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La santé, un secteur prioritaire
Centre de radiothérapie.
l’approche contractuelle. Cette réforme, mise en œuvre dans sept hôpitaux, s’est soldée par un tarissement des sources de déperdition, une augmentation des chiffres d’affaires, et une amélioration des indicateurs de soins (consultations, hospitalisations, actes, examens complémentaires, satisfaction des patients). L’exacte quantification des activités permise par la contractualisation a servi de socle à la mise en place d’un système de leasing au laboratoire du CHU-SO de Lomé dont le nombre d’examens est passé de 44 à 135. La contractualisation dont l’extension est en cours ouvre la voie au vaste projet d’équipements et de construction des formations sanitaires sur la base d’un partenariat public-privé en train d’être mis en place.
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La couverture maladie universelle est-elle effective ?
Une offre de soins de qualité est la condition nécessaire à la réussite de la couverture sanitaire universelle. La mise en place de la couverture maladie au Togo s’est effectuée par étapes, chaque étape s’enrichissant des leçons tirées de la précédente. Elle touche aujourd’hui le tiers de la population togolaise et comporte schématiquement trois entités : l’Institut National d’Assurance Maladie au profit des agents de l’État ; School Assur, une assistance sociale au profit des élèves du primaire et du secondaire ; d’autres initiatives touchant aux secteurs privé et informel et concernant des groupes et associations organisées (artisans, agriculteurs, etc.). Le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) offre une assurance maladie subsidiaire à ses bénéficiaires qui sont couverts sur la période de remboursement des crédits obtenus. De nombreuses initiatives de gratuité sont menées depuis des années en faveur des populations vulnérables : vaccinations, traitement intermittent du paludisme, distribution de moustiquaires, subvention de la césarienne, traitement du VIH/SIDA et de la tuberculose, traitement préventif et curatif des maladies tropicales négligées, programme Wézou portant sur la prise en charge gratuite de la femme enceinte. Toutes ces initiatives sont appelées à se fondre dans un creuset harmonieux et cohérent de protection sociale, servant de socle à la loi sur la couverture maladie universelle au Togo promulguée en novembre 2021.
Comment avez-vous géré la lutte contre la pandémie à la Covid-19 ?
La lutte contre la pandémie à la Covid-19 a été protéiforme et a comporté la mise en place d’organes, la prise de dispositions juridiques et institutionnelles, des mesures d’accompagnement visant à alléger le poids des conséquences socio-économiques de la pandémie, et le renforcement du système de santé, à travers la construction de onze centres dédiés aux épidémies (deux centres de référence à Lomé et à Kara, et 9 centres répartis sur l’ensemble du pays), la dotation des centres en équipements

Pause de la première pierre de la construction de l’usine Do Pharma.
de réanimation, et une stratégie vaccinale ayant permis la consommation à temps des vaccins objet de dons ou d’achat. Le leadership du Chef de l’État a été déterminant dans les résultats engrangés par le Togo, sur le double plan épidémiologique et vaccinal. Au 10 février 2022, 36% des personnes âgées de 18 ans et plus ont eu au moins une dose de vaccin, 28% des personnes âgées de 18 ans et plus sont complètement vaccinées, 59 295 personnes de 12 à 17 ans ont été vaccinées à la première dose, et 403 à la deuxième dose. Une composante essentielle de la stratégie vaccinale a été la digitalisation ayant notamment permis aux Togolais de disposer d’un passe vaccinal et, au Togo, d’être le premier pays d’Afrique sub-saharienne dont le certificat de vaccination Covid-19 est reconnu par l’Union Européenne.
Favorisez-vous la collaboration avec le secteur privé pour la production pharmaceutique ?
L’amélioration du climat des affaires favorise des initiatives privées dont le secteur de la santé bénéficie des retombées. L’exemple le plus éloquent est l’usine de production de solutés Do Pharma, située à 25 km de Lomé, dans la préfecture de Zio. Il s’agit d’une usine dotée d’équipements modernes, produisant annuellement 18 millions de flacons de solutés, et répondant aux standards internationaux, avec pour ambition de desservir les pays de la sous-région. La collaboration avec le secteur privé dans le domaine sanitaire est illustrée par celle entre le ministère en charge de la santé et la Plateforme du Secteur Privé de la Santé. Cette collaboration permet d’avoir une vision partagée du domaine sanitaire, et d’avoir des échanges visant notamment à renforcer l’orthodoxie dans l’exercice de la profession. L’engagement et le leadership du Chef de l’État ont été à l’origine de l’Initiative de Lomé, lancée le 18 janvier 2020 en partenariat avec la Fondation Brazzaville, dans la cadre de la lutte contre les médicaments de qualité inférieure et falsifiée en Afrique, en présence des Chefs d’État du Congo, du Ghana, de la Gambie, du Niger, de l’Ouganda et du Sénégal ou de leurs représentants.
Un mot de conclusion ?
La place de choix accordée au secteur de la santé par le Chef de l’État tient à sa vision politique basée sur l’inclusion sociale et l’équité, et à sa ferme conviction du rôle moteur de la santé dans le développement. Les efforts engagés dans le secteur à travers d’importants projets permettront d’asseoir un système de santé structuré et harmonieux, apte à faire face aussi bien aux urgences, aux épidémies, aux maladies émergentes qu’aux affections courantes.
Depuis 2017, le Togo a engagé une réforme de son système sanitaire afin d’assainir le financement des hôpitaux publics et améliorer la qualité des soins.

Le gouvernement a lancé en 2017, dans cinq formations sanitaires publiques, un système de contractualisation pour assainir la gestion financière des centres hospitaliers. Désormais, les hôpitaux ne sont plus gérés uniquement par l’Etat mais par des acteurs privés qui sont associés sur la base d’un partenariat publicprivé.
Afin de garantir des soins de qualité à la population, la contractualisation a atteint sa vitesse de croisière, soutenue par de premiers résultats éloquents. La formation sanitaire reste publique, l’Etat continue de payer ses agents et les équipements. Une entité non-étatique est recrutée avec pour cahier des charges de mettre en place les mécanismes d’une bonne gestion. Un comité est installé au sein de la formation sanitaire. Il comprend le contractant, la direction de la formation, les syndicats, les représentants des corps de métier et les divers acteurs impliqués. Les actions et dépenses à effectuer sont décidées par ce comité. Le ministère de la santé et de l’hygiène publique, qui reste le niveau central, veille à la régularité et à la pertinence des actions et des dépenses. Outre les actions déjà mises en œuvre ou prévues dans le cadre de la riposte à la Covid-19, le gouvernement s’est engagé à initier de nombreux projets. Sur le plan infrastructurel, des projets de modernisation des Centres hospitaliers régionaux (CHR) sont prévus, tout comme la réhabilitation des Centres de santé communautaires (CSC), la construction de 6 nouveaux Centres de santé mère-enfant (CSME), de 100 Centres médico-sociaux (CMS) et d’un Centre national de lutte contre le cancer (CNLC). En ce qui concerne la réhabilitation
CHIFFRES CLÉS
27%
ACCOUCHEMENTS ASSISTÉS PAR DU PERSONNEL QUALIFIÉ
27/1000
MORTALITÉ NÉONATALE
401/100 000
TAUX DE MORTALITÉ MATERNELLE
58,9%
TAUX DE FRÉQUENTATION EN 2019
200
CENTRES DE SANTÉ VONT ÊTRE CONSTRUITS
300
CENTRES DE SANTÉ À RÉNOVER
1ère
INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE DE SOLUTÉS EN AFRIQUE DE L’OUEST et l’équipement des hôpitaux, les CHU et les CHR vont être dotés de scanners, sous forme d’achats groupés. En 2010, le Togo a adhéré au Partenariat International pour la Santé (IHP+, aujourd’hui CSU2030), ce qui a fourni aux parties prenantes du secteur de la santé des moyens nouveaux pour leur travail de renforcement des capacités du système de santé. Le ministère de la Santé a mis en œuvre une Politique nationale de santé et une analyse de situation généralisée et participative a conduit à l’élaboration d’un Plan National de Santé (PNDS). Concernant la planification familiale, les autorités togolaises ont adhéré aux engagements PF 2030. Les six engagements pris par le gouvernement s’articulent autour de l’augmentation du taux de prévalence contraceptive moderne chez les femmes en union de 23,1% en 2020 à 32% en 2026 et chez toutes les femmes de 20,4% en 2020 à 29,5% en 2026. Le 2ème engagement porte sur l’augmentation de la subvention de l’Etat de 50% en 2022 et de 25% à partir 2023 jusqu’à 2026. Le troisième porte sur la garantie de l’accès des adolescents et jeunes à des informations complètes et services de qualité adaptées à leur âge et à leur besoin. Le 4ème tient à la disponibilité continue des produits contraceptifs au niveau des points de prestations des services selon les politiques normes et
LE TOGO, 1ER PAYS AFRICAIN À METTRE FIN À LA MALADIE DU SOMMEIL
En 2020, le Togo a reçu la validation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour avoir éliminé la trypanosomiase humaine africaine ou « maladie du sommeil » comme problème de santé publique, devenant ainsi le premier pays d’Afrique à franchir cette étape.
La maladie du sommeil est causée par des parasites transmis par des mouches tsé-tsé infectées et n’est présente que dans 36 pays d’Afrique subsaharienne. Si elle n’est pas traitée, la maladie du sommeil est presque toujours mortelle. En 1995, environ 25 000 cas avaient été détectés, environ 300 000 cas étaient estimés être passés inaperçus et 60 millions de personnes étaient considérées comme étant à risque d’infection. En 2019, moins de 1000 cas ont été découverts. Le Togo n’a signalé aucun cas au cours des dix dernières années.
Cette réalisation du Togo intervient après plus de deux décennies d’engagement politique soutenu, de surveillance et de dépistage des cas. À partir de 2000, les responsables de la santé publique du pays ont mis en place des mesures de contrôle. En 2011, le pays a mis en place des sites de surveillance dans les hôpitaux des villes de Mango et de Tchamba, qui couvrent les principales zones à risque de la maladie. Depuis, les responsables de la santé publique ont maintenu une surveillance accrue de la maladie dans les zones endémiques et à risque.
Une collaboration mondiale dirigée par l’OMS a soutenu ces efforts en facilitant le don de médicaments et de ressources par les entreprises pharmaceutiques, ce qui a permis de renforcer les capacités locales et d’assurer la disponibilité constante des outils nécessaires pour lutter contre la maladie.
protocoles. Le 5ème est une coordination intersectorielle des interventions en matière de planification et l’utilisation des données probantes. Enfin, le 6ème engagement consiste en la mobilisation des ressources financières par la société civile togolaise intervenant dans la santé, la reproduction et la planification familiale. En novembre 2021, la Banque Mondiale a procédé au lancement d’un projet de 70 millions $ pour l’amélioration de la qualité de la santé et offrir une assurance maladie universelle à 60% de la population togolaise. Le président Faure Gnassingbé, qui a placé son nouveau mandat sous le sceau de la préservation et de la consolidation des acquis, entend améliorer significativement le système sanitaire et assurer une santé de qualité pour les Togolais, en particulier pour les couches vulnérables. Dans le domaine de la protection sociale, un montant de 91,7 milliards de francs CFA a été alloué au secteur de la santé, soit 7% du montant alloué aux ministères et institutions, pour l’exercice 2022. Ce montant servira à garantir la couverture santé universelle et l’accès aux services sanitaires à tous.

