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Végan : par-delà l’assiette

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Le vieillissement

Le vieillissement

© Vegan Liftz sur Pixels Il est commun de penser qu’être végétalien — ou « vegan » en anglais — commence et se termine dans la cuisine. La réalité se révèle cependant beaucoup plus étendue et complexe. Au-delà du bouleversement culinaire, éliminer tout produit de provenance animale de ses habitudes de consommation revient à adopter un tout autre mode de vie. À Québec, la communauté végétalienne s’implante petit à petit, apportant un vent de conscientisation. Tout changement de con viction naît d’une importante prise de conscience. Celle des personnes véganes résulte le plus souvent d’un déclic factuel. « J’ai commencé à lire des études sur l’impact environnemental de l’industrie de la viande et j’ai réalisé qu’elle figurait parmi les pratiques les plus polluantes qui existent », explique Chloé Marie, étudiante en premier cycle à l’Université Laval, lorsqu’elle retrace la genèse de son parcours. « J’ai arrêté la consommation animale de ce pas. » Selon elle, devenir végétalien n’est pas un changement aussi radical qu’il en a l’air. « Tout le monde peut l’être, ce n’est pas compliqué », affirme-t-elle. En effet, à Québec, ce ne sont pas les possibilités qui manquent ni les aides. Un site comme véganequebec.net, par exemple, liste les nombreux restaurants et cafés végétaliens ou vegan-friendly (avec options véganes) qui peuvent être trouvés dans la ville. Lavie Chabon, végétalien depuis 2008, ne rencontre quant à lui aucun problème lorsqu’il fait son épicerie chez Alimentex, Maxi ou IGA. « J’évite simplement les comptoirs viandeux », spécifie-t-il.

ENTRE RESPONSABILISATION ET BIEN-ÊTRE

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être amélioré. Dans cette optique, Chloé Marie modifie petit à petit ses habitudes d’achat, optant pour les produits sans emballages, les sacs réutilisables ou encore les vêtements de seconde main. Ceux-ci ne doivent comporter aucune matière animale; c’est pourquoi elle ne choisit que des habits en fibres végétales (coton bio) ou synthétiques (viscose). Cuir, velours, soie ou laine ne font pas partie de son vocabulaire. Elle essaie également de privilégier la marche aux transports polluants et de générer le moins de poubelles possible. « Je voudrais avoir le minimum d’impact possible sur l’environnement et faire un changement positif. » Chez Lavie Chabon, ce changement incarne quelque chose de plus spirituel. « Je ne vais plus à la messe », expliquet-il, gardant secret le sens de ces mots. Une expérience de mort imminente à ses 19 ans l’a mené vers son éveil végétalien. En 2008, il jetait à la poubelle toutes ses dernières pièces animales pour entrer dans cette nouvelle vie sans un regard en arrière. « Je ressens moins d’agressivité. Moins de précipitations », décrit-il les bienfaits qui s’en sont ensuivis.

LA PÉDAGOGIE CONTRE

premières des nombreux néo-végans actuels. L’engouement récent pour ce mode de vie tient-il donc plus de l’effet de mode ou du réel réveil des consciences ? Si Lavie Chabon penche pour cette dernière option, Chloé Marie choisit les deux. Il y a l’influence des amis, des célébrités ou encore des médias culturels à prendre en compte. Mais si certains se laissent volontiers convaincre, beaucoup restent encore réfractaires. Lorsque cette population est interrogée, il apparaît que sa réticence ne se situe pas au niveau du discours pro-végan en luimême, mais dans la façon dont il est délivré. « Le cliché des végétaliens agressifs envers les personnes qui mangent de la viande est parfois vrai », admet Chloé Marie. Ces mêmes végétaliens ayant jadis observé un régime aliment a i r e a n i m a l , e l l e trouve cet énerve - ment contre-productif. « Ce n’est pas en critiquant quelqu’un sur ce qu’il fait qu’il va changer ce qu’il est. S’ils nous posent la question, il faut essayer de les informer et expliquer les enjeux de notre démarche du mieux qu’on peut, mais il ne faut pas les forcer à ce qu’ils deviennent comme nous. Tout le monde est différent, ça ne marchera jamais. » Au-delà du domaine strict de la nourriture, le végétalisme est donc aussi une affaire de respect : celui de soi, celui des autres et, par-dessus tout, celui de la planète.

MALIA KOUNKOU

Contrairement aux croyances populaires, être végan ne se résume pas qu’à un simple changement de régime alimentaire, mais de mode de vie également. Mais exclure la viande ne fait pas tout. Être végan, c’est revoir ses réflexes du quotidien et constamment se demander ce qui, dans notre comportement, pourrait

LES CLICHÉS

Certains soupçonnent, cependant, que la paix intérieure et les enjeux environnementaux ne sont plus les motivations

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