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Du pâturage à la décroissance

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Le vieillissement

Le vieillissement

Un projet novateur est sur les rails dans la ville de Granby, celui d’y installer un abattoir de volailles sous forme de coop de solidarité sociale. L’objectif d’un tel projet est d’offrir une alternative plus éthique et écoresponsable aux petits éleveurs qui souhaitent éviter les abattoirs industriels. Un des instigateurs de ce projet prometteur est l’écrivain et peintre Marc Séguin, avec lequel La Quête s’est entretenue.

Le nom ne pourrait être plus évocateur de l’objectif du projet : Le Petit Abattoir. Un petit abattoir, pour les petits éleveurs. « C’est fait pour générer une communauté, dans une taille plus éthique et d’une manière plus respectueuse des éleveurs et des animaux. À plein régime, on est à 800 par jour alors que dans les gros abattoirs ça peut aller de 14 000 à 50 000 mises à mort quotidiennes ».

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Le statut de coop de solidarité sociale du Petit Abattoir lui permettra de ne pas orienter tous ses efforts vers la création de profits, mais plutôt vers ses membres. « Présentement, on développe le savoir pour mettre sur pied un abattoir et l’implanter dans une communauté. On le fait dans des conteneurs maritimes, ce qui est facile à démonter et à remonter ailleurs ». À l’heure actuelle, beaucoup de petits éleveurs doivent parcourir une distance considérable avec leurs animaux pour se rendre dans l’abattoir le plus près, puisqu’il n’en reste que quelques gros à travers le Québec. Ces déplacements contribuent à l’émission de gaz à effet de serre qui pourrait autrement être évitée avec l’implantation de petits abattoirs locaux. De plus, ces déplacements exigent une certaine logistique. « Quand j’y vais avec 50 poulets, j’ai l’impression que je dérange la chaîne puisque mes poulets ne sont pas forcément de la même grosseur et les machines sont calibrées pour certains formats plus industriels. Les poulets fermiers sont beaucoup plus gros! » Le Petit Abattoir sera initialement pour les poulets, les dindes, les canards et les lapins, mais n’exclut pas d’un jour y intégrer la viande bovine. « Notre objectif est de répondre aux besoins que l’on entend sur le terrain. Les petits éleveurs veulent accompagner leurs animaux dans tout le processus, même dans leurs mises à mort, puisque cela leur permet de suivre leurs traces ». Le projet a été pensé et développé pour être réalisable pour une modeste enveloppe de 450 000 $, ce qui ne représente qu’une goutte dans l’océan des budgets qui doivent être dép l i é s p o u r l a c o n s t r u c t i o n d’abattoirs industriels. À savoir si le projet est soutenable d’un point de vue financier, les projections sont encourageantes. « En date d’il y a deux semaines, on a déjà de la demande pour 63 jours. Nous sommes rentables à partir de 49 jours d’abattage et nous avons été conservateurs dans nos projections ». Dans une société québécoise qui tend à se redéfinir sur différents enjeux, la décroissance de l’abattage de volailles et autres animaux fermiers est certes un projet louable, ne serait-ce que pour le respect de l’animal. La pérennité du tel projet et sa réplicabilité dans d’autres régions ne seront réalisables qu’avec la conscientisation à l’élevage responsable et éthique. La proximité d’un tel service encouragera-t-elle les citoyens à considérer le petit élevage comme une alternative? D’ici la saison des pâturages et la concrétisation du projet de Petit Abattoir, ne reste plus qu’à attendre la sortie du prochain roman de Marc Séguin, prévue pour mars 2020.

« Les petits éleveurs veulent accompagner leurs animaux dans tout le processus, même dans leurs mises à mort, puisque cela leur permet de suivre leurs traces ». ~ Marc Séguin

SÉBASTIEN AGOSTINI-CAYER

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