AJ MAG 7 Novembre 2024

Page 1


Jeudi 7 novembre 2024

6 'Hechvan 5785

NÂș 1014 | Mensuel

SÉCURITÉ - DÉFENSE ISRAÉLIENS ET TRAÎTRES À LEUR PAYS

SOCIÉTÉ

« LA PÉPITE » : UNE COMMUNAUTÉ CRÉATIVE

SANTÉ

LES MONOPOLES

YOSSI TAIEB

PRIORITÉ À L' ALYA

Tenir bon

Quel sens donnez-vous au slogan « Bring Them Home » ?

S’adresse-t-il au gouvernement israĂ©lien, pour lui demander d’agir efficacement afin que des citoyens innocents prisonniers de barbares rentrent enfin chez eux ? Insinue-t-il en seconde lecture que ce mĂȘme gouvernement est le principal responsable du martyre endurĂ© par les otages ? À l’étranger, « Bring Them home » a-t-il vocation Ă  Ă©veiller l’implication des dĂ©mocraties pour la libĂ©ration des otages ? Est-il destinĂ© aux terroristes du Hamas Ă  l’origine de ce crime contre l’humanitĂ© ?

Probablement un peu de tout cela


À ces trois mots qui nous accompagnent depuis le 7 octobre, symbolisant notre dĂ©sarroi et notre absolue tristesse, j’aimerais parfois en voir accolĂ©s quatre autres : « Let my people go ». Et ce, afin de ne jamais oublier l’origine du mal et de ne pas perdre de vue que les coupables de l’arrachement d’enfants Ă  leurs parents, du rapt de rescapĂ©s de la Shoah, du vol, du viol et de la traite d’ĂȘtres humains exhibĂ©s Ă  la face du monde sont, et resteront, le Hamas et ses immondes factions acolytes. Et que la principale charge de leur libĂ©ration repose sur ceux qui ont commis cette faute originelle.

Les organisations internationales dites « humanitaires », intĂ©grĂ©es depuis des dĂ©cennies au cƓur de Gaza, sont Ă©galement coupables de n’avoir jamais rĂ©ussi Ă  secourir aucun de nos frĂšres et sƓur dĂ©tenus dans l’enfer des tunnels. Il y en a au moins une qui cessera enfin de mentir, grĂące au vote majoritaire par la Knesset de son bannissement : l’UNRWA. Et peu importe si une bien-pensance occidentale arrogante et donneuse de leçons dĂ©clare cette dĂ©cision « barbare ». La plus grande des barbaries, Ă  mes yeux, consiste Ă  ne plus savoir distinguer la victime du bourreau.

Dans ce numĂ©ro, nous avons portĂ© le projecteur sur les sanctions Ă©conomiques imposĂ©es par des nations Ă©trangĂšres Ă  des citoyens qui n’agissent pas selon les codes de ces nations. Nous avons notamment rencontrĂ© le porte-parole du mouvement des « Jeunes des Collines » qui suscite d'importantes controverses : accordant de trĂšs rares interviews, Shmulik Fine a acceptĂ© de partager avec AJ MAG sa perspective sur ces sanctions qu'il juge despotiques, discriminatoires et infondĂ©es. Nous esquissons aussi le portrait de ces IsraĂ©liens qui trahissent leur pays, et nous reprenons courage avec l’initiative « La PĂ©pite », lancĂ©e par de jeunes IsraĂ©liens qui ont initiĂ© une communautĂ© crĂ©ative Ă  Tel Aviv. « On s’accroche », me rĂ©pondait une amie Ă  qui je demandais des nouvelles. Oui, tout le peuple juif s’accroche. Nous sentons qu’il nous faut tenir bon, encore un peu, pour pouvoir enfin assister Ă  la victoire du bien sur le mal. Et mĂȘme si la notion de temps est relative, nous savons que nous avons parcouru une bonne partie du chemin. Bonne lecture.

5 CARTES SUR TABLE

105 %

6 INTERVIEW

Yossi Taieb : « Mon cheval de bataille, c’est l’Alya »

11 DOSSIER

DES SANCTIONS :

CONTRE QUI ET POURQUOI ?

‱ L’ironie d'une diplomatie internationale ambiguĂ«

‱ IsraĂ«l Gantz : « Les sanctions touchent la souverainetĂ© de l'État d'IsraĂ«l »

‱ Le point de vue du dĂ©putĂ© du Likoud Dan Illouz

‱ Shmulik Fine : « Nos actions ont pour seul objectif de favoriser l'implantation dans le Grand IsraĂ«l »

sommaire n° 1014

22 SOCIÉTÉ

« La Pépite » : une communauté créative

24 ÉCONOMIE

L'aide militaire américaine à Israël affiche un niveau record

26 SÉCURITÉ-DÉFENSE

Ils sont israéliens et ils ont trahi leur pays

33 SANTÉ

Docteur Ruth Feldman : « Les liens familiaux sont un bouclier émotionnel »

38 GRAND ANGLE

Nir Barkat va-t-il vraiment ouvrir les portes de la concurrence économique ?

44 LE KLING DU MOIS

Avraham et ses cinquante petites filles

AUSSI... Judaïsme (46–50), Recette (51), Jeux (50-52), Immobilier (53)


UCARTES SUR TABLE

n an aprĂšs le drame, le peuple juif est retournĂ© dans la soucca, cette maison temporaire. Pour montrer sa confiance en Dieu et en ses soldats qui, entre autres, font tout pour ramener les habitants du Nord dans leurs maisons. Le conte des « Trois petits cochons » poursuivis par le grand mĂ©chant loup nous revient Ă  l'esprit. Nous sommes sortis de Souccot, la fĂȘte des maisons en paille, durant laquelle nous construisons des souccot, des cabanes, pour nous souvenir de la protection divine dans le dĂ©sert aprĂšs la sortie d'Égypte. Et nous courons aux abris, des maisons en briques, lorsque les sirĂšnes retentissent. Quant au grand mĂ©chant loup, il nous court derriĂšre. Mais « qui craint le grand mĂ©chant loup ? C'est pas nous ! » Nous poursuivons son Ă©radication. AprĂšs Nasrallah, c'est maintenant Sinouar, comme l'avait Ă©tĂ© Eichmann, responsable de l'organisation de l'extermination de 6 millions de Juifs durant la shoah.

Eichmann avait Ă©tĂ© capturĂ© par le Mossad en Argentine en 1961, lors du treiziĂšme anniversaire de l'État juif qui cĂ©lĂ©brait sa bar-mitzva, sa majoritĂ© religieuse. Aujourd'hui, de nouveau, nous assumons notre majoritĂ© en continuant Ă  ĂȘtre responsables de nos actes, en prenant en main notre sĂ©curitĂ©. Eichmann a Ă©tĂ© le seul condamnĂ© Ă  mort par un tribunal de l'histoire d'IsraĂ«l. Depuis, d'autres sont condamnĂ©s Ă  mort par le peuple juif et sont Ă©liminĂ©s tous les jours par l'armĂ©e des Juifs. Le corps d’Eichmann avait Ă©tĂ© brĂ»lĂ© et ses cendres Ă©parpillĂ©es dans les eaux extraterritoriales de l'État, en dehors de la Terre d'IsraĂ«l, cette terre qui refleurit une nouvelle fois.

Incroyable résilience. Pour le croire, il faut aller à Sdérot, cette ville de 35 000 habitants frontaliÚre de la

bande de Gaza, attaquĂ©e le 7 octobre. 90 % ont quittĂ© la ville lorsque la guerre a Ă©clatĂ©. Puis ils sont revenus, plus forts, plus nombreux. De nouveaux habitants ont dĂ©cidĂ© d'y vivre pour renforcer cette localitĂ© pendant la guerre. Y vit Ă©galement une grande communautĂ© d’olim, essentiellement d'ex-URSS, qui donne l'exemple et rĂ©alise le mĂȘme travail que les pionniers qui ont bĂąti de leurs mains l'État d'IsraĂ«l il y a 76 ans. RĂ©sultat ? 105 % de prĂ©sence par rapport Ă  l'avant-guerre – 5 % de plus !

Nous sommes en train de vivre un nouveau dĂ©part de l'histoire moderne du sionisme. Nouvelle mentalitĂ©, nouvelle conception, nouveaux pionniers, nouvelle relation avec nos frĂšres et sƓurs qui ne pensent pas comme nous. Pour un nouvel avenir. À nous d'y participer activement. En masse. n

De nouveaux immigrants en provenance de France arrivent sur un « vol d'Alya » spécial à l'aéroport Ben Gourion le 1er août 2024. © Flash90

Yossi Taieb : « Mon cheval de bataille, c’est l’Alya »

Le dĂ©putĂ© Yossi Taieb nous reçoit dans son bureau Ă  la Knesset, quelques minutes aprĂšs une rĂ©union de la commission Éducation, Culture et Sports qu’il prĂ©side. Ses rendez-vous s’enchaĂźnent mais il sait prendre le temps et donner Ă  son interlocuteur le sentiment qu’il est unique. Souriant et cordial, il rĂ©pond Ă  nos questions, heureux de s’adresser Ă  cette communautĂ© francophone d’IsraĂ«l qu’il affectionne tant.

AJ MAG : Vous Ă©tiez un enfant rĂȘveur ou qui aimait plutĂŽt rĂ©ussir ce qu’il entreprenait ?

Yossi Taieb : RĂȘver ne suffit pas, il faut passer aux actes.

Racontez-nous le parcours de ce jeune garçon de Sarcelles qui prĂ©side aujourd’hui l'une des plus importantes commissions Ă  la Knesset J’ai grandi dans une famille traditionnaliste mais trĂšs sioniste. J’ai Ă©tudiĂ© dans les Ă©coles publiques, puis Ă  Ozar HaTorah, et plus tard Ă  la yechiva du Raincy. J’avais 16 ans quand en 1996 mes parents ont dĂ©cidĂ© de faire leur Alya avec cinq enfants. Mon pĂšre avait fait son service militaire en IsraĂ«l et il a toujours rĂȘvĂ© de revenir y vivre. Nous passions toutes nos vacances en IsraĂ«l.

Comment avez-vous vécu ce changement ?

Je dis toujours que les enfants d’olim sont soumis Ă  la dĂ©cision de leurs parents. À un certain Ăąge, c’est vĂ©ritablement un dĂ©fi Ă  relever. Je suis d’ailleurs reparti en France pour terminer mes Ă©tudes secondaires

puis un cursus auprĂšs d’une Ă©cole du rav MordekhaĂŻ Eliyahou qui comportait une chli'hout Ă  l’école de Toulouse dirigĂ©e par le rav MonsonĂ©go, oĂč je suis arrivĂ© avec ma femme et trois enfants.

Toulouse : une Ă©tape clĂ© dans votre attachement Ă  cette communautĂ© francophone
 Effectivement. J’ai enseignĂ© aux Ă©lĂšves de premiĂšre et de terminale. Nous sommes rentrĂ©s en IsraĂ«l une annĂ©e avant le terrible attentat de 2012. C’est Jonathan Sandler qui m’a remplacĂ©. Je me tenais chaque matin lĂ  oĂč il a Ă©tĂ© assassinĂ©. Ma fille Ă©tait dans la mĂȘme classe que la petite Myriam MonsonĂ©go.

Aprùs l’enseignement, vous passez à la philanthropie


Au sein de la Fondation Wolfson, en effet. Cette organisation caritative s’efforce de soutenir l'excellence, notamment dans les domaines de la science et de la mĂ©decine, de la santĂ© et de l'Ă©ducation. En partenariat avec l’association AMI, j’ai créé un mouvement de jeunesse pour les francophones : Yahdav. L’objectif Ă©tait d’offrir un encadrement aux jeunes et Ă  leurs familles confrontĂ©s aux dĂ©fis de l’Alya. Cela a Ă©tĂ© une incroyable expĂ©rience. Dix ans plus tard, j’ai Ă©tĂ© approchĂ© par le mouvement Shas qui cherchait un reprĂ©sentant Ă  la MunicipalitĂ© de Kiryat-YĂ©arim. AprĂšs avoir menĂ© une campagne, je suis devenu adjoint au maire, tout en poursuivant mes activitĂ©s au sein de la Fondation Wolfson. En 2018, le Shas m’a proposĂ© de devenir le reprĂ©sentant francophone de la liste francophone nationale Ă  la vingtiĂšme place. Plusieurs Ă©lections

ont suivi et finalement les derniĂšres m’ont permis de devenir dĂ©putĂ© et prĂ©sident de la commission de l’Éducation.

On a l’impression que vous avez toujours Ă©tĂ© Ă  ce poste. Comment faites-vous pour vous adapter Ă  des fonctions aussi diffĂ©rentes Ă  chaque fois ?

Le judaĂŻsme francophone nous donne les clĂ©s pour nous adapter et vite comprendre les rĂšgles du jeu. Je suis ami, ici, avec 99 % des dĂ©putĂ©s. L’éducation que nous avons reçue nous prĂ©dispose Ă  une ouverture d’esprit, Ă  une Ă©coute, Ă  un respect de l’autre qui nous permettent de franchir de nombreux obstacles. Je n’ai jamais rĂȘvĂ© de faire carriĂšre en politique, mais j’ai toujours rĂȘvĂ© de trouver des solutions Ă  des problĂšmes de sociĂ©tĂ© grĂące aux outils qui s’offriraient Ă  moi. C’est mon fil rouge : parvenir Ă  mener des projets grĂące Ă  la philanthropie, Ă  la politique actuellement, ou Ă  travers autre chose qui se prĂ©sentera peut-ĂȘtre Ă  moi demain.

Justement, considérez-vous que la politique est un outil efficace ?

Le monde politique a une force phĂ©nomĂ©nale dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Quand on parle d’Alya, je ne connais pas un seul dĂ©putĂ© qui n’y est pas favorable. Mais la question est de savoir comment on met en place des projets, comment on apporte des budgets Ă  ces projets, comment on rĂšgle les obstacles qui freinent l’Alya. C’est un travail de fourmi Ă  rĂ©aliser. Ce n’est pas toujours la prioritĂ© d’un dĂ©putĂ©, mais c’est la mienne. Mon cheval de bataille, c’est l’Alya. lll

Le dĂ©putĂ© Yossi Taieb lors d'une rĂ©union de la commission Éducation, Culture et Sports Ă  la Knesset
© DR

INTERVIEW

lll Pourquoi ?

D’abord parce que je suis moi-mĂȘme olĂ©. Ensuite, je suis convaincu que la rĂ©ussite d’IsraĂ«l va dĂ©pendre de l’Alya Enfin, presque la moitiĂ© du peuple juif vit encore en Diaspora. Pour eux, IsraĂ«l doit rester une sorte d’assurance et je m’efforce d’ĂȘtre constamment en contact avec ces communautĂ©s pour demeurer Ă  l'Ă©coute.

Comment votre combat est-il perçu à la Knesset ?

Il est entendu et mĂȘme admirĂ©. Chaque dĂ©putĂ© a ses prioritĂ©s et il y en a beaucoup en IsraĂ«l ! Malheureusement, peu de dĂ©putĂ©s se sont fixĂ© comme prioritĂ© l’Alya francophone, contrairement Ă  l’Alya russophone ou anglophone qui mobilisent davantage – en fait je suis le seul.

Quel est votre principal défi pour convaincre les ministÚres de soutenir vos propositions et vos projets ?

Les chiffres ! Je dois rĂ©ussir Ă  convaincre que l’Alya francophone est certes minime en termes de quantitĂ©, mais immense dans ce qu’elle peut apporter au pays. L’Alya francophone est cultivĂ©e, Ă©duquĂ©e, sioniste et professionnalisĂ©e.

Justement, vous avez beaucoup ƓuvrĂ© en faveur de la reconnaissance des diplĂŽmes, ceux des podologues notamment.

Le projet de loi pour la reconnaissance des diplĂŽmes des podologues existe depuis vingt ans ! À chaque fois, la loi est travaillĂ©e et rejetĂ©e par les gouvernements qui se succĂšdent. Depuis mon premier jour Ă  la Knesset, nous avons mis cette loi Ă  l’ordre du jour. Le ministĂšre de la SantĂ© faisait obstacle en arguant du fait qu’aucun diplĂŽme non acadĂ©mique ne pouvait ĂȘtre reconnu. Nous avons effectuĂ© un travail de fond, en partenariat avec Qualita et Kohelet. Tout s’est dĂ©bloquĂ© lorsque, Ă  la tĂȘte

Le député Yossi Taieb visite un kibboutz à la frontiÚre de la bande de Gaza afin d'évaluer l'ampleur de la catastrophe des massacres du 7 octobre 2023. © DR

INTERVIEW

de la commission de la SantĂ©, le dĂ©putĂ© Shas Yoni Mashriki, sous ma forte insistance, a pris les choses en main, avec la bĂ©nĂ©diction du ministre Shas de la SantĂ©, Ouriel Bousso. C’est une petite victoire qui a nĂ©cessitĂ© des centaines d’heures de travail pour venir Ă  bout des lobbyistes qui craignent la concurrence. Il faut bien comprendre que ce type de processus met en action des forces de tout genre au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, en parallĂšle Ă  la difficultĂ© inhĂ©rente Ă  la dynamique parlementaire et gouvernementale. Pour moi, ce n’est que le dĂ©but d’un long travail.

Quels sont vos « chantiers » en cours ? Augmenter les aides consacrĂ©es Ă  l’emploi afin d’accroĂźtre le nombre d’actifs parmi les olim . J’Ɠuvre pour faire passer tout ce qui concerne l’emploi des olim du ministĂšre de l’IntĂ©gration au ministĂšre du Travail qui est dirigĂ© par un ministre de mon parti. J’entretiens d’excellents rapports avec le ministre de l’IntĂ©gration mais je considĂšre que lorsqu’on parle d’emploi, cela doit relever du ministĂšre spĂ©cialisĂ© sur ce sujet, qui est plus Ă  mĂȘme d’apporter des rĂ©ponses. Autre « chantier » important Ă  mes yeux : l’obtention de la reconnaissance des diplĂŽmes pour les psychologues, les infirmiĂšres, les kinĂ©sithĂ©rapeutes, les audioprothĂ©sistes et les Ă©lectriciens. Si nous pouvions faire reconnaĂźtre ces diplĂŽmes, ce sont, j’en suis persuadĂ©, des milliers de francophones qui pourraient enfin faire leur Alya . On ne peut malheureusement pas faire voter une loi globale qui reconnaĂźtrait d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale les diplĂŽmes europĂ©ens, car alors que diraient les AmĂ©ricains, les Russes ou encore les Arabes israĂ©liens qui vont Ă©tudier Ă  l’étranger et reviennent en IsraĂ«l avec un diplĂŽme en poche ? Il y a toujours une vision « macro », qui ne s’accorde pas forcĂ©ment avec les intĂ©rĂȘts particuliers. Mon rĂŽle consiste Ă  faire se rencontrer des intĂ©rĂȘts qui semblent inconciliables.

Comment, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, peut-on aider Ă  faire avancer les choses ? En parler ! Partout sur les mĂ©dias et le plus possible, pour aider Ă  une vraie prise de conscience de l’importance de ces projets. Le sujet doit ĂȘtre sur la table, il doit faire partie de la dynamique politique, gĂ©opolitique et sociĂ©tale. Quand on Ă©voque la reconnaissance des diplĂŽmes, il faut comprendre que chaque ministĂšre est impliquĂ© : les ministĂšres de la SantĂ©, du Travail, de l’IntĂ©gration, de l’Éducation, et il est donc nĂ©cessaire de mobiliser Ă  une trĂšs large Ă©chelle.

Est-ce que la guerre a changĂ© la façon dont le gouvernement considĂšre les urgences ? Je pense par exemple Ă  l’urgence de reconnaĂźtre les diplĂŽmes des infirmiers ou des psychologues français alors que nous en avons tant besoin en ce moment


Mon entrée en politique

n’est pas un but mais un moyen
de résoudre des dossiers.

Malheureusement non. Le monde politique s’est repliĂ© sur les urgences nationales, en perdant de vue des sujets qui pourraient Ă  long terme rĂ©soudre de nombreux problĂšmes. C’est d’ailleurs un sujet en soi : l’impossibilitĂ© pour l’échiquier politique de penser sur le long terme. Pour moi, c’est trĂšs difficile. J’essaie de naviguer avec cette vision face Ă  une majoritĂ© qui est obsĂ©dĂ©e par les solutions Ă  court terme mĂȘme si elles sont parfois Ă  l’origine de profonds problĂšmes.

Impossible de ne pas penser à cette vision qui a malheureusement montré ses limites dans le domaine sécuritaire le 7 octobre


En effet.

INTERVIEW

lll Vous avez consacrĂ© beaucoup d’énergie au soutien scolaire apportĂ© aux jeunes francophones par le projet Mehoubarim que vous avez sauvĂ© jusqu’à nouvel ordre.

Effectivement, lĂ  encore il y avait un manque de rĂ©flexion Ă  long terme qui a menĂ© Ă  la fermeture, par manque de budget, de ce projet soutenu par l’association Qualita, sans qu’on s’interroge sur la nĂ©cessitĂ© d’encadrer des milliers de jeunes francophones dans de nombreuses grandes villes du pays. Qualita m’a alertĂ© sur l’importance de le prĂ©server. J’ai Ă©tĂ© contraint de peser de tout mon poids pour empĂȘcher sa fermeture et surtout qu’il soit pĂ©rennisĂ© afin qu’il ne dĂ©pende pas de tel gouvernement ou de telle rĂ©serve budgĂ©taire. J’espĂšre que nous y parviendrons.

Quel impact la guerre a-t-elle eu sur votre travail ? Il faut ĂȘtre clair : 99 % des commissions et de notre travail tournent autour des problĂšmes gĂ©nĂ©rĂ©s par la guerre. J’essaie toujours d’intĂ©grer les sujets touchant Ă  l’Alya dans ces problĂ©matiques. Par exemple, l’aide psychologique que nous aurons Ă  apporter aux jeunes sur le long terme ne pourrait-elle pas ĂȘtre renforcĂ©e si l’on faisait venir davantage de psychologues francophones dont on aurait reconnu les diplĂŽmes ?

Vous ĂȘtes Ă©galement actif sur le plan international
 Je suis en effet le prĂ©sident du groupe d’amitiĂ© IsraĂ«lFrance et IsraĂ«l-Suisse. Avec la guerre, nous avons dĂ» mettre les bouchĂ©es doubles. En Suisse, nous avons rĂ©ussi Ă  faire avancer une loi qui a pour objectif de classer le Hamas comme un groupe terroriste au mĂȘme titre qu’Al-QaĂŻda. Cela n’avait encore jamais Ă©tĂ© fait. Ces Ă©changes parlementaires sont extrĂȘmement importants. Nous avons rĂ©ussi Ă  faire rĂ©duire l’aide de la Suisse Ă  l’UNRWA de 20 millions de francs suisses Ă  10 millions. Cela fait huit mois que nous travaillons sur ces dossiers. En France, nous entretenons d’excellentes relations avec les dĂ©putĂ©s, ce qui nous permet de faire passer des messages et des suggestions.

Shas semble ĂȘtre particuliĂšrement sensible aux problĂ©matiques liĂ©es Ă  l’Alya des Juifs de France. Pourquoi ?

AriĂ© Derhy rĂ©pĂšte souvent qu’il considĂšre les Juifs sĂ©farades comme les cousins symboliques de ces Juifs qui ont immigrĂ© depuis le Maghreb au moment de la crĂ©ation d’IsraĂ«l. Et Shas estime qu’il est de son devoir de les aider Ă  faire leur Alya mais aussi Ă  s’intĂ©grer. C’est une suite logique.

Avec les portefeuilles des Affaires sociales, du Travail, de l’Agriculture, des Religions, de la SantĂ©, sans oublier une trĂšs importante prĂ©sence sur le plan municipal, Shas est le parti le plus Ă  mĂȘme de faire avancer les questions de l’Alya. Le portefeuille de l’IntĂ©gration est le dernier levier qui pourrait vĂ©ritablement changer la donne.

C’est votre prochain poste ?

Mon entrĂ©e en politique n’est pas un but mais un moyen de rĂ©soudre des dossiers. Alors pourquoi pas ? n

Propos recueillis par Caroll Azoulay

Séance de travail pour les jeunes participants francophones du projet Mehoubarim

Des sanctions : contre qui et pourquoi ?

Un dossier réalisé par Nathalie Sosna-Ofir

L’ironie d'une diplomatie internationale ambiguĂ«

Alors qu’IsraĂ«l lutte pour sa souverainetĂ©, violĂ©e le 7 octobre, et pour Ă©radiquer du monde libre le terrorisme djihadiste, plusieurs de ses alliĂ©s et des entitĂ©s internationales ont choisi d’imposer des sanctions contre des rĂ©sidents des implantations juives en JudĂ©e-Samarie et des organisations engagĂ©es dans la dĂ©fense de la Terre d’IsraĂ«l, sous prĂ©texte d’une violence accrue Ă  l’encontre des Palestiniens.

Le 1er février dernier, le président américain

Joe Biden a signĂ© un dĂ©cret – Executive Order n° 14115 – (voir reproduction ci-contre et la signature du prĂ©sident amĂ©ricain en mĂ©daillon) qui autorise l’imposition de sanctions contre des individus et des organisations impliquĂ©s dans des incidents violents contre des Palestiniens en JudĂ©e-Samarie. Ce dĂ©cret repose officiellement sur des rapports d'organisations de dĂ©fense des droits de l'homme qui rĂ©vĂšlent une violence accrue contre les Palestiniens aprĂšs le 7 octobre et la saisie de leurs biens. Cette assertion est rĂ©futĂ©e par les autoritĂ©s israĂ©liennes et les chefs des conseils rĂ©gionaux de JudĂ©e-Samarie, et contredite par les chiffres corrigĂ©s du dernier rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires – l’OCHA. Des incidents violents entre Juifs et Palestiniens se produisent indĂ©niablement en JudĂ©e-Samarie.

Manifestation de membres de l'organisation Tzav 9 au point de passage de Kerem Shalom, visant Ă  empĂȘcher l'entrĂ©e de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza © Flash90

MĂȘme le Premier ministre Benyamin Netanyahou les a dĂ©noncĂ©s, les accusant de causer de grands dommages Ă  l'État d'IsraĂ«l. Cependant, il a tenu Ă  rappeler que ces actes n’étaient le fait que d’une poignĂ©e d'extrĂ©mistes non reprĂ©sentatifs de la majoritĂ© des habitants de JudĂ©e-Samarie. « La quasi-totalitĂ© des 500 000 Juifs de JudĂ©e-Samarie sont des gens respectueux des lois, qui contribuent beaucoup au pays. Il est regrettable qu’une infime minoritĂ© dĂ©cide de faire justice elle-mĂȘme. » IsraĂ«l Katz, le ministre israĂ©lien des Affaires Ă©trangĂšres, a quant Ă  lui dĂ©clarĂ© qu’il n’existait pas de preuves significatives d’une quelconque hausse de la violence de la part des habitants des implantations contre les Palestiniens, et qualifiĂ© ces accusations d’infondĂ©es. Ce dĂ©cret prĂ©sidentiel amĂ©ricain – plutĂŽt incohĂ©rent dans ce contexte de hautes tensions et de plusieurs attentats perpĂ©trĂ©s par des Palestiniens de JudĂ©eSamarie contre des IsraĂ©liens –pourrait ne pas ĂȘtre motivĂ©

seulement par des considĂ©rations humanitaires, mais aussi par des raisons politiques, afin de satisfaire l’importante communautĂ© musulmane amĂ©ricaine qui voit d’un trĂšs mauvais Ɠil le soutien inconditionnel de Washington Ă  IsraĂ«l, en gĂ©nĂ©ral et surtout depuis le dĂ©but de la guerre Ă  Gaza.

Les sanctions n’émanent pas que des États-Unis. Le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle-ZĂ©lande, la France et l'Union EuropĂ©enne leur ont emboĂźtĂ© le pas, et elles visent plusieurs dizaines d’habitants des implantations et quelques entitĂ©s, dont Tzav 9 – un groupe liĂ© Ă  des rĂ©servistes de l'armĂ©e israĂ©lienne et Ă  des rĂ©sidents israĂ©liens de JudĂ©eSamarie accusĂ©s de blocages des convois d'aide humanitaire en route pour Gaza et de dommages sur ces convois –, Amana – mouvement israĂ©lien dont l’objectif initial est de dĂ©velopper des communautĂ©s en JudĂ©e-Samarie, sur les hauteurs du Golan, en GalilĂ©e, dans le NĂ©guev et le Gouch Katif –, « Les Jeunes des Collines » – un groupe de jeunes

IsraĂ©liens ultranationalistes qui vivent en JudĂ©e-Samarie et dont l'objectif est d'Ă©tendre la prĂ©sence juive dans cette rĂ©gion par la construction de nouveaux avantpostes –, Lehava, « la ferme de MochĂ© » – un avant-poste illĂ©gal connu sous le nom d'avant-poste de la vallĂ©e de Tirza, Ă©tabli en janvier 2021 dans le nord de la vallĂ©e du Jourdain –, « la ferme de Tzvi » – un avant-poste illĂ©gal prĂšs de la localitĂ© de 'Halamish –, et Regavim, une ONG israĂ©lienne pro-implantations. Le directeur de Regavim, MeĂŻr Deutsch, a qualifiĂ© ces sanctions de « nouvel antisĂ©mitisme » et accusĂ© la communautĂ© internationale de soutenir des politiques antiisraĂ©liennes. D’ailleurs, Regavim et d’autres groupes de dĂ©fense de la Terre d’IsraĂ«l ont lancĂ© une action en justice au Texas contre l’administration amĂ©ricaine par l'intermĂ©diaire de l'avocat Mark Zell, afin de contester un dĂ©cret prĂ©sidentiel qui viole la Constitution Ă©tats-unienne en restreignant la libertĂ© d'expression et la souverainetĂ© d'IsraĂ«l. lll

lll Les sanctions prĂ©voient, entre autres, le gel des avoirs, l’interdiction de transactions avec les personnes ou entitĂ©s ciblĂ©es, un blocage de fonds et l’interdiction d’entrĂ©e ou de transit des individus visĂ©s sur les territoires des pays imposant les sanctions. Chaque pays ou organisation internationale a sa propre autoritĂ© pour l’imposition et l’application de ces sanctions. Le professeur Amichai Cohen, chercheur Ă  l’Institut israĂ©lien de la dĂ©mocratie et expert en droit pĂ©nal international, nous explique que « la transparence des procĂ©dures est souvent limitĂ©e et que les sanctions imposĂ©es Ă  des citoyens Ă©trangers reposent parfois sur des informations confidentielles auxquelles les individus concernĂ©s n’ont qu’un accĂšs partiel ou sous forme de rĂ©sumĂ© ». D’ailleurs, le ministre IsraĂ«l Katz s’était vivement indignĂ© de cette opacitĂ© lors d'une rencontre avec des dirigeants locaux de JudĂ©e-Samarie Ă  laquelle avaient Ă©tĂ© conviĂ©s – en vain – les ambassadeurs des États-Unis, du Japon, d'Australie et de l'Union EuropĂ©enne – pays ayant imposĂ© des sanctions –, avant de plaider pour l’annulation des sanctions « discriminatoires » – ce qui pourrait ĂȘtre le cas pour les sanctions amĂ©ricaines en cas de victoire de Donald Trump aux prĂ©sidentielles.

La Knesset, devant le manque de réaction du Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a finalement rencontré les responsables de Judée-Samarie, a récemment proposé une législation obligeant les banques israéliennes à ignorer ces sanctions et à ne pas bloquer les comptes des individus sanctionnés. Si elle était adoptée, elle pourrait entraßner une déconnexion d'Israël du

DOSSIER

systĂšme de paiement mondial, ce qui mettrait en pĂ©ril la stabilitĂ© Ă©conomique et les relations diplomatiques de l’État hĂ©breu avec ses partenaires internationaux. En rĂ©ponse aux sanctions, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avait menacĂ© de ne pas prolonger la dĂ©rogation permettant aux banques israĂ©liennes de coopĂ©rer avec les banques palestiniennes en Cisjordanie en dĂ©pit des sanctions imposĂ©es Ă  l'AutoritĂ© palestinienne Ă  la suite de ses actions contre IsraĂ«l

Ce dĂ©cret prĂ©sidentiel amĂ©ricain pourrait ĂȘtre motivĂ© par des considĂ©rations politiques, afin de satisfaire l’importante communautĂ© musulmane amĂ©ricaine.

punis pour des actes de violence Ă  l’encontre de Palestiniens. Elles dĂ©montrent aussi une dĂ©fiance Ă  l’égard de son systĂšme judiciaire, comme l'illustre la dĂ©cision des États-Unis d’interdire l’entrĂ©e sur son territoire Ă  Elor Azaria ainsi qu’à sa famille, en raison de « son implication dans des violations des droits de l'homme en JudĂ©eSamarie », et ce, bien qu'il ait Ă©tĂ© jugĂ© et puni pour ses actes il y a huit ans.

dans les instances internationales. AprÚs une mise à jour du ministÚre américain des Finances autorisant l'utilisation des comptes bancaires des résidents des implantations pour leurs besoins de base, Smotrich a finalement signé la dérogation, mais seulement pour trois mois au lieu d'un an. Cette coopération bancaire est essentielle pour l'économie palestinienne, qui repose fortement sur les transactions en shekels.

Les sanctions imposées reflÚtent en fait la méfiance envers la volonté et la capacité d'Israël de faire respecter la loi en Judée-Samarie, alors que par le passé, rappelons-le, des Israéliens ont été poursuivis et

IsraĂ«l ne peut empĂȘcher l’imposition de sanctions, des lois diffĂ©rentes selon les pays autorisent le prĂ©sident ou le Premier ministre Ă  le faire Ă  leur discrĂ©tion. Mais pour en Ă©viter de nouvelles, potentiellement plus graves, il conviendrait, estime le professeur Amichai Cohen, de renforcer la confiance des pays occidentaux dans la capacitĂ© du gouvernement israĂ©lien Ă  faire respecter la loi en JudĂ©e-Samarie – la Maison-Blanche, par exemple, se mĂ©fie d’Itamar Ben-Gvir, ministre de la SĂ©curitĂ© nationale –, et d’imposer des sanctions internes aux habitants des implantations qui la violeraient et commettraient des agressions contre les Palestiniens, car ces incidents existent bel et bien. IndĂ©pendamment de ces considĂ©rations, les sanctions internationales sont pour le moins inappropriĂ©es, notamment venant de pays alliĂ©s, car elles remettent en question la dĂ©mocratie et la souverainetĂ© d'IsraĂ«l Ă  un moment oĂč le pays a besoin d’un soutien accru pour tenter de ramener les otages – parmi lesquels des Français et des AmĂ©ricains –, vaincre le Hamas, et se dĂ©fendre contre les menaces de l’Iran et de ses proxys, le Hezbollah et les Houthis – et alors que toute une nation s’accroche Ă  la vie depuis le massacre du 7 octobre. n

Israël Gantz :

Pour AJ MAG, le chef du Conseil de Yesha et du Conseil régional de Mateh Binyamin réagit aux sanctions imposées à des habitants des implantations et à des organisations dédiées à la protection des terres et des ressources nationales d'Israël.

Les

sanctions touchent la souverainetĂ© de l'État d'IsraĂ«l

AJ MAG : Comment rĂ©agissez-vous Ă  ces sanctions ? IsraĂ«l Gantz : L'administration amĂ©ricaine et l'Union EuropĂ©enne semblent avoir succombĂ© Ă  la propagande trompeuse des organisations d'extrĂȘme gauche propalestiniennes et pro-Hamas. Il n'existe pas de phĂ©nomĂšne de violence Ă©manant des habitants des implantations. En revanche, il y a un phĂ©nomĂšne tragique de meurtres de Juifs perpĂ©trĂ©s par des Arabes affiliĂ©s au Hamas et Ă  l'AutoritĂ© Palestinienne. Ce sont nous qui sommes contraints de nous cacher derriĂšre des clĂŽtures et dans des vĂ©hicules blindĂ©s, et non les Palestiniens.

En imposant des sanctions contre les implantations juives, ces pays, y compris l'administration amĂ©ricaine, rĂ©alisent la vision des terroristes du Hamas et leur accordent une rĂ©compense pour le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah. Une telle politique ne fait qu'encourager les Palestiniens Ă  poursuivre leurs plans pour un prochain massacre, cette fois en JudĂ©e-Samarie et dans le centre du pays. Le soutien qu'ils reçoivent aujourd'hui les conforte dans leur dĂ©marche, les aidant Ă  promouvoir l'idĂ©e de vider le cƓur d'IsraĂ«l de ses habitants juifs pour y Ă©tablir un État palestinien. Tel est le vĂ©ritable objectif de ces sanctions : nous Ă©loigner de ces terres pour permettre aux Palestiniens d'Ă©tablir un État terroriste.

DOSSIER

lll Quelle est votre rĂ©ponse aux accusations selon lesquelles la violence contre les Palestiniens en JudĂ©e-Samarie a augmentĂ© depuis le 7 octobre ? Ces accusations sont infondĂ©es et ne reflĂštent pas la rĂ©alitĂ© sur le terrain. La police israĂ©lienne a rĂ©cemment prĂ©sentĂ© des donnĂ©es officielles devant une commission de la Knesset, indiquant une nette diminution de tels incidents. La grande majoritĂ© des hommes en JudĂ©eSamarie ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour combattre sur les fronts nord et sud. Pendant ce temps, ce sont nos concitoyens qui continuent de perdre la vie ici ; je me rends d'un enterrement Ă  un autre – hier encore, un Juif a Ă©tĂ© tuĂ© par des terroristes, simplement parce qu'il Ă©tait juif. Les incidents visĂ©s par les accusations sont de petites bagarres qui se rĂ©sument gĂ©nĂ©ralement Ă  des dommages matĂ©riels, telles qu’il s’en produit quotidiennement dans n'importe quelle rue moyenne de New York.

Comment les sanctions affectent-elles concrÚtement les habitants de Judée-Samarie ?

Tout d'abord, il est essentiel de reconnaĂźtre que ces sanctions touchent la souverainetĂ© de l'État d'IsraĂ«l en intervenant dans ses affaires intĂ©rieures, notamment dans un contexte de conflit. Imposer des sanctions sans procĂšs ni jugement constitue une forme d'ingĂ©rence qui peut ĂȘtre perçue comme une atteinte aux droits civils et aux droits de l'homme. Sur le plan concret, les sanctions provoquent des difficultĂ©s significatives : des familles ont du mal Ă  subvenir aux besoins de leurs enfants, des personnes se retrouvent en situation de dĂ©tresse. Non seulement cette situation exacerbe le sentiment d'injustice au sein de la population, mais elle peut Ă©galement engendrer des tensions et pousser les individus Ă  leurs limites.

Les symboles d'IsraĂ«l, la Maguen David et le drapeau, Ă©rigĂ©s dans la communautĂ© d'Evyatar, nouvellement autorisĂ©e par le gouvernement. Pour IsraĂ«l Gantz, « la seule solution pour l'État d'IsraĂ«l afin de prĂ©venir sa destruction et d'Ă©viter un prochain massacre est de renforcer les implantations en JudĂ©e-Samarie ».

DOSSIER

Quelles mesures avez-vous l'intention de prendre ou avez-vous déjà prises ?

Je coordonne le travail des chefs des autoritĂ©s de JudĂ©eSamarie sur ce sujet, et nous n'avons pas l'intention de faire des concessions au gouvernement ni au Premier ministre. MalgrĂ© la situation de guerre dans laquelle se trouve IsraĂ«l, nous exigeons des mesures claires et des solutions concrĂštes. RĂ©cemment, lors de mon voyage aux États-Unis, j'ai rencontrĂ© des membres du CongrĂšs et du SĂ©nat pour leur faire savoir que l'Histoire jugera ceux qui, confortablement installĂ©s dans des bureaux climatisĂ©s, acceptent sans rĂ©serve la propagande palestinienne et s'en prennent Ă  l'État d'IsraĂ«l alors qu'il lutte pour sa survie.

Quelle réponse attendez-vous du gouvernement israélien face aux sanctions internationales ?

En tant que chef du Conseil rĂ©gional de Binyamin et prĂ©sident du Conseil de Yesha, j’ai rĂ©cemment rencontrĂ© Benyamin Netanyahou pour lui demander de prendre des mesures contre ces injustices. Le Premier ministre a soulignĂ© que ce problĂšme ne concerne pas uniquement les habitants des implantations ou de la JudĂ©e-Samarie, mais l’ensemble de l'État d'IsraĂ«l, et il a exprimĂ© une grande gravitĂ© face Ă  ces sanctions. J’ai demandĂ© l’adoption d’une sĂ©rie de mesures, dont certaines nĂ©cessitent une lĂ©gislation, d'autres des dĂ©cisions gouvernementales, et d’autres encore des actions administratives pour contrer cette vague malveillante. Il est crucial que les pays et les entitĂ©s qui s’attaquent ainsi Ă  la souverainetĂ© de l'État d'IsraĂ«l paient un prix lourd.

Certains affirment que l'extension des implantations ou la décision de construire de nouvelles unités de logement pendant la guerre à Gaza ont exacerbé les tensions. Quelle est votre position sur la poursuite de l'extension des implantations dans la situation actuelle ?

La seule solution pour l'État d'IsraĂ«l afin de prĂ©venir sa destruction et d'Ă©viter un prochain massacre est de renforcer les implantations en JudĂ©e-Samarie. J’appelle les pays qui nous ont poussĂ©s Ă  quitter le Gouch Katif – ce qui a conduit Ă  un massacre sans prĂ©cĂ©dent – Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  leur erreur, avant de demander Ă  rĂ©pĂ©ter cette mĂȘme erreur, cette fois Ă  un mĂštre de Tel Aviv et de JĂ©rusalem. Il est important de comprendre oĂč se situe le problĂšme.

Ceux qui veulent voir l'axe du mal se développer chez eux, à Londres, Paris ou New York, peuvent continuer à soutenir et renforcer cette menace. Les Américains n'auraient jamais accepté de discuter

de la souverainetĂ© d'Al-QaĂŻda Ă  Central Park. Alors pourquoi donc cela leur semble-t-il acceptable ici ? En IsraĂ«l, cette situation reprĂ©sente une menace existentielle pour l'État.

Comment pensez-vous que les sanctions actuelles et les rĂ©ponses israĂ©liennes affecteront Ă  long terme les relations diplomatiques entre IsraĂ«l et ses alliĂ©s traditionnels comme les États-Unis, le Canada et les pays europĂ©ens ? IsraĂ«l doit Ă©tablir une ligne rouge trĂšs claire. Les alliĂ©s qui veulent vĂ©ritablement lutter contre l'axe du mal ne devraient pas agir ainsi. L'État d'IsraĂ«l est en premiĂšre ligne dans la lutte contre le terrorisme islamique radical. Lorsqu'un pays choisit d'imposer des sanctions contre IsraĂ«l, il se range du cĂŽtĂ© de l'axe du mal mondial, contre la seule dĂ©mocratie au Moyen-Orient, une dĂ©mocratie qui repose sur la rĂ©silience des habitants de JudĂ©e-Samarie dont la prĂ©sence au cƓur d'IsraĂ«l est aujourd'hui reconnue comme essentielle pour empĂȘcher l'État d'IsraĂ«l d'ĂȘtre anĂ©anti par ses ennemis. n

MaĂźtre Dan Illouz

Député du Likoud, membre de la

Commission de la Défense et des

Affaires Ă©trangĂšres, et prĂ©sident du caucus dĂ©diĂ© aux accords d’Abraham

Les sanctions imposĂ©es aux rĂ©sidents des communautĂ©s juives en JudĂ©e-Samarie sont non seulement scandaleuses, mais relĂšvent Ă©galement d’une hypocrisie flagrante et d’une faiblesse face Ă  la barbarie du Hamas. Ces mesures tentent de crĂ©er une Ă©quivalence morale absurde entre, d’une part, des terroristes du Hamas, soutenus par la quasi-totalitĂ© de la population palestinienne, qui se livrent Ă  des actes inhumains tels que des meurtres et des viols, et d’autre part, des citoyens israĂ©liens qui, mĂȘme lorsqu’ils dĂ©passent les limites, sont systĂ©matiquement poursuivis par les autoritĂ©s israĂ©liennes.

Il est moralement rĂ©pugnant de comparer ces deux rĂ©alitĂ©s. IsraĂ«l est une dĂ©mocratie oĂč la loi est appliquĂ©e avec rigueur, et nous n’avons besoin d’aucune leçon ni de sanctions grotesques de la part de nations qui osent mettre sur un pied d’égalitĂ© nos citoyens avec des criminels de guerre. Au lieu de chercher Ă  Ă©tablir une fausse paritĂ© morale,

la communautĂ© internationale devrait condamner sans rĂ©serve le Hamas pour ses crimes abjects et soutenir IsraĂ«l jusqu’à la victoire totale contre ce flĂ©au terroriste. Toute tentative de pression contre IsraĂ«l ne fera qu’attiser notre dĂ©termination Ă  dĂ©fendre notre terre et notre peuple avec une force redoublĂ©e.

En outre, nous rejetons fermement toute tentative de dĂ©lĂ©gitimer les rĂ©sidents des communautĂ©s juives en JudĂ©e-Samarie. Ces citoyens vivent sur des terres qui font partie intĂ©grante du patrimoine historique et spirituel du peuple juif, des terres auxquelles nous avons un droit inaliĂ©nable. Les communautĂ©s en JudĂ©eSamarie sont lĂ©gitimes, et nous continuerons Ă  les soutenir et Ă  les dĂ©velopper, malgrĂ© les pressions internationales. Toute tentative de nous arracher ces terres Ă©chouera, car elles sont et resteront Ă  jamais une partie insĂ©parable de l’État d’IsraĂ«l.

DOSSIER

Shmulik Fine :

« Les Jeunes des Collines » font face Ă  des sanctions imposĂ©es par divers gouvernements, notamment ceux du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France. Le porte-parole de ce mouvement qui suscite d'importantes controverses partage sa perspective sur la maniĂšre dont ces sanctions les affectent et sa rĂ©ponse face Ă  cette pression qu'il juge despotique, discriminatoire et infondĂ©e.

AJ MAG : Pouvez-vous nous en dire plus sur le mouvement des « Jeunes des Collines » ?

Shmulik Fine : « Les Jeunes des Collines » est un mouvement idĂ©ologique qui existe depuis presque vingt ans. Il a commencĂ© Ă  vraiment prendre forme aprĂšs le retrait du Gouch Katif en 2005. Ce n’est pas une organisation formelle avec un leader ou une structure. C’est plutĂŽt un mouvement d’idĂ©es autour de la question des implantations Ă  travers tout le pays.

Comment avez-vous été avertis des sanctions imposées au mouvement ?

En fait, nous n'avons reçu aucune notification officielle – aucune lettre, aucun contact direct. C'est surtout par des informations dans les mĂ©dias que nous avons appris ces sanctions. Je n'ai jamais Ă©tĂ© approchĂ© officiellement par les autoritĂ©s, que ce soit en IsraĂ«l ou Ă  l'Ă©tranger.

Ces sanctions sont justifiées par des actes de violence contre les Palestiniens : que répondez-vous à cette accusation ?

Nos actions ont pour seul objectif de favoriser l'implantation dans

le Grand Israël

© Photos avec l'aimable autorisation de Shmulik Fine

Cette accusation ne repose sur aucun fondement. Nos actions ont pour objectif de favoriser le développement et l'implantation juive dans le territoire du Grand Israël. Bien qu'il y ait eu quelques incidents violents isolés, ils ne se reproduiront pas.

DOSSIER

lll Avez-vous pu vous opposer à cette décision et vous défendre ?

Ils ne nous ont pas donnĂ© la possibilitĂ© de nous dĂ©fendre ni de nous prĂ©parer juridiquement avant que ces sanctions soient mises en place. Les sanctions sont tombĂ©es sans prĂ©avis et ne prĂ©voient aucun recours. Cependant, nous savons que le gouvernement israĂ©lien, notamment Bezalel Smotrich, le dirigeant du Madfal, le parti du sionisme religieux, s’efforce d’aider ceux qui sont touchĂ©s par ces mesures – mais pour l’heure, encore rien de concret. Il y a eu des tentatives pour permettre Ă  certaines personnes de retirer de l’argent de leurs comptes gelĂ©s, mais les options demeurent limitĂ©es. Pour l’instant, il reste trĂšs difficile de contourner ces sanctions.

Le premier pays à avoir sanctionné « Les Jeunes des Collines » est la Grande-Bretagne : quelle a été votre réaction ?

Nous tenons à rappeler aux Britanniques que nous ne sommes plus en 1940 et que le pays n'est plus dirigé par Harold Alfred MacMichael, haut-commissaire de

la Palestine mandataire. S'ils pensent encore que la politique du Livre Blanc est toujours d'actualitĂ© dans notre pays, ils se trompent, car nous sommes revenus sur la terre de nos ancĂȘtres et sommes dĂ©terminĂ©s Ă  y rester.

En quoi ces décisions ont-elles impacté le mouvement des « Jeunes des Collines » ?

Ces sanctions sont absurdes. « Les Jeunes des Collines » ne constituent pas une organisation officielle, ce qui signifie qu'il n'y a ni compte bancaire ni structure formelle susceptibles d'ĂȘtre affectĂ©s par des sanctions financiĂšres. Cependant, des particuliers et des entrepreneurs visĂ©s personnellement par ces sanctions en subissent les consĂ©quences. Ils se retrouvent avec des comptes bancaires bloquĂ©s, ce qui les empĂȘche de retirer de l'argent et impacte directement leur vie quotidienne. De plus, certains d'entre eux se voient interdire l'entrĂ©e sur le territoire de certains pays, comme la France qui a imposĂ© des sanctions Ă  vingt personnes en leur interdisant d'y accĂ©der.

Shmulik Fine et son Ă©pouse Eliraz tenant un panneau sur lequel est Ă©crit : « L'occupation maintenant ». Pour Fine, il ne s'agit pas d'occuper mais de rĂ©cupĂ©rer la terre de nos ancĂȘtres. © Photo issue du compte Facebook de Shmulik Fine

DOSSIER

Comment rĂ©agissez-vous aux accusations d’implantations illĂ©gitimes en JudĂ©e-Samarie ?

Nous n'avons pris aucune terre Ă©trangĂšre et nous n'avons dominĂ© aucun peuple Ă©tranger. Nous sommes revenus sur la terre de nos ancĂȘtres qui, Ă  une certaine Ă©poque, a Ă©tĂ© injustement conquise par nos ennemis. Lorsque nous en avons eu l'opportunitĂ©, nous avons rĂ©cupĂ©rĂ© la terre de nos ancĂȘtres.

Quel est le message que vous souhaitez délivrer à ceux qui vous ont sanctionnés ?

Nous avons commencĂ© Ă  revenir sur notre terre bienaimĂ©e il y a plus de deux cents ans, avec, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, la montĂ©e des disciples du Baal Shem Tov et du Gaon de Vilna, puis, en 1881-1882, celle des Juifs du YĂ©men, connue sous le nom de « Aaleh beTamar », suivies de la premiĂšre, la deuxiĂšme, la troisiĂšme, la quatriĂšme et la cinquiĂšme vagues d’Alya, les immigrants clandestins et tout le processus du retour Ă  Sion dont l'objectif Ă©tait la formation d'un foyer national juif et l'autodĂ©termination du peuple juif sur la Terre d'IsraĂ«l. Comme les pionniers, nous ne reculerons pas, nous n'aurons pas peur et nous ne courberons pas l'Ă©chine devant les despotes britanniques, amĂ©ricains ou français, ni devant quiconque pense avoir le contrĂŽle sur notre pays. n

Entretien exclusif pour AJ MAG

SOCIÉTÉ

« La Pépite » : une communauté créative

Ils sont trois amis. Ils ont environ 35 ans et habitent Tel Aviv. Comme tous les Israéliens, ils sont tout sauf insouciants.

Le 7 octobre vient d’avoir lieu et ils ont perdu des amis et des proches, au festival Nova et Ă  la guerre Ă  Gaza. L’état de choc. Ils n’avaient pas le choix : c’était soit sombrer, soit se lancer dans un projet qui leur permettrait de semer des Ă©tincelles de vie autour d’eux, des pĂ©pites de vie. Ils ont alors rassemblĂ© leurs amis et les amis de leurs amis : la communautĂ© « La PĂ©pite » venait de naĂźtre.

Nous sommes au mois de novembre 2023. Les rues sont vides, les gens se barricadent chez eux, les missiles de Gaza et du Liban tombent rĂ©guliĂšrement sur tout le pays. Ils trouvent un hangar fermĂ©, abandonnĂ©, dans le quartier branchĂ© de Florentine. Adeptes de l’upcycling, du recyclage et de la consommation minimale, ils dĂ©cident de se lancer dans la vente de vĂȘtements vintage. JĂ©rĂ©my, Eli et Ilan ont trouvĂ© l’idĂ©e : racheter des lots de vĂȘtements en Europe, surtout des lots de marque en seconde main, et les vendre Ă  des prix trĂšs abordables. Manteaux, blousons, jeans, tee-shirts, chemises, vĂȘtements de sport et mĂȘme des cirĂ©s pour la pluie. L’originalitĂ© du lieu et l’atmosphĂšre conviviale attirent les gens du quartier qui passent et se posent sur l’un des canapĂ©s pour boire un cafĂ© et discuter. Beaucoup sont des survivants du

Photos

SOCIÉTÉ

du Liban, ou des artistes qui veulent se sentir un peu moins seuls et parler de leur travail. Certains stylistes ont proposĂ© de customiser les vĂȘtements : en apportant leur touche personnelle, ils redonnent une nouvelle vie aux jeans, aux blousons – c’est aujourd’hui devenu un phĂ©nomĂšne de mode. Les fondateurs de « La PĂ©pite » ont installĂ© un atelier de couture et invitĂ© ces jeunes crĂ©ateurs Ă  fabriquer leurs modĂšles sur place, oĂč ils sont ensuite vendus. Les influenceuses de Tel Aviv y ont trouvĂ© des « pĂ©pites » : des robes de soirĂ©e, des vestes de marque, de vrais jeans Levis
 Bouillonnants d’idĂ©es, JĂ©rĂ©my, Eli et Ilan ne se sont pas arrĂȘtĂ©s lĂ  ; ils invitent des musiciens qui se retrouvent un soir par semaine dans le hangar, devant un « open mic », un micro ouvert, pour chanter, mixer ou faire du stand-up. Toujours dans cet esprit communautaire, on pousse alors les stoyaks de vĂȘtements, et l’on installe les instruments et la sono pour donner naissance Ă  des concerts intimistes et faire connaĂźtre les musiciens du quartier. Difficile de ne pas s’attacher Ă  cette jeunesse qui passe des heures sur place Ă  discuter, partager, arrivant parfois Ă  mettre

entre parenthĂšses ce qu’ils ont vĂ©cu ces derniers mois. Ilan, Eli et JĂ©rĂ©my se battent chaque jour pour maintenir le cap de leur entreprise, car en pleine guerre, sans touristes, les rues sont souvent dĂ©sertĂ©es dans Tel Aviv. Ils sont si dynamiques qu’on vient souvent leurs proposer des idĂ©es, des collaborations. Un menuisier du quartier leur a prĂ©sentĂ© un fournisseur de plantes. Il leur a proposĂ© de crĂ©er un nouvel espace avec des meubles trouvĂ©s dans les puces de Yaffo et de belles plantes d’appartement. C’est ainsi que « La Machtela », la pĂ©piniĂšre de « La PĂ©pite », a ouvert ses portes Ă  la fin de l’étĂ©. Un crĂ©ateur de jardins et terrasses s’est ajoutĂ© Ă  l’équipe et propose ses services Ă  des prix dĂ©fiant toute concurrence. Tel Aviv est la ville des chiens, ils ne seront pas oubliĂ©s : sur un coin du parking, trois baignoires et douches pour chiens ont Ă©tĂ© installĂ©es. C’est tellement plus sympathique de venir y laver son toutou que de le faire chez soi ! Et c’est bien sĂ»r l’occasion de boire un cafĂ© et de rencontrer les gens du quartier, car depuis un an on rĂ©apprend Ă  vivre, on rĂ©siste, on bosse, on achĂšte, on rit, on aime, parce que la vie est plus forte que tout, parce qu’on n’a pas le choix. « La PĂ©pite » est devenue bien plus qu’un commerce de quartier, c’est un QG d’artistes et de crĂ©ateurs, un lieu de partage et de rencontres, un lieu de rĂ©silience. Pour nos trois compĂšres, c’est aussi le moyen de concilier leur mode de vie avec une activitĂ© entrepreneuriale, ce qui, en temps de guerre, constitue une vĂ©ritable gageure. Mais pour les IsraĂ©liens, on le sait, rien n’est impossible
 Alors, un beau jean Levis 501, ça vous tente ? n

Shy Nathanelle

La Pépite

22, rue Abarbanel – Florentine – Tel Aviv Site de vente en ligne : lapepite.co.il

L'aide militaire américaine à Israël affiche un niveau record

Les États-Unis ont accordĂ© Ă  l’État Juif une aide directe de 17 milliards de dollars depuis le 7 octobre 2023. Un soutien qui fait aussi progresser la sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine et dope son industrie de dĂ©fense.

L’élection du rĂ©publicain Donald Trump ou de la dĂ©mocrate Kamala Harris le 5 novembre aux États-Unis ne devrait pas modifier drastiquement la politique amĂ©ricaine au MoyenOrient. Elle n’aura en tout cas aucune rĂ©percussion sur le soutien militaire indĂ©fectible accordĂ© par Washington Ă  IsraĂ«l. Cet engagement historique, qui a rĂ©sistĂ© Ă  toutes les crises et tiraillements entre les dirigeants des deux pays, a atteint des sommets depuis les attaques du 7 octobre 2023. Selon un rapport du projet « Costs of War » de l'UniversitĂ© Brown, publiĂ© Ă  l'occasion de la date anniversaire du conflit, les États-Unis ont en effet consenti une aide militaire directe record Ă  IsraĂ«l, d’un montant de 17,9 milliards de dollars depuis le dĂ©but de la guerre avec le Hamas. Par comparaison, l'aide militaire annuelle des États-Unis s’élĂšve d’ordinaire Ă  3,8 milliards de dollars, qui servent Ă  financer des achats de matĂ©riel militaire amĂ©ricain. Au printemps, le CongrĂšs a en outre accordĂ© une rallonge exceptionnelle de plus de 14 milliards de dollars, Ă©talĂ©e sur plusieurs annĂ©es.

À cette facture, s’ajoutent quelques 4,9 milliards de dollars de dĂ©penses liĂ©es Ă  l'envoi de renforts par les États-Unis, sous forme de porte-avions, d'escadrilles et de systĂšmes de dĂ©fense aĂ©rienne en MĂ©diterranĂ©e, en mer Rouge et dans le Golfe. Les États-Unis ont par ailleurs livrĂ©, pour un coĂ»t

de 4,4 milliards de dollars, des batteries de missiles antimissiles du type DÎme de Fer (voir photo ci-dessous) et Fronde de David, utilisés massivement par l'armée israélienne pour intercepter des projectiles tirés par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et les Iraniens.

ÉCONOMIE

Reste que cette aide gĂ©nĂ©reuse ne constitue pas seulement un investissement dans la sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l. Comme le souligne une rĂ©cente note de l’American Jewish Committee (AJC), elle sert Ă©galement Ă  faire avancer les intĂ©rĂȘts des États-Unis au Moyen-Orient. IsraĂ«l, tout comme l’Égypte, la Jordanie et les États du Golfe, est un alliĂ© militaire des États-Unis face aux attaques des groupes terroristes et des « proxys » soutenus par l’Iran. En outre, l’État hĂ©breu et les ÉtatsUnis coopĂšrent depuis longtemps en matiĂšre de renseignement et de dĂ©veloppement technologique. PrĂšs des trois quarts de l’aide consentie Ă  IsraĂ«l est fournie sous forme d’armes de pointe et d’autres Ă©quipements dĂ©fensifs fabriquĂ©s aux États-Unis. Une

grande partie de la technologie est dĂ©veloppĂ©e en IsraĂ«l. Par exemple, le systĂšme antimissile DĂŽme de Fer, inventĂ© par IsraĂ«l mais fabriquĂ© aux États-Unis avec un financement majoritairement amĂ©ricain, fait aussi partie du systĂšme de dĂ©fense de l’Oncle Sam. Autrement dit : le soutien financier et la technologie de dĂ©fense des États-Unis, combinĂ©s au savoir-faire et Ă  l’ingĂ©niositĂ© israĂ©lienne, font progresser la sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine. Sur le plan financier, cette aide s’apparente Ă  un investissement en AmĂ©rique. Selon l’AJC, elle soutient directement plus de 20 000 emplois aux États-Unis et indirectement des milliers d’autres. Plus de 1000 entreprises amĂ©ricaines ont signĂ© des contrats d’une valeur de plusieurs milliards de dollars dans

le cadre de l’engagement des ÉtatsUnis Ă  aider IsraĂ«l Ă  se dĂ©fendre contre des menaces croissantes. Last but not least, « Ă©quiper les IsraĂ©liens avec des armes amĂ©ricaines pour combattre le terrorisme permet d’épargner aux militaires amĂ©ricains la tĂąche de le faire », pointe encore l’AJC. L’observation faite il y a trente-cinq ans par l’ancien secrĂ©taire d’État et gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e amĂ©ricaine Alexander Haig rĂ©sonne encore aujourd’hui : « IsraĂ«l est le plus grand porte-avions amĂ©ricain au monde. Il ne peut pas ĂȘtre coulĂ©. Il ne transporte pas un seul soldat amĂ©ricain et il est situĂ© dans une rĂ©gion critique pour la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine. » n

Décembre 2023 : arrivée de matériel militaire américain en Israël
© MinistÚre de la Défense

SÉCURITÉ - DÉFENSE

Ils sont israéliens et ils ont trahi leur pays

L’agence de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure israĂ©lienne, le Shin Bet, dĂ©couvre chaque semaine de nouvelles tentatives mises en Ɠuvre par des agents iraniens pour recruter des IsraĂ©liens sur les rĂ©seaux sociaux afin de leur faire effectuer des missions d’espionnage contre leur propre pays. Mais qui sont ces hommes et ces femmes prĂȘts Ă  trahir le pays au profit de son plus grand ennemi ?

Ils agissent sur diverses plateformes, notamment X, Telegram, WhatsApp, Facebook et Instagram, en utilisant diffĂ©rents moyens d'approche. Recourant Ă  une variĂ©tĂ© de prĂ©textes, ils se font passer pour des courtiers en immobilier, des marchands de drones, des photographes ou mĂȘme des dĂ©tectives privĂ©s. En 2021, des agents iraniens avaient tentĂ© de soudoyer des universitaires, des hommes d’affaires et d’anciens responsables de la dĂ©fense Ă  l’étranger. Leurs mĂ©thodes sont bien rodĂ©es et, depuis le dĂ©but de la guerre en octobre 2023, leurs initiatives de recrutement se sont intensifiĂ©es. Des pages et des pages d’agents iraniens infiltrĂ©s sous de faux profils ont Ă©tĂ© relevĂ©es sur les rĂ©seaux ; ils ont essayĂ© par tous les moyens de s’introduire dans diffĂ©rents mouvements israĂ©liens comme celui des familles des otages, mais aussi auprĂšs de citoyens et citoyennes lambda. Comment les ont-ils attirĂ©s ? Essentiellement par de l’argent.

Nahum Mabar : le premier espion israĂ©lien Ă  avoir collaborĂ© avec l’Iran

Remontons un peu dans le temps : le premier espion israĂ©lien Ă  avoir collaborĂ© avec l’Iran fut Nahum Manbar, nĂ© en 1946, fils d’Aaron et de Hannah, Ă©levĂ© au kibboutz Guivat HaĂŻm, trĂšs bon joueur de basket pour l’Hapoel dont il deviendra plus tard l’un des sponsors. AprĂšs un parcours pourtant classique, parachutiste Ă  l’armĂ©e, commandant d’unitĂ©, Nahum Manbar est devenu un homme d’affaires louches plusieurs fois poursuivi en justice par ses crĂ©anciers, et en 1985 il a quittĂ© IsraĂ«l pour y Ă©chapper. À l’étranger, il a commencĂ© Ă  s’introduire dans le milieu des marchands d’armes. Il a achetĂ© des armes conventionnelles excĂ©dentaires Ă  l’armĂ©e israĂ©lienne et les a vendues Ă  des pays du tiersmonde. Plus tard, il a Ă©tendu ses activitĂ©s et acquis des armes en Pologne, pays alors sous l’influence de l’Union soviĂ©tique. Dans le cadre des relations commerciales

entre IsraĂ«l et l’Iran entre 1989 et 1993, Manbar a vendu des armes conventionnelles Ă  l’Iran, mais aussi 150 tonnes de chlorure de thionyle, un produit inflammable et explosif. En 1993, deux agents du Mossad ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans un accident de voiture Ă  Vienne alors que, pour obtenir des renseignements sur Ron Arad, ils surveillaient le docteur Majid Abbaspour, vice-ministre de la DĂ©fense iranien, qui venait de rencontrer Nahum Manbar. Pendant son sĂ©jour en France,

Nahum Manbar © Flash90

SÉCURITÉ - DÉFENSE

Manbar a Ă©pousĂ© une française, Francine Pantillo, veuve de Herman Schmidt, un homme d’affaires allemand qui avait vendu des missiles sol-sol Ă  l’Égypte et Ă  l’Irak dans le cadre du projet Condor, et il a convaincu sa femme de lui remettre les documents laissĂ©s par son ex-mari. En 1992, le Mossad a commencĂ© Ă  enquĂȘter sur les activitĂ©s de Manbar. L’ancien chef du Mossad, ShabtaĂŻ Shavit, l’a fait arrĂȘter en mars 1997 alors qu’il descendait d’un avion Ă  son arrivĂ©e en IsraĂ«l. Le 16 juillet 1998, Manbar a Ă©tĂ© reconnu coupable d’avoir aidĂ© l’ennemi dans sa guerre contre IsraĂ«l et d’avoir fourni des informations Ă  l’ennemi dans l’intention de

nuire Ă  la sĂ©curitĂ© de l’État. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© par le tribunal Ă  seize ans d’emprisonnement. Le 31 octobre 2011, la commission des libĂ©rations conditionnelles a dĂ©cidĂ© de le libĂ©rer un an et demi avant la fin de sa sentence, avec des restrictions, dont l’interdiction de sortie de territoire. ShabtaĂŻ Shavit a affirmĂ© que Manbar Ă©tait « le plus grand traĂźtre qui ait jamais agi en IsraĂ«l ».

L’affaire Gonen Segev

Gonen Segev est né le 6 janvier 1956 à Kiryat Motzkin. AprÚs son service militaire au grade de capitaine, il a fait des études de médecine et obtenu en 1984 son doctorat en médecine

de l’UniversitĂ© Ben-Gourion. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, il est devenu militant au sein du parti Tzomet, créé par Rafael Eitan (Raful). Aux Ă©lections pour la treiziĂšme Knesset, Segev est arrivĂ© deuxiĂšme sur la liste et a Ă©tĂ© Ă©lu dĂ©putĂ©. Au dĂ©but de son mandat, son parti est restĂ© dans l’opposition sous le gouvernement de Yitzhak Rabin. En 1994, aprĂšs des dĂ©saccords avec Rafael Eitan, Segev s’est sĂ©parĂ© de ses amis. En 1995, il a votĂ© en faveur des accords d'Oslo, permettant au Premier ministre de l'Ă©poque, Yitzhak Rabin, de faire passer au Parlement la seconde phase de cet accord qui Ă©tait censĂ© mener Ă  la crĂ©ation d'un État palestinien.

Le député Gonen Segev (à droite ) serre la main du Premier ministre Yitzhak Rabin à Jérusalem le 21 décembre 1994. © Flash90

SÉCURITÉ - DÉFENSE

lll AprĂšs l’assassinat de Rabin le 4 novembre 1995, Segev a rejoint le gouvernement de Shimon Peres en tant que ministre de l’Énergie et des Infrastructures, et membre du cabinet de sĂ©curitĂ©. En 2003, il a Ă©tĂ© reconnu coupable de dĂ©lits surprenants pour un homme politique : falsification d’un passeport et fraude sur une carte de crĂ©dit. En 2004, il a Ă©tĂ© accusĂ© d’avoir tentĂ© de faire passer de la drogue (ecstasy), condamnĂ© Ă  cinq ans de prison, puis libĂ©rĂ© en 2007. Ses crimes sont alors devenus plus graves. Il s’est rapprochĂ© d’un habitant de Taybeh qui l'a engagĂ© au service du Hezbollah pendant plusieurs annĂ©es. Interdit d’exercer la mĂ©decine en IsraĂ«l, il s'est exilĂ© au Nigeria oĂč il a pu exercer librement. En 2012, il a Ă©tĂ© contactĂ© par les services de renseignement iraniens et commencĂ© Ă  servir d’agent, fournissant, contre des sommes d’argent, des informations sur l’économie Ă©nergĂ©tique et les organismes de sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l. Il a Ă©galement prĂ©sentĂ© des citoyens israĂ©liens Ă  des responsables du renseignement iranien qu’il a prĂ©tendu ĂȘtre des hommes d’affaires. Les services de sĂ©curitĂ© ont commencĂ© Ă  le soupçonner et Ă  surveiller ses activitĂ©s. En 2016, Segev a demandĂ© au ministre de la SantĂ© de lui renouveler son permis de travail, exprimant le dĂ©sir de revenir exercer comme mĂ©decin en IsraĂ«l. Sa demande a Ă©tĂ© rejetĂ©e. En mai 2018, accusĂ© d’espionnage pour l’ennemi, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  son entrĂ©e en GuinĂ©e Ă©quatoriale et extradĂ© vers IsraĂ«l. Le 9 janvier 2019, aprĂšs avoir avouĂ© ses crimes, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  onze ans de prison et Ă  une peine de probation. Comment ce haut responsable politique a-t-il pu en arriver Ă  trahir son peuple, sa famille, avec son pire ennemi, mettant peut-ĂȘtre

ainsi son pays en danger ? Il semble que cela n’a pas Ă©tĂ© par idĂ©ologie politique, mais uniquement poussĂ© par l'appĂąt du gain : gagner beaucoup d’argent, et trĂšs vite. Le trafic de drogue lui avait dĂ©jĂ  fait gagner Ă©normĂ©ment d’argent, sans commune mesure avec son salaire de politicien ; il en voulait encore plus et se croyait devenu intouchable.

Dans tous les milieux

En 2011, un rĂ©sident de JĂ©rusalem de 46 ans, ultraorthodoxe proche de la secte des Netourei Karta, a dĂ©libĂ©rĂ©ment dĂ©cidĂ© de contacter des reprĂ©sentants du gouvernement iranien et de leur offrir ses services. Il a Ă©tĂ© accusĂ© d’avoir pris contact avec un agent Ă©tranger, d’avoir montrĂ© son intention de trahir et de tenter d’aider l’ennemi dans sa guerre contre IsraĂ«l. Lors de son interrogatoire au Service gĂ©nĂ©ral de la sĂ©curitĂ©, il a dĂ©clarĂ© que les motifs de ses actions Ă©taient la haine d’IsraĂ«l et le dĂ©sir de recevoir une compensation financiĂšre. Plusieurs dizaines de personnes ont Ă©tĂ© interrogĂ©es, dont certaines issues de sa communautĂ©. Selon l’acte d’accusation, l’homme, qui s’était de lui-mĂȘme rendu en Allemagne pour rencontrer des reprĂ©sentants iraniens Ă  leur ambassade oĂč il a Ă©tĂ© en contact avec trois personnes dont l’identitĂ© est inconnue, s’est prĂ©sentĂ© comme un IsraĂ©lien appartenant Ă  la communautĂ© des Netourei Karta et leur a exposĂ© les principes de sa communautĂ©, qui nie l’existence de l’État d’IsraĂ«l. Il a Ă©galement dit qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  tuer un sioniste. Les Iraniens ne l’ont pas pris au sĂ©rieux ; malgrĂ© ses tentatives, ils n’ont pas donnĂ© suite Ă  sa demande et ne l’ont jamais recontactĂ©.

Moti Maman, 73 ans, lors d'une audience au tribunal de Beer-Sheva, le 19 septembre 2024 © Flash90

SÉCURITÉ - DÉFENSE

Et depuis le 7 octobre


Cette annĂ©e, trois citoyens israĂ©liens ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le Shin Bet, soupçonnĂ©s d’avoir menĂ©, sous les ordres d’agents de renseignement iraniens, des actions visant la sĂ©curitĂ© nationale d’IsraĂ«l. L’un des suspects, Elimelech Stern, un habitant de Beit Shemesh ĂągĂ© de 21 ans, Ă©tait en contact via l’application Telegram avec une personne se faisant appeler Anna Elena. Celleci a demandĂ© Ă  Stern d’effectuer diverses tĂąches, notamment d’accrocher des panneaux Ă  Tel Aviv, de cacher de l’argent dans divers endroits de JĂ©rusalem et de Tel Aviv, de livrer au domicile de civils israĂ©liens des colis contenant une tĂȘte d’animal coupĂ©e ou une poupĂ©e munie d’un couteau et d’un message de menace, d’incendier une forĂȘt. Il Ă©tait payĂ© en cryptomonnaie. Selon les enquĂȘteurs, Stern aurait acceptĂ© ces missions, Ă  l’exception des assassinats et des incendies de forĂȘt, et il avait recrutĂ© deux autres personnes pour l’aider.

Ils jouent aussi avec le cƓur des femmes


En janvier 2022, le Shin Bet a annoncĂ© l’arrestation de cinq IsraĂ©liens juifs accusĂ©s d’avoir aidĂ© l’agent iranien Rambod Namdar, qui se faisait passer pour Juif. Les cinq suspects, quatre femmes – deux d’entre elles ont Ă©tĂ© lavĂ©es des accusations portĂ©es contre elles – et un homme, Ă©taient tous des immigrants juifs venus d’Iran. Leur origine a certainement rendu l’approche beaucoup plus facile. Namdar s’était prĂ©sentĂ© comme un riche entrepreneur cĂ©libataire iranien. lll

SÉCURITÉ - DÉFENSE

L'unitĂ© Lahav 433 Ă  Airport City. C'est dans ce bĂątiment que sont menĂ©es les enquĂȘtes et les interrogatoires de la police.

SÉCURITÉ - DÉFENSE

lll Il se serait jouĂ© des attentes romantiques des femmes suspectĂ©es, cette relation pouvant les aider financiĂšrement alors qu’elles se trouvaient dans une situation difficile. L’une des accusĂ©es a dit Ă  Rambod qu’elle travaillait pour une MunicipalitĂ© israĂ©lienne et il lui a demandĂ© des photos des bĂątiments de la mairie. Il a Ă©galement essayĂ© de la convaincre de persuader son fils de rejoindre la marine, l’armĂ©e de l’air ou les unitĂ©s de renseignement de l’armĂ©e. Lors d’un voyage Ă  Istanbul, elle lui a apportĂ© des livres en hĂ©breu contre la somme de 3000 dollars. Un autre accusĂ© avait Ă©tĂ© chargĂ© de photographier des isoloirs lors des Ă©lections de 2020 et 2021. Rambod lui avait aussi demandĂ© de photographier divers sites de Tel Aviv, tels que la gare routiĂšre centrale, des parcs et des postes de police. Selon le Shin Bet, les suspects auraient photographiĂ© d’importants sites stratĂ©giques du pays, notamment le consulat amĂ©ricain de Tel Aviv – tout cela en contrepartie de milliers de dollars. Namdar aurait Ă©tĂ© en contact avec une vingtaine d’IsraĂ©liens, pour la plupart des femmes.

Tout récemment


Moti Maman, 73 ans, originaire de la ville d’Ashkelon, a Ă©tĂ© recrutĂ© par la RĂ©publique islamique d’Iran afin de prĂ©parer des assassinats de personnalitĂ©s israĂ©liennes, parmi lesquelles le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  temps. Il Ă©tait passĂ© clandestinement en Iran Ă  deux reprises et a Ă©tĂ© payĂ© pour effectuer ses missions, ont indiquĂ© la police et le Shin Bet. lll

L'avis du psy : quelle personnalité abrite le

traĂźtre ?

Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste, professeur de psychopathologie fondamentale et clinique (Universités de Paris Sud, Tel Aviv, Glasgow) et président de l'association internationale Schibboleth, nous explique quelle personnalité psychique se cache sous la figure du traßtre.

« Les traĂźtres sont souvent considĂ©rĂ©s comme des doubles personnalitĂ©s qui agissent de maniĂšre complĂ©mentaire, les deux personnalitĂ©s cherchant Ă  former une unitĂ© toute-puissante. C’est symptomatique de tous ces cas de traĂźtrise. L’argent n’est certainement pas la seule motivation de ce genre de comportement. La traĂźtrise, un peu comme le mensonge, recouvre une importante problĂ©matique narcissique de rĂ©paration identitaire, de prĂ©judice inconscient. Prenons le cas de Segev : c’est un escroc notoire, il est dans la jouissance de la transgression de la loi, c’est une attitude psychopathique et perverse. Il se sent au-dessus de la loi et de tous ceux qui peuvent la reprĂ©senter. Cette toute-puissance narcissique va au-delĂ  du gain financier. La motivation du pouvoir est beaucoup plus forte que les bĂ©nĂ©fices matĂ©riels qui ne font que conforter le sentiment de toute-puissance et d’omnipotence. On peut retrouver ce mĂ©canisme Ă  l’Ɠuvre dans tous les autres cas de traĂźtrise, aussi pitoyables soient-ils. Pour une personne anonyme, la traĂźtrise peut donner un sentiment d’exister qui lui confĂšre une mainmise sur son destin. Les traĂźtres prennent l’avoir pour de l’ĂȘtre mais cela ne viendra pas combler leur manque. Ils imaginent qu’ils ont Ă©tĂ© choisis, Ă©lus pour une mission. Cela leur donne le sentiment d’exister face Ă  quelqu’un et prend le pas sur leurs valeurs. Il y a Ă©galement la peur d’ĂȘtre arrĂȘtĂ© qui doit ĂȘtre dĂ©fiĂ©e et se transforme en jouissance. Il faudrait les interroger pour savoir s’ils Ă©prouvent un sentiment de culpabilitĂ©. La loi, dans le judaĂŻsme, est reprĂ©sentĂ©e par l’image du pĂšre symbolique. Il y a donc un dĂ©fi au pĂšre. IsraĂ«l, qui reprĂ©sente une trĂšs forte part symbolique dans nos inconscients, serait plutĂŽt la terre-mĂšre. Le mĂ©canisme est psychotique et dissociatif. Quand en plus la traĂźtrise est mĂȘlĂ©e au gain et aux histoires de cƓur, les limites sont complĂštement perdues. On peut se poser la question de savoir comment ces hommes et ces femmes qui trahissent le pays ont Ă©tĂ© traitĂ©s par leur pĂšre et leur mĂšre, en tout cas dans leurs fantasmes. Ces personnes peuvent aimer le pays mais Ă©prouver de la colĂšre, de la rancune, voire de la haine, et du coup elles se racontent des histoires et sont dans la confusion. Pour le cas de monsieur Maman, il trahit son pays d’accueil pour son pays natal ; il peut y avoir ici confusion sur le lien d’attachement. Il y a beaucoup d’ambivalence chez ceux qui sont déçus par IsraĂ«l, il en ressort une rancune ; ils en veulent Ă  IsraĂ«l de ne pas avoir Ă©tĂ© Ă  la hauteur de leur idĂ©alisation. Cela a atteint leur propre Moi idĂ©al. » n

SÉCURITÉ - DÉFENSE

lll Moti Maman aurait vĂ©cu pendant une longue pĂ©riode en Turquie, oĂč il entretenait des relations commerciales et sociales avec des ressortissants turcs et iraniens. Cette annĂ©e, Maman, grĂące Ă  la mĂ©diation de deux Turcs, a acceptĂ© de rencontrer un riche homme d’affaires, nommĂ© Eddy, vivant en Iran pour discuter d’activitĂ©s commerciales, a dĂ©clarĂ© l’agence de sĂ©curitĂ©. Maman s’est rendu dans la ville turque de Samandağ, proche de la Syrie, oĂč il a rencontrĂ© deux reprĂ©sentants envoyĂ©s par l’homme d’affaires iranien, puis il est entrĂ© clandestinement en Iran. ArrivĂ© sur place, il a rencontrĂ© Eddy et un membre des forces de sĂ©curitĂ© iraniennes, qui lui ont demandĂ© de « prĂ©parer des attentats » contre Benyamin Netanyahou, le ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant et le chef du Shin Bet, Ronen Bar. L’Iranien a Ă©galement demandĂ© Ă  Maman de transfĂ©rer de l’argent et une arme, et de photographier divers endroits frĂ©quentĂ©s par des civils. Moti Maman, pourtant plus tout jeune, est retournĂ© une seconde fois en Iran clandestinement depuis la Turquie, cachĂ© Ă  l’intĂ©rieur d’un camion. Maman aurait exigĂ© un million de dollars d’avance avant d’exĂ©cuter les tĂąches. Il n’a reçu en Ă©change de son implication que 5000 euros. À son retour en IsraĂ«l en aoĂ»t dernier, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par les autoritĂ©s israĂ©liennes. Il s’est alors dit soulagĂ© d’avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans une spirale qui pouvait l'entraĂźner trĂšs loin. Pour sa dĂ©fense, il a dĂ©clarĂ© avoir commis « une erreur de jugement ».

Cette liste semble ne pas vouloir se terminer car Ă  l’heure oĂč nous Ă©crivons les derniĂšres lignes de cet article, la presse vient de rĂ©vĂ©ler

Dans les cas de traĂźtrise, l’argent n’est certainement pas la seule motivation. La traĂźtrise, un peu comme le mensonge, recouvre une importante problĂ©matique narcissique de rĂ©paration identitaire, de prĂ©judice inconscient.

qu’un vaste rĂ©seau d’espionnage au profit de l’Iran a Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© en IsraĂ«l. Sept citoyens israĂ©liens rĂ©sidents de HaĂŻfa ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, soupçonnĂ©s d’avoir espionnĂ© pendant deux ans pour l’Iran en effectuant des centaines de tĂąches Ă  la demande de la RĂ©publique islamique. Les suspects, immigrĂ©s d’AzerbaĂŻdjan, comprennent un soldat qui a dĂ©sertĂ© l’armĂ©e, ainsi que deux mineurs ĂągĂ©s de 16 et 17 ans. Selon les autoritĂ©s, contactĂ©s par un intermĂ©diaire turc, ils ont effectuĂ© pendant deux ans quelque 600 missions relatives Ă  des transferts d’informations sur des bases de Tsahal et son quartier gĂ©nĂ©ral de la Kirya Ă  Tel Aviv – certaines de ces bases ont Ă©tĂ© la cible des terroristes du Hamas. Les attentats du 7 octobre et l’attaque iranienne du mois d’avril dernier sur IsraĂ«l ne les ont pas empĂȘchĂ©s de continuer sans scrupules Ă  fournir des informations aux Iraniens, permettant l’impact de missiles sur plusieurs villes d’IsraĂ«l. GrĂące Ă  un Ă©quipement de pointe, ils ont pu fournir d’importantes informations susceptibles d'aider l’ennemi Ă  ajuster ses futures frappes. En Ă©change de ces informations essentielles, les suspects auraient reçu des

centaines de milliers de dollars, une partie en cryptomonnaie et une autre en espÚces livrées par des touristes russes. Ils risquent la prison à perpétuité.

Pour conclure

Comment, par cupiditĂ©, stupiditĂ©, solitude, dĂ©pression, ou parfois par pure idĂ©ologie, voire sous l’effet de pressions extĂ©rieures, des hommes et des femmes israĂ©liens de tous milieux, de toutes catĂ©gories sociales et de tous Ăąges dĂ©cident un jour de trahir leur pays au profit de son ennemi le plus dangereux ? Il est difficile de comprendre une telle position, d’autant plus aujourd’hui oĂč IsraĂ«l, qui se bat depuis un an pour son existence, est Ă  l’aube d’une confrontation avec l’Iran. Nous ne parlons pas ici de criminologie au sens classique, mais d’espionnage et de traĂźtrise. La question de la peine qui doit ĂȘtre infligĂ©e pour punir ces trahisons reste ouverte, car mĂȘme si certains rĂ©clament la peine de mort, qui n’est jamais appliquĂ©e en IsraĂ«l, il est pratiquement certain que ces traĂźtres purgeront une peine qui sera limitĂ©e dans le temps. n

Emmanuelle Adda

Docteur Ruth Feldman : « Les liens familiaux sont un bouclier émotionnel »

Comment dĂ©veloppe-t-on la rĂ©silience ? OĂč trouve-t-on la force de continuer Ă  aller de l’avant et de garder espoir alors que l’on vit constamment sous tension ?

Ruth Feldman, professeure mondialement reconnue en neurosciences, explore ces questions depuis plus de vingt ans, et en temps de guerre son travail prend une nouvelle résonance, encore plus profonde. Retour sur ses recherches.

Tout a vraiment commencĂ© il y a vingt ans Ă  SdĂ©rot. Dans cette ville du Sud tristement cĂ©lĂšbre aujourd'hui, les enfants ont dĂ» apprendre Ă  vivre « au rythme » des alertes Ă  la roquette : une enfance bien particuliĂšre, marquĂ©e par le traumatisme. Comment conserver son innocence quand, Ă  quelques kilomĂštres Ă  peine, des personnes veulent votre mort et que vous n'avez que trente secondes pour y Ă©chapper ? Ruth Feldman s’est alors donnĂ© pour mission de faire en sorte que ces enfants ne soient pas marquĂ©s Ă  vie par cette rĂ©alitĂ© traumatisante. Pour ce faire, elle s’est penchĂ©e sur les mĂ©canismes qui permettent de vaincre le traumatisme. « Son travail consiste Ă  approfondir notre connaissance des mĂ©canismes biologiques et neurologiques de synchronisation entre ĂȘtres humains, particuliĂšrement entre membres d’une mĂȘme famille », explique sa collĂšgue et collaboratrice Alison Marciano, psychologue clinicienne pour adultes et enfants.

© DR

SANTÉ

SdĂ©rot au quotidien : des enfants jouent dans une aire de jeux oĂč trois abris ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s pour protĂ©ger les enfants des tirs de roquettes quotidiens. © FLASH 90

SANTÉ

lll Ruth Feldman soutient que l’attachement est la clĂ© pour surmonter le trauma et que les familles peuvent trouver au sein de leurs propres foyers les ressources nĂ©cessaires pour en venir Ă  bout. Elle dĂ©veloppe : « Dans une sociĂ©tĂ© constamment sous tension, oĂč la menace est une rĂ©alitĂ© quotidienne, les liens familiaux sont un bouclier Ă©motionnel [...]. Ces relations permettent aux enfants de surmonter les Ă©preuves avec une force intĂ©rieure qu'ils n’auraient peut-ĂȘtre pas autrement. »

Ses recherches se sont alors concentrĂ©es sur l’importance des liens affectifs, qu’elle dĂ©crit comme essentiels Ă  l’apprentissage, au dĂ©veloppement, Ă  la survie et surtout Ă  la rĂ©silience.

« Cet attachement, indispensable à la survie humaine, est un réflexe instinctif et primaire que l'on peut observer entre un nourrisson et sa mÚre », poursuit Alison Marciano.

La professeure Ruth Feldman mĂšne ses recherches principalement Ă  l'UniversitĂ© Reichman de Herzliya, tout en collaborant avec des centres internationaux. Elle s’appuie sur des technologies de pointe en neurologie ; son laboratoire recueille divers Ă©chantillons biologiques (comme la salive ou la transpiration), et utilise les EEG et les IRM. Elle a Ă©galement dĂ©veloppĂ© un systĂšme de codification comportementale : le Coding Interactive Behavior (CIB), qui permet d’analyser les interactions au sein des familles, des groupes d'amis et mĂȘme entre nourrissons et parents. Ce systĂšme est d’ailleurs utilisĂ© Ă  l’échelle internationale, dans des pays comme les États-Unis, la France et l’Australie.

Toutes ces mĂ©thodes lui ont permis d’explorer l'impact de l'attachement familial Ă  travers diverses populations et situations. Ses Ă©tudes rĂ©centes portent, entres autres, sur le rĂŽle du pĂšre dans la dynamique familiale, sur les effets de thĂ©rapies sur les enfants anxieux, ainsi que sur l'influence de la synchronisation au sein du couple et de la famille. Elle s’est aussi penchĂ©e sur des sujets comme la dĂ©pression post-partum, la prĂ©maturitĂ© et, derniĂšrement, donc, la rĂ©silience renforcĂ©e par les liens familiaux Ă  travers l’attachement.

Comment cet attachement se dĂ©veloppe-t-il ? Pour Ruth Feldman, la recette miracle, ou plutĂŽt l’hormone miracle, c’est l'ocytocine, communĂ©ment appelĂ©e « l’hormone de l’amour ». En somme, l’amour est plus fort que tout. « L'ocytocine est d'autant plus crucial qu'il permet la rĂ©gulation des Ă©motions, notamment chez l'enfant, assure son bon dĂ©veloppement cĂ©rĂ©bral, renforce son systĂšme immunitaire, son systĂšme digestif
 », prĂ©cise Alison Marciano. La question de l'attachement devient d’autant plus ardue en temps de guerre, surtout lorsque de nombreuses familles ont Ă©tĂ© brisĂ©es par le dĂ©part d’un proche ou bien doivent composer avec l’absence prolongĂ©e du pĂšre. C’est pourquoi, depuis le 7 octobre, le laboratoire de la professeure Feldman, en partenariat avec de grandes associations, a mis en place des ateliers de rĂ©silience destinĂ©s aux parents d'enfants en bas Ăąge (3-7 ans) ayant un conjoint rĂ©serviste ou/et ayant vĂ©cu un traumatisme liĂ© aux Ă©vĂ©nements du 7 octobre. « Le but de ces ateliers est de pouvoir constituer un groupe de parole et de prĂ©senter le modĂšle de rĂ©silience que la professeure Ruth Feldman a dĂ©veloppĂ© aprĂšs des annĂ©es de recherche avec les enfants issus de SdĂ©rot et des villes de la bordure de la bande de Gaza, souvent confrontĂ©s Ă  des situations traumatisantes », ajoute Alison Marciano. Ces ateliers s’adressent Ă©galement au public francophone. GrĂące Ă  une collaboration avec le ministĂšre de l'IntĂ©gration, il existe en effet des groupes en français. Ces ateliers, dirigĂ©s par une psychologue clinicienne francophone, se dĂ©roulent en ligne via Zoom et sont gratuits. Ils se composent de trois sessions (une par semaine) dans lesquelles les participants (ateliers sĂ©parĂ©s pour les mĂšres et les pĂšres) Ă©changent autour de leurs expĂ©riences, et reçoivent des outils spĂ©cifiques destinĂ©s Ă  renforcer leur sentiment de rĂ©silience et celui de leurs enfants.

Pour plus d’informations sur ces ateliers destinĂ©s aux francophones : 058-4244488

GRAND ANGLE

Nir Barkat va-t-il vraiment ouvrir les portes de la concurrence économique ?

La rĂ©forme de Nir Barkat, ministre de l’Économie, « Ce qui est bon pour l'Europe est bon pour IsraĂ«l », vient d’ĂȘtre dĂ©finitivement adoptĂ©e en IsraĂ«l dans le cadre d'un plan visant Ă  rĂ©duire le coĂ»t de la vie, en particulier pour les produits cosmĂ©tiques, Ă©lectroniques et Ă©lectromĂ©nagers. Elle devrait faciliter l’importation de dizaines de produits de consommation courante, tels que les couches, la lessive, le liquide vaisselle, les ordinateurs


Le ministre de l'Économie, Nir Barkat, prĂ©sente sa rĂ©forme lors d'une confĂ©rence de presse Ă  son bureau Ă  Tel Aviv, le 27 juin 2024. © Flash90

GRAND ANGLE

IsraĂ«l et l’Union EuropĂ©enne sont dĂ©jĂ  des partenaires commerciaux, et cette coopĂ©ration dans les domaines comme la technologie, l'innovation et la sĂ©curitĂ© est forte. Adopter une rĂ©forme qui s'inspire de ce qui fonctionne en Europe serait donc une continuation naturelle de cette relation.

Lutter contre une forme de monopoles institutionnalisés

L'Europe est souvent considĂ©rĂ©e comme un modĂšle en matiĂšre de politiques sociales, Ă©conomiques et environnementales. Le gouvernement israĂ©lien, et plus particuliĂšrement l’ancien maire de JĂ©rusalem devenu ministre de l’Économie, Nir Barkat, a souhaitĂ© faire intĂ©grer les standards europĂ©ens dans la rĂ©glementation locale de secteurs spĂ©cifiques afin de contrer les normes israĂ©liennes particuliĂšrement restrictives bloquant depuis des dizaines d’annĂ©es l’entrĂ©e sur le territoire d’une grande gamme de produits. C’est ainsi que les grands groupes de production israĂ©liens, avec l’aide de diffĂ©rents acteurs Ă©conomiques et politiques, ont la mainmise sur les prix des produits commercialisĂ©s. Malheureusement, au fil du temps, les IsraĂ©liens se sont habituĂ©s Ă  payer plus cher le mĂȘme produit trouvĂ© en Europe ; et il n’est pas rare aujourd’hui de voir des voyageurs qui reviennent de France ou du Portugal les valises remplies de produits identiques achetĂ©s lĂ bas trois voire quatre fois moins cher qu’en IsraĂ«l.

Quels changements cette réforme propose-t-elle ?

Cette loi repose sur l'idée que les bonnes pratiques et les réglementations qui fonctionnent bien en Europe pourraient également bénéficier à Israël. Proposée en 2023 en collaboration avec plusieurs ministÚres et entérinée seulement en juillet 2024, elle permettra l'importation directe de produits conformes aux normes européennes sans exiger en Israël

Les standards israĂ©liens sont trĂšs Ă©levĂ©s et pointilleux, et les normes europĂ©ennes sont vues d’un mauvais Ɠil.

de certifications supplĂ©mentaires qui jusqu’à prĂ©sent ralentissaient les importations mais aussi dĂ©courageaient toute nouvelle initiative commerciale. L’objectif principal est de faciliter l'importation de ces biens, de permettre la concurrence et de diminuer les prix pour les consommateurs israĂ©liens. Un

challenge de taille car lutter contre le coĂ»t de la vie implique de s’attaquer irrĂ©mĂ©diablement aux puissants monopoles – un combat politique que trop peu osent mener. Alors, cette rĂ©forme permettrat-elle de lutter contre certaines grandes sociĂ©tĂ©s qui monopolisent le marchĂ© de la consommation ?

Va-t-elle vraiment ĂȘtre appliquĂ©e ?

Va-t-elle faire baisser les prix pour les consommateurs qui croulent sous le poids des augmentations rĂ©guliĂšres ? A priori, non, car le secteur de l’agroalimentaire n’est pas concernĂ© ; il appartient Ă  des monopoles qui ne le lĂącheront pas facilement. C’est pourtant le coĂ»t du panier alimentaire moyen qui compte d’abord pour une famille, avant celui des dentifrices ou des appareils Ă©lectromĂ©nagers
 Restons positifs et disons que c’est dĂ©jĂ  un bon dĂ©but.

Qui bloque l’application de cette loi ?

« Nir Barkat ne s’est pas fait des amis, loin de lĂ  », dĂ©clare Tamar Abessira, conseillĂšre auprĂšs du ministre depuis plusieurs annĂ©es. « C’est un visionnaire », ajoute-telle, « il a le soutien de Benyamin Netanyahou pour cette rĂ©forme mais les industriels israĂ©liens veulent lui barrer la route, sans oublier les fonctionnaires qui, dans les bureaux des ministĂšres, ont toujours une bonne raison de refuser d’appliquer la loi. Le systĂšme est rigide, lent et bureaucratique » – des dĂ©fauts qui nuisent Ă  une Ă©conomie dynamique.

De leur cÎté, les industriels, et notamment les fabricants d'électronique et d'électroménager, craignent que l'importation facilitée de produits européens ne crée une

Les industriels, et notamment les fabricants d'électronique et d'électroménager, craignent que l'importation facilitée de produits européens ne crée une concurrence déloyale. © IStock

concurrence déloyale. lll

lll Avec l’aide de leurs lobbys, ils ont fait traĂźner la mise en place de cette loi, notamment en multipliant le nombre de mises aux normes exigĂ©es pour pouvoir faire entrer les produits europĂ©ens sur le marchĂ© israĂ©lien. Selon eux, ces importations pourraient rĂ©duire la demande pour les produits fabriquĂ©s localement, affectant ainsi les bĂ©nĂ©fices, l’emploi et la viabilitĂ© de certaines entreprises israĂ©liennes.

Des membres de la Knesset issus des partis ultraorthodoxes estiment pour leur part que cette réforme pourrait faire dépendre davantage Israël des importations européennes, compromettant ainsi une certaine indépendance économique.

Le syndicat des travailleurs, la Histadrout, redoute quant Ă  lui que cette rĂ©forme entraĂźne des pertes d'emplois dans certains secteurs, notamment ceux oĂč la production locale ne peut pas rivaliser avec les produits importĂ©s, souvent moins chers grĂące Ă  une production de masse plus efficace en Europe.

Le Lobby 99, qui dĂ©fend les intĂ©rĂȘts des consommateurs Ă  la Knesset,

dĂ©nonce un problĂšme d’application. Selon une interview de la spĂ©cialiste de l’économie Yaelle Ifrah donnĂ©e Ă  la radio publique israĂ©lienne KAN, les diffĂ©rents ministĂšres concernĂ©s Ă©mettent des rĂ©serves sur les nouvelles normes proposĂ©es. Les standards israĂ©liens sont trĂšs Ă©levĂ©s et pointilleux, et les normes europĂ©ennes sont vues d’un mauvais Ɠil. Ces blocages se sont rĂ©vĂ©lĂ©s efficaces puisque seulement 300 nouvelles normes ont Ă©tĂ© validĂ©es sur plus de 800 proposĂ©es dans la rĂ©forme. Selon Yaelle Ifrah, « au bout du compte, trĂšs peu d’importations de produits seront concernĂ©es par cette baisse des prix ».

Va-t-on enfin voir les prix baisser ?

Certains, oui, mais pas dans tous les domaines. IsraĂ«l, qui fait partie de l’OCDE, affiche d’importantes diffĂ©rences de prix par rapport aux autres pays, lesquelles peuvent conduire une famille israĂ©lienne moyenne Ă  payer jusqu’à 10 000 shekels de plus chaque annĂ©e pour les mĂȘmes produits concernĂ©s par la rĂ©forme. Les partisans de

la mondialisation, qui prĂŽnent une Ă©conomie ouverte et intĂ©grĂ©e au niveau mondial, estiment que de telles mesures renforceront l'intĂ©gration d'IsraĂ«l dans l'Ă©conomie mondiale et europĂ©enne, et qu’un alignement sur des standards internationaux favorisera la modernisation Ă©conomique. Ces mesures permettraient en effet d'augmenter la concurrence sur le marchĂ© israĂ©lien, ce qui attirerait les importateurs europĂ©ens.

Observe-t-on déjà des résultats ?

Il a fallu attendre le mois de janvier 2024 pour que la rĂ©forme voit enfin le jour, en collaboration avec diffĂ©rents ministĂšres – un vrai parcours du combattant. Et ce n’est qu’en juillet 2024 qu’elle a Ă©tĂ© approuvĂ©e Ă  l’unanimitĂ© Ă  la Knesset. Les premiers rĂ©sultats montrent dĂ©jĂ  une petite baisse progressive des prix de l’électromĂ©nager et de l’électronique. Cependant, cette rĂ©forme est encore en phase d'implĂ©mentation, avec des ajustements attendus pour novembre 2024, qui permettront une entrĂ©e encore plus libre de ces produits sur le marchĂ© israĂ©lien.

GRAND ANGLE

L'impact à long terme dépendra de la capacité du marché local à absorber ces changements sans nuire aux producteurs israéliens. « Cela va prendre du temps », explique Yitzhak Adda, économiste franco-israélien.

« Cela va insuffler de la concurrence, c’est sĂ»r, mais n’oublions pas que la hausse de l’inflation n’est pas liĂ©e Ă  cela. L’inflation est un problĂšme macroĂ©conomique qui n’est pas impactĂ© par ce type de mesures. Cette rĂ©forme peut dĂ©bloquer certains secteurs sensibles Ă  la concurrence et dont la rigiditĂ© des normes d’importation peut bloquer la baisse des prix. Disons que c’est un bon dĂ©but. » n

Import/Export : quelques chiffres

Les exportations israĂ©liennes restent principalement dirigĂ©es vers l’Union EuropĂ©enne (24 % des exportations – +1,3 point par rapport Ă  2021), vers les ÉtatsUnis (25,5 % des exportations) et vers l’Asie (23,4 % des exportations). La Chine absorbe 6,2 % de ces exportations et l’Inde 5,2 %, ce qui en fait respectivement les deuxiĂšme et troisiĂšme clients d’IsraĂ«l. La France (2,5 %) est au neuviĂšme rang. L’Union EuropĂ©enne est toujours le principal fournisseur d’IsraĂ«l (31 % des importations), l’Asie (28 % des importations) voit sa part augmenter de deux points. La Chine (12,2 %) est le premier pays fournisseur d’IsraĂ«l, suivie des ÉtatsUnis (9 %), de l’Allemagne (6,6 %) et de la Suisse (5,6 %). La France, huitiĂšme, avec 3,5 Mds USD (3,3 % et +33 %), progresse de trois places (voir annexe). La Russie et l’Ukraine reprĂ©sentent respectivement 0,3 % et 0,1 % des importations de biens en IsraĂ«l ; en 2021, ces pays reprĂ©sentaient respectivement 2,5 % et 0,8 %. V. Z.

TRIBUNE

Pourquoi Israël ? BHL versus Begin

Depuis le 7 octobre, Bernard-Henri

LĂ©vy est montĂ© au crĂ©neau pour dĂ©fendre IsraĂ«l, ce qu’il fait en gĂ©nĂ©ral brillamment : plusieurs voyages en IsraĂ«l, des confĂ©rences en France et en IsraĂ«l, des mobilisations et des rassemblements contre l’antisĂ©mitisme en Europe, d’innombrables interventions mĂ©diatiques, ainsi qu’un livre, Solitude d’IsraĂ«l (Grasset). Nous ne pouvons qu’ĂȘtre admiratifs et reconnaissants de cette mobilisation. Face Ă  des mĂ©dias et des journalistes parfois hostiles, non seulement il tient un discours amoureux d’IsraĂ«l, admirateur de l’épopĂ©e sioniste, mais, faisant preuve d’un courage indĂ©niable, il apporte aussi son soutien indĂ©fectible Ă  la guerre que mĂšne IsraĂ«l depuis le pogrom. Dans les deux premiĂšres parties de son livre, BHL tĂąche d’abord de dĂ©crire l’horreur, celle qu’il a vue de ses yeux, lui qui a pris l’avion pour Lod le 8 octobre et qui s’est rendu dans les kibboutzim dĂ©vastĂ©s par les assassins du Hamas. Le 7 octobre, dit-il, est un ÉvĂ©nement – avec un E majuscule – dont l’avant et l’aprĂšs ne seront plus jamais semblables. Ensuite, BHL dĂ©nonce ce qu’il nomme le « nĂ©gationnisme en temps rĂ©el », dont l’Occident a fait preuve face aux horreurs perpĂ©trĂ©es par le Hamas en IsraĂ«l. Il dĂ©nonce aussi les trois modalitĂ©s Ă  l’Ɠuvre

pour incriminer IsraĂ«l ou relativiser l’horreur : le « oui mais », consistant Ă  noyer le pogrom dans un contexte d’« occupation » ; l’appel au cessez-le-feu, sans se soucier du sort des otages ou de l’éradication indispensable du Hamas ; et le souci du fameux « jour d’aprĂšs ». Enfin, il dĂ©nonce bien sĂ»r l’explosion de l’antisĂ©mitisme, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Mais c’est la lecture de la troisiĂšme partie du livre qui m’a, Ă  plusieurs reprises, mis mal Ă  l’aise. Dans son premier chapitre, intitulĂ© « Pourquoi IsraĂ«l ? », BHL livre une vision assez Ă©troite de la raison d’ĂȘtre de l’État d’IsraĂ«l. Pour lui, le pourquoi d’IsraĂ«l rĂ©side dans « la haine. La vieille haine. La plus vieille de toutes les haines ». Autrement dit : l’antisĂ©mitisme.

Ensuite, aprĂšs avoir apportĂ© trois rĂ©ponses aux accusations visant IsraĂ«l comme « fait colonial », BHL traite de ce qu’il nomme le « fascislamisme ». Dans le chapitre qui porte ce nom et qui est Ă  mon sens le plus choquant, Bernard-Henri LĂ©vy donne une rĂ©ponse pour le moins Ă©tonnante Ă  l’argument de certains opposants d’IsraĂ«l, formulĂ© ainsi par l’auteur : « Admettons que cette indĂ©pendance d'IsraĂ«l ait Ă©tĂ© obtenue de vive force, et contre les empires. Reste que, si elle fut bĂ©nie par le reste des nations, c'est parce qu'elles voyaient lĂ  une façon de rĂ©parer le crime de la Shoah. Et la question, dans ce cas, devient : “Pourquoi ici ? Pourquoi cette terre ? Ce crime commis par

l'Allemagne, pourquoi l'avoir fait payer Ă  la nation arabe ? Pourquoi ne pas avoir créé IsraĂ«l, par exemple, en BaviĂšre ?” »

La rĂ©ponse de BHL Ă  cet argument consiste Ă  dire que, chez certains, dans le monde arabe et chez les pĂšres du nationalisme palestinien, il y eut une admiration du nazisme, qui alla parfois jusqu’à la collaboration, comme dans le cas du funestement cĂ©lĂšbre mufti de JĂ©rusalem, Amin al-Husseini. Suivant ces deux arguments, qui sont au fond de mĂȘme nature, ce qui fait de l’existence d’IsraĂ«l une chose juste tient dans la haine dont a Ă©tĂ© victime le peuple juif, en Europe d’abord, puis dans le monde arabe. Autrement dit : si ce n’était cette haine, sans l’antisĂ©mitisme et le nazisme, IsraĂ«l n’aurait peut-ĂȘtre pas lieu d’ĂȘtre. Je ne prĂȘte pas cette pensĂ©e Ă  BHL, qui sait bien Ă©videmment que le sionisme est nĂ© avant le nazisme et qu’il n’avait pas pour seul horizon d’apporter une solution au problĂšme de l’antisĂ©mitisme. Je ne rappellerai pas non plus la brillante intervention de Georges Bensoussan au mois de mai dernier au Centre Begin, dans laquelle il a dĂ©montrĂ© que la culpabilitĂ© de la Shoah n’existait pas en Occident en 1948 (intervention disponible sur la chaine YouTube « Begin Center »). Mais il semble malgrĂ© tout qu’il est nĂ©cessaire de rappeler quelques fondements Ă©lĂ©mentaires. Pour cela, je rapporterai uniquement quelques

TRIBUNE

mots d’un discours prononcĂ© en 1975 Ă  la tribune de la Knesset par Menahem Begin, alors chef de l’opposition, peu de temps aprĂšs le cĂ©lĂšbre vote de l’ONU qualifiant le sionisme de racisme et qui provoqua le courroux de notre ambassadeur HaĂŻm Herzog, dĂ©chirant cette rĂ©solution sur la tribune mĂȘme de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale.

« [
] Monsieur le PrĂ©sident, les ignares peuvent ignorer et les racistes peuvent refuser d’apprendre. Mais nous, nous leur dirons ce qu’est le sionisme. D’un point de vue historique, le sionisme est le retour Ă  Sion. C’est un phĂ©nomĂšne considĂ©rable qui n’a probablement pas de semblable dans l’histoire de l’humanitĂ©. Ce peuple revient Ă  la Terre d’IsraĂ«l, que cela soit aprĂšs 70 ans, 400 ans ou 1800 ans. Mais il y revient toujours. Il revient toujours de lĂ  oĂč il vient. Pendant de nombreuses gĂ©nĂ©rations, il Ă©tait d’usage de dire que notre peuple Ă©tait dĂ©pourvu de patrie. C’est infondĂ©. Notre peuple a toujours eu une patrie, et il l’aimait plus que n’importe quel autre peuple n’aime sa patrie. Et il en a donnĂ© la preuve dans ses souffrances, dans ses sacrifices, proches ou lointains. Dans les errances et par son sang versĂ©, par les bĂ»chers et les Ă©gorgements. De tout temps, Ă  toute pĂ©riode et dans tous les pays, il l’a languie, il a priĂ© pour elle et a cru en son retour vers elle. Le dĂ©sastre du peuple juif fut que durant toutes ces gĂ©nĂ©rations, sa patrie n’était pas son pays. C’est Ă  cause de cela que pendant toutes ces gĂ©nĂ©rations il fut pourchassĂ© et que de notre temps il fut exterminĂ© en masse. Il a donc appris qu’en dehors d’Eretz IsraĂ«l, il ne peut exister. C’est la raison pour laquelle, durant cette pĂ©riode de rĂ©surrection, il y est revenu pour y crĂ©er son État, afin de possĂ©der tous les moyens de sa dĂ©fense nationale, afin de prĂ©server sa dignitĂ© humaine et afin de ressusciter son passĂ©.

« La Terre d'IsraĂ«l appartient de droit au peuple juif. [
] avec cette foi, nous irons vers les nations et nous brandirons
fiÚrement le drapeau du sionisme comme mouvement de libération nationale. »

D’un point de vue moral, qu’estce que le sionisme ? C’est la rĂ©paration d’une injustice qui n’a pas eu d’équivalent dans l’histoire humaine. Les ignares et les racistes peuvent ne pas vouloir savoir, mais nous nous souvenons du prix que nous avons payĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©racinĂ©s de notre patrie et avoir perdu notre État. Dans notre esprit, nous voyons les gĂ©nĂ©rations passĂ©es qui ont traversĂ© les sept cercles de l’enfer, et nous avons vu notre peuple poussĂ© Ă  la mort. Aucun autre peuple n’a payĂ© un prix tel que celui qu’a payĂ© le peuple juif pour la perte de sa libertĂ© nationale. Le sionisme, donc, le retour Ă  Sion, la restauration de l’indĂ©pendance hĂ©braĂŻque, tout cela n’a qu’un sens : la rĂ©paration d’une injustice historique qui n’a pas de semblable. RĂ©parer une injustice, Monsieur le PrĂ©sident, revient Ă  instaurer la justice dans toute sa simplicitĂ©. Ceux qui ont pris cette dĂ©cision avant-hier aspirent Ă  renouveler l’injustice. Par leur dĂ©cision, ils voudraient effacer l’État des Juifs de la carte, l’effacer de sous les cieux de Dieu. Ils voudraient rĂ©instaurer l’injustice. RĂ©instaurer une injustice et le summum du mal. [
].

Pour maintenir son cap, sa fiertĂ© et ses convictions, c’est Ă  ses arguments

que doit se tenir IsraĂ«l. Si le sionisme est aussi, Ă©videmment, une rĂ©ponse Ă  l’antisĂ©mitisme, ce n’est pas de ce dernier qu’il tire sa substance. Ce lien n’est que circonstanciel, et non essentiel. Dans son essence, dans son origine, le sionisme et l’État d’IsraĂ«l viennent rĂ©tablir et restaurer le lien de vie, rĂ©el, physique, entre un peuple, le peuple juif, et sa terre, la Terre d’IsraĂ«l, de laquelle il a Ă©tĂ© chassĂ© par la force et la violence par l’impĂ©rialisme romain. Il faut donc restaurer notre foi dans le sionisme et notre fiertĂ© de lui et de ses fondements : la Terre d'IsraĂ«l appartient de droit au peuple juif. Ce droit est Ă©ternel et ne peut ĂȘtre contestĂ©. [
] avec cette foi, nous irons vers les nations et nous brandirons fiĂšrement le drapeau du sionisme comme mouvement de libĂ©ration nationale, merveilleux, protecteur, libĂ©rateur, ainsi que sa grandeur morale et sa justice historique. Car c'est ce que nous a enseignĂ© le prophĂšte : “Il lĂšvera l'Ă©tendard vers les nations pour recueillir les ExilĂ©s d'IsraĂ«l et rassembler les dĂ©bris Ă©pars de Juda des quatre coins de la terre.” VoilĂ  ce qu'est le sionisme. » n

Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin yoelh@begincenter.org.il

LE KLING DU MOIS

Avraham et ses cinquante petites filles

Les deux premiers millĂ©naires de l'humanitĂ© n'intĂ©ressent pas vraiment la Torah. Leur histoire est expĂ©diĂ©e en onze chapitres et deux parachiot : « Berechit » et « Noa'h ». D'un point de vue biblique, il s'agit donc d'une forme d'introduction, d'une sorte de prĂ©histoire. La vĂ©ritable histoire biblique dĂ©bute avec Avraham : tout le reste du livre est en effet consacrĂ© au patriarche et Ă  sa descendance, soit trente-huit chapitres et dix parachiot ! Car la rĂ©volution monothĂ©iste d'Avraham et l'Ă©lection d'IsraĂ«l qui en dĂ©coule vont changer la face du monde. AprĂšs les deux premiers millĂ©naires, que nos sages appellent « les deux mille ans de chaos », l'humanitĂ© hĂ©rite enfin d'une direction et d'un sens. Avraham, aprĂšs avoir (re)dĂ©couvert Dieu, comprend que le monde a besoin de lui. « Ś”Ś›ŚšŚ‘ ڔڙڔڕ » – « veHĂ©yĂ© brakha » (Berechit 12, 2), lui dit Dieu dĂšs le premier message : tu dois ĂȘtre une brakha, une bĂ©nĂ©diction pour le monde. Comme presque toujours dans la langue hĂ©braĂŻque, la racine du mot « brakha » est composĂ©e de trois lettres – ici : le beth, qui a pour valeur numĂ©rique 2, le rech qui vaut 200 et le kaf qui vaut 20. En utilisant la seconde lettre des unitĂ©s, des centaines et des dizaines, l'hĂ©breu suggĂšre que « bĂ©nĂ©diction » signifie en fait progression, progrĂšs. En effet, si le chiffre 1 reprĂ©sente le point de dĂ©part, le 2, lui, symbolise l'avancĂ©e. D'ailleurs la mĂȘme racine, beth-rech-kaf, donnera aussi le mot « bĂ©rekh », qui signifie « genou » – l'articulation qui prĂ©cisĂ©ment nous permet d'avancer !

Mais dans ce mĂȘme premier message, Dieu prĂ©cise Ă  Avraham que ce progrĂšs ne sera possible qu'en quittant son pays natal et en s'installant « dans le pays que Je t'indiquerai », entre la mer et le Jourdain. Il existe donc un endroit propice pour la brakha. Celle-ci ne peut

Le rav Elie Kling (à droite) en excursion dans le nord d'Israël avec des jeunes filles de la mékhina toranite pour jeunes filles francophones

rayonner qu'Ă  l'intĂ©rieur de frontiĂšres gĂ©ographiques prĂ©cises. Comme dit Rachi : « Si tu restes ici, tu ne pourras pas avoir d'enfants » – entendez : tu ne pourras pas avoir d'avenir. Donc « va-t'en, quitte ton pays, ta patrie », et de lĂ -bas nous pourrons, toi et Moi, apporter la brakha Ă  l'humanitĂ©.

À peine arrivĂ© dans ce qui va bientĂŽt devenir Eretz IsraĂ«l, Avraham a sa premiĂšre rĂ©vĂ©lation prophĂ©tique : « Et Avraham atteignit le pays [
] et Dieu lui apparut et lui dit : c'est Ă  ta descendance que Je donnerai ce pays. » (Berechit 12, 6-7) Car au dĂ©but de la paracha, lorqu'Avraham est encore Ă  Haran, Dieu ne lui apparaĂźt pas. Il lui parle, Avraham entend l'appel Ă  l’Alya lorsqu'il est en dehors d'IsraĂ«l, mais il ne peut voir la prĂ©sence divine. Il ne peut avoir de vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation prophĂ©tique qu'en Eretz IsraĂ«l !

Cette annĂ©e, nous ouvrons avec beaucoup d'Ă©motion la trentiĂšme promotion de Hemdat Hadarom. Je pensais que les effectifs seraient infĂ©rieurs Ă  la moyenne – le pays est en guerre depuis un an, de quoi en dĂ©courager plus d'une. Pourtant, Ă  ma grande surprise, nous n'avons jamais Ă©tĂ© aussi nombreux : ce sont en effet pas moins de cinquante jeunes filles qui viennent d'atterrir Ă  l'aĂ©roport Ben Gourion pour passer une annĂ©e

Hemdat Hadarom © DR - Issu de la page Instagram de Hemdat Hadarom

LE KLING DU MOIS

de dĂ©couverte de la Torah et d'Eretz IsraĂ«l avec nous – un record ! Elles ont dĂ©cidĂ© de ne plus se contenter d'entendre de loin la parole divine mais de venir voir sur place comment celle-ci se manifeste. Comme leur ancĂȘtre Avraham il y a si longtemps, elles ont compris que la Chekhina ne peut rĂ©ellement se ressentir qu'en Eretz IsraĂ«l.

Leur souhaiter la bienvenue se dit en hĂ©breu : « Que celles qui viennent reçoivent la brakha ! » Je leur souhaite donc, ainsi qu'Ă  vous tous, amis lecteurs, une annĂ©e pleine de brakhot, de progrĂšs et d'avancĂ©es dans tous les domaines. Kol haKavod pour votre courage et bienvenue Ă  : Elya A, Laura A, Shyrel B, Lielle B, DĂ©borah B, Sarah B, Keren B, Jessica B, Ilana B, Savannah B, Lisa B, Yaelle B, Elinor B, Laura B, Elsa C, Rebecca C, Avigail D, Elsa D, Shely E, Efrath E, Elsa F, Kelly G, Justine G, LĂ©a G, Emma G, Evelyne G, Deborah H, Ethel I, Mati J, Shani J, Emma J, Talia K, Shira K, NoĂ©mie L, Shirel L, Liora L, Lior M, Sarah M, Chani M, Elya N, Liora N, Anaelle O, Emouna P, Liad P, Mikaella S, Sarah S, Jenna S, Lisa S, Axel T et Emma T. ArrĂȘtez-moi si je dis des bĂȘtises
 n

klingelie@gmail.com

HORAIRES DE CHABBAT

CHABBAT LEKH LEKHA

8 NOVEMBRE 2024-7 'HECHVAN 5785

Jérusalem 16h03 17h22

Tel Aviv 16h23 17h23

Netanya 16h22 17h22

CHABBAT VAYÉRA

15 NOVEMBRE 2024-14 'HECHVAN 5785

Jérusalem 15h59 17h18

Tel Aviv 16h18 17h19

Netanya 16h18 17h19

CHABBAT 'HAYEI SARAH

22 NOVEMBRE 2024-21 'HECHVAN 5785

Jérusalem 15h56 17h16

Tel Aviv 16h15 17h17

Netanya 16h14 17h16

CHABBAT TOLEDOT

29 NOVEMBRE 2024-28 'HECHVAN 5785

Jérusalem 15h55 17h15

Tel Aviv 16h14 17h16

Netanya 16h13 17h15

ROCH 'HODECH KISLEV

2 DÉCEMBRE 2024-1ER KISLEV 5785

CHABBAT VAYÉTSÉ

6 DÉCEMBRE 2024-5 KISLEV 5785

Jérusalem 15h55 17h15

Tel Aviv 16h14 17h16

Netanya 16h13 17h16

Chaque parcelle de lumiĂšre spirituelle qui entre dans ce monde est accompagnĂ©e d'une obscuritĂ© correspondante. La tĂąche de l'homme est de libĂ©rer la lumiĂšre des tĂ©nĂšbres et de lui permettre de se rĂ©vĂ©ler. Sfat Émeth

JUDAÏSME

Chana tova, 'Hag samea'h, chabbat chalom, Moadim leSim'ha, Tsom kal, Pitka tava


La pĂ©riode des FĂȘtes
 Lorsqu’on rencontre un ami dans la rue, on ne sait plus quoi lui souhaiter ; on se demande quel jour on est et il nous faut quelques secondes avant de nous y retrouver. Nous enchaĂźnons encore et encore les fĂȘtes et les chabbatot, avec seulement quelques jours « normaux » dans les intervalles. Des tĂąches supplĂ©mentaires s’imposent Ă  nous, s’ajoutant Ă  notre vie quotidienne habituelle dĂ©jĂ  chargĂ©e et stressante : se prĂ©parer Ă  trois jours de fĂȘtes, le repas d’avant Kippour, la construction de la soucca, l’achat des « quatre espĂšces »  Le mois de Tichri est un mois rempli de fĂȘtes, chacune possĂ©dant sa particularitĂ©. D’un cĂŽtĂ©, ce sont de nombreux jours en famille, des jours de mitzvot et de repos. D’un autre cĂŽtĂ©, il nous semble parfois que c’est un peu trop, que l’on aimerait juste revenir Ă  notre routine et Ă  notre travail. Nous voudrions terminer une tĂąche mais une fois de plus il n'y a qu'une demisemaine de travail et de nouveau nous sommes en fĂȘte. On peut trĂšs vite se sentir dĂ©bordé 

Toute cette pĂ©riode m'a fait un peu rĂ©flĂ©chir Ă  la question. Souvent, au jour le jour, nous voulons juste nous reposer, faire une pause ; mais lorsque tout Ă  coup une opportunitĂ© se prĂ©sente – et la pĂ©riode des FĂȘtes de Tichri, qui marque Ă©galement le dĂ©but d’une nouvelle annĂ©e, offre de nombreuses nouvelles opportunitĂ©s –,

DÚs la sortie du jeûne de Yom Kippour, les Juifs enchaßnent avec une autre mitzva : la construction de la soucca © Flash90

nous la manquons car il nous est difficile de changer, nous sommes trop accrochés à nos habitudes
 Un changement, bon ou mauvais, nous déséquilibre, nous plonge dans la confusion, et nous cherchons aussitÎt à retrouver la stabilité de notre routine.

Les changements, dans notre vie, surviennent en gĂ©nĂ©ral par le biais de moments qui sortent de l’ordinaire et provoquent un dĂ©sĂ©quilibre. Par exemple, certains Ă©lĂšves me disent : « AprĂšs le dĂ©cĂšs de mon grand-pĂšre, j’ai pris sur moi de commencer Ă  garder chabbat » ; « depuis le 7 octobre, je fais attention Ă  ĂȘtre plus tzniyout » ; « depuis la fin de la mekhina, je mets les tefillins chaque jour » ; « depuis que j’ai un enfant, je fais davantage attention aux mots qui sortent de ma bouche et Ă  ma façon de parler »  La plupart du temps, un changement rĂ©sulte d’un Ă©vĂ©nement inhabituel – positif ou douloureux – qui a brisĂ© notre routine. Il nous secoue et nous fait dĂ©cider qu'Ă  partir de maintenant ce sera diffĂ©rent, je changerai et j’amĂ©liorerai tel ou tel point.

Le livre Learim eth haChamayim décrit trÚs bien cette situation et explique que lorsque nous apprenons quelque chose de nouveau, nous devons mettre de cÎté certaines de nos connaissances antérieures sur ce sujet afin de pouvoir assimiler la nouvelle information. Si nous nous accrochons trop à nos idées préconçues,

JUDAÏSME

nous ne pourrons jamais rien apprendre et nous ne pourrons donc pas progresser.

Dans tout processus de transition d’un Ă©tat Ă  un autre, il existe un moment indĂ©fini de vide apparent, dans lequel s’incarne un potentiel illimitĂ©. Un tel moment est une pĂ©riode Ă  haut risque, car durant ce temps tout peut arriver ; et plus on hĂ©site, plus cela va durer et devenir de plus en plus menaçant. Ainsi, par exemple, dans l’apprentissage de la natation et le passage de la marche Ă  la nage : il y a un moment d’entre-deux, ni ici ni lĂ , oĂč l’on n'est plus debout sur une base stable, mais oĂč l’on ne nage pas encore non plus.

Si nous nous accrochons trop Ă  ce dont nous avons l’habitude, nous ne pourrons jamais Ă©voluer. Changer suppose et requiert un moment de rupture avec la routine : sortir de la maison pour aller dans la soucca, de ma maison habituelle vers une maison temporaire, un endroit oĂč je ne serai peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait en sĂ©curitĂ©, qui m’inquiĂšte et me fait un peu peur. La pĂ©riode des FĂȘtes, avec toutes les particularitĂ©s de chacune d’entre elles et les mitzvot qu’elles incluent – avec, au centre, Yom Kippour, cette puissante journĂ©e oĂč nous devons nous dĂ©tacher de tout ce qui fait notre quotidien pour nous plonger dans la priĂšre et nous concentrer sur l’essentiel –, nous procure exactement cette stabilitĂ© dont nous avons besoin pour avancer et commencer une nouvelle annĂ©e de façon Ă©quilibrĂ©e.

PlutĂŽt que de fuir et nous rĂ©fugier dans notre zone de confort, nous devons laisser place Ă  une nouvelle situation pour qu’elle puisse faire partie de nous. Nous entrons maintenant dans la pĂ©riode de « l'aprĂšsFĂȘtes », une expression courante en hĂ©breu moderne pour dĂ©signer la pĂ©riode qui suit les FĂȘtes et les vacances de Tichri, lorsque la routine et le travail reviennent Ă  l'ordre du jour. « AprĂšs les FĂȘtes » : au fil des ans, ces termes sont devenus tout autant une maniĂšre de repousser les Ă©chĂ©ances que l’expression d’un renouveau. Alors, comment vivons-nous notre aprĂšs-FĂȘtes ? Un retour Ă  la normale, enfin ?! Un retour aux tĂąches que nous avions reportĂ©es dans le passĂ© ? Je souhaite qu’« aprĂšs les FĂȘtes » soit pour nous tous synonyme de croissance et de renouveau. n

Yehouda Salama

Directeur du programme Gour AriĂ© de prĂ©paration Ă  l’armĂ©e israĂ©lienne pour les jeunes Juifs français Yehuda@betar.org.il

Michal et Athalia : l’amour, le pouvoir et la tragĂ©die des reines de JĂ©rusalem

RĂ©gentes ou Ă©pouses de rois, certaines femmes ont rĂ©gnĂ© sur JĂ©rusalem et, depuis les temps les plus reculĂ©s, ont laissĂ© leur marque sur l’histoire
trimillĂ©naire de la capitale d’IsraĂ«l. Voici leur histoire et les lieux oĂč vous pourrez Ă©voquer leur grandeur ou leur dĂ©chĂ©ance passĂ©es.

La Bible dit que Dieu a formĂ© la femme Ă  partir d’un membre de l’homme en dĂ©clarant qu’elle serait « une aide face Ă  lui », « Ézer keNegdo » – expression qui a intriguĂ© bien des commentateurs, dont certains comprennent « une aide contre lui ». Rachi reprend le Midrach qui explique : s’il en est digne, elle sera une compagne ; s’il n’en est pas digne, elle sera contre lui. Cette ambiguĂŻtĂ© n’a pas trouvĂ© meilleur Ă©cho que dans la vie des Ă©pouses de rois. En voici deux exemples. Si l’on parle des reines de JĂ©rusalem, il faut commencer par la premiĂšre d’entre elles : Michal, la benjamine du roi SaĂŒl. La Bible nous la prĂ©sente avec affection en disant qu’elle Ă©tait « la petite », « haKetana », au lieu de dire « la plus jeune » comme on le traduit de façon erronĂ©e. Pour avoir tuĂ© Goliath, David mĂ©rita d’épouser l’aĂźnĂ©e des deux filles du roi SaĂŒl, Meirav. Mais la popularitĂ© du nouvel hĂ©ros fit ombrage au roi et celui-ci la maria Ă  quelqu’un d’autre. Heureusement, car Michal Ă©tait en fait tombĂ©e amoureuse de David. C’est un cas unique dans la Bible – qui offre un narratif plutĂŽt

pudique – oĂč il est fait mention des sentiments amoureux d’une femme envers un homme. Selon le Talmud, Michal Ă©tait trĂšs belle. Le roi SaĂŒl s’empressa de l’offrir en mariage Ă  David, en pensant qu’elle serait un piĂšge pour le hĂ©ros encombrant qu’il Ă©tait devenu, car il est dit que

dans un mariage, c’est l’homme qui abandonne ses parents pour s’unir Ă  son Ă©pouse, et non le contraire. SaĂŒl pensait donc que sa fille lui resterait attachĂ©e et qu’il pourrait faire de David ce que bon lui semblerait. Mais les choses ne se passĂšrent pas comme il le souhaitait, car une fois mariĂ©e, Michal se rangea aux cĂŽtĂ©s de David plutĂŽt que contre lui. Shakespeare n’a rien inventĂ© sur les amours

impossibles en narrant la rencontre nocturne de RomĂ©o au balcon de Juliette : Michal a sauvĂ© l’homme qu’elle aimait, David, en le faisant descendre de son balcon avec une corde. Puis la Bible continue Ă  nous raconter comment Michal se joua de son pĂšre pour protĂ©ger David, au point que la Bible ne l’appelle plus la fille de SaĂŒl mais l’épouse de David. « La petite » devint ainsi l’hĂ©roĂŻne de l’histoire. Voyant la situation, SaĂŒl finit par expulser Michal de son palais et la mit sous surveillance. Deux ans plus tard, aprĂšs la mort de SaĂŒl, le royaume se scinda de nouveau et une guerre civile s’ensuivit. David devint roi de sa seule tribu de Juda pendant sept ans, au bout desquels il fut enfin choisi pour ĂȘtre roi de tout IsraĂ«l. C’est seulement alors qu’il rappela Michal auprĂšs de lui. Mais aprĂšs neuf ans de sĂ©paration, David avait entretemps eu d’autres Ă©pouses et des enfants. Aussi Michal Ă©tait-elle devenue amĂšre.

Lorsque David fit la conquĂȘte de la ville des JĂ©busĂ©ens pour en faire JĂ©rusalem, la capitale du royaume unifiĂ©, il souhaita y installer l’Arche d’Alliance, et mĂȘme lui construire un temple. Lorsque l’Arche fit son

Michal depuis son balcon © DR

entrĂ©e dans la capitale, Michal, « fille de SaĂŒl », depuis son balcon, vit son Ă©poux danser et gesticuler ; elle en conçut du dĂ©dain et lui en fit remontrance. L’histoire biblique de Michal s’arrĂȘte sur ce verdict lapidaire : « Elle n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort. » MalgrĂ© sa faute, on ne peut s’empĂȘcher de ressentir de la compassion pour Michal qui a aimĂ© David comme jamais la Bible ne l’a contĂ© ailleurs. Mais la vie ne lui a pas Ă©tĂ© favorable. David avait-il changĂ© ? Ou n’avait-il pas aimĂ© Michal autant qu’elle l’avait aimĂ© ? Pour Ă©voquer Michal, rendez-vous Ă  la CitĂ© de David, au sud des murs actuels de JĂ©rusalem. LĂ , vous trouverez les fondations du palais jĂ©busĂ©en qui servit de palais au roi David et Ă  son Ă©pouse deux fois royale, Michal.

Voyons Ă  prĂ©sent le cas d’une autre reine, Ă  l’époque de la coexistence pacifique des deux royaumes de JudĂ©e et d’IsraĂ«l, lorsque leurs rois respectifs avaient cherchĂ© la conciliation. Notre histoire est contĂ©e dans le deuxiĂšme livre des Rois, aux chapitres VIII Ă  XI. Achab, roi d’IsraĂ«l, mariĂ© Ă  JĂ©zabel (prĂ©nom qui a donnĂ© Isabelle en français), princesse paĂŻenne de Tyr, eut un fils qu’il nomma Yoram. De son cĂŽtĂ©, Josaphat, roi de JudĂ©e, eut un fils qu’il nomma lui aussi Yoram. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec son proche parent Yoram, roi d’IsraĂ«l, les deux ayant rĂ©gnĂ© en mĂȘme temps. Ce dernier fut ensuite mariĂ© Ă  une fille d’Achab. L’alliance avait ainsi Ă©tĂ© formĂ©e mais les choix cultuels Ă©taient dĂ©sĂ©quilibrĂ©s : en IsraĂ«l, JĂ©zabel avait imposĂ© le culte de Baal, et l’osmose aidant, le royaume de JudĂ©e, sous l’influence de l’épouse et de la belle-mĂšre, toutes deux paĂŻennes, se laissa aussi aller au culte de Baal. Pour le royaume de JudĂ©e,

c’était annonciateur de catastrophes, car pour la premiĂšre fois « Édom secoua la domination de Juda jusqu’à ce jour ». Ainsi, tous les malheurs qu’Édom imposera aux Juifs dans les siĂšcles ultĂ©rieurs viennent de cette paganisation du royaume de JudĂ©e Ă  l’époque de Yehoram – Ă©galement nommĂ© Yoram dans la Bible. Nous sommes dans le rĂšgne de la confusion. De plus, l’épouse de Yehoram Ă©tait Athalia, qui est mentionnĂ©e dans la Bible deux fois comme fille d’Achab et deux fois comme fille d’Omri, pĂšre d’Achab, ceci laissant donc supposer qu’il y eut des relations illicites au sein de cette famille impie.

Lorsque Yehoram mourut, son fils Achazia lui succĂ©da. Il avait Ă  peine 22 ans et Ă©tait sous l’influence de la maison d’Achab, par sa mĂšre Athalia, par son oncle Yoram, roi d’IsraĂ«l, et par sa grand-mĂšre JĂ©zabel, tous encore en vie. Mais le malheur arriva : Achazia mourut aprĂšs un an de rĂšgne, alors qu’il se trouvait auprĂšs de Yoram, car Dieu avait levĂ© JĂ©hu contre la maison d’Achab en lui ordonnant : « Toute la dynastie d’Achab doit pĂ©rir. » JĂ©hu tua les deux rois, Yoram et Achazia, puis marcha sur la citĂ© de JezrĂ©el et fit jeter JĂ©zabel

du haut d’un balcon. Une prophĂ©tie du prophĂšte Élie se rĂ©alisa alors : les chiens dĂ©vorĂšrent son corps et elle n’eut pas de sĂ©pulture. AprĂšs la mort d’Achazia, sa mĂšre, Athalia, devint rĂ©gente. De peur de perdre le pouvoir aux mains de la dynastie de JudĂ©e, elle fit exterminer toute la famille royale. Un seul y Ă©chappa : le dernier hĂ©ritier royal, Yoach, ĂągĂ© d’un an, qui fut cachĂ© pendant six ans dans le Temple de JĂ©rusalem. La septiĂšme annĂ©e, le grand-prĂȘtre le fit proclamer roi de JudĂ©e. Entendant les acclamations des prĂȘtres et des gardes, Athalia quitta le palais royal (qui se trouvait sur le flanc sud du mont du Temple) pour se rendre au Temple. Elle fut stupĂ©faite de constater qu’elle avait Ă©tĂ© trahie par l’existence de ce survivant de la famille royale (Yoach Ă©tait aussi son petit-fils). En retournant au palais royal, elle fut mise Ă  mort sur les marches de l’entrĂ©e par les gardes du Temple. Ainsi pĂ©rit cette reine mauvaise, digne de sa mĂšre JĂ©zabel qui causa tant de tort Ă  la JudĂ©e. Heureusement que Yoach, Ă©levĂ© auprĂšs du grand-prĂȘtre, marcha dans les voies de Dieu et bĂ©nĂ©ficia d’un long rĂšgne de quarante ans.

Pour évoquer Athalia, il faut se rendre aux marches des portes de Huldah (accÚs par le centre Davidson), qui peuvent figurer les marches du palais sur lesquelles Athalia fut assassinée. n

Cet article est tiré du site Yedia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.

La mort d'Athalie, de Gustave Doré © DR

En Israël, tu es appelé Tzadik

Tu as vu passer au-dessus de ta tĂȘte des dizaines de missiles d’Iran, du Liban ou de Gaza. Il n’y avait pas d’abri autour de toi. Tu t’es alors allongĂ© au sol selon les consignes de sĂ©curitĂ©. Tu as certainement priĂ©. AprĂšs cet Ă©pisode traumatisant, tu aurais pu tout quitter et retourner en France oĂč tu as sĂ»rement de la famille et oĂč tu aurais pu louer un appartement jusqu’à ce que la guerre se termine, mais tu ne l’as pas fait. Tu restes, plein d’emouna, sur la terre de tes ancĂȘtres et tu te rĂ©veilles comme un lion aprĂšs un sommeil prolongĂ©, rempli de forces. C’est le signe que tu es Tzadik, explique le rav Abraham Azoulay dans son livre 'Hessed lĂ©Avraham, Ă©crit Ă  Gaza au XVIIe siĂšcle. Le coĂ»t de la vie augmente et ton salaire n’augmente pas toujours en consĂ©quence. Tu pourrais partir vivre Ă  l’étranger et gagner quatre ou cinq fois plus. Pourtant, tu ne quittes pas IsraĂ«l, attachĂ© Ă  Dieu, Ă  ton peuple, Ă  ta terre. C’est encore un signe que tu es Tzadik ! Sache que si tu n’étais pas Tzadik, la terre t’aurait vomi (« Le pays a vomi ses habitants », LĂ©vitique 18, 25).

Le rav Kook racontait cette histoire :

Dans un lointain village se trouvait une trĂšs belle jeune fille en Ăąge de se marier. Ses parents Ă©taient trĂšs soucieux car ils n’avaient pas d’argent pour la marier, pas mĂȘme pour lui confectionner une robe. Quand un jour, dans la rue, le regard d’un bel homme riche passant par lĂ  Ă  cheval est attirĂ© par cette jeune demoiselle Ă  la dĂ©marche d’une grande noblesse, il s’empresse de fixer un rendez-vous avec les parents. TrĂšs Ă©tonnĂ©s qu’un bon parti s’intĂ©resse Ă  leur fille, ils ne savent pas comment rĂ©agir. Ils se tournent alors vers elle, la questionnent, mais sa rĂ©ponse est sans Ă©quivoque : elle ne le connaĂźt pas et ne veut pas le rencontrer. PersuadĂ©s qu’elle ne devrait pas refuser, les parents tentent de revenir Ă  l’assaut, jour aprĂšs jour. Au bout d’un certain temps, par respect pour ses parents, la jeune fille accepte. Le jour J, une belle table est dressĂ©e et le jeune homme arrive. On lui sert du thĂ© et des gĂąteaux en attendant que la jeune fille finisse de se prĂ©parer. Un quart d’heure, une demi-heure, trois quarts d’heure s’écoulent
 Elle ne descend toujours pas. Le gentilhomme commence Ă  devenir nerveux, alors sa mĂšre monte la chercher. Soudain, la demoiselle fait son apparition. Mais lĂ , c’est le grand choc : elle est vĂȘtue d’une robe en lambeaux et ses cheveux dĂ©coiffĂ©s lui couvrent la moitiĂ© du visage. Le

jeune homme, effrayĂ©, invente une excuse pour s’esquiver. Étourdi, il se rend chez un ami et lui dit :

– Ce n’est pas possible, ce n’est pas elle !

Son ami lui demande :

– Comment as-tu fait pour te dĂ©rober ?

Il répond :

– J’ai prĂ©tendu que j’avais un rendez-vous pour m’éclipser.

L’ami lui rĂ©torque :

– C’est elle qui t’a bien eu ! Elle a acceptĂ© de te rencontrer pour faire plaisir Ă  son pĂšre. Mais en fait, elle s’est dĂ©brouillĂ©e pour que tu t’en ailles de toi-mĂȘme.

Cette histoire de chidoukh, c’est l’histoire de la rencontre entre le Juif et sa terre. La terre, c’est la fiancĂ©e. Elle peut se faire belle pour accueillir le Juif. Mais elle peut aussi s’enlaidir pour faire fuir ceux qu’elle ne dĂ©sire pas.

L’appellation « Tzadik », qui veut dire « Juste », est rarement utilisĂ©e, mĂȘme dans la pĂ©riode biblique. Joseph, le fils de Jacob, a reçu ce surnom aprĂšs avoir rĂ©sistĂ© Ă  la tentation face Ă  la fille de Putiphar. On l’appellera dĂ©sormais Joseph le Juste, Yossef haTzadik. MalgrĂ© cela, il sera jetĂ© dans un sombre cachot. Mais Joseph ne perd pas la face. Il se prĂ©pare Ă  devenir roi. En effet, il va ĂȘtre rappelĂ© pour rĂ©vĂ©ler la signification des songes du plus puissant dirigeant de l’époque, auquel il va expliquer comment gĂ©rer les annĂ©es de fertilitĂ© et de famine pour survivre. C’est lui qui donne les clĂ©s au monde.

Il n’est pas facile d’ĂȘtre un Juste Ă  l’échelle individuelle. Or, lorsqu’un Juif fait son Alya, il reçoit dĂšs sa premiĂšre nuit une nouvelle nĂ©chama, une nouvelle Ăąme, explique le rav Abraham Azoulay. L’ñme collective, qui s’appelle la Chekhina ou Knesset IsraĂ«l, rayonne en lui avec toute sa vigueur. Il profite pleinement de la collectivitĂ© d’IsraĂ«l qui est un peuple « juste », comme en tĂ©moigne le prophĂšte IsaĂŻe : « Pit'hou chĂ©arim vĂ©Yavo goy tzadik » – « Ouvrez les portes, pour que puisse entrer un peuple juste. » AprĂšs avoir Ă©tĂ© durement Ă©prouvĂ©, le peuple, empli de courage, se bat. Un an plus tĂŽt, il avait la tĂȘte baissĂ©e. Maintenant il se tient droit et c’est ce qui lui donne la rĂ©ussite. Il explique au monde ce qu’est le mal et comment le combattre. Il commence Ă  jouer son rĂŽle Ă  la tĂȘte du monde. n

Daniel Rausky

de la communauté Emouna Chéléma à Jérusalem

RECETTE

Osso buco

PRÉPARATION

l Placer la grille au centre du four. Préchauffer le four à 180 °C (350 °F).

l Verser la farine dans une assiette creuse. Enrober les tranches de veau de farine.

l Dans une grande casserole à feu moyen-fort, faire dorer la viande des deux cÎtés dans l'huile. Saler et poivrer. Réserver sur une assiette.

l Dans la mĂȘme casserole, attendrir les oignons. Si besoin, ajouter de l’huile.

l Déglacer avec le vin.

l Remettre la viande et ajouter le reste des ingrédients. Saler légÚrement et poivrer.

l Porter à ébullition. Couvrir et cuire au four 45 minutes.

l Réduire la température du four à 165 °C (325 °F). Poursuivre la cuisson une heure. Rectifier l'assaisonnement.

l Entre-temps, dans un bol, mélanger les ingrédients de la gremolata.

l Répartir la viande dans les assiettes et parsemer de gremolata.

Ce plat peut ĂȘtre accompagnĂ© de « langues d’oiseau » et de rubans de courgettes.

Bon appétit !

INGRÉDIENTS

Pour 4 personnes

‱ 50 g (1/3 tasse) de farine

‱ 4 tranches de jarret de veau d'environ 5 cm d'Ă©paisseur

‱ 30 ml (2 c. à soupe) d'huile d'olive

‱ 2 oignons hachĂ©s

‱ 375 ml (1œ tasse) de vin blanc sec

‱ 1 boĂźte de 540 ml de tomates en dĂ©s

‱ 2 branches de cĂ©leri hachĂ©es

‱ 2 carottes hachĂ©es

‱ 4 gousses d'ail hachĂ©es

‱ 250 ml (1 tasse) de bouillon de bƓuf

‱ 30 ml (2 c. à soupe) de pñte de tomate

‱ 5 ml (1 c. Ă  cafĂ©) de thym sĂ©chĂ©

‱ 1 feuille de laurier

Gremolata*

‱ 2 zestes de citron

‱ 1 gousse d'ail hachĂ©e

‱ 10 g (1/4 tasse) de persil ciselĂ©

* La gremolata est une persillade italienne traditionnellement utilisée pour assaisonner l'osso buco ainsi que d'autres viandes blanches. Elle est composée d'un hachis de persil et d'ail, d'huile d'olive et de zestes de citron ou d'orange.

Mots casés

Solutions des jeux page 54

Trouve les 10 différences

Vente – JĂ©rusalem

NAHLAOT - Rare ! Appt 2 piÚces + grde cour (usage exclusif), entrée privée, bien situé : accÚs facile en voiture, transports en commun, proche du marché Mahané Yehuda, Parc Saker, centre culturel Gérard Bahar, potentiel d'agrandissement immédiat ( rénovation urbaine prévue). Entrée immédiate , Exclusivité ! Zeev 053-7931167

GUIVAT MASHOA - Dans une rue calme (Yoram Ronan), rez-de-jardin rare ! 5 piĂšces, spacieux (environ 120 mÂČ), petit jardin dans la cour, trĂšs belle vue depuis le sĂ©jour, 2 places de parking couvertes, ascenseur depuis le parking. Complexe unique de trĂšs grande qualitĂ©, proche Ă©coles, synagogue, transports en commun, parcs et jardins , environnement verdoyant proche de Ein Laban - zoo biblique et l'aquarium, centre commercial et centres sportifs de Malha, de l’hĂŽpital Hadassah Ein Kerem et des voies rapides vers Tel Aviv et le centre. ExclusivitĂ© ! Galit 053-6834288

ANGLO SAXON JERUSALEM

3 rue Moché Hess - Jérusalem 077-8037351

IMMOBILIER

Spécialiste de la gestion locative : court et long terme à Jérusalem

Vente – JĂ©rusalem

ARNONA - TrÚs beau 2 pces tout rénové, spacieux environ 50m2, balcon, ensoleillé, 3 orientations, calme, excellent emplacement, 1er étage, petite cave et accÚs au jardin de l'immeuble. 2,250,000 shekels

Michael 058-582-8999

locations – JĂ©rusalem

GAMME D'APPTS À LOUER court, moyen et long terme : Centre-ville, Nachlaot, Rechavia, Talbieh, Mamilla, Arnona, Baka, German colony, Katamon. Emmanuel 054-6290632

TZION APARTMENNTS

Emmanuel Lellouch 054-6290632

www.tzion-apartments.com el@tzion-apartments.com

JUDAÏCA

OBJETS DE KODESH YOUDAÏKA - JÉRUSALEM

MĂ©zouzot, Tefillins, SĂ©pher Thorah, Meguilot, Parashat Haketoret, rĂ©digĂ©s sur parchemins de premiĂšre qualitĂ©, par des scribes scrupuleusement sĂ©lectionnĂ©s, puis contrĂŽlĂ©s et approuvĂ©s par le Gaon Hatsadik Hamekoubal Rav Ran Sillam Chlita. Toutes nos rĂ©alisations peuvent ĂȘtre ornĂ©es par des motifs artistiques sur mesure. Contactez-nous : 054-8415213

E-mail : DORONYOSSEF26@GMAIL.COM

TRAVAUX

TIKOUN OLAM JÉRUSALEM

Entretien, maintenance et réparation : électricité, plomberie, volets, menuiserie, étanchéité. Professionnalisme et amabilité assurés. MEIR KATZ (LAUFGRABEN) : 053-431 04 14

SERVICES

ASSISTANCE RANGEMENT

Réorganise votre intérieur (rangement de cuisine, d'armoires et de placards) lors de votre Alya ou déménagement. Odile et son équipe prépare déballe les cartons et range votre maison. Travail rapide et soigné !

ODILE 054-625 44 41

BIEN-ÊTRE

MASSAGE BY HAÏM - HAÏM BERREBI

Masseur professionnel, sur Jérusalem et alentours en clinique ou à domicile. Massage suédois aux huiles essentielles, aux pierres chaudes, à la soie, à la bougie, massage spécifique pour la fibromyalgie, drainage lymphatique, Vacuothérapie : massage aux ventouses. 058-62 72 520

Solutions des mots casés de la page 52

Un jour, Maria, la bonne, confie Ă  sa patronne :

– Madame, il faut que je vous annonce une nouvelle.

– Je t'Ă©coute, Maria.

– Je suis enceinte.

– Ah bon ?! Et qui est le pùre ?

– C'est le rabbi !

– Le rabbi ? Voyons Maria, le rabbi est un homme vĂ©nĂ©rable et respectĂ© par tous
 Es-tu vraiment sĂ»re de ce que tu avances ? Tu parles bien d'un vieil homme avec une longue barbe blanche ?

– Oui Madame, c'est bien lui ! C'est le rabbi ! Comme de bien entendu, la patronne de Maria en parle Ă  sa voisine, qui fait de mĂȘme avec son entourage ; et en moins de quarante-huit heures tout le shtetl est au courant. Le rabbi, fou furieux, convoque Maria :

– Maria, comment oses-tu colporter de tels mensonges ?! Je ne t'ai jamais vue de ma vie avant aujourd'hui !

– Peut-ĂȘtre, mais c'est quand mĂȘme vous.

– Comment ça, c'est moi ?

– Ben, je vais vous expliquer. Ma patronne est stĂ©rile et elle est venue vous voir pour une bĂ©nĂ©diction. Vous lui avez donnĂ© une bouteille en lui disant de boire son contenu afin qu’elle tombe rapidement enceinte.

– Et alors ?

– Alors, par erreur, c'est moi qui ai bu de la bouteille, et maintenant je suis enceinte !

– D’accord, Maria, tu as bu de ma bouteille, je veux

Solutions du jeu « Trouve les 10 différences » de la page 52

BLAGUES À PART

– Si, Si ! Bien sĂ»r que tu viens Ă  la synagogue ! Mais tu vas t'arranger pour faire un petit pĂ©chĂ© et tu t’en repentiras. Comme ça, tu pourras te frapper la poitrine et tout le reste.

– D'accord, mais quel genre de pĂ©chĂ© puis-je commettre ?

– Ben, un petit, creuse-toi la cervelle !

– Ah, j'ai une idĂ©e. J'ai un voisin que je n'aime pas, je vais m'arranger.

ÉliĂ©zer frappe Ă  la porte de son voisin. DĂšs que ce dernier ouvre la porte, ÉliĂ©zer lui donne une bonne paire de gifles, en lui disant :

– Tiens, voilà pour toi !

La femme du voisin s'en mĂȘle :

bien, mais cela ne suffit pas pour tomber enceinte et avoir un enfant. Il faut aussi un homme !

– Ah ben ça, Rabbi, les hommes, c'est pas ce qui manque !

ÉliĂ©zer va voir son rabbin la veille de Kippour. Il lui dit :

– Je suis trĂšs ennuyé 

– Raconte-moi


– À Yom Kippour, on rĂ©cite une liste de pĂ©chĂ©s, on se confesse, on fait un examen de conscience – et moi je n'ai fait aucun pĂ©chĂ© cette annĂ©e. Je ne peux quand mĂȘme pas mentir Ă  Dieu. Alors qu'est-ce que je dois faire ? Peut-ĂȘtre vaut-il mieux que je ne vienne pas Ă  la synagogue ?

– Ah ben celle-lĂ , il l'aura pas volĂ©e ! Vous ne savez pas quelle bonne action vous venez de faire !

Dans un club de milliardaires, deux amis de fraĂźche date bavardent, un cigare Ă  la bouche :

– Dites-moi, vous ĂȘtes extrĂȘmement riche, n'est-ce pas ? Quel est le secret de votre rĂ©ussite ?

– Oh, c'est simple. Je me suis spĂ©cialisĂ© dans le commerce des pigeons voyageurs. Et ça marche du feu de Dieu !

– Ah oui, et combien en avez-vous vendu ?

– Un seul, mais il est toujours revenu !

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.

ڜ''Ś›Ś Śž

Directeur de la publication

Ariel Kandel

ŚȘŚ™Ś©ŚŚš ŚȘŚ›ŚšŚ•Śą

Rédactrice en chef

Anne-Caroll Azoulay caroll@actualitejuive.com

Journalistes :

Esther Amar

Anne Da Costa

Eden Levi-Campana

Nathalie Hamou

Guitel Ben-Ishay

Béatrice Nakache

Nathalie Sosna-Ofir

Contributeurs :

Hagit Bialistoky

Ariela Chetboun

André Dan

Avraham Dray

Yoel Haddad

Elie Kling

Orli Nabet

Carole Rotneimer

Daniel Saada

Yehouda Salama

Correctrice

Carine Brenner

Direction artistique

Studio Actualité Juive

Service iconographique

Istock – Flash 90

Secrétariat (abonnements, contact commercial et publicitaire, petites annonces AJMAG et Actualité Juive) contactisrael@actualitejuive.com 058-461-6262

AJ MAG est le supplĂ©ment mensuel de l’hebdomadaire ActualitĂ© Juive Adresse

1 rehov Raoul Wallenberg, 9435701 Jérusalem

Liste des points de vente : www.lphinfo.com/points-de-vente Lire AJ MAG sur le net : ïƒȘ

https://lphinfo.com/lire-aj-magazine/

La direction décline toute responsabilité quant au contenu des textes et des publicités, qui n'engagent que leurs auteurs.

EN COUVERTURE : © Flash90

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.