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Le Togo et l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
Le Togo et les relations entre l’OEACP et l’UE
Le Togo continue de jouer un rôle prépondérant dans la redynamisation des relations de coopération entre l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP anciennement appelé groupe des États ACP) et l’Union-Européenne (UE) surtout dans les négociations pour le nouvel accord de partenariat entre l’OEACP et l’UE.
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Reconnu pour son engagement sur la scène internationale, le Togo a coordonné ces dernières années avec diplomatie, les activités du Groupe central de négociation des nouveaux Accords Post-Cotonou en sa qualité de négociateur en chef des 79 pays membres constituant le Groupe OEACP. Une stratégie gagnante, après plus de deux ans d’intenses négociations qui ont débuté à l’issue des travaux de la 43ème session du Conseil des ministres OEACP-UE et la 107ème session du Conseil des ministres des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) qui se sont tenus à Lomé en mai 2018, avec l’adoption du mandat de négociation PostCotonou. Le nouvel accord de partenariat entre l’Union européenne (UE) et les membres de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) marque ainsi la conclusion officielle des négociations de l’accord post-Cotonou, qui fixe le cadre de coopération politique, économique et sectorielle pour les vingt prochaines années. Ce nouvel accord modernise considérablement la coopération et élargit la portée et l’ampleur des ambitions de l’UE et de l’OEACP en vue de mieux relever les défis actuels et à venir. Les partenaires ont renforcé leurs engagements dans des domaines prioritaires tels que les droits de l’homme, la démocratie et la gouvernance, la paix et la sécurité, le développement humain, qui englobe la santé, l’éducation et l’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi que la viabilité environnementale, le changement climatique, le développement et la croissance durables, la migration et la mobilité. L’accord comporte également une dimension régionale et une structure de gouvernance nouvelles et renforcées, adaptées aux besoins de chaque région, pour la première fois depuis plus de quarante ans de collaboration. Rappelons que quatre conventions ont été signées dans la capitale togolaise. Le pays a également abrité en novembre 2011 les travaux de la 22ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE. L’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) est précédemment connue sous le nom de « Groupe des Etats ACP ». La nouvelle dénomination est entrée en vigueur le 5 avril 2020.
A propos de la CEDEAO
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est un regroupement de 15 Etats membres dont le mandat consiste à promouvoir la coopération et l’intégration économique.

Immeuble de la BOAD.
Les Etats membres de la CEDEAO sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. La CEDEAO, créée le 28 mai 1975, vise la création d’un vaste bloc commercial grâce à la coopération économique. Avec une superficie de 5 113 000 km2 et une population de 386,8 millions d’habitants, la région a amorcé un nouveau sentier de croissance en 2021, après une année 2020 marquée par la pandémie de la Covid-19 et ses impacts néfastes sur les activités économiques. Ainsi, une croissance de 4,1% est attendue en 2021 contre une légère contraction de 0,8% en 2020. Cette évolution serait en lien avec la reprise économique dans l’ensemble des Etats membres de la CEDEAO, particulièrement au Nigéria (3,2%), en Côte d’Ivoire (6,5%) et au Ghana (5,3%). En matière d’intégration économique et de développement durable, des progrès significatifs ont été réalisés en ce qui concerne le programme de monnaie unique de la CEDEAO avec l’adoption d’une feuille de route pour le lancement de l’ECO à l’horizon 2027. Dans le cadre du développement du secteur privé, la Commission de la CEDEAO a fait approuver le projet de système de paiement et de règlement de la CEDEAO au comité des Gouverneurs des Banques Centrales des Etats membres. Ce projet fournira un cadre juridique et réglementaire pour les paiements et règlements transfrontaliers dans l’espace CEDEAO. En ce qui concerne le commerce régional et la libre circulation dans le cadre de l’Accord de la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAf), treize (13) Etats membres de la CEDEAO (à l’exception du Bénin et du Libéria) ont ratifié l’Accord. Une stratégie régionale de mise en œuvre de la ZLECAf est en train d’être élaborée avec le soutien de la CNUCED. Au niveau des infrastructures, la mise en œuvre des grands chantiers avance. Un nouveau plan directeur de développement des infrastructures régionales de la CEDEAO a été adopté sur vingt-cinq ans (2020-2045). On estime à 102 milliards de dollars US les montants nécessaires pour financer les projets prioritaires d’infrastructures dans les secteurs de l’énergie, des transports, des télécommunications et des ressources en eau.
Le Togo et l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
Huit Etats côtiers et sahéliens, liés par l’usage d’une monnaie commune, le Franc de la Communauté financière africaine (FCFA) et bénéficiant de traditions culturelles communes, composent l’UEMOA : le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l’UEMOA a pour objectif essentiel, l’édification, en Afrique de l’Ouest, d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production, ainsi que la jouissance effective du droit d’exercice et d’établissement pour les professions libérales, de résidence pour les citoyens sur l’ensemble du territoire communautaire. L’UEMOA couvre une superficie de 3 506 126 km2 et compte 123,6 millions d’habitants. Vigoureuse durant près de dix ans, la croissance de l’UEMOA a brusquement chuté sous l’effet de la pandémie de Covid-19. Entre 2012 et 2019, la croissance du PIB réel a enregistré des taux annuels supérieurs à 6% avant de s’effondrer en 2020 avec un taux de croissance de 1,8%. Le ralentissement de la croissance de l’UEMOA a suivi une trajectoire semblable à celle observée dans les autres pays d’Afrique subsaharienne (AfSS), même si le taux de croissance dans l’UEMOA était initialement plus élevé. La croissance devrait s’établir à 6,1% en 2021. Elle serait portée essentiellement par le rebond de la consommation et de l’investissement privés, sous l’effet d’un assouplissement des mesures de confinement et du retour de l’investissement direct étranger (IDE). Les échanges de produits locaux au sein de l’UEMOA, ou plus largement de la CEDEAO, sont exonérés de droits de douane et d’impôts sur les importations, conformément à la législation en vigueur. Le Togo s’est illustré au cours de ces trois dernières années comme l’un des pays de l’UEMOA ayant réalisé un grand bond, avec un taux moyen de mise en œuvre des réformes communautaires, passant de 64% en 2018 à 78% en 2020. Ce score obtenu confirme l’engagement soutenu des autorités togolaises dans la mise en œuvre desdites réformes. La revue réalisée en 2020 avait permis d’enregistrer des avancées significatives en matière de transposition et d’application des réformes communautaires. En 2020, les performances du Togo ont permis un taux moyen de mise en œuvre des réformes de 78%, en hausse de sept points par rapport à 71% en 2019.
LA RÉFORME DU FRANC CFA ET DE LA COOPÉRATION MONÉTAIRE
En décembre 2019, les autorités de l’UMOA ont annoncé une réforme des mécanismes monétaires entre l’Union et la France. Le franc CFA restera arrimé à l’euro, la parité actuelle sera maintenue et la France continuera de garantir la convertibilité du franc CFA, mais la réforme introduit trois grands changements : - la gestion par la BCEAO de l’ensemble de ses réserves de change : elle n’aura plus à en déposer la moitié sur le compte d’opérations du Trésor français ; - le retrait de la France des principaux organes de décision de la BCEAO et ; - le « franc CFA » de l’UMOA sera renommé « ECO ». Les deux premiers changements sont effectifs, bien que certaines modalités pratiques ou légales doivent encore être définies. En revanche, la mise en place de l’ECO, initialement envisagée pour 2020, a été reportée, en raison de la pandémie et de la nécessité d’articuler cette réforme avec la feuille de route pour la création de la monnaie unique de la CEDEAO, qui s’appellera également ECO et dont le régime de change sera flexible.

Entretien avec Kossi Tsiglo, Directeur général de l’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE), un établissement public chargé d’enregistrer les demandeurs d’emploi du Togo et de leur proposer du travail ou de les aider à faire leur premier pas dans le monde de l’entreprise.
Quelle est la situation actuelle de l’emploi au Togo ?
Le secteur de l’emploi au Togo est l’un des plus prometteurs au regard des grands chantiers structurants ouverts par les pouvoirs publics. Le but visé par le gouvernement est de mettre en œuvre des investissements massifs créateurs d’emplois décents et durables en s’appuyant sur les forces de notre économie. A cet effet, l’agriculture, l’industrie de transformation et le secteur de la logistique constituent à coup sûr des niches à forte valeur ajoutée. Les porteurs de projets d’entreprise et investisseurs tireront profit tant que leur génie créateur est en phase avec les besoins des consommateurs au Togo et à l’échelon mondial. Quelle aubaine ! De plus, le Togo est un gisement fertile de main-d’œuvre disponible, compétente, flexible et motivée résultante de la jeunesse de sa population (60% de celle-ci a moins de 25 ans) et d’un dispositif de formation professionnelle en plein essor avec la création d’Instituts de formation en alternance pour le développement (IFAD). Ainsi, tout investisseur qui aurait choisi la destination du Togo tirera énormément profit de ce dividende démographique. C’est donc dans une perspective économique très favorable marquée par des chantiers structurants comme la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) que l’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE), le service public de l’emploi au Togo, réaffirme son positionnement d’intermédiaire entre les entreprises et les chercheurs d’emploi.
Quelles sont les différentes prestations qu’offre l’ANPE ?
Dans le cadre de sa mission, l’ANPE offre des prestations diversifiées à savoir : - assistance et conseil des employeurs dans la définition de leurs besoins en compétences ; - recrutement et mise à la disposition des employeurs des ressources humaines dont ils ont besoin tant sur le plan national qu’international ; - mise en place en liaison avec les employeurs et les établissements de formations, des programmes de formations professionnelles et comportementales directement liés aux opportunités d’emploi ; - prospection et identification des besoins immédiats en recrutement des entreprises en ciblant les effectifs à former dans le cadre de la formation à la carte ; - identification des besoins en recrutement à moyen terme (6 mois à 3 ans) et des effectifs à former dans le cadre de la formation qualifiante pour préparer les viviers de compétences ; - amélioration de l’employabilité des jeunes par la mise en œuvre dans le cadre du partenariat public-privé des formations sur mesure pour renforcer leurs aptitudes afin de répondre aux besoins en compétences des entreprises implantées au Togo et hors des frontières ; - mise en œuvre du programme d’Appui à l’insertion et au développement de l’embauche (AIDE). Il s’agit d’une mesure active destinée à soutenir les entreprises en mettant à leur disposition des stagiaires. C’est une véritable opportunité pour les chefs d’entreprises de détecter les

M. Youssef Ibrahimi (à gauche), Directeur général de la Banque of Africa (BOA) Togo et le Directeur général de l’ANPE, M. Kossi Tsiglo.

Echange entre M. Kossi Tsiglo (à droite), Directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et M. Laurent Tamegnon, Président du Conseil National du Patronat du Togo (CNP).
jeunes diplômés talentueux ou à haut potentiel motivés et disponibles qui pourraient être recrutés immédiatement ou à court terme ; - accompagnement des chercheurs d’emploi dans leur transition entre l’école et la vie professionnelle ; - promotion de l’entreprenariat en appuyant les porteurs de projets non seulement pour la conception et la réalisation de leurs idées d’entreprise mais également pour l’amélioration de la performance de leur entreprise ; - observation du marché du travail. La réforme en profondeur de l’ANPE mue par l’amélioration continue de nos prestations augure davantage des lendemains meilleurs pour les employeurs et les chercheurs d’emploi dont la présence dans nos agences constitue pour nous une opportunité de valorisation de notre expertise.
Quels liens entretenez-vous avec les entreprises du secteur privé pour adapter la demande à l’offre ?
Le gouvernement travaille inlassablement pour renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers. Il table ainsi dans sa feuille de route sur la création de 500.000 emplois directs surtout dans les secteurs porteurs de croissance économique : parcs industriels, hub logistique, agropoles, industries manufacturières, tourisme, infrastructures, énergies renouvelables ou encore le numérique qui offrent d’importantes possibilités d’investissements à fort potentiel d’emploi. Dans cette optique, l’ANPE œuvre pour une démarche prospective à travers l’anticipation sur des besoins en main d’œuvre des entreprises et des secteurs dans une approche de proximité intégrée. Le développement du partenariat public-privé et des relations internationales sont des chantiers sur lesquels la Direction générale travaille sans relâche. Dans cette perspective, professionnaliser l’accompagnement des entreprises et des investisseurs demeure un élément important de notre stratégie. En effet, convaincu que la résorption du chômage ne saurait être faite en marge du secteur privé, moteur de la croissance économique, l’ANPE a signé avec l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET), l’Association togolaise des Gestionnaires des ressources humaines (ATGRH), Lomé Container Terminal et Scan Mines Togo, des conventions de partenariat en vue de créer un cadre d’échange inclusif avec le patronat et d’offrir des prestations d’accompagnement spécifiques aux entreprises. Au demeurant, en synergie avec le secteur privé, l’ANPE s’emploie à traduire dans les faits, sa volonté d’œuvrer pour un emploi pour tous.

L’ANPE marque sa proximité sur le site de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA).