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Interview de M. Frederic Dovi-Akue Directeur général de Do Pharma

La production pharmaceutique

Le Togo souhaite renforcer le système national pharmaceutique et ses capacités de gestion des médicaments.

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Le Togo abrite la première industrie pharmaceutique de production de solutés en Afrique de l’Ouest. L’usine de fabrication de produits pharmaceutiques Do Pharma est située à Avéta dans la préfecture du Zio (à 25 km de Lomé). Elle a un statut de la zone franche avec les avantages y afférents. Do Pharma dispose d’une installation ultra moderne de classe internationale, pour la fabrication des solutés pour perfusions au Togo et pour le marché ouestafricain. La fabrication de médicaments en local est un atout pour le Togo. Tout est fabriqué sur place grâce à l’expertise du personnel togolais et avec le respect des critères de qualité aux normes internationales. Grâce à une installation ultra moderne de classe internationale, la production annuelle est de 18 millions de flacons de solutés IV.

En 2011, il n’existait au Togo aucun corps professoral dédié à la pharmacie. Les cours étaient délivrés par les enseignants de la Faculté des sciences et par des intervenants du Sénégal et du Burkina Faso. Grâce aux équipements scientifiques fournis par la Fondation Pierre Fabre en 2018 et aux aides obtenues auprès de l’Université de Lomé et de plusieurs bailleurs comme l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie), l’UNFPA (Fond des Nations Unies pour la Population) ou l’UNESCO, plusieurs projets ont été développés par les universitaires togolais dans la perspective de mieux encadrer la chaîne du médicament. La filière pharmacie de l’Université de Lomé compte environ 200 étudiants. Les diplômés sont destinés à intégrer les hôpitaux, les laboratoires d’analyse, les officines et la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels (structure publique en charge de l’approvisionnement des médicaments). Un enjeu de taille dans un pays qui comptait seulement 230 pharmaciens pour 7 millions d’habitants en 2015.

Un laboratoire pharmaceutique ultra-moderne de classe internationale

DO PHARMA SA, ZONE FRANCHE, BP 10039, LOME – Avéta, TOGO Web : www.dopharma.net Email : info@dopharma.net

Vers la couverture sanitaire universelle

Le Plan National de Developpement Sanitaire (PNDS), 2017-22 a été développé pour relever les défis rencontrés par le premier plan, et amener le Togo vers la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Le Parlement togolais a adopté en octobre 2021 la loi portant sur l’assurance maladie universelle.

La couverture en assurance santé ne touchait que 7,6% de la population, dont 4% couverte par le régime de l’Institut National d’Assurance Maladie (INAM), 2% par des systèmes privés et 1,6% par les mutuelles de santé. 500 000 Togolais bénéficiaient ainsi fin 2021 d’une assurance maladie, principalement des fonctionnaires.

Conscient de cette couverture sociale limitée, l’Etat togolais a engagé ces dernières années différentes mesures en vue de l’amélioration du taux de couverture sociale à travers l’extension des systèmes de protection sociale au secteur de l’économie informel qui occupent 80% de la population active.

Le Parlement a adopté à l’unanimité le 12 octobre 2021, le projet de loi instituant l’assurance maladie universelle au Togo. Cette adoption marque une nouvelle étape vers la matérialisation de l’ambition de couverture sanitaire universelle au Togo, et couronne le processus marqué par l’adoption, à cet effet, d’un avant-projet de loi en conseil des ministres.

L’instauration d’une couverture maladie universelle doit permettre de passer du droit à la santé juridiquement affirmé, au droit, réellement exercé, de se soigner. Elle permettra à la population togolaise de bénéficier désormais de soins de santé de qualité à un coût abordable.

Le texte de loi prévoit également la création d’une agence nationale d’assurance maladie, qui va assurer la gestion de ce projet.

La loi met en place deux régimes. Le premier concerne tous ceux qui disposent d’un revenu minimal et qui devraient donc cotiser selon des modalités qui restent à définir ; l’autre, appelé régime d’assistance médicale, est destiné à ceux qui n’ont pas la possibilité de cotiser et pour qui les prestations seront gratuites. La nouvelle loi s’accompagne d’un renforcement du plateau technique : on attend la construction de 200 centres de santé et près de 300 autres à rénover, avec comme objectif de rapprocher les centres de santé des populations, surtout en zone rurale. Le projet d’infrastructures sanitaires est en cohérence avec la volonté des autorités togolaises de garantir l’accès aux soins de santé à tous. Elles ont initié parallèlement d’autres programmes et projets, dont le plus récent dénommé « Wezou » accompagne les femmes enceintes et le nouveau-né.

OPPORTUNITÉS

Le secteur de la santé retient de plus en plus l’attention des fonds d’investissement : médicaments, assurances, cliniques… Les opportunités sont nombreuses. Le secteur privé joue déjà un rôle considérable en assurant et en finançant la fourniture de soins de santé aux populations de la région. En moyenne, le secteur privé fournit 50% des biens et des services de santé en Afrique.

Entretien avec Monsieur Frederic Dovi-Akue, Directeur général de Do Pharma, industrie pharmaceutique spécialisée dans la production des solutés intraveineux située dans la zone franche à Aveta, à 15 km au nord de Lomé.

Comment se structure Do Pharma, premier complexe industriel pharmaceutique du Togo ?

Do Pharma est un nouveau laboratoire pharmaceutique qui produit des solutés injectables conformément aux normes internationales. Actuellement, nous avons une capacité de production de 18 millions de flacons par an. Nous envisageons de devenir l’un des premiers laboratoires de la sous-région spécialisé dans la fabrication de médicaments en offrant une large gamme de médicaments de haute qualité à des prix compétitifs. Notre société produit et commercialise des solutions pour perfusion vers le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d’Ivoire. Nous prévoyons également d’exporter vers le Ghana, le Nigeria, le Sénégal et le Cameroun une partie de notre gamme de produits. Plusieurs audits nationaux et internationaux ont confirmé que notre entreprise respecte scrupuleusement les bonnes pratiques de fabrication de l’OMS. Nous sommes fiers que notre équipe soit 100% africaine. Bien sûr, nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires technologiques européens et, initialement, avec des professionnels internationaux. A cet effet, un transfert de connaissances a été mis en œuvre avec succès. Aujourd’hui, nous n’employons que des pharmaciens, ingénieurs, techniciens, chimistes, microbiologistes et spécialistes formés localement. La distribution de nos produits suit un circuit règlementé par le ministère de la santé togolais avec pour but d’éviter les contrefaçons.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Améliorer la santé de la population est un devoir fondamental. Nos produits sont utilisés en thérapie de perfusion et sont donc cruciaux dans la récupération des patients. Nos stratégies de développement sont basées sur la nécessité d’offrir en permanence et en quantité suffisante des produits de meilleure qualité. Notre stratégie produit est basée sur les besoins de nos clients et nous mettons progressivement sur le marché de nouvelles molécules génériques. Ainsi, l’introduction de produits clés sur les marchés du Ghana, du Nigéria et du Cameroun constitue un potentiel de développement supplémentaire. La pandémie de la COVID-19 a entraîné parfois des disfonctionnements, des arrêts de production et des problèmes logistiques dans le monde entier. Cela démontre l’importance de la production locale de médicaments en Afrique. L’Europe elle-même envisage désormais de relocaliser la production de substances actives. Do Pharma utilise sa proximité avec le client pour faire en sorte que les produits indispensables à la survie parviennent plus rapidement au client final. Do Pharma a commencé avec les solutions pour perfusions ce qui est techniquement très exigeant. La production de médicaments stériles nécessite des investissements importants. Nous envisageons de développer, à moyen terme, d’autres formes de produits pharmaceutiques, comme les comprimés ou les gélules, une étape supplémentaire dans la réduction de la dépendance à l’égard des importations.

Par quels moyens est-il possible de lutter contre la contrefaçon de médicaments sur le continent ?

Le problème des médicaments contrefaits et des médicaments de qualité douteuse est une épine mondiale dangereuse et très complexe. Par conséquent, une approche holistique avec différentes mesures est nécessaire. Tous les acteurs doivent être impliqués avec le soutien des autorités compétentes locales, régionales, continentales et internationales. La production locale de médicaments peut aider à garantir la qualité par les autorités réglementaires. Bien sûr, en plus de la sensibilisation de la population, la surveillance de l’État doit se faire dès la production à la distribution en gros jusqu’au consommateur final. En d’autres termes, le non-respect des exigences doit être sanctionné. Je tiens à remercier le Président de la République togolaise, Monsieur Faure Gnassingbé, pour son ferme engagement dans la lutte contre les médicaments contrefaits, entre autres à travers l’initiative de Lomé du 18 janvier 2020.

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