La Quete_numero 268 _mars 2025C

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Le magazine de rue de Québec Numéro 268 Mars 2025
Bob Photographie

Nos p'tites bêtes

08 Enseigner avec des partenaires à quatre pattes

09 Aider sans condition

12 Un soutien quotidien

13 Démystifier le sida félin

16 Les survivants de la chasse en Espagne

07 Des bêtes pas bêtes

10 Suivez les pistes

14 L'oubli de la fugue

17 Des animaux et des hommes

18 Bêtes et bibites

20 L'assaisonnement du quotidien

30 Les mystérieuses créatures du milieu marin

POUR LE PLAISIR

19 Le jeu de La Quête

21 Yougao, mon amie et collègue de travail

22 Ah ! l'hiver

23 Zombie

23 Métaphore

24 Dompter l'hiver

25 La Bohème

26 Notre Saint-Roch

Photo : Genevieve Turcotte
Photo Sarah Grenier

RÉALISER L'ESPOIR

L'Archipel d'Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l'Archipel d'Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente – sur la rue ! – par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu'à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L'Archipel d'Entraide, composée d'une équipe d'intervenants expérimentés, offre également des services d'accompagnement communautaire et d'hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d'un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l'espoir à quelques centaines de camelots. SUIVEZ-NOUS

UNE TRIBUNE POUR TOUS

Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (700 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l'édition suivante. La thématique de mai : TDAH, TPL et autres T.

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT

Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d'informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 109

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d'eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l'unique magazine de rue de Québec.

COUPON D'ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

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Photographie : Bob Photographe

Conception graphique : Helen Samson

ÉDITEUR

Archipel d'Entraide

ÉDITEUR PARRAIN

Claude Cossette

RÉDACTRICE EN CHEF

Francine Chatigny

DIRECTRICE DE L'INFORMATION

Valérie Gaudreau

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Isabelle Noël

CHRONIQUEUR.SE.S

Philippe Bouchard, Maurane Bourgouin, Martine Corrivault, Claude Cossette, Isabelle Noël, Michel Potvin et Mathieu Rioux

JOURNALISTES

Marie-Frédérique Cléroult, Thibault B. Fernandez, Gabrielle Pichette, Marianne Poitras et Geneviève Turcotte

AUTEURS

Simon-Pierre Blais, François Gagnon, Mounir Ishak, Armand Labbé, Pascal Lévesque et Yves Potvin

MOTS DE CAMELOTS

Sébastien Beaulieu

AUTEUR.E DU JEU

Lise Gravel et Jacques Carl Morin

BÉDÉISTE

Martine Lacroix

RÉVISEUR.E

Benoit Arsenault et Marie-Hélène Gélinas (plumeplume.net)

INFOGRAPHISTE

Helen Samson

PUBLICITÉ/ABONNEMENT

Émeline Gibert 418 649-9145 poste 110 administration@larchipel-dentraide.org

IMPRIMEUR

Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COPYLEFT

La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d'auteur Creative Commons « Paternité –Pas d'Utilisation commerciale – Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n'est pas commercial, permet de l'utiliser et de le diffuser tout en protégeant l'intégralité de l'original et en mentionnant le nom des auteurs.

Abonnement régulier 75 $

Abonnement de soutien 90 $

Abonnement institutionnel 105 $ (toutes taxes comprises)

Téléphone :

La Quête est appuyée financièrement par :

Financé par le gouvernement du Canada

Magazine de rue La Quête

190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7

Téléphone : 649-9145 poste 109

Télécopieur : 649-7770

Courriel : laquete@larchipel-dentraide.org

LA PAGE DES CAMELOTS

LETTRE À MES AMIS

Bonjour, je demande de l'aide à la population de la ville de Québec afin de retrouver mes amis d'enfance : Guillaume Boily-Boucher, Martin Dutil, Jean-Sébastien Lapointe, Pierre-Luc Nolin, Jean-Michaël Perron et Marc-André Perron. J'aimerais avoir de leurs nouvelles, savoir où ils sont rendus dans la vie, s'ils ont une famille et ce qu'ils font comme travail. Je vais en profiter pour vous partager quelques souvenirs d'enfance.

Je suis né à Courville (Beauport). C'est dans ce quartier que j'ai rencontré mes amis. Dans ces rues, je me souviens avoir fait du vélo, alors qu'eux faisaient du skate. J'allais aussi dans le camping Villeneuve et dans les pits de sable.

Nous jouions aussi au hockey bottine dans la rue. J'étais le gardien de but et j'avais de vrais pads de goaler. Mon joueur favori était Patrick Roy qui jouait alors pour les Canadiens de Montréal et qui portait le numéro 33.

Je jouais aux billes avec mes amis. J'allais les acheter au Benjo et dans d'autres magasins de jouets. Une grande partie de ma collection provenait des billes que j'avais gagnées en jouant. Nous gardions les billes gagnées. Je me souviens qu'il y avait des billes jumbo, king kong et patate. Les billes changeaient de nom selon leur apparence et leur grosseur.

mes talents de gardien de but appris dans la rue avec mes amis.

Je n'avais pas d'uniforme scolaire. Je pouvais alors arriver avec mes vêtements de marque : Food, Billabong, Ecko, Tommy Hilfiger, Nike, Adidas. J'allais magasiner ma garde-robe aux Galeries de la Capitale avec mes parents. Nous allions dans les magasins Freedom et Foot Locker

L'ENTRÉE

DANS L'ÂGE ADULTE

J'ai aussi un problème de locution. Ça m'empêche d'avoir une bonne conversation avec quelqu'un. Les gens me font souvent répéter. Il y en a qui ne prenne pas le temps de comprendre et qui parte rapidement. J'ai l'impression que lorsque je prends des amphétamines, je n'ai plus de problème de locution, mais lorsque je suis à jeun, il revient. Mon problème de locution est apparu vers l'âge de 16 ans, lorsque j'ai commencé à fumer du cannabis et à prendre des médicaments psychiatriques.

« J'aime lorsque les gens viennent me voir et me parlent de mes articles. »

Sébastien Beaulieu

Nous aimions aussi jouer aux pogs chez les amis. Nous pouvions jouer à 2, 3 ou 4 joueurs. Le but était de virer les pogs des adversaires. Lorsque tous les pogs étaient virés, la partie était terminée. Chaque joueur gagnait les pogs qu'il avait virés.

Nous collectionnions également les cartes de hockey. Nous allions acheter les paquets de cartes de hockey au dépanneur et au Marché aux puces chez Dan, au Fleur de Lys. J'essayais de compléter des séries. J'en avais deux ou trois de complétées, quelques cartes individuelles et même quelques cartes spéciales comme un Patrick Roy 1994-1995 de la compagnie Dun Ross. À l'époque, j'avais réussi à la vendre à un collectionneur du marché Jean-Talon pour 120 $.

L'ÉCOLE

À l'école, j'étais toujours dans les classes spécialisées, en raison de ma déficience intellectuelle légère. J'ai presque fini mon primaire ; l'anglais est la seule matière qui me manque. Ma matière préférée était l'éducation physique, où je pouvais faire voir tous

À l'âge de 18 ans, j'ai commencé à jouer mon argent. J'ai été placé sous la curatelle publique. Je déménageais souvent. J'étais capable d'accumuler de l'argent sans la jouer dans les machines à poker ou acheter des gratteux de loto.

Depuis mes 18 ans, Robert-Giffard me suit et me prescrit des médicaments qui font que je ne suis plus capable de collectionner des cartes de hockey. Le psychiatre Michel Bolduc, c'est le meilleur psychiatre de l'Institut ; il connaît très bien les médicaments. Avant, j'étais un déficient intellectuel dans sa tête, aujourd'hui je suis rendu un monsieur, parce que j'ai consommé de la méthamphétamine dans ma vie.

Depuis près de 10 ans, je suis camelot pour le magazine de rue La Quête. J'ai vendu le magazine à plusieurs endroits dans la ville de Québec : rue Saint-Joseph, rue Belvédère, rue Cartier et la rue Maguire. À mon avis, les meilleurs spots de vente sont la rue Saint-Joseph et Cartier.

J'aime lorsque les gens viennent me voir et me parlent des articles que j'ai écrits. Les gens qui prennent les autobus ne me reconnaissent pas et n'ont pas envie de jaser avec moi. J'aimerais que les personnes se parlent plus dans les autobus.

SÉBASTIEN BEAULIEU

LES P’TITES BÊTES

Une quantité phénoménale — ce sont autour de 3 500 000 au Québec — de p’tites bêtes à poil qui peuplent nos maisons et égaient notre quotidien.

Ces animaux de compagnie deviennent parfois d’extraordinaires collègues de travail. Chien, lapin et cochons d’Inde accompagnent l’orthopédagogue Ann-Joëlle Debigaré tant dans sa clinique que dans les classes qu’elle visite. Dans Enseigner avec des partenaires à quatre pattes, elle explique à Geneviève Turcotte quelle différence font ces derniers dans ses interventions auprès des jeunes vivant des difficultés d’apprentissage.

À la fois « utilitaires » et compagnons, les chiens d’assistance sont assignés à diverses fonctions. Leur rôle auprès des personnes malvoyantes est bien connu, celui qu’ils jouent auprès des personnes vivant des enjeux de santé mentale l’est moins. Dans ce domaine, les besoins sont grands, mais les ressources limitées. Marie-Frédérique Cléroult s’est entretenue avec Sarah Grenier, fondatrice de Médi-Chiens, organisme basé à Québec.

Les personnes en situation d’itinérance accompagnées d’animaux sont souvent soupçonnées de négliger leur compagnon poilu. Pour avoir frayé avec l’itinérance, Marie-Claude Dion a souvent entendu des remarques désobligeantes, mais au lieu de juger, elle a agi. En 2018, elle a fondé 5e Patte, un organisme qui récolte de la nourriture et des accessoires pour animaux et les redistribue dans la rue. Autour d’un café, elle a raconté son histoire à Thibault Fernandez.

Gabrielle Pichette partage son quotidien avec Geos, un chat atteint du sida félin. Il n’y a pas si longtemps, pour éviter la propagation du virus, ce diagnostic entraînait presque automatiquement l’euthanasie. On en sait plus aujourd’hui sur le comportement de ce virus : Géos jouit encore de sa belle vie de chat de 14 ans !

Une rencontre de travail fructueuse !

Le 5 février dernier, les camelots se sont réunis pour déterminer les thèmes que nous aborderons au cours des prochains mois. Ils nous proposent une belle diversité : Abandon, Artères commerciales de Québec, Automobile, Protection du consommateur, Organismes communautaires, Amour, Police, Pollution, Légèreté… et un numéro spécial pour souligner les 30 ans de La Quête. On a déjà hâte de travailler sur ces éditions, et de vous les offrir. Le calendrier de production est diffusé sur notre page Facebook. Vous pouvez nous écrire à laquete@larchipel-dentraide.org si vous souhaitez l’obtenir !

En Espagne, la chasse sans fusil se pratique encore aujourd’hui. Pour attraper les proies, on utilise des galcos et des podencos, des chiens de la famille des lévriers. Perçus comme de simples outils de chasse, ces chiens sont plutôt maltraités au cours de leur vie active et tout simplement abandonnés quand ils ne sont plus en mesure de remplir leur mission de chasseur. Un organisme canadien, Extraordinary Galcos and Podencos, se porte à leur secours via l’adoption internationale. Mariane Poitras nous en apprend plus sur le sujet.

DES SUGGESTIONS DE LECTURE

Dans sa chronique littéraire, Isabelle Noël suggère une sélection de livres où il est question des animaux, petits ou grands, d’ici ou d’ailleurs. Les tout-petits ne sont pas laissés pour compte : elle leur offre une sélection jeunesse.

UNE

CHRONIQUE À ÉCOUTER

Mathieu Rioux aime Bach, plus précisément ses fugues. Pour accompagner son long et enthousiaste éloge sur les prodiges de ce musicien de l’époque baroque, Mathieu a parsemé sa chronique de codes QR. En les balayant, vous pourrez écouter des segments musicaux qui appuient les propos de l’auteur. Vous nous ferez savoir si vous avez aimé l’expérience ��.

UN NOUVEAU CHRONIQUEUR

Seul à la barre de la chronique Espoir au Cube depuis deux (ou trois ?) ans, Marc Émile Vigneault souhaitait un peu de renfort pour parler de santé mentale, de rétablissement et d’espoir. Michel Potvin partagera dorénavant cette mission avec lui. Vous pouvez lire sa première chronique ce mois-ci. Bienvenue dans l’équipe Michel !

Bonne lecture,

FRANCINE CHATIGNY

Première rangée : Émeline, adjointe de direction à l’Archipel d’Entraide et à La Quête. Deuxième rangée : Denis, Carole-Anne, cheffe d’équipe au volet relocalisation, Cécile, Gilles et Martine (la doyenne des camelots !). Troisième rangée : Valérie, chroniqueuse au quotidien Le Soleil et bénévole à La Quête depuis 13 ans — elle nous aide à regrouper nos idées pendant ces rencontres tempête d’idées �� —  Claude, Francine, coordo de La Quête, Claude et Nicolas, intervenant et autres tâches connexes ! Quatrième rangée : Stéphane, Sébastien, Marc et Hugo. Quelques camelots et acteurs et actrices de La Quête réunis.

Photo : La Quête

Cossette

Les « animaux favoris » ou « animaux de compagnie » sont les espèces élevées pour le lien affectif que l'animal peut entretenir avec son propriétaire. Ces animaux occupent une place centrale dans de nombreuses vies par leurs habituels rôles d'ami fidèle et de compagnon de jeu.

UNE MÉNAGERIE DOMESTIQUE

Selon certaines études, environ 40 % des ménages québécois partagent leur espace avec au moins un animal de compagnie, principalement des chiens et des chats, mais aussi des hamsters, des oiseaux, des poissons et même des serpents.

Quel plaisir d'entendre un canari s'égosiller, de voir zigzaguer ces poissons-néon, d'écouter un chat ronronner sous les caresses ou d'apercevoir un chien accourir au-devant de son maître. Un simple poisson rouge dans un bocal est une oreille bienveillante pour une âme en peine et un boa constrictor est toujours disponible pour enlacer une personne en manque d'affection.

Même de gros animaux sont parfois des partenaires appréciés. Cela arrive souvent en ce qui concerne le cheval qui, pour son ou sa propriétaire, exprime à la fois la force, l'habileté, la beauté et la prestance. Et cela arrive parfois avec un lion ou avec un singe comme ça a été le cas pour la célèbre primatologue Dian Fossey qui vécut vingt ans avec les gorilles des montagnes du Rwanda.

UNE RELATION AFFECTIVE

Les animaux de compagnie sont capables de percevoir les changements subtils de nos émotions. Les chiens, par exemple, sont capables de détecter l'anxiété chez leurs maîtres et d'adopter un comportement réconfortant. Les chats, bien qu'indépendants, montrent aussi une étonnante sensibilité aux émotions humaines et savent manifester leur disponibilité à une personne malheureuse.

La relation que l'on établit avec un animal favori est une véritable relation affective, comme celle que l'on vit avec des personnes. Nous sommes ainsi liés par des fibres mal définies, mais réelles. Aussi, quand notre animal souffre à cause d'une blessure, de la perte de ses petits ou de notre absence, il éprouve une souffrance semblable à la nôtre. C'est pourquoi nos animaux favoris nous sont si chers.

UNE THÉRAPIE MAISON

Les études montrent, par ailleurs, que prendre soin de son animal de compagnie, jouer avec lui ou le caresser, agit comme un véritable médicament contre le stress. Pour les personnes qui vivent seules, leur compagnie

DES BÊTES PAS BÊTES

réduit le sentiment d'isolation et c'est la raison pour laquelle on offre de la zoothérapie aux vieilles personnes ou aux enfants souffrants.

Un animal de compagnie oblige à sortir de soi-même pour porter son attention à cet autre être vivant, à organiser sa vie de manière à correspondre aux besoins de l'animal. En retour, ces bêtes nous ramènent continuellement au moment présent, non par des mots, mais par leur simple présence silencieuse.

Nos compagnons à poils, plumes ou écailles nous rappellent au quotidien des vertus essentielles : la patience, la loyauté, la gratitude, le sens du jeu, la résilience et le respect de la nature.

UNE RELATION SOCIALE

Le chien et le chat sont sans doute les bêtes les plus proches des humains, au point que plusieurs leur partagent leurs réflexions, leur expriment leurs sentiments en leur parlant. On dit qu'on les caresse, mais il se passe quelque chose qui est plus près de l'échange : les deux reçoivent et adressent des signes d'affection. Pour une personne seule, un animal de compagnie est plus qu'une bête. C'est un interlocuteur, un compagnon de vie.

L'autre aspect étonnant des animaux de compagnie est leur capacité à créer des ponts sociaux entre les maîtres. Un chien gambadant dans un parc ou un chat étendu sur un rebord de fenêtre déclenchent des commentaires et ouvrent des discussions entre inconnus. Ils amènent à briser la glace, à créer des liens dans l'environnement urbain où l'interaction sociale est autrement limitée. Il est bien connu que, comme lieu de rapprochement, les parcs à chiens disputent leur efficacité aux bars de rencontres. La recherche montre que les propriétaires d'animaux sont souvent plus sociables et moins sujets à s'isoler.

Les animaux de compagnie occupent une place importante dans la société contemporaine. Les Québécois voient ces animaux comme des membres à part entière de la société, de la famille même, en rendant manifestes les valeurs nationales de solidarité, de bonhomie et de proximité avec la nature.

ANECDOTE

Le premier ministre Winston Churchill partageait sa vie avec son célèbre chat Nelson. De son humour cinglant, l'homme nous a partagé son opinion sur les animaux domestiques… et sur les humains : « Les chiens vous regardent d'en bas, les chats vous regardent de haut. Un cochon vous regarde dans les yeux… comme un égal ».

CLAUDE COSSETTE

ENSEIGNER AVEC DES PARTENAIRES À QUATRE PATTES

Ann-Joëlle Debigaré est une amoureuse des animaux. Quand elle a décidé d'ouvrir Franc-Parler, sa clinique d'orthopédagogie, sa vision était claire. Elle voulait exercer dans un environnement chaleureux et confortable et s'entourer de collègues poilus. Elle accueille donc les enfants et les adolescents chez elle, en compagnie du lapin Bruce ainsi que des cochons d'Inde, Nelson, Archimède, Violette et Lili. La diplômée en enseignement en adaptation scolaire et sociale est sur le point de terminer une attestation d'études collégiales (AEC) en stratégies d'intervention en médiation animale — zoothérapie. D'une durée de trois ans à temps partiel, cette formation prépare les professionnels à intégrer l'assistance d'un animal dans leur pratique. Les matières abordées vont de la planification des interventions aux soins à donner à l'animal.

Le chien est privilégié dans le cadre de l'AEC, mais les apprentissages se transposent aux autres espèces. Ann-Joëlle affirme que les effets sur les enfants sont similaires, quel que soit l'animal. « Ce qui est différent, c'est les interventions que tu peux faire, précise-telle. C'est plus varié avec un chien qu'avec un cochon d'Inde. Mon but avec la clinique, c'était de découvrir ce que les petits animaux peuvent apporter. »

AU-DELÀ DES BÉNÉFICES

SCOLAIRES

Inconsciemment, selon elle, les enfants pensent que si elle s'occupe bien de ses petits compagnons, elle prendra bien soin d'eux aussi.

Celle qui travaille entre autres auprès de jeunes vivant avec le trouble du spectre de l'autisme, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité ou anxiété constate les bienfaits qu'apporte la présence d'un animal sur plusieurs aspects du développement de l'enfant. Elle remarque que les cochons d'Inde et le lapin ont un effet apaisant. Ils peuvent aussi aider à améliorer la confiance en soi ou la persévérance. Si Bruce est caché, par exemple, elle encourage les enfants à le faire sortir de son abri en essayant différentes tactiques.

Ann-Joëlle Debigaré en compagnie de Nelson, un cochon d'Inde qui prend part aux séances d'orthopédagogie à la clinique Franc-Parler.

élèves ont adoré, témoigne AnnJoëlle. Loulou a été exemplaire. Elle allait vers les enfants, elle les sentait, elle retournait dans son espace pour jouer avec ses jouets, elle me suivait aussi. Les élèves voulaient tous la toucher. »

« Mon but avec la clinique, c'était de découvrir ce que les petits animaux peuvent apporter. »

Ann-Joëlle Debigaré

Les animaux permettent également de faire des parallèles avec la façon d'interagir avec les autres. « La zoothérapie c'est ça. Oui, tu peux faire des activités pour travailler la motricité fine, la résolution de problème, mais il y a tout le côté relation qui est tellement intéressant », souligne Ann-Joëlle. Tandis que l'école propose un cadre plus rigide, la clinique Franc-Parler permet davantage de flexibilité. Il est plus facile de respecter le rythme de l'enfant. L'animal peut aussi servir de prétexte pour prendre une pause si le jeune semble en avoir besoin.

LOULOU À L'ÉCOLE

Avant même que les jeunes franchissent la porte de sa maison, les animaux ont déjà un effet positif sur leur motivation. Ann-Joëlle raconte qu'ils ont hâte aux séances et qu'ils sont prêts à apprendre. « Le milieu, les animaux, les interventions, c'est un tout, soutient l'orthopédagogue. Ça amène une confiance quasiment d'emblée ».

Depuis janvier, Ann-Joëlle étend son approche à l'école du Vignoble, où elle enseigne l'anglais intensif aux élèves de 6e année. Loulou, un berger australien de 11 ans, l'accompagne plusieurs fois par semaine dans le cadre de son stage de fin d'études. Le projet a été bien reçu, tant par la direction de l'école que par les parents. Dès le premier jour, l'expérience a été positive pour tout le monde. « Les

En classe, Loulou est intégrée aux activités pédagogiques. Les élèves peuvent avoir comme tâche d'interagir avec elle tout en nommant à voix haute en anglais ce qu'ils font. Pour les enfants qui aiment moins cette matière ou pour qui elle est plus difficile, c'est une source de motivation importante.

Les chiens mis à contribution en médiation animale doivent être curieux, prendre des initiatives, bien écouter et aimer jouer. Ils peuvent être utiles dans divers milieux et auprès de différentes clientèles. « Selon la personnalité du chien, on peut aller dans les écoles, dans les centres pour personnes âgées, dans les centres jeunesse, c'est vraiment varié », explique l'orthopédagogue.

Ann-Joëlle envisage déjà la suite pour sa clinique. Elle aimerait s'allier avec d'autres professionnels, notamment en orthophonie et en éducation spécialisée, et peut-être ouvrir de nouveaux points de service. Une chose est sûre, elle souhaite toujours être assistée dans son travail par de petites bêtes poilues.

GENEVIÈVE TURCOTTE

Photo : Geneviève Turcotte

AIDER SANS CONDITION : LE COMBAT DE MARIE-CLAUDE DION

Pourquoi les sans-abri se permettent-ils d'avoir des animaux de compagnie ? « Pour les mêmes raisons que n'importe qui ! » répond Marie-Claude Dion, la fondatrice de l'organisme 5e Patte. Lors de notre entrevue, elle insiste sur le fait que « nos bêtes nous tiennent compagnie, nous réchauffent le corps et le cœur. », des bienfaits que n'importe qui en quête de compagnie peut comprendre.

Vous l'avez peut-être déjà croisée dans la rue en train de distribuer de la nourriture pour les animaux, des vêtements et de s'assurer que personne ne soit en danger. Marie-Claude fait partie de ces héros silencieux qui passent le réveillon de Noël dehors, avec ceux qui n'ont personne avec qui partager un peu de réconfort. Elle associe sa motivation d'aider les autres à ses parents, notamment aux valeurs chrétiennes qu'ils lui ont léguées.

Il y a quelques années, le besoin de Marie-Claude de comprendre la réalité quotidienne d'une personne sans-abri l'a amenée à adopter ce mode de vie durant plusieurs semaines. Cette expérience l'a profondément marquée et enrichie dans ses entreprises communautaires. Depuis, elle fait partie du Conseil d'administration de Point de Repère, organisme de prévention en matière de santé, offre régulièrement ses services à Lauberivière et cherche toujours à s'impliquer dans la vie communautaire de Québec.

Le vécu de Marie-Claude fait en sorte qu'elle connaît intimement les besoins des personnes en pré-

carité économique ainsi que de leurs animaux. C'est pourquoi elle a pris l'initiative de créer cet organisme à but non lucratif. Les services de soutien communautaire de Pech, en basse-ville de Québec, encadrent des citoyens en processus de rétablissement, les supportent dans leurs projets d'implication communautaire en se focalisant sur leurs forces. C'est en passant par leurs services que 5e Patte voit le jour en 2018. Depuis sa création, l'organisme a pu récolter des tonnes de caisses de nourriture et d'accessoires (laisses, harnais, jouets, etc.). Ces dons ont été distribués notamment lors de la Nuit des sans-abri, du Salon Info-Canin et lors d'interventions personnelles de Marie-Claude dans la rue. 5e Patte travaille présentement à construire un réseau

de vétérinaires prêts à offrir leurs services aux animaux dans le besoin.

« Les animaux, ils aiment de manière inconditionnelle. Moi aussi j'aide de manière inconditionnelle. »

Marie-Claude Dion

« Les animaux, ils aiment de manière inconditionnelle. Moi aussi j'aide de manière inconditionnelle, » partage Marie-Claude, soulignant un principe fondamental de son engagement. Sa résilience, sa persévérance et son empathie se sont bâties au fil des épreuves. Ces qualités, qu'elle admire tant chez les animaux, sont au cœur de son engagement quotidien. À travers ses initiatives, Marie-Claude nous rappelle que même les plus modestes gestes de solidarité, qu'il s'agisse de répondre à l'appel d'une main ou d'une patte en difficulté, peuvent insuffler de l'espoir et transformer des vies.

Si vous souhaitez rendre service à l'organisme, vous renseigner sur le fonctionnement des dons et suivre l'aventure de Marie-Claude, dirigez-vous sur la page Facebook de 5e Patte : https://www.facebook.com/5epatte

Photo : Thibault Fernandez/La Quête
Marie-Claude Dion, fondatrice et coordonnatrice de 5e Patte, connaît intimement les besoins des personnes en précarité économique ainsi que ceux des animaux.

SUIVEZ LES PISTES DE LECTURE

Si vous avez déjà partagé votre vie avec un compagnon à poils ou à plumes, vous avez sûrement ressenti ce lien si riche et spécial qui vous unit. Cette relation profonde se développe au-delà du langage, mais son impact émotionnel, social, affectif et même physique est bien réel et documenté.

Quand vient le temps de mettre en mots une amitié si unique, comme à l'habitude, la littérature la décline de mille fabuleuses manières. Voici donc une liste de lecture pour les amoureux des animaux, petits et grands. Réconfort garanti !

Croc-Blanc, de Jack London

Ce classique paru en 1906 est un incontournable pour se rappeler que la relation entre l'homme et l'animal est complexe et intrinsèquement liée à notre nature sauvage. Croc-Blanc est une créature moitié loup, moitié chien qui grandit dans le Grand Nord canadien. On suit son parcours dans ce monde difficile, où il doit survivre aux intempéries et aux hommes qui cherchent à le domestiquer. Malgré les obstacles, Croc-Blanc se liera d'amitié avec un humain bienveillant. Ce roman explore des thèmes si profondément universels que l'espace-temps fait un pas en arrière pour laisser la place à la valeur des liens qui nous unissent avec les animaux, tirant, par le fait même, une larme ou deux…

La tristesse des éléphants, de Jodi Picoult

Si tous les romans de Jodi Picoult sont haletants et bien documentés, celui-ci est particulièrement émouvant. On y retrouve Jenna, qui, ayant perdu la trace de sa mère Alice à l'âge de trois ans, se donne pour mission de la retrouver. À travers une enquête

bien ficelée, parsemée de personnages attachants et parfois farfelus (j'ai adoré la voyante convaincue être connectée à l'au-delà !), on y découvre une femme complexe qui a consacré sa vie à l'étude du deuil chez les éléphants. Avec Jenna, on découvre que les liens filiaux indestructibles existent aussi chez les animaux, et que nos destins sont plus liés que l'on croit.

Qu'est-ce qui fait sourire les animaux ?, de Carl Safina

Ici on quitte la fiction pour en apprendre davantage sur les émotions que vivent les animaux. Loin d'être uniques aux humains, la joie, le chagrin, la colère, et même l'amour sont des sentiments ressentis par plusieurs espèces animales. C'est un pur plaisir d'accompagner Carl Safina au Kenya pour y observer les éléphants, à Yellowstone pour suivre une meute de loups, ou en plein cœur du Pacifique pour étudier les orques. Impossible de rester indifférent à ce livre empreint d'empathie qui nous fait vivre en temps réel toute une gamme d'émotions avec les animaux des quatre coins la planète.

Célibataire cherche animal de compagnie, de Marie-Krystel Gendron

Ce roman québécois au fort penchant humoristique est un véritable baume sur le cœur. Amélia vit difficilement le jour de son anniversaire depuis que son grand amour, Nicolas, l'a laissée à pareille date quelques années auparavant. Heureusement, cette vétérinaire passionnée dirige un refuge où elle se donne sans compter, et qui l'aide à passer à travers sa peine d'amour. Bien décidée à consacrer sa vie à ses animaux, avec lesquels elle a une relation presque fusionnelle, Amélie voit

Photo
Couverture de la première édition américaine de White Fang de 1906

SUIVEZ LES PISTES DE LECTURE (SUITE)

tout de même sa vie changer lorsqu'un bel inconnu débarque au refuge en quête d'un nouveau compagnon. J'ai été séduite par ce roman léger qui laisse une grande place aux animaux et à leur capacité à réparer tous les cœurs, même les plus brisés.

La version qui n'intéresse personne, de Emmanuelle Pierrot

Ce roman se situe dans un registre différent, on le voit tout de suite dès les premiers chapitres. Cru, émouvant et souvent drôle, le récit suit les aventures de Sacha et de son ami Tom de Montréal à Dawson City, au Yukon. Bohèmes et sans domicile fixe, les deux jeunes se joignent à cette communauté particulière de punks et autres vagabonds hétéroclites. Installés dans une cabane sans eau ni électricité, ils trouvent un peu de chaleur en Luna, une chienne qui s'immisce dans leur vie. La relation tumultueuse et ambiguë entre Tom

POUR LES PETITS

et Sacha se détériore en même temps que le désir d'émancipation de Sacha se fait de plus en plus fort. Les amants, les jobs mal payés, le chômage, la pandémie et les inévitables aléas d'une vie en communauté tissée serrée auront-ils raison de cette longue amitié ? Chose certaine, Luna est le phare qui illumine le chemin parfois très sombre de ces personnages ayant choisi comme refuge le Grand Nord pour oublier les problèmes laissés au Québec.

ISABELLE NOËL

La littérature jeunesse regorge de petits bijoux qui ne laisseront personne indifférent. Albums, romans, ou documentaires, ici, tous les animaux sont nos amis : du lion à la colombe… du renard au ouistiti !

• Un classique : Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry

• Pour apprendre la faune du Québec en s'amusant : Animaux du Québec + puzzle, COLLECTIF

• Une série épique en plusieurs tomes, pour les plus grands : La Guerre des clans d'Erin Hunter

• Pour les amateurs d'aventure et en apprendre plus sur les Premières Nations, suivez les aventures de Nathan (alias monsieur Baboune) dans Pas comme les autres, tome 1, de Patricia Raynault-Desgagné

• Le grand favori : Le fan club des petites bêtes d'Élise Gravel

LES CHIENS D’ASSISTANCE UN SOUTIEN QUOTIDIEN

Depuis sa création en 2021, l’organisme Médi-Chiens, basé à Québec, accompagne les personnes vivant avec des troubles mentaux, comme le stress post-traumatique, l’autisme ou l’anxiété. Sous la direction de Sarah Grenier, présidente et entraîneuse canine en chef, Médi-Chiens forme et accrédite des chiens d’assistance pour améliorer la qualité de vie des bénéficiaires. Cet organisme à but non lucratif unique en son genre mise sur des valeurs d’entraide et d’accessibilité, tout en offrant un soutien personnalisé à ses clients. Médi-Chiens est né d’une réalité concrète : le manque de ressources adaptées et accessibles pour les personnes ayant besoin de chiens d’assistance. Sarah ne trouvait aucune ressource qui convenait à ses besoins. Les méthodes traditionnelles ne répondaient pas à ses attentes, et il n’existait aucun programme canadien offrant une certification rigoureuse et personnalisée. Elle décide alors de lancer ses propres cours : elle suit une alors une formation qui lui permet de former les chiens d’assistance à sa manière. « Il y avait une grande demande et peu de ressources. Ma mère et moi avons fondé Médi-Chiens pour répondre à ce besoin, sans compromis sur nos valeurs », ajoute-t-elle.

La pandémie de COVID-19 a accéléré la création de l’organisme. Avec l’isolement forcé, les troubles mentaux se sont intensifiés pour de nombreuses personnes. Médi-Chiens a ainsi vu le jour en février 2021, dans l’objectif de redonner autonomie et confiance à ses bénéficiaires. « Nous ne fournissons pas de chiens. Nous aidons les gens à éduquer leur propre compagnon pour en faire un véritable soutien au quotidien », précise Sarah.

UNE MISSION HUMAINE ET ACCESSIBLE

Choisir d’être un OBNL était une évidence pour Sarah. « Faire de l’argent sur le dos des personnes en situation de handicap, ce n’est pas dans mes

valeurs. Il y avait un besoin réel, mais je voulais que les services restent accessibles, malgré les coûts élevés que ça peut représenter », souligne-t-elle. Médi-Chiens facture uniquement ce que coûte réellement la formation, et fonctionne grâce aux dons et à l’implication bénévole.

Sarah est la seule entraîneuse canine certifiée de l’organisme. Elle assure le suivi personnalisé de chaque duo maître-chien, accompagnée de quelques bénévoles qui se chargent de l’administration. Cette structure volontairement réduite permet de conserver un contact humain essentiel pour elle. « Je tiens à garder cette proximité avec chaque personne, c’est ce qui fait la différence. »

L’objectif principal de Médi-Chiens est de permettre à ses bénéficiaires de regagner leur autonomie et leur indépendance. « Le chien d’assistance devient un allié pour des tâches de la vie quotidienne. Il aide à sortir de la maison, à gérer les crises d’anxiété ou à prévenir les flashbacks traumatiques. Grâce à lui, plusieurs peuvent retrouver une vie normale et surmonter leurs peurs », raconte Sarah. Elle explique que les chiens sont formés pour sentir la détresse de l’humain et l’accompagner dans la diminution des symptômes anxieux. Chaque bénéficiaire passe par un processus d’évaluation avant de commencer les cours, afin de s’assurer que leur chien est apte à jouer ce rôle. Il doit notamment démontrer un tem-

pérament stable et être à l’aise en présence d’autres personnes et animaux. La formation, qui dure en moyenne six mois, dépendamment du niveau d’entraînement déjà acquis par le chien et de l’implication du maître. L’apprentissage est progressif et personnalisé, avec des suivis réguliers pour évaluer les progrès et réajuster les objectifs si nécessaire.

MOMENTS FORTS ET VISION

D’AVENIR

Pour la propriétaire, chaque certification est un moment émouvant. « Voir l’évolution autant du chien que du maître, c’est quelque chose de magique. Je me souviens d’une personne qui, après deux ans d’entraînement, a passé haut la main son évaluation finale. Elle était devenue plus confiante et indépendante. Ce sont ces moments qui me rappellent pourquoi je fais ce travail. »

Médi-Chiens souhaite continuer sur cette lancée, tout en gardant son approche humaine et personnalisée. L’organisme espère aider un maximum de personnes, sans pour autant perdre son identité de petit OBNL proche de ses bénéficiaires. « L’important est de prendre le temps nécessaire avec chacun, pour qu’ils puissent vraiment en tirer le maximum de cette expérience », conclut Sarah Grenier.

MARIE-FRÉDÉRIQUE CLÉROULT

Photo
Sarah Grenier
Le chien d’assistance et fidèle compagnon de Sarah Grenier incarne lui aussi la mission de Médi-Chiens : offrir soutien et autonomie aux personnes vivant avec un trouble de santé mentale.

DÉMYSTIFIER LE SIDA FÉLIN

Le sida félin est une maladie qui touche de nombreux chats. Bien qu'elle soit méconnue, elle peut avoir des conséquences graves pour certains d'entre eux. Souvent sans symptômes apparents, elle peut même s'avérer fatale.

Le sida félin, ou virus d'immunodéficience féline (FIV) est en réalité un virus qui s'attrape par le sang. « Ça va s'attraper beaucoup par les morsures de chat », confirme Alexandre Burelle, vétérinaire et directeur médical à l'Hôpital vétérinaire Les Rivières.

Le virus se transmet généralement lors de bagarres entre chats errants. Il peut aussi se transmettre de la maman au chaton, lors de la gestation.

« Il peut également exister une transmission par voie sexuelle, lors de l'accouplement, ou lors de la gestation, de la femelle aux petits », explique la société pharmaceutique internationale MSD Santé Animale, sur leur site Web. Un test sanguin suffit pour détecter si un chat est porteur. En moins d'une heure, le propriétaire reçoit les résultats, normalement.

La première phase lorsqu'un chat est infecté est l'épisode aigu. Les symptômes peuvent s'apparenter à un rhume. « C'est juste le début », précise M. Burelle. Par la suite, le chat va tomber dans une phase latente. Le virus est alors en dormance et le chat ne présente aucun symptôme. Cette phase peut durer de quelques semaines à des années.

« J'ai des patients qui peuvent vivre une vie entière en étant porteur et qui n'auront jamais la maladie », poursuit le vétérinaire.

La durée de vie du chat n'est pas affectée tant et aussi longtemps que la maladie reste en dormance. Afin de s'assurer que la maladie reste en dormance, le propriétaire d'un chat atteint du sida félin doit prendre quelques précautions. Il doit s'assurer que son animal maintienne

une bonne santé buccale et une alimentation adéquate. « C'est des chats qui vont être plus à risque éventuellement de développer des infections. »

CAS PAR CAS

Lorsque la maladie sort de la phase latente, des symptômes comme une fièvre intense, une perte d'appétit, ainsi qu'une infection dans la bouche ou les yeux peuvent survenir. Selon M. Burelle, il s'agit toutefois d'une maladie qui ne se présente pas avec des symptômes clairs. Le système immunitaire du chat est en réalité la cible de la FIV.

« Ce n'est souvent pas le virus luimême qui va être létal, mais plus les effets secondaires », explique le vétérinaire.

COMPARABLE AU VIH

Dans plusieurs aspects, le sida félin est comparable au sida, ou le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Dans les deux cas, le virus affaiblit le système immunitaire, ce qui provoque davantage de problèmes médicaux, pour les deux espèces. Les consultations et les traitements vétérinaires peuvent également générer des frais importants pour les propriétaires.

Heureusement, la maladie n'est pas transmissible entre espèces. « On ne peut pas l'attraper du chat et nous, on ne peut pas leur donner », confirme M. Burelle.

UNE CONDAMNATION ?

À la clinique de l'Hôpital vétérinaire Les Rivières, deux employés ont un chat porteur de la maladie. Une normalité qui semblait inconcevable, il y a de cela quelques années. « Quand j'ai gradué, c'était pratiquement un critère d'euthanasie », se désole le vétérinaire. Le but était principalement de ne pas propager le virus. « C'était automatiquement une condamnation. » Aujourd'hui, sachant que la maladie peut être en dormance pendant plusieurs

années, voire pour la vie entière de l'animal, les chats atteints du sida félin sont mieux encadrés. « Ce n'est pas comme c'était avant, on est beaucoup plus en connaissance de cause. »

Pour Gabrielle Brousseau, étudiante à l'Université Laval, une simple visite chez le vétérinaire s'est transformée en cauchemar. Le diagnostic tombe : Geos, sa chatte de huit ans, est atteinte du sida félin. « Au début, les vétérinaires n'étaient pas très encourageants et ils avaient mentionné que l'euthanasie serait préférable », déplore-t-elle. Malgré les conseils des vétérinaires, elle a décidé de donner une chance à la maladie. Six ans plus tard, Geos se porte à merveille et n'a jamais vécu d'épisodes aigus.

GABRIELLE PICHETTE

Photo Courtoisie Gabrielle

Enquêtede sens

L'OUBLI DE LA FUGUE

UNE CHRONIQUE MUSICALEMENT AUGMENTÉE HRONIQUE

« Bach est la seule chose qui vous donne l'impression que l'univers n'est pas raté. — Cioran

Une mélodie célibataire rencontre une autre mélodie… Une question est posée. Une réponse est donnée. Il semble y avoir un problème, une dispute… Ou est-ce un secret ? Une déclaration d'amour ? Dans une succession de questions et de réponses, un dialogue s'engage, une co-respondance… Voilà qu'elles s'enlacent maintenant ! Elles dansent ! S'évadent… ELLES FONT UNE FUGUE !

Toute la musique que vous écoutez aujourd'hui est constituée en gros d'une ligne mélodique simple et d'un accompagnement sous forme d'accords. Mais il y a une autre manière de composer, tombée depuis longtemps en désuétude, avant même la musique classique, le contrepoint : l'art de faire chanter plusieurs mélodies simultanément. La fugue étant la forme la plus achevée de cette discipline et Jean-Sébastien Bach (1685-1750) le maître incontesté.

la totalité. C'est sa morphologie qui provoquera les incidents musicaux et engendrera ses propres règles — différentes pour chaque fugue. Ce qui donne à cette musique son aspect absolu, nécessaire, organique, qui évolue comme quelque chose de vivant. Avec sa pulsation vitale qui invite les muscles à la danse, la fugue, conduite par Bach, tient l'esprit en contemplation, laissant l'être tout entier à l'extase. La complexité de certaines fugues nous conduit parfois aux limites de la perception. Une réelle satisfaction attend alors l'œil de l'esprit qui parvient à saisir tous ces linéaments en un seul regard. Confronté à ce qui le dépasse, l'auditeur a le pressentiment d'un invisible ordre supérieur, situé dans un ailleurs inatteignable. Devant la simple beauté de l'organisation, il ne peut que jouir de sa participation au mystère [QR2] (fugue à 7 voix).

PORTRAIT DU GÉNIE

Si l'on devait ajouter une troisième mélodie au dialogue commencé plus haut, on parlerait d'une fugue à trois voix. Pour un musicien seul, à six voix, on est pas mal au taquet. Ce qu'il faut comprendre c'est que chaque voix pourrait être jouée indépendamment en gardant sa cohérence et sa beauté. Cependant qu'entrelacée amoureusement aux autres, elle acquiert une tout autre couleur et s'épanouit telle une amante exaltée — qui ne devient cependant jamais ennuyeuse comme un accompagnement. Ici tout est mélodie Personne n'accompagne personne. Chaque voix a sa personnalité propre, bien que toutes concourent au même but. Une sorte de communisme musical accompli. [Pour comprendre comment ça fonctionne, balayez les codes QR. (Fugue à 4 voix).

Comme une énigme à résoudre, chaque fugue est une sorte d'équation. Le thème (appelé sujet) se présente comme un problème dont il faut trouver la solution. Les voix se superposent harmonieusement, collaborent pour trouver une voie, un trajet hors de ce labyrinthe qui s'édifie à mesure qu'elles progressent. À notre oreille, le sujet semble fuir d'une voix à l'autre, d'où l'appellation de « fugue ». En grand ordonnateur de cette féérie mathématique, Bach agit tel un anti-ordinateur biologique qui parvient immanquablement à découvrir la solution optimale, concise et élégante. La fugue est autogénératrice. La cellule thématique initiale y est le cœur nucléaire d'où s'éploie

Mais peut-être que vous ne connaissez pas bien Jean-Sébastien Bach : génie de la science acoustique, inventeur de plusieurs instruments, c'est grâce à lui qu'on accorde nos pianos comme on le fait et qu'on emploie les pouces pour en jouer. Apparemment, personne n'y avait pensé avant. Ah ! et c'est juste le plus grand artiste de tous les temps, tous arts confondus. Prétendre le contraire serait se couvrir de ridicule. Sans compter les nombreux manuscrits perdus, son œuvre compte 1080 opus ! Presque tous des chefs-d'œuvre incontestables. Seulement neuf sont édités de son vivant. Non pour laisser une œuvre, mais pour léguer une collection d'études didactiques à l'usage des disciples. Contrairement aux autres maîtres, Bach a un réel sens de la pédagogie. S'il pouvait voir qu'en ce moment même, partout dans le monde, des milliers de musiciens apprennent leur instrument avec ses partitions. Pas un seul violoncelliste sérieux qui ne planche quotidiennement sur ses Suites pour violoncelle. L'histoire du violoncelle commence et finit avec ses Suites... Même chose pour l'orgue avec l'Orgelbüchlein. Les pianistes ont l'embarras du choix. Le Clavier bien tempéré par exemple, l'« évangile de la tonalité » : 48 préludes et 48 fugues prouvant qu'on peut moduler dans tous les tons et demi ton possible, etc.

Incontournable, définitif, exhaustif… dès qu'il s'attelle à une tâche, Bach en épuise les possibilités, dépassant

(SUITE)

tout ce qui a été fait dans le domaine auparavant. À son époque par contre, il ne jouit pas d'une telle autorité. Il est re connu comme expert en facture d'orgue, a une certaine réputation de virtuose autour de son patelin, mais le compositeur est igno ré. Pour nous, sa musique demeure ac tuelle, mais pour ses contemporains, Bach n'apparaît pas du tout à l'avant-garde. Au contraire, on le juge déjà dépassé avec ses sempiternels contrepoints alambiqués. « Trop fatigant », dira Mozart. Les adeptes du nouveau style galant, allégé et guilleret, ne comprennent plus son architectonique savante. Soumis à cette mode italianisante, qui éclipse progressivement la fugue, même ses fils sont plus connus que lui. Mais Bach, qui n'a jamais été à la mode, reste sourd à cette agitation. L'air du temps n'a au cune prise sur lui. La fugue n'étant pas assu jettie à un goût frivole éphémère, elle est ulti mement indémodable et sera toujours appréciée des connaisseurs.

L'ÂGE DE LA DÉRAISON

rie. Sans Bach, elle n'est plus le moteur tentaculaire de la musique, mais un simple moyen d'exhiber son savoir-faire devant le professeur, ou de briller dans une conclusion grandiloquente. Elle cesse d'être une sagesse, se fige dans l'académisme, devient frigide et pénible même aux musiciens. Au moment précis où Bach la conduisait à son apogée, la fugue disparaissait du paysage. Il aurait dû être un début, il fut une fin, un carrefour où culminèrent après des siècles d'une lente progression les diverses traditions de toute l'Europe.

À la fin de sa vie, Bach se retire dans son monde idéalisé de créateur, s'installant à demeure en la fugue pour la vivre désormais. À l'opposé du processus historique, il va chercher encore plus loin dans le passé, jusqu'à la polyphonie du Moyen Âge… Et « plus il assume le passé, plus il devient prophétique » (L-A. Marcel). Libéré de toute contrainte mondaine, il décroche définitivement. N'écrivant plus que pour luimême, il nous laisse ses plus belles pages : les trente Variations Golberg, qui réduisent à néant toutes tentatives du genre [QR3], la musique extraterrestre, surnaturelle, de l'Offrande musicale ; la Messe en si, « plus grande œuvre d'art musicale de tous les temps et de tous les peuples » (H.G. Nägeli) ; et l'ultime Art de la fugue, synthèse terminale qui atteint une telle perfection dans l'abstraction que certains ont considéré qu'elle n'était pas conçue pour être jouée, mais seulement à contempler dans la beauté architecturale de sa partition. Après sa mort, son fils fait graver ce monument pédagogique, en offre quelques exemplaires aux amis, mais doit finalement se résoudre à vendre les plaques au poids du cuivre qui sera fondu… C'est ainsi que la fugue se dissout discrètement dans la théâtralité, le spectacle et l'affectation de la galante-

Différentes musiques conduisent à différents types d'existences. Il faut bien choisir ce que l'on écoute [QR6].

À suivre…

Si Bach est né dans une époque où l'angoisse religieuse cohabite avec la fierté scientifique, le « Siècle des Lumières », au milieu duquel il mourra, va voir s'allumer une logique et un calcul qui prétendront tout éclairer, prévoir et expliquer, mais laisseront dans la pénombre la mathématique poétique de la fugue. La musique quitte l'Église pour aller au théâtre. Et c'est un drame qui s'y joue. L'oubli de la fugue est l'événement spirituel le plus tragique de l'histoire de l'art occidental. Heureusement, le rayonnement du « plus ancien des musiciens de l'avenir » (C. Frank) est tel qu'il continue à produire de la musique dans d'autres époques que la sienne [QR4] (version de l'auteur). Bach ne précisant pas toujours sur quels instruments jouer ses partitions, sa musique possède un caractère d'abstraction instrumentale, une universalité qui la rend adaptable à toutes les transpositions imaginables [QR5] (version jazz). Même jouer sur une scie ou une crécelle, sa musique resterait supérieure à toute la pop-rock-hip-hop-K-pop…

Illustration

ADOPTION À L'INTERNATIONAL LES SURVIVANTS DE LA CHASSE EN ESPAGNE

Plus de 100 000 galgos et podencos, des lévriers utilisés pour la chasse en Espagne, sont tués ou abandonnés chaque année, selon de nombreuses associations de défense des animaux. Cette pratique, qui perdure depuis des centaines d'années, est fortement réprimandée par ces dizaines d'associations, dont une basée au Canada depuis près de 10 ans, la Extraordinary Galgos and Podencos (EGP).

En Espagne, la chasse sans fusil est une pratique ancestrale qui utilise plus particulièrement les lévriers comme outil de travail. Outre la chasse, ils sont également utilisés à des fins de paris sportifs pour gagner des courses ou des combats. Ces traditions, jugées barbares et archaïques par de nombreuses personnes, sont seulement la pointe du glacier.

En effet, si ces petites bêtes à quatre pattes ne satisfont pas les critères ou bien ne performent pas, elles connaissent une triste fin. Elles sont soit abandonnées en bordure de route, dans les déserts ou bien, selon les traditions des galgueros, les chasseurs, ils sont pendus. Les chiens survivants sont également maintenus dans des conditions insalubres, enchaînés et sous-alimentés. Le tout fait en sorte que les lévriers font partie des chiens les plus martyrisés au monde. C'est ce qui pousse les militants à créer des organismes pour venir en aide à ces chiens partout à travers le globe.

« CHANGER LE MONDE UN CHIEN À LA FOIS »

Ce mantra de l'organisme Extraordinary Galgos and Podencos (EGP) est au cœur de leur mission et fait partie de l'identité de sa présidente Tania Schmitt, lit-on sur leur site Web. L'organisme est né de la vo-

lonté de sa présidente de venir en aide à ces chiens après avoir pris connaissance de leur réalité. Officialisée en 2016, la EGP sert d'intermédiaire entre les refuges en Espagne et les adoptants au Canada. L'organisme effectue également une recherche rigoureuse quant à la compatibilité de l'adoptant et de l'adopté, ainsi que dans l'évaluation des risques reliés aux fugues. Constitué à 100 % par des bénévoles, l'organisme à but non lucratif a aidé plus de 830 chiens, à ce jour. Sa mission s'étend même aujourd'hui jusqu'aux déserts du Moyen-Orient au Bahreïn.

ZAHRA, SURVIVANTE AU BAHREÏN

C'est le cas de la petite Zahra, une Saluki rescapée en août 2024 au Bahreïn. Zahra a été abandonnée avec un confrère en bordure de route par un éleveur de chiens de chasse très connu par les associations de ce coin. Cette dernière, n'ayant aucun instinct de prédation, n'était pas à la hauteur et ne valait rien aux yeux de son éleveur. Elle a été sauvée par l'organisme Raise of Hope for Dogs in Bahreïn, pour ensuite être adoptée, grâce à la Extraordinary Galgos and Podencos (EGP), par Geneviève Daoust à Montréal. Après environ 18 heures de vol, les petites pattes tremblantes de stress de Zahra ont touché le sol montréalais, le 11 septembre 2024.

Pour l'adoptante, le meilleur des deux mondes était de ravoir un lévrier suite à la perte de son lévrier whippet de 12 ans et d'en sauver un. « C'était important pour moi de sauver un animal. Il y en a tellement qui ont besoin de foyers. »

La petite chienne, qui a vécu plusieurs traumatismes, a développé une phobie des voitures à la suite de son abandon. Selon les obser-

Zahra, qui se rétablit d'une fracture ouverte complète du tibia, suite à une fugue quelques semaines après son arrivée à Montréal.

vations de son adoptante et EGP, elle aurait également été battue puisqu'elle se sauve ou se cache au moindre mouvement. L'histoire et les difficultés de Zahra font son charme aux yeux de sa maîtresse. « Toutes les plaies peuvent être guéries par la patience et l'amour. ». Malgré les pièces manquantes à son histoire, Zahra est tout de même considérée comme une chienne ayant eu peu de problèmes. Les chiens rescapés, malgré la mutilation et la maigreur extrême, font partie des plus chanceux, parce qu'ils ont une chance de guérir, selon EGP.

MARIANNE POITRAS

Photo
Genevi
Daoust,
adoptante

DES ANIMAUX ET DES HOMMES

« Le pauvre petit minou frissonnait derrière la porte… Il me regardait avec ses grands yeux tristes… On va le garder, hein ? Dis oui, j'vais m'en occuper tout l'temps… »

Que l'on préfère les chiens, les chats, les deux ou pas d'animal du tout, difficile de résister à l'enfant qui vous accueille avec une surprise poilue dans les bras. Contre toute logique, vous fondez et quelques jours après, le « pauvre p'tit minou » règne dans la maison. Il dort en boule sur le coussin de la chaise réservée à grand-papa, se réfugie sur la tablette au-dessus du frigo sitôt qu'un étranger paraît et personne n'insiste sur ses « p'tits oublis ».

Minet passe ses nuits et ses jours bien au chaud, logé, nourri, soigné et la famille s'initie en grognant aux règles de la vie en compagnie d'un animal de… compagnie pas encore propre.

« C'est comme un enfant de plus dans la maison », observe le neveu, spécialiste en informatique qui participe, à distance et en images, à une réunion familiale.

Célibataire, libre et endurci qui s'est longtemps dit allergique aux chats, il présente sa nouvelle blonde, débarquée dans sa vie accompagnée, tous les quinze jours, d'une gamine en garde partagée et d'une chatte de race héritée d'une amie mourante qui s'inquiétait du sort de son animal de compagnie. Maladroitement, il tente d'expliquer ces changements, mais la nouvelle blonde intervient : « C'est pour ça que tu as adopté la Norvégienne ? Une de plus ou une de moins, c'est le même trouble ? »

Devant la famille étonnée, le pauvre tente de rétablir les faits : « Oui, non… Norvège, c'est le nom que j'ai donné à une chatte qui faisait le tour des balcons en marchant sur les clôtures, l'été passé. Un midi que je cuisinais au BBQ, elle s'est arrêtée et je lui ai offert un bout de saucisse de poulet qu'elle a dévoré puis m'a regardé en attendant la suite. Comme je ne lui en proposais pas, elle est dignement retournée sur sa clôture.

»

Sans pitié, la blonde ajoute : « Et après… » et lui bafouille « Ouais, elle est revenue et chaque fois que j'étais dehors, elle me faisait du charme, me suivait partout… J'ai fini par la laisser entrer dans la maison et depuis, ben elle est là… Elle s'appelle Norvège parce qu'elle ressemble à un Norsk Skogatt… » Il regarde sa copine et sourit : « T'as fait la même chose qu'elle, mais ça a pris plus qu'un steak pour que tu reviennes ici… »

Pendant que s'échangent entre nos deux jeunes bourgeois et la famille les histoires des bébés à poils, je repense à la superbe chatte d'Espagne que ma mère avait laissée entrer dans notre vieille maison de ferme désertée par tous, sauf les souris du voisinage… C'était la seule bête dont maman tolérait la présente près des enfants. Notre minoune a chassé la vermine et vécu jusqu'à 18 ans, ajoutant, au fil des ans, quelques minets jaunes dans notre environnement.

On peut jouer les indifférents, mais quand on a grandi avec des animaux dans les parages, on résiste mal à la tentation d'en avoir un avec soi. Au Québec, on trouverait plus d'un million de chats et presque autant de chiens répartis dans plus de la moitié des foyers. Et personne ne compte les poissons d'aquarium, les oiseaux en cage, les lapins, les hamsters et autres petits rongeurs, les tortues et les reptiles, tous considérés comme animaux de compagnie.

Tout cela suppose des conditions idéales qui, de nos jours, ne sont cependant pas le lot de tout le monde. La présence d'un animal est souvent interdite dans un logement loué. Or, depuis 2020, le nombre de ménages propriétaires de leurs résidences diminue constamment. Il se situait à moins de trois sur cinq en 2022. Et l'inflation touche aussi la nourriture et les soins nécessaires, même pour l'animal que l'on garde « pour son agrément », comme dit la loi québécoise sur la protection, le bien-être et la sécurité des animaux.

À l'époque où il s'initiait au dressage de ses chevaux, Jack London, l'écrivain aventurier américain auteur de Croc blanc (White Fang) et L'appel du Nord (The Call of the Wild), écrivait : « Les torts de l'homme envers les animaux doivent être attribués aux mêmes causes que ceux infligés à l'homme par l'homme. » Apprendre à respecter les bêtes aide à en faire autant pour nos frères humains.

MARTINE CORRIVAULT
Corrivault

L'ESPOIR AU CUBE

BÊTES ET BIBITTES

Quand j'étais jeune, nous avions adopté un petit chat que nous avions nommé Griset. Ce cher animal est passé à un cheveu de mourir prématurément. Il faut que je vous raconte pourquoi.

Je regardais dehors à la fenêtre du salon et je voyais Griset qui regardait lui aussi. À ce moment-là, j'avais des idées délirantes. Je me disais : ce chat est un démon, son âme n'a pas l'esprit du Christ. Il doit mourir. Puis je me raisonnais et me disais : ce chat ne fait rien de mal, c'est un animal de compagnie, toute la famille l'aime. Puis je me disais que c'était moi qui avais un démon. Je croyais que j'irais en enfer. Puis, je me suis ramassé à la clinique Roy-Rousseau où j'ai appris que j'avais fait un délire mystique. Je ne suis pas resté longtemps, à peine un mois. Puis après m'être débarrassé de mes bibittes, je suis reparti chez moi et tout s'est bien passé pendant plusieurs années.

Ce n'est que plus tard, lorsque j'ai commencé mon baccalauréat, que j'ai eu à nouveau des problèmes psychiatriques et ai été hospitalisé. J'ai connu alors un autre gars qui avait la même maladie que moi, la schizophrénie. Lui, il nous racontait qu'il avait tué un chat parce qu'il croyait que c'était un vampire. Ce gars ne ferait pas de mal une mouche. Pourtant, dans son délire, il croyait bien faire. La dernière fois que je l'ai vu, il dessinait et laissez-moi vous dire que ce gars-là a beaucoup de talent. J'ai appris par la suite qu'il était inscrit aux ateliers Vincent et moi. Ce sont des ateliers d'art, pour ceux qui ne le savent pas. Je fais aussi partie de ces ateliers d'art et parfois je peins des félins. Le chat est mon animal préféré.

Ce n'est pas nouveau que les chats sont associés au mal. On les a souvent associés à la magie et aux sorcières. Ici, en Amérique, on dit que les chats noirs portent malheur, alors qu'en Angleterre, on croit que ce sont les chats blancs qui portent malheur. Je ne crois pas à ces histoires. Pour ma part, que les chats soient noirs ou blancs, ça n'a pas d'importance. Ce sont des animaux qu'il faut aimer et protéger. Même chose pour les humains ; la couleur de la peau n'a pas d'importance.

Pour tout dire, nos petites bêtes nous sont souvent bien agréables et elles le seraient bien plus encore si nos préjugés n'étaient pas si nombreux. J'ai parlé des chats, mais c'est vrai pour tous les animaux, y compris l'être humain. Si nous les traitons bien, nous pourrons en voir les bénéfices.

MICHEL POTVIN
Illustration
:Michel Potvin

LA QUÊTE DES MOTS

LA QUÊTE DES MOTS

PAR JACQUES CARL MORIN ET LISE GRAVEL

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L'AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D'UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou d éjà inscrites. Chaque case grise représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant.

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Verticalement :

1- Les __________ de Cherbourg.

1- Les __________ de Cherbourg.

20- Les ________ de Belleville.

20- Les ________ de Belleville.

Horizontalement :

Horizontalement :

1- Paul St-Pierre Plamondon. Sparadrap, compresse. Bois précieux. Pays arabe du golfe Persique.

6- Paquets de billets. Demander avec insistance (CROITSLLEI). Partie du lapin.

1- Paul St-Pierre Plamondon. Sparadrap, compresse. Bois précieux. Pays arabe du golfe Persique.

2- Fruit à noyau lisse. Matelot qui tient la barre du gouvernail. Sévérité inflexible.

7- Planète. Fonction du prêtre. Le plus haut sommet de la Terre.

2- Fruit à noyau lisse. Matelot qui tient la barre du gouvernail. Sévérité inflexible.

3- Commérages. Détenu (QUETERSES). Sans connaissance.

3- Commérages. Détenu (QUETERSES). Sans connaissance.

8- Révoltés. Surcharge, surplus (TROCIRSU). Charles, le « fou chantant ».

4- Il joue un rôle. Pas souvent. Tapis des judokas. Indication géographique protégée.

4- Il joue un rôle. Pas souvent. Tapis des judokas. Indication géographique protégée.

9- Poisson volant. Gagner, vaincre. Ressentiment.

5- Clairvoyant, vigilant (YTRAPENOV) Flétan du Groenland. Boulot, gagne-pain

5- Clairvoyant, vigilant (YTRAPENOV). Flétan du Groenland. Boulot, gagne-pain.

6- Paquets de billets. Demander avec insistance (CROITSLLEI) Partie du lapin.

10- Bêtisier (SRSTTIIEO). Effacer. Raccommodés (SPIERACE). Réponses au jeu p.29

L'ASSAISONNEMENT DU QUOTIDIEN

La première petite bête qui m'a accompagné lorsque j'étais un jeune bébé dans son carrosse était Dolce, un chien de taille moyenne qui appartenait à mon père : un chien très doux et super gardien. Lorsque ma mère me laissait à l'extérieur, dans mon carrosse, Dolce avait pour mission de me protéger. Si quelqu'un s'approchait sur le terrain familial, il jappait pour avertir mon père qu'il y avait de la visite. Ce chien était un véritable garde du corps.

Nous avions aussi des chats qui ne vivaient pas la maison familiale. Ils avaient leur territoire dans les entrepôts en bois que nous possédions. Dans certains secteurs de ces bâtiments, nous entreposions des graines pour les semences et les plantations, de véritables gâteries pour les souris. La mission des chats était donc de faire la guerre aux petits rongeurs, s'ils s'aventuraient pour dévorer les semailles. La chatte dominante et ses portées recevaient tout de même une part de nourriture quotidienne.

Je me souviens qu'une de nos très gentilles employées avait apporté dans son tablier une demi-douzaine de petits à la maison. Moi et mon frère avons admiré ces bêtes sympathiques pendant un certain temps. La récréation n'a pas été très longue, une quinzaine de minutes tout au plus et elle a dû rapporter les félins à l'entrepôt où elle les avait pris. En ce qui nous concernait, il fallait continuer nos devoirs et étudier nos leçons, après nous être lavé les mains, bien entendu.

DEUX POISSONS DORÉS

Je ne peux passer sous silence ces deux êtres super silencieux qui meublaient aussi notre vie. Dans un bocal déposé sur un meuble d'apparat dans la salle à manger, ces deux petits êtres aquatiques nageaient jour et nuit, de gauche à droite et de haut en bas dans ce qui leur servait de demeure aquatique. Ils

faisaient partie de notre vie silencieusement et respectueusement.

La tradition d'adopter de petits animaux s'est poursuivie dans la famille. Mon frère et son épouse ont adopté, une fois leur maison construite, trois chats. Tous ces félins avaient des caractères différents. Deux d'entre eux étaient de véritables chats de maison. Poils longs, ils faisaient très bien ce qu'ils avaient à faire, soit nettoyer comme il le faut leurs assiettes après les repas, passer beaucoup de temps à faire la sieste, et accessoirement, garder la maison. Le troisième était un aventurier, qui partait souvent faire ses courses dehors ! Il revenait à l'heure des repas, car une assiette l'attendait sur le balcon arrière. Il dévorait tout ce qui s'y trouvait avec appétit et se remettait en route pour faire sa tournée journalière. Plus voyou que les autres, il avait sa façon de vivre et se débrouillait très bien.

En revenant de faire ses courses, la mère de mes enfants avait vu sur notre terrain un chat qui avait de la difficulté à marcher. En le regardant de plus près, elle constata qu'il était blessé à une patte. Charitablement, elle l'a apporté à la maison, nettoyé sa blessure et fait un pansement. Il était discret et très tranquille. Il est demeuré dans la famille pendant plusieurs années. Les soins que la mère de mes enfants lui avait prodigués lui ont permis de prolonger sa vie.

Par la suite. mes enfants ont presque toujours eu des chats dans leurs maisons. Les p'tites bêtes sont un assaisonnement dans une vie familiale. Elles nous aident à comprendre des comportements de la vie, et souvent elles sont assez intelligentes pour comprendre la nôtre.

In Memoriam des petites bêtes qui assurément sont moins bêtes qu'on l'imagine.

Sincèrement,

PHILIPPE BOUCHARD

YOUGAO, MON AMIE ET COLLÈGUE DE TRAVAIL

Née à l’Île-d’Orléans, fille de Yuki de mère de race

Akita et père de mélange de labrador et de braque dont les maîtres ont déjà travaillé à l’Archipel d’Entraide. Son destin était scellé : dès l’âge de six mois, elle a joué le rôle de chien accompagnateur d’intervenants de rue et de milieu de vie pour la clientèle de l’Archipel d’Entraide. Et quelle chance j’ai eue de l’avoir avec moi, partout où j’ai dû répondre à un appel d’aide soit dans la ville de Québec, ou même à l’étranger comme au Salvador. Là-bas, elle a participé aux activités de prévention de la violence intrafamiliale dans le quartier le plus pauvre et le plus dangereux du centre de la capitale San Salvador. Elle a été la mascotte à la tête des marches pour la non-violence dans les trois principales villes du Salvador

SOURCE DE RÉCONFORT ET DE SÉCURITÉ

À L’ARCHIPEL

Le matin, Yougao — fleur de lune en japonais — accueillait les personnes qui se présentaient dans notre ressource avec douceur et bienveillance. Ensuite, elle m’accompagnait dans mes visites de suivi de milieu. Elle a été « en fonction » pendant les dix-sept ans qu’elle a vécu.

Je me souviens de Yougao au café de l’Archipel sur la côte d’Abraham dans les années 19902000. Dans ce temps-là, la ressource était ouverte jusqu’à 22 h. Un soir, un usager intoxiqué, chargé d’agressivité et menaçant avec la bouteille qu’il avait à la main, se préparait à entrer dans le café. Yougao a jugé qu’il constituait un danger : elle avança vers lui et barra l’entrée, l’obligeant ainsi à reculer et à quitter les lieux. Toutes les personnes présentes au café ainsi que le responsable au poste approuvaient sa réaction. De petits grognements avaient suffi pour dissuader la personne intoxiquée d’entrer dans le café.

Un autre matin, vers 7 h 30, la responsable arrive au local de la côte d’Abraham. Au moment où elle se dirige vers la porte arrière, où ne circulait que le personnel, elle est accueillie par deux usagers, qui armés de couteaux, la menacent et lui demandent d’ouvrir le coffre. Surprise, elle crie à Yougao qui accourt comme un éclair, jette l’agresseur armé sur le dos et le mobilise en mettant ses crocs à sa gorge, sans le blesser. Il demande à ce qu’on rappelle le chien et s’engage à quitter et à ne plus jamais revenir. Grâce à Yougao, un drame a été évité.

Tendresse et protection étaient les atouts d’une maman de quatorze magnifiques chiots (deux portées) qui a laissé sa marque indélébile dans la mémoire de centaines de gens de toutes races et couleurs… merci belle Youga.

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Mounir
Ishak

AH ! L'HIVER

Haïr l’hiver

Vouloir le fuir

Et pour ce faire

Partir ! Partir !

Manger des kilomètres

Assaisonnés d’asphalte

En roulotte et fifth wheel

Motorisés en file

Rouler ! Voilà la quête

Rouler ! Brûler les haltes

Faudrait rouler en V

Et pour moins polluer…

Après des jours, des nuits

Enfin ! la Florida

Hourra ! Alléluia !

Du soleil garanti

Par-là, par-ci, par-là…

Primo, aller bronzer

Afin de s’intégrer

Il faut le temps qu’il faut

Pour se rôtir la peau

Avec les rides en prime

Qui voudront qu’on se grime

On veut rester branché

Sur son coin de pays

Ses parents, ses amis

Le journal, la télé

Téléphone et courriel

Rumeurs, potins, nouvelles

Migrer pour la saison

Que l’on ne sait pas vivre

Quitter le gel, le givre

Sans couper le cordon

Il est des gens qui croient

Qu’on peut passer l’hiver

Et le vivre à l’envers

Transplanter son chez-soi

Dans un pays moins froid

Alors grand bien leur fasse

Je n’envie pas leur place

En ce frisquet matin

J’ai chaussé mes patins

Et m’en vais sur la glace

En terminant, oui, j’ose

Car la question se pose :

Comment passer l’hiver

Où il n’y en a pas

Avec rien que du vert

Où déposer ses pas ?

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ZOMBIE

Maudite drogue.

Hier soir, je me suis évadé. Je suis parti loin dans mes pensées.

Je n’avais pas envie de m’asseoir dans une salle pour être supervisé.

J’avais besoin d’une drogue dure, qui fait mal, qui pourrait me tuer.

J’ai rêvé toute la nuit à mes souvenirs d’enfance.

J’attendais l’appel, l’appel de la lumière blanche.

Dans le hall d’entrée, je me suis écrasé.

Au coin Charest-Langelier,

J’avais froid, avec une torche, j’ai réchauffé mes pieds.

Loin de la neige et des jugements.

Personne ne pouvait parler contre moi.

Les cris, les histoires de rue étaient loin, l’espace d’un instant.

J’étais tellement défoncé que je t’hallucinais, maman.

Dans ma tête, avec les veines trouées.

Ma seringue sur le plancher, j’étais mort, enterré.

ZOMBIE

MÉTAPHORE

Du lait sans lactose

Une route de campagne

Un cerf de Virginie

Un sabot de la vierge

SIMON-PIERRE

Du pain aux grains entiers

Un satellite artificiel

Une feuille d’automne

Du jus avec pulpe

Une peinture à numéros

Un orage d’été

Un bel arc-en-ciel

Un marchand de poésie

Mais

Qu’est-ce qu’un marchand de poésie ?

Difficile à dire

La confusion vient du de Comme dans figure de style

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DOMPTER L'HIVER

Sur les collines blanchies d’une ville nordique, terre ancienne d’une bataille épique, une dizaine de degrés en dessous de zéro, des cris de découverte et de joie, descendant à vive allure dans les pentes enneigées.

Quelques mois auparavant, partis sans garantie, le cœur brisé de devoir quitter leur foyer d’antan dans un climat d’insécurité, ils s’étaient exilés dans cette nation, aux quatre saisons aux fortes variations.

C’était leur premier hiver, pour eux, comme une ère glaciaire, un froid qu’ils n’avaient jamais affronté, encore plus étranger que cette contrée. Pour les aider à vaincre la monotonie, d’un climat qui amplifiait leur choc culturel, un voisin bienveillant leur avait prêté une traîne, un large morceau de plastique en forme de fusée. Sans hésiter, on leur suggéra d’aller sur le parc des Plaines, là où la population se réunissait les samedis pour s’évader. Emmitouflée, la faune locale s’attardait à ses loisirs nordiques, dévalant les multiples collines sur des engins de toutes formes, des planches à neige, aux soucoupes, jusqu’aux tapis. Hésitant, ils rejoignirent d’autres familles sur une pente fréquentée. Sans même chercher à se parler, les aînés se rassemblèrent

et pris d’un orgueil de jeunesse décomplexée, s’élancèrent à la surprise des parents inquiétés, qui accompagnèrent finalement leur petite dernière. Effrayés pour une fraction de seconde, deux secondes plus tard une accélération qui fut comme une savoureuse évasion. Durant deux heures, ils glissèrent, sur ce qui avait été un champ de bataille sanglant et qui leur apparaissait comme un parc d’attractions, un havre d’action et de paix qui leur était liberté et sécurité. Du même coup, ils fusionnèrent avec le reste de la population. Ces concitoyens avec lesquels ils formaient désormais un tout et de ce même coup, dans la glisse, ils avaient découvert une façon de dompter l’hiver.

PASCAL LÉVESQUE

Photo :Dennis Peterson from
Pixabay
Photo :La
Quete

LA BOHÈME

On se souvient tous de la chanson La Bohème de Charles Aznavour. Bien que ce mode de vie soit habituellement associé à la jeunesse, on peut aussi l’adopter à l’âge de la retraite. Ainsi, quand j’ai rencontré le propriétaire avant de signer le bail, je lui ai dit que je n’avais pas besoin d’un bel appartement ou d’un grand logement. Je voulais seulement qu’il soit tranquille.

Depuis quelques années, j’habite dans un modeste trois et demi sans grand luxe et sans désir de grand luxe. Les planchers de bois ont connu des jours meilleurs, le logement n’a pas été repeint depuis des lustres, mais je me sens chez moi. De naturel introverti, j’écoute avec tendresse Aznavour qui me rappelle l’insouciance de la jeunesse. Et même, si j’ai avancé en âge, j’ai toujours conservé l’amour de la peinture à l’huile.

Peindre n’est pas seulement un hobby ou une thérapie de relaxation. C’est aussi une rencontre avec notre personnalité fantasmée nous donnant l’impression de comprendre ce qu’ont pu vivre les artistes du passé. Contrairement à l’acrylique, la peinture à l’huile date de plusieurs siècles et j’ap-

précie le fait qu’on conserve les anciens noms des couleurs même si on n’utilise plus les mêmes pigments. Le jaune de Naples a gardé son nom, mais on ne le fabrique plus avec des pigments toxiques. Le jaune indien, l’indigo, le bleu outremer, le vermillon, le carmin, le noir d’ivoire ont tous conservé leur nom, mais pas leur composition d’origine. Leur couleur se rapproche pourtant de celle des pigments d’autrefois et nous donne ce sentiment de faire nous aussi partie de la grande aventure de la création artistique. C’est comme si on éprouvait la nostalgie d’une époque qu’on n’a pas connue, mais qui nous serait malgré tout familière.

L’odeur même de l’huile de lin nous met en contact avec l’atmosphère des ateliers d’autrefois un peu comme si on prenait la relève des maîtres du passé. Peindre c’est vivre leur aventure par procuration. Il entre bien sûr une grande part d’illusion dans cette bohème par procuration. Mais certaines illusions valent tellement plus que la réalité.

Photo

NOTRE SAINT-ROCH

L’identité de Saint-Roch a toujours reposé sur une des plus grandes exigences de la vie urbaine, soit celle de la mixité sociale.

Quand je suis arrivé à Québec, il y avait encore le mail au-dessus de Saint-Joseph, jusqu’à la rue du Pont. Petit gars de région, ma surprise devant cette étrange intervention urbaine s’était exprimée dans une espèce de haussement d’épaules : « C’est de même qu’ils font à Québec », que je m’étais vaguement dit.

Pour moi, la faune qu’on y côtoyait était un peu le fruit des choix qu’on avait faits. Tous se rappellent des individus en crise et des agents de sécurité à la mine patibulaire qu’on y croisait.

Peu se souviennent, pour ne simplement pas les avoir remarquées, de toutes ces personnes qui s’y tenaient tranquillement, sans un mot, juste pour y attraper un peu de chaleur atmosphérique et humaine. Ça se tenait à la Brasserie le Tonneau. Ça se tenait au Ashton. Surtout, ça vivait en bonne intelligence.

Et c’était aussi comme ça devant la bibliothèque et le parvis.

LES NUITS DE SAINT-JOSEPH

Plus tard, grandissant dans ma vie à Québec, sans trop avoir le niveau de revenus pour m’intéresser aux grandes boutiques, j’ai fréquenté Saint-Roch avec passion.

Les soirs endiablés de l’Anti. Les expériences du Cercle. Les nuits trop courtes devant l’Impérial pendant le Festival d’été.

Et, toujours, cette gang qui nous accueille devant la bibliothèque ou sur le parvis de l’église

Ils vivent tous les nuits de Saint-Roch à leur façon.

CHACUN SA VULNÉRABILITÉ

En 2014, mon père se sait mourant. Il ne nous l’a pas encore dit. Pour offrir une semaine de répit à sa blonde, au Lac-Saint-Jean, il est venu me trouver à Limoilou. À sa demande, nous allons chez JEF Poissonnerie, parce qu’il a lu un article du journal Le Soleil reproduit dans Le Quotidien de Chicoutimi, où on dit qu’on y fait les meilleurs fish’n chips au monde. Mon père entre péniblement chez JEF en utilisant ses cannes qu’il n’a jamais vraiment maîtrisées. L’employé sur place l’aide tant bien que mal à entrer et, après que mon papa lui ait exposé sommairement sa demande, soit de goûter les si bons fish’n chips de l’endroit, il nous répond qu’ils n’en font pas cette journée-là.

Ça a pris cinq secondes de face déçue de mon père pour qu’il se ravise. « OK, je vais t’en faire. »

MARCHER

SA VILLE

Ça fait dix ans que mon père est mort et, encore aujourd’hui, repenser à sa face beurrée de sauce tartare de fish’n chips de chez JEF me rend automatiquement heureux.

Et je me rappelle de la marche que nous avions faite, en l’aidant avec ses cannes jusqu’à ma voiture, où il remarquait ces gens devant la bibliothèque ou sur le parvis.

« Il y a du monde qui en arrache, ici. »

« Oui, mais on est ensemble. » C’est ce que je lui avais répondu.

Depuis, JEF Poissonnerie a disparu, mais pas la marginalité dans Saint-Roch.

À la fin, toutes les solutions qui pourraient contribuer à ce que tout le monde se sente à nouveau à sa place dans le quartier, elles se résument encore une fois dans cette idée, celle de la mixité.

Saint-Roch, c’est ça

Que ça te prenne une canne pour marcher.

Que ça te prenne une place pour coucher.

Que t’essayes juste de faire vivre une business qui change la vie des gens.

Que tu fasses juste vivre et déambuler.

Tu es partie prenante de la plus belle ville au monde. Et je pense qu’on devrait être extraordinairement fiers de ça.

CONSEILLER MUNICIPAL ET CHEF DE QUÉBEC D’ABORD

Photo : Courtoisie
Claude
Villeneuve

Centre femmes aux 3 A de Québec

Pour la réorganisation sociale des femmes

G1L 2R6 Québec (Québec) 270, 5 Rue, e AccueilAideAutonomie

Téléphone : 418 529-2066

Télécopieur : 418 529-1938 reception@cf3a.ca www.cf3a.ca

RESSOURCES

Références communautaires

Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches

Tél. : 2-1-1

Aide sociale

ADDS

Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec

Tél. : 418 525-4983

Aide aux femmes

Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192

Centre femmes aux 3 A Accueil - Aide - Autonomie

270, 5e Rue, Québec

Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca

Centre femmes d’aujourd’hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec

Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org

Rose du Nord

Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org

Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca

Alphabétisation

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec

Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com

Atout-lire

266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec

Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca

Le Cœur à lire

177, 71e Rue Est, Québec

Tél. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com

Lis-moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec

Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com

La Marée des mots

3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots Centre de jour

Relais d’Espérance

Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec

Tél. : 418 522-3301

Rendez-vous Centre-ville Centre de jour

525, rue Saint-François Est, Québec

Tél. : 418 529-2222

Détresse psychologique

Centre de crise de Québec

Tél. : 418 688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com

Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec

Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca

Tel-Aide Québec

Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca

Tel-Jeunes

Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

Hébergement

Maison de Lauberivière

Pour hommes et femmes démunis ou itinérants

485, rue du Pont, Québec

Tél. : 418 694-9316

accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org

Maison Revivre

Hébergement pour hommes

261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com

SQUAT Basse-Ville

Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483

coordo@squatbv.com www.squatbv.com

Gîte Jeunesse

Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans

Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec

Tél. : 418 666-3225

Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec

Tél. : 418 652-9990

YWCA

Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes

Tél. : 418 683-2155

info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca

Réinsertion sociale

Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec

Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org

Fraternité de l’Épi

Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec

Tél. : 418 523-1731

La Dauphine

Pour les jeunes de 12 à 35 ans 31, rue D’Auteuil, Québec

Tél. : 418 694-9616 courrier@ladauphine.org www.ladauphine.org

Insertion professionnelle

À l’aube de l’emploi (Lauberivière)

Formation en entretien ménager commercial/buanderie

485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org

Recyclage Vanier

Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com

Prostitution

La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004

Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

P.I.P.Q.

Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec

Tél. : 418 641.0168

pipq@qc.aira.com www.pipq.org

Soupe populaire

Café rencontre Centre-Ville

796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)

Tél. : 418 640-0915

Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec

Tél. : 418 694-9316

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité

Tél. : 418 692-1762

Santé mentale

Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677 centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org

La Boussole

Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca

Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com

Centre d’Entraide Émotions

3360, de La Pérade, suite 200, Québec

Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org

La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca

Le Pavois

2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779

Téléc. : 418 627-2157

Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca

Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352

Intervention téléphonique

Tél. : 418 522-3283

Parents-Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167

Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec

Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org

Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org

Toxicomanie

Al-Anon et Alateen

Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca

Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec

Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca

Point de Repères 545, rue du Parvis, Québec

Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com

VIH-Sida

MIELS-Québec

Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida

625, avenue Chouinard, Québec

Tél. : 418 649-1720

Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

À TOUS NOS PRÉCIEUX

PARTENAIRES !

7- Planète. Fonction du prêtre. Le plus haut sommet de la Terre.

8- Révoltés. Surcharge, surplus (TROCIRSU) Charles, le « fou chantant ».

9- Poisson volant. Gagner, vaincre. Ressentiment.

10- Bêtisier (SRSTTIIEO) Effacer. Raccommodés (SPIERACE)

RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS

DE NEUF LA NATURE ?

LES MYSTÉRIEUSES CRÉATURES DU MILIEU MARIN

Une des plus fascinantes réalités à propos du monde du vivant est son incroyable capacité à s'adapter à des conditions inusitées, voire extrêmement difficiles. Il n'y a qu'à penser aux plantes qui survivent à de longs hivers glaciaux et qui arrivent tout de même à croître et à se reproduire pendant une période de 3 à 4 mois seulement. Ou bien encore à ces animaux qui vivent dans le désert, dans ce lieu qui semble désert de toute vie ! Et pourtant, insectes, mammifères et reptiles s'y trouvent.

Encore bien plus étrange est la communauté de poissons à tête transparente, de vers et de méduses bioluminescents, de pieuvres au bras palmés et de poissons avec des appâts luminescents qui pendent de leur tête. Où peut-on bien rencontrer une telle faune toute droite sortie du musée des horreurs et de l'étrange ? Dans un milieu étrange, bien sûr ! Du moins étrange pour nous, puisque nous ne sommes pas adaptés à vivre dans ce milieu froid où règnent une noirceur abyssale et une pression colossale. Il s’agit des milieux marins sous la zone lumineuse : un écosystème unique aux conditions particulières qui recèle une faune tout aussi particulière. Les océans sont divisés en cinq différentes strates selon leur niveau de luminosité, de pression et de température. Selon le changement de les conditions environnementales, la combinaison d’espèces qui y règnent change également.

La plus connue, la zone épipélagique soit la couche de surface reçoit une lumière suffisante pour soutenir le phytoplancton. Ces organismes utilisent la lumière pour la transformer en énergie (photosynthèse). Cette zone est aussi connue comme le milieu de vie des dauphins, des requins et de grands bancs de poissons.

Sous cette couche, entre 200 et 1 000 m, se trouve la zone dite de crépuscule, nommée mésopélagique. La lumière y est si faible qu'elle ne permet pas la photosynthèse. Les organismes qui y vivent se sont adaptés au manque de luminosité avec de gros yeux et par la contre-illumination. Pour plusieurs espèces, la bioluminescence (émission de lumière) est un moyen de camouflage appelé la contre-illumination. Vu du dessous, un animal serait plus visible, car il ressortirait noir contrastant avec la couche plus lumineuse

au-dessus. L'émission de lumière sur la face ventrale permet de mieux le confondre avec l'arrière-plan. Plus profond encore, entre 1 000 et 4 000 m, se trouve la zone bathypélagique aussi appelée la zone de minuit. La lumière est complètement absente de cette région, la température est de 4 °C (aussi froid que votre réfrigérateur) et la pression y est 110 fois plus élevée qu'à la surface de la mer. Les sources de nourriture y sont beaucoup plus rares si bien que plusieurs animaux ont des métabolismes très lents. Une des grandes sources de nourriture de cette zone est la « neige marine », soit des flocons de défécation animale, d'animaux en décomposition et d'autres types de matière organique qui descendent lentement vers les fonds marins. La plupart des animaux qui y vivent ont des corps mous et la peau visqueuse. Le voyage n'est pas terminé ! Parce que bien plus creux encore, entre 4 000 et 6 000 m, se trouve l'abyssopélagique appeler les abysses. La pression y est 600 fois plus élevée qu'à la surface de la mer, ce qui n'empêche pourtant pas les poissons-trépied, les poissons-rats, différentes espèces de pieuvres et de concombres de mer d'y habiter.

C'est finalement avec la zone hadale où se trouvent les fosses océaniques que l'on touche le fond. Cette zone se trouve de 6 000 m jusqu'à 11 000 m de profondeur. À titre de référence, l'altitude du mont Everest est de 8 849 m au-dessus de la mer. Bien qu'une espèce a été décrite en 2018, bien peu de choses de la faune de cette zone sont connues. Cela n'empêche toutefois pas les humains d'y avoir un impact puisque des détritus de plastique ont été trouvés dans la fosse des Mariannes (à un peu plus de 10 000 m de profondeur).

Il n'y a pas que la colonne d'eau qui est peuplée d'étranges créatures. Les plaines qui couvrent les fonds marins ainsi que le talus continental, c'est-àdire la pente qui descend du niveau terrestre jusqu'à la plaine sont aussi parsemées de structures hébergeant une faune fascinante. Des baleines mortes qui échouent dans les fonds abyssaux, à la cheminée sulfureuse, aux lacs (et oui des lacs !) aux canyons et montagnes marins, la vie prospère à sa manière. Pour en savoir plus, lisez ma chronique dans l'édition d'avril.

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