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Interview de M. Dontou Hiloukou Derou, Président Directeur général du Groupe Confortis International

Ciment : des capacités de production en forte hausse

En l’espace d’une dizaine d’années, le Togo est devenu le premier producteurexportateur de ciment et de clinker de la sous-région ouest-africaine grâce aux grands investissements faits ces dernières années dans le secteur.

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Le clinker, constituant essentiel du ciment artificiel, est devenu depuis 2005, premier produit d’exportation du Togo, devant les phosphates, et très loin devant les autres minerais en exploitation. Matière première dans la production du ciment, l’augmentation de la production du clinker, tire aussi vers le haut, depuis quelques années, celle du ciment, que le Togo exporte en même temps que le clinker. Le Togo dispose d’un important gisement de clinker dans les préfectures de Vo et principalement dans le Yoto où sont implantées trois usines de productions de ciment. La Cimenterie de la Côte ouest-africaine (CimCo), filiale de la firme Cim Metal Group, a vu le jour fin 2021. Elle est située dans la zone portuaire. Financée à hauteur de 65 milliards FCFA, dont 20 milliards par la BOAD sous forme de prêt, l’usine sera dotée d’une capacité de production annuelle estimée à 2,5 millions de tonnes de ciment. Le projet entend créer 1000 emplois directs et 500 emplois indirects. Avec son implantation, CimCo rejoint un marché togolais longtemps dominé par CimTogo, une société togolaise appartenant au groupe allemand Heidelberg Cement, suivie de Wacem. Le complexe industriel de Sikacondji (Tabligbo), financé en 2013 par le groupe allemand Heidelberg Cement pour 254 millions de dollars avec le soutien de la SFI, comprend un site d’exploitation et de production de clinker. Au total, le groupe Heidelberg Cement dispose d’une usine à Lomé (CIMTOGO), d’une autre à Sika-Kondji (ScanTogo) et encore d’une troisième à Awandjelo. Entre-temps, le groupe Dangote Industries Limited a signé lui aussi un accord pour la production de ciments dans une nouvelle cimenterie à capacité annuelle de 1,5 millions de tonnes.

L’industrie du fer à béton

Le gouvernement veut faire de la transformation industrielle le fer de lance de sa politique de développement. L’exportation de ferraille et de métaux usés est désormais interdite. Les ferrailles sont essentiellement transformées en fer à béton pour le secteur du BTP.

Usine de production du fer à béton.

Le secteur de la transformation du fer à béton se porte bien au Togo et s’est enrichi d’un nouvel acteur. ManuMetal SarlU, une usine spécialisée dans le recyclage est dorénavant implantée à Davié dans la Préfecture de Zio. Avec un investissement estimé à hauteur de 2 milliards FCFA, l’usine qui a démarré ses activités depuis janvier 2020, emploie 200 personnes, dont 150 Togolais. L’unité industrielle produit des fers à béton, des tuyaux métalliques, des électrodes de soudure, des boules de mouture et d’autres produits métalliques, à base des matières premières locales comme les débris de fer ou de ferrailles, de silico manganèse, de ferro silicium, de lingots d’aluminium, entre autres. Les quantités à produire durant les cinq premières années devraient suivre une évolution de 5% chaque année, étant donné la politique de pénétration progressive du marché. L’objectif est de vendre sur le marché local 70 à 80% du produit fini. ManuMetal rejoint Steel Cube Togo (SCT), implanté dans le Nord du pays, et qui a déjà exporté depuis sa mise en service en 2019, plus de 20 000 tonnes de fer à béton de qualité FE 500. L’usine implantée à Kara, revendique 450 emplois directs créés et surtout l’utilisation de matières premières issues des localités environnantes. Elle ambitionne de porter à 1000 le nombre d’emplois, des travaux d’extension de l’usine sont d’ailleurs prévus, ainsi qu’une diversification des activités.

OPPORTUNITÉS

Le potentiel du marché des BTP est grand. L’industrialisation du Togo doit passer par le secteur privé que le gouvernement encourage afin que des secteurs comme celui des BTP soient plus forts et compétitifs.

Entretien avec Dontou Hiloukou Derou, architecte-urbaniste formé à l’EAMAU au Togo et à l´Ecole d’Architecture de Nancy en France. Fondateur en 2004 de Derou & Partners, un bureau d’études international, il est également Président Directeur Général du Groupe Confortis International.

Pouvez-vous nous décrire le projet « Wellcity » ?

Wellcity, cœur de Ville du Futur Pôle Urbain d’Adetikope, est une ville nouvelle, résultat d’une fine analyse d’ArchitecteUrbaniste de la dynamique urbaine et de l’expansion spatiale des villes Africaines en transition démographique dont la ville de Lomé est un échantillon représentatif. Ces villes se caractérisent par le doublement de la population en cycles de vingt ans, ainsi qu’un quadruplement spatial, également en cycles moyens de vingt ans, induisant un étalement vertigineux. Il y’a cinq ans, ce diagnostic d’Architecte- Urbaniste sur la ville de Lomé a conduit à analyser les axes préférentiels d’extension de l’agglomération et identifier l’axe Lomé-Adetikope comme l’épine dorsale du développement urbain futur du Grand Lomé pour les trente (30) prochaines années. Aujourd’hui Wellcity, c’est 1 000 logements en phase 1, en cours de développement ainsi que des équipements collectifs, une école, un complexe sportif, des stationsservices, un shopping, des commerces et restaurants… A terme le complexe offrira 5 000 logements incluant villas basses, duplex et appartements en immeubles collectifs. Cinq ans après, ce diagnostic s’est révélé pertinent avec les développements en cours sur l’axe LoméAdétikopé. Notamment l’installation de l’usine de la Nouvelle brasserie (SNB), opérationnelle depuis deux ans et la Nouvelle Plateforme Industrielle d’Adétikopé PIA, un Partenariat Public Privé (PPP) développé par le Gouvernement togolais et le Groupe ARISE. La Plateforme Industrielle d’Adétikopé, vaisseau amiral de la vision 2030 du Chef de l’Etat togolais, son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, est pertinente en ce sens qu’elle est orientée sur la transformation industrielle des produits agricoles du Togo qui représentent plus de 50% du Produit Intérieur Brut du pays et consacre plus de 60% de la population active. A l’horizon 2030, la cristallisation spatiale autour de Wellcity et de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé, ainsi que les différents projets en cours de développement dans la zone conduiront à la création du Pôle Urbain d’Adétikopé (PUA). Ce Pôle Urbain à l’horizon 2030 concentrera 500 000 habitants sur une superficie de 10 000 hectares (100 km2) arrimée au Grand Lomé à travers la voie express de la Nationale 1, axe multimodale (autoroute-chemin de fer- fluviale par canal navigable de la vallée du ZIO). La population du Pôle Urbain d’Adétikopé atteindra 1 million d’habitants à l’horizon 2050.

Avez-vous des projets de développement à l’international ?

Avec le Groupe Confortis International, nous opérons dans cinq pays en Afrique de l’Ouest : Côte d’ivoire, Burkina Faso, Niger, Bénin et au Togo. En tant que développeur, nous nous positionnons sur la chaine de valeurs des projets d’infrastructures : conception, financement, construction et exploitation dans les domaines du résidentiel, hôtellerie, bureaux et Grands équipements. Nos clients sont privés, Institutionnels et les Gouvernements.

L’avenir est-il, en Afrique, à une architecture socialement et écologiquement durable ?

Au-delà de l’Afrique, l’écologie concerne toute l’humanité. L’écologie et les constructions durables ne sont plus un choix, il s’agit d’urgences qui engagent aussi bien les architectes que tous les acteurs qui façonnent les cadres de vie. Notre vision future de l’Architecture pour l’humanité est axée sur l’éco responsabilité et l’utilisation des matériaux à énergie grise positive. Allier la sophistication des matériaux localement disponibles et la technologie, tirer profit des avantages contextuels et mettre les besoins particuliers de chaque société humaine au cœur des concepts architecturaux permettent de construire durablement et sur le long terme.

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