MÉDECINE ET SCIENCES
MÉDECINE AIGUË
Une double expertise
Au CSP avec une jambe cassée ou une pneumonie? Depuis janvier 2020, des lits supplémentaires sont disponibles pour le traitement médical aigu des paraplégiques. Article adapté de la revue Paraplégie de décembre 2019
Le Centre suisse des paraplégiques (CSP) traite depuis longtemps les problèmes médicaux aigus des personnes atteintes de paralysie médullaire. Cet aspect du travail quotidien qui est fait à Nottwil est peu connu du grand public – et même les patients et les médecins traitants l’ignorent souvent. ACTUEL Médecine aiguë à l’heure du Covid-19 Pendant la crise sanitaire, beaucoup de choses ont changé provisoirement. Le CSP a mis à disposition sa nouvelle aile nord de soins médicaux aigus, comprenant une unité de soins intensifs et une trentaine d’appareils respiratoires, pour le traitement des patients atteints du Covid-19. Le canton de Lucerne a également demandé l’aménagement d’un centre médical dans ses locaux. 200 lits ont ainsi été installés dans la salle de sport. Pour le CSP, il s’agit d’un signe important de solidarité dans cette situation difficile. Pendant cette période, la prise en charge des patients paraplégiques peut être assurée sans restriction dans les autres parties du bâtiment.
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Ce constat nous a incités à informer nos lecteurs de l’agrandissement de la clinique et de la création d’une division dédiée à la médecine aiguë, qui sera à nouveau ouverte aux paralysés médullaires après la crise du coronavirus (voir encadré). En cas d’urgence, d’accident ou d’apparition de troubles, les paraplégiques et les tétraplégiques doivent bénéficier à Nottwil d’une double expertise: le savoir-faire pour tout ce qui a trait aux lésions médullaires et la connaissance spécifique en matière de médecine aiguë. À cette fin, la situation a été analysée et les différents processus de médecine aiguë, de rééducation et de médecine ambulatoire ont été plus clairement séparés les uns des autres. 82 lits supplémentaires «Grâce à l’extension de la clinique, nous aurons en tout 82 lits en médecine aiguë», explique le directeur du CSP, Hans Peter Gmünder, à propos de la stratégie. «En outre, nous avons renforcé nos équipes en recrutant des spécialistes chevronnés dans le domaine de la médecine aiguë.» De nombreux patients qui, jusque-là, étaient aiguillés vers d’autres hôpitaux en cas d’urgence avant d’être ensuite envoyés en rééducation au CSP, pourront désormais bénéficier de tous les traitements requis sous un seul et même toit à Nottwil, où trois unités de soins de 66 lits et une unité de soins intensifs de 16 lits les accueillent. L’ouverture des nouveaux bâtiments s’est accompagnée d’une mise aux normes les plus récentes en termes d’infrastructure et d’organisation des salles d’opération, de l’anesthésiologie, des soins intensifs, de la médecine de la douleur et de la médecine du sport.
Préparation de l’opération
Cette nouvelle offre permettra non seulement de résoudre le manque de capacité d’accueil auquel était confronté le CSP, mais aussi de garantir aux blessés médullaires une qualité de prise en charge élevée, aspect décisif de la restructuration. En clair, séparer médecine aiguë et blessures médullaires n’a pas de sens: «Ces deux domaines sont étroitement liés. C’est ce qu’oublient les hôpitaux qui se focalisent uniquement sur la dimension aiguë et négligent la médecine médullaire», déclare le directeur du CSP. Par exemple, les tétraplégiques ont souvent des difficultés respiratoires et sont plus sujets aux pneumonies. Dans le cas d’un patient sans lésion médullaire, il suffit de le soigner par des médicaments. Pour un blessé médullaire par contre, il faut gérer ses sécrétions, il faut des techniques et appareils spéciaux pour désencombrer ses voies respiratoires et des thérapies respiratoires qui rallongent considérablement la durée de traitement. Les médecins ayant soigné peu de patients paraplégiques ignorent souvent que l’on ne peut pas plâtrer une jambe cassée chez Paracontact I Été 2020