une chambre Ă  coucher, dont la mĂ©moire est quatre mille fois infĂ©rieure Ă  celle qui est aujourd’hui nĂ©cessaire pour stocker une simple chanson au format MP3.

cancers intestinaux, est issue de

Les drones tels que l’Eitan,

Israël, mais également à renforcer la sécurité civile et la protection des infrastructures stratégiques.

la technologie, et agit comme un puissant catalyseur pour l’économie et l’innovation. n

DOSSIER

Les opérations exceptionnelles de Tsahal

L'ArmĂ©e de DĂ©fense d'IsraĂ«l – Tsahal – est reconnue comme l'une des forces militaires les plus innovantes et efficaces au monde.

Depuis sa crĂ©ation en 1948, Tsahal a surmontĂ© des dĂ©fis majeurs et accompli des rĂ©alisations exceptionnelles qui tĂ©moignent de son ingĂ©niositĂ©, de sa discipline et de son engagement envers la sĂ©curitĂ© de l'État d'IsraĂ«l. Voici un aperçu de certaines de ces rĂ©alisations marquantes tout au long de l'histoire du pays.

Guerre d'Indépendance (1948-1949)

En mai 1948, aprĂšs la DĂ©claration d'indĂ©pendance, IsraĂ«l s’est trouvĂ© immĂ©diatement confrontĂ© Ă  une guerre contre les armĂ©es de plusieurs pays arabes voisins. MalgrĂ© un rapport de forces dĂ©favorable, Tsahal est parvenue Ă  repousser les attaques et Ă  assurer la survie de l'État naissant. Les premiĂšres

victoires militaires de Tsahal, comme la prise de Jérusalem et la défense de Tel Aviv, ont marqué un tournant décisif pour Israël.

Guerre des Six Jours (1967)

En seulement six jours, Tsahal a infligé une défaite écrasante aux armées arabes et remporté des victoires sur plusieurs fronts : le Sinaï, la Cisjordanie, le Golan et Jérusalem-Est. Cet exploit a permis à Israël de prendre le contrÎle de territoires stratégiques, dont la ville sainte de Jérusalem qui a alors été réunifiée.

Opération Entebbe (1976)

L'opĂ©ration Entebbe a Ă©tĂ© l’une des missions de sauvetage les plus spectaculaires de l'histoire militaire moderne. Le 27 juin 1976, un avion d'Air France en provenance de Tel Aviv a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© par des terroristes palestiniens et germano-jordaniens sur l’aĂ©roport d'Entebbe, en Ouganda, Dans la nuit du 3 au 4 juillet, en seulement 90 minutes, les combattants de l'unitĂ© d'Ă©lite de Tsahal Sayeret Matkal ont libĂ©rĂ© les 102 otages.

Opération Opéra (1981)

Lors d’un audacieux raid aĂ©rien, Tsahal a dĂ©truit le rĂ©acteur nuclĂ©aire irakien d’Osirak, empĂȘchant ainsi l’Irak de dĂ©velopper des armes nuclĂ©aires. Il s'agit de la premiĂšre attaque militaire visant un site nuclĂ©aire. Cette mission, rĂ©alisĂ©e avec une prĂ©cision chirurgicale, a non seulement renforcĂ© la sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l, mais a Ă©galement constituĂ© un message clair exprimant la dĂ©termination de l’État hĂ©breu Ă  contrer toute menace existentielle.

Guerre du Liban (1982)

Tsahal a mené l'Opération Paix en Galilée pour contrer les attaques des groupes terroristes palestiniens, notamment l'OLP, installés au sud du Liban, et a réussi à repousser les forces ennemies et à affirmer

DOSSIER

2009 : le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, quitte l'avion Hercules C-130 utilisé lors du raid visant à libérer les otages israéliens détenus à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda en 1976. © Flash90

son influence dans la rĂ©gion, mĂȘme si sa gestion de la guerre a suscitĂ© des critiques.

Opération Plomb Durci (2008-2009)

Cette opĂ©ration a Ă©tĂ© lancĂ©e en rĂ©ponse aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers le sud d'IsraĂ«l. L'attaque israĂ©lienne contre les infrastructures du Hamas et les sites de lancement de roquettes, rĂ©duisant les capacitĂ©s du Hamas Ă  mener des attaques, a Ă©tĂ© une victoire militaire lors de laquelle Tsahal a fait preuve d’une capacitĂ© d'attaque de prĂ©cision avec des frappes ciblĂ©es, tout en cherchant Ă  minimiser les pertes civiles. L'opĂ©ration a cependant suscitĂ© des critiques concernant les victimes palestiniennes.

Opération Pilier de Défense (2012)

L’une des rĂ©ussites notables de cette opĂ©ration lancĂ©e pour rĂ©pondre Ă  des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza et neutraliser les infrastructures du Hamas a Ă©tĂ© l'Ă©limination de plusieurs chefs de l’organisation terroriste, dont Ahmed Jaabari, le chef militaire. Tsahal

a utilisé des frappes de précision pour cibler des sites stratégiques tout en limitant les pertes civiles.

Opération Bordure Protectrice (2014)

Cette opĂ©ration avait pour but d’arrĂȘter les tirs de roquettes du Hamas et de dĂ©truire ses tunnels souterrains, utilisĂ©s par les terroristes pour infiltrer IsraĂ«l. Tsahal a fait preuve d'une grande capacitĂ© d'innovation, en se servant de drones et de technologies avancĂ©es pour effectuer des frappes de prĂ©cision et cibler les infrastructures du Hamas tout en rĂ©duisant les pertes civiles. L'opĂ©ration a Ă©tĂ© un succĂšs stratĂ©gique et elle a affaibli les capacitĂ©s du Hamas, mĂȘme si le conflit a Ă©tĂ© marquĂ© par d’importantes pertes humaines des deux cĂŽtĂ©s, et si le Hamas a pu rapidement se rĂ©armer et reconstruire ses infrastructures terroristes, comme on a malheureusement pu le constater le 7 octobre.

Opération Gardien des Murs (2021)

En réponse à des tirs massifs de roquettes en provenance de la bande de Gaza, Tsahal a mené une série de frappes aériennes de haute précision pour détruire des sites de lancement de roquettes et des infrastructures du Hamas, tout en protégeant la population israélienne grùce à son systÚme de défense DÎme de Fer.

Éliminations stratĂ©giques durant la guerre ÉpĂ©es de Fer (2023-2024)

- 27 septembre 2024 : Hassan Nasrallah, cofondateur et secrétaire général du Hezbollah, a été éliminé par des frappes sur le quartier général central du Hezbollah, situé sous terre, sous un immeuble résidentiel à Beyrouth (Liban).

- 17 octobre 2024 : Yahya Sinwar, chef du Hamas Ă  Gaza, cerveau organisateur du massacre et des prises d’otages du 7 octobre, a Ă©tĂ© Ă©liminĂ© lors d’une opĂ©ration en surface Ă  Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Opération Rabot HaDrakhim (septembre 2024)

L’une des plus importantes opĂ©rations de l'histoire de Tsahal a Ă©tĂ© menĂ©e par l'unitĂ© Shaldag avec pour objectif de dĂ©truire une usine de missiles souterraine construite par l'Iran prĂšs de Masyaf, en Syrie, pour le Hezbollah et l'armĂ©e syrienne. Avec 120 soldats et 70 aĂ©ronefs, les forces de Tsahal ont infiltrĂ© la zone, affrontĂ© des gardes syriens et dĂ©truit Ă  l'aide d'explosifs ce site qui reprĂ©sentait une menace stratĂ©gique majeure pour IsraĂ«l. n

Les Druzes du Golan : entre espoir et inquiétudes

Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad, cette communauté frontaliÚre reste mue par des questions identitaires et sécuritaires.

Jeudi 19 dĂ©cembre 2024, un vent nouveau souffle dans les rues de Majdal Shams, une localitĂ© nichĂ©e au pied du mont Hermon, au carrefour d’IsraĂ«l, du Liban et de la Syrie. Depuis la trĂȘve conclue fin novembre entre l’État hĂ©breu et le Hezbollah, le calme est revenu dans cette ville peuplĂ©e de 12 000 habitants, majoritairement druzes. Cette communautĂ© religieuse reste certes profondĂ©ment marquĂ©e par l’attaque meurtriĂšre de l’étĂ© dernier : un tir de missile imputĂ© au Hezbollah libanais, qui a tuĂ© douze jeunes de Majdal Shams qui jouaient sur un terrain de football. Mais c’est un autre Ă©vĂ©nement, survenu le week-end du 7 dĂ©cembre, qui mobilise l’attention : le renversement du rĂ©gime sanguinaire de Bachar al-Assad.

Au lendemain de la chute du dictateur syrien, les habitants de cette bourgade du plateau du Golan sont descendus dans les rues pour cĂ©lĂ©brer l’éviction d’Assad. Au lieu des drapeaux de deuil noirs dĂ©ployĂ©s aprĂšs l'attaque du Hezbollah, le drapeau vert, blanc et noir avec trois Ă©toiles rouges de l'opposition syrienne est apparu sur la place principale de la ville, aux cĂŽtĂ©s du drapeau druze rouge, jaune, bleu, blanc et vert. Reste que sur le toit comme dans l’enceinte du bĂątiment du conseil municipal, seuls le bleu et le blanc du drapeau israĂ©lien accueillent le visiteur.

« Sur le plan symbolique, on respecte le fait que le drapeau des rebelles syriens soit hissĂ© en ville. Mais en tant qu’autoritĂ© locale sous souverainetĂ© israĂ©lienne, nous voulons voir ici le drapeau de l’État hĂ©breu, car c’est l’État d’IsraĂ«l qui assure notre sĂ©curitĂ© », prĂ©cise d’emblĂ©e Dolan Abu Saleh (ci-contre), le chef du conseil de Majdal Shams. Ce quadra en poste depuis seize ans a des proches de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, comme la plupart des Druzes du Golan. lll

Ci-contre : les habitants du village druze de Majdal Shams célÚbrent la prise de contrÎle de la Syrie par les rebelles le 9 décembre 2024.

© DR
Photo : la Syrie vue depuis Majdal Shams © Flash90

SOCIÉTÉ

lll Mais Ă  ses yeux, ceux qui dĂ©clarent vouloir vivre en Syrie aprĂšs les Ă©vĂ©nements du 7 dĂ©cembre ne peuvent guĂšre ĂȘtre pris au sĂ©rieux. « Ici, les Druzes jouissent de la libertĂ© d’expression et d’un niveau de vie Ă©levĂ©. Donc tous ces propos restent trĂšs thĂ©oriques », pointe l’élu. « Majdal Shams compte des docteurs, des ingĂ©nieurs, des employĂ©s de la high-tech, et cette magnifique rĂ©gion dispose d’un vĂ©ritable potentiel, notamment sur le plan touristique, mĂȘme si les considĂ©rations sĂ©curitaires freinent ces ambitions. » InterrogĂ© sur le statut complexe des Druzes du Golan (voir l’encadrĂ©), il affirme qu’entre 40 et 50 % d’entre eux possĂšdent dĂ©sormais la nationalitĂ© israĂ©lienne, Ă  la faveur de l’évolution de la situation politique en Syrie. « À titre personnel, je suis fier de ma nationalitĂ© israĂ©lienne », dĂ©clare Dolan Abu Saleh. Mon pĂšre l’a demandĂ©e dans les annĂ©es 1980, ce qui a suscitĂ© beaucoup d’hostilitĂ© au sein de la communautĂ©, alors qu’aujourd’hui tout porte Ă  croire qu’IsraĂ«l fera ce qu’il faut pour assurer la dĂ©fense des Druzes syriens. » En tout Ă©tat de cause, l’avenir des Druzes du Golan dĂ©pend d’autres paramĂštres. À en croire son maire, Majdal Shams, qui n’a pas fait partie des villages du Nord Ă©vacuĂ©s dans la foulĂ©e des attaques du 7 octobre 2003, et dont seulement 60 % des habitations possĂšdent des abris anti-missiles, se situe « Ă  la pĂ©riphĂ©rie de la pĂ©riphĂ©rie ». Or, Ă  l’heure oĂč le cabinet israĂ©lien vient d’approuver un plan de 40 millions de shekels pour doubler la population du Golan, Dolan Abu Saleh reste sur ses gardes et relaie une prĂ©occupation partagĂ©e par ses rĂ©sidents : « Nous voudrions recevoir l’assurance que ce budget sera rĂ©parti de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e entre les diffĂ©rents secteurs, et que ces investissements concernent aussi bien le Golan druze que juif », conclut-il. n

Une minorité

au statut complexe

En IsraĂ«l, la population druze est estimĂ©e Ă  150 000 personnes, soit environ 2 % de la population totale. La grande majoritĂ© rĂ©side dans le Nord : sur le mont Carmel, en GalilĂ©e et sur les hauteurs du Golan. La communautĂ© druze du plateau – 20 000 personnes, vivant aux cĂŽtĂ©s d’environ 50 000 IsraĂ©liens juifs –possĂšde un statut politique complexe au sein de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne : la rĂ©gion, reprise par IsraĂ«l Ă  la Syrie pendant la guerre des Six Jours, a Ă©tĂ© officiellement annexĂ©e en 1981. Ailleurs en IsraĂ«l, les Druzes ont acceptĂ© la souverainetĂ© israĂ©lienne aprĂšs la fondation de l’État en 1948 et ils s’identifient gĂ©nĂ©ralement comme IsraĂ©liens. Les hommes issus de cette communautĂ© servent dans l’armĂ©e israĂ©lienne oĂč ils sont rĂ©putĂ©s pour leurs exploits. Par contraste, la plupart des Druzes du Golan ont optĂ© pour la rĂ©sidence permanente, craignant que leur acceptation de la souverainetĂ© israĂ©lienne ne mette en danger les membres de leur famille vivant de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, en Syrie. Toutefois, avec le dĂ©clenchement de la guerre civile syrienne en 2011, un nombre croissant de rĂ©sidents ont commencĂ© Ă  demander des passeports israĂ©liens, en particulier les jeunes pour qui la Syrie reprĂ©sente un lieu abstrait dont ils n’ont entendu parler que dans des rĂ©cits familiaux.

LEADERSHIP

Réseautez !

RĂ©seautez pour mieux atteindre vos objectifs professionnels ! Pour cela il faut utiliser les outils qui permettent d’ĂȘtre efficace. AprĂšs avoir, dans un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro d'AJ MAG, explorĂ© l'outil GPS et le pitch, je vous prĂ©sente ici quatre autres outils : la carte de visite, le brise-glace, l’entretien-rĂ©seau et la gestion des contacts.

La carte de visite

La carte de visite vous prĂ©sente sur le plan personnel et professionnel. Dicter votre nom, votre e-mail, votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, prend du temps et prĂ©sente un risque d’erreur
 Avoir une carte de visite Ă  donner est la meilleure façon d’obtenir celle de votre interlocuteur ! Il y a aussi la carte de visite Ă©lectronique. Elle est utile si les autres partagent cette pratique. Je recommande de mettre votre photo sur votre carte de visite ainsi que votre e-mail, votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone mobile, et l’adresse de votre site web si vous en avez un. PrĂ©curseur en France de cette dĂ©marche dĂšs 2004, elle a permis que les gens se souviennent davantage de moi. Avoir sa carte de visite sur soi est utile en toute circonstance !

Le brise-glace (ice-breaker)

La principale motivation pour participer à des événements est le réseautage.

Comment s’adresser à quelqu’un qu’on ne connaüt pas encore ?

C’est lĂ  qu’intervient la « question brise-glace ». Exemples : « Que pensez-vous du confĂ©rencier ? », « pourquoi participez-vous Ă  cette rencontre ?

L’entretien-rĂ©seau

C’est l’occasion de mieux connaĂźtre quelqu’un et son actualitĂ©, d’exprimer ses objectifs et d’écouter les siens. Au vingtiĂšme siĂšcle, lorsqu’on voulait rencontrer quelqu’un ou qu’on souhaitait relancer un contact professionnel, on proposait de l’inviter Ă  dĂ©jeuner – j’en ai fait beaucoup ! Au vingtet-uniĂšme siĂšcle, il est courant de proposer un entretien en visioconfĂ©rence. Je le fais via Zoom, c’est trĂšs efficace car nous sommes focalisĂ©s l’un sur l’autre et nous pouvons partager nos Ă©crans. Je vous invite Ă  bien prĂ©parer votre Ă©change, notamment en consultant le profil

LinkedIn de votre interlocuteur. Le plus difficile est d’obtenir le rendez-vous-rĂ©seau. Certains n’osent pas demander, d’autres se demandent ce qu’ils vont bien pouvoir dire
 Lancez-vous et vous amĂ©liorerez vos rĂ©sultats. Quels rĂ©sultats ? Ils sont fonction de vos objectifs : vendre une idĂ©e ou quelque chose, ĂȘtre embauchĂ© ou au moins obtenir des introductions vers d’autres personnes
 Quoi qu’il en soit, le but est de bĂątir une relation utile dans le temps.

La gestion des contacts

De nos jours, nous avons la possibilitĂ©, au moins dans nos tĂ©lĂ©phones, de gĂ©rer notre agenda et nos contacts. AudelĂ  des informations classiques, je conseille de noter sur les fiches de vos contacts les prĂ©noms du conjoint, des enfants
 Certains notent aussi quand et oĂč la premiĂšre rencontre a eu lieu.

Conclusion

Dans l’ensemble de nos Ă©changes, il faut montrer que nous nous « intĂ©ressons Ă  l’autre », ce qui est la clĂ© pour bĂątir un lien durable. RĂ©seautez, essayez, heurtezvous parfois Ă  des Ă©checs, mais persĂ©vĂ©rez, vous en sortirez enrichis sur le plan humain et, de surcroĂźt, cela contribuera Ă  vos succĂšs. Osez ! n

Tomer Margalit et Orel Chalaf : résister par la danse, la grùce, le courage et la beauté

Depuis le 7 octobre 2023, une vague d’antisĂ©mitisme envahit les sphĂšres artistiques et sportives oĂč les boycotts ciblant des IsraĂ©liens se multiplient.

Sous des prĂ©textes fallacieux, des artistes et des athlĂštes se retrouvent ostracisĂ©s, victimes d’une discrimination sans prĂ©cĂ©dent. Dans ce climat hostile, l’engagement de Tomer Margalit, danseuse en fauteuil roulant, se distingue comme un acte d’un courage exceptionnel, porteur d’un message universel de rĂ©silience et de paix.

Tomer Margalit, jeune danseuse israĂ©lienne, est associĂ©e avec Orel Chalaf dans une discipline oĂč grĂące et puissance se rencontrent : la danse sur fauteuil. Leur travail artistique transcende les limitations physiques pour explorer des territoires d’émotion brute et de connexion humaine. ReprĂ©senter IsraĂ«l sur la scĂšne internationale aujourd’hui, bien plus qu’une performance artistique, est un acte de protestation, un vĂ©ritable dĂ©fi face Ă  une vague de haine qui cherche Ă  rĂ©duire au silence tous ceux qui portent l’identitĂ© israĂ©lienne. Depuis le chabbat noir, les exemples de discrimination se multiplient. Inutile de revenir sur la chasse aux Juifs Ă  Amsterdam ou sur le fait que l’équipe nationale de football israĂ©lienne soit contrainte de jouer ses matchs de qualification pour l’Euro 2024 Ă  l’étranger. Dans le domaine artistique, des Ă©vĂ©nements tels que le Festival Shalom Europa ont Ă©tĂ© annulĂ©s sous la pression de groupes militants, l'Eurovision fut cette annĂ©e un grand moment de solitude pour IsraĂ«l et des artistes comme Eden Golan continuent Ă  braver les appels au boycott pour faire malgrĂ© tout entendre leur voix. Idem pour Sandra HegedĂŒs Mulliez, collectionneuse et mĂ©cĂšne, qui

a courageusement dĂ©noncĂ© une exposition controversĂ©e au Palais de Tokyo, mettant en lumiĂšre des points de vue qu'elle qualifie Ă  juste titre de « biaisĂ©s, antisĂ©mites, antisionistes et propalestiniens ». En dĂ©missionnant du comitĂ© d’administration des Amis du Palais de Tokyo dont elle faisait partie, elle a affirmĂ© son opposition Ă  l'absence de mise en perspective dans cette exposition qui prĂ©sentait des contenus incitant Ă  la haine. Son dĂ©part souligne l'importance d'une vigilance accrue face Ă  l'antisĂ©mitisme. Dans ce contexte, la dĂ©termination de Tomer Margalit prend une signification particuliĂšre. Non seulement elle surmonte les dĂ©fis propres Ă  sa discipline, mais elle le fait avec une visibilitĂ© accrue, en portant fiĂšrement les couleurs d’IsraĂ«l. Sa danse est une rĂ©ponse claire Ă  la haine, un langage universel qui dĂ©passe les barriĂšres et prĂŽne l’unitĂ© dans un monde fracturĂ©. Tomer Margalit, par son art et sa volontĂ©, incarne une forme de rĂ©sistance qui inspire. Sa danse n’est pas seulement un spectacle ; c’est un message au monde, une preuve que la lumiĂšre peut briller mĂȘme dans les moments les plus sombres. Son parcours est une leçon de courage et d’espoir pour tous ceux qui croient en un avenir oĂč les diffĂ©rences unissent plutĂŽt que de diviser. E. L-C

INTERVIEW

Une performance comme un acte de résistance

Tomer Margalit et Orel Chalaf forment un exceptionnel duo de danseurs de salon en fauteuil roulant. Champions d'Europe et vicechampions du monde, ils incarnent l'excellence et la rĂ©silience, tout en portant haut les couleurs d'IsraĂ«l sur la scĂšne internationale. Depuis plusieurs annĂ©es, ils utilisent la danse non seulement comme un art, mais aussi comme un puissant moyen de briser les frontiĂšres, qu'elles soient physiques, culturelles ou Ă©motionnelles. RencontrĂ©s Ă  l’occasion de leur retour triomphal des Jeux Paralympiques de 2024 oĂč ils ont marquĂ© les esprits avec une mĂ©morable prestation lors de la cĂ©rĂ©monie d’ouverture, Tomer et Orel partagent ici leur parcours, leurs dĂ©fis et leur vision inspirante de la danse comme outil de rĂ©sistance et de connexion universelle.

AJ MAG : Qu'avez-vous éprouvé en vous produisant lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de 2024 ?

Tomer Margalit : C'était une expérience inoubliable ! Nous avons passé trois mois en France avant les Jeux pour nous préparer et répéter notre performance. L'énergie de la foule, l'excitation ambiante et la conscience de participer à un événement historique ont fait de ce moment l'un des plus émouvants de notre vie.

Qu'avez-vous ressenti en représentant à la fois l'art de la danse en fauteuil roulant et Israël sur une scÚne mondiale ?

C'Ă©tait un honneur. Être sur cette scĂšne, montrer au monde la beautĂ© et la puissance de la danse en fauteuil roulant Ă©tait un rĂȘve que nous nourrissions depuis longtemps. Le faire en reprĂ©sentant IsraĂ«l,

particuliĂšrement en ces temps difficiles, a rendu ce moment encore plus significatif.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours pour devenir champions d'Europe de danse en fauteuil roulant ?

Notre parcours a Ă©tĂ© semĂ© de dĂ©fis, mais aussi d’incroyables moments de croissance. Nous nous sommes entraĂźnĂ©s sans relĂąche, repoussant nos limites. Ces trois mois passĂ©s en France avant les Jeux Paralympiques nous ont permis d'affiner notre art et d'atteindre un nouveau niveau. Remporter le Championnat d'Europe Ă©tait un rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©, mais c'Ă©tait surtout une preuve que la passion et la dĂ©termination peuvent surmonter tous les obstacles. lll

INTERVIEW

lll Y a-t-il un moment du Championnat d'Europe qui vous a particuliÚrement marqués ?

Le moment le plus fort a Ă©tĂ© celui lors duquel nous avons dansĂ© une performance dĂ©diĂ©e aux otages. AprĂšs avoir remportĂ© la mĂ©daille d'or, nous sommes restĂ©s sur le podium vĂȘtus de nos costumes dĂ©chirĂ©s, avec du sang sur nos corps et nos visages, et le drapeau israĂ©lien flottant derriĂšre nous. Nous voulions que cette image demeure gravĂ©e dans les mĂ©moires et que l'hymne national soit associĂ© Ă  ce qui s'Ă©tait passĂ©.

Quel est le nom de votre école de danse en Israël et qu'est-ce qui vous a inspirés à la créer ?

Notre Ă©cole de danse s'appelle OTstudio – Orel et Tomer. Nous l'avons fondĂ©e pour partager notre passion de la danse et crĂ©er un espace oĂč chacun, chacune, quelles que soient ses capacitĂ©s physiques, peut s'exprimer par le mouvement. Notre objectif est de montrer que la danse est accessible Ă  tous et que les limites sont seulement dans l'esprit.

Danser sur la musique d'Eden Golan et dédier vos performances aux otages est puissant. Considérezvous cela comme un acte de résistance ?

Absolument. Il Ă©tait important pour nous de dĂ©dier une danse aux otages pour faire comprendre ce qui s'est passĂ© en IsraĂ«l le 7 octobre. C'est pourquoi nous avons dansĂ© avec des bandeaux sur les yeux, du sang sur nos visages et nos corps – ce qui Ă©tait exactement la situation de celles et ceux qui ont Ă©tĂ© enlevĂ©s ce matin-lĂ . En ce sens, notre performance Ă©tait bien un acte de rĂ©sistance.

Comment percevez-vous le fait d'utiliser votre art pour défendre des causes importantes au-delà des frontiÚres d'Israël ?

Nous pensons que l'art est un puissant outil pour transmettre des messages et sensibiliser. La danse a toujours Ă©tĂ© un langage universel, et nous nous sentons privilĂ©giĂ©s de pouvoir l'utiliser pour attirer l'attention sur des causes importantes, toucher les cƓurs et raconter des histoires qui mĂ©ritent d'ĂȘtre entendues.

OĂč trouvez-vous le courage et la dĂ©termination pour continuer Ă  repousser les limites, artistiquement et personnellement ?

Notre courage vient de notre amour pour la danse et de notre conviction que tout est possible. Nous avons tous deux affrontĂ© des dĂ©fis, mais la danse a toujours Ă©tĂ© notre moyen de les surmonter. À chaque fois que nous montons sur la piste, nous nous rappelons que nous

sommes lĂ  pour renverser les barriĂšres et inspirer les autres.

Voyez-vous une connexion entre le divin et la danse ?

Oui : pour nous, la danse est spirituelle. C'est une forme de priÚre, une maniÚre de se relier à quelque chose de plus grand que nous. Lorsque nous dansons, nous nous sentons libres, connectés et pleinement présents dans l'instant.

C'est un sentiment indescriptible.

Comment la danse a-t-elle influencé votre compréhension de la résilience, de la spiritualité et de l'esprit humain ?

La danse nous a appris que l'esprit humain est sans limites. Elle nous a montré que la résilience consiste à s'adapter, à grandir et à trouver de nouvelles façons de s'exprimer. Grùce à la danse, nous avons appris que, peu importe les épreuves de la vie, il y a toujours un moyen d'aller de l'avant. n

Propos recueillis par Eden Levi-Campana © DR

INTERVIEW

Tomer Margalit et Orel Chalaf : des icÎnes de la danse fauteuil et de la résilience israélienne

Tomer Margalit, 29 ans, est aujourd’hui l’une des figures les plus emblĂ©matiques de la danse fauteuil. Championne d’Europe et vice-championne du monde, cette danseuse israĂ©lienne en fauteuil roulant repousse les limites de son art et brille par ses performances mĂȘlant virtuositĂ© et Ă©motion. Avec son partenaire, Orel Chalaf, danseur valide, ils forment un remarquable duo qui explore un large rĂ©pertoire artistique. Qu’il s’agisse de danse contemporaine, latine, rumba, ballroom, ou encore de danses de salon, les deux artistes rapprochent danseurs valides et en situation de handicap. Leur rĂ©cent passage sur le parquet de Danse avec les stars a marquĂ© les esprits : une poignante chorĂ©graphie dĂ©diĂ©e aux otages israĂ©liens enlevĂ©s lors de l’attaque du 7 octobre. Ces performances engagĂ©es et Ă©mouvantes tĂ©moignent de leur capacitĂ© Ă  conjuguer l’art et un message universel de rĂ©silience.

Le 28 aoĂ»t 2024, lors de la cĂ©rĂ©monie d’ouverture des Jeux Paralympiques sur la place de la Concorde Ă  Paris, Tomer et Orel ont littĂ©ralement enflammĂ© la scĂšne. Cet Ă©vĂ©nement spectaculaire, conçu pour cĂ©lĂ©brer l’arrivĂ©e des para-athlĂštes dans la capitale, a rassemblĂ© seize artistes en situation de handicap et des danseurs valides dans d’époustouflantes chorĂ©graphies imaginĂ©es par le cĂ©lĂšbre danseur et chorĂ©graphe suĂ©dois Alexander Ekman. Durant une sĂ©quence initiale symbolisant les rapports entre personnes valides et celles en situation de handicap, Tomer Margalit s’est illustrĂ©e par un splendide portĂ© rĂ©alisĂ© avec Orel Chalaf. Leur complicitĂ© et leur maĂźtrise technique ont captivĂ© le public, mettant en lumiĂšre la richesse de la danse fauteuil comme discipline artistique Ă  part entiĂšre. Quelques jours avant l’évĂ©nement, le duo avait dĂ©jĂ  fait sensation en publiant sur ses rĂ©seaux sociaux une vidĂ©o tournĂ©e devant le musĂ©e du Louvre et annonçant leur participation Ă  la cĂ©rĂ©monie. Ce moment de grĂące a marquĂ© l’un des sommets de cette inoubliable soirĂ©e oĂč l’inclusion et la crĂ©ativitĂ© ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es.

Tomer Margalit n’est pas seulement une danseuse talentueuse, elle est Ă©galement une voix forte pour la reconnaissance des para-athlĂštes et des artistes en situation de handicap. À travers ses performances et ses actions, elle promeut la diversitĂ©, l’inclusion et le dĂ©passement de soi. Son parcours, marquĂ© par sa rĂ©silience face Ă  la myĂ©lite transverse qui l’a immobilisĂ©e, inspire des milliers de personnes Ă  travers le monde. En parallĂšle, elle continue de diriger son Ă©cole de danse en IsraĂ«l, un lieu qui incarne ses valeurs et oĂč elle forme une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’artistes, valides comme en situation de handicap.

Avec Orel Chalaf, elle incarne l’espoir, la crĂ©ativitĂ© et le pouvoir de l’art comme vecteur de changement et de lien universel.

Leur parcours prouve que la danse, au-delà des limites physiques, peut transcender les frontiùres et unir les cƓurs. E. L-C

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Le chemin du Sanhédrin : la premiÚre start-up israélienne pour le Tikoun haMidot

Le chemin du SanhĂ©drin, inaugurĂ© en 2018, retrace ce voyage historique. Traversant les magnifiques paysages de la GalilĂ©e, ce parcours rappelle les lieux oĂč le SanhĂ©drin a siĂ©gĂ© : Beit-ShĂ©arim, Usha, Shefa Amr, Tsipori et TibĂ©riade. Mais ce chemin n'est pas seulement une randonnĂ©e historique, c'est un appel Ă  la rĂ©flexion, Ă  la transformation intĂ©rieure et Ă  l'engagement envers notre hĂ©ritage spirituel.

J«e rĂ©pare les chemins et j'ai mesurĂ© les routes entre Tsipori et TibĂ©riade. » (Ketoubot 112a). Ainsi parlait Rabbi Hanina, un sage qui vivait et enseignait Ă  Tsipori, au cƓur de la GalilĂ©e. Ces mots rĂ©sonnent bien au-delĂ  de leur signification pratique. Ils symbolisent l’effort constant pour rĂ©parer non seulement les routes physiques, mais aussi les voies morales et spirituelles qui guident un peuple en quĂȘte de lumiĂšre.

Le Sanhédrin : un phare spirituel

AprĂšs la destruction du Second Temple en 70 de notre Ăšre, le peuple juif fut plongĂ© dans l’obscuritĂ© d’un monde sans centre. JĂ©rusalem, en ruines, ne pouvait plus jouer son rĂŽle de cƓur battant de la nation. Mais nos sages, portĂ©s par une vision inĂ©branlable, refusĂšrent de se laisser abattre.

Le SanhĂ©drin devint alors le pilier central d’un peuple dĂ©sorientĂ©. En GalilĂ©e, il guida la nation, rassembla les fragments et prĂ©serva l’ñme d’IsraĂ«l. Sous la direction de Rabbi Yehouda HaNassi, la Michna fut rĂ©digĂ©e, crĂ©ant une fondation indestructible pour la

Torah orale. Cette Ɠuvre, rĂ©alisĂ©e au dĂ©but du IIIe siĂšcle, garantissait que mĂȘme en exil, le peuple juif ne perdrait jamais son identitĂ©. En parallĂšle, les sages encouragĂšrent la construction de synagogues – des « Mikdachei me'at » (petits sanctuaires) – pour maintenir vivante la flamme du lien avec le CrĂ©ateur.

Chaque étape : une leçon de Pirkei Avot

- Beit-Shearim : la Torah comme fondement

« Retourne-la et retourne-la, tout est en elle »

(Avot 5, 22) – car c’est dans la Torah que rĂ©sident toutes les rĂ©ponses.

- Usha : l’importance de la vigilance

« Sois aussi attentif Ă  une petite mitzva qu'Ă  une grande » (Avot 2, 1) : chaque acte, mĂȘme minime, construit notre monde.

- Shefa Amr : l’humilitĂ© comme vertu centrale

« Sois trĂšs, trĂšs humble d'esprit » (Avot 4, 4) – car l’humilitĂ© ouvre les cƓurs et les esprits.

- Tsipori : la sagesse en héritage

« Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme »

(Avot 4, 1) rappelle que chaque individu a quelque chose Ă  nous enseigner.

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

- Tibériade : la paix comme aspiration ultime

« Sois parmi les disciples d'Aaron, aimant la paix et la poursuivant » (Avot 1, 12), car l’unitĂ© est la clĂ© de la rĂ©demption.

Aujourd'hui, ce chemin est empruntĂ© par des Ă©coles de tout IsraĂ«l ainsi que par des amateurs de randonnĂ©e. Vous terminerez votre pĂ©riple face au Kinneret, au cƓur de l'une des quatre villes saintes : TibĂ©riade qui, aux cĂŽtĂ©s de Safed, JĂ©rusalem et 'Hevron, tĂ©moigne de l'Ăąme spirituelle et historique du peuple juif.

Une start-up indestructible : Israël éternel

Le chemin du SanhĂ©drin est bien plus qu’un voyage Ă  travers la GalilĂ©e. C’est un puissant rappel de la capacitĂ© du peuple juif Ă  se relever, Ă  se rĂ©inventer et Ă  transcender les Ă©preuves. En suivant ce chemin, on comprend que le « Tikoun haMidot », la rĂ©paration de nos qualitĂ©s personnelles, n’est pas une tĂąche facultative mais une responsabilitĂ© sacrĂ©e.

Comme l’a dit Rabbi Akiva : « Ce monde ressemble Ă  un vestibule avant le monde Ă  venir. PrĂ©pare-toi dans le vestibule pour entrer dans le palais. » ( Avot 4, 16) Ce monde, avec ses dĂ©fis, est notre chance de construire, de rĂ©parer et d’atteindre des sommets spirituels.

Aujourd'hui, IsraĂ«l reste le cƓur vivant de notre peuple. Le chemin du SanhĂ©drin symbolise non seulement un glorieux hĂ©ritage, mais aussi une direction claire pour l’avenir – une start-up qui ne dĂ©posera jamais son bilan. Ce chemin rappelle que nous ne sommes pas simplement des individus, mais les gardiens d’une mission Ă©ternelle.

Puisse-t-on voir nos juges revenir comme aux premiers temps et le SanhĂ©drin reprendre rapidement sa place – Amen n

Chmouel Bokobza

Guide touristique diplÎmé du ministÚre du Tourisme

Visite culinaire guidée tous les vendredis matin à Ma'hanei Yehouda Inscription un jour à l'avance - Tél. : 050-3553811

La Vieille Ville de Tibériade, le mur et la tour, sur la cÎte de la mer de Galilée, avec la zone conflictuelle du plateau du Golan
IStock

SANTÉ

Les aliments de « nature chaude » pour l’hiver

L’hiver est la pĂ©riode propice Ă  l’apparition de certains virus qui aiment se multiplier dans le froid. Quand le corps est froid, les virus font la fĂȘte. Du point de vue physiologique, pour lutter contre un virus et l’empĂȘcher de se multiplier, le corps augmente sa tempĂ©rature, ce qui provoque de la fiĂšvre.

Au niveau de notre alimentation, nous disposons d’aliments pour nous rĂ©chauffer et dĂ©gager une Ă©nergie chaude, pour faire barrage aux virus et nous permettre de passer un bon hiver en bonne santĂ©.

Qu’est qu’un aliment de nature chaude ?

Ce concept n’est pas liĂ© Ă  la tempĂ©rature physique de l’aliment, mais Ă  son effet Ă©nergĂ©tique sur le corps.

Voici deux exemples trĂšs explicites :

 Lorsque l’on mange un piment fort, on sent tout de suite une sorte de chaleur Ă  l’intĂ©rieur de nous : le piment dĂ©gage de la chaleur du point de vue Ă©nergĂ©tique.

 Par opposition, la pastĂšque, par exemple, est un aliment de nature froide, qui va rĂ©duire la chaleur interne.

En hiver, on privilégie les aliments de nature chaude, pour lutter contre le froid. En été, les aliments de nature froide sont favorisés pour rafraßchir le corps.

Quelles sont les caractéristiques des aliments de nature chaude ?

Ils augmentent l’énergie, stimulent la circulation sanguine, rĂ©chauffent. De plus, ils sont riches en vitamines, en minĂ©raux, en fibres alimentaires, et facilitent la digestion
 Ils sont pour la plupart antiviraux et anti-inflammatoires.

Quels sont les aliments de nature chaude ?

Les flocons d’avoine : ils sont riches en fibres, en vitamines du groupe B, en zinc, en magnĂ©sium. Ils facilitent la digestion, le transit intestinal, ils rassasient et, de ce fait, rĂ©duisent les fringales. Les flocons d’avoine peuvent se consommer en porridge, on peut aussi en

introduire dans des smoothies, dans des gĂąteaux, ou mĂȘme dans une soupe pour l’épaissir. C’est un aliment polyvalent, bĂ©nĂ©fique pour la santĂ©. Si vous ne l’avez pas encore introduit dans votre alimentation, c’est le moment de le faire !

Les lĂ©gumineuses : lentilles, haricots, pois chiches
 Trop souvent nĂ©gligĂ©es, les lĂ©gumineuses sont les Ă©ternelles oubliĂ©es de notre alimentation. Pourtant, elles sont riches en protĂ©ines d’origine vĂ©gĂ©tale, en fibres, en fer, en magnĂ©sium, en zinc et en vitamines B. Elles ont un indice glycĂ©mique faible, ce qui permet la rĂ©gulation de la glycĂ©mie (sucre dans le sang). Les lĂ©gumineuses sont une extraordinaire source de bienfaits pour notre santĂ©. DiĂ©tĂ©tiques et nourrissantes, elles

SANTÉ

font partie d’une alimentation saine et Ă©quilibrĂ©e. Elles s’insĂšrent parfaitement dans un rĂ©gime puisqu’elles procurent une sensation de satiĂ©tĂ©. De plus, du fait de leur richesse en protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, elles Ă©largissent la diversitĂ© de notre ration journaliĂšre de protĂ©ines. Les lĂ©gumineuses redeviennent tendance et la plupart des recommandations nutritionnelles suggĂšrent d’augmenter leur consommation. Alors n’attendons pas davantage pour les introduire dans notre alimentation !

Les lĂ©gumes orange : carotte, patate douce, potiron, courge
 Ce sont aussi des lĂ©gumes de nature chaude. Ils sont riches en bĂȘta-carotĂšne (qui se transforme en vitamine A dans le corps) en vitamine C, en potassium, magnĂ©sium, ils aident Ă  renforcer le

systÚme immunitaire, protÚgent les yeux, la peau
 Ils se consomment crus, cuits, au four, sautés, en soupe, en purée : les idées ne manquent pas pour les intégrer à notre alimentation.

Les Ă©pices : le gingembre, la cannelle, le poivre, le curcuma, le cumin, la cardamone et d’autres Ă©pices ont des propriĂ©tĂ©s rĂ©chauffantes qui gĂ©nĂšrent une sensation de chaleur dans le corps, stimulent la circulation sanguine et favorisent la digestion. On les utilise pour Ă©picer et parfumer nos diffĂ©rents plats, mais aussi en infusion.

Les noix et les amandes : les noix et les amandes ont aussi des propriétés de nature chaude, grùce à leurs bonnes matiÚres grasses (oméga-3) et leur richesse en protéines.

Il est donc conseillĂ© d’introduire tous ces aliments dans votre alimentation pour passer un bon hiver en bonne santĂ©. En outre, pour complĂ©ter le tableau, il est recommandĂ© de consommer des lĂ©gumes et des fruits de toutes les couleurs, riches en vitamines, notamment la vitamine C : poivrons rouges, kiwis, agrumes
 Rappelons deux rĂšgles d’or Ă  respecter : la modĂ©ration et la variĂ©tĂ©.

Je vous souhaite de passer un bon hiver en bonne santé ! n

Orlie Nabet, naturopathe 058-6277009

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LIVRES ET VOUS

7 octobre : la nouvelle guerre d’IsraĂ«l

AndrĂ© Darmon est un journaliste qui sait mener une investigation. Il le fait depuis des annĂ©es dans les pages du mensuel ISRAEL MAGAZINE, qu’il a fondĂ© il y a vingt ans et qu’il dirige. Les labyrinthes et les mĂ©andres de Tsahal n’ont malheureusement plus de secrets pour lui qui, aprĂšs la mort de son fils RaphaĂ«l en 2006, s’est heurtĂ© Ă  tant de murs, de silences et de non-dits. Aujourd’hui, pour comprendre et informer, il s’est replongĂ© dans ce systĂšme qui lui a fait tant de mal. Plusieurs des fils d’AndrĂ© Darmon sont officiers dans Tsahal et se battent contre nos ennemis depuis le 7 octobre – une motivation de plus pour essayer de reprendre le fil des Ă©vĂ©nements depuis cette date fatidique oĂč nos vies ont basculĂ©.

AndrĂ© Darmon dresse ainsi un compte-rendu jour par jour, heure par heure, de ce qui s’est passĂ© dans des lieux secrets tels que le QG militaire de la Kyria, dans les Ă©changes entre de hauts gradĂ©s et le cabinet de sĂ©curitĂ© – les dialogues, entiĂšrement sourcĂ©s, sont un peu scĂ©narisĂ©s afin d’en faciliter la comprĂ©hension. Darmon remonte dans le temps, car, dit-il, tout a commencĂ© des mois, voire des annĂ©es avant. Il analyse l’esprit des chefs de guerre, des chefs du renseignement et de la sĂ©curitĂ©, de ceux qui sont censĂ©s penser vingt-quatre heures sur vingt-quatre Ă  la sĂ©curitĂ© du pays en anticipant ce qui pourrait arriver. Darmon tente d’expliquer ce qu’est la « conceptia », ce modĂšle mental qui a formatĂ© nos chefs militaires et nos politiques pendant des annĂ©es.

Comment Tsahal, l’armĂ©e la plus puissante du monde, a-t-elle pu se trouver si dĂ©pourvue le matin du 7 octobre, lors de l’invasion sur le territoire israĂ©lien de plus de 3000 terroristes armĂ©s jusqu’aux dents et droguĂ©s au Captagon ? Qu’est-ce qui a failli dans les rouages du renseignement ? OĂč Ă©tait l’armĂ©e de l’air

qui aurait pu rapidement enrayer l’attaque sanglante ? Pourquoi Tsahal a-t-elle agi exactement Ă  l’inverse de ce qu’elle aurait dĂ» faire au regard des renseignements qu’elle recevait depuis la veille ? Et mĂȘme s’il s’avĂšre que le Premier ministre Benyamin Netanyhaou a Ă©tĂ© informĂ© et n’a pas donnĂ© les ordres qu’il fallait, qu’est-ce qui empĂȘchait l’armĂ©e de protĂ©ger la frontiĂšre et d’agir dĂšs les premiĂšres minutes de l’attaque ? Pourquoi ces longues heures d’attente qui ont vu mourir des centaines d’innocents ? Qui a fautĂ© ? Quelqu’un a-t-il « trahi » – puisque c’est aussi une question qui se pose depuis le premier jour – ? Pour reprendre confiance en ceux qui ont le pouvoir de dĂ©fendre notre pays, il est urgent que lumiĂšre soit faite sur tous les manquements de ceux qui n’ont pas pris les bonnes dĂ©cisions et qui nous ont condamnĂ©s Ă  vivre le plus grand pogrom de l’histoire d’IsraĂ«l. Les enquĂȘtes dĂ©butent, celle de Tsahal d’abord, dont on attend encore les conclusions, mais une enquĂȘte d’État indĂ©pendante aura-t-elle lieu ? En attendant, il est important, en historien, de retenir tous les Ă©lĂ©ments qui ont eu lieu depuis le dĂ©but, pour ne rien oublier. n

LIVRES ET VOUS

André Darmon : « Je ne pouvais plus rester silencieux »

AJ MAG : Quand avez-vous commencé à écrire ce livre ?

AndrĂ© Darmon : J’ai vraiment commencĂ© Ă  Ă©crire mon livre le 20 janvier 2024. De par mon mĂ©tier, j’ai des sources d’information haut placĂ©es. J’ai enquĂȘtĂ© et fait un travail d’historien, en recoupant tout ce qui s’écrivait. Je me suis rendu auprĂšs des diverses unitĂ©s pour interroger les gens, dans les kibboutzim du Sud, dans la bordure de la bande de Gaza. Je ne pouvais plus rester silencieux. J’ai Ă©crit mon livre en quatre mois, sans dormir.

Le New York Times a publiĂ© une enquĂȘte trĂšs poussĂ©e rĂ©alisĂ©e par Ronen Bergman, journaliste du Yediot Ha'haronot. La censure militaire n’ayant pas permis de publier certaines informations, ce journaliste israĂ©lien s’est tournĂ© vers la presse amĂ©ricaine


L’armĂ©e a pensĂ© que moins on en disait, mieux c’était. TrĂšs peu de reporters de guerre ont eu accĂšs Ă  Gaza, c’était une zone militaire fermĂ©e, certainement pour protĂ©ger les soldats et leurs familles.

Selon vous, les services de renseignement ont mal interprĂ©tĂ© les signes et les alertes reçus. Ils ont renonçé Ă  l’unitĂ© 504 qui Ă©tait sur le terrain Ă  Gaza. Ils n’ont pas tenu compte des informations que les « observatrices » ont fait remonter, l’unitĂ© 8-200 n’écoutait plus les radios du Hamas. Cela expliquerait la non-prĂ©paration de l’armĂ©e ? Oui, c’est la dĂ©sinvolture israĂ©lienne et la trĂšs lourde hiĂ©rarchie qui sont responsables. On avait beaucoup d’informations, et pourtant personne n’en a tenu compte.

Je ne pense pas qu’il y ait eu un complot mais j’ai au moins cinquante arguments pour dire qu’il y aurait pu en avoir un. J’ai envie de vous rĂ©pondre comme Golda Meir qui, lorsqu’on lui demandait si IsraĂ«l avait la bombe atomique, rĂ©pondait : « IsraĂ«l n’a pas la bombe atomique, mais si besoin nous n’hĂ©siterions pas Ă  nous en servir. »

DĂšs le dĂ©but, on a parlĂ© de trahison ou de complot pour faire tomber le gouvernement de Netanyahou – qu’en pensez-vous ?

AndrĂ© Darmon, 7 octobre : la nouvelle guerre d’IsraĂ«l Livre en vente chez Steimatzky et sur Internet

TRIBUNE

SSouviens-toi, n’oublie pas ! ©

auf si vous avez rĂ©ussi Ă  couper tous vos Ă©crans, vous n’avez sĂ»rement pas manquĂ© le dĂ©ferlement de discours, d’images, d’émissions spĂ©ciales et de films autour des commĂ©morations – jusqu’en Pologne, Ă  Auschwitz mĂȘme – du 27 janvier. Oui, le monde entier se souvient, s’apitoie et se remĂ©more. Mais de quoi se souvient-on exactement ? « La libĂ©ration d’Auschwitz » – mais qui a libĂ©rĂ© quoi ? De quoi parle-t-on prĂ©cisĂ©ment ? Que s’est-il passĂ© le 27 janvier 1945 ? Un vĂ©hicule blindĂ© de l’ArmĂ©e rouge est arrivĂ© par hasard devant les grilles de Birkenau, pensant y trouver une usine travaillant pour les nazis, et ses passagers ont eu la surprise de se trouver face Ă  environ 6000 ĂȘtres squelettiques et malades, ceux que les Allemands avaient laissĂ©s derriĂšre eux car ils Ă©taient incapables de participer aux terribles « marches de la mort » qui, dĂšs le 17 janvier 1945, avaient vidĂ© le camp de ses maheureux rĂ©sidents. « LibĂ©ration » ? Tous ceux qui parmi nous s’intĂ©ressent a minima Ă  cette catastrophe (traduction du mot « Shoah ») savent que les nations n’ont pratiquement rien fait pour sauver les Juifs. Les AlliĂ©s ont mĂȘme refusĂ© de bombarder les rails qui amenaient les Juifs Ă  l’abattoir, alors que les preuves s’accumulaient et que l’on savait exactement ce qui se passait.

À l’origine de cette journĂ©e organisĂ©e par l’ONU : Dan Gillerman, ambassadeur d’IsraĂ«l auprĂšs de cette instance. Suite Ă  la cĂ©rĂ©monie organisĂ©e en

janvier 2005 Ă  Birkenau pour les soixante ans de la fin de la guerre et surtout pour ne pas laisser les Russes profiter seuls du titre de libĂ©rateurs, l’ONU a dĂ©cidĂ© d’en faire une journĂ©e internationale : par consensus, les 191 pays de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ont dĂ©cidĂ© que le 27 janvier serait la « JournĂ©e internationale de commĂ©moration des victimes de l'Holocauste » (le mot « Shoah » aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable). Formidable ! Jamais une proposition israĂ©lienne n’a obtenu autant de voix Ă  New York ! Oui, il est important que le monde se souvienne. Mais il est encore plus important qu’il « fasse tĂ©chouva ». Or ce que nous observons de la part de l’ONU depuis le 7 octobre ne va pas vraiment en ce sens
 Il est intĂ©ressant de noter comment divers pays inscrivent cette commĂ©moration dans leur

calendrier officiel. En France, si j’en crois le site du ministĂšre de l’Éducation nationale, cette journĂ©e est dĂ©diĂ©e « Ă  la mĂ©moire des gĂ©nocides et Ă  la prĂ©vention des crimes contre l’humanitĂ© ». Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur ce qui est une banalisation de la Shoah
 Le mieux Ă©tant souvent l’ennemi du bien, il y a en France de trop nombreuses dates du souvenir. Le 19 avril rappelle le le soulĂšvement du ghetto de Varsovie. Depuis 1954, la « JournĂ©e nationale du souvenir des victimes et des hĂ©ros de la dĂ©portation » se tient le dernier dimanche d’avril. Le 27 mai, c’est la « JournĂ©e nationale de la RĂ©sistance », en rĂ©fĂ©rence Ă  la premiĂšre rĂ©union du Conseil national de la RĂ©sistance tenue le 27 mai 1943. Le 16 juillet marque la « JournĂ©e nationale Ă  la mĂ©moire des victimes des crimes racistes et antisĂ©mites de l’État français et d’hommage aux "Justes de France" » – voilĂ  les « Justes » Ă©voquĂ©s, faibles en nombre mais forts courageux vu le contexte. Et il y a aussi la « CĂ©rĂ©monie Ă  la mĂ©moire des martyrs de la dĂ©portation » Ă  la Grande Synagogue de la Victoire, instituĂ©e par le rabbinat français dĂšs 1946. En IsraĂ«l, cette journĂ©e est bien sĂ»r rappelĂ©e, mais ici nous avons surtout Yom HaShoah et, pour les plus religieux, le 10 Tevet, jour du Kaddich haKlali. Paris, elle, a bien Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e, par les armes et le sang ! Le 27 janvier 1945, Ă  Auschwitz, on a juste ouvert les portes de l’enfer. n

RECETTE

ForĂȘt noire

PRÉPARATION

l Préchauffer le four à 200 °C (th. 6-7).

l Beurrer un cercle, le poser sur une plaque recouverte de papier cuisson et le réserver au frais.

Préparation de la génoise

l Dans un saladier, tamiser ensemble la farine, la fécule, le cacao et la vanille en poudre.

l Dans un autre saladier, séparer les blancs des jaunes.

l MĂ©langer les jaunes d'Ɠufs avec 75 g de sucre.

l Monter les blancs en neige ferme en incorporant progressivement 75 g de sucre.

l Incorporer le beurre et la farine cacaotée aux jaunes blanchis.

l Ajouter le kirsch, mélanger.

l Ajouter les blancs en neige en mélangeant délicatement à l'aide d'une maryse jusqu'à ce que l'appareil soit homogÚne.

l Remplir le cercle et enfourner pour 35 minutes.

l Vérifier la cuisson à l'aide d'un couteau. Laisser refroidir la génoise sur une grille.

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

Pour la génoise

‱ 8 Ɠufs

‱ 335 g de sucre en poudre

‱ 67 g de beurre fondu

‱ 67 g de farine

‱ 54 g de cacao

‱ 27 g de fĂ©cule de pomme de terre

‱ 2œ c. Ă  s. de kirsch

‱ œ c. Ă  c. de vanille en poudre

Pour la garniture

‱ 67 cl de crùme fleurette

‱ 2œ c. Ă  s. de kirsch

‱ œ c. Ă  c. d'extrait de vanille ou vanille liquide

‱ 47 g de sucre glace

‱ griottines

Pour la décoration

‱ 107 g de copeaux de chocolat

‱ griottines

Préparation du sirop et de la chantilly

l Porter à ébullition 20 cl d'eau avec 100 g de sucre.

l Laisser tiédir et ajouter le kirsch.

l Réserver le sirop à température ambiante.

l Fouetter la crĂšme fleurette. Incorporer progressivement le sucre, l'extrait de vanille et le kirsch.

Assemblage

l Égaliser la surface de la gĂ©noise et la couper en trois disques.

l Poser le premier sur un plat et l'imbiber de sirop.

l Le napper généreusement de crÚme fouettée, lisser et parsemer de griottines.

l Recouvrir avec le deuxiÚme disque et renouveler l'opération.

l Terminer par le troisiĂšme disque, l'imbiber et le recouvrir d'une fine couche de crĂšme.

l Napper également les cÎtés du gùteau.

l Décorer de griottines et de copeaux de chocolat. Réserver au frais jusqu'au moment de servir.

Bon appétit !

JUDAÏSME

ItaĂŻ Ashkenazi : de la Torah de Manitou Ă  la Torah de Yemima, une histoire de transmission

Je l’ai rencontrĂ© il y a plus de vingt ans Ă  JĂ©rusalem. Il venait de rentrer d’un grand voyage en Asie. Il avait entendu dire que les francophones de JĂ©rusalem Ă©tudiaient encore les enseignements de son grandpĂšre. Il est venu Ă  leur rencontre. Son grand-pĂšre, c’était le rav LĂ©on Ashkenazi, dit Manitou, dont les Ă©lĂšves continuent de publier, traduire et transmettre les enseignements. ItaĂŻ le connaissait mal, il n’avait que 19 ans quand il est dĂ©cĂ©dĂ©. Les relations familiales Ă©taient un peu distantes, limitĂ©es Ă  des visites lors des FĂȘtes. De grandes discussions avec lui ? Il n’en a pas eu, ni de moments privilĂ©giĂ©s. Il a dĂ©couvert la grandeur de son grand-pĂšre alors que celui-ci avait dĂ©jĂ  quittĂ© ce monde, quand il s’est rapprochĂ© du judaĂŻsme et de son identitĂ© profonde. ItaĂŻ a aujourd’hui 47 ans. MariĂ© et pĂšre de famille, il enseigne la Torah dans sa communautĂ© de Pardes Hanna. Il est Ă©galement thĂ©rapeute et a publiĂ© son premier livre : 'Hidouch haBrit . Un long et beau chemin parcouru entre le grand-pĂšre et le petitfils, une histoire de transmission intergĂ©nĂ©rationnelle faite de noblesse et de profondeur.

La « rĂ©vĂ©lation », ItaĂŻ l’a eue durant une mĂ©ditation, pendant une retraite bouddhiste au Japon. Il renaĂźt alors Ă  son identitĂ© juive et comprend soudainement que la spiritualitĂ© qu’il est venu chercher si loin existe aussi dans le judaĂŻsme. Jusque-lĂ , il imaginait « le Dieu des Juifs comme un vieux monsieur dans le ciel, avec une barbe, qui ordonnait beaucoup de choses ». Le message reçu, il rentre en IsraĂ«l et

entreprend sa quĂȘte – Ă  JĂ©rusalem, plus prĂ©cisĂ©ment, oĂč nous nous rencontrons lui et moi Ă  la sortie d’un cours de Torah en français. RedirigĂ© vers le Centre Manitou qui l’accueille chaleureusement, il accĂšde aux cours de son grandpĂšre enregistrĂ©s et retranscrits, prĂ©cieusement conservĂ©s : « C’est tragique, j’ai Ă©coutĂ© des heures durant les enseignements de mon grand-pĂšre alors que de son vivant je n’en avais pas eu l’occasion. La vie est parfois surprenante. C’est Ă  ce moment-lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  pratiquer les mitzvot et que j’ai rencontrĂ© celle qui allait devenir ma femme. » Ces heures d’écoute le transforment. « Lorsque j’ai Ă©tudiĂ© les sciences de l’éducation, poursuit-il, les enseignements de mon grand-pĂšre Ă©taient toujours prĂ©sents dans ma vie. Nous avons mĂȘme habitĂ© avec nos enfants dans ce qui avait Ă©tĂ© son appartement Ă  Ramat Eshkol pendant quelques annĂ©es, c’était Ă©mouvant. Ma grand-mĂšre Ă©tait encore vivante quand j’ai fait techouva mais elle Ă©tait dĂ©jĂ  malade. Nous sommes ensuite partis vivres dans un yichouv “dati leoumi” dans la plaine de la Bekaa, et lĂ -bas j’ai commencĂ© pour la premiĂšre fois Ă  enseigner la Torah de Manitou. À la naissance de mon quatriĂšme enfant, je me suis remis en question. La Torah

JUDAÏSME

de Manitou engage de profonds concepts, elle parle du Clal IsraĂ«l, de la communautĂ© d’IsraĂ«l, mais cela ne m’aidait pas Ă  vivre au quotidien la Torah et ses mitzvot ; cela ne m’aidait pas Ă  relever les dĂ©fis que posait un jeune couple. Je n’arrivais pas Ă  faire le lien, dans ma vie, entre l’étude, cette morale divine et la vie de tous les jours. La barre Ă©tait trop haute. Je me sentais tout petit. Cela me dĂ©primait. Je cherchais une Ă©tude qui remplisse mon Ăąme, une Ă©tude qui me fasse me sentir entier, complet. L’objectif de la Torah de Manitou, mĂȘme si elle parle de compassion et de 'Hessed, c’est de dĂ©couvrir l’HĂ©breu qui est en nous, et son lien avec la prĂ©sence divine. Je cherchais ce lien mais je me posais Ă©galement, et depuis longtemps, beaucoup de questions sur la libertĂ©, un sujet qui n’est pas au centre du judaĂŻsme. C’est alors que j’ai dĂ©couvert la “mĂ©thode Yemima”. Je m’y suis formĂ© et, trĂšs vite, j’ai vu des rĂ©sultats dans ma vie, Ă  tel point que ma femme a elle aussi voulu Ă©tudier et se former Ă  cette mĂ©thode que j’ai ensuite moimĂȘme enseignĂ©e.

Yemima Ă©tait une sorte de maĂźtre Ă  penser, on l’appelait “la Rebbe”, car elle avait sa propre 'hassidout. ParallĂšlement, j’ai dĂ©couvert le Baal Chem Tov et la 'hassidout de Rabbi Na'hman, je me suis enrichi spirituellement. GrĂące Ă  la mĂ©thode Yemima, j’ai pu relire la Torah Ă  travers un nouveau prisme, faire le lien et rĂ©unir mon questionnement sur la libertĂ© et les commandements en un seul mot : Brit, l’alliance. La libertĂ© Ă  l’intĂ©rieur des limites.

J’ai Ă©crit mon premier livre sur ce sujet : 'Hidouch haBrit. Mon grandpĂšre est Ă©videmment prĂ©sent entre les lignes mais j’y ai ajoutĂ© mon approche de la 'hassidout Bratslav,

LĂ©on Ashkenazi (1922-1996), plus connu en France sous son nom de totem de Manitou, Ă©tait un rabbin, philosophe et kabbaliste franco-israĂ©lien. Avec le philosophe Jacob Gordin, AndrĂ© Neher et Emmanuel Levinas, il a participĂ© Ă  la renaissance du judaĂŻsme français aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. À la suite de la guerre des Six Jours, il a Ă©migrĂ© en IsraĂ«l oĂč il a Ă©tudiĂ© auprĂšs du rav Zvi Yehouda Kook et du rav Shlomo Binyamin Ashlag, et oĂč il a fondĂ© un rĂ©seau d'enseignement du judaĂŻsme : l'Institut Mayanot et le Centre YaĂŻr, centres d'Ă©tudes juives et israĂ©liennes, principalement frĂ©quentĂ©s par les francophones d’IsraĂ«l. Il est devenu l’un des plus importants porte-paroles du sionisme religieux. E. A.

Yemima Avital (1929-1999), descendante d’une famille de kabbalistes, est nĂ©e au Maroc et a fait son Alya en IsraĂ«l Ă  20 ans. Elle a dĂ©veloppĂ© une mĂ©thode unique qui intĂšgre la psychologie, Ă  laquelle elle a Ă©tĂ© formĂ©e Ă  l'UniversitĂ© de Tel Aviv, et la spiritualitĂ© et la pensĂ©e juives, y compris la Kabbale. En 1987, elle a ouvert l’Institut Maayan, oĂč elle a enseignĂ© cette mĂ©thode de dĂ©veloppement personnel qui porte son nom, appelĂ©e aussi « mĂ©thode de la pensĂ©e consciente ». CĂ©lĂšbre en IsraĂ«l, cette mĂ©thode a fait Ă©galement des adeptes Ă  l’étranger. E. A

ainsi que la mĂ©thode Yemima et, bien sĂ»r, beaucoup de moi. J’ai essayĂ© d’écrire dans une langue que notre gĂ©nĂ©ration et les plus jeunes peuvent comprendre. Sa traduction en français est en cours. Je prĂ©pare un autre livre sur la place de l’homme et de la femme – et pas seulement sur le couple – dans ce monde et dans le judaĂŻsme. De nos jours et sous l’influence du wokisme, il rĂšgne une grande confusion. Il est temps de remettre les choses en place. Je tiens aussi Ă  continuer Ă  enseigner en français. C’est important pour moi. »

ItaĂŻ Ashkenazi, fils de David et petit-fils de LĂ©on AshkenaziManitou, a su saisir le lien de la transmission et, aprĂšs des annĂ©es d’étude et de travail personnel, il a dĂ©veloppĂ© sa propre approche de l’ĂȘtre juif, une identitĂ© profonde liĂ©e Ă  la Terre d’IsraĂ«l, Ă  la Torah et Ă  la communautĂ©, mais aussi en phase avec son Ăąme et ses aspirations. Le flambeau continue Ă  briller. n

Emmanuelle Adda https://www.instagram.com/itai_ashkenazi/ https://www.midreshet-manitou.org/

LE KLING DU MOIS

D'un cÎté comme de l'autre

D'un cĂŽté 

Reims, le 28 fĂ©vrier 1945, grand quartier gĂ©nĂ©ral. Ike Eisenhower est penchĂ© sur les cartes d'État-major. Tout est en place pour la derniĂšre phase de la guerre qui, dans quelques mois, conduira Ă  la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. C'est alors que va se dĂ©rouler un des Ă©pisodes les plus incroyables de la guerre. Le chef suprĂȘme du corps expĂ©ditionnaire alliĂ© en Europe reçoit la visite d'un Ă©missaire suisse qui dit avoir une importante communication Ă  lui faire de la part d'un gĂ©nĂ©ral nazi. IntriguĂ©, l'AmĂ©ricain le fait entrer. L'autre lui propose un deal : l'Allemand dĂ©tient 97 civils europĂ©ens en otage – des Français, des Anglais et quelques Belges. Il propose d'en relĂącher une trentaine en Ă©change de la libĂ©ration de mille prisonniers allemands dont quelques-uns sont membres de la Waffen-SS et ont du sang sur les mains. De plus, l'Allemand exige que les troupes amĂ©ricaines se retirent des territoires conquis ces derniers mois : la quasi-totalitĂ© du territoire français et l'Italie. Eisenhower demande d'arrĂȘter l'Ă©missaire sur-lechamp et de le faire examiner par un psychiatre afin de s'assurer de sa santĂ© mentale. Fin de l'anecdote. Bien entendu, cette histoire est une pure invention et n'a jamais eu lieu. Elle est le fruit de mon imagination dĂ©bordante. J'ai Ă©videmment conscience de l’énorme diffĂ©rence entre les deux situations. Et je sais aussi, amis lecteurs, que vous serez nombreux Ă  trouver la comparaison dĂ©placĂ©e. Cependant, si nous voulons Ă©viter les dĂ©sastreuses consĂ©quences de l'accord passĂ© avec les terroristes, il faut tout d'abord avoir le courage de les regarder en face. Pourquoi ne pas avoir exigĂ© la libĂ©ration de TOUS les otages comme prĂ©alable Ă  tout accord ? Que vont devenir les autres ? Qui peut garantir que le Hamas ne se rĂ©arme pas si nous nous retirons de l'axe de Netzarim ou de celui de Philadelphie ?

ScÚne de liesse dans un collÚge à Petah Tikva pour célébrer la libération des otages des geÎles du Hamas © Flash90

Combien de futurs Sinwar retrouvent aujourd'hui la liberté et combien de victimes innocentes paieront le prix de la libération de ces assassins ?

De l'autre cĂŽté 

Une fois tout ceci posĂ©, je me dois Ă©galement d'avouer qu'Ă  cĂŽtĂ© de la crainte et de la colĂšre que j'ai Ă©prouvĂ©es ces jours-ci Ă  l'annonce de ce dangereux accord, j'ai aussi ressenti une immense fiertĂ© de voir mon pays et mon peuple pleurer d'Ă©motion Ă  l'unisson face aux retrouvailles de nos jeunes filles avec leurs familles. Cette joie nationale n'a rien d'Ă©vident. Bien sĂ»r, tous les pays du monde sont soulagĂ©s lorsqu’un de leurs citoyens otage est libĂ©rĂ©. Mais rien n'est comparable Ă  cette ferveur, Ă  cette attente de tout un peuple, Ă 

LE KLING DU MOIS

ce sentiment de solidaritĂ© palpable au point que ces jeunes filles libĂ©rĂ©es semblent faire partie de notre famille ! L'Iran a retenu 52 AmĂ©ricains en otage pendant 444 jours. Les AmĂ©ricains ont continuĂ© Ă  bien dormir la nuit et leur libĂ©ration n'a pas donnĂ© lieu Ă  des scĂšnes de liesse chez tous les citoyens d'AmĂ©rique. « C'est plus que de la solidaritĂ©, Ă©crivait rĂ©cemment un journaliste israĂ©lien, c'est la concrĂ©tisation de la "brit", de l'alliance qui unit tous les fils et les filles d'IsraĂ«l entre eux ! » Cette « brit » est Ă  la fois notre faiblesse et notre force. Pour elle, nous sommes prĂȘts Ă  payer un prix exorbitant – mais sans elle, que deviendrons-nous ?

Il faut ĂȘtre Juif ou IsraĂ©lien pour comprendre Ă  quel point on peut ĂȘtre tout Ă  la fois ulcĂ©rĂ© par cet accord et fier qu'il ait Ă©tĂ© signé 

ArrĂȘtez-moi si je dis des bĂȘtises
 n

klingelie@gmail.com

HORAIRES DE CHABBAT

CHABBAT BECHALA'H – CHABBAT CHIRA 7 FÉVRIER 2025-9 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h38 17h57

Tel Aviv 16h58 17h59

Netanya 16h57 17h58

CHABBAT YITRO 14 FÉVRIER 2025-16 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h44 18h03

Tel Aviv 17h04 18h05

Netanya 17h03 18h04

CHABBAT MICHPATIM 21 FÉVRIER 2025-23 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h50 18h09

Tel Aviv 17h10 18h10

Netanya 17h09 18h10

CHABBAT TEROUMA (CHEQUALIM) – ROCH 'HODECH ADAR 28 FÉVRIER 2025-30 CHEVAT 5785

Jérusalem 16h56 18h14

Tel Aviv 17h15 18h15

Netanya 17h15 18h15

CHABBAT TETSAVÉ – CHABBAT ZAKHOR 28 FÉVRIER 2025-30 CHEVAT 5785

Jérusalem 17h01 18h19

Tel Aviv 17h21 18h21

Netanya 17h20 18h20

« Notre ùme est ardente et riche. Elle renferme le trésor le plus grand et le plus glorieux. Nous sommes remplis de la lumiÚre de la vie. » Or Ha'Haïm

JUDAÏSME

La lettre oubliée

Jadis, en Russie, il y avait un homme pieux nommĂ© Reb Baroukh. ImprĂ©gnĂ© d’une profonde crainte de Dieu, ce 'hassid jouissait d’une vie comblĂ©e, avec une femme dĂ©vouĂ©e, des enfants bien Ă©duquĂ©s et une situation financiĂšre florissante. Chaque annĂ©e, il se rendait chez son MaĂźtre, le Baal Chem Tov, pour recevoir ses bĂ©nĂ©dictions. Un jour, lors de sa visite chez le MaĂźtre, celui-ci lui demanda :

« Comment te portes-tu, Reb Baroukh ? »

« TrÚs bien, grùce à Dieu ! », répondit le 'hassid avec enthousiasme.

« Et comment se portent tes affaires ? », s’enquit le MaĂźtre.

« Elles prospÚrent bien, grùce à Dieu. »

« Et ta femme ? Et tes enfants ? Leur éducation ? », poursuivit le Maßtre.

« Dieu merci, je n’ai pas Ă  me plaindre. Ils se portent trĂšs bien. Ils respectent les valeurs de la Torah. Tout va pour le mieux », rĂ©pondit Reb Baroukh.

Le Baal Chem Tov fixa longuement Reb Baroukh puis ajouta, sur un ton mystérieux :

« Eh bien, si tout va aussi bien que tu le dis, j’aimerais te demander un petit service
 »

« Bien sĂ»r, Rabbi, avec plaisir ! De quoi s’agit-il ? »

Le Baal Chem Tov se tourna alors vers son bureau, prit une feuille de papier sur laquelle il Ă©crivit quelques mots, avant de la plier et de la glisser dans une enveloppe qu’il remit Ă  Reb Baroukh.

« Il s’agit d’une lettre pour le grand-rabbin Avigdor de la ville de Vitebsk. J’aimerais que tu la lui remettes, s’il te plaĂźt », expliqua-t-il.

« Comptez sur moi, Maßtre, ce sera fait ! », répondit le 'hassid avec entrain.

Une fois son entrevue terminĂ©e, Reb Baroukh quitta la demeure du Juste. Quelques jours plus tard, lorsqu’il reprit la route pour rentrer chez lui, il prit soin de glisser la lettre dans la doublure de son manteau pour ne pas risquer de la perdre. Mais les jours et les semaines s’écoulĂšrent et Reb Baroukh finit par oublier complĂštement la lettre dans la doublure de son manteau. Les mois passĂšrent, puis les annĂ©es
 Vingt annĂ©es s’étaient Ă©coulĂ©es depuis lors, durant lesquelles rien ne lui avait rĂ©ussi, jusqu’à la disparition aussi complĂšte qu’inexplicable de sa fortune.

DĂ©sormais, Reb Baroukh ne possĂ©dait plus rien, si ce n’est une humble demeure oĂč il vivait avec sa famille. La pauvretĂ© Ă©tait si grande qu’il n’avait mĂȘme plus de quoi acheter du lait pour ses enfants. Dans l’abĂźme de son dĂ©sespoir, il s’interrogeait :

« Mon Dieu, comment en suis-je arrivĂ© lĂ  ? Pourquoi la destinĂ©e m’a-t-elle tournĂ© le dos ainsi ? Pourquoi ? » Il ouvrit alors l’armoire, une vieille armoire qui, Ă  l’époque oĂč il vivait sans compter, tout au long de ses annĂ©es prospĂšres, avait vu dĂ©filer tant de manteaux de qualitĂ©, tant de costumes de grande valeur. Il chercha frĂ©nĂ©tiquement dans les poches des vĂȘtements qui se trouvaient lĂ , Ă  la recherche d’un peu d’argent pour nourrir ses enfants affamĂ©s et affaiblis. Il fouilla sans y croire, il palpa, tĂątonna, jusqu’à ce qu’il mette la main sur le fameux manteau. Il sentit dans la doublure quelque chose d’inhabituel et, gagnĂ© par la curiositĂ©, se demanda ce que cela pouvait bien ĂȘtre. C’est alors qu’il vit la lettre jaunie datant de vingt ans, Ă  l’attention du rabbin Avigdor ! Reb Baroukh se mit Ă  trembler de tous ses membres. Il s’écria : « Bon sang ! Comment ai-je pu oublier cette lettre ?! Le Baal Chem Tov a dĂ©jĂ  quittĂ© ce monde depuis bien des annĂ©es ! J’ai compris : c’est pour cela que j’en suis arrivĂ© lĂ  ! Au fond, de moi, je le sais. Cette lettre, cette mission que le MaĂźtre m’avait confiĂ©e, comment ai-je pu l’oublier, comment ? Je m’y Ă©tais pourtant engagĂ© ! » D’amĂšres larmes de culpabilitĂ© coulaient le long de ses joues. Mais il se reprit et, rattrapĂ© par un fol espoir, se dit en lui-mĂȘme qu’aprĂšs tout il n’était peut-ĂȘtre pas trop tard pour rĂ©parer sa faute. Reb Baroukh ne put se rĂ©soudre Ă  laisser cette mission inachevĂ©e. Dans la Torah, il avait appris que rien n’était jamais perdu, qu’il y avait toujours une seconde chance – alors pourquoi pas pour lui, Ă  prĂ©sent ? Il en avait tellement besoin ! Il prit la prĂ©cieuse lettre et dĂ©cida de faire le voyage jusqu’à Vitebsk, la ville oĂč le grand-rabbin Avigdor avait autrefois officiĂ©. Il espĂ©rait en lui-mĂȘme :

« Mon Dieu, faites que ce rabbin soit encore vivant ! »

Au bout de quelques jours de voyage, il arriva dans la ville de Vitebsk et demanda aussitĂŽt aux locaux s’ils connaissaient le grand-rabbin Avigdor. Mais au grand dam de Reb Baroukh, chaque personne qu’il interrogeait rĂ©pondait :

« Le rav Avigdor ? Non, nous ne connaissons aucun rabbin de ce nom par ici. »

Il chercha, interrogea encore et encore, jusqu’aux anciens de la ville :

JUDAÏSME

« Vous souvenez-vous du rabbin Avigdor qui exerçait dans votre ville, ici Ă  Vitebsk, il y a vingt ans ? », demandait-il fiĂ©vreusement. Mais les anciens faisaient la mĂȘme rĂ©ponse :

« Pas du tout, il n’y a jamais eu de rabbin Avigdor Ă  Vitebsk. Tu as dĂ» te tromper de ville, mon ami ! »

Reb Baroukh ne comprenait absolument rien Ă  cette Ă©trange histoire. Il se retrouva finalement avec sa lettre, seul, assis sur les marches de la grande synagogue, totalement dĂ©semparĂ©, ne sachant que faire ni oĂč aller. À prĂ©sent, il Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©. Comment Ă©tait-il possible que son MaĂźtre se soit trompĂ© ? Mais soudain, ses pensĂ©es furent interrompues par un bruit qu’il entendit derriĂšre lui. Des voix chantaient et criaient :

« Mazal tov ! Mazal tov ! »

Il entra alors dans la synagogue et y vit une foule de Juifs qui célébraient probablement un heureux événement. Il écouta attentivement et entendit de nouveau, bien distinctement :

« Mazal tov ! Mazal tov au rabbin Avigdor, le tout nouveau rabbin de la ville de Vitebsk ! »

Reb Baroukh n’en croyait pas ses yeux. Il regarda sa lettre jaunie, puis le jeune rabbin Avigdor fraĂźchement nommĂ©. Il s’approcha de lui et lui demanda :

« Vous ĂȘtes le rabbin Avigdor, n’est-ce pas ? »

Le jeune homme rĂ©pondit affirmativement et, en retour, lui demanda d’une voix chaleureuse :

« C’est bien moi. En quoi puis-je vous aider ? »

Reb Baroukh le pria de le suivre dans un endroit privé afin de lui raconter toute son incroyable histoire.

Le rabbin Avigdor Ă©tait stupĂ©fait : comment Ă©tait-il possible que cette lettre lui soit destinĂ©e ? Il n’avait que six ans lorsque le Baal Chem Tov avait quittĂ© ce monde ! Mais il prit la lettre et l’ouvrit. Sur le papier jauni, une seule phrase Ă©tait griffonnĂ©e, qu’il lut :

« À l’attention du Rabbin Avigdor de Vitebsk

L’homme qui se trouve en face de vous Ă©tait trĂšs riche Ă  l’époque. S’il vous plaĂźt, venez-lui en aide
 »

Le secret de cette histoire

L’histoire met en Ă©vidence la clairvoyance du Baal Chem Tov. Il savait que Reb Baroukh aurait besoin de bĂ©nĂ©dictions supplĂ©mentaires pour faire face aux dĂ©fis Ă  venir. Malheureusement, Reb Baroukh n’avait pas rĂ©alisĂ© que les bĂ©nĂ©dictions accordĂ©es par Dieu peuvent un jour ĂȘtre reprises. Il aurait donc dĂ» demander au MaĂźtre que ces bĂ©nĂ©dictions continuent de l’accompagner.

La morale de cette histoire est de reconnaĂźtre la valeur des maĂźtres spirituels, et de solliciter leur sagesse

et leurs bĂ©nĂ©dictions. MĂȘme lorsque tout semble bien aller, il est important d’ĂȘtre humble et ouvert Ă  leur assistance. Il est crucial de comprendre que les bĂ©nĂ©dictions et la protection divine doivent ĂȘtre recherchĂ©es et renouvelĂ©es rĂ©guliĂšrement pour faire face aux Ă©vĂ©nements de la vie. n

Qui sont les Benei Noa'h, ces Chrétiens qui respectent les sept lois de Noa'h ?

Il

est

dit

que, pour mĂ©riter le Olam haBa (le monde futur), un Juif doit suivre les 613 commandements. Mais, Ă  l’inverse des paradis chrĂ©tien et musulman qui n’ouvrent leurs portes qu’à leurs seuls croyants, le judaĂŻsme, pourtant souvent accusĂ© d’ĂȘtre hermĂ©tique, donne accĂšs au monde futur aux non-Juifs du moment qu’ils suivent les sept lois noahides. De quoi s’agit-il ?

Depuis l’aube des temps, Dieu a imposĂ© Ă  l’homme plusieurs lois fondamentales.

AprĂšs l’éradication par le DĂ©luge d’une humanitĂ© corrompue, Dieu a imposĂ© Ă  Noa'h et Ă  sa descendance de reconstruire un nouveau monde sur des bases morales essentielles : les sept lois fondamentales. Selon le Talmud qui en a fait le recensement, six de ces lois sont des interdictions, Ă  savoir : le blasphĂšme, incluant toute utilisation vaine du nom divin, l’idolĂątrie au sens large, l’adultĂšre ainsi que toute immoralitĂ© sexuelle, le meurtre, bien entendu, le vol et la consommation du sang d’un animal encore en vie (ce qui revient Ă  interdire toute cruautĂ© envers les animaux). La septiĂšme loi divine, positive, est le commandement

d’établir des tribunaux pour garantir la justice sociale. Comme signe de Son alliance avec l’humanitĂ©, Dieu a offert l’arc-en-ciel, formĂ© de sept couleurs
 comme le nombre des lois noahides. Car le nombre 7 rappelle l’Ɠuvre de la CrĂ©ation par la volontĂ© divine (les sept planĂštes, les sept ocĂ©ans, les sept continents, etc.), le chabbat ou encore la menorah Ă  sept branches. L’homme y a d’ailleurs fait Ă©cho avec les « sept merveilles du monde », Ă©tablies par les Grecs qui avaient appris des Juifs que ce nombre 7 abritait quelque chose de transcendant. Selon MaĂŻmonide, qui s’est grandement Ă©tendu sur ce sujet, tout non-Juif qui suit les sept lois noahides et les considĂšre d’origine divine est vertueux, et il a droit au monde futur. Mais les Juifs, eux, doivent suivre les

613 commandements, globalement appelés « lois mosaïques ». On comprend que les rabbins soient étonnés de voir un nonJuif souhaiter se convertir au judaïsme : ses obligations sont alors centuplées !

Toujours selon MaĂŻmonide, inciter les non-Juifs Ă  suivre ces sept lois noahides incombe Ă  tous les Juifs. Des penseurs juifs y ont vu un terrain de morale et d’éthique compatible entre IsraĂ«l et les nations. Au XIX e siĂšcle, le rabbin livournais Elie Benamozegh (1823-1900) considĂ©rait qu’elles constituaient la seule religion universelle et fraternelle, et que le judaĂŻsme avait pour mission de les promouvoir. Le concept a Ă©tĂ© repris par le Rabbi de Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, qui encourageait ses disciples Ă 

JUDAÏSME

enseigner les sept lois noahides. L’idĂ©e a Ă©tĂ© suivie dans les annĂ©es 1990 par des rabbins orthodoxes qui ont créé l’alliance des Benei Noa'h ( Ś—Ś  ڙڠڑ), c’est-Ă -dire les fils de NoĂ© et leurs descendants, Ă  savoir : toute l’humanitĂ©. À la suite de la crĂ©ation de plusieurs cellules de Benei Noa'h Ă  travers le monde, un grand conseil de type SanhĂ©drin a Ă©tĂ© Ă©tabli en 2006 Ă  JĂ©rusalem par plusieurs rabbins, dont le rav Oury Cherki. Le but de ce mouvement moderne est ouvertement d’encourager l’adhĂ©sion des non-Juifs aux sept lois noahides qui Ă©tablissent une conduite Ă©thique entre les humains – bien entendu, sans obligation de conversion au

judaĂŻsme. Si ces lois gĂ©nĂ©rales Ă©taient suivies universellement, il n’y aurait plus de meurtre, de vol ni de guerre !

Ce mouvement des Benei Noa'h, issu du monde juif orthodoxe, entreprend aussi de faire rayonner la spiritualitĂ© de la Torah. C’est un effort considĂ©rĂ© comme une obligation des Juifs envers l’humanitĂ©, car le monde prĂ©sent est dĂ©jĂ  entrĂ© dans les temps messianiques, et ce mouvement s’aligne sur la prophĂ©tie de MichĂ©e : « Il arrivera Ă  la fin des temps que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et des peuples y afflueront. Et nombre de

nations iront en disant : “Allons et gravissons la montagne de l’Éternel et allons Ă  la maison du Dieu de Jacob, et Il nous enseignera Ses voies et nous suivrons Ses chemins. Car de Sion sort la Torah et de JĂ©rusalem la parole de l’Éternel.” » (MichĂ©e 4, 1-2). n

Cet article est tiré du site Yedia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.

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JEUX

Solutions des mots fléchés de la page 60

Trois mÚres juives se rencontrent au salon de thé.

La premiùre soupire : – Oy


La seconde soupire : – Oy oy


Alors la troisiĂšme s'exclame :

– On avait dĂ©cidĂ© de ne pas parler des enfants aujourd'hui !

Un rabbi monte dans un train pour aller Ă  Cracovie. Il s'installe avec ses bagages et ses 'hassidim autour de lui.

Le contrĂŽleur du train arrive et dit au rabbi en contrĂŽlant son billet :

– Je suis dĂ©solĂ©, Monsieur le Rabbin, mais vous vous ĂȘtes trompĂ© de train. Celui-ci ne va pas Ă  Cracovie mais Ă  Lublin. Il faut que vous descendiez tout de suite !

Le rabbi s'énerve :

– Puisqu'on me manque de respect et que l'on m'oblige à changer de train, je maudis

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BLAGUES À PART

Et vous savez ce qui s'est passé ?

La bénédiction du rabbi s'est réalisée ! Si ce n'est pas un miracle, ça !

Une femme vient de perdre son mari. On organise les offices à la maison du défunt. Le préposé commence la priÚre en attendant qu'il y ait dix hommes pour réciter le Kaddich. Malheureusement, le temps passe et ils ne sont que neuf.

La femme intervient et dit :

ce train : qu'il ait un accident, qu'il n'arrive jamais à destination et que tous les passagers périssent !

Les 'hassidim protestent :

– Mais Rabbi, les passagers de ce train sont innocents !

– Vous avez raison, dit le rabbi. Je me suis un peu emportĂ©. Eh bien, je retire ma malĂ©diction. Je bĂ©nis ce train ! Qu'il parte Ă  l'heure et arrive Ă  l'heure, et que tout le monde soit en bonne santĂ© !

– Je m'en occupe !

Elle ouvre la porte, va dans la rue et arrĂȘte le premier Juif qui passe :

– Excusez-moi ! lui crie-t-elle, vous ne voudriez pas faire le dixiùme ?

– Avec vous ? MĂȘme pas le premier ! rĂ©pond le passant.

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille

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