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Assainissement et traitement des déchets
Adhésion du Togo à la Convention des Nations Unies sur l’Eau
Depuis le 27 décembre 2021, le Togo est devenu officiellement la 46ème Partie, cinquième Etat hors de la région paneuropéenne, de la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux (Convention sur l’eau), dont le Secrétariat est assuré par la CEE-ONU.
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Plus des deux tiers des ressources en eau du Togo sont partagées, notamment le bassin de la Volta (partagé avec le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Mali) et le bassin du Mono (partagé avec le Bénin). Compte tenu de cette communauté d’intérêts, le Togo était déjà partie prenante aux Conventions portant statut des fleuves Volta et Mono et relative à la création des Autorités des bassins de la
Volta et du Mono.
L’adhésion du Togo à la Convention sur l’eau renforcera les efforts entrepris par les autorités togolaises dans la gestion durable de ses ressources en eau. Elle contribuera à l’amélioration de sa gestion nationale de l’eau, assurera l’échange de connaissances et d’expériences avec d’autres pays, et soutiendra la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), notamment de l’objectif 6.5 relatif à une gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux, y compris par le biais de la coopération transfrontalière, le cas échéant. Dans un contexte marqué par des pressions accrues sur les ressources en eau, la Convention sur l’eau constitue un cadre juridique dont la mise en œuvre, en complément des cadres régionaux et des instruments nationaux, contribuera certainement à appuyer les efforts de notre pays en matière de coopération transfrontalière sur nos bassins partagés, la prévention des conflits et la promotion de la paix et l’intégration régionale. L’adhésion du Togo reflète l’intérêt croissant pour la Convention sur l’eau depuis son ouverture mondiale en 2016.
Entretien avec Gbati Yawanké Waké, Directeur Général de la Société Togolaise des Eaux (TdE), une Société d’État spécialisée dans la gestion de l’eau et de l’assainissement, secteur vital pour le développement socio-économique du Togo.
Quelles sont les principales missions de la TdE ?
La Société Togolaise des Eaux (TdE) SA, qui est la société fermière du secteur de l’eau au Togo, a pour mission principale d’assurer au plus grand nombre de ménages et d’opérateurs économiques en milieu urbain et semi-urbain, la fourniture d’une eau potable de qualité, en quantité suffisante et à moindre coût. Elle assure également la collecte et l’évacuation des eaux usées domestiques dans les zones urbaines dotées d’infrastructures d’assainissement collectif.
Comment comptez-vous remplir les objectifs de la feuille de route gouvernementale concernant l’accès à l’eau potable ?
La TdE s’est engagée à traduire en acte la politique gouvernementale en matière d’accès à l’eau potable qui vise à donner de l’eau à toute la population togolaise à l’horizon 2030. Cet objectif majeur des ODD est repris par l’Axe 3 du Plan national de développement (PND) et la feuille de route gouvernementale 2021-2025. A cet effet, elle s’est dotée d’un Plan stratégique 20212025, assorti d’un budget programme sur 5 ans, qui met en exergue les axes prioritaires et les actions à mettre en œuvre pour l’atteinte des objectifs à mi-parcours à savoir : 85 % de rendement hydraulique, un taux de desserte de 85% en milieu semi-urbain, 75% en milieu urbain hors Lomé et 80% à Lomé et un taux de recouvrement des créances de 95%. Ces axes prioritaires stratégiques comportent, entre autres, l’extension du réseau de distribution dans les localités déjà connectées ; les projets AEP de tous les centres urbains et semi-urbains du Togo non encore couverts par la TdE ; l’augmentation de la production ; l’accroissement de la clientèle ; le renouvellement des équipements, la remise à niveau des ouvrages ; la gestion de la qualité de l’eau et l’amélioration du Système d’Information Géographique (SIG). La TdE dispose d’un plan d’amélioration des performances et d’un plan stratégique de digitalisation. Pour l’atteinte de ces objectifs, nous pouvons citer la réduction des délais de branchement qui est aujourd’hui de 15 jours pour les branchements ordinaires et de 20 jours pour les branchements avec extension de réseau ; la remise des frais d’extension de réseau (*) ; le paiement numérique des factures de consommation d’eau ; la possibilité pour les nouveaux demandeurs de faire leur demande en ligne (www.tde.tg) ; les différents projets de renforcement, d’adduction ou de mini-AEP en cours d’étude ou en cours d’exécution dans plusieurs localités sur l’ensemble du territoire parmi lesquels PND-Eau, PEAT1, PEAT2, BID3, PEA-OMD et PDRD, PURISE grâce au concours des partenaires techniques et financiers.
Quelles facilités accordez-vous à vos clients industriels notamment les PME et les PMI ?
Dans ce contexte mondial marqué par la pandémie du Covd-19, l’État a fait de l’amélioration du climat des affaires une priorité. C’est dans ce cadre que plusieurs mesures fortes ont été prises dans le but de créer un environnement habilitant pour les PMI et PME installées ou en cours d’installation sur le territoire national. L’accès à l’eau potable étant un critère de choix de site d’installation des hommes et d’implantation d’unités de production, ces mesures visent à faciliter les activités aux opérateurs économiques. Il s’agit de l’exonération des frais de branchement et d’extension de réseau pour toutes les PME et PMI, la demande de branchement en ligne et le délai d’exécution des travaux aux PME/PMI fixé à 5 jours. Les facilités touchent également les paiements ou les moratoires accordés aux clients suivant leurs moyens. Bref, l’exonération des frais de raccordement, la dématérialisation des demandes et le délai court d’exécution des branchements constituent des éléments incitatifs qui rentrent dans le cadre des mesures prises par le gouvernement et qui répondent aux besoins des investisseurs et assurent l’attractivité du Togo.
(*) Offre soumise à condition
Assainissement et traitement des déchets
Au Togo, seuls 17% des ménages disposent d’un dispositif de lavage des mains avec eau et savon. Les défis impliquent l’amélioration du système de collecte et de gestion des déchets, le développement des infrastructures et équipements d’assainissement et de salubrité.

En matière d’assainissement, plusieurs actions et projets ont été mis en œuvre en vue de réduire la fréquence des inondations et d’assainir le cadre de vie des populations. Selon les résultats de l’enquête
MICS 2017, seul 44,6% des ménages ont accès à une latrine améliorée, avec seulement 19,1% de ménages qui disposent de latrines améliorées non partagées. Ce taux est plus faible en milieu rural (20,8%). En milieu urbain, il est de 79,5%.
La défécation à l’air libre est de 45,3% au plan national. Ce taux est plus élevé en milieu rural avec 66,7% contre 14% en milieu urbain. En matière de l’hygiène des mains, seuls 20,3% des ménages disposent d’un dispositif de lavage des mains avec eau et savon. Cette situation est préjudiciable à la santé des populations surtout en zone rurale où les enfants sont parfois gravement affectés avec des pathologies directement liées au faible niveau d’hygiène. Le gouvernement togolais a alors lancé un programme qui prévoit l’installation de plusieurs dizaines de milliers de latrines à travers tout le pays. Les défis impliquent l’amélioration du système de

Visite de terrain de la Première ministre.
collecte et de gestion des déchets, le développement des infrastructures et équipements d’assainissement et de salubrité. Opérationnelle depuis 2015, l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (ANASAP), établissement public, est un organisme d’appui-conseil et d’aide à la prise de décision dans le domaine de la salubrité. Elle vise à instaurer et maintenir un cadre de vie de meilleure qualité favorable au bien-être et à l’épanouissement des populations sur toute l’étendue du territoire national en assurant une veille permanente des normes et actions en matière d’assainissement et de salubrité publique. Le décret fixant les taux de répartition des recettes fiscales et des recettes de prestation de services entre les communes, les districts autonomes, le Fonds d’appui aux collectivités territoriales et l’ANASAP, a été adopté en 2021. Son application va permettre aux bénéficiaires d’organiser le transport des déchets solides des décharges intermédiaires vers le centre d’enfouissement technique d’Aképé pour la zone du Grand Lomé et pour les communes des autres régions, le transport sera organisé vers les décharges finales. Cette disposition vient apporter à terme une solution aux difficultés rencontrées dans la gestion de l’assainissement des déchets solides. Les services d’eau portable ont des difficultés à faire face aux besoins d’entretien et aux demandes d’interventions, sachant que seulement 32% de la population de la capitale est actuellement desservi. En termes de réalisation on note la mise en œuvre du Projet d’aménagement urbain au Togo (PAUT II). Ce projet a permis de réduire la fréquence des inondations dans la ville de Lomé notamment dans la zone marécageuse prolongeant le système lagunaire, du 4ème lac et le drainage des quartiers Est de la ville. De même en 2018, sous la supervision du ministère de l’eau et de l’hydraulique villageoise à travers la direction de l’assainissement, il a été inauguré la station de traitement des boues de vidange d’une capacité de 30m3/j à Sokodé financée par la BAD à travers la Facilité Africaine de l’Eau, le Plan Togo et la commune de Sokodé. Rappelons que l’objectif fixé par l’ONU est de faire passer de 51% à 25% d’ici à 5 ans le nombre de personnes sans accès à un assainissement de qualité au plan mondial. Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention signée entre le Ministère de l’économie et des finances (MEF) et l’Agence Française de Développement (AFD) en date du 8 juin 2020, il est prévu l’actualisation du plan directeur d’assainissement des eaux usées, des eaux pluviales et des déchets solides du Grand Lomé et l’étude de faisabilité des projets prioritaires.

Cette étude conduite par le groupement de bureaux d’étude Seureca/Véolia/Inros Lackner/Deco va aboutir à l’organisation d’une table ronde en 2022 des bailleurs de fonds pour le financement des projets qui seront retenus. Le projet de construction du Centre d’Enfouissement Technique (CET) d’Aképé a été élaboré par l’ancienne Commune de Lomé et réalisé grâce au soutien financier de l’Union Européenne. Construit et exploité depuis 2018 par les équipes Eiffage au Togo, en groupement avec celles de CWA et de l’entreprise togolaise GER, le centre d’enfouissement technique (CET) d’Aképé traite les déchets ménagers de la ville de Lomé. Plus d’un million de tonnes y a déjà été enfoui selon les normes environnementales internationales incluant le traitement des lixiviats par voie biologique et la combustion du méthane produit. Il fera l’objet, courant 2022, de travaux d’extension permettant de continuer son exploitation et d’ouvrir le site à l’ensemble de l’Agglomération du Grand Lomé. Ce centre est l’un des premiers de cette envergure construit en Afrique. Conçu pour une durée d’exploitation de 20 ans, il permet de traiter de façon contrôlée et selon les meilleurs standards internationaux, les déchets générés par une agglomération de plus de 1,5 million d’habitants. African Global Recycling (AGR), entreprise spécialisée dans la valorisation des déchets, a un centre de tri des déchets à Lomé, situé dans le vieux quartier de Tokoin. C’est l’unique centre multi-filière au Togo et en Afrique de l’Ouest. Il accueille, en effet, différents types de plastiques, de métaux, de verre, de bois, de papier, de carton. Il s’agit de récupérer ce qui est valorisable et de trouver des issues dans le monde industriel pour ces déchets. Pare-chocs de voitures, coques d’ordinateurs ramassés au bord des rues, bouteilles plastiques ou autres emballages plastiques issus des ménages, des décharges, des écoles, différents types de papiers ou encore des déchets récupérés auprès des industries locales sont triés par catégorie.

OPPORTUNITÉS
Parmi les secteurs prioritaires identifiés par le Président de la République en juillet 2021 figurent l’eau et l’assainissement. L’eau et l’assainissement sont au cœur même du développement durable. L’économie de l’assainissement est l’opportunité commerciale de la prochaine décennie.