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Un animal pour se sentir chez soi
Depuis quatre ans, les intervenants impliqués dans le projet Porte-Clés facilitent l’adoption de chats ou de chiens pour leurs participants qui en font la demande et qui sont en état de s’occuper d’un compagnon à poils. C’est de manière spontanée et naturelle que cette initiative s’est greffée au projet principal de Porte-Clés, grâce aux intervenants et intervenantes qui ont pu constater les bienfaits de ce jumelage.
Carole-Anne Beaulieu est l’une des intervenantes de l’Archipel d'Entraide impliquée dans le projet Porte-Clés. Son rôle est de contribuer à la réinsertion résidentielle des personnes vivant de l’itinérance chronique ou épisodique. Elle les assiste dans la recherche d’un logement correspondant à leurs besoins. « On va prendre le temps que la personne choisisse son appartement parce qu’on veut qu’elle ait un sentiment d’appartenance envers son logement; c’est un des facteurs de réussite les plus significatifs. » Ainsi, l’intervenante ne recule pas devant le défi de trouver un logement qui accepte les chiens ou les chats. « Peu importe qu’il ait un chien ou pas, en ce moment, c’est difficile de trouver un logement abordable de qualité », remarque-t-elle.
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PRENDRE SOIN DE SOI
Loin d’être un fardeau, un animal de compagnie participe à créer un attachement au nouveau logement. « Pour ceux qui n’ont pas eu de logis depuis long- temps, ce n’est pas évident d’arriver à se sentir chez eux et parfois le fait d’avoir un animal aide vraiment » affirme Carole-Anne.
L’intervenante remarque que pour certaines personnes, prendre soin d’eux-mêmes n’est plus naturel. « Ils ne voient pas vraiment l’intérêt parce qu’ils sont souvent fragilisés, mais là, ils ont un chat et leur chat vaut la peine qu’ils en prennent soin », avance l’intervenante. « Par la bande, ils vont prendre soin d’eux en prenant soin du chat ».
Les trois plus beaux cadeaux que la vie m’a donnés sont la santé, mon logement avec Porte-Clés et mon chat. C’est mon bébé et mon meilleur ami. J’étais vraiment content d’avoir mon logement, mais quand j’ai eu mon chat tout est devenu encore mieux. J’ai toujours aimé les chats, on en avait quand j’étais jeune et j’étais toujours content quand j’allais chez des amis qui en avaient. Maintenant, je peux avoir le mien, il est affectueux et intelligent, comme son maître !
Michel
Les animaux ont le pouvoir de briser la solitude de nouveaux locataires déshabitués à vivre seul. « Quand tu habites dans un refuge, tu vis dans les dortoirs, tu manges à la soupe populaire, tu es constamment entouré que tu le veuilles ou pas », explique Carole-Anne. Une fois seules en appartement, ces personnes se retrouvent avec leurs besoins de base comblés. « Là, c’est comme si toutes les choses auxquelles ils n’ont pas eu le temps de réfléchir pendant plein d’années, de vieilles blessures, reviennent et les submergent ». Selon l’intervenante, la présence d’un animal
de compagnie aide à soutenir cette intimité retrouvée avec soimême. « Pendant que tu prends soin de ton animal, t’es dans l’instant présent. »
« [Avoir un animal,] ça amène aussi une interaction différente avec les autres êtres humains. Les gens viennent vers nous pour les bonnes raisons, parce qu’ils aiment l’animal, ça crée un pont », ajoute son collègue Thomas Fréchette qui est accompagné de Berlin, une golden Labrador de quatre mois.
FÉLICITER L'INTERACTION
C’est à travers cette initiative et quelques imprévus de parcours que Berlin et Thomas se sont rencontrés. « Il y a un de nos clients que c’est son projet de vie d’avoir un chien. On a travaillé avec lui pour obtenir un chien et on avait spotté Berlin pour qu’il soit son chien. Malheureusement, les circonstances n’ont pas permis qu’il adopte le chien au moment où on a reçu Berlin. C’était une mauvaise passe pour lui. Il s’est retrouvé sans domicile fixe », relate Thomas alors que Berlin dort paisiblement à ses pieds. « Il a fallu trouver une nouvelle famille d’adoption pour le chien », poursuit l’intervenant. « C’est pas mal l’Archipel qui l’a adopté et moi personnellement. C’est mon chien, je l’amène chez nous, mais elle vient travailler avec moi tous les jours ».
« [Avoir un animal,] ça amène aussi une interaction différente avec les autres êtres humains. » ~ Thomas Fréchette
© Anne Beaulieu

SUNIT ET CHEETAH.
Berlin est particulièrement douée pour apaiser les personnes en crise, comme en a été témoin Thomas. « Quand la personne voyait l’animal, tout de suite elle changeait de comportement et de ton. Elle entrait en communication avec l’animal, elle le flattait, elle ne voulait pas lui faire peur », raconte l’intervenant.
« Souvent, c’est plus facile pour eux d’entrer en interaction avec un animal dû à leurs problématiques, dû aux déceptions et aux blessures qu’ils ont vécues avec d’autres êtres humains », conclut Thomas.
VALÉRIE MARCOUX
Je parle et je chante à mon chat. Des fois je m’ennuie, lui aussi, alors on s’ennuie ensemble. Je veux qu’il soit libre alors je le laisse entrer et sortir comme il veut même s’il me demande la porte à 3 h du matin et qu’il invite tous ses amis du voisinage à la maison. Ma porte est grande ouverte tant que la température le permet. Aussi, quand je m’endors pendant la journée, je suis content quand il vient me réveiller, comme ça je débalance moins ma nuit de sommeil. Chez nous c’est les chats qui mènent et pas l’inverse. Sunit