INTERVIEW
appelé agropole de Kara est en cours d’opérationnalisation avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et de la fondation sud-coréenne Saemaül. L’agropole de Kara met l’accent sur un ensemble de filières porteuses que sont le soja, le maïs, le riz, le sésame, l’anacarde, la volaille et les poissons. Quelle place occupent le bio et le financement durable de l’agriculture ? L’agriculture biologique occupe une place de plus en plus importante dans le secteur agricole togolais. En effet, le Togo s’est positionné en 2020 comme le premier exportateur mondial de produits biologiques vers le marché de l’Union européenne avec une fourniture de 51 000 tonnes, représentant des recettes évaluées à 50 milliards de Fcfa. Cette performance est tirée par le soja dont la production est passée de 25 000 tonnes en 2015 à 154 000 tonnes en 2020 pour atteindre les 250 000 tonnes en 2021. Il est prouvé que les filières biologiques ont un potentiel élevé pour développer l’agro-industrie, surtout pour les fruits et légumes, et pour contribuer à augmenter les recettes d’exportation. Afin d’assurer une durabilité des systèmes de production agricoles, une synergie est développée avec l’agroécologie pour, d’une part, contribuer à une gestion intégrée de la fertilité des sols et, d’autre part, contribuer à la construction d’un système alimentaire et nutritionnel optimisé, en réduisant, voire en annulant les risques liés à la qualité de l’alimentation. En effet, au-delà des aspects du marché, il y va également de la santé de la population, en prenant en compte les pathologies qui sont dans certains cas attribuées à la présence de résidus de pesticides dans les aliments ainsi que les eaux utilisées dans les ménages. Pour développer l’agriculture biologique au Togo, des mesures sont prises. Il s’agit de : - l’élaboration et la validation d’un système de traçabilité dans les chaînes de valeur agroindustrielles au Togo, avec l’appui de l’ONUDI et du PNUD ; - le projet de mise en place d’un laboratoire de référence d’innovations et d’analyses des produits agroindustriels ; - la définition de systèmes participatifs de garantie (SPG) pour mettre sur le marché des produits répondant à des niveaux minimums de normes de qualité et dont la conformité est conjointement évaluée par les acteurs. - l’élaboration d’une stratégie de développement de l’agriculture biologique et de l’agro - écologique pour cadrer 60 I YEARBOOK TOGO : Rapport économique
l’ensemble des interventions au sein de ces deux filières complémentaires. Que peut apporter l’aide extérieure au développement du secteur agricole national ? Les priorités du secteur agricole sont connues et les partenaires au développement pourront soutenir la production, la transformation et la commercialisation agricoles ainsi que le développement rural dans son ensemble. Au-delà de l’aide au développement, la feuille de route du secteur agricole met un accent particulier sur les investissements du secteur privé. Les opportunités en matière d’investissement dans le secteur agricole togolais restent : - le développement de zones de production agricoles à travers les aménagements de zones de production agricoles planifiées notamment les agropoles, les périmètres irrigués ; - les intrants agricoles avec la production en masse de semences certifiées à fort rendement ainsi que d’engrais chimiques et d’engrais organiques en lien avec la carte de fertilité des sols et les fiches de recommandation de formules de fertilisants ; - la mécanisation agricole avec la fabrication, assemblage et distribution, centres de mécanisation agricole, location de matériels agricoles ; - l’irrigation avec la mise en place de retenues d’eau, de barrages hydroagricoles, de forages, de matériels et d’équipements d’irrigation ; - les infrastructures de soutien à la production notamment des pistes de desserte et de désenclavement, magasins et entrepôts de stockage etc. ; - la production bovine, l’aménagement de sites pour l’élevage et la production laitière ; - les fermes avicoles intégrées (60% de la demande non satisfaite par la production nationale) ; - les fermes piscicoles (75% de la demande en poissons non satisfaite par la production nationale). Les mesures incitatives prévues par l’Etat pour accompagner le secteur privé sont, entre autres, les avantages fiscaux avec une taxation spéciale prévue pour les importations et un crédit d’impôt en fonction de l’importance de l’investissement ; la mobilisation et la sécurisation foncière avec la mise en œuvre de la réforme agro-foncière ; la structuration des producteurs et la facilitation de leur accès au financement via un organisme public-privé dédié, notamment le mécanisme incitatif de financement agricole fondé sur le partage de risques (MIFA).