Jeudi 7 novembre 2024
6 'Hechvan 5785
NÂș 1014 | Mensuel
SĂCURITĂ - DĂFENSE ISRAĂLIENS ET TRAĂTRES Ă LEUR PAYS
SOCIĂTĂ
« LA PĂPITE » : UNE COMMUNAUTĂ CRĂATIVE
SANTĂ

LES MONOPOLES

Jeudi 7 novembre 2024
6 'Hechvan 5785
NÂș 1014 | Mensuel
SĂCURITĂ - DĂFENSE ISRAĂLIENS ET TRAĂTRES Ă LEUR PAYS
SOCIĂTĂ
« LA PĂPITE » : UNE COMMUNAUTĂ CRĂATIVE
SANTĂ
LES MONOPOLES
Quel sens donnez-vous au slogan « Bring Them Home » ?
Sâadresse-t-il au gouvernement israĂ©lien, pour lui demander dâagir efficacement afin que des citoyens innocents prisonniers de barbares rentrent enfin chez eux ? Insinue-t-il en seconde lecture que ce mĂȘme gouvernement est le principal responsable du martyre endurĂ© par les otages ? Ă lâĂ©tranger, « Bring Them home » a-t-il vocation Ă Ă©veiller lâimplication des dĂ©mocraties pour la libĂ©ration des otages ? Est-il destinĂ© aux terroristes du Hamas Ă lâorigine de ce crime contre lâhumanitĂ© ?
Probablement un peu de tout celaâŠ
Ă ces trois mots qui nous accompagnent depuis le 7 octobre, symbolisant notre dĂ©sarroi et notre absolue tristesse, jâaimerais parfois en voir accolĂ©s quatre autres : « Let my people go ». Et ce, afin de ne jamais oublier lâorigine du mal et de ne pas perdre de vue que les coupables de lâarrachement dâenfants Ă leurs parents, du rapt de rescapĂ©s de la Shoah, du vol, du viol et de la traite dâĂȘtres humains exhibĂ©s Ă la face du monde sont, et resteront, le Hamas et ses immondes factions acolytes. Et que la principale charge de leur libĂ©ration repose sur ceux qui ont commis cette faute originelle.
Les organisations internationales dites « humanitaires », intĂ©grĂ©es depuis des dĂ©cennies au cĆur de Gaza, sont Ă©galement coupables de nâavoir jamais rĂ©ussi Ă secourir aucun de nos frĂšres et sĆur dĂ©tenus dans lâenfer des tunnels. Il y en a au moins une qui cessera enfin de mentir, grĂące au vote majoritaire par la Knesset de son bannissement : lâUNRWA. Et peu importe si une bien-pensance occidentale arrogante et donneuse de leçons dĂ©clare cette dĂ©cision « barbare ». La plus grande des barbaries, Ă mes yeux, consiste Ă ne plus savoir distinguer la victime du bourreau.
Dans ce numĂ©ro, nous avons portĂ© le projecteur sur les sanctions Ă©conomiques imposĂ©es par des nations Ă©trangĂšres Ă des citoyens qui nâagissent pas selon les codes de ces nations. Nous avons notamment rencontrĂ© le porte-parole du mouvement des « Jeunes des Collines » qui suscite d'importantes controverses : accordant de trĂšs rares interviews, Shmulik Fine a acceptĂ© de partager avec AJ MAG sa perspective sur ces sanctions qu'il juge despotiques, discriminatoires et infondĂ©es. Nous esquissons aussi le portrait de ces IsraĂ©liens qui trahissent leur pays, et nous reprenons courage avec lâinitiative « La PĂ©pite », lancĂ©e par de jeunes IsraĂ©liens qui ont initiĂ© une communautĂ© crĂ©ative Ă Tel Aviv. « On sâaccroche », me rĂ©pondait une amie Ă qui je demandais des nouvelles. Oui, tout le peuple juif sâaccroche. Nous sentons quâil nous faut tenir bon, encore un peu, pour pouvoir enfin assister Ă la victoire du bien sur le mal. Et mĂȘme si la notion de temps est relative, nous savons que nous avons parcouru une bonne partie du chemin. Bonne lecture.
Anne-Caroll Azoulay
5 CARTES SUR TABLE
105 %
6 INTERVIEW
Yossi Taieb : « Mon cheval de bataille, câest lâAlya »
11 DOSSIER
DES SANCTIONS :
CONTRE QUI ET POURQUOI ?
âą Lâironie d'une diplomatie internationale ambiguĂ«
âą IsraĂ«l Gantz : « Les sanctions touchent la souverainetĂ© de l'Ătat d'IsraĂ«l »
⹠Le point de vue du député du Likoud Dan Illouz
⹠Shmulik Fine : « Nos actions ont pour seul objectif de favoriser l'implantation dans le Grand Israël »
22 SOCIĂTĂ
« La Pépite » : une communauté créative
24 ĂCONOMIE
L'aide militaire américaine à Israël affiche un niveau record
26 SĂCURITĂ-DĂFENSE
Ils sont israéliens et ils ont trahi leur pays
33 SANTĂ
Docteur Ruth Feldman : « Les liens familiaux sont un bouclier émotionnel »
38 GRAND ANGLE
Nir Barkat va-t-il vraiment ouvrir les portes de la concurrence économique ?
44 LE KLING DU MOIS
Avraham et ses cinquante petites filles
AUSSI... JudaĂŻsme (46â50), Recette (51), Jeux (50-52), Immobilier (53)âŠ
n an aprĂšs le drame, le peuple juif est retournĂ© dans la soucca, cette maison temporaire. Pour montrer sa confiance en Dieu et en ses soldats qui, entre autres, font tout pour ramener les habitants du Nord dans leurs maisons. Le conte des « Trois petits cochons » poursuivis par le grand mĂ©chant loup nous revient Ă l'esprit. Nous sommes sortis de Souccot, la fĂȘte des maisons en paille, durant laquelle nous construisons des souccot, des cabanes, pour nous souvenir de la protection divine dans le dĂ©sert aprĂšs la sortie d'Ăgypte. Et nous courons aux abris, des maisons en briques, lorsque les sirĂšnes retentissent. Quant au grand mĂ©chant loup, il nous court derriĂšre. Mais « qui craint le grand mĂ©chant loup ? C'est pas nous ! » Nous poursuivons son Ă©radication. AprĂšs Nasrallah, c'est maintenant Sinouar, comme l'avait Ă©tĂ© Eichmann, responsable de l'organisation de l'extermination de 6 millions de Juifs durant la shoah.
Eichmann avait Ă©tĂ© capturĂ© par le Mossad en Argentine en 1961, lors du treiziĂšme anniversaire de l'Ătat juif qui cĂ©lĂ©brait sa bar-mitzva, sa majoritĂ© religieuse. Aujourd'hui, de nouveau, nous assumons notre majoritĂ© en continuant Ă ĂȘtre responsables de nos actes, en prenant en main notre sĂ©curitĂ©. Eichmann a Ă©tĂ© le seul condamnĂ© Ă mort par un tribunal de l'histoire d'IsraĂ«l. Depuis, d'autres sont condamnĂ©s Ă mort par le peuple juif et sont Ă©liminĂ©s tous les jours par l'armĂ©e des Juifs. Le corps dâEichmann avait Ă©tĂ© brĂ»lĂ© et ses cendres Ă©parpillĂ©es dans les eaux extraterritoriales de l'Ătat, en dehors de la Terre d'IsraĂ«l, cette terre qui refleurit une nouvelle fois.
Incroyable résilience. Pour le croire, il faut aller à Sdérot, cette ville de 35 000 habitants frontaliÚre de la
bande de Gaza, attaquĂ©e le 7 octobre. 90 % ont quittĂ© la ville lorsque la guerre a Ă©clatĂ©. Puis ils sont revenus, plus forts, plus nombreux. De nouveaux habitants ont dĂ©cidĂ© d'y vivre pour renforcer cette localitĂ© pendant la guerre. Y vit Ă©galement une grande communautĂ© dâolim, essentiellement d'ex-URSS, qui donne l'exemple et rĂ©alise le mĂȘme travail que les pionniers qui ont bĂąti de leurs mains l'Ătat d'IsraĂ«l il y a 76 ans. RĂ©sultat ? 105 % de prĂ©sence par rapport Ă l'avant-guerre â 5 % de plus !
Nous sommes en train de vivre un nouveau dĂ©part de l'histoire moderne du sionisme. Nouvelle mentalitĂ©, nouvelle conception, nouveaux pionniers, nouvelle relation avec nos frĂšres et sĆurs qui ne pensent pas comme nous. Pour un nouvel avenir. Ă nous d'y participer activement. En masse. n
Le dĂ©putĂ© Yossi Taieb nous reçoit dans son bureau Ă la Knesset, quelques minutes aprĂšs une rĂ©union de la commission Ăducation, Culture et Sports quâil prĂ©side. Ses rendez-vous sâenchaĂźnent mais il sait prendre le temps et donner Ă son interlocuteur le sentiment quâil est unique. Souriant et cordial, il rĂ©pond Ă nos questions, heureux de sâadresser Ă cette communautĂ© francophone dâIsraĂ«l quâil affectionne tant.
AJ MAG : Vous Ă©tiez un enfant rĂȘveur ou qui aimait plutĂŽt rĂ©ussir ce quâil entreprenait ?
Yossi Taieb : RĂȘver ne suffit pas, il faut passer aux actes.
Racontez-nous le parcours de ce jeune garçon de Sarcelles qui prĂ©side aujourdâhui l'une des plus importantes commissions Ă la Knesset Jâai grandi dans une famille traditionnaliste mais trĂšs sioniste. Jâai Ă©tudiĂ© dans les Ă©coles publiques, puis Ă Ozar HaTorah, et plus tard Ă la yechiva du Raincy. Jâavais 16 ans quand en 1996 mes parents ont dĂ©cidĂ© de faire leur Alya avec cinq enfants. Mon pĂšre avait fait son service militaire en IsraĂ«l et il a toujours rĂȘvĂ© de revenir y vivre. Nous passions toutes nos vacances en IsraĂ«l.
Comment avez-vous vécu ce changement ?
Je dis toujours que les enfants dâolim sont soumis Ă la dĂ©cision de leurs parents. Ă un certain Ăąge, câest vĂ©ritablement un dĂ©fi Ă relever. Je suis dâailleurs reparti en France pour terminer mes Ă©tudes secondaires
puis un cursus auprĂšs dâune Ă©cole du rav MordekhaĂŻ Eliyahou qui comportait une chli'hout Ă lâĂ©cole de Toulouse dirigĂ©e par le rav MonsonĂ©go, oĂč je suis arrivĂ© avec ma femme et trois enfants.
Toulouse : une Ă©tape clĂ© dans votre attachement Ă cette communautĂ© francophone⊠Effectivement. Jâai enseignĂ© aux Ă©lĂšves de premiĂšre et de terminale. Nous sommes rentrĂ©s en IsraĂ«l une annĂ©e avant le terrible attentat de 2012. Câest Jonathan Sandler qui mâa remplacĂ©. Je me tenais chaque matin lĂ oĂč il a Ă©tĂ© assassinĂ©. Ma fille Ă©tait dans la mĂȘme classe que la petite Myriam MonsonĂ©go.
AprĂšs lâenseignement, vous passez Ă la philanthropieâŠ
Au sein de la Fondation Wolfson, en effet. Cette organisation caritative sâefforce de soutenir l'excellence, notamment dans les domaines de la science et de la mĂ©decine, de la santĂ© et de l'Ă©ducation. En partenariat avec lâassociation AMI, jâai créé un mouvement de jeunesse pour les francophones : Yahdav. Lâobjectif Ă©tait dâoffrir un encadrement aux jeunes et Ă leurs familles confrontĂ©s aux dĂ©fis de lâAlya. Cela a Ă©tĂ© une incroyable expĂ©rience. Dix ans plus tard, jâai Ă©tĂ© approchĂ© par le mouvement Shas qui cherchait un reprĂ©sentant Ă la MunicipalitĂ© de Kiryat-YĂ©arim. AprĂšs avoir menĂ© une campagne, je suis devenu adjoint au maire, tout en poursuivant mes activitĂ©s au sein de la Fondation Wolfson. En 2018, le Shas mâa proposĂ© de devenir le reprĂ©sentant francophone de la liste francophone nationale Ă la vingtiĂšme place. Plusieurs Ă©lections
ont suivi et finalement les derniĂšres mâont permis de devenir dĂ©putĂ© et prĂ©sident de la commission de lâĂducation.
On a lâimpression que vous avez toujours Ă©tĂ© Ă ce poste. Comment faites-vous pour vous adapter Ă des fonctions aussi diffĂ©rentes Ă chaque fois ?
Le judaĂŻsme francophone nous donne les clĂ©s pour nous adapter et vite comprendre les rĂšgles du jeu. Je suis ami, ici, avec 99 % des dĂ©putĂ©s. LâĂ©ducation que nous avons reçue nous prĂ©dispose Ă une ouverture dâesprit, Ă une Ă©coute, Ă un respect de lâautre qui nous permettent de franchir de nombreux obstacles. Je nâai jamais rĂȘvĂ© de faire carriĂšre en politique, mais jâai toujours rĂȘvĂ© de trouver des solutions Ă des problĂšmes de sociĂ©tĂ© grĂące aux outils qui sâoffriraient Ă moi. Câest mon fil rouge : parvenir Ă mener des projets grĂące Ă la philanthropie, Ă la politique actuellement, ou Ă travers autre chose qui se prĂ©sentera peut-ĂȘtre Ă moi demain.
Justement, considérez-vous que la politique est un outil efficace ?
Le monde politique a une force phĂ©nomĂ©nale dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Quand on parle dâAlya, je ne connais pas un seul dĂ©putĂ© qui nây est pas favorable. Mais la question est de savoir comment on met en place des projets, comment on apporte des budgets Ă ces projets, comment on rĂšgle les obstacles qui freinent lâAlya. Câest un travail de fourmi Ă rĂ©aliser. Ce nâest pas toujours la prioritĂ© dâun dĂ©putĂ©, mais câest la mienne. Mon cheval de bataille, câest lâAlya. lll
lll Pourquoi ?
Dâabord parce que je suis moi-mĂȘme olĂ©. Ensuite, je suis convaincu que la rĂ©ussite dâIsraĂ«l va dĂ©pendre de lâAlya Enfin, presque la moitiĂ© du peuple juif vit encore en Diaspora. Pour eux, IsraĂ«l doit rester une sorte dâassurance et je mâefforce dâĂȘtre constamment en contact avec ces communautĂ©s pour demeurer Ă l'Ă©coute.
Comment votre combat est-il perçu à la Knesset ?
Il est entendu et mĂȘme admirĂ©. Chaque dĂ©putĂ© a ses prioritĂ©s et il y en a beaucoup en IsraĂ«l ! Malheureusement, peu de dĂ©putĂ©s se sont fixĂ© comme prioritĂ© lâAlya francophone, contrairement Ă lâAlya russophone ou anglophone qui mobilisent davantage â en fait je suis le seul.
Quel est votre principal défi pour convaincre les ministÚres de soutenir vos propositions et vos projets ?
Les chiffres ! Je dois rĂ©ussir Ă convaincre que lâAlya francophone est certes minime en termes de quantitĂ©, mais immense dans ce quâelle peut apporter au pays. LâAlya francophone est cultivĂ©e, Ă©duquĂ©e, sioniste et professionnalisĂ©e.
Justement, vous avez beaucoup ĆuvrĂ© en faveur de la reconnaissance des diplĂŽmes, ceux des podologues notamment.
Le projet de loi pour la reconnaissance des diplĂŽmes des podologues existe depuis vingt ans ! Ă chaque fois, la loi est travaillĂ©e et rejetĂ©e par les gouvernements qui se succĂšdent. Depuis mon premier jour Ă la Knesset, nous avons mis cette loi Ă lâordre du jour. Le ministĂšre de la SantĂ© faisait obstacle en arguant du fait quâaucun diplĂŽme non acadĂ©mique ne pouvait ĂȘtre reconnu. Nous avons effectuĂ© un travail de fond, en partenariat avec Qualita et Kohelet. Tout sâest dĂ©bloquĂ© lorsque, Ă la tĂȘte
de la commission de la SantĂ©, le dĂ©putĂ© Shas Yoni Mashriki, sous ma forte insistance, a pris les choses en main, avec la bĂ©nĂ©diction du ministre Shas de la SantĂ©, Ouriel Bousso. Câest une petite victoire qui a nĂ©cessitĂ© des centaines dâheures de travail pour venir Ă bout des lobbyistes qui craignent la concurrence. Il faut bien comprendre que ce type de processus met en action des forces de tout genre au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, en parallĂšle Ă la difficultĂ© inhĂ©rente Ă la dynamique parlementaire et gouvernementale. Pour moi, ce nâest que le dĂ©but dâun long travail.
Quels sont vos « chantiers » en cours ? Augmenter les aides consacrĂ©es Ă lâemploi afin dâaccroĂźtre le nombre dâactifs parmi les olim . JâĆuvre pour faire passer tout ce qui concerne lâemploi des olim du ministĂšre de lâIntĂ©gration au ministĂšre du Travail qui est dirigĂ© par un ministre de mon parti. Jâentretiens dâexcellents rapports avec le ministre de lâIntĂ©gration mais je considĂšre que lorsquâon parle dâemploi, cela doit relever du ministĂšre spĂ©cialisĂ© sur ce sujet, qui est plus Ă mĂȘme dâapporter des rĂ©ponses. Autre « chantier » important Ă mes yeux : lâobtention de la reconnaissance des diplĂŽmes pour les psychologues, les infirmiĂšres, les kinĂ©sithĂ©rapeutes, les audioprothĂ©sistes et les Ă©lectriciens. Si nous pouvions faire reconnaĂźtre ces diplĂŽmes, ce sont, jâen suis persuadĂ©, des milliers de francophones qui pourraient enfin faire leur Alya . On ne peut malheureusement pas faire voter une loi globale qui reconnaĂźtrait dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale les diplĂŽmes europĂ©ens, car alors que diraient les AmĂ©ricains, les Russes ou encore les Arabes israĂ©liens qui vont Ă©tudier Ă lâĂ©tranger et reviennent en IsraĂ«l avec un diplĂŽme en poche ? Il y a toujours une vision « macro », qui ne sâaccorde pas forcĂ©ment avec les intĂ©rĂȘts particuliers. Mon rĂŽle consiste Ă faire se rencontrer des intĂ©rĂȘts qui semblent inconciliables.
Comment, dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, peut-on aider Ă faire avancer les choses ? En parler ! Partout sur les mĂ©dias et le plus possible, pour aider Ă une vraie prise de conscience de lâimportance de ces projets. Le sujet doit ĂȘtre sur la table, il doit faire partie de la dynamique politique, gĂ©opolitique et sociĂ©tale. Quand on Ă©voque la reconnaissance des diplĂŽmes, il faut comprendre que chaque ministĂšre est impliquĂ© : les ministĂšres de la SantĂ©, du Travail, de lâIntĂ©gration, de lâĂducation, et il est donc nĂ©cessaire de mobiliser Ă une trĂšs large Ă©chelle.
Est-ce que la guerre a changĂ© la façon dont le gouvernement considĂšre les urgences ? Je pense par exemple Ă lâurgence de reconnaĂźtre les diplĂŽmes des infirmiers ou des psychologues français alors que nous en avons tant besoin en ce momentâŠ
nâest pas un but mais un moyen
de résoudre des dossiers.
Malheureusement non. Le monde politique sâest repliĂ© sur les urgences nationales, en perdant de vue des sujets qui pourraient Ă long terme rĂ©soudre de nombreux problĂšmes. Câest dâailleurs un sujet en soi : lâimpossibilitĂ© pour lâĂ©chiquier politique de penser sur le long terme. Pour moi, câest trĂšs difficile. Jâessaie de naviguer avec cette vision face Ă une majoritĂ© qui est obsĂ©dĂ©e par les solutions Ă court terme mĂȘme si elles sont parfois Ă lâorigine de profonds problĂšmes.
Impossible de ne pas penser Ă cette vision qui a malheureusement montrĂ© ses limites dans le domaine sĂ©curitaire le 7 octobreâŠ
En effet.
lll Vous avez consacrĂ© beaucoup dâĂ©nergie au soutien scolaire apportĂ© aux jeunes francophones par le projet Mehoubarim que vous avez sauvĂ© jusquâĂ nouvel ordre.
Effectivement, lĂ encore il y avait un manque de rĂ©flexion Ă long terme qui a menĂ© Ă la fermeture, par manque de budget, de ce projet soutenu par lâassociation Qualita, sans quâon sâinterroge sur la nĂ©cessitĂ© dâencadrer des milliers de jeunes francophones dans de nombreuses grandes villes du pays. Qualita mâa alertĂ© sur lâimportance de le prĂ©server. Jâai Ă©tĂ© contraint de peser de tout mon poids pour empĂȘcher sa fermeture et surtout quâil soit pĂ©rennisĂ© afin quâil ne dĂ©pende pas de tel gouvernement ou de telle rĂ©serve budgĂ©taire. JâespĂšre que nous y parviendrons.
Quel impact la guerre a-t-elle eu sur votre travail ? Il faut ĂȘtre clair : 99 % des commissions et de notre travail tournent autour des problĂšmes gĂ©nĂ©rĂ©s par la guerre. Jâessaie toujours dâintĂ©grer les sujets touchant Ă lâAlya dans ces problĂ©matiques. Par exemple, lâaide psychologique que nous aurons Ă apporter aux jeunes sur le long terme ne pourrait-elle pas ĂȘtre renforcĂ©e si lâon faisait venir davantage de psychologues francophones dont on aurait reconnu les diplĂŽmes ?
Vous ĂȘtes Ă©galement actif sur le plan international⊠Je suis en effet le prĂ©sident du groupe dâamitiĂ© IsraĂ«lFrance et IsraĂ«l-Suisse. Avec la guerre, nous avons dĂ» mettre les bouchĂ©es doubles. En Suisse, nous avons rĂ©ussi Ă faire avancer une loi qui a pour objectif de classer le Hamas comme un groupe terroriste au mĂȘme titre quâAl-QaĂŻda. Cela nâavait encore jamais Ă©tĂ© fait. Ces Ă©changes parlementaires sont extrĂȘmement importants. Nous avons rĂ©ussi Ă faire rĂ©duire lâaide de la Suisse Ă lâUNRWA de 20 millions de francs suisses Ă 10 millions. Cela fait huit mois que nous travaillons sur ces dossiers. En France, nous entretenons dâexcellentes relations avec les dĂ©putĂ©s, ce qui nous permet de faire passer des messages et des suggestions.
Shas semble ĂȘtre particuliĂšrement sensible aux problĂ©matiques liĂ©es Ă lâAlya des Juifs de France. Pourquoi ?
AriĂ© Derhy rĂ©pĂšte souvent quâil considĂšre les Juifs sĂ©farades comme les cousins symboliques de ces Juifs qui ont immigrĂ© depuis le Maghreb au moment de la crĂ©ation dâIsraĂ«l. Et Shas estime quâil est de son devoir de les aider Ă faire leur Alya mais aussi Ă sâintĂ©grer. Câest une suite logique.
Avec les portefeuilles des Affaires sociales, du Travail, de lâAgriculture, des Religions, de la SantĂ©, sans oublier une trĂšs importante prĂ©sence sur le plan municipal, Shas est le parti le plus Ă mĂȘme de faire avancer les questions de lâAlya. Le portefeuille de lâIntĂ©gration est le dernier levier qui pourrait vĂ©ritablement changer la donne.
Câest votre prochain poste ?
Mon entrĂ©e en politique nâest pas un but mais un moyen de rĂ©soudre des dossiers. Alors pourquoi pas ? n
Propos recueillis par Caroll Azoulay
Alors quâIsraĂ«l lutte pour sa souverainetĂ©, violĂ©e le 7 octobre, et pour Ă©radiquer du monde libre le terrorisme djihadiste, plusieurs de ses alliĂ©s et des entitĂ©s internationales ont choisi dâimposer des sanctions contre des rĂ©sidents des implantations juives en JudĂ©e-Samarie et des organisations engagĂ©es dans la dĂ©fense de la Terre dâIsraĂ«l, sous prĂ©texte dâune violence accrue Ă lâencontre des Palestiniens.
Le 1er février dernier, le président américain
Joe Biden a signĂ© un dĂ©cret â Executive Order n° 14115 â (voir reproduction ci-contre et la signature du prĂ©sident amĂ©ricain en mĂ©daillon) qui autorise lâimposition de sanctions contre des individus et des organisations impliquĂ©s dans des incidents violents contre des Palestiniens en JudĂ©e-Samarie. Ce dĂ©cret repose officiellement sur des rapports d'organisations de dĂ©fense des droits de l'homme qui rĂ©vĂšlent une violence accrue contre les Palestiniens aprĂšs le 7 octobre et la saisie de leurs biens. Cette assertion est rĂ©futĂ©e par les autoritĂ©s israĂ©liennes et les chefs des conseils rĂ©gionaux de JudĂ©e-Samarie, et contredite par les chiffres corrigĂ©s du dernier rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires â lâOCHA. Des incidents violents entre Juifs et Palestiniens se produisent indĂ©niablement en JudĂ©e-Samarie.
Manifestation de membres de l'organisation Tzav 9 au point de passage de Kerem Shalom, visant Ă empĂȘcher l'entrĂ©e de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza © Flash90
MĂȘme le Premier ministre Benyamin Netanyahou les a dĂ©noncĂ©s, les accusant de causer de grands dommages Ă l'Ătat d'IsraĂ«l. Cependant, il a tenu Ă rappeler que ces actes nâĂ©taient le fait que dâune poignĂ©e d'extrĂ©mistes non reprĂ©sentatifs de la majoritĂ© des habitants de JudĂ©e-Samarie. « La quasi-totalitĂ© des 500 000 Juifs de JudĂ©e-Samarie sont des gens respectueux des lois, qui contribuent beaucoup au pays. Il est regrettable quâune infime minoritĂ© dĂ©cide de faire justice elle-mĂȘme. » IsraĂ«l Katz, le ministre israĂ©lien des Affaires Ă©trangĂšres, a quant Ă lui dĂ©clarĂ© quâil nâexistait pas de preuves significatives dâune quelconque hausse de la violence de la part des habitants des implantations contre les Palestiniens, et qualifiĂ© ces accusations dâinfondĂ©es. Ce dĂ©cret prĂ©sidentiel amĂ©ricain â plutĂŽt incohĂ©rent dans ce contexte de hautes tensions et de plusieurs attentats perpĂ©trĂ©s par des Palestiniens de JudĂ©eSamarie contre des IsraĂ©liens âpourrait ne pas ĂȘtre motivĂ©
seulement par des considĂ©rations humanitaires, mais aussi par des raisons politiques, afin de satisfaire lâimportante communautĂ© musulmane amĂ©ricaine qui voit dâun trĂšs mauvais Ćil le soutien inconditionnel de Washington Ă IsraĂ«l, en gĂ©nĂ©ral et surtout depuis le dĂ©but de la guerre Ă Gaza.
Les sanctions nâĂ©manent pas que des Ătats-Unis. Le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle-ZĂ©lande, la France et l'Union EuropĂ©enne leur ont emboĂźtĂ© le pas, et elles visent plusieurs dizaines dâhabitants des implantations et quelques entitĂ©s, dont Tzav 9 â un groupe liĂ© Ă des rĂ©servistes de l'armĂ©e israĂ©lienne et Ă des rĂ©sidents israĂ©liens de JudĂ©eSamarie accusĂ©s de blocages des convois d'aide humanitaire en route pour Gaza et de dommages sur ces convois â, Amana â mouvement israĂ©lien dont lâobjectif initial est de dĂ©velopper des communautĂ©s en JudĂ©e-Samarie, sur les hauteurs du Golan, en GalilĂ©e, dans le NĂ©guev et le Gouch Katif â, « Les Jeunes des Collines » â un groupe de jeunes
IsraĂ©liens ultranationalistes qui vivent en JudĂ©e-Samarie et dont l'objectif est d'Ă©tendre la prĂ©sence juive dans cette rĂ©gion par la construction de nouveaux avantpostes â, Lehava, « la ferme de MochĂ© » â un avant-poste illĂ©gal connu sous le nom d'avant-poste de la vallĂ©e de Tirza, Ă©tabli en janvier 2021 dans le nord de la vallĂ©e du Jourdain â, « la ferme de Tzvi » â un avant-poste illĂ©gal prĂšs de la localitĂ© de 'Halamish â, et Regavim, une ONG israĂ©lienne pro-implantations. Le directeur de Regavim, MeĂŻr Deutsch, a qualifiĂ© ces sanctions de « nouvel antisĂ©mitisme » et accusĂ© la communautĂ© internationale de soutenir des politiques antiisraĂ©liennes. Dâailleurs, Regavim et dâautres groupes de dĂ©fense de la Terre dâIsraĂ«l ont lancĂ© une action en justice au Texas contre lâadministration amĂ©ricaine par l'intermĂ©diaire de l'avocat Mark Zell, afin de contester un dĂ©cret prĂ©sidentiel qui viole la Constitution Ă©tats-unienne en restreignant la libertĂ© d'expression et la souverainetĂ© d'IsraĂ«l. lll
lll Les sanctions prĂ©voient, entre autres, le gel des avoirs, lâinterdiction de transactions avec les personnes ou entitĂ©s ciblĂ©es, un blocage de fonds et lâinterdiction dâentrĂ©e ou de transit des individus visĂ©s sur les territoires des pays imposant les sanctions. Chaque pays ou organisation internationale a sa propre autoritĂ© pour lâimposition et lâapplication de ces sanctions. Le professeur Amichai Cohen, chercheur Ă lâInstitut israĂ©lien de la dĂ©mocratie et expert en droit pĂ©nal international, nous explique que « la transparence des procĂ©dures est souvent limitĂ©e et que les sanctions imposĂ©es Ă des citoyens Ă©trangers reposent parfois sur des informations confidentielles auxquelles les individus concernĂ©s nâont quâun accĂšs partiel ou sous forme de rĂ©sumĂ© ». Dâailleurs, le ministre IsraĂ«l Katz sâĂ©tait vivement indignĂ© de cette opacitĂ© lors d'une rencontre avec des dirigeants locaux de JudĂ©e-Samarie Ă laquelle avaient Ă©tĂ© conviĂ©s â en vain â les ambassadeurs des Ătats-Unis, du Japon, d'Australie et de l'Union EuropĂ©enne â pays ayant imposĂ© des sanctions â, avant de plaider pour lâannulation des sanctions « discriminatoires » â ce qui pourrait ĂȘtre le cas pour les sanctions amĂ©ricaines en cas de victoire de Donald Trump aux prĂ©sidentielles.
La Knesset, devant le manque de réaction du Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a finalement rencontré les responsables de Judée-Samarie, a récemment proposé une législation obligeant les banques israéliennes à ignorer ces sanctions et à ne pas bloquer les comptes des individus sanctionnés. Si elle était adoptée, elle pourrait entraßner une déconnexion d'Israël du
systĂšme de paiement mondial, ce qui mettrait en pĂ©ril la stabilitĂ© Ă©conomique et les relations diplomatiques de lâĂtat hĂ©breu avec ses partenaires internationaux. En rĂ©ponse aux sanctions, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avait menacĂ© de ne pas prolonger la dĂ©rogation permettant aux banques israĂ©liennes de coopĂ©rer avec les banques palestiniennes en Cisjordanie en dĂ©pit des sanctions imposĂ©es Ă l'AutoritĂ© palestinienne Ă la suite de ses actions contre IsraĂ«l
Ce dĂ©cret prĂ©sidentiel amĂ©ricain pourrait ĂȘtre motivĂ© par des considĂ©rations politiques, afin de satisfaire lâimportante communautĂ© musulmane amĂ©ricaine.
punis pour des actes de violence Ă lâencontre de Palestiniens. Elles dĂ©montrent aussi une dĂ©fiance Ă lâĂ©gard de son systĂšme judiciaire, comme l'illustre la dĂ©cision des Ătats-Unis dâinterdire lâentrĂ©e sur son territoire Ă Elor Azaria ainsi quâĂ sa famille, en raison de « son implication dans des violations des droits de l'homme en JudĂ©eSamarie », et ce, bien qu'il ait Ă©tĂ© jugĂ© et puni pour ses actes il y a huit ans.
dans les instances internationales. AprÚs une mise à jour du ministÚre américain des Finances autorisant l'utilisation des comptes bancaires des résidents des implantations pour leurs besoins de base, Smotrich a finalement signé la dérogation, mais seulement pour trois mois au lieu d'un an. Cette coopération bancaire est essentielle pour l'économie palestinienne, qui repose fortement sur les transactions en shekels.
Les sanctions imposées reflÚtent en fait la méfiance envers la volonté et la capacité d'Israël de faire respecter la loi en Judée-Samarie, alors que par le passé, rappelons-le, des Israéliens ont été poursuivis et
IsraĂ«l ne peut empĂȘcher lâimposition de sanctions, des lois diffĂ©rentes selon les pays autorisent le prĂ©sident ou le Premier ministre Ă le faire Ă leur discrĂ©tion. Mais pour en Ă©viter de nouvelles, potentiellement plus graves, il conviendrait, estime le professeur Amichai Cohen, de renforcer la confiance des pays occidentaux dans la capacitĂ© du gouvernement israĂ©lien Ă faire respecter la loi en JudĂ©e-Samarie â la Maison-Blanche, par exemple, se mĂ©fie dâItamar Ben-Gvir, ministre de la SĂ©curitĂ© nationale â, et dâimposer des sanctions internes aux habitants des implantations qui la violeraient et commettraient des agressions contre les Palestiniens, car ces incidents existent bel et bien. IndĂ©pendamment de ces considĂ©rations, les sanctions internationales sont pour le moins inappropriĂ©es, notamment venant de pays alliĂ©s, car elles remettent en question la dĂ©mocratie et la souverainetĂ© d'IsraĂ«l Ă un moment oĂč le pays a besoin dâun soutien accru pour tenter de ramener les otages â parmi lesquels des Français et des AmĂ©ricains â, vaincre le Hamas, et se dĂ©fendre contre les menaces de lâIran et de ses proxys, le Hezbollah et les Houthis â et alors que toute une nation sâaccroche Ă la vie depuis le massacre du 7 octobre. n
Pour AJ MAG, le chef du Conseil de Yesha et du Conseil régional de Mateh Binyamin réagit aux sanctions imposées à des habitants des implantations et à des organisations dédiées à la protection des terres et des ressources nationales d'Israël.
sanctions touchent la souverainetĂ© de l'Ătat d'IsraĂ«l
AJ MAG : Comment rĂ©agissez-vous Ă ces sanctions ? IsraĂ«l Gantz : L'administration amĂ©ricaine et l'Union EuropĂ©enne semblent avoir succombĂ© Ă la propagande trompeuse des organisations d'extrĂȘme gauche propalestiniennes et pro-Hamas. Il n'existe pas de phĂ©nomĂšne de violence Ă©manant des habitants des implantations. En revanche, il y a un phĂ©nomĂšne tragique de meurtres de Juifs perpĂ©trĂ©s par des Arabes affiliĂ©s au Hamas et Ă l'AutoritĂ© Palestinienne. Ce sont nous qui sommes contraints de nous cacher derriĂšre des clĂŽtures et dans des vĂ©hicules blindĂ©s, et non les Palestiniens.
En imposant des sanctions contre les implantations juives, ces pays, y compris l'administration amĂ©ricaine, rĂ©alisent la vision des terroristes du Hamas et leur accordent une rĂ©compense pour le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah. Une telle politique ne fait qu'encourager les Palestiniens Ă poursuivre leurs plans pour un prochain massacre, cette fois en JudĂ©e-Samarie et dans le centre du pays. Le soutien qu'ils reçoivent aujourd'hui les conforte dans leur dĂ©marche, les aidant Ă promouvoir l'idĂ©e de vider le cĆur d'IsraĂ«l de ses habitants juifs pour y Ă©tablir un Ătat palestinien. Tel est le vĂ©ritable objectif de ces sanctions : nous Ă©loigner de ces terres pour permettre aux Palestiniens d'Ă©tablir un Ătat terroriste.
lll Quelle est votre rĂ©ponse aux accusations selon lesquelles la violence contre les Palestiniens en JudĂ©e-Samarie a augmentĂ© depuis le 7 octobre ? Ces accusations sont infondĂ©es et ne reflĂštent pas la rĂ©alitĂ© sur le terrain. La police israĂ©lienne a rĂ©cemment prĂ©sentĂ© des donnĂ©es officielles devant une commission de la Knesset, indiquant une nette diminution de tels incidents. La grande majoritĂ© des hommes en JudĂ©eSamarie ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour combattre sur les fronts nord et sud. Pendant ce temps, ce sont nos concitoyens qui continuent de perdre la vie ici ; je me rends d'un enterrement Ă un autre â hier encore, un Juif a Ă©tĂ© tuĂ© par des terroristes, simplement parce qu'il Ă©tait juif. Les incidents visĂ©s par les accusations sont de petites bagarres qui se rĂ©sument gĂ©nĂ©ralement Ă des dommages matĂ©riels, telles quâil sâen produit quotidiennement dans n'importe quelle rue moyenne de New York.
Comment les sanctions affectent-elles concrÚtement les habitants de Judée-Samarie ?
Tout d'abord, il est essentiel de reconnaĂźtre que ces sanctions touchent la souverainetĂ© de l'Ătat d'IsraĂ«l en intervenant dans ses affaires intĂ©rieures, notamment dans un contexte de conflit. Imposer des sanctions sans procĂšs ni jugement constitue une forme d'ingĂ©rence qui peut ĂȘtre perçue comme une atteinte aux droits civils et aux droits de l'homme. Sur le plan concret, les sanctions provoquent des difficultĂ©s significatives : des familles ont du mal Ă subvenir aux besoins de leurs enfants, des personnes se retrouvent en situation de dĂ©tresse. Non seulement cette situation exacerbe le sentiment d'injustice au sein de la population, mais elle peut Ă©galement engendrer des tensions et pousser les individus Ă leurs limites.
Quelles mesures avez-vous l'intention de prendre ou avez-vous déjà prises ?
Je coordonne le travail des chefs des autoritĂ©s de JudĂ©eSamarie sur ce sujet, et nous n'avons pas l'intention de faire des concessions au gouvernement ni au Premier ministre. MalgrĂ© la situation de guerre dans laquelle se trouve IsraĂ«l, nous exigeons des mesures claires et des solutions concrĂštes. RĂ©cemment, lors de mon voyage aux Ătats-Unis, j'ai rencontrĂ© des membres du CongrĂšs et du SĂ©nat pour leur faire savoir que l'Histoire jugera ceux qui, confortablement installĂ©s dans des bureaux climatisĂ©s, acceptent sans rĂ©serve la propagande palestinienne et s'en prennent Ă l'Ătat d'IsraĂ«l alors qu'il lutte pour sa survie.
Quelle réponse attendez-vous du gouvernement israélien face aux sanctions internationales ?
En tant que chef du Conseil rĂ©gional de Binyamin et prĂ©sident du Conseil de Yesha, jâai rĂ©cemment rencontrĂ© Benyamin Netanyahou pour lui demander de prendre des mesures contre ces injustices. Le Premier ministre a soulignĂ© que ce problĂšme ne concerne pas uniquement les habitants des implantations ou de la JudĂ©e-Samarie, mais lâensemble de l'Ătat d'IsraĂ«l, et il a exprimĂ© une grande gravitĂ© face Ă ces sanctions. Jâai demandĂ© lâadoption dâune sĂ©rie de mesures, dont certaines nĂ©cessitent une lĂ©gislation, d'autres des dĂ©cisions gouvernementales, et dâautres encore des actions administratives pour contrer cette vague malveillante. Il est crucial que les pays et les entitĂ©s qui sâattaquent ainsi Ă la souverainetĂ© de l'Ătat d'IsraĂ«l paient un prix lourd.
Certains affirment que l'extension des implantations ou la décision de construire de nouvelles unités de logement pendant la guerre à Gaza ont exacerbé les tensions. Quelle est votre position sur la poursuite de l'extension des implantations dans la situation actuelle ?
La seule solution pour l'Ătat d'IsraĂ«l afin de prĂ©venir sa destruction et d'Ă©viter un prochain massacre est de renforcer les implantations en JudĂ©e-Samarie. Jâappelle les pays qui nous ont poussĂ©s Ă quitter le Gouch Katif â ce qui a conduit Ă un massacre sans prĂ©cĂ©dent â Ă rĂ©flĂ©chir Ă leur erreur, avant de demander Ă rĂ©pĂ©ter cette mĂȘme erreur, cette fois Ă un mĂštre de Tel Aviv et de JĂ©rusalem. Il est important de comprendre oĂč se situe le problĂšme.
Ceux qui veulent voir l'axe du mal se développer chez eux, à Londres, Paris ou New York, peuvent continuer à soutenir et renforcer cette menace. Les Américains n'auraient jamais accepté de discuter
de la souverainetĂ© d'Al-QaĂŻda Ă Central Park. Alors pourquoi donc cela leur semble-t-il acceptable ici ? En IsraĂ«l, cette situation reprĂ©sente une menace existentielle pour l'Ătat.
Comment pensez-vous que les sanctions actuelles et les rĂ©ponses israĂ©liennes affecteront Ă long terme les relations diplomatiques entre IsraĂ«l et ses alliĂ©s traditionnels comme les Ătats-Unis, le Canada et les pays europĂ©ens ? IsraĂ«l doit Ă©tablir une ligne rouge trĂšs claire. Les alliĂ©s qui veulent vĂ©ritablement lutter contre l'axe du mal ne devraient pas agir ainsi. L'Ătat d'IsraĂ«l est en premiĂšre ligne dans la lutte contre le terrorisme islamique radical. Lorsqu'un pays choisit d'imposer des sanctions contre IsraĂ«l, il se range du cĂŽtĂ© de l'axe du mal mondial, contre la seule dĂ©mocratie au Moyen-Orient, une dĂ©mocratie qui repose sur la rĂ©silience des habitants de JudĂ©e-Samarie dont la prĂ©sence au cĆur d'IsraĂ«l est aujourd'hui reconnue comme essentielle pour empĂȘcher l'Ătat d'IsraĂ«l d'ĂȘtre anĂ©anti par ses ennemis. n
Les sanctions imposĂ©es aux rĂ©sidents des communautĂ©s juives en JudĂ©e-Samarie sont non seulement scandaleuses, mais relĂšvent Ă©galement dâune hypocrisie flagrante et dâune faiblesse face Ă la barbarie du Hamas. Ces mesures tentent de crĂ©er une Ă©quivalence morale absurde entre, dâune part, des terroristes du Hamas, soutenus par la quasi-totalitĂ© de la population palestinienne, qui se livrent Ă des actes inhumains tels que des meurtres et des viols, et dâautre part, des citoyens israĂ©liens qui, mĂȘme lorsquâils dĂ©passent les limites, sont systĂ©matiquement poursuivis par les autoritĂ©s israĂ©liennes.
Il est moralement rĂ©pugnant de comparer ces deux rĂ©alitĂ©s. IsraĂ«l est une dĂ©mocratie oĂč la loi est appliquĂ©e avec rigueur, et nous nâavons besoin dâaucune leçon ni de sanctions grotesques de la part de nations qui osent mettre sur un pied dâĂ©galitĂ© nos citoyens avec des criminels de guerre. Au lieu de chercher Ă Ă©tablir une fausse paritĂ© morale,
la communautĂ© internationale devrait condamner sans rĂ©serve le Hamas pour ses crimes abjects et soutenir IsraĂ«l jusquâĂ la victoire totale contre ce flĂ©au terroriste. Toute tentative de pression contre IsraĂ«l ne fera quâattiser notre dĂ©termination Ă dĂ©fendre notre terre et notre peuple avec une force redoublĂ©e.
En outre, nous rejetons fermement toute tentative de dĂ©lĂ©gitimer les rĂ©sidents des communautĂ©s juives en JudĂ©e-Samarie. Ces citoyens vivent sur des terres qui font partie intĂ©grante du patrimoine historique et spirituel du peuple juif, des terres auxquelles nous avons un droit inaliĂ©nable. Les communautĂ©s en JudĂ©eSamarie sont lĂ©gitimes, et nous continuerons Ă les soutenir et Ă les dĂ©velopper, malgrĂ© les pressions internationales. Toute tentative de nous arracher ces terres Ă©chouera, car elles sont et resteront Ă jamais une partie insĂ©parable de lâĂtat dâIsraĂ«l.
« Les Jeunes des Collines » font face Ă des sanctions imposĂ©es par divers gouvernements, notamment ceux du Royaume-Uni, des Ătats-Unis et de la France. Le porte-parole de ce mouvement qui suscite d'importantes controverses partage sa perspective sur la maniĂšre dont ces sanctions les affectent et sa rĂ©ponse face Ă cette pression qu'il juge despotique, discriminatoire et infondĂ©e.
AJ MAG : Pouvez-vous nous en dire plus sur le mouvement des « Jeunes des Collines » ?
Shmulik Fine : « Les Jeunes des Collines » est un mouvement idĂ©ologique qui existe depuis presque vingt ans. Il a commencĂ© Ă vraiment prendre forme aprĂšs le retrait du Gouch Katif en 2005. Ce nâest pas une organisation formelle avec un leader ou une structure. Câest plutĂŽt un mouvement dâidĂ©es autour de la question des implantations Ă travers tout le pays.
Comment avez-vous été avertis des sanctions imposées au mouvement ?
En fait, nous n'avons reçu aucune notification officielle â aucune lettre, aucun contact direct. C'est surtout par des informations dans les mĂ©dias que nous avons appris ces sanctions. Je n'ai jamais Ă©tĂ© approchĂ© officiellement par les autoritĂ©s, que ce soit en IsraĂ«l ou Ă l'Ă©tranger.
Ces sanctions sont justifiées par des actes de violence contre les Palestiniens : que répondez-vous à cette accusation ?
Nos actions ont pour seul objectif de favoriser l'implantation dans
© Photos avec l'aimable autorisation de Shmulik Fine
Cette accusation ne repose sur aucun fondement. Nos actions ont pour objectif de favoriser le développement et l'implantation juive dans le territoire du Grand Israël. Bien qu'il y ait eu quelques incidents violents isolés, ils ne se reproduiront pas.
lll Avez-vous pu vous opposer à cette décision et vous défendre ?
Ils ne nous ont pas donnĂ© la possibilitĂ© de nous dĂ©fendre ni de nous prĂ©parer juridiquement avant que ces sanctions soient mises en place. Les sanctions sont tombĂ©es sans prĂ©avis et ne prĂ©voient aucun recours. Cependant, nous savons que le gouvernement israĂ©lien, notamment Bezalel Smotrich, le dirigeant du Madfal, le parti du sionisme religieux, sâefforce dâaider ceux qui sont touchĂ©s par ces mesures â mais pour lâheure, encore rien de concret. Il y a eu des tentatives pour permettre Ă certaines personnes de retirer de lâargent de leurs comptes gelĂ©s, mais les options demeurent limitĂ©es. Pour lâinstant, il reste trĂšs difficile de contourner ces sanctions.
Le premier pays à avoir sanctionné « Les Jeunes des Collines » est la Grande-Bretagne : quelle a été votre réaction ?
Nous tenons à rappeler aux Britanniques que nous ne sommes plus en 1940 et que le pays n'est plus dirigé par Harold Alfred MacMichael, haut-commissaire de
la Palestine mandataire. S'ils pensent encore que la politique du Livre Blanc est toujours d'actualitĂ© dans notre pays, ils se trompent, car nous sommes revenus sur la terre de nos ancĂȘtres et sommes dĂ©terminĂ©s Ă y rester.
En quoi ces décisions ont-elles impacté le mouvement des « Jeunes des Collines » ?
Ces sanctions sont absurdes. « Les Jeunes des Collines » ne constituent pas une organisation officielle, ce qui signifie qu'il n'y a ni compte bancaire ni structure formelle susceptibles d'ĂȘtre affectĂ©s par des sanctions financiĂšres. Cependant, des particuliers et des entrepreneurs visĂ©s personnellement par ces sanctions en subissent les consĂ©quences. Ils se retrouvent avec des comptes bancaires bloquĂ©s, ce qui les empĂȘche de retirer de l'argent et impacte directement leur vie quotidienne. De plus, certains d'entre eux se voient interdire l'entrĂ©e sur le territoire de certains pays, comme la France qui a imposĂ© des sanctions Ă vingt personnes en leur interdisant d'y accĂ©der.
Comment rĂ©agissez-vous aux accusations dâimplantations illĂ©gitimes en JudĂ©e-Samarie ?
Nous n'avons pris aucune terre Ă©trangĂšre et nous n'avons dominĂ© aucun peuple Ă©tranger. Nous sommes revenus sur la terre de nos ancĂȘtres qui, Ă une certaine Ă©poque, a Ă©tĂ© injustement conquise par nos ennemis. Lorsque nous en avons eu l'opportunitĂ©, nous avons rĂ©cupĂ©rĂ© la terre de nos ancĂȘtres.
Quel est le message que vous souhaitez délivrer à ceux qui vous ont sanctionnés ?
Nous avons commencĂ© Ă revenir sur notre terre bienaimĂ©e il y a plus de deux cents ans, avec, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, la montĂ©e des disciples du Baal Shem Tov et du Gaon de Vilna, puis, en 1881-1882, celle des Juifs du YĂ©men, connue sous le nom de « Aaleh beTamar », suivies de la premiĂšre, la deuxiĂšme, la troisiĂšme, la quatriĂšme et la cinquiĂšme vagues dâAlya, les immigrants clandestins et tout le processus du retour Ă Sion dont l'objectif Ă©tait la formation d'un foyer national juif et l'autodĂ©termination du peuple juif sur la Terre d'IsraĂ«l. Comme les pionniers, nous ne reculerons pas, nous n'aurons pas peur et nous ne courberons pas l'Ă©chine devant les despotes britanniques, amĂ©ricains ou français, ni devant quiconque pense avoir le contrĂŽle sur notre pays. n
Entretien exclusif pour AJ MAG
Ils sont trois amis. Ils ont environ 35 ans et habitent Tel Aviv. Comme tous les Israéliens, ils sont tout sauf insouciants.
Le 7 octobre vient dâavoir lieu et ils ont perdu des amis et des proches, au festival Nova et Ă la guerre Ă Gaza. LâĂ©tat de choc. Ils nâavaient pas le choix : câĂ©tait soit sombrer, soit se lancer dans un projet qui leur permettrait de semer des Ă©tincelles de vie autour dâeux, des pĂ©pites de vie. Ils ont alors rassemblĂ© leurs amis et les amis de leurs amis : la communautĂ© « La PĂ©pite » venait de naĂźtre.
Nous sommes au mois de novembre 2023. Les rues sont vides, les gens se barricadent chez eux, les missiles de Gaza et du Liban tombent rĂ©guliĂšrement sur tout le pays. Ils trouvent un hangar fermĂ©, abandonnĂ©, dans le quartier branchĂ© de Florentine. Adeptes de lâupcycling, du recyclage et de la consommation minimale, ils dĂ©cident de se lancer dans la vente de vĂȘtements vintage. JĂ©rĂ©my, Eli et Ilan ont trouvĂ© lâidĂ©e : racheter des lots de vĂȘtements en Europe, surtout des lots de marque en seconde main, et les vendre Ă des prix trĂšs abordables. Manteaux, blousons, jeans, tee-shirts, chemises, vĂȘtements de sport et mĂȘme des cirĂ©s pour la pluie. LâoriginalitĂ© du lieu et lâatmosphĂšre conviviale attirent les gens du quartier qui passent et se posent sur lâun des canapĂ©s pour boire un cafĂ© et discuter. Beaucoup sont des survivants du
du Liban, ou des artistes qui veulent se sentir un peu moins seuls et parler de leur travail. Certains stylistes ont proposĂ© de customiser les vĂȘtements : en apportant leur touche personnelle, ils redonnent une nouvelle vie aux jeans, aux blousons â câest aujourdâhui devenu un phĂ©nomĂšne de mode. Les fondateurs de « La PĂ©pite » ont installĂ© un atelier de couture et invitĂ© ces jeunes crĂ©ateurs Ă fabriquer leurs modĂšles sur place, oĂč ils sont ensuite vendus. Les influenceuses de Tel Aviv y ont trouvĂ© des « pĂ©pites » : des robes de soirĂ©e, des vestes de marque, de vrais jeans Levis⊠Bouillonnants dâidĂ©es, JĂ©rĂ©my, Eli et Ilan ne se sont pas arrĂȘtĂ©s lĂ ; ils invitent des musiciens qui se retrouvent un soir par semaine dans le hangar, devant un « open mic », un micro ouvert, pour chanter, mixer ou faire du stand-up. Toujours dans cet esprit communautaire, on pousse alors les stoyaks de vĂȘtements, et lâon installe les instruments et la sono pour donner naissance Ă des concerts intimistes et faire connaĂźtre les musiciens du quartier. Difficile de ne pas sâattacher Ă cette jeunesse qui passe des heures sur place Ă discuter, partager, arrivant parfois Ă mettre
entre parenthĂšses ce quâils ont vĂ©cu ces derniers mois. Ilan, Eli et JĂ©rĂ©my se battent chaque jour pour maintenir le cap de leur entreprise, car en pleine guerre, sans touristes, les rues sont souvent dĂ©sertĂ©es dans Tel Aviv. Ils sont si dynamiques quâon vient souvent leurs proposer des idĂ©es, des collaborations. Un menuisier du quartier leur a prĂ©sentĂ© un fournisseur de plantes. Il leur a proposĂ© de crĂ©er un nouvel espace avec des meubles trouvĂ©s dans les puces de Yaffo et de belles plantes dâappartement. Câest ainsi que « La Machtela », la pĂ©piniĂšre de « La PĂ©pite », a ouvert ses portes Ă la fin de lâĂ©tĂ©. Un crĂ©ateur de jardins et terrasses sâest ajoutĂ© Ă lâĂ©quipe et propose ses services Ă des prix dĂ©fiant toute concurrence. Tel Aviv est la ville des chiens, ils ne seront pas oubliĂ©s : sur un coin du parking, trois baignoires et douches pour chiens ont Ă©tĂ© installĂ©es. Câest tellement plus sympathique de venir y laver son toutou que de le faire chez soi ! Et câest bien sĂ»r lâoccasion de boire un cafĂ© et de rencontrer les gens du quartier, car depuis un an on rĂ©apprend Ă vivre, on rĂ©siste, on bosse, on achĂšte, on rit, on aime, parce que la vie est plus forte que tout, parce quâon nâa pas le choix. « La PĂ©pite » est devenue bien plus quâun commerce de quartier, câest un QG dâartistes et de crĂ©ateurs, un lieu de partage et de rencontres, un lieu de rĂ©silience. Pour nos trois compĂšres, câest aussi le moyen de concilier leur mode de vie avec une activitĂ© entrepreneuriale, ce qui, en temps de guerre, constitue une vĂ©ritable gageure. Mais pour les IsraĂ©liens, on le sait, rien nâest impossible⊠Alors, un beau jean Levis 501, ça vous tente ? n
Shy Nathanelle
La Pépite
22, rue Abarbanel â Florentine â Tel Aviv Site de vente en ligne : lapepite.co.il
Les Ătats-Unis ont accordĂ© Ă lâĂtat Juif une aide directe de 17 milliards de dollars depuis le 7 octobre 2023. Un soutien qui fait aussi progresser la sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine et dope son industrie de dĂ©fense.
LâĂ©lection du rĂ©publicain Donald Trump ou de la dĂ©mocrate Kamala Harris le 5 novembre aux Ătats-Unis ne devrait pas modifier drastiquement la politique amĂ©ricaine au MoyenOrient. Elle nâaura en tout cas aucune rĂ©percussion sur le soutien militaire indĂ©fectible accordĂ© par Washington Ă IsraĂ«l. Cet engagement historique, qui a rĂ©sistĂ© Ă toutes les crises et tiraillements entre les dirigeants des deux pays, a atteint des sommets depuis les attaques du 7 octobre 2023. Selon un rapport du projet « Costs of War » de l'UniversitĂ© Brown, publiĂ© Ă l'occasion de la date anniversaire du conflit, les Ătats-Unis ont en effet consenti une aide militaire directe record Ă IsraĂ«l, dâun montant de 17,9 milliards de dollars depuis le dĂ©but de la guerre avec le Hamas. Par comparaison, l'aide militaire annuelle des Ătats-Unis sâĂ©lĂšve dâordinaire Ă 3,8 milliards de dollars, qui servent Ă financer des achats de matĂ©riel militaire amĂ©ricain. Au printemps, le CongrĂšs a en outre accordĂ© une rallonge exceptionnelle de plus de 14 milliards de dollars, Ă©talĂ©e sur plusieurs annĂ©es.
Ă cette facture, sâajoutent quelques 4,9 milliards de dollars de dĂ©penses liĂ©es Ă l'envoi de renforts par les Ătats-Unis, sous forme de porte-avions, d'escadrilles et de systĂšmes de dĂ©fense aĂ©rienne en MĂ©diterranĂ©e, en mer Rouge et dans le Golfe. Les Ătats-Unis ont par ailleurs livrĂ©, pour un coĂ»t
de 4,4 milliards de dollars, des batteries de missiles antimissiles du type DÎme de Fer (voir photo ci-dessous) et Fronde de David, utilisés massivement par l'armée israélienne pour intercepter des projectiles tirés par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et les Iraniens.
Reste que cette aide gĂ©nĂ©reuse ne constitue pas seulement un investissement dans la sĂ©curitĂ© dâIsraĂ«l. Comme le souligne une rĂ©cente note de lâAmerican Jewish Committee (AJC), elle sert Ă©galement Ă faire avancer les intĂ©rĂȘts des Ătats-Unis au Moyen-Orient. IsraĂ«l, tout comme lâĂgypte, la Jordanie et les Ătats du Golfe, est un alliĂ© militaire des Ătats-Unis face aux attaques des groupes terroristes et des « proxys » soutenus par lâIran. En outre, lâĂtat hĂ©breu et les ĂtatsUnis coopĂšrent depuis longtemps en matiĂšre de renseignement et de dĂ©veloppement technologique. PrĂšs des trois quarts de lâaide consentie Ă IsraĂ«l est fournie sous forme dâarmes de pointe et dâautres Ă©quipements dĂ©fensifs fabriquĂ©s aux Ătats-Unis. Une
grande partie de la technologie est dĂ©veloppĂ©e en IsraĂ«l. Par exemple, le systĂšme antimissile DĂŽme de Fer, inventĂ© par IsraĂ«l mais fabriquĂ© aux Ătats-Unis avec un financement majoritairement amĂ©ricain, fait aussi partie du systĂšme de dĂ©fense de lâOncle Sam. Autrement dit : le soutien financier et la technologie de dĂ©fense des Ătats-Unis, combinĂ©s au savoir-faire et Ă lâingĂ©niositĂ© israĂ©lienne, font progresser la sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine. Sur le plan financier, cette aide sâapparente Ă un investissement en AmĂ©rique. Selon lâAJC, elle soutient directement plus de 20 000 emplois aux Ătats-Unis et indirectement des milliers dâautres. Plus de 1000 entreprises amĂ©ricaines ont signĂ© des contrats dâune valeur de plusieurs milliards de dollars dans
le cadre de lâengagement des ĂtatsUnis Ă aider IsraĂ«l Ă se dĂ©fendre contre des menaces croissantes. Last but not least, « Ă©quiper les IsraĂ©liens avec des armes amĂ©ricaines pour combattre le terrorisme permet dâĂ©pargner aux militaires amĂ©ricains la tĂąche de le faire », pointe encore lâAJC. Lâobservation faite il y a trente-cinq ans par lâancien secrĂ©taire dâĂtat et gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e amĂ©ricaine Alexander Haig rĂ©sonne encore aujourdâhui : « IsraĂ«l est le plus grand porte-avions amĂ©ricain au monde. Il ne peut pas ĂȘtre coulĂ©. Il ne transporte pas un seul soldat amĂ©ricain et il est situĂ© dans une rĂ©gion critique pour la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine. » n
Nathalie Hamou
Lâagence de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure israĂ©lienne, le Shin Bet, dĂ©couvre chaque semaine de nouvelles tentatives mises en Ćuvre par des agents iraniens pour recruter des IsraĂ©liens sur les rĂ©seaux sociaux afin de leur faire effectuer des missions dâespionnage contre leur propre pays. Mais qui sont ces hommes et ces femmes prĂȘts Ă trahir le pays au profit de son plus grand ennemi ?
Ils agissent sur diverses plateformes, notamment X, Telegram, WhatsApp, Facebook et Instagram, en utilisant diffĂ©rents moyens d'approche. Recourant Ă une variĂ©tĂ© de prĂ©textes, ils se font passer pour des courtiers en immobilier, des marchands de drones, des photographes ou mĂȘme des dĂ©tectives privĂ©s. En 2021, des agents iraniens avaient tentĂ© de soudoyer des universitaires, des hommes dâaffaires et dâanciens responsables de la dĂ©fense Ă lâĂ©tranger. Leurs mĂ©thodes sont bien rodĂ©es et, depuis le dĂ©but de la guerre en octobre 2023, leurs initiatives de recrutement se sont intensifiĂ©es. Des pages et des pages dâagents iraniens infiltrĂ©s sous de faux profils ont Ă©tĂ© relevĂ©es sur les rĂ©seaux ; ils ont essayĂ© par tous les moyens de sâintroduire dans diffĂ©rents mouvements israĂ©liens comme celui des familles des otages, mais aussi auprĂšs de citoyens et citoyennes lambda. Comment les ont-ils attirĂ©s ? Essentiellement par de lâargent.
Nahum Mabar : le premier espion israĂ©lien Ă avoir collaborĂ© avec lâIran
Remontons un peu dans le temps : le premier espion israĂ©lien Ă avoir collaborĂ© avec lâIran fut Nahum Manbar, nĂ© en 1946, fils dâAaron et de Hannah, Ă©levĂ© au kibboutz Guivat HaĂŻm, trĂšs bon joueur de basket pour lâHapoel dont il deviendra plus tard lâun des sponsors. AprĂšs un parcours pourtant classique, parachutiste Ă lâarmĂ©e, commandant dâunitĂ©, Nahum Manbar est devenu un homme dâaffaires louches plusieurs fois poursuivi en justice par ses crĂ©anciers, et en 1985 il a quittĂ© IsraĂ«l pour y Ă©chapper. Ă lâĂ©tranger, il a commencĂ© Ă sâintroduire dans le milieu des marchands dâarmes. Il a achetĂ© des armes conventionnelles excĂ©dentaires Ă lâarmĂ©e israĂ©lienne et les a vendues Ă des pays du tiersmonde. Plus tard, il a Ă©tendu ses activitĂ©s et acquis des armes en Pologne, pays alors sous lâinfluence de lâUnion soviĂ©tique. Dans le cadre des relations commerciales
entre IsraĂ«l et lâIran entre 1989 et 1993, Manbar a vendu des armes conventionnelles Ă lâIran, mais aussi 150 tonnes de chlorure de thionyle, un produit inflammable et explosif. En 1993, deux agents du Mossad ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans un accident de voiture Ă Vienne alors que, pour obtenir des renseignements sur Ron Arad, ils surveillaient le docteur Majid Abbaspour, vice-ministre de la DĂ©fense iranien, qui venait de rencontrer Nahum Manbar. Pendant son sĂ©jour en France,
Manbar a Ă©pousĂ© une française, Francine Pantillo, veuve de Herman Schmidt, un homme dâaffaires allemand qui avait vendu des missiles sol-sol Ă lâĂgypte et Ă lâIrak dans le cadre du projet Condor, et il a convaincu sa femme de lui remettre les documents laissĂ©s par son ex-mari. En 1992, le Mossad a commencĂ© Ă enquĂȘter sur les activitĂ©s de Manbar. Lâancien chef du Mossad, ShabtaĂŻ Shavit, lâa fait arrĂȘter en mars 1997 alors quâil descendait dâun avion Ă son arrivĂ©e en IsraĂ«l. Le 16 juillet 1998, Manbar a Ă©tĂ© reconnu coupable dâavoir aidĂ© lâennemi dans sa guerre contre IsraĂ«l et dâavoir fourni des informations Ă lâennemi dans lâintention de
nuire Ă la sĂ©curitĂ© de lâĂtat. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© par le tribunal Ă seize ans dâemprisonnement. Le 31 octobre 2011, la commission des libĂ©rations conditionnelles a dĂ©cidĂ© de le libĂ©rer un an et demi avant la fin de sa sentence, avec des restrictions, dont lâinterdiction de sortie de territoire. ShabtaĂŻ Shavit a affirmĂ© que Manbar Ă©tait « le plus grand traĂźtre qui ait jamais agi en IsraĂ«l ».
Lâaffaire Gonen Segev
Gonen Segev est né le 6 janvier 1956 à Kiryat Motzkin. AprÚs son service militaire au grade de capitaine, il a fait des études de médecine et obtenu en 1984 son doctorat en médecine
de lâUniversitĂ© Ben-Gourion. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, il est devenu militant au sein du parti Tzomet, créé par Rafael Eitan (Raful). Aux Ă©lections pour la treiziĂšme Knesset, Segev est arrivĂ© deuxiĂšme sur la liste et a Ă©tĂ© Ă©lu dĂ©putĂ©. Au dĂ©but de son mandat, son parti est restĂ© dans lâopposition sous le gouvernement de Yitzhak Rabin. En 1994, aprĂšs des dĂ©saccords avec Rafael Eitan, Segev sâest sĂ©parĂ© de ses amis. En 1995, il a votĂ© en faveur des accords d'Oslo, permettant au Premier ministre de l'Ă©poque, Yitzhak Rabin, de faire passer au Parlement la seconde phase de cet accord qui Ă©tait censĂ© mener Ă la crĂ©ation d'un Ătat palestinien.
lll AprĂšs lâassassinat de Rabin le 4 novembre 1995, Segev a rejoint le gouvernement de Shimon Peres en tant que ministre de lâĂnergie et des Infrastructures, et membre du cabinet de sĂ©curitĂ©. En 2003, il a Ă©tĂ© reconnu coupable de dĂ©lits surprenants pour un homme politique : falsification dâun passeport et fraude sur une carte de crĂ©dit. En 2004, il a Ă©tĂ© accusĂ© dâavoir tentĂ© de faire passer de la drogue (ecstasy), condamnĂ© Ă cinq ans de prison, puis libĂ©rĂ© en 2007. Ses crimes sont alors devenus plus graves. Il sâest rapprochĂ© dâun habitant de Taybeh qui l'a engagĂ© au service du Hezbollah pendant plusieurs annĂ©es. Interdit dâexercer la mĂ©decine en IsraĂ«l, il s'est exilĂ© au Nigeria oĂč il a pu exercer librement. En 2012, il a Ă©tĂ© contactĂ© par les services de renseignement iraniens et commencĂ© Ă servir dâagent, fournissant, contre des sommes dâargent, des informations sur lâĂ©conomie Ă©nergĂ©tique et les organismes de sĂ©curitĂ© dâIsraĂ«l. Il a Ă©galement prĂ©sentĂ© des citoyens israĂ©liens Ă des responsables du renseignement iranien quâil a prĂ©tendu ĂȘtre des hommes dâaffaires. Les services de sĂ©curitĂ© ont commencĂ© Ă le soupçonner et Ă surveiller ses activitĂ©s. En 2016, Segev a demandĂ© au ministre de la SantĂ© de lui renouveler son permis de travail, exprimant le dĂ©sir de revenir exercer comme mĂ©decin en IsraĂ«l. Sa demande a Ă©tĂ© rejetĂ©e. En mai 2018, accusĂ© dâespionnage pour lâennemi, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă son entrĂ©e en GuinĂ©e Ă©quatoriale et extradĂ© vers IsraĂ«l. Le 9 janvier 2019, aprĂšs avoir avouĂ© ses crimes, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă onze ans de prison et Ă une peine de probation. Comment ce haut responsable politique a-t-il pu en arriver Ă trahir son peuple, sa famille, avec son pire ennemi, mettant peut-ĂȘtre
ainsi son pays en danger ? Il semble que cela nâa pas Ă©tĂ© par idĂ©ologie politique, mais uniquement poussĂ© par l'appĂąt du gain : gagner beaucoup dâargent, et trĂšs vite. Le trafic de drogue lui avait dĂ©jĂ fait gagner Ă©normĂ©ment dâargent, sans commune mesure avec son salaire de politicien ; il en voulait encore plus et se croyait devenu intouchable.
En 2011, un rĂ©sident de JĂ©rusalem de 46 ans, ultraorthodoxe proche de la secte des Netourei Karta, a dĂ©libĂ©rĂ©ment dĂ©cidĂ© de contacter des reprĂ©sentants du gouvernement iranien et de leur offrir ses services. Il a Ă©tĂ© accusĂ© dâavoir pris contact avec un agent Ă©tranger, dâavoir montrĂ© son intention de trahir et de tenter dâaider lâennemi dans sa guerre contre IsraĂ«l. Lors de son interrogatoire au Service gĂ©nĂ©ral de la sĂ©curitĂ©, il a dĂ©clarĂ© que les motifs de ses actions Ă©taient la haine dâIsraĂ«l et le dĂ©sir de recevoir une compensation financiĂšre. Plusieurs dizaines de personnes ont Ă©tĂ© interrogĂ©es, dont certaines issues de sa communautĂ©. Selon lâacte dâaccusation, lâhomme, qui sâĂ©tait de lui-mĂȘme rendu en Allemagne pour rencontrer des reprĂ©sentants iraniens Ă leur ambassade oĂč il a Ă©tĂ© en contact avec trois personnes dont lâidentitĂ© est inconnue, sâest prĂ©sentĂ© comme un IsraĂ©lien appartenant Ă la communautĂ© des Netourei Karta et leur a exposĂ© les principes de sa communautĂ©, qui nie lâexistence de lâĂtat dâIsraĂ«l. Il a Ă©galement dit quâil Ă©tait prĂȘt Ă tuer un sioniste. Les Iraniens ne lâont pas pris au sĂ©rieux ; malgrĂ© ses tentatives, ils nâont pas donnĂ© suite Ă sa demande et ne lâont jamais recontactĂ©.
Moti Maman, 73 ans, lors d'une audience au tribunal de Beer-Sheva, le 19 septembre 2024 © Flash90
Et depuis le 7 octobreâŠ
Cette annĂ©e, trois citoyens israĂ©liens ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le Shin Bet, soupçonnĂ©s dâavoir menĂ©, sous les ordres dâagents de renseignement iraniens, des actions visant la sĂ©curitĂ© nationale dâIsraĂ«l. Lâun des suspects, Elimelech Stern, un habitant de Beit Shemesh ĂągĂ© de 21 ans, Ă©tait en contact via lâapplication Telegram avec une personne se faisant appeler Anna Elena. Celleci a demandĂ© Ă Stern dâeffectuer diverses tĂąches, notamment dâaccrocher des panneaux Ă Tel Aviv, de cacher de lâargent dans divers endroits de JĂ©rusalem et de Tel Aviv, de livrer au domicile de civils israĂ©liens des colis contenant une tĂȘte dâanimal coupĂ©e ou une poupĂ©e munie dâun couteau et dâun message de menace, dâincendier une forĂȘt. Il Ă©tait payĂ© en cryptomonnaie. Selon les enquĂȘteurs, Stern aurait acceptĂ© ces missions, Ă lâexception des assassinats et des incendies de forĂȘt, et il avait recrutĂ© deux autres personnes pour lâaider.
Ils jouent aussi avec le cĆur des femmesâŠ
En janvier 2022, le Shin Bet a annoncĂ© lâarrestation de cinq IsraĂ©liens juifs accusĂ©s dâavoir aidĂ© lâagent iranien Rambod Namdar, qui se faisait passer pour Juif. Les cinq suspects, quatre femmes â deux dâentre elles ont Ă©tĂ© lavĂ©es des accusations portĂ©es contre elles â et un homme, Ă©taient tous des immigrants juifs venus dâIran. Leur origine a certainement rendu lâapproche beaucoup plus facile. Namdar sâĂ©tait prĂ©sentĂ© comme un riche entrepreneur cĂ©libataire iranien. lll
lll Il se serait jouĂ© des attentes romantiques des femmes suspectĂ©es, cette relation pouvant les aider financiĂšrement alors quâelles se trouvaient dans une situation difficile. Lâune des accusĂ©es a dit Ă Rambod quâelle travaillait pour une MunicipalitĂ© israĂ©lienne et il lui a demandĂ© des photos des bĂątiments de la mairie. Il a Ă©galement essayĂ© de la convaincre de persuader son fils de rejoindre la marine, lâarmĂ©e de lâair ou les unitĂ©s de renseignement de lâarmĂ©e. Lors dâun voyage Ă Istanbul, elle lui a apportĂ© des livres en hĂ©breu contre la somme de 3000 dollars. Un autre accusĂ© avait Ă©tĂ© chargĂ© de photographier des isoloirs lors des Ă©lections de 2020 et 2021. Rambod lui avait aussi demandĂ© de photographier divers sites de Tel Aviv, tels que la gare routiĂšre centrale, des parcs et des postes de police. Selon le Shin Bet, les suspects auraient photographiĂ© dâimportants sites stratĂ©giques du pays, notamment le consulat amĂ©ricain de Tel Aviv â tout cela en contrepartie de milliers de dollars. Namdar aurait Ă©tĂ© en contact avec une vingtaine dâIsraĂ©liens, pour la plupart des femmes.
Moti Maman, 73 ans, originaire de la ville dâAshkelon, a Ă©tĂ© recrutĂ© par la RĂ©publique islamique dâIran afin de prĂ©parer des assassinats de personnalitĂ©s israĂ©liennes, parmi lesquelles le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă temps. Il Ă©tait passĂ© clandestinement en Iran Ă deux reprises et a Ă©tĂ© payĂ© pour effectuer ses missions, ont indiquĂ© la police et le Shin Bet. lll
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L'avis du psy : quelle personnalité abrite le
Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste, professeur de psychopathologie fondamentale et clinique (Universités de Paris Sud, Tel Aviv, Glasgow) et président de l'association internationale Schibboleth, nous explique quelle personnalité psychique se cache sous la figure du traßtre.
« Les traĂźtres sont souvent considĂ©rĂ©s comme des doubles personnalitĂ©s qui agissent de maniĂšre complĂ©mentaire, les deux personnalitĂ©s cherchant Ă former une unitĂ© toute-puissante. Câest symptomatique de tous ces cas de traĂźtrise. Lâargent nâest certainement pas la seule motivation de ce genre de comportement. La traĂźtrise, un peu comme le mensonge, recouvre une importante problĂ©matique narcissique de rĂ©paration identitaire, de prĂ©judice inconscient. Prenons le cas de Segev : câest un escroc notoire, il est dans la jouissance de la transgression de la loi, câest une attitude psychopathique et perverse. Il se sent au-dessus de la loi et de tous ceux qui peuvent la reprĂ©senter. Cette toute-puissance narcissique va au-delĂ du gain financier. La motivation du pouvoir est beaucoup plus forte que les bĂ©nĂ©fices matĂ©riels qui ne font que conforter le sentiment de toute-puissance et dâomnipotence. On peut retrouver ce mĂ©canisme Ă lâĆuvre dans tous les autres cas de traĂźtrise, aussi pitoyables soient-ils. Pour une personne anonyme, la traĂźtrise peut donner un sentiment dâexister qui lui confĂšre une mainmise sur son destin. Les traĂźtres prennent lâavoir pour de lâĂȘtre mais cela ne viendra pas combler leur manque. Ils imaginent quâils ont Ă©tĂ© choisis, Ă©lus pour une mission. Cela leur donne le sentiment dâexister face Ă quelquâun et prend le pas sur leurs valeurs. Il y a Ă©galement la peur dâĂȘtre arrĂȘtĂ© qui doit ĂȘtre dĂ©fiĂ©e et se transforme en jouissance. Il faudrait les interroger pour savoir sâils Ă©prouvent un sentiment de culpabilitĂ©. La loi, dans le judaĂŻsme, est reprĂ©sentĂ©e par lâimage du pĂšre symbolique. Il y a donc un dĂ©fi au pĂšre. IsraĂ«l, qui reprĂ©sente une trĂšs forte part symbolique dans nos inconscients, serait plutĂŽt la terre-mĂšre. Le mĂ©canisme est psychotique et dissociatif. Quand en plus la traĂźtrise est mĂȘlĂ©e au gain et aux histoires de cĆur, les limites sont complĂštement perdues. On peut se poser la question de savoir comment ces hommes et ces femmes qui trahissent le pays ont Ă©tĂ© traitĂ©s par leur pĂšre et leur mĂšre, en tout cas dans leurs fantasmes. Ces personnes peuvent aimer le pays mais Ă©prouver de la colĂšre, de la rancune, voire de la haine, et du coup elles se racontent des histoires et sont dans la confusion. Pour le cas de monsieur Maman, il trahit son pays dâaccueil pour son pays natal ; il peut y avoir ici confusion sur le lien dâattachement. Il y a beaucoup dâambivalence chez ceux qui sont déçus par IsraĂ«l, il en ressort une rancune ; ils en veulent Ă IsraĂ«l de ne pas avoir Ă©tĂ© Ă la hauteur de leur idĂ©alisation. Cela a atteint leur propre Moi idĂ©al. » n
lll Moti Maman aurait vĂ©cu pendant une longue pĂ©riode en Turquie, oĂč il entretenait des relations commerciales et sociales avec des ressortissants turcs et iraniens. Cette annĂ©e, Maman, grĂące Ă la mĂ©diation de deux Turcs, a acceptĂ© de rencontrer un riche homme dâaffaires, nommĂ© Eddy, vivant en Iran pour discuter dâactivitĂ©s commerciales, a dĂ©clarĂ© lâagence de sĂ©curitĂ©. Maman sâest rendu dans la ville turque de SamandaÄ, proche de la Syrie, oĂč il a rencontrĂ© deux reprĂ©sentants envoyĂ©s par lâhomme dâaffaires iranien, puis il est entrĂ© clandestinement en Iran. ArrivĂ© sur place, il a rencontrĂ© Eddy et un membre des forces de sĂ©curitĂ© iraniennes, qui lui ont demandĂ© de « prĂ©parer des attentats » contre Benyamin Netanyahou, le ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant et le chef du Shin Bet, Ronen Bar. LâIranien a Ă©galement demandĂ© Ă Maman de transfĂ©rer de lâargent et une arme, et de photographier divers endroits frĂ©quentĂ©s par des civils. Moti Maman, pourtant plus tout jeune, est retournĂ© une seconde fois en Iran clandestinement depuis la Turquie, cachĂ© Ă lâintĂ©rieur dâun camion. Maman aurait exigĂ© un million de dollars dâavance avant dâexĂ©cuter les tĂąches. Il nâa reçu en Ă©change de son implication que 5000 euros. Ă son retour en IsraĂ«l en aoĂ»t dernier, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par les autoritĂ©s israĂ©liennes. Il sâest alors dit soulagĂ© dâavoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans une spirale qui pouvait l'entraĂźner trĂšs loin. Pour sa dĂ©fense, il a dĂ©clarĂ© avoir commis « une erreur de jugement ».
Cette liste semble ne pas vouloir se terminer car Ă lâheure oĂč nous Ă©crivons les derniĂšres lignes de cet article, la presse vient de rĂ©vĂ©ler
Dans les cas de traĂźtrise, lâargent nâest certainement pas la seule motivation. La traĂźtrise, un peu comme le mensonge, recouvre une importante problĂ©matique narcissique de rĂ©paration identitaire, de prĂ©judice inconscient.
quâun vaste rĂ©seau dâespionnage au profit de lâIran a Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© en IsraĂ«l. Sept citoyens israĂ©liens rĂ©sidents de HaĂŻfa ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, soupçonnĂ©s dâavoir espionnĂ© pendant deux ans pour lâIran en effectuant des centaines de tĂąches Ă la demande de la RĂ©publique islamique. Les suspects, immigrĂ©s dâAzerbaĂŻdjan, comprennent un soldat qui a dĂ©sertĂ© lâarmĂ©e, ainsi que deux mineurs ĂągĂ©s de 16 et 17 ans. Selon les autoritĂ©s, contactĂ©s par un intermĂ©diaire turc, ils ont effectuĂ© pendant deux ans quelque 600 missions relatives Ă des transferts dâinformations sur des bases de Tsahal et son quartier gĂ©nĂ©ral de la Kirya Ă Tel Aviv â certaines de ces bases ont Ă©tĂ© la cible des terroristes du Hamas. Les attentats du 7 octobre et lâattaque iranienne du mois dâavril dernier sur IsraĂ«l ne les ont pas empĂȘchĂ©s de continuer sans scrupules Ă fournir des informations aux Iraniens, permettant lâimpact de missiles sur plusieurs villes dâIsraĂ«l. GrĂące Ă un Ă©quipement de pointe, ils ont pu fournir dâimportantes informations susceptibles d'aider lâennemi Ă ajuster ses futures frappes. En Ă©change de ces informations essentielles, les suspects auraient reçu des
centaines de milliers de dollars, une partie en cryptomonnaie et une autre en espÚces livrées par des touristes russes. Ils risquent la prison à perpétuité.
Comment, par cupiditĂ©, stupiditĂ©, solitude, dĂ©pression, ou parfois par pure idĂ©ologie, voire sous lâeffet de pressions extĂ©rieures, des hommes et des femmes israĂ©liens de tous milieux, de toutes catĂ©gories sociales et de tous Ăąges dĂ©cident un jour de trahir leur pays au profit de son ennemi le plus dangereux ? Il est difficile de comprendre une telle position, dâautant plus aujourdâhui oĂč IsraĂ«l, qui se bat depuis un an pour son existence, est Ă lâaube dâune confrontation avec lâIran. Nous ne parlons pas ici de criminologie au sens classique, mais dâespionnage et de traĂźtrise. La question de la peine qui doit ĂȘtre infligĂ©e pour punir ces trahisons reste ouverte, car mĂȘme si certains rĂ©clament la peine de mort, qui nâest jamais appliquĂ©e en IsraĂ«l, il est pratiquement certain que ces traĂźtres purgeront une peine qui sera limitĂ©e dans le temps. n
Emmanuelle Adda
Comment dĂ©veloppe-t-on la rĂ©silience ? OĂč trouve-t-on la force de continuer Ă aller de lâavant et de garder espoir alors que lâon vit constamment sous tension ?
Ruth Feldman, professeure mondialement reconnue en neurosciences, explore ces questions depuis plus de vingt ans, et en temps de guerre son travail prend une nouvelle résonance, encore plus profonde. Retour sur ses recherches.
Tout a vraiment commencĂ© il y a vingt ans Ă SdĂ©rot. Dans cette ville du Sud tristement cĂ©lĂšbre aujourd'hui, les enfants ont dĂ» apprendre Ă vivre « au rythme » des alertes Ă la roquette : une enfance bien particuliĂšre, marquĂ©e par le traumatisme. Comment conserver son innocence quand, Ă quelques kilomĂštres Ă peine, des personnes veulent votre mort et que vous n'avez que trente secondes pour y Ă©chapper ? Ruth Feldman sâest alors donnĂ© pour mission de faire en sorte que ces enfants ne soient pas marquĂ©s Ă vie par cette rĂ©alitĂ© traumatisante. Pour ce faire, elle sâest penchĂ©e sur les mĂ©canismes qui permettent de vaincre le traumatisme. « Son travail consiste Ă approfondir notre connaissance des mĂ©canismes biologiques et neurologiques de synchronisation entre ĂȘtres humains, particuliĂšrement entre membres dâune mĂȘme famille », explique sa collĂšgue et collaboratrice Alison Marciano, psychologue clinicienne pour adultes et enfants.
SdĂ©rot au quotidien : des enfants jouent dans une aire de jeux oĂč trois abris ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s pour protĂ©ger les enfants des tirs de roquettes quotidiens. © FLASH 90
lll Ruth Feldman soutient que lâattachement est la clĂ© pour surmonter le trauma et que les familles peuvent trouver au sein de leurs propres foyers les ressources nĂ©cessaires pour en venir Ă bout. Elle dĂ©veloppe : « Dans une sociĂ©tĂ© constamment sous tension, oĂč la menace est une rĂ©alitĂ© quotidienne, les liens familiaux sont un bouclier Ă©motionnel [...]. Ces relations permettent aux enfants de surmonter les Ă©preuves avec une force intĂ©rieure qu'ils nâauraient peut-ĂȘtre pas autrement. »
Ses recherches se sont alors concentrĂ©es sur lâimportance des liens affectifs, quâelle dĂ©crit comme essentiels Ă lâapprentissage, au dĂ©veloppement, Ă la survie et surtout Ă la rĂ©silience.
« Cet attachement, indispensable à la survie humaine, est un réflexe instinctif et primaire que l'on peut observer entre un nourrisson et sa mÚre », poursuit Alison Marciano.
La professeure Ruth Feldman mĂšne ses recherches principalement Ă l'UniversitĂ© Reichman de Herzliya, tout en collaborant avec des centres internationaux. Elle sâappuie sur des technologies de pointe en neurologie ; son laboratoire recueille divers Ă©chantillons biologiques (comme la salive ou la transpiration), et utilise les EEG et les IRM. Elle a Ă©galement dĂ©veloppĂ© un systĂšme de codification comportementale : le Coding Interactive Behavior (CIB), qui permet dâanalyser les interactions au sein des familles, des groupes d'amis et mĂȘme entre nourrissons et parents. Ce systĂšme est dâailleurs utilisĂ© Ă lâĂ©chelle internationale, dans des pays comme les Ătats-Unis, la France et lâAustralie.
Toutes ces mĂ©thodes lui ont permis dâexplorer l'impact de l'attachement familial Ă travers diverses populations et situations. Ses Ă©tudes rĂ©centes portent, entres autres, sur le rĂŽle du pĂšre dans la dynamique familiale, sur les effets de thĂ©rapies sur les enfants anxieux, ainsi que sur l'influence de la synchronisation au sein du couple et de la famille. Elle sâest aussi penchĂ©e sur des sujets comme la dĂ©pression post-partum, la prĂ©maturitĂ© et, derniĂšrement, donc, la rĂ©silience renforcĂ©e par les liens familiaux Ă travers lâattachement.
Comment cet attachement se dĂ©veloppe-t-il ? Pour Ruth Feldman, la recette miracle, ou plutĂŽt lâhormone miracle, câest l'ocytocine, communĂ©ment appelĂ©e « lâhormone de lâamour ». En somme, lâamour est plus fort que tout. « L'ocytocine est d'autant plus crucial qu'il permet la rĂ©gulation des Ă©motions, notamment chez l'enfant, assure son bon dĂ©veloppement cĂ©rĂ©bral, renforce son systĂšme immunitaire, son systĂšme digestif⊠», prĂ©cise Alison Marciano. La question de l'attachement devient dâautant plus ardue en temps de guerre, surtout lorsque de nombreuses familles ont Ă©tĂ© brisĂ©es par le dĂ©part dâun proche ou bien doivent composer avec lâabsence prolongĂ©e du pĂšre. Câest pourquoi, depuis le 7 octobre, le laboratoire de la professeure Feldman, en partenariat avec de grandes associations, a mis en place des ateliers de rĂ©silience destinĂ©s aux parents d'enfants en bas Ăąge (3-7 ans) ayant un conjoint rĂ©serviste ou/et ayant vĂ©cu un traumatisme liĂ© aux Ă©vĂ©nements du 7 octobre. « Le but de ces ateliers est de pouvoir constituer un groupe de parole et de prĂ©senter le modĂšle de rĂ©silience que la professeure Ruth Feldman a dĂ©veloppĂ© aprĂšs des annĂ©es de recherche avec les enfants issus de SdĂ©rot et des villes de la bordure de la bande de Gaza, souvent confrontĂ©s Ă des situations traumatisantes », ajoute Alison Marciano. Ces ateliers sâadressent Ă©galement au public francophone. GrĂące Ă une collaboration avec le ministĂšre de l'IntĂ©gration, il existe en effet des groupes en français. Ces ateliers, dirigĂ©s par une psychologue clinicienne francophone, se dĂ©roulent en ligne via Zoom et sont gratuits. Ils se composent de trois sessions (une par semaine) dans lesquelles les participants (ateliers sĂ©parĂ©s pour les mĂšres et les pĂšres) Ă©changent autour de leurs expĂ©riences, et reçoivent des outils spĂ©cifiques destinĂ©s Ă renforcer leur sentiment de rĂ©silience et celui de leurs enfants.
Pour plus dâinformations sur ces ateliers destinĂ©s aux francophones : 058-4244488
Sarah Allouche
La rĂ©forme de Nir Barkat, ministre de lâĂconomie, « Ce qui est bon pour l'Europe est bon pour IsraĂ«l », vient dâĂȘtre dĂ©finitivement adoptĂ©e en IsraĂ«l dans le cadre d'un plan visant Ă rĂ©duire le coĂ»t de la vie, en particulier pour les produits cosmĂ©tiques, Ă©lectroniques et Ă©lectromĂ©nagers. Elle devrait faciliter lâimportation de dizaines de produits de consommation courante, tels que les couches, la lessive, le liquide vaisselle, les ordinateursâŠ
IsraĂ«l et lâUnion EuropĂ©enne sont dĂ©jĂ des partenaires commerciaux, et cette coopĂ©ration dans les domaines comme la technologie, l'innovation et la sĂ©curitĂ© est forte. Adopter une rĂ©forme qui s'inspire de ce qui fonctionne en Europe serait donc une continuation naturelle de cette relation.
Lutter contre une forme de monopoles institutionnalisés
L'Europe est souvent considĂ©rĂ©e comme un modĂšle en matiĂšre de politiques sociales, Ă©conomiques et environnementales. Le gouvernement israĂ©lien, et plus particuliĂšrement lâancien maire de JĂ©rusalem devenu ministre de lâĂconomie, Nir Barkat, a souhaitĂ© faire intĂ©grer les standards europĂ©ens dans la rĂ©glementation locale de secteurs spĂ©cifiques afin de contrer les normes israĂ©liennes particuliĂšrement restrictives bloquant depuis des dizaines dâannĂ©es lâentrĂ©e sur le territoire dâune grande gamme de produits. Câest ainsi que les grands groupes de production israĂ©liens, avec lâaide de diffĂ©rents acteurs Ă©conomiques et politiques, ont la mainmise sur les prix des produits commercialisĂ©s. Malheureusement, au fil du temps, les IsraĂ©liens se sont habituĂ©s Ă payer plus cher le mĂȘme produit trouvĂ© en Europe ; et il nâest pas rare aujourdâhui de voir des voyageurs qui reviennent de France ou du Portugal les valises remplies de produits identiques achetĂ©s lĂ bas trois voire quatre fois moins cher quâen IsraĂ«l.
Quels changements cette réforme propose-t-elle ?
Cette loi repose sur l'idée que les bonnes pratiques et les réglementations qui fonctionnent bien en Europe pourraient également bénéficier à Israël. Proposée en 2023 en collaboration avec plusieurs ministÚres et entérinée seulement en juillet 2024, elle permettra l'importation directe de produits conformes aux normes européennes sans exiger en Israël
Les standards israĂ©liens sont trĂšs Ă©levĂ©s et pointilleux, et les normes europĂ©ennes sont vues dâun mauvais Ćil.
de certifications supplĂ©mentaires qui jusquâĂ prĂ©sent ralentissaient les importations mais aussi dĂ©courageaient toute nouvelle initiative commerciale. Lâobjectif principal est de faciliter l'importation de ces biens, de permettre la concurrence et de diminuer les prix pour les consommateurs israĂ©liens. Un
challenge de taille car lutter contre le coĂ»t de la vie implique de sâattaquer irrĂ©mĂ©diablement aux puissants monopoles â un combat politique que trop peu osent mener. Alors, cette rĂ©forme permettrat-elle de lutter contre certaines grandes sociĂ©tĂ©s qui monopolisent le marchĂ© de la consommation ?
Va-t-elle vraiment ĂȘtre appliquĂ©e ?
Va-t-elle faire baisser les prix pour les consommateurs qui croulent sous le poids des augmentations rĂ©guliĂšres ? A priori, non, car le secteur de lâagroalimentaire nâest pas concernĂ© ; il appartient Ă des monopoles qui ne le lĂącheront pas facilement. Câest pourtant le coĂ»t du panier alimentaire moyen qui compte dâabord pour une famille, avant celui des dentifrices ou des appareils Ă©lectromĂ©nagers⊠Restons positifs et disons que câest dĂ©jĂ un bon dĂ©but.
Qui bloque lâapplication de cette loi ?
« Nir Barkat ne sâest pas fait des amis, loin de là », dĂ©clare Tamar Abessira, conseillĂšre auprĂšs du ministre depuis plusieurs annĂ©es. « Câest un visionnaire », ajoute-telle, « il a le soutien de Benyamin Netanyahou pour cette rĂ©forme mais les industriels israĂ©liens veulent lui barrer la route, sans oublier les fonctionnaires qui, dans les bureaux des ministĂšres, ont toujours une bonne raison de refuser dâappliquer la loi. Le systĂšme est rigide, lent et bureaucratique » â des dĂ©fauts qui nuisent Ă une Ă©conomie dynamique.
De leur cÎté, les industriels, et notamment les fabricants d'électronique et d'électroménager, craignent que l'importation facilitée de produits européens ne crée une
Les industriels, et notamment les fabricants d'électronique et d'électroménager, craignent que l'importation facilitée de produits européens ne crée une concurrence déloyale. © IStock
concurrence déloyale. lll
lll Avec lâaide de leurs lobbys, ils ont fait traĂźner la mise en place de cette loi, notamment en multipliant le nombre de mises aux normes exigĂ©es pour pouvoir faire entrer les produits europĂ©ens sur le marchĂ© israĂ©lien. Selon eux, ces importations pourraient rĂ©duire la demande pour les produits fabriquĂ©s localement, affectant ainsi les bĂ©nĂ©fices, lâemploi et la viabilitĂ© de certaines entreprises israĂ©liennes.
Des membres de la Knesset issus des partis ultraorthodoxes estiment pour leur part que cette réforme pourrait faire dépendre davantage Israël des importations européennes, compromettant ainsi une certaine indépendance économique.
Le syndicat des travailleurs, la Histadrout, redoute quant Ă lui que cette rĂ©forme entraĂźne des pertes d'emplois dans certains secteurs, notamment ceux oĂč la production locale ne peut pas rivaliser avec les produits importĂ©s, souvent moins chers grĂące Ă une production de masse plus efficace en Europe.
Le Lobby 99, qui dĂ©fend les intĂ©rĂȘts des consommateurs Ă la Knesset,
dĂ©nonce un problĂšme dâapplication. Selon une interview de la spĂ©cialiste de lâĂ©conomie Yaelle Ifrah donnĂ©e Ă la radio publique israĂ©lienne KAN, les diffĂ©rents ministĂšres concernĂ©s Ă©mettent des rĂ©serves sur les nouvelles normes proposĂ©es. Les standards israĂ©liens sont trĂšs Ă©levĂ©s et pointilleux, et les normes europĂ©ennes sont vues dâun mauvais Ćil. Ces blocages se sont rĂ©vĂ©lĂ©s efficaces puisque seulement 300 nouvelles normes ont Ă©tĂ© validĂ©es sur plus de 800 proposĂ©es dans la rĂ©forme. Selon Yaelle Ifrah, « au bout du compte, trĂšs peu dâimportations de produits seront concernĂ©es par cette baisse des prix ».
Va-t-on enfin voir les prix baisser ?
Certains, oui, mais pas dans tous les domaines. IsraĂ«l, qui fait partie de lâOCDE, affiche dâimportantes diffĂ©rences de prix par rapport aux autres pays, lesquelles peuvent conduire une famille israĂ©lienne moyenne Ă payer jusquâĂ 10 000 shekels de plus chaque annĂ©e pour les mĂȘmes produits concernĂ©s par la rĂ©forme. Les partisans de
la mondialisation, qui prĂŽnent une Ă©conomie ouverte et intĂ©grĂ©e au niveau mondial, estiment que de telles mesures renforceront l'intĂ©gration d'IsraĂ«l dans l'Ă©conomie mondiale et europĂ©enne, et quâun alignement sur des standards internationaux favorisera la modernisation Ă©conomique. Ces mesures permettraient en effet d'augmenter la concurrence sur le marchĂ© israĂ©lien, ce qui attirerait les importateurs europĂ©ens.
Observe-t-on déjà des résultats ?
Il a fallu attendre le mois de janvier 2024 pour que la rĂ©forme voit enfin le jour, en collaboration avec diffĂ©rents ministĂšres â un vrai parcours du combattant. Et ce nâest quâen juillet 2024 quâelle a Ă©tĂ© approuvĂ©e Ă lâunanimitĂ© Ă la Knesset. Les premiers rĂ©sultats montrent dĂ©jĂ une petite baisse progressive des prix de lâĂ©lectromĂ©nager et de lâĂ©lectronique. Cependant, cette rĂ©forme est encore en phase d'implĂ©mentation, avec des ajustements attendus pour novembre 2024, qui permettront une entrĂ©e encore plus libre de ces produits sur le marchĂ© israĂ©lien.
L'impact à long terme dépendra de la capacité du marché local à absorber ces changements sans nuire aux producteurs israéliens. « Cela va prendre du temps », explique Yitzhak Adda, économiste franco-israélien.
« Cela va insuffler de la concurrence, câest sĂ»r, mais nâoublions pas que la hausse de lâinflation nâest pas liĂ©e Ă cela. Lâinflation est un problĂšme macroĂ©conomique qui nâest pas impactĂ© par ce type de mesures. Cette rĂ©forme peut dĂ©bloquer certains secteurs sensibles Ă la concurrence et dont la rigiditĂ© des normes dâimportation peut bloquer la baisse des prix. Disons que câest un bon dĂ©but. » n
Varda Zambriss
Les exportations israĂ©liennes restent principalement dirigĂ©es vers lâUnion EuropĂ©enne (24 % des exportations â +1,3 point par rapport Ă 2021), vers les ĂtatsUnis (25,5 % des exportations) et vers lâAsie (23,4 % des exportations). La Chine absorbe 6,2 % de ces exportations et lâInde 5,2 %, ce qui en fait respectivement les deuxiĂšme et troisiĂšme clients dâIsraĂ«l. La France (2,5 %) est au neuviĂšme rang. LâUnion EuropĂ©enne est toujours le principal fournisseur dâIsraĂ«l (31 % des importations), lâAsie (28 % des importations) voit sa part augmenter de deux points. La Chine (12,2 %) est le premier pays fournisseur dâIsraĂ«l, suivie des ĂtatsUnis (9 %), de lâAllemagne (6,6 %) et de la Suisse (5,6 %). La France, huitiĂšme, avec 3,5 Mds USD (3,3 % et +33 %), progresse de trois places (voir annexe). La Russie et lâUkraine reprĂ©sentent respectivement 0,3 % et 0,1 % des importations de biens en IsraĂ«l ; en 2021, ces pays reprĂ©sentaient respectivement 2,5 % et 0,8 %. V. Z.
Depuis le 7 octobre, Bernard-Henri
LĂ©vy est montĂ© au crĂ©neau pour dĂ©fendre IsraĂ«l, ce quâil fait en gĂ©nĂ©ral brillamment : plusieurs voyages en IsraĂ«l, des confĂ©rences en France et en IsraĂ«l, des mobilisations et des rassemblements contre lâantisĂ©mitisme en Europe, dâinnombrables interventions mĂ©diatiques, ainsi quâun livre, Solitude dâIsraĂ«l (Grasset). Nous ne pouvons quâĂȘtre admiratifs et reconnaissants de cette mobilisation. Face Ă des mĂ©dias et des journalistes parfois hostiles, non seulement il tient un discours amoureux dâIsraĂ«l, admirateur de lâĂ©popĂ©e sioniste, mais, faisant preuve dâun courage indĂ©niable, il apporte aussi son soutien indĂ©fectible Ă la guerre que mĂšne IsraĂ«l depuis le pogrom. Dans les deux premiĂšres parties de son livre, BHL tĂąche dâabord de dĂ©crire lâhorreur, celle quâil a vue de ses yeux, lui qui a pris lâavion pour Lod le 8 octobre et qui sâest rendu dans les kibboutzim dĂ©vastĂ©s par les assassins du Hamas. Le 7 octobre, dit-il, est un ĂvĂ©nement â avec un E majuscule â dont lâavant et lâaprĂšs ne seront plus jamais semblables. Ensuite, BHL dĂ©nonce ce quâil nomme le « nĂ©gationnisme en temps rĂ©el », dont lâOccident a fait preuve face aux horreurs perpĂ©trĂ©es par le Hamas en IsraĂ«l. Il dĂ©nonce aussi les trois modalitĂ©s Ă lâĆuvre
pour incriminer IsraĂ«l ou relativiser lâhorreur : le « oui mais », consistant Ă noyer le pogrom dans un contexte dâ« occupation » ; lâappel au cessez-le-feu, sans se soucier du sort des otages ou de lâĂ©radication indispensable du Hamas ; et le souci du fameux « jour dâaprĂšs ». Enfin, il dĂ©nonce bien sĂ»r lâexplosion de lâantisĂ©mitisme, aussi bien en Europe quâaux Ătats-Unis. Mais câest la lecture de la troisiĂšme partie du livre qui mâa, Ă plusieurs reprises, mis mal Ă lâaise. Dans son premier chapitre, intitulĂ© « Pourquoi IsraĂ«l ? », BHL livre une vision assez Ă©troite de la raison dâĂȘtre de lâĂtat dâIsraĂ«l. Pour lui, le pourquoi dâIsraĂ«l rĂ©side dans « la haine. La vieille haine. La plus vieille de toutes les haines ». Autrement dit : lâantisĂ©mitisme.
Ensuite, aprĂšs avoir apportĂ© trois rĂ©ponses aux accusations visant IsraĂ«l comme « fait colonial », BHL traite de ce quâil nomme le « fascislamisme ». Dans le chapitre qui porte ce nom et qui est Ă mon sens le plus choquant, Bernard-Henri LĂ©vy donne une rĂ©ponse pour le moins Ă©tonnante Ă lâargument de certains opposants dâIsraĂ«l, formulĂ© ainsi par lâauteur : « Admettons que cette indĂ©pendance d'IsraĂ«l ait Ă©tĂ© obtenue de vive force, et contre les empires. Reste que, si elle fut bĂ©nie par le reste des nations, c'est parce qu'elles voyaient lĂ une façon de rĂ©parer le crime de la Shoah. Et la question, dans ce cas, devient : âPourquoi ici ? Pourquoi cette terre ? Ce crime commis par
l'Allemagne, pourquoi l'avoir fait payer Ă la nation arabe ? Pourquoi ne pas avoir créé IsraĂ«l, par exemple, en BaviĂšre ?â »
La rĂ©ponse de BHL Ă cet argument consiste Ă dire que, chez certains, dans le monde arabe et chez les pĂšres du nationalisme palestinien, il y eut une admiration du nazisme, qui alla parfois jusquâĂ la collaboration, comme dans le cas du funestement cĂ©lĂšbre mufti de JĂ©rusalem, Amin al-Husseini. Suivant ces deux arguments, qui sont au fond de mĂȘme nature, ce qui fait de lâexistence dâIsraĂ«l une chose juste tient dans la haine dont a Ă©tĂ© victime le peuple juif, en Europe dâabord, puis dans le monde arabe. Autrement dit : si ce nâĂ©tait cette haine, sans lâantisĂ©mitisme et le nazisme, IsraĂ«l nâaurait peut-ĂȘtre pas lieu dâĂȘtre. Je ne prĂȘte pas cette pensĂ©e Ă BHL, qui sait bien Ă©videmment que le sionisme est nĂ© avant le nazisme et quâil nâavait pas pour seul horizon dâapporter une solution au problĂšme de lâantisĂ©mitisme. Je ne rappellerai pas non plus la brillante intervention de Georges Bensoussan au mois de mai dernier au Centre Begin, dans laquelle il a dĂ©montrĂ© que la culpabilitĂ© de la Shoah nâexistait pas en Occident en 1948 (intervention disponible sur la chaine YouTube « Begin Center »). Mais il semble malgrĂ© tout quâil est nĂ©cessaire de rappeler quelques fondements Ă©lĂ©mentaires. Pour cela, je rapporterai uniquement quelques
mots dâun discours prononcĂ© en 1975 Ă la tribune de la Knesset par Menahem Begin, alors chef de lâopposition, peu de temps aprĂšs le cĂ©lĂšbre vote de lâONU qualifiant le sionisme de racisme et qui provoqua le courroux de notre ambassadeur HaĂŻm Herzog, dĂ©chirant cette rĂ©solution sur la tribune mĂȘme de lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale.
« [âŠ] Monsieur le PrĂ©sident, les ignares peuvent ignorer et les racistes peuvent refuser dâapprendre. Mais nous, nous leur dirons ce quâest le sionisme. Dâun point de vue historique, le sionisme est le retour Ă Sion. Câest un phĂ©nomĂšne considĂ©rable qui nâa probablement pas de semblable dans lâhistoire de lâhumanitĂ©. Ce peuple revient Ă la Terre dâIsraĂ«l, que cela soit aprĂšs 70 ans, 400 ans ou 1800 ans. Mais il y revient toujours. Il revient toujours de lĂ oĂč il vient. Pendant de nombreuses gĂ©nĂ©rations, il Ă©tait dâusage de dire que notre peuple Ă©tait dĂ©pourvu de patrie. Câest infondĂ©. Notre peuple a toujours eu une patrie, et il lâaimait plus que nâimporte quel autre peuple nâaime sa patrie. Et il en a donnĂ© la preuve dans ses souffrances, dans ses sacrifices, proches ou lointains. Dans les errances et par son sang versĂ©, par les bĂ»chers et les Ă©gorgements. De tout temps, Ă toute pĂ©riode et dans tous les pays, il lâa languie, il a priĂ© pour elle et a cru en son retour vers elle. Le dĂ©sastre du peuple juif fut que durant toutes ces gĂ©nĂ©rations, sa patrie nâĂ©tait pas son pays. Câest Ă cause de cela que pendant toutes ces gĂ©nĂ©rations il fut pourchassĂ© et que de notre temps il fut exterminĂ© en masse. Il a donc appris quâen dehors dâEretz IsraĂ«l, il ne peut exister. Câest la raison pour laquelle, durant cette pĂ©riode de rĂ©surrection, il y est revenu pour y crĂ©er son Ătat, afin de possĂ©der tous les moyens de sa dĂ©fense nationale, afin de prĂ©server sa dignitĂ© humaine et afin de ressusciter son passĂ©.
« La Terre d'IsraĂ«l appartient de droit au peuple juif. [âŠ] avec cette foi, nous irons vers les nations et nous brandirons
fiÚrement le drapeau du sionisme comme mouvement de libération nationale. »
Dâun point de vue moral, quâestce que le sionisme ? Câest la rĂ©paration dâune injustice qui nâa pas eu dâĂ©quivalent dans lâhistoire humaine. Les ignares et les racistes peuvent ne pas vouloir savoir, mais nous nous souvenons du prix que nous avons payĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©racinĂ©s de notre patrie et avoir perdu notre Ătat. Dans notre esprit, nous voyons les gĂ©nĂ©rations passĂ©es qui ont traversĂ© les sept cercles de lâenfer, et nous avons vu notre peuple poussĂ© Ă la mort. Aucun autre peuple nâa payĂ© un prix tel que celui quâa payĂ© le peuple juif pour la perte de sa libertĂ© nationale. Le sionisme, donc, le retour Ă Sion, la restauration de lâindĂ©pendance hĂ©braĂŻque, tout cela nâa quâun sens : la rĂ©paration dâune injustice historique qui nâa pas de semblable. RĂ©parer une injustice, Monsieur le PrĂ©sident, revient Ă instaurer la justice dans toute sa simplicitĂ©. Ceux qui ont pris cette dĂ©cision avant-hier aspirent Ă renouveler lâinjustice. Par leur dĂ©cision, ils voudraient effacer lâĂtat des Juifs de la carte, lâeffacer de sous les cieux de Dieu. Ils voudraient rĂ©instaurer lâinjustice. RĂ©instaurer une injustice et le summum du mal. [âŠ].
Pour maintenir son cap, sa fiertĂ© et ses convictions, câest Ă ses arguments
que doit se tenir IsraĂ«l. Si le sionisme est aussi, Ă©videmment, une rĂ©ponse Ă lâantisĂ©mitisme, ce nâest pas de ce dernier quâil tire sa substance. Ce lien nâest que circonstanciel, et non essentiel. Dans son essence, dans son origine, le sionisme et lâĂtat dâIsraĂ«l viennent rĂ©tablir et restaurer le lien de vie, rĂ©el, physique, entre un peuple, le peuple juif, et sa terre, la Terre dâIsraĂ«l, de laquelle il a Ă©tĂ© chassĂ© par la force et la violence par lâimpĂ©rialisme romain. Il faut donc restaurer notre foi dans le sionisme et notre fiertĂ© de lui et de ses fondements : la Terre d'IsraĂ«l appartient de droit au peuple juif. Ce droit est Ă©ternel et ne peut ĂȘtre contestĂ©. [âŠ] avec cette foi, nous irons vers les nations et nous brandirons fiĂšrement le drapeau du sionisme comme mouvement de libĂ©ration nationale, merveilleux, protecteur, libĂ©rateur, ainsi que sa grandeur morale et sa justice historique. Car c'est ce que nous a enseignĂ© le prophĂšte : âIl lĂšvera l'Ă©tendard vers les nations pour recueillir les ExilĂ©s d'IsraĂ«l et rassembler les dĂ©bris Ă©pars de Juda des quatre coins de la terre.â VoilĂ ce qu'est le sionisme. » n
Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin yoelh@begincenter.org.il
Les deux premiers millĂ©naires de l'humanitĂ© n'intĂ©ressent pas vraiment la Torah. Leur histoire est expĂ©diĂ©e en onze chapitres et deux parachiot : « Berechit » et « Noa'h ». D'un point de vue biblique, il s'agit donc d'une forme d'introduction, d'une sorte de prĂ©histoire. La vĂ©ritable histoire biblique dĂ©bute avec Avraham : tout le reste du livre est en effet consacrĂ© au patriarche et Ă sa descendance, soit trente-huit chapitres et dix parachiot ! Car la rĂ©volution monothĂ©iste d'Avraham et l'Ă©lection d'IsraĂ«l qui en dĂ©coule vont changer la face du monde. AprĂšs les deux premiers millĂ©naires, que nos sages appellent « les deux mille ans de chaos », l'humanitĂ© hĂ©rite enfin d'une direction et d'un sens. Avraham, aprĂšs avoir (re)dĂ©couvert Dieu, comprend que le monde a besoin de lui. « ŚŚŚšŚ ŚŚŚŚ » â « veHĂ©yĂ© brakha » (Berechit 12, 2), lui dit Dieu dĂšs le premier message : tu dois ĂȘtre une brakha, une bĂ©nĂ©diction pour le monde. Comme presque toujours dans la langue hĂ©braĂŻque, la racine du mot « brakha » est composĂ©e de trois lettres â ici : le beth, qui a pour valeur numĂ©rique 2, le rech qui vaut 200 et le kaf qui vaut 20. En utilisant la seconde lettre des unitĂ©s, des centaines et des dizaines, l'hĂ©breu suggĂšre que « bĂ©nĂ©diction » signifie en fait progression, progrĂšs. En effet, si le chiffre 1 reprĂ©sente le point de dĂ©part, le 2, lui, symbolise l'avancĂ©e. D'ailleurs la mĂȘme racine, beth-rech-kaf, donnera aussi le mot « bĂ©rekh », qui signifie « genou » â l'articulation qui prĂ©cisĂ©ment nous permet d'avancer !
Mais dans ce mĂȘme premier message, Dieu prĂ©cise Ă Avraham que ce progrĂšs ne sera possible qu'en quittant son pays natal et en s'installant « dans le pays que Je t'indiquerai », entre la mer et le Jourdain. Il existe donc un endroit propice pour la brakha. Celle-ci ne peut
Le rav Elie Kling (à droite) en excursion dans le nord d'Israël avec des jeunes filles de la mékhina toranite pour jeunes filles francophones
rayonner qu'Ă l'intĂ©rieur de frontiĂšres gĂ©ographiques prĂ©cises. Comme dit Rachi : « Si tu restes ici, tu ne pourras pas avoir d'enfants » â entendez : tu ne pourras pas avoir d'avenir. Donc « va-t'en, quitte ton pays, ta patrie », et de lĂ -bas nous pourrons, toi et Moi, apporter la brakha Ă l'humanitĂ©.
Ă peine arrivĂ© dans ce qui va bientĂŽt devenir Eretz IsraĂ«l, Avraham a sa premiĂšre rĂ©vĂ©lation prophĂ©tique : « Et Avraham atteignit le pays [âŠ] et Dieu lui apparut et lui dit : c'est Ă ta descendance que Je donnerai ce pays. » (Berechit 12, 6-7) Car au dĂ©but de la paracha, lorqu'Avraham est encore Ă Haran, Dieu ne lui apparaĂźt pas. Il lui parle, Avraham entend l'appel Ă lâAlya lorsqu'il est en dehors d'IsraĂ«l, mais il ne peut voir la prĂ©sence divine. Il ne peut avoir de vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation prophĂ©tique qu'en Eretz IsraĂ«l !
Cette annĂ©e, nous ouvrons avec beaucoup d'Ă©motion la trentiĂšme promotion de Hemdat Hadarom. Je pensais que les effectifs seraient infĂ©rieurs Ă la moyenne â le pays est en guerre depuis un an, de quoi en dĂ©courager plus d'une. Pourtant, Ă ma grande surprise, nous n'avons jamais Ă©tĂ© aussi nombreux : ce sont en effet pas moins de cinquante jeunes filles qui viennent d'atterrir Ă l'aĂ©roport Ben Gourion pour passer une annĂ©e
de dĂ©couverte de la Torah et d'Eretz IsraĂ«l avec nous â un record ! Elles ont dĂ©cidĂ© de ne plus se contenter d'entendre de loin la parole divine mais de venir voir sur place comment celle-ci se manifeste. Comme leur ancĂȘtre Avraham il y a si longtemps, elles ont compris que la Chekhina ne peut rĂ©ellement se ressentir qu'en Eretz IsraĂ«l.
Leur souhaiter la bienvenue se dit en hĂ©breu : « Que celles qui viennent reçoivent la brakha ! » Je leur souhaite donc, ainsi qu'Ă vous tous, amis lecteurs, une annĂ©e pleine de brakhot, de progrĂšs et d'avancĂ©es dans tous les domaines. Kol haKavod pour votre courage et bienvenue Ă : Elya A, Laura A, Shyrel B, Lielle B, DĂ©borah B, Sarah B, Keren B, Jessica B, Ilana B, Savannah B, Lisa B, Yaelle B, Elinor B, Laura B, Elsa C, Rebecca C, Avigail D, Elsa D, Shely E, Efrath E, Elsa F, Kelly G, Justine G, LĂ©a G, Emma G, Evelyne G, Deborah H, Ethel I, Mati J, Shani J, Emma J, Talia K, Shira K, NoĂ©mie L, Shirel L, Liora L, Lior M, Sarah M, Chani M, Elya N, Liora N, Anaelle O, Emouna P, Liad P, Mikaella S, Sarah S, Jenna S, Lisa S, Axel T et Emma T. ArrĂȘtez-moi si je dis des bĂȘtises⊠n
klingelie@gmail.com
CHABBAT LEKH LEKHA
8 NOVEMBRE 2024-7 'HECHVAN 5785
Jérusalem 16h03 17h22
Tel Aviv 16h23 17h23
Netanya 16h22 17h22
CHABBAT VAYĂRA
15 NOVEMBRE 2024-14 'HECHVAN 5785
Jérusalem 15h59 17h18
Tel Aviv 16h18 17h19
Netanya 16h18 17h19
CHABBAT 'HAYEI SARAH
22 NOVEMBRE 2024-21 'HECHVAN 5785
Jérusalem 15h56 17h16
Tel Aviv 16h15 17h17
Netanya 16h14 17h16
CHABBAT TOLEDOT
29 NOVEMBRE 2024-28 'HECHVAN 5785
Jérusalem 15h55 17h15
Tel Aviv 16h14 17h16
Netanya 16h13 17h15
ROCH 'HODECH KISLEV
2 DĂCEMBRE 2024-1ER KISLEV 5785
CHABBAT VAYĂTSĂ
6 DĂCEMBRE 2024-5 KISLEV 5785
Jérusalem 15h55 17h15
Tel Aviv 16h14 17h16
Netanya 16h13 17h16
Chaque parcelle de lumiĂšre spirituelle qui entre dans ce monde est accompagnĂ©e d'une obscuritĂ© correspondante. La tĂąche de l'homme est de libĂ©rer la lumiĂšre des tĂ©nĂšbres et de lui permettre de se rĂ©vĂ©ler. Sfat Ămeth
La pĂ©riode des FĂȘtes⊠Lorsquâon rencontre un ami dans la rue, on ne sait plus quoi lui souhaiter ; on se demande quel jour on est et il nous faut quelques secondes avant de nous y retrouver. Nous enchaĂźnons encore et encore les fĂȘtes et les chabbatot, avec seulement quelques jours « normaux » dans les intervalles. Des tĂąches supplĂ©mentaires sâimposent Ă nous, sâajoutant Ă notre vie quotidienne habituelle dĂ©jĂ chargĂ©e et stressante : se prĂ©parer Ă trois jours de fĂȘtes, le repas dâavant Kippour, la construction de la soucca, lâachat des « quatre espĂšces »⊠Le mois de Tichri est un mois rempli de fĂȘtes, chacune possĂ©dant sa particularitĂ©. Dâun cĂŽtĂ©, ce sont de nombreux jours en famille, des jours de mitzvot et de repos. Dâun autre cĂŽtĂ©, il nous semble parfois que câest un peu trop, que lâon aimerait juste revenir Ă notre routine et Ă notre travail. Nous voudrions terminer une tĂąche mais une fois de plus il n'y a qu'une demisemaine de travail et de nouveau nous sommes en fĂȘte. On peut trĂšs vite se sentir dĂ©bordĂ©âŠ
Toute cette pĂ©riode m'a fait un peu rĂ©flĂ©chir Ă la question. Souvent, au jour le jour, nous voulons juste nous reposer, faire une pause ; mais lorsque tout Ă coup une opportunitĂ© se prĂ©sente â et la pĂ©riode des FĂȘtes de Tichri, qui marque Ă©galement le dĂ©but dâune nouvelle annĂ©e, offre de nombreuses nouvelles opportunitĂ©s â,
DÚs la sortie du jeûne de Yom Kippour, les Juifs enchaßnent avec une autre mitzva : la construction de la soucca © Flash90
nous la manquons car il nous est difficile de changer, nous sommes trop accrochés à nos habitudes⊠Un changement, bon ou mauvais, nous déséquilibre, nous plonge dans la confusion, et nous cherchons aussitÎt à retrouver la stabilité de notre routine.
Les changements, dans notre vie, surviennent en gĂ©nĂ©ral par le biais de moments qui sortent de lâordinaire et provoquent un dĂ©sĂ©quilibre. Par exemple, certains Ă©lĂšves me disent : « AprĂšs le dĂ©cĂšs de mon grand-pĂšre, jâai pris sur moi de commencer Ă garder chabbat » ; « depuis le 7 octobre, je fais attention Ă ĂȘtre plus tzniyout » ; « depuis la fin de la mekhina, je mets les tefillins chaque jour » ; « depuis que jâai un enfant, je fais davantage attention aux mots qui sortent de ma bouche et Ă ma façon de parler »⊠La plupart du temps, un changement rĂ©sulte dâun Ă©vĂ©nement inhabituel â positif ou douloureux â qui a brisĂ© notre routine. Il nous secoue et nous fait dĂ©cider qu'Ă partir de maintenant ce sera diffĂ©rent, je changerai et jâamĂ©liorerai tel ou tel point.
Le livre Learim eth haChamayim décrit trÚs bien cette situation et explique que lorsque nous apprenons quelque chose de nouveau, nous devons mettre de cÎté certaines de nos connaissances antérieures sur ce sujet afin de pouvoir assimiler la nouvelle information. Si nous nous accrochons trop à nos idées préconçues,
nous ne pourrons jamais rien apprendre et nous ne pourrons donc pas progresser.
Dans tout processus de transition dâun Ă©tat Ă un autre, il existe un moment indĂ©fini de vide apparent, dans lequel sâincarne un potentiel illimitĂ©. Un tel moment est une pĂ©riode Ă haut risque, car durant ce temps tout peut arriver ; et plus on hĂ©site, plus cela va durer et devenir de plus en plus menaçant. Ainsi, par exemple, dans lâapprentissage de la natation et le passage de la marche Ă la nage : il y a un moment dâentre-deux, ni ici ni lĂ , oĂč lâon n'est plus debout sur une base stable, mais oĂč lâon ne nage pas encore non plus.
Si nous nous accrochons trop Ă ce dont nous avons lâhabitude, nous ne pourrons jamais Ă©voluer. Changer suppose et requiert un moment de rupture avec la routine : sortir de la maison pour aller dans la soucca, de ma maison habituelle vers une maison temporaire, un endroit oĂč je ne serai peut-ĂȘtre pas tout Ă fait en sĂ©curitĂ©, qui mâinquiĂšte et me fait un peu peur. La pĂ©riode des FĂȘtes, avec toutes les particularitĂ©s de chacune dâentre elles et les mitzvot quâelles incluent â avec, au centre, Yom Kippour, cette puissante journĂ©e oĂč nous devons nous dĂ©tacher de tout ce qui fait notre quotidien pour nous plonger dans la priĂšre et nous concentrer sur lâessentiel â, nous procure exactement cette stabilitĂ© dont nous avons besoin pour avancer et commencer une nouvelle annĂ©e de façon Ă©quilibrĂ©e.
PlutĂŽt que de fuir et nous rĂ©fugier dans notre zone de confort, nous devons laisser place Ă une nouvelle situation pour quâelle puisse faire partie de nous. Nous entrons maintenant dans la pĂ©riode de « l'aprĂšsFĂȘtes », une expression courante en hĂ©breu moderne pour dĂ©signer la pĂ©riode qui suit les FĂȘtes et les vacances de Tichri, lorsque la routine et le travail reviennent Ă l'ordre du jour. « AprĂšs les FĂȘtes » : au fil des ans, ces termes sont devenus tout autant une maniĂšre de repousser les Ă©chĂ©ances que lâexpression dâun renouveau. Alors, comment vivons-nous notre aprĂšs-FĂȘtes ? Un retour Ă la normale, enfin ?! Un retour aux tĂąches que nous avions reportĂ©es dans le passĂ© ? Je souhaite quâ« aprĂšs les FĂȘtes » soit pour nous tous synonyme de croissance et de renouveau. n
Yehouda Salama
Directeur du programme Gour AriĂ© de prĂ©paration Ă lâarmĂ©e israĂ©lienne pour les jeunes Juifs français Yehuda@betar.org.il
RĂ©gentes ou Ă©pouses de rois, certaines femmes ont rĂ©gnĂ© sur JĂ©rusalem et, depuis les temps les plus reculĂ©s, ont laissĂ© leur marque sur lâhistoire
trimillĂ©naire de la capitale dâIsraĂ«l. Voici leur histoire et les lieux oĂč vous pourrez Ă©voquer leur grandeur ou leur dĂ©chĂ©ance passĂ©es.
La Bible dit que Dieu a formĂ© la femme Ă partir dâun membre de lâhomme en dĂ©clarant quâelle serait « une aide face Ă lui », « Ăzer keNegdo » â expression qui a intriguĂ© bien des commentateurs, dont certains comprennent « une aide contre lui ». Rachi reprend le Midrach qui explique : sâil en est digne, elle sera une compagne ; sâil nâen est pas digne, elle sera contre lui. Cette ambiguĂŻtĂ© nâa pas trouvĂ© meilleur Ă©cho que dans la vie des Ă©pouses de rois. En voici deux exemples. Si lâon parle des reines de JĂ©rusalem, il faut commencer par la premiĂšre dâentre elles : Michal, la benjamine du roi SaĂŒl. La Bible nous la prĂ©sente avec affection en disant quâelle Ă©tait « la petite », « haKetana », au lieu de dire « la plus jeune » comme on le traduit de façon erronĂ©e. Pour avoir tuĂ© Goliath, David mĂ©rita dâĂ©pouser lâaĂźnĂ©e des deux filles du roi SaĂŒl, Meirav. Mais la popularitĂ© du nouvel hĂ©ros fit ombrage au roi et celui-ci la maria Ă quelquâun dâautre. Heureusement, car Michal Ă©tait en fait tombĂ©e amoureuse de David. Câest un cas unique dans la Bible â qui offre un narratif plutĂŽt
pudique â oĂč il est fait mention des sentiments amoureux dâune femme envers un homme. Selon le Talmud, Michal Ă©tait trĂšs belle. Le roi SaĂŒl sâempressa de lâoffrir en mariage Ă David, en pensant quâelle serait un piĂšge pour le hĂ©ros encombrant quâil Ă©tait devenu, car il est dit que
dans un mariage, câest lâhomme qui abandonne ses parents pour sâunir Ă son Ă©pouse, et non le contraire. SaĂŒl pensait donc que sa fille lui resterait attachĂ©e et quâil pourrait faire de David ce que bon lui semblerait. Mais les choses ne se passĂšrent pas comme il le souhaitait, car une fois mariĂ©e, Michal se rangea aux cĂŽtĂ©s de David plutĂŽt que contre lui. Shakespeare nâa rien inventĂ© sur les amours
impossibles en narrant la rencontre nocturne de RomĂ©o au balcon de Juliette : Michal a sauvĂ© lâhomme quâelle aimait, David, en le faisant descendre de son balcon avec une corde. Puis la Bible continue Ă nous raconter comment Michal se joua de son pĂšre pour protĂ©ger David, au point que la Bible ne lâappelle plus la fille de SaĂŒl mais lâĂ©pouse de David. « La petite » devint ainsi lâhĂ©roĂŻne de lâhistoire. Voyant la situation, SaĂŒl finit par expulser Michal de son palais et la mit sous surveillance. Deux ans plus tard, aprĂšs la mort de SaĂŒl, le royaume se scinda de nouveau et une guerre civile sâensuivit. David devint roi de sa seule tribu de Juda pendant sept ans, au bout desquels il fut enfin choisi pour ĂȘtre roi de tout IsraĂ«l. Câest seulement alors quâil rappela Michal auprĂšs de lui. Mais aprĂšs neuf ans de sĂ©paration, David avait entretemps eu dâautres Ă©pouses et des enfants. Aussi Michal Ă©tait-elle devenue amĂšre.
Lorsque David fit la conquĂȘte de la ville des JĂ©busĂ©ens pour en faire JĂ©rusalem, la capitale du royaume unifiĂ©, il souhaita y installer lâArche dâAlliance, et mĂȘme lui construire un temple. Lorsque lâArche fit son
entrĂ©e dans la capitale, Michal, « fille de SaĂŒl », depuis son balcon, vit son Ă©poux danser et gesticuler ; elle en conçut du dĂ©dain et lui en fit remontrance. Lâhistoire biblique de Michal sâarrĂȘte sur ce verdict lapidaire : « Elle nâeut pas dâenfant jusquâau jour de sa mort. » MalgrĂ© sa faute, on ne peut sâempĂȘcher de ressentir de la compassion pour Michal qui a aimĂ© David comme jamais la Bible ne lâa contĂ© ailleurs. Mais la vie ne lui a pas Ă©tĂ© favorable. David avait-il changĂ© ? Ou nâavait-il pas aimĂ© Michal autant quâelle lâavait aimĂ© ? Pour Ă©voquer Michal, rendez-vous Ă la CitĂ© de David, au sud des murs actuels de JĂ©rusalem. LĂ , vous trouverez les fondations du palais jĂ©busĂ©en qui servit de palais au roi David et Ă son Ă©pouse deux fois royale, Michal.
Voyons Ă prĂ©sent le cas dâune autre reine, Ă lâĂ©poque de la coexistence pacifique des deux royaumes de JudĂ©e et dâIsraĂ«l, lorsque leurs rois respectifs avaient cherchĂ© la conciliation. Notre histoire est contĂ©e dans le deuxiĂšme livre des Rois, aux chapitres VIII Ă XI. Achab, roi dâIsraĂ«l, mariĂ© Ă JĂ©zabel (prĂ©nom qui a donnĂ© Isabelle en français), princesse paĂŻenne de Tyr, eut un fils quâil nomma Yoram. De son cĂŽtĂ©, Josaphat, roi de JudĂ©e, eut un fils quâil nomma lui aussi Yoram. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec son proche parent Yoram, roi dâIsraĂ«l, les deux ayant rĂ©gnĂ© en mĂȘme temps. Ce dernier fut ensuite mariĂ© Ă une fille dâAchab. Lâalliance avait ainsi Ă©tĂ© formĂ©e mais les choix cultuels Ă©taient dĂ©sĂ©quilibrĂ©s : en IsraĂ«l, JĂ©zabel avait imposĂ© le culte de Baal, et lâosmose aidant, le royaume de JudĂ©e, sous lâinfluence de lâĂ©pouse et de la belle-mĂšre, toutes deux paĂŻennes, se laissa aussi aller au culte de Baal. Pour le royaume de JudĂ©e,
câĂ©tait annonciateur de catastrophes, car pour la premiĂšre fois « Ădom secoua la domination de Juda jusquâĂ ce jour ». Ainsi, tous les malheurs quâĂdom imposera aux Juifs dans les siĂšcles ultĂ©rieurs viennent de cette paganisation du royaume de JudĂ©e Ă lâĂ©poque de Yehoram â Ă©galement nommĂ© Yoram dans la Bible. Nous sommes dans le rĂšgne de la confusion. De plus, lâĂ©pouse de Yehoram Ă©tait Athalia, qui est mentionnĂ©e dans la Bible deux fois comme fille dâAchab et deux fois comme fille dâOmri, pĂšre dâAchab, ceci laissant donc supposer quâil y eut des relations illicites au sein de cette famille impie.
Lorsque Yehoram mourut, son fils Achazia lui succĂ©da. Il avait Ă peine 22 ans et Ă©tait sous lâinfluence de la maison dâAchab, par sa mĂšre Athalia, par son oncle Yoram, roi dâIsraĂ«l, et par sa grand-mĂšre JĂ©zabel, tous encore en vie. Mais le malheur arriva : Achazia mourut aprĂšs un an de rĂšgne, alors quâil se trouvait auprĂšs de Yoram, car Dieu avait levĂ© JĂ©hu contre la maison dâAchab en lui ordonnant : « Toute la dynastie dâAchab doit pĂ©rir. » JĂ©hu tua les deux rois, Yoram et Achazia, puis marcha sur la citĂ© de JezrĂ©el et fit jeter JĂ©zabel
du haut dâun balcon. Une prophĂ©tie du prophĂšte Ălie se rĂ©alisa alors : les chiens dĂ©vorĂšrent son corps et elle nâeut pas de sĂ©pulture. AprĂšs la mort dâAchazia, sa mĂšre, Athalia, devint rĂ©gente. De peur de perdre le pouvoir aux mains de la dynastie de JudĂ©e, elle fit exterminer toute la famille royale. Un seul y Ă©chappa : le dernier hĂ©ritier royal, Yoach, ĂągĂ© dâun an, qui fut cachĂ© pendant six ans dans le Temple de JĂ©rusalem. La septiĂšme annĂ©e, le grand-prĂȘtre le fit proclamer roi de JudĂ©e. Entendant les acclamations des prĂȘtres et des gardes, Athalia quitta le palais royal (qui se trouvait sur le flanc sud du mont du Temple) pour se rendre au Temple. Elle fut stupĂ©faite de constater quâelle avait Ă©tĂ© trahie par lâexistence de ce survivant de la famille royale (Yoach Ă©tait aussi son petit-fils). En retournant au palais royal, elle fut mise Ă mort sur les marches de lâentrĂ©e par les gardes du Temple. Ainsi pĂ©rit cette reine mauvaise, digne de sa mĂšre JĂ©zabel qui causa tant de tort Ă la JudĂ©e. Heureusement que Yoach, Ă©levĂ© auprĂšs du grand-prĂȘtre, marcha dans les voies de Dieu et bĂ©nĂ©ficia dâun long rĂšgne de quarante ans.
Pour évoquer Athalia, il faut se rendre aux marches des portes de Huldah (accÚs par le centre Davidson), qui peuvent figurer les marches du palais sur lesquelles Athalia fut assassinée. n
Cet article est tiré du site Yedia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.
Tu as vu passer au-dessus de ta tĂȘte des dizaines de missiles dâIran, du Liban ou de Gaza. Il nây avait pas dâabri autour de toi. Tu tâes alors allongĂ© au sol selon les consignes de sĂ©curitĂ©. Tu as certainement priĂ©. AprĂšs cet Ă©pisode traumatisant, tu aurais pu tout quitter et retourner en France oĂč tu as sĂ»rement de la famille et oĂč tu aurais pu louer un appartement jusquâĂ ce que la guerre se termine, mais tu ne lâas pas fait. Tu restes, plein dâemouna, sur la terre de tes ancĂȘtres et tu te rĂ©veilles comme un lion aprĂšs un sommeil prolongĂ©, rempli de forces. Câest le signe que tu es Tzadik, explique le rav Abraham Azoulay dans son livre 'Hessed lĂ©Avraham, Ă©crit Ă Gaza au XVIIe siĂšcle. Le coĂ»t de la vie augmente et ton salaire nâaugmente pas toujours en consĂ©quence. Tu pourrais partir vivre Ă lâĂ©tranger et gagner quatre ou cinq fois plus. Pourtant, tu ne quittes pas IsraĂ«l, attachĂ© Ă Dieu, Ă ton peuple, Ă ta terre. Câest encore un signe que tu es Tzadik ! Sache que si tu nâĂ©tais pas Tzadik, la terre tâaurait vomi (« Le pays a vomi ses habitants », LĂ©vitique 18, 25).
Le rav Kook racontait cette histoire :
Dans un lointain village se trouvait une trĂšs belle jeune fille en Ăąge de se marier. Ses parents Ă©taient trĂšs soucieux car ils nâavaient pas dâargent pour la marier, pas mĂȘme pour lui confectionner une robe. Quand un jour, dans la rue, le regard dâun bel homme riche passant par lĂ Ă cheval est attirĂ© par cette jeune demoiselle Ă la dĂ©marche dâune grande noblesse, il sâempresse de fixer un rendez-vous avec les parents. TrĂšs Ă©tonnĂ©s quâun bon parti sâintĂ©resse Ă leur fille, ils ne savent pas comment rĂ©agir. Ils se tournent alors vers elle, la questionnent, mais sa rĂ©ponse est sans Ă©quivoque : elle ne le connaĂźt pas et ne veut pas le rencontrer. PersuadĂ©s quâelle ne devrait pas refuser, les parents tentent de revenir Ă lâassaut, jour aprĂšs jour. Au bout dâun certain temps, par respect pour ses parents, la jeune fille accepte. Le jour J, une belle table est dressĂ©e et le jeune homme arrive. On lui sert du thĂ© et des gĂąteaux en attendant que la jeune fille finisse de se prĂ©parer. Un quart dâheure, une demi-heure, trois quarts dâheure sâĂ©coulent⊠Elle ne descend toujours pas. Le gentilhomme commence Ă devenir nerveux, alors sa mĂšre monte la chercher. Soudain, la demoiselle fait son apparition. Mais lĂ , câest le grand choc : elle est vĂȘtue dâune robe en lambeaux et ses cheveux dĂ©coiffĂ©s lui couvrent la moitiĂ© du visage. Le
jeune homme, effrayĂ©, invente une excuse pour sâesquiver. Ătourdi, il se rend chez un ami et lui dit :
â Ce nâest pas possible, ce nâest pas elle !
Son ami lui demande :
â Comment as-tu fait pour te dĂ©rober ?
Il répond :
â Jâai prĂ©tendu que jâavais un rendez-vous pour mâĂ©clipser.
Lâami lui rĂ©torque :
â Câest elle qui tâa bien eu ! Elle a acceptĂ© de te rencontrer pour faire plaisir Ă son pĂšre. Mais en fait, elle sâest dĂ©brouillĂ©e pour que tu tâen ailles de toi-mĂȘme.
Cette histoire de chidoukh, câest lâhistoire de la rencontre entre le Juif et sa terre. La terre, câest la fiancĂ©e. Elle peut se faire belle pour accueillir le Juif. Mais elle peut aussi sâenlaidir pour faire fuir ceux quâelle ne dĂ©sire pas.
Lâappellation « Tzadik », qui veut dire « Juste », est rarement utilisĂ©e, mĂȘme dans la pĂ©riode biblique. Joseph, le fils de Jacob, a reçu ce surnom aprĂšs avoir rĂ©sistĂ© Ă la tentation face Ă la fille de Putiphar. On lâappellera dĂ©sormais Joseph le Juste, Yossef haTzadik. MalgrĂ© cela, il sera jetĂ© dans un sombre cachot. Mais Joseph ne perd pas la face. Il se prĂ©pare Ă devenir roi. En effet, il va ĂȘtre rappelĂ© pour rĂ©vĂ©ler la signification des songes du plus puissant dirigeant de lâĂ©poque, auquel il va expliquer comment gĂ©rer les annĂ©es de fertilitĂ© et de famine pour survivre. Câest lui qui donne les clĂ©s au monde.
Il nâest pas facile dâĂȘtre un Juste Ă lâĂ©chelle individuelle. Or, lorsquâun Juif fait son Alya, il reçoit dĂšs sa premiĂšre nuit une nouvelle nĂ©chama, une nouvelle Ăąme, explique le rav Abraham Azoulay. LâĂąme collective, qui sâappelle la Chekhina ou Knesset IsraĂ«l, rayonne en lui avec toute sa vigueur. Il profite pleinement de la collectivitĂ© dâIsraĂ«l qui est un peuple « juste », comme en tĂ©moigne le prophĂšte IsaĂŻe : « Pit'hou chĂ©arim vĂ©Yavo goy tzadik » â « Ouvrez les portes, pour que puisse entrer un peuple juste. » AprĂšs avoir Ă©tĂ© durement Ă©prouvĂ©, le peuple, empli de courage, se bat. Un an plus tĂŽt, il avait la tĂȘte baissĂ©e. Maintenant il se tient droit et câest ce qui lui donne la rĂ©ussite. Il explique au monde ce quâest le mal et comment le combattre. Il commence Ă jouer son rĂŽle Ă la tĂȘte du monde. n
Docteur
Daniel Rausky
Président
de la communauté Emouna Chéléma à Jérusalem
l Placer la grille au centre du four. Préchauffer le four à 180 °C (350 °F).
l Verser la farine dans une assiette creuse. Enrober les tranches de veau de farine.
l Dans une grande casserole à feu moyen-fort, faire dorer la viande des deux cÎtés dans l'huile. Saler et poivrer. Réserver sur une assiette.
l Dans la mĂȘme casserole, attendrir les oignons. Si besoin, ajouter de lâhuile.
l Déglacer avec le vin.
l Remettre la viande et ajouter le reste des ingrédients. Saler légÚrement et poivrer.
l Porter à ébullition. Couvrir et cuire au four 45 minutes.
l Réduire la température du four à 165 °C (325 °F). Poursuivre la cuisson une heure. Rectifier l'assaisonnement.
l Entre-temps, dans un bol, mélanger les ingrédients de la gremolata.
l Répartir la viande dans les assiettes et parsemer de gremolata.
Ce plat peut ĂȘtre accompagnĂ© de « langues dâoiseau » et de rubans de courgettes.
Bon appétit !
Pour 4 personnes
âą 50 g (1/3 tasse) de farine
⹠4 tranches de jarret de veau d'environ 5 cm d'épaisseur
âą 30 ml (2 c. Ă soupe) d'huile d'olive
⹠2 oignons hachés
âą 375 ml (1œ tasse) de vin blanc sec
⹠1 boßte de 540 ml de tomates en dés
⹠2 branches de céleri hachées
⹠2 carottes hachées
⹠4 gousses d'ail hachées
âą 250 ml (1 tasse) de bouillon de bĆuf
âą 30 ml (2 c. Ă soupe) de pĂąte de tomate
⹠5 ml (1 c. à café) de thym séché
âą 1 feuille de laurier
Gremolata*
âą 2 zestes de citron
⹠1 gousse d'ail hachée
⹠10 g (1/4 tasse) de persil ciselé
* La gremolata est une persillade italienne traditionnellement utilisée pour assaisonner l'osso buco ainsi que d'autres viandes blanches. Elle est composée d'un hachis de persil et d'ail, d'huile d'olive et de zestes de citron ou d'orange.
Mots casés
Solutions des jeux page 54
Trouve les 10 différences
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Solutions des mots casés de la page 52
Un jour, Maria, la bonne, confie Ă sa patronne :
â Madame, il faut que je vous annonce une nouvelle.
â Je t'Ă©coute, Maria.
â Je suis enceinte.
â Ah bon ?! Et qui est le pĂšre ?
â C'est le rabbi !
â Le rabbi ? Voyons Maria, le rabbi est un homme vĂ©nĂ©rable et respectĂ© par tous⊠Es-tu vraiment sĂ»re de ce que tu avances ? Tu parles bien d'un vieil homme avec une longue barbe blanche ?
â Oui Madame, c'est bien lui ! C'est le rabbi ! Comme de bien entendu, la patronne de Maria en parle Ă sa voisine, qui fait de mĂȘme avec son entourage ; et en moins de quarante-huit heures tout le shtetl est au courant. Le rabbi, fou furieux, convoque Maria :
â Maria, comment oses-tu colporter de tels mensonges ?! Je ne t'ai jamais vue de ma vie avant aujourd'hui !
â Peut-ĂȘtre, mais c'est quand mĂȘme vous.
â Comment ça, c'est moi ?
â Ben, je vais vous expliquer. Ma patronne est stĂ©rile et elle est venue vous voir pour une bĂ©nĂ©diction. Vous lui avez donnĂ© une bouteille en lui disant de boire son contenu afin quâelle tombe rapidement enceinte.
â Et alors ?
â Alors, par erreur, c'est moi qui ai bu de la bouteille, et maintenant je suis enceinte !
â Dâaccord, Maria, tu as bu de ma bouteille, je veux
Solutions du jeu « Trouve les 10 différences » de la page 52
â Si, Si ! Bien sĂ»r que tu viens Ă la synagogue ! Mais tu vas t'arranger pour faire un petit pĂ©chĂ© et tu tâen repentiras. Comme ça, tu pourras te frapper la poitrine et tout le reste.
â D'accord, mais quel genre de pĂ©chĂ© puis-je commettre ?
â Ben, un petit, creuse-toi la cervelle !
â Ah, j'ai une idĂ©e. J'ai un voisin que je n'aime pas, je vais m'arranger.
ĂliĂ©zer frappe Ă la porte de son voisin. DĂšs que ce dernier ouvre la porte, ĂliĂ©zer lui donne une bonne paire de gifles, en lui disant :
â Tiens, voilĂ pour toi !
La femme du voisin s'en mĂȘle :
bien, mais cela ne suffit pas pour tomber enceinte et avoir un enfant. Il faut aussi un homme !
â Ah ben ça, Rabbi, les hommes, c'est pas ce qui manque !
ĂliĂ©zer va voir son rabbin la veille de Kippour. Il lui dit :
â Je suis trĂšs ennuyĂ©âŠ
â Raconte-moiâŠ
â Ă Yom Kippour, on rĂ©cite une liste de pĂ©chĂ©s, on se confesse, on fait un examen de conscience â et moi je n'ai fait aucun pĂ©chĂ© cette annĂ©e. Je ne peux quand mĂȘme pas mentir Ă Dieu. Alors qu'est-ce que je dois faire ? Peut-ĂȘtre vaut-il mieux que je ne vienne pas Ă la synagogue ?
â Ah ben celle-lĂ , il l'aura pas volĂ©e ! Vous ne savez pas quelle bonne action vous venez de faire !
Dans un club de milliardaires, deux amis de fraĂźche date bavardent, un cigare Ă la bouche :
â Dites-moi, vous ĂȘtes extrĂȘmement riche, n'est-ce pas ? Quel est le secret de votre rĂ©ussite ?
â Oh, c'est simple. Je me suis spĂ©cialisĂ© dans le commerce des pigeons voyageurs. Et ça marche du feu de Dieu !
â Ah oui, et combien en avez-vous vendu ?
â Un seul, mais il est toujours revenu !
Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.
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