


Liberté limitée
08 S’affranchir sur roues
09 Libre, mais pas libre
10 Un microcosme aux règles réfléchies
11 Quand la liberté d’expression met la démocratie en péril
12 Vieillir dignement

08 S’affranchir sur roues
09 Libre, mais pas libre
10 Un microcosme aux règles réfléchies
11 Quand la liberté d’expression met la démocratie en péril
12 Vieillir dignement
18 Je récidive 7
19 Le jeu de La Quête
20 Espoir
21 Le monde est sorcier
22 Mensonge et Vérité
23 2030
24 Arwin et Waya
25 Chante… danse
25 Un monde merveilleux
26 JOIE
26 Confinement à vie
27 Réflexions sur le uartier
07 La liberté ou la sécurité ?
13 Une tasse de thé avec ça !
14 Qui a tué Mozart ?
16 Liberté délimitée
17 Dans l’oreille d’une passagère
30 Les voix de la ruELLES
L'Archipel d'Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l'Archipel d'Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente – sur la rue ! – par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu'à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L'Archipel d'Entraide, composée d'une équipe d'intervenants expérimentés, offre également des services d'accompagnement communautaire et d'hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d'un logement par le biais de son service Accroche-Toit. Depuis sa création, La Quête a redonné l'espoir à quelques centaines de camelots.
Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.
Faites-nous parvenir votre texte (700 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l'édition suivante. La thématique de juin : Abandon.
Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.
Pour plus d'informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 109
Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d'eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l'unique magazine de rue de Québec.
COUPON D'ABONNEMENT 10 PARUTIONS
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PAGE COUVERTURE
Photographie : Juliette Deshayes
Conception graphique : Helen Samson
ÉDITEUR
Archipel d'Entraide
ÉDITEUR PARRAIN
Claude Cossette
RÉDACTRICE EN CHEF
Francine Chatigny
DIRECTRICE DE L'INFORMATION
Valérie Gaudreau
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Isabelle Noël
CHRONIQUEUR.SE.S
Martine Corrivault, Claude Cossette, Émeline Gibert, Michel Potvin, Mathieu Rioux et Gabrielle Vaudry du Projet L.U.N.E.
JOURNALISTES
Thibault B. Fernandez, Juliette Deshayes, Mélodie Langevin, Gabrielle Pichette, et Geneviève Turcotte
AUTEUR.E.S
Michel Brisson, Christian Casavant, Sylvie Charest, Christina Foisy, Mounir Ishak, MAD ÂME M, Renée Perron, Yves Potvin, Véronique Rivard, Bernard St-Onge et Jade Valronne
MOTS DE CAMELOTS
Etienne Grandmont
AUTEUR.E DU JEU
Lise Gravel et Jacques Carl Morin
BÉDÉISTE
Martine Lacroix
RÉVISEUR.E
Benoit Arsenault, Marie-Hélène Gélinas et Véronique Hardy
ILLUSTRATRICE
Bherg
INFOGRAPHISTE
Helen Samson
PUBLICITÉ/ABONNEMENT
Émeline Gibert 418 649-9145 poste 110 administration@larchipel-dentraide.org
IMPRIMEUR
Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284
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La Quête, Québec, Canada, 2014
Abonnement régulier 75 $
Abonnement de soutien 90 $
Abonnement institutionnel 105 $ (toutes taxes comprises)
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La Quête est appuyée financièrement par :
Financé par le gouvernement du Canada
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Vendredi 21 février, je rejoins Hugo devant le Métro
Saint-Roch pour vendre La Quête. Je n’ai qu’une heure à passer avec lui, une heure pour vendre une dizaine d’exemplaires du magazine de rue de Québec.
Je me dis que ça va se vendre rapidement. Y’a beaucoup de monde qui passe sur Saint-Dominique sur l’heure du dîner. Si je m’accroche mon plus beau sourire dans la face et que j’interpelle les gens avec bonne humeur, ça va se vendre comme des petits pains chauds.
« Bonjour Madame ! Avez-vous acheté votre Quête ce mois-ci ? »
Elle m’offre un sourire poli et passe son tour.
Hugo me confirme que c’est un bon spot ici, mais que lui, normalement, il est sur Saint-Jean, dans le coin de la CBC. Il fait ça depuis un petit moment. Ça lui permet de joindre les deux bouts. Ça et les cannettes qu’il va porter aux Valoristes sur la rue du Roi.
« Bonjour Monsieur ! Voulez-vous acheter La Quête ? Un beau dossier à lire sur l’inclusion ! »
Il m’ignore royalement. Comme si je n’étais pas là.
Je partage mon indignation à Hugo qui me confirme que ça arrive souvent. Les camelots de La Quête, comme les personnes en situation d’itinérance, sont malheureusement invisibilisées. Pas mal plus dur de régler un problème que les gens refusent de voir… Pourtant, c’est un enjeu qui concerne tout le monde. On est tous et toutes à risque de se retrouver dans la rue : perte d’un emploi, reprise de logement, rupture conjugale, problème de santé mentale ou de consommation… des jambettes que nous offre parfois la vie qui peuvent rapidement mener à la rue.
« Bonjour Madame ! Vous allez bien ? Voulez-vous acheter La Quête ? Tous les profits vont aller à mon ami Hugo ici présent ! »
Ça ne l’intéresse pas.
Cet autre refus, combiné au froid qui commence à m’assaillir en commençant par les pieds, met à rude épreuve mon enthousiasme initial. Hugo me confirme que la rue, l’hiver, ce n’est pas facile. J’ai mal pour lui. Je rentre au chaud, dans mon bureau, dans moins de trente minutes… Hugo, lui, garde le sourire. Il m’explique avec entrain les rudiments du métier, m’informe des choses à faire et à ne pas faire. Sa sérénité m’encourage à ne pas baisser les bras.
« Bonjour Monsieur ! La Quête ? »
Cette fois, il s’arrête. S’engage une conversation sur le désengagement du gouvernement du Québec dans le dossier de l’itinérance. Vrai que si l’itinérance augmente année après année, c’est parce que la CAQ n’investit pas assez dans les revenus des gens (salaire minimum et aide sociale), dans le logement social, la protection des locataires et dans les mesures pour sortir les personnes de l’itinérance — par exemple, les logements de transition.
Monsieur connaît le dossier. Il me prend une Quête
Après une heure, j’ai vendu trois exemplaires de La Quête. Je dis au revoir à Hugo. La prochaine fois qu’on va se croiser, on va se reconnaître et se saluer.
« Merci, et à bientôt, Hugo ! »
ETIENNE GRANDMONT DÉPUTÉ DE TASCHEREAU
Ce thème nous a été suggéré par un camelot qui n’a pas de chez-soi et qui vit difficilement les contraintes imposées dans les différentes ressources qui l’ont accueilli. Il sait que cette réalité est partagée par un grand nombre de personnes dans différentes situations et il nous a incités à explorer cette avenue.
Juliette Deshayes a rencontré deux jeunes hommes qui sont prisonniers d’un corps qui limite leur éventail de mouvements, mais qui ont, grâce au basket fauteuil, l’occasion de se réaliser pleinement.
Au Québec, il est possible pour un condamné de vivre sa sentence dans la collectivité. Dans Libre, mais pas libre, Gabrielle Pichette aborde le sujet de la libération conditionnelle.
Les Auberges du cœur hébergent des adolescents qui rencontrent certaines difficultés. Ces milieux de vie sont régis par un ensemble de règles visant à faciliter la vie de groupe et à préparer ces jeunes à la vie adulte. Comment réfléchit-on ses règles ? Mélodie Langevin a posé la question à Valérie Fortier, directrice générale de l’Auberge communautaire du Sud-Ouest.
La démocratie survivra-t-elle à la masse de désinformation qui circule sur les réseaux sociaux ? Au contrôle exercé par le président des États-Unis sur le travail des journalistes et des universitaires ? Rien n’est moins sûr, mais il y a des moyens de réagir nous informe Louis-Philppe Lampron, professeur titulaire en droits et libertés à l’Université Laval qu’a rencontré Geneviève Turcotte.
Dans Vieillir dignement Thibault Fernandez s’est penché sur la question du respect des aînés. Les écoute-t-on assez ? Matière à réflexion.
Depuis un mois, le Grand Marché de Québec accueille un camelot sur l’heure du dîner le vendredi. Nous sommes en période d’essai, mais jusqu’à maintenant les camelots qui ont pu y vendre sont ravies : imaginez le plaisir d’être assis au chaud et en bonus, de sentir tous les arômes qui flottent dans l’air. Merci au Grand Marché de Québec de nous accueillir.
Émeline Gibert adore les balados : elle en écoute tous les jours ! Elle a eu l’excellente idée de partager l’objet de sa passion avec les personnes qui lisent La Quête. Chaque mois, elle proposera une sélection de balados en lien avec le thème et un balado surprise dans sa chronique Dans l’oreille d’une passagère. À vos écouteurs !
Les voix de la ruEllES est le nom du journal qui était produit par les travailleuses du sexe qui fréquentent Projet L.U.N.E. Il y a plus de deux ans, l’organisme a décidé d’abandonner le papier et de diffuser uniquement sur sa page Facebook. D’un commun accord, Projet L.U.N.E et La Quête redonnent vie aux voix de la ruELLES sous la forme d’une chronique mensuelle qui, on en est convaincu, vous apprendra beaucoup sur le travail du sexe.
Fin février, Etienne Grandmont, député de Taschereau a tenté l’expérience, pendant une heure, de vendre le magazine de rue en compagnie de Hugo. Ce 21 février, le soleil était magnifique, mais la petite brise hivernale qui soufflait sur la rue Saint-Dominique a vite rendu inconfortable l’expérience comme il en témoigne dans la page des camelots. Nous sommes toujours à la recherche de points de vente intérieurs pour faciliter le travail des camelots, ne serait-ce que quelques jours par mois. D’ailleurs, à ce chapitre nous avons eu une excellente nouvelle début mars! Bonne lecture,
FRANCINE CHATIGNY
Le célèbre dramaturge anticonformiste George Bernard Shaw nous rappelle une vérité : « Liberté implique responsabilité. C’est pourquoi la plupart des humains la redoutent. » Et j’ajoute : c’est la raison pour laquelle les Québécois ont voté « NON » deux fois aux referendums sur leur indépendance.
Pourtant, on dit que la liberté est pour nous, Québécois, une valeur fondamentale. Elle oriente nos lois et nos politiques publiques. Elle est d’ailleurs garantie par notre Charte québécoise des droits et libertés, qui est elle-même doublée par la Charte canadienne.
Ces chartes garantissent à tous les citoyens la liberté de penser, de s’exprimer, de posséder des moyens de communication publique, de pratiquer ou non une religion, de former des associations, de manifester, et de circuler à l’intérieur du pays. Cependant, cette liberté est limitée par la reconnaissance des mêmes droits à chacun de ses concitoyens.
Ces libertés sont préservées par plusieurs institutions.
D’abord, par un système politique démocratique et stable, ensuite par le partage des pouvoirs entre le Conseil des ministres, l’Assemblée nationale et les Cours de justice. Et la Charte permet à chaque citoyen de saisir les tribunaux de tout comportement qui violerait ses droits fondamentaux. En passant, les Canadiens bafouent depuis longtemps les droits des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Certaines lois limitent la liberté d’expression. Ainsi, pour protéger la dignité humaine, prévenir la discrimination et les violences et assurer le bien-être des groupes minoritaires, la loi interdit les discours haineux. On marque ainsi une limite à la liberté de parole.
Ces derniers temps, la question de la liberté d’expression est débattue. Les institutions d’enseignement, en voulant promouvoir un environnement inclusif et respectueux, se retrouvent à naviguer sur une ligne fluctuante entre la protection des individus minoritaires et la préservation de la liberté d’expression.
« Il y aura éternellement des dessinateurs ou des femmes cheveux au vent pour défier les totalitarismes »
Richard Malka
Au Québec, qui accueille par milliers les adeptes de diverses cultures, de langues, et de croyances, ce système favorise la tolérance et le respect mutuel, dont les minorités profitent, qu’elles soient culturelles, linguistiques ou religieuses. À condition qu’elles respectent les valeurs essentielles de la société québécoise ; soit le français comme langue partagée, la laïcité des institutions et l’égalité hommes-femmes.
Malgré ces droits, certains aspects de notre organisation sociale restent questionnables, ainsi en va-t-il de l’équilibre délicat que l’on maintient entre la sécurité et la liberté. Les Québécois réclament toujours plus de sécurité, plus de policiers, plus de caméras de surveillance, plus de gardes-frontière, plus de coupe-feux informatiques. Et plus de polices d’assurance. Or, se protéger contre tous les risques laisse entendre que l’on est prêt à sacrifier pas mal de liberté pour s’assurer plus de sécurité. Or « un peuple qui est prêt à ça ne mérite ni l’une ni l’autre », écrivait le politique et inventeur Benjamin Franklin.
Ainsi, dans les écoles, on fait face à une sensibilité démesurée relativement à des paroles qu’on juge offensantes ou simplement dérangeantes. Des codes de conduite stricts excluent même certains mots de la langue, ce qui mène à une forme d’autocensure. Des sujets comme la couleur de la peau, la croyance, le genre, ou l’histoire deviennent difficiles à aborder sans susciter la controverse. On va jusqu’à développer des « espaces sécurisés » visant à protéger les jeunes de tout discours perçu comme dérangeant. Ainsi, une professeure de l’Université d’Ottawa est suspendue pour avoir utilisé le mot « nègre » dans un cours, un autre est questionné pour avoir demandé de lire un roman qui évoque le suicide. Un enseignant est accusé de racisme pour avoir affirmé que des pays d’Afrique sont plus pauvres que ceux d’Amérique, une enseignante est traitée de frustrée pour avoir mis au programme des œuvres féministes.
Le Québec a même adopté une loi visant à protéger les jeunes de sujets sensibles. Dans un tel environnement, les enseignants craignent d’être accusés de transgression ou de provocation pour la seule raison d’aborder des questions délicates. On limite ainsi la confrontation d’idées qui est pourtant essentielle à l’apprentissage et à la formation de la pensée critique, qui sont les fondements mêmes de l’éducation.
Au Québec, le débat prend une dimension supplémentaire en raison de la forte tradition de laïcité. Le droit de critiquer ouvertement, tant les idéologies religieuses que sociopolitiques, est considéré comme une composante essentielle de la liberté académique. Toutefois, les controverses récentes montrent que la liberté de parole reste sous tension. Pourtant, « aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut refuser d’être débattue, critiquée, caricaturée », a écrit Richard Malka, avocat spécialisé dans la défense de la liberté d’expression.
CLAUDE COSSETTE
Dès leur naissance, Thomas Tremblay et Collin Lalonde ont dû composer avec des limites à leur liberté de mouvement. L’un est atteint de paralysie cérébrale et de dyspraxie, ce qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant, tandis que l’autre souffre de dysplasie osseuse épiphysaire, une condition qui affecte ses hanches et réduit ses capacités à marcher. Malgré ces défis, les deux hommes ont choisi de ne pas se laisser freiner par leurs limites, mais plutôt de les dépasser chaque jour en se tournant vers le sport adapté.
À Québec, il existe cinq sports adaptés qu’il est possible de pratiquer : le hockey, le soccer, la boccia, un sport proche de la pétanque pratiqué exclusivement par les athlètes parasportifs, l’athlétisme et le basket fauteuil. Ce dernier, découvert dans un cours d’activité sportive à l’école a été le choix de Thomas en 2018. « Je suis venu l’essayer, puis j’ai eu la piqûre, puis je suis resté et maintenant c’est moi qui dirige le club ! », s’exclame Thomas. Ce jeune para-athlète de 21 ans est à la tête de l’équipe des Bulldogs de Québec depuis déjà quatre ans. Il est joueur en compétition et s’occupe de toute la partie administrative et de la gestion du club. Il explique que ce sport lui a beaucoup apporté physiquement. Il a gagné en force musculaire et en tonus, ce qui l’aide pour son handicap. Plus jeune, Thomas redoutait énormément de devoir quitter son fauteuil utilisé au quotidien pour en adopter un plus adapté au terrain de basket. À force de pratique et d’encouragements, il affirme que le basket lui a permis de gagner de l’assurance. « Maintenant, j’ai plus confiance en moi. Rien que de dire que j’ai une équipe et que je la gère, ça m’a beaucoup donné confiance ». Ce sur quoi le rejoint Collin, lui aussi joueur de basket fauteuil.
À 25 ans, sportif déterminé, Collin vise les étoiles. Il a déjà été médaillé de bronze aux Jeux du Canada et a participé au Championnat du monde junior en 2021. Il vise maintenant l’équipe masculine sénior canadienne. Son objectif ultime est de pouvoir, un jour, participer aux Jeux paralympiques. La maladie de Collin l’empêche de marcher sur de longues distances. Petit, il jouait au soccer debout, mais très vite, cela est devenu trop douloureux. Lorsqu’il a essayé le basket fauteuil pour la première fois à l’âge de neuf ans, il a eu une révélation. « Une fois dans le fauteuil, je pouvais faire ce que je voulais. Je pouvais aller super vite, puis tourner. C’était vraiment une libération ».
Lorsque Thomas et Collin évoquent leur discipline, la valeur qui ressort est l’inclusion. Au Québec, les personnes vivant avec un handicap et les personnes valides peuvent jouer ensemble. Seule règle, être dans un fauteuil. « Les gens qui ont des limitations physiques veulent jouer avec tout le monde. Moi qui ai des problèmes de hanches et toi qui n’en as pas, une fois dans un fauteuil, on est capables de faire les
mêmes mouvements. C’est ça l’inclusion », explique Collin.
UNE REPRÉSENTATION ENCORE
Finalement, la seule chose qui manque au basket fauteuil et aux sports adaptés, c’est une meilleure représentation. « C’est de mieux en mieux, rit Collin, mais c’est certain qu’il manque encore beaucoup, beaucoup, beaucoup. On est très sous-représentés par rapport aux autres ». Thomas confirme en expliquant que la couverture médiatique des Jeux olympiques est bien plus complète et diffusée que celle des Jeux paralympiques, par exemple. Toutes ces raisons ont incité les deux athlètes à collaborer avec Parasport Québec, un organisme qui sensibilise la population aux sports adaptés. Depuis 40 ans, l’association organise des événements, des initiations, et soutient financièrement les athlètes et les associations promouvant ces disciplines. Elle tient également des compétitions à travers le Québec, mobilisant chaque année des centaines de bénévoles.
Au Canada, il est possible de purger une partie de sa peine sous surveillance dans la collectivité : le « condamné » bénéficie alors de ce qu’on appelle une libération conditionnelle. Comment ça marche ? Quelles sont les conditions à respecter ? La Quête a demandé à Isabelle Descôteaux, qui a travaillé comme intervenante dans une maison de transition de nous éclairer sur les remises en liberté sous condition.
?
Une maison de transition est la première étape pour des individus judiciarisés en démarche d’intégration ou de réintégration sociale. Ils peuvent habiter dans la maison de transition ou non, mais dans tous les cas ils sont suivis par un intervenant. Ils peuvent avoir été référés directement par la Cour pour tenter de stabiliser une situation problématique, ou encore sortir de prison.
« Moi, ce que je faisais c’est que j’avais quelques personnes en suivi, surtout des suivis dans la communauté », relate Mme Descôteaux.
Les maisons de transition permettent notamment aux individus de combler leurs besoins de base tout en poursuivant leurs démarches de réinsertion sociale, comme la recherche d’emploi et le développement personnel. Elles offrent des programmes qui varient d’une ressource à l’autre comme le traitement des dépendances et la gestion de la colère.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA LIBÉRATION
CONDITIONNELLE ET LA PROBATION ?
La libération conditionnelle permet à un détenu de purger une partie de sa peine à l’extérieur sous certaines conditions, avant la fin de sa sentence. S’il ne les respecte pas, sa mise en liberté sous condition sera suspendue, voire révoquée, et il sera réincarcéré.
La probation est une peine alternative, sans incarcération. L’individu doit respecter des conditions précises et un agent de probation l’accompagne dans sa réinsertion sociale.
Bien qu’elle évite la peine d’emprisonnement prononcée, l’ordonnance de probation est bel et bien une mesure punitive, puisque l’accusé doit respecter un certain nombre de conditions : être surveillé par un agent de probation, effectuer des heures de travaux communautaires, dédommager sa victime, etc. Toutefois, si le condamné contrevient de nouveau à la loi durant la période de probation, ou s’il n’exécute pas les conditions de l’ordonnance, le juge pourra lui infliger une peine pour l’infraction initiale en plus de toute autre peine.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UN INTERVENANT EN MAISON DE TRANSITION ET UN AGENT DE PROBATION ?
L’agent de probation a une fonction de surveillance et d’accompagnement des personnes condamnées à des peines de probation. Contrairement à l’intervenant en maison de transition, l’agent de probation intervient plus en amont, pendant l’exécution de la peine, et non spécifiquement dans une phase de transition après une incarcération.
Le rôle d’un intervenant en maison de transition est davantage de favoriser la réinsertion des personnes en les soutenant dans leur réadaptation à la vie sociale et professionnelle après une incarcération. Il offre un suivi psychosocial et accompagne les personnes dans leurs différentes démarches : activités éducations, recherche de formations professionnelles ou d'emploi, etc.
Malgré leurs rôles distincts, les deux travaillent de pairs dans le quotidien. « Je faisais un suivi avec la personne pour voir s’il y avait des choses qui ne fonctionnaient pas ou que les conditions n’étaient pas respectées, puis je faisais le suivi avec l’agent de probation », explique Mme Descôteaux.
organiser jusqu’à une rencontre par semaine. Pour d’autres, une seule rencontre par mois était suffisante. Le but de ces rencontres était principalement d’aborder le respect des conditions établies par la Cour. Les conditions diffèrent d’un cas à l’autre, mais selon elle, la majorité du temps il s’agissait d’une interdiction de consommer de l’alcool ou des drogues, une interdiction de contact ou l’obligation de suivre une certaine thérapie.
Le degré de surveillance est établi en fonction du délit. « Dans un cas de voies de fait ou d’interdiction de contact, le rapport est différent. »
Selon Mme Descôteaux, le non-respect des conditions « ça finissait toujours par se savoir ». « Quand il y a des victimes d’impliquées, souvent elles vont nous appeler ou appeler la police si l’individu est entré en contact avec elles », précise-t-elle.
À QUOI RESSEMBLE LE QUOTIDIEN D’UNE PERSONNE SOUS LIBÉRATION CONDITIONNELLE ?
« La majorité du temps, ça allait bien et les gens ne voulaient pas avoir de trouble ; ils voulaient mettre cette partie-là de leur vie derrière eux », souligne Isabelle Descôteaux.
Selon l’ancienne intervenante, la libération conditionnelle peut être difficile pour certains individus puisque leurs comportements seraient « ancrés dans leur réalité ». La libération conditionnelle implique de changer de façon importante un mode de vie et des réflexes en place depuis plusieurs années.
DE TRANSITION ?
Lors de son année en maison de transition, Mme Descôteaux avait une vingtaine d’individus à sa charge. Selon les besoins de chaque personne, l’intervenante pouvait
Lorsque la Cour ordonne des conditions ou des thérapies à un individu et que celui-ci n’est pas nécessairement prêt ou à ce stade dans sa guérison, la libération conditionnelle ou la probation peut s’avérer plus difficile. « Il y a un cadre qui fonctionne avec certaines personnes, tandis qu’avec d’autres personnes ça ne sert à rien, il faut s’y prendre autrement », estime Mme Descôteaux.
GABRIELLE PICHETTE
Dans un contexte où l’autonomie des jeunes se heurte aux exigences d’un quotidien encadré, l’Auberge communautaire du Sud-Ouest à Montréal se distingue par une approche pragmatique et adaptée. Valérie Fortier, directrice générale, expose ici la vision et les principes qui structurent ce lieu de réinsertion socioprofessionnelle.
Membre du Regroupement des Auberges du cœur du Québec, l’auberge œuvre pour lutter contre la pauvreté et le mal de vivre chez les jeunes en situation d’itinérance. L’établissement se consacre à la réinsertion socioprofessionnelle en offrant un accompagnement complet : aide psychosociale, développement d’habiletés, assistance dans la recherche d’emploi, orientation vers un suivi thérapeutique et soutien pour retourner à l’école. « Les résidents décident de leur plan d’action et nous, on les accompagne dans ce qu’ils veulent », explique Valérie Fortier, en soulignant l’importance de respecter le parcours individuel de chacun. « Il n’y a pas juste un chemin pour se rendre à Rome. Il n’y a pas juste une façon de réussir. La réussite, c’est large », illustre-t-elle.
L’auberge fonctionne comme une microsociété où chaque règle vise à instaurer un cadre sécuritaire et à favoriser l’apprentissage de la vie collective. Parmi les règles qui surprennent figure l’autorisation de consommer — bien que le matériel de consommation ne doive pas être vu —, et les heures limites pour rentrer à l’auberge sont fixées à 4 h du matin la fin de semaine et à 1 h du matin en semaine, afin de limiter le bruit dans les corridors et de permettre aux résidents de se reposer pour leurs démarches quotidiennes.
La vie en communauté se structure également autour d’une tâche ména-
gère quotidienne qui rappelle l’importance du vivre-ensemble et de prendre ses responsabilités. « On ne fait pas ça pour les faire chier. Un jour, il faudra qu’ils le fassent », observe Valérie Fortier, rappelant ainsi que certaines exigences préparent à la vie autonome. Le suivi hebdomadaire avec les intervenants et le paiement d’une contribution personnelle complètent les règles mises en place. Un système d’avertissements modulable permet aux jeunes d’assumer les conséquences de leurs choix, notamment lorsqu’ils optent pour ne pas se présenter au souper obligatoire du lundi au jeudi, moment stratégique qui, outre la gestion logistique de la nourriture, offre l’occasion aux intervenants de mieux connaître les résidents et de favoriser leur socialisation.
où ils n’ont pas encore à suivre toutes les règles à la lettre — est parfois instauré. Ce temps peut aller de quelques jours à deux semaines et permet de faciliter leur adaptation au cadre communautaire.
« On ne fait pas ça pour les faire chier. Un jour, il faudra qu’ils le fassent. »
Valérie
Fortier
Les enjeux auxquels font face les jeunes ont évolué. Aujourd’hui, les défis se concentrent principalement sur la santé mentale et l’accessibilité aux soins, sans oublier les récentes problématiques liées à l’immigration. La demande, exacerbée depuis la pandémie de COVID-19, met en lumière le manque d’accès aux services de santé pour ceux qui se retrouvent « entre deux chaises » — ni assez malades pour bénéficier pleinement du système de santé, ni suffisamment autonomes et responsables pour vivre dans une auberge.
Les profils des résidents varient également. Ceux sortant des centres jeunesse, habitués à un cadre strict, se trouvent parfois déconcertés par la liberté qu’offre l’auberge. En revanche, les jeunes issus de milieux de la rue, déjà familiarisés avec l’indépendance, peuvent éprouver des difficultés à accepter un encadrement nécessaire. Pour ces derniers, un temps de décompression — c’est-à-dire, un temps
Chaque auberge du cœur adopte un mode de fonctionnement propre à ses réalités et aux besoins de ses résidents. L’Auberge communautaire du SudOuest, la plus grande de Montréal avec 20 places réparties sur quatre étages, se veut particulièrement flexible. « Je n’ai aucune difficulté à remettre en question les règles. Il faut juste que ça ait un sens. Pour moi, une règle pour une règle, ça ne vaut pas grand-chose », affirme Valérie Fortier. L’essentiel est de trouver un match entre le résident et le milieu de vie. L’objectif ultime est de préparer les jeunes à la transition vers l’autonomie, que ce soit par un logement supervisé ou autonome, en les aidant à développer des compétences essentielles pour la vie quotidienne. Toutefois, la directrice pointe également une lacune fondamentale : le manque de préparation à l’autonomie dès l’adolescence, notamment dans les centres jeunesse, qui laissent souvent les jeunes mal équipés pour faire face à la vie d’adulte.
L’Auberge communautaire du SudOuest incarne une approche pragmatique où les règles, loin d’être de simples contraintes, se veulent des outils pédagogiques destinés à former des citoyens autonomes et responsables. En adaptant continuellement son mode de fonctionnement aux besoins variés des jeunes, l’établissement contribue à une réinsertion réussie.
MÉLODIE LANGEVIN
Le jour de son investiture en tant que 47e président des États-Unis, le 20 janvier 2025, Donald Trump a signé un nombre record de décrets. L’un d’eux vise à « rétablir la liberté d’expression et mettre fin à la censure fédérale ». Le président américain juge que l’administration précédente a censuré les discours qu’elle n’approuvait pas sur les plateformes en ligne, en faisant pression sur les entreprises de réseaux sociaux pour qu’elles modèrent ou suppriment ces contenus.
Louis-Philippe Lampron, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université Laval, explique que, pour Donald Trump, la vérification des faits a pour objectif de censurer une certaine forme de discours ; la sienne. Le président peut compter sur le soutien des géants du numérique pour mettre en œuvre sa vision de la liberté d’expression.
Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, qui détient notamment Facebook et Instagram, a annoncé en janvier la fin du programme de vérification des faits assuré par des médias, d’abord aux États-Unis. Il sera remplacé par des « notes de la communauté », qui fourniront de l’information additionnelle aux utilisateurs sur certains contenus de manière moins intrusive et sans affecter leur diffusion. Un système similaire de modération par les utilisateurs est déjà en vigueur sur le réseau social X, propriété d’Elon Musk, maintenant proche collaborateur de Donald Trump.
Si la liberté d’expression est essentielle en démocratie, M. Lampron souligne que cette dernière repose sur la capacité des citoyens à avoir accès aux faits. Les informations fiables proviennent entre autres des universités et des médias, auxquels s’attaque Donald Trump. Il menace de suspendre leur financement, entame des poursuites contre eux ou
leur interdit l’accès à des espaces et à des événements présidentiels s’ils remettent en cause le narratif gouvernemental. Les propriétaires d’entreprises médiatiques, qui ont souvent d’autres intérêts économiques, craignent également les représailles. « Le climat de peur est en train de s’installer et, malheureusement, dans l’écosystème informationnel dans lequel Trump arrivé en place, la plupart des médias traditionnels sont déjà à genoux, affirme le juriste. Parce que le modèle d’affaires est fragilisé par les GAFA, par Facebook, X, YouTube, etc. ». Il rappelle que les premières institutions ciblées par les régimes autoritaires sont les universités et les médias, ce qui lui fait croire que la démocratie est en jeu. Louis-Philippe Lampron explique que des contre-pouvoirs existent toujours aux États-Unis. « La Constitution est très, très difficile à modifier, précise-t-il. Il y a des garanties très fortes, une jurisprudence très solide qui protègent la liberté de la presse et la liberté d’expression ». Il estime toutefois que la reconfiguration de la Cour suprême des États-Unis que Donald Trump a été en mesure de réaliser, par la nomination de juges ultraconservateurs, pourrait permettre la modification de certains pans de la jurisprudence pour donner plus de pouvoir à l’exécutif, dont il est le chef. Il souligne qu’un mandat de quatre ans laisse le temps de faire basculer certaines institutions et garanties qui protègent la liberté de la presse et la liberté académique.
« On a besoin d’un espace où on va être capable d’échanger, qui ne sera pas biaisé par des intérêts purement mercantiles. »
Louis-Philippe Lampron
déclarations chocs, une après l’autre. « Dans ce contexte-là, les médias doivent continuer à faire leur travail, ne pas se démonter et espérer qu’à un certain moment, la rigueur va finir par l’emporter », poursuit-il. De plus, il mentionne qu’il doit y avoir une offre politique capable de contrecarrer l’offre actuelle très destructive. Finalement, il croit qu’il faut de toute urgence se doter d’un espace démocratique qui n’est pas la propriété de multimilliardaires.
Selon Louis-Philippe Lampron, les médias ont malgré tout le devoir de continuer à vérifier et à rectifier les faits. La tâche est colossale, puisqu’une tactique de Donald Trump, et de son équipe, consiste à inonder l’espace médiatique avec des
Le professeur de droit affirme que, même s’il est difficile de croire qu’on peut rivaliser avec les géants du numérique, il faut tout de même se lancer. « Il faut commencer avec quelque chose de citoyen, de petit, et travailler pour que ça soit une solution de remplacement, soutient-il. Parce qu’on a besoin d’un espace où on va être capable d’échanger, qui ne sera pas biaisé par des intérêts purement mercantiles qui justifient toutes les décisions de ces propriétaires de plateformes privées là. » Des initiatives émergent au Québec, comme le réseau social Qlub, qui se veut un espace sans algorithmes ni publicités, et La nouvelle place, encore en développement.
On souhaite tous voir nos parents et grands-parents vieillir heureux et en sécurité et on fait ce que l’on peut pour leur éviter de souffrir. Toutefois, prenons-nous assez le temps de leur demander leur avis ? Laissons-nous assez de place à leurs goûts et à leurs envies ? Sommesnous conscients de l’influence des normes sociétales sur leurs choix de vie ? Sylvie Lapierre, PhD, professeure spécialisée en gérontologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, ainsi que de Monique Séguin, coordonnatrice de l’organisme Contact-Aînés à Québec discutent de ces questions avec La Quête.
Mmes Séguin et Lapierre s’entendent pour dire qu’il existe un équilibre important à respecter entre protection nécessaire et contrôle excessif. Les troubles cognitifs sont les premiers considérés dans cette balance. Toutefois, selon elles, le fait de vieillir demeure trop souvent associé à une démence ou un déclin mental prononcé. Ces stéréotypes sont partagés par les membres de la famille, les proches aidants ainsi que les professionnels de la santé, induisant de faux diagnostics. Mme Lapierre rappelle qu’une grande partie de la population âgée présente une déficience auditive. « La personne n’est pas folle. Elle n’a simplement pas entendu la question ! », explique-t-elle. En conséquence, ces préjugés alimentent une infantilisation, « une forme terrible d’âgisme », selon Mme Lapierre. L’autonomie de la personne se trouve remise en question dès lors qu’elle se voit attribuer des rôles de dépendance. Celle-ci possède pourtant pleinement la capacité de choisir pour elle-même et de participer activement à la vie de la communauté.
Les conséquences psychologiques pour les aînés sont « désastreuses pour l’estime de soi, la confiance en soi et le sentiment de contrôle », explique Mme Lapierre. Ces stéréotypes sont progressivement intégrés par les personnes âgées elles-mêmes. Les aînés qui doutent de leurs propres capacités en viennent à se considérer « fragiles » et « vulnérables », ce qui les incite à s’autolimiter. Mme Séguin, elle-même âgée de plus de 70 ans, se surprend aujourd’hui à avoir peur de voyager. « Pourtant j’ai fait ça toute ma vie », partage-t-elle.
Mme Lapierre enseigne aujourd’hui la manière dont les personnes âgées prospèrent en Sardaigne. Les aînés y sont respectés, et sont encouragés à participer activement à la communauté. Ils y développent leur sentiment d’appartenance et d’importance, ce qui les facilite à prendre leurs propres décisions. « Le plus important, c’est de laisser les gens faire leurs propres choix », explique Mme Lapierre.
Durant notre rencontre, cette dernière a raconté qu’elle accompagnait sa mère à l’épicerie jusqu’à la fin de sa vie. Que ce soit pour de la sauce tomate ou le choix d’un logement, dans la mesure du possible, elle n’a jamais choisi à la place de sa mère qui a vécu plus de 100 ans.
Selon Mme Lapierre, l’objectif de l’entourage est de solliciter la prise de décision autonome chez les personnes âgées afin de préserver leur dignité et leur autonomie. Par exemple, l’organisme Contact Aînés se base toujours sur les attentes et les besoins des personnes concernées avant d’intervenir. Ils s’assurent de faire la distinction entre les intentions de la famille et les souhaits des personnes concernées.
Monique Séguin invite les aînés à ne jamais s’arrêter de bouger, d’avancer, d’apprendre et de rêver. Bien entendu, cela vient avec des risques, rappelle-t-elle. JeanJacques Rousseau disait : « Je préfère la liberté avec le danger que la paix avec l’esclavage. »
Permettre à nos aînés de renouer avec leur liberté, c’est un acte d’amour et de respect qui contribue à bâtir une société où vieillir ne rime pas avec perte d’autonomie, mais avec enrichissement mutuel. Plutôt que de les enfermer dans des rôles préétablis, offrons-leur la chance de continuer à s’épanouir et à influencer leur environnement — car c’est ainsi que nous leur rendrons véritablement hommage avec le respect qu’ils méritent.
THIBAULT B. FERNANDEZ
Corrivault
La plupart des êtres humains craignent la liberté parce qu’elle engage la responsabilité, cette capacité de décider et d’assumer les conséquences de ses choix.
Ma cousine qui vit en Oklahoma m’écrit son indignation face au chaos né dans son coin de pays depuis les élections. Bonne Américaine dont la famille est établie aux États-Unis depuis un siècle, elle trouve que le nouveau président offre an embarrassing crap show, mais ce qui la choque le plus, c’est entendre ceux qui ont voté pour lui, dire ne pas l’avoir élu pour ça.
La plaisanterie répandue, « ça lui donne un œil au beurre noir à la Statue de la Liberté ! », ne l’amuse pas, car cette statue représente toujours un symbole de liberté et d’émancipation, offert par la France pour célébrer le 100e anniversaire de la déclaration d’indépendance des États-Unis en 1776, ainsi que l’abolition de l’esclavage en 1865. Ma cousine a « perdu son français », mais reste sentimentale quand il s’agit des ancêtres du Québec.
Pour elle, le délire autour de l’annexion du Canada aux USA reste une énigme, même si ce n’est pas du nouveau dans l’histoire des deux pays. Sauf que, désormais, l’étendue de notre territoire exigerait plus qu’une étoile sur leur drapeau !
Dans le premier tome de son Histoire populaire du Québec, Jacques Lacoursière raconte qu’après la Conquête anglaise du Canada, les Treize colonies de la côte atlantique, entre la Nouvelle-Écosse et la Floride, avaient ouvert la chasse aux Anglais et aux politiques de taxation de Londres, qui avait des dettes de guerre à rembourser. Le 16 décembre 1773, soixante Bostoniens, les Fils de la liberté, s’étaient hissés à bord de trois bateaux chargés d’une cargaison de thé de la Compagnie des Indes que Londres exemptait de la taxe imposée aux autres commerçants. Après avoir vidé dans les eaux de la baie les barriques de thé, les saboteurs les avaient ironiquement remises en place.
Et comme prévu, le coup a soulevé l’ire des autorités britanniques qui ont riposté avec violence, lançant des représailles contre la population. Là, commence la guerre qui donnera naissance aux États-Unis d’Amérique. Comme dirait Valentine, « la goutte de thé a débordé de la tasse en porcelaine anglaise… ».
Le mouvement révolutionnaire tentera d’apprivoiser ses voisins en dépêchant à Montréal une mission pour les inviter à les rejoindre dans le respect des « libertés de religion et de presse ». Méfiants, les Ca-
nadiens accueillent les mandataires « à la française », mais refusent l’alliance proposée. L’inventeur du paratonnerre, Benjamin Franklin, qui était de la délégation, rentre à Washington et annonce l’échec avec un constat qui, 250 ans plus tard, redevient d’actualité : « Il en coûterait moins cher d’acheter le Canada que d’essayer de le conquérir… ».
L’Angleterre défend ses dernières colonies d’Amérique, mais c’est en Europe que naissent les conflits. En 1812, le blocus de Napoléon contre les Britanniques rejoint l’Amérique et rallume les hostilités entre le Canada et les États-Unis. À travers les récits de combats et les destructions, une anecdote veut que l’armée des Anglais, après avoir mis le feu aux bâtiments administratifs de Washington, se soit régalée du banquet préparé pour le président américain qui avait cru pouvoir remporter la bataille. Événement auquel fait allusion le président de 2025 quand il accuse le Canada d’avoir brûlé le Capitole.
De l’histoire commune des deux pays résulte une réalité contemporaine désormais peu rassurante. Au fil des décennies, les États-Unis n’ont pas cessé de repousser leurs frontières sans hésiter à déborder les limites du continent nord-américain pour grandir, créer des liens, échanger et partager richesses, valeurs, produits culturels, pour réinventer l’ordre mondial. Mais aujourd’hui, ma cousine de l’Oklahoma et les siens s’inquiètent face au risque de voir s’effacer leur rêve, pour leurs enfants, d’une société humanitaire, juste, fondée sur la libre circulation des personnes et des idées souhaitée par les fondateurs de leur pays. Si les technologies nouvelles changent le monde, elles doivent rester au service de l’humanité et non pouvoir la diriger.
MARTINE CORRIVAULT
Enquêtede sens
« Ce ne peut être que le diable ou Bach en personne ! » — L’organiste du village
Jean-Sébastien Bach (1685-1750) est reconnu comme le parangon de la manière la plus complexe de composer de la musique, le contrepoint. En particulier dans sa forme la plus exigeante, la fugue, qui consiste à faire chanter simultanément plusieurs mélodies à partir d’un même thème. J’abordais ce sujet dans ma chronique précédente (mars 2025). Fort des insuffisantes notions musicales que nous y avons acquises, nous allons maintenant pouvoir entamer notre périple dans l’histoire de la musique afin d’y rétablir quelques vérités. Si vous n’avez pas lu l’article, tant pis. Vous allez tout comprendre avec des petites vidéos en copiant les codes QR qui accompagnent le texte. [QR1]
Mais redisons d’abord que le contrepoint est la plus haute science de l’harmonie, la parfaite syntaxe, une des plus éclatantes conquêtes esthétiques de l’homme. La fugue est l’art suprême: la plus grande liberté dans le cadre le plus sévère. Il y a un processus, quelques règles, des lois, quoiqu’elles semblent ici consubstantielles à l’élément musical lui-même tant elles l’épousent naturellement [QR2]. Ce n’est pas tant la subjectivité de l’artiste qui doit s’exprimer que les possibilités cachées au sein du thème musical qui doivent être décelées. La subjectivité, comme la liberté d’ailleurs, peut être dangereuse, dissonante. « La liberté, c’est l’anarchie », disait Dali. En art, c’est la recherche de contraintes supérieures. Lisez Molière, ou La Fontaine: leurs limites sont strictes (métrique, hémistiche…), mais quelles libertés ils prennent! Regardez les exceptions qu’ils tirent de la règle. Les obstacles semblent exciter leur inventivité. Bach, c’est pareil. Il est poète des sons. Et la fugue, une musique sans rimes, sans couplets ni refrain, qui coule de source et jamais ne se répète [QR3].
avant d’étudier l’histoire pour réaliser qu’on m’avait manipulé. En réalité, les deux maîtres se respectaient. On a même retrouvé récemment une cantate qu’ils ont composée ensemble. Si jalousie il y eut, ce fût celle de Mozart à Vienne. Salieri y était puissant et lui a plutôt offert son aide. Il fut aussi l’un de ses rares confrères à se pointer à ses obsèques, et a continué à défendre sa musique après sa mort. Constance, la veuve de Mozart, lui a même confié la formation de leur fils. Pas très crédible comme tueur. On évoquera dans ce genre de cas la licence poétique. Certes, mais c’est chien pour Salieri, dont la réputation est ruinée à jamais. Avec un divertissement de masse comme le cinéma, prendre de telles libertés avec la réalité historique fait des ravages. Surtout dans une époque d’inculture complotiste qui a une attirance systématique envers tout ce qui est faux. Plusieurs rumeurs circulaient déjà autour de Mozart avant Forman, mais il a poussé l’outrecuidance jusqu’à écrire sur le bandeau publicitaire: « Tout ce que vous avez entendu est vrai. » Tout ce que vous avez vu dans ce film est faux, surtout ! Salieri n’a pas empoisonné Mozart; n’a fait aucun vœu de chasteté; ni tentative de suicide; n’a joué aucun rôle dans la commande du Requiem – que Mozart n’a pas composé en prémonition de sa propre mort et certainement pas en dictant des mouvements entiers de son lit en une soirée…
Avez-vous vu Amadeus, le film que Milos Forman consacre à Mozart ? Ce pauvre Antonio Salieri y est présenté comme un compositeur vaniteux et jaloux qui, en dépit d’une vie de dévotion et de chasteté, se voit refuser par Dieu le génie qu’il accorde à ce personnage lubrique et prétentieux, ce Mozart, pétomane aux mœurs douteuses et au rire strident hautement rébarbatif. Salieri est tranquillement mis en scène comme un assassin ! J’ai moimême colporté ces mensonges, en toute bonne foi,
J’aimerais proposer une thèse alternative au sujet de la mort de Mozart. J’affirme qu’un autre musicien est coupable: ce n’est pas Salieri, c’est Jean-Sébastien Bach qui a tué Mozart ! Ses fugues, plus précisément. Post-mortem si j’ose dire, puisqu’il n’était plus sur terre, mais six pieds sous elle. Fugues ayant entraîné la mort sans intention de la donner à une personne dépositaire d’un espace-temps alternatif...
Nous allons concentrer notre argument sur les raisons de l’inachèvement de certaines œuvres de Mozart. Lorsqu’il découvre les fugues, il ne lui reste que neuf ans à vivre. Son ami Jean-Chrétien Bach, fils de Jean-Sébastien, inféodé à la nouvelle mode galante, n’avait apparemment pas cru bon de lui dévoiler ses trésors familiaux. Il faut dire que 32 ans après sa mort, Bach est déjà tombé dans l’oubli. À l’époque, s’il arrive qu’on évoque le « grand Bach », c’est du « Bach
de Londres » qu’on parle. C’est-à-dire d’un de ses fils… L’introduction des partitions concernées a un peu foutu le bordel dans le ménage des Mozart. Constance en tombe amoureuse: « Elle ne veut plus entendre que des fugues, et surtout dans le genre de Bach », écrit Mozart, qui se fait gronder « de ne pas écrire ce qu’il y a de plus beau et de plus savant ». Mozart est un génie. La chose est entendue. Tout lui est facile depuis toujours. Mais pour la première fois de sa vie, il frappe un mur.
Le mur du son de Bach, que personne n’a jamais franchi. La lucidité commande d’admettre qu’il est passé à côté du plus noble des langages musicaux. Il ne se remettra jamais complètement de ce scandale.
Dans une lettre à sa sœur, il envoie une tentative de fugue sur le modèle de Bach. Lui d’habitude si satisfait, lâche cet aveu: « C’est maladroitement écrit. » [QR4] (on a retrouvé une dizaine de fugues inachevées) L’heure est grave. Il ne possède pas cet art de la fugue, cette sagesse entraperçue. Mais maintenant qu’il la sait être, il serait immoral de ne pas progresser sur l’unique voie du génie.
Dans le sillage des festivités de son mariage, il se lance donc dans la composition de sa Grande Messe en ut. Pour plaire à sa femme, mais surtout pour se mesurer à cette obsédante écriture contrapuntique avec une œuvre sacrée. Mais contrairement à ce qu’on raconte, il n’abandonne pas sa Messe à cause d’un quelconque désenchantement conjugal dû à la routine quotidienne ou d’une chicane avec sa femme. Les raisons sont évidemment musicales: il a échoué à résoudre les énigmes dans lesquelles il s’était emberlificoté. Difficile à admettre, mais il n’était peut-être pas prêt pour un projet contrapuntique d’une telle envergure. À sa décharge, signalons la magistrale fugue à sept voix [QR5].
Lorsque neuf ans plus tard il décide de se lancer dans l’écriture de son fameux Requiem, il sait dans quoi il s’embarque. Il sait qu’il va morfler, qu’il va devoir mouiller la perruque. Alors il procrastine, fuit, « fugue » pour ne pas fuguer… Contrairement
à son habitude, tout se fait dans le doute et la lenteur. Alors que plus il travaillerait rapidement à cette messe des morts, plus grassement il serait payé par son commanditaire. Mais il se disperse en multipliant les chefs d’œuvres écrits dans le style monosémique qui lui est familier : Concerto pour clarinette, Flûte enchantée pour se reposer du labeur harassant sur ses fugues grandioses. Malade, endetté, condamné par les tribunaux, Mozart s’enfonce dans l’indigence. Son corps flanche. Surchargé de travail, il se tue littéralement à la tâche. On a dit que le corps retrouvé était gonflé. Il n’avait servi que 35 ans… Lui aussi était inachevé, comme son Requiem qui restera l’opus le plus puissant de tout le corpus mozartien. Évoquant son processus de création, Mozart expliquait que lorsqu’une composition était achevée dans sa tête, il pouvait « d’un seul regard, la voir en esprit […] Je n’entends pas les parties les unes après les autres dans l’ordre, disait-il, je les entends toutes ensemble à la fois ». Cette sorte de point spatioauditif en lequel tout se condensait, était-il cette fois si densément saturé d’enchevêtrements contrapuntiques serrés, qu’entendre tout ensemble lui était impossible, et qu’il aurait littéralement pété au frette ? D’où le corps boursoufflé… Hum! Le contrepoint lui aurait explosé la carcasse de l’intérieur. Mozart serait mort de compactage contrapuntique extrême.
On se prend à rêver d’un Mozart qui aurait eu le temps de conquérir la fugue et d’en creuser plus profondément le sens. Car il faut une intuition, une intelligence, une sensibilité musicale spéciale pour savoir choisir le thème qui pourra s’emboîter heureusement à lui-même, et être en mesure de déployer toute la richesse de ses potentialités.
La fugue est une recherche d’absolu, un art de vivre qui exige la conversion entière de l’individu [QR6]. (À suivre)
MATHIEU RIOUX
Nous sommes dans un pays libre, ce qui nous donne la liberté de dire ou de faire ce que nous voulons, à condition de respecter les lois. Ces lois peuvent varier et être modifiées au cours du temps.
Lorsque j’étais à l’école primaire, il m’arrivait de me faire mettre dans le couloir parce que je dérangeais la classe. Ainsi, j’ai appris que je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais.
Puis au secondaire, il m’est arrivé d’aller au bureau du directeur, encore une fois parce que je perturbais la classe. Il m’est même arrivé de me faire mettre sur la black list des profs. Je pense que les profs m’aimaient bien, en général. C’était, je crois, à titre préventif. J’avais écrit un texte dans le cours de français qui s’intitulait Un vol parfait. J’avais partagé la meilleure note de ma classe, cette fois-là, avec une autre étudiante, même si j’avais commis une erreur de grammaire. Je n’avais pas eu la note parfaite.
Je me dis aujourd’hui que, sans être sur une black list, je suis surveillé. Je crois que la plupart des gens pensent à la prison ou à l’asile psychiatrique lorsque l’on parle de liberté limitée ou de liberté surveillée, et c’est vrai. Mais ce n’est pas toujours le cas. Quelquefois, la liberté d’une personne peut être limitée, pour sa propre protection, à son insu. Ce peut être un membre de la famille qui avertit le médecin d’une personne, souffrant de maladie mentale, qu’elle veut quitter la ville ou le pays. Ainsi, la police aura un rôle
important à jouer pour la sécurité de cette personne et sécuriser la famille.
En outre, je crois que notre liberté est limitée par les choix que nous faisons. Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique, un pays où tous les individus peuvent grandir avec leurs valeurs, et ça, c’est important. Bien sûr, nous ne serons pas toujours d’accord les uns, les autres, mais nous pouvons discuter et arriver à un accord.
Je crois que notre liberté est limitée tout au long de notre vie peu importe qui l’on est. D’après moi, les autorités tiennent à garder la paix sociale et, si cette paix est menacée, il y a des décisions qui sont prises pour la maintenir. Certains en sont conscients, d’autres non.
Lorsqu’il y a un désaccord, il peut y avoir une manifestation pour faire changer une loi. Et si c’est accepté, la loi change. C’est de cette manière que les sociétés évoluent. Je pense que les sociétés, qui n’ont pas cette chance, évoluent moins rapidement. Parmi les pays qui accueillent les étrangers, leurs valeurs sont souvent différentes, mais c’est aussi une richesse pour la société. Imaginez une ville où toutes les maisons seraient identiques, ce serait plutôt maussade.
En somme, malgré une liberté limitée, nous sommes dans le meilleur des mondes. En acceptant nos différences, nous serons unis et plus forts.
1er mai. Le Radiothon de CKRL a lieu une fois par année. Fondée dans les années 1970, c’est la plus ancienne radio communautaire francophone en Amérique du Nord. L’évènement de trois jours a pour but de ramasser des fonds. Il y a une foule d’activités spéciales, dont plusieurs spectacles et entrevues. G., lui, a pensé qu’il pourrait témoigner de ses problèmes comme victime d’actes criminels. Mais un des responsables sur place nous a expliqué que la mission de la station était surtout culturelle. Puis il a orienté G. vers CKIA, l’autre radio communautaire de Québec, qui avait peut-être plus une mission d’actualité et de société. Comme j’ai dit à G. que je connaissais cette station, il m’a pris au mot et nous sommes repartis sous la pluie. Rendus au coin de la rue du Pont et du boulevard Charest, on s’est assis sur un banc déjà à moitié occupé par une itinérante avec son vélo et ses sacs multiples. On a jasé un brin. Puis est arrivé un itinérant de Lauberivière, la principale ressource pour sans-abri de Québec. Il m’a raconté comme c’était rendu dangereux à cet endroit. Quand je lui ai demandé ce qu’il pensait du meurtre sordide de la semaine dernière près de la rivière Saint-Charles, il m’a répondu du tac au tac : « Il n’avait qu’à payer ses dettes de drogues ! » La belle affaire ! G. a répondu que ce n’était pas intelligent comme commentaire. Entékâ, on lui a donné une poignée de change et nous sommes repartis vers la rue SaintPaul dans le Vieux-Québec, un coin de la basseville où je savais trouver CKIA.
En chemin, mon téléphone sonne. C’est l’infirmière du TIBD [traitement intensif bref à domicile] qui m’appelle pour venir me voir. Quand je lui dis que j’ai peu dormi et que je suis dans la rue au centreville, elle n’est pas contente. Puis, quand je lui révèle que j’ai oublié ma médication du matin, elle panique presque. Je lui explique ce qui m’est arrivé et que de toute façon, ma médication du matin n’est pas psychique, mais pour mon physique. Pour la rassurer, je lui promets que je rentrerai chez moi avant midi et que je lui téléphonerai à ce moment. G. me rassure parce que lui aussi a déjà fait affaire avec le TIBD. « Ils sont « gossants » qu’il dit. On poursuit notre chemin.
Arrivés à la station, on s’est rapidement rendu compte qu’elle était fermée même si elle diffusait de la musique. Comme on revenait sur nos pas, G. a été attiré par les couleurs chatoyantes des tableaux d’une galerie d’art. Il faut dire que la rue Saint-Paul est renommée pour ses antiquaires et ses galeries d’art. On est entré pour voir et l’on n’a
pas été déçu. Il y avait plusieurs peintres québécois d’exposés. G. a attiré mon attention sur une toile de Marcelle Ferron à 50 000 $. Très beau, c’est pas peu dire. Ça m’a rappelé un vitrail qu’elle avait créé pour notre salon dans notre grande maison familiale à Montréal, en 1974. Le vitrail faisait un pan de mur pour notre salle de musique. Comme nous étions quatre enfants espiègles, c’était la solution pour séparer piano et système de son du bruit de la télévision. Marcelle Ferron est une des 16 artistes qui ont signé le Refus global manifeste contestataire et antireligieux parrainé par PaulÉmile Borduas en 1948. Un peu naïvement, mon neveu M. de passage à Québec avait écumé les quatre librairies de livres usagés de la rue SaintJean à la recherche d’un exemplaire original. Mon neveu, un touche à tout, avait lui-même tâté du pinceau à l’occasion. J’ai une de ses toiles chez moi qu’il a peintes avec sa blonde.
Finalement, on est reparti après avoir fait le tour de la galerie. Moi, je pensais rentrer chez moi, mais G. voulait continuer de marcher. J’ai cédé. On est reparti vers la haute-ville. Dans la côte du Palais, on s’est arrêté dans un hôtel cinq étoiles. Pour le fun, je voulais savoir le prix d’une chambre. Plus de 100 $. Ce sera pour une autre fois.
Puis, sur la rue Saint-Jean, je suis arrêté à la librairie Pantoute pour voir s’il restait des copies de mon livre. Bonheur, il leur restait deux copies. Il y avait une jeune femme qui regardait, près de moi, les livres québécois. Je lui ai demandé quel était son auteur favori. Elle me répond du tac au tac : « Et vous ? » Je lui sors mon livre des rayons et lui montre en répondant : « C’est moi ! » avec ma photo sur la jaquette arrière. Alors, je lui fais mon « pitch » de vente. « Regardez la table des matières à la fin. Ça va vous donner une idée rapide du contenu » Elle est conquise et décide d’acheter mon livre. Petite victoire.
Je reprends la rue Saint-Jean avec G. qui parle au téléphone avec sa mère. Diversion. Enfin, on peut se séparer. Je prends la Métrobus 807 à la place
D’Youville et rentre chez moi prendre ma médication du matin et téléphoner au TIBD. (à suivre ?)
par Jacques Carl Morin et Lise Gravel
CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES
Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou d éjà inscrites. Chaque case grise représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant.
1 ET 20 À L'AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D'UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.
Verticalement :
1- Organisation non gouvernementale internationale de protection de l’environnement.
1- Organisation non gouvernementale internationale de protection de l’environnement.
20- Organisme humanitaire fondé par Henry Dunant.
20- Organisme humanitaire fondé par Henry Dunant.
Horizontalement :
Horizontalement :
1- Art de faire bonne chère. Vaste exploitation agricole d’Amérique du Sud (CASTENIA). Courbure.
7- Rongeur grimpeur. Plante comestible. Café.
1- Art de faire bonne chère Vaste exploitation agricole d’Amérique du Sud (CASTENIA) Courbure.
2- Récupération, reconversion, réutilisation (AEEYRCCLG). Endurer (CRASSEENI). Affluent du Rhin.
8- Hasards. Assemblée ecclésiastique. Terre rare (MERUIB). Siège du Kremlin.
2- Récupération, reconversion, réutilisation (AEEYRCCLG) Endurer (CRASSEENI) Affluent du Rhin.
3- Pointe osseuse. Terrain en pente. Poisson rouge. Avant Caruso ou Macias.
9- Améliore la fertilité du sol. Internaute provocateur. Don. Fabricant coréen de produits électroniques (GMNSSAU).
3- Pointe osseuse. Terrain en pente. Poisson rouge. Avant Caruso ou Macias.
4- Sangsue (UTRIPLXEOE). Escompte, réduction. Langoustine frite (PACISM).
10- Énergie du vent. Équivalent temps complet. Unité de charge électrique (BOULOMC). Sphère.
4- Sangsue (UTRIPLXEOE) Escompte, réduction. Langoustine frite (PACISM)
5- Territoire du Canada. Nom de lieu. Cupide, convoiteux.
6- Contaminer, dénaturer. Ravivées. Huer.
10- Bêtisier (SRSTTIIEO). Effacer. Raccommodés (SPIERACE). Réponses
À quand la fin de la faim, de la famine ? À quand la paix dans le monde ?
Espoir…
Je suis retourné dans la rue. C’est moi qui ai provoqué ce départ. Je vivais dans un HLM, mais je me sentais comme un rat de laboratoire. J’ai vécu de belles histoires, mais je me sentais très seul dans mon studio. J’ai une seule maladie : j’aime le monde, j’aime parler de tout et de rien. La solitude m’a rongé à un tel point que je consommais beaucoup de drogue… j’étais en train de me tuer.
Je suis retourné dans la rue. La rue, c’est chez moi. Je suis avec mes frères et mes sœurs. Mais j’ai vite constaté que la rue a beaucoup
changé ces dernières années. Aujourd’hui, c’est plus « chacun pour soi », tu te sens plus seul au monde. Il n’y a plus autant de solidarité qu’avant. Les problèmes de santé mentale et les drogues ont pris beaucoup de place. Ça fait peur…
Ce n’est pas normal qu’en 2025, il y ait autant de gens qui vivent dans la rue. J’ai toujours cru qu’un jour, tout le monde aurait un toit, mais je me suis trompé… Les gens changent, mais les mentalités ne changent pas tant que ça…
Je crains pour les futures générations.
Peut-on espérer vivre en paix et le ventre plein ? Espoir.
Centre femmes aux 3 A de Québec
Pour la réorganisation sociale des femmes
Téléphone :
Télécopieur : 418
Ma vie était un flocon de dentelle. La plus belle et légère danse dans le ciel.
Aujourd’hui on m’avait métamorphosé en ourson ! Les sorcières bien-aimées du pays composaient de méchants poisons et m’opéraient pour faire de moi un mauvais diable ! Les patriotes et leurs méchantes reines m’empêchaient d’être une yogi magique ! Chaque saison, on me jetait de mauvais sorts. Je ne gazouillais plus dans mon petit home sweet home ! Mes princes charmants m’avaient abandonnée ! Anges ou démons étaient-ils devenus ?!...
Les chapelles et les églises étaient fermées et mon tam-tam amérindien reposait tristement dans la poussière de la ville. Mes petits pieds mutilés comme ceux d’une Chinoise n’esquissaient plus que rarement des danses. On voulait plutôt m’enfiévrer de maladies et de désespoir. Pas de courrier du cœur. Que des mots cruels autour de moi et en moi. Les petits bébés pleuraient souvent tristement. Paradis perdus.
Des tas de philosophes écrivaient des choses sublimes pour nous voir, nous pauvres humains, chavirer ces enfers, ces tourments. Pleins de jolis rituels ou mantras, on nous invitait à se créer. Il n’y avait donc pas que des
assassins de la beauté et des jardiniers de la folie. On pouvait aussi se faire un voyage avec le cosmos, notre galaxie mystérieuse.
Des trésors de la terre, des améthystes, des turquoises, des cristaux, des bijoux, des encens pouvaient nous purifier, nous réénergiser, guérir notre âme, embellir nos vies, nous apporter la joie et la paix. Des baisers et de l’amitié il ne nous restait plus qu’à offrir !
Mais hélas ! Le combat de l’ange était éternel et l’on choisissait sans le vouloir le repos du guerrier ! Notre route était semée d’embûches et de chimies meurtrières ! Les magiciens de la terre, les artistes pouvaient-ils eux aussi nous faire sublimer nos vies et faire de nous une jolie spice girl riant et chantant ?! Oui bien sûr, ils nous envoûtaient, nous ensorcelaient ! Hélas ! Et malheur à nous, certains d’entre eux volaient nos natures, nos beautés et nous obligeaient à la pauvreté, la maladie, la solitude et la banalité !
C’était bien cela le drame de l’humanité. Il y aurait donc des voleurs de chemins et d’existences partout ? Que faire que diable ?!
SYLVIE CHAREST
NEIGE ET DENTELLE
BELLE COMME LES JARDINS D’ÉDEN
GRÂCE À VOUS
MON CŒUR DE CRISTAL
MÉDITE SUR LA VIE
La question attendait beaucoup plus de la vérité que de la réponse
Car la réponse ne savait même pas
Qu’elle cachait la vérité.
Elle supposait elle-même chercher
Une vérité cachée
Pour retracer le mensonge inconscient.
Parfois un peu trop d’irritabilité
Constante dans ses actions
Mais cependant avec une douceur verbale
Elle disait véridique.
Car dans l’incertitude, je n’ai pas investi
Comme si j’avais peut-être mal compris
Le temps que le ciel donne aux nuages de ta vie.
Mon cœur courait
Mon âme voulait
Ma tête pouvait
Entre tant de variétés de vérités
L’illustre mensonge
Dans son illusion
Pouvait nous berner.
Il se tapissait dans son non-dit
Comme si j’étais en proie à la peur
De ma propre vérité
Mais les mensonges dissimulés
Me remplissent comme des piscines.
J’aimerais plutôt que ça me glisse sur le dos.
Quand la vérité prend l’escalier
Le mensonge prend l’ascenseur
Mais la vérité fera surface
Et montrera sa vraie façade
Car la vérité va au même étage que le mensonge
Seulement, elle prend plus de temps pour y arriver.
Souvent, le mensonge se voile la face
Et la vérité fait tomber des masques.
Samedi soir dans la Capitale
Tu sors enfin rien dans les poches
Juste pour pas péter un câble
Tout est fermé, même les cinoches
Aucun sourire à signaler
De Nation à l’avenue Foch
Le visage à moitié caché
On est tous plus ou moins moches
Sur les réseaux à volonté
Tu sais plus ce que c’est qu’un proche
Valentine depuis s’est maquée
Tu sens que t’as loupé le coche
Tout seul sur le quai de la gare
C’est sûr y’a quelque chose qui cloche
Ça ressemble à un cauchemar
Ya plus aucun train à l’approche
Depuis 10 ans il fait la loi
il te fait flipper te condamne
Un fléau où chacun pour soi
Est un refrain même plus un drame
Chômage partiel chômage tout court
Tu t’es fait virer sans reproche
c’est pas d’ta faute t’as rien fait pour
Plus personne pour garder les mioches
Les essentiels abasourdis
qui vont tomber, mais qui s’accrochent
Et l’autre moitié abrutie
Les journées devant la téloche
Au supermarché du quartier
Y’a plus que la moitié des stocks
À chaque fois dévalisés
Par des Français qui débloquent
Arwin est une jeune fille de 14 ans atteinte du diabète de type 1. Elle porte un capteur qui mesure continuellement son taux de glucose. Ses données de glucose s’affichent sur le cellulaire de sa mère Désirée qui reçoit des alertes lorsque le taux est trop élevé ou trop bas. Ces alertes sont très précieuses lorsque ses symptômes passent inaperçus.
Désirée, devait constamment surveiller les données avec son cellulaire et en aviser Arwin quand il y avait une alerte. Cela la stressait beaucoup quand elle était au travail, à l’épicerie ou à un party : elle devait surveiller et contrôler le diabète de Arwin à distance.
La candidature d’Arvwin a été retenue pour faire une formation à l’école des Chiens-Guides de la Fondation des Lions du Canada. On lui présenta Waya, un caniche standard (poodle) de couleur abricot. La chienne fait partie du programme diabet alert dog-guide Waya est dompté à renifler l’haleine de sa maîtresse. Avec son odorat très développé, elle capte si le taux de sucre est trop bas. Elle utilise ses pattes avant, pour avertir Arwin qu’il est temps de boire du jus. De plus, Waya va surveiller Arwin jusqu’à ce que celle-ci prenne sa boite de jus, que ce soit dans son sac à dos ou dans le frigo.
Après le décès de Belle, l’école Corazon m’a offert un chien. J’ai refusé car mon deuil n’était pas fait. L’école Corazon élève des cockers, la race de Boule dans Boule et Bill.
« Arwin a son chien guide qui détecte le taux de sucre grâce à Waya et qui donne un répit à la mère d’Arwin. »
Je suis tombée deux fois dans un coma hypoglycémique. Après, j’ai mieux appris les facteurs favorisant les écarts de glucose et je sais que le stress joue un rôle important dans la baisse de sucre. La mal bouffe, le chocolat et la liqueur débalancent la glycémie. Les consommer de manière excessive peut provoquer des crises. La consommation de bière augmente aussi les risques de débalancement. Quand comme moi, on a été serveuse dans un bar, il faut faire gaffe aux bières offertes par les clients.
Christina Foisy
L’éleveur de cette école était diabétique. Dès la naissance des chiots, elle les habituait à renifler son haleine. Puis elle effectuait toutes les opérations de contrôle son taux de glucose (piqûre, ingestion d’aliments et piqûre à nouveau) devant eux afin de les familiariser avec cette routine.
Les chiens d’assistance font une énorme différence dans la vie de leur maître ou maîtresse. Ils leur permettent de retrouver indépendance et autonomie. Arwin est confiante dans l’équipe qu’elle forme avec Waya.
CHRISTINA FOISY
J’ai aussi eu un chien d’alerte au diabète. Elle s’appelait Belle. Quand j’étais à l’extérieur et que je manquais de sucre, elle me faisait signe de m’asseoir sur un banc. Je devais prendre ma glycémie, manger des raisins secs et reprendre ma glycémie devant elle, avant qu’elle « m’autorise » à repartir. Puis je passais le commandement « à la maison » et je prenais le harnais. Je me fiais vraiment à elle, car ma vision était floue. Nous passions devant le parc où elle jouait d’habitude, mais dans ces circonstances, elle m’amenait directement à la maison. Une fois chez moi, à l’aide d’une corde mise après la pognée du frigo, je pouvais l’ouvrir. Alors, elle chercher ma boite de jus et me l’apportait.
Soudain sans faire de bruit
Une mémoire ressurgit
Sous gorge serrée
Une larme blesse ta joue
Doucement d’un doigt fragile
Elle s’éteint
Alors se réveille calmement
Ton souffle apaisant
Serti de prochains instants vermeils
Dans tes yeux renaîtra alors le cristal
La perle en toi dormait de trop de souffrances d’égratignures
Désormais qu’elle chante
Qu’elle danse
Laissant la liberté t’envahir
À tournoyer dans tes bonheurs
Comme l’arbre dénudé au temps froid
La sève qui coule en toi
Te redonnera tes bourgeons
En chaleur de parfum serein.
J’étais dans un royaume rempli de beauté
Il y avait des chevaux mystérieux
On était dans la vallée de l’amour
Il y avait une rivière avec de l’eau magique
J’étais au sommet du monde
Au-dessus de la montagne, émerveillée
Il y avait des arbres colorés, plein de couleurs
De toutes les couleurs, comme dans un enchantement
J’aimais regarder le ciel ; de toute beauté
Je souhaite contempler le ciel en deltaplane
Je voulais aller marcher dans le bois enchanté
Et respirer le bon air des arbres
C’était un monde plaisant de beauté.
VÉRONIQUE RIVARD
Dès notre atterrissage forcé par le travail douloureux de l’accouchement, notre liberté se retrouve limitée et dépendante du milieu où l’on se dépose. Limitée et dépendante aussi de ceux qui le contrôle : parents (riches ou non, bienveillants ou non), orphelinat ou centre d’accueil. Garderie et école viendront ajouter leurs limites respectives et une série de conséquences prévues en cas de non-respect. Notre liberté aura à subir tant de frustrations qu’on se demande s’il va en rester quelque chose. Pourra-t-on continuer à aller de l’avant tout en préservant sa joie de vivre ?
Pour le voyage de la vie (assez court), la joie et l’humour sont nos meilleurs compagnons. N’empêche qu’on ajoutera au voyage compagnon, ami, patron, fuckfriend, animal de compagnie… Et plus la liste s’allonge, plus les limites s’additionnent. Mais pensons-y une minute : si on arrêtait de considérer les limites comme des contraintes et qu’on les concevait comme des défis à relever ? Et si on les relevait avec de la joie et de l’humour ; ces indispensables facilitateurs, se rendre à la ligne d’arrivée pour le Nouveau Monde qui nous attend les bras grands ouverts et où la liberté sera totale et illimitée sera beaucoup plus agréable.
Et puis, il ne faut jamais sous-estimer la force intérieure de notre âme et notre capacité de rebondir. On peut surmonter des défis auquel un plus fort veut nous soumettre avec ses limites « sacrées »....ou pas.
En quelques semaines sur notre Terre
Une calamité mondiale fit le tour de notre planète
Elle met tous les peuples en confinement
Celle-ci en quelques mois… a pu changer toute une vie…
Par ailleurs, de par notre humanité
Nous sommes témoins que les femmes, depuis le début des temps
De par leurs libres choix d’aspirer à la maternité
De par leurs missions de transmettre la vie en leur sein
Et qui, jusqu’à maintenant, assure le maintien de la race humaine,
Expérimentent de façon quasi constante le confinement
Le confinement à vie, celui d’être mère
Qui plus est, si en plus cette mère
Ayant désirée, comme toutes les futures mères, l’enfant idéal
Et que cette attente, tout à fait humaine, ne se réalise pas
Et qu’au contraire, la vie lui confiait un enfant différent
Un enfant qui n’est pas comme celui de l’attente
Mais que cet enfant, quoique spécial, est quand même son enfant
Celle-ci après un premier choc, sûrement
Celle-ci prendra soin de cet enfant
Fidèle sera sa fibre maternelle
Elle l’élèvera de son mieux
Elle l’aimera par la grâce
Elle vivra pour tout donner à cet enfant, sa propre chair
Sa vie de mère, bien entendu, sera tout autre
Elle ne contrôlera probablement plus sa vie
Sa vie sera confinée
Un confinement à long terme
Un confinement à vie par le fait d’être une mère…
Une mère d’un enfant différent…
Une mère différente à vie !
MICHEL BRISSON
Je viens d’emménager dans le quartier SaintRoch. J’avais déjà travaillé dans les environs il y a une dizaine d’années et je constate que l’atmosphère a bien changé.
À l’époque, on sentait souffler un vent d’optimisme ; il y régnait un genre de fébrilité qui laissait espérer que tout le secteur allait se dynamiser. Bien sûr, les problèmes de pauvreté n’allaient pas disparaître du jour au lendemain, mais on avait l’impression que le quartier allait prospérer et que chacun y trouverait profit.
Aujourd’hui, je constate que les boutiques, les restaurants, les cafés et les bistros des environs ne sont pas accessibles à un grand nombre de résidents. Tout me semble cher. Pour un pauvre qui habite dans un logement modeste, c’est un peu comme si on lui présentait des plaisirs qu’il ne pouvait pas atteindre.
Le vivre ensemble peut devenir très frustrant quand se côtoient deux classes sociales trop différentes. En février, j’ai vu deux personnes installer leur sac de couchage dans la neige alors que je sortais d’un de ces petits bistros sympathiques des environs. Mendicité, luxe et haute technologie vont-ils ensemble ? Je ne voudrais surtout pas que ce contraste se traduise par un fossé qui se formerait entre l’envie d’un côté et le mépris de l’autre.
Le monde moderne qui met l’accent sur la réussite matérielle oublie de nous dire comment il est facile de mépriser les pauvres. Il suffit d’avoir plus d’argent pour déjà se laisser contaminer par l’impression de valoir plus. On n’y échappe pas facilement puisque même en donnant aux mendiants, on perçoit la justesse du proverbe qui dit que la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit.
YVES POTVIN
Références communautaires
Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches
Tél. : 2-1-1
Aide sociale
ADDS
Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec
Tél. : 418 525-4983
Aide aux femmes
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192
Centre femmes aux 3 A Accueil - Aide - Autonomie
270, 5e Rue, Québec
Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca
Centre femmes d’aujourd’hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec
Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org
Rose du Nord
Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org
Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca
Alphabétisation
Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec
Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com
Atout-lire
266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec
Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca
Le Cœur à lire
177, 71e Rue Est, Québec
Tél. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com
Lis-moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec
Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com
La Marée des mots
3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots Centre de jour
Relais d’Espérance
Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec
Tél. : 418 522-3301
Rendez-vous Centre-ville Centre de jour
525, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 529-2222
Détresse psychologique
Centre de crise de Québec
Tél. : 418 688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com
Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec
Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca
Tel-Aide Québec
Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca
Tel-Jeunes
Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com
Hébergement
Maison de Lauberivière
Pour hommes et femmes démunis ou itinérants
485, rue du Pont, Québec
Tél. : 418 694-9316
accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org
Maison Revivre
Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com
SQUAT Basse-Ville
Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec
Tél. : 418 521-4483
coordo@squatbv.com www.squatbv.com
Gîte Jeunesse
Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans
Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec
Tél. : 418 666-3225
Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec
Tél. : 418 652-9990
YWCA
Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes
Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca
Réinsertion sociale
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec
Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org
Fraternité de l’Épi
Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 523-1731
La Dauphine
Pour les jeunes de 12 à 35 ans 31, rue D’Auteuil, Québec
Tél. : 418 694-9616 courrier@ladauphine.org www.ladauphine.org
Insertion professionnelle
À l’aube de l’emploi (Lauberivière)
Formation en entretien ménager commercial/buanderie
485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org
Recyclage Vanier
Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com
Prostitution
La Maison de Marthe
75, boul. Charest Est, CP 55004
Tél. : 418 523-1798
info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com
P.I.P.Q.
Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec
Tél. : 418 641.0168
pipq@qc.aira.com www.pipq.org
Soupe populaire
Café rencontre Centre-Ville
796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)
Tél. : 418 640-0915
Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec
Tél. : 418 694-9316
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité
Tél. : 418 692-1762
Santé mentale
Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677 centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org
La Boussole
Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca
Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com
Centre d’Entraide Émotions
3360, de La Pérade, suite 200, Québec
Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org
La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec
Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca
Le Pavois
2380, avenue du Mont-Thabor, Québec
Tél. : 418 627-9779
Téléc. : 418 627-2157
Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca
Ocean
Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352
Intervention téléphonique
Tél. : 418 522-3283
Parents-Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167
Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec
Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org
Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org
Toxicomanie
Al-Anon et Alateen
Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca
Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec
Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca
Point de Repères 545, rue du Parvis, Québec
Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com
VIH-Sida
MIELS-Québec
Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida
625, avenue Chouinard, Québec
Tél. : 418 649-1720
Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org
6- Contaminer, dénaturer. Ravivées. Huer.
7- Rongeur grimpeur. Plante comestible. Café.
8- Hasards. Assemblée ecclésiastique. Terre rare (MERUIB). Siège du Kremlin.
9- Améliore la fertilité du sol. Internaute provocateur. Don. Fabricant coréen de produits électroniques (GMNSSAU).
10- Énergie du vent. Équivalent temps complet. Unité de charge électrique (BOULOMC) Sphère.
RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS
Le Projet L.U.N.E. est un organisme qui se consacre à la défense des droits et à l’autonomie d’action des travailleuses du sexe. À travers des actions concrètes et un engagement fort, nous cherchons à sensibiliser la société et à offrir un espace de soutien, de bienveillance, de dialogue et d’inclusion. Nous avons l’opportunité de partager nos réflexions et notre mission avec les lecteurs et lectrices du magazine de rue La Quête qui donne une voix essentielle à ceux et celles souvent oubliés par la société. Ce premier article est l’occasion de vous présenter notre organisme, nos valeurs, ainsi que notre engagement en faveur de la décriminalisation du travail du sexe. Nous espérons qu’il suscitera réflexion et compréhension face à cette réalité souvent méconnue et mal comprise.
MISSION DU PROJET L.U.N.E.
Intervenir, soutenir et accueillir les femmes/trans/ queer, travailleuses du sexe ou victimes d’exploitation sexuelle par le biais de l’action communautaire dans une approche d’intervention par les paires, en respect avec une philosophie d’empowerment, afin d’améliorer leur qualité de vie.
À PROPOS
Le Projet L.U.N.E. (Libres, Unies, Nuancées, Ensemble) est un groupe d’appartenance, de reconnaissance et de défense des droits sociaux « par et pour » des travailleuses du sexe (TDS), actives ou non, qui agissent à titre de paires-aidantes. Leurs savoir-faire et leurs expertises sont mis en commun et de l’avant de multiples façons (prises de parole dans l’espace public, sensibilisation, dénonciation des injustices, etc.).
Toute femme est la bienvenue, peu importe son histoire, son milieu ou son expérience.
HISTORIQUE
Le Projet L.U.N.E est né en 2007 d’une alliance entre le milieu communautaire, une équipe de chercheures et des femmes travailleuses du sexe de rue (TSR) et utilisatrices de drogues. Ce projet de recherche participative visait à répondre à un ensemble de besoins énoncés par les femmes et à renforcer leurs capacités de paires-aidantes dans leur communauté.
En 2012, fort de la mobilisation des femmes qui travaillaient à l’amélioration de leurs conditions de vie et à celles de leurs paires, le Projet L.U.N.E., organisme communautaire autonome est fondé. Son but principal est d’offrir aux femmes travailleuses du sexe et utilisatrices de drogues en situation d’itinérance un lieu d’hébergement sécuritaire à haut seuil d’acceptation. Notre approche est dite « par et pour », axée sur la reprise du pouvoir d’agir individuel et communautaire.
C’est en 2014 que l’hébergement d’urgence ouvre ses portes dans la basse-ville de Québec. En 2016, l’équipe de gestion est restructurée et consolidée, et nous recevons notre premier financement récurrent de la Ville de Québec.
En 2017, nous avons pu étendre nos heures d’ouverture et intégrer une équipe de travailleuses de rue.
Enfin, entre 2020 et 2022, durant la pandémie, nous avons ouvert un second hébergement d’urgence. Cependant, ce dernier a dû fermer en raison d’un manque de personnel.
Nous nous opposons fermement à la criminalisation du travail du sexe ainsi qu’à toutes les formes de stigmatisation et de discrimination à l’encontre des travailleuses et travailleurs du sexe.
Nous revendiquons la décriminalisation du travail du sexe.
DU SEXE EST UN TRAVAIL !
Chaque mois, à travers les pages du magazine de rue La Quête, nous aurons l’opportunité de vous offrir une variété de contenus : témoignages émouvants, informations précieuses, récits de lutte et d’espoir, ainsi que des réflexions profondes sur les enjeux qui touchent les travailleuses du sexe. Nous espérons que chaque article nourrira votre curiosité, ouvrira des perspectives nouvelles et participera à une meilleure compréhension de cette réalité souvent méconnue. Restez avec nous pour découvrir, chaque mois, une voix différente, une histoire différente, mais toujours un engagement commun vers l’égalité, la dignité et la justice pour toutes et tous.
Le Projet L.U.N.E. est là pour vous. Pour toute information ou tout soutien, n’hésitez pas à nous contacter :
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