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HRONIQUE
UN CHAT N’EST PAS UN BÉBÉ tte
« A-t-on jamais songé à ce que signifie le fait de manger des animaux? L’habitude, la banalité de cette consommation ont éteint en nous toute réflexion à ce propos », écrit Florence Burgat, une philosophe et chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique de France. Je ne crois pas que notre réflexion soit éteinte. Au contraire, un peu partout dans le monde, des zoophiles se portent à la défense des baleines, des ours blancs ou des chats de gouttière. Or, ne nous laissons pas tromper par les activistes : un chat n’est pas un bébé. L’AMOUR DES ANIMAUX Il existe certains animaux plus rapides que d’autres, certains plus forts, certains plus capables en camouflage, ainsi de suite. Mais, parce qu’il est plus habile, plus intelligent, plus imaginatif, plus social, c’est l’être humain qui est parvenu à dominer le monde. Comme le grand naturaliste Charles Darwin l’a bien montré, la nature se perfectionne de génération en génération par le moyen d’une « sélection naturelle », un processus par lequel les individus les moins aptes sont éliminés. Cela veut dire que, si les humains omnicarnivores dominent aujourd’hui, c’est sans doute parce que le régime carné fournit la meilleure recette pour procurer santé et intelligence. Les Québécois aiment les animaux. Selon le ministère de la Famille, il y a présentement au Québec un million d’enfants de moins de 11 ans contre environ trois millions de chats et chiens domestiques, selon les chiffres rapportés par la maison de recherche Kynetec-Ipsos. Les minous et toutous ont beau être intelligents, ils ne possèdent pas la même intelligence que les bébés humains. On ne peut pas discuter longtemps avec un animal, parler d’avenir avec lui, évoquer des projets. La Gaspésienne Klô Pelgag chante : « Les animaux que je connais ne parlent jamais de voyage… ».
mangerais », entend-on la maman dire à son bébé. De nos jours, les maîtres dorlotent leurs animaux de compagnie qui disposent de leurs médecins, traiteurs, magasins, voire de leurs terrains de jeux, psychothérapeutes et cimetières. Leurs maîtres — ou sont-ce plutôt leurs valets? — les comblent de jouets, de bijoux, de vêtements griffés. Quand on aime… Or, parfois, c’est l’animal de compagnie qui « aime » son maître… au point de le dévorer. Radio-Canada rapportait qu’un citoyen de London, Ontario, Norman Buwalda, avait été tué, en 2010, par son chat, un tigre « domestique » qu’il gardait avec lui dans sa maison, un droit qu’il avait défendu en cour et qui lui avait été confirmé. C’est comme ça. Quand bébé lion a faim, papa et maman lion partent chasser une belle et jeune antilope bien tendre qu’ils serviront au dîner. C’est la loi… de la jungle, dit-on. C’est une question d’amour : les enfants lions « aiment » la viande fraîche. Les humains également. Cela étant dit, je suis d’accord sur le fait qu’il faut manger moins de viande. C’est meilleur pour la santé et pour l’environnement. Les précurseurs se tournent donc vers les légumes et les insectes. Mais, un insecte n’est-ce pas un animal? La sauterelle n’at-elle pas le même droit de vivre que le bœuf ou le saumon? Et une carotte n’est-elle pas vivante? Est-ce la tuer que de la croquer? Que faire? Comme un homo sapiens : continuer de vivre en omnivore donc en carnivore. Et aimer son chat domestique bien élevé en chantant avec Maurice Chevalier dans le film les Aristochats qui « préfèrent les bars aux poubelles/dont se contentent trop vulgaires/les chats de gouttière ». CLAUDE COSSETTE
« JE TE MANGERAIS » Quand on aime, le désir de fusion s’impose : « Je te
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LA QUÊTE
FÉVRIER 2020