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MOBILITÉ

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À VOS CÔTÉS

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MOBILITÉ

Une coopération bien rodée pour une liberté retrouvée

Pour un conducteur paralysé médullaire, l’achat d’une voiture est complexe, nécessite une bonne coopération et prend beaucoup de temps. Le récit de Pietro, tétraplégique, le montre.

Gabi Bucher

Tétraplégique depuis un accident en 1994, Pietro a souhaité, dès sa sortie de la clinique, pouvoir à nouveau se déplacer à sa guise. Lors de sa rééducation au CSP, il avait rencontré le Docteur Zäch au restaurant et lui avait confié qu’il voulait avoir une voiture. Guido Zäch avait répondu qu’il n’y avait pas de problème, que c’était faisable. «À l’époque, ce n’était pas aussi compliqué qu’aujourd’hui», précise Pietro. La Fondation avait accordé un soutien financier, l’AI avait pris en charge la transformation, et cela s’était fait sans paperasse ni bureaucratie. La seule chose un peu plus ardue fut l’obtention de l’aptitude à la conduite. Il avait d’abord dû effectuer un trajet de contrôle à Lucerne avec sa voiture de l’époque, puis également à Berne. Aujourd’hui, cela n’est plus nécessaire. Après toutes ces années, les gens le croient quand il affirme qu’il peut conduire, dit-il en riant.

Aujourd’hui, sa deuxième voiture, en service depuis des années, doit être remplacée. «J’ai déjà eu quelques réparations coûteuses et une autre se profile à l’horizon. Ça ne vaut plus la peine d’investir dans ce

véhicule». Il s’est donc adressé au département Conseils vie (CV) à la mi-2018. «Je ne pouvais pas financer l’achat moi-même, alors j’ai demandé une aide auprès du conseiller Beat Bösch. Il est très compétent et a fait un excellent travail.»

Clarifications approfondies

Lors de l’acquisition d’une voiture, l’aspect financier doit d’abord être examiné. La première exigence est que le propriétaire soit en mesure d’assumer lui-même les dépenses de fonctionnement et d’assurance du véhicule après l’achat. Beat Bösch s’est entretenu avec Pietro et il est très vite apparu que non seulement les ressources propres du propriétaire étaient insuffi santes, mais que la contribution de la Fondation suisse pour paraplégiques ne suffirait pas non plus à couvrir l’achat de la voiture et les frais non remboursés de la transformation. Heureusement, Pro Infirmis offre un soutien dans les cas difficiles. Le bureau régional a examiné la situation financière de Pietro et a ensuite pris les choses en main afin de réunir la somme manquante. Beat Bösch, conseiller à CV, s’est chargé de toutes les autres tâches.

La liberté malgré les restrictions physiques

«En cas de situation financière tendue et de coûts de transformation élevés, il faut prévoir suffisamment de temps», explique Beat Bösch. «On compte environ un an entre la première rencontre et le moment où l’intéressé peut monter dans sa voiture.»

Dans le cas de Pietro, la priorité était de trouver un véhicule qui lui convienne, à savoir un minibus permettant de fixer son fauteuil roulant manuel directement au volant, car du fait de sa lésion médullaire haute, il n’a pas assez de force dans les bras pour effectuer un transfert. Cela représente aussi un gain de temps s’il utilise sa voiture plusieurs fois par jour. «C’était déjà comme ça avec ma première voiture», dit Pietro. «Pour autant que je sache, j’ai été l’un des premiers à conduire au volant d’un fauteuil roulant.»

Depuis 2000, Pietro vit dans une colocation de manière autonome grâce aux prestations d’ASD et à des soins privés. «Je me déplace beaucoup en voiture», dit-il. «Comme mes parents vivent à proximité, je mange généralement chez eux le midi car je ne peux pas cuisiner moi-même.» Pour la peine, il conduit sa mère lorsqu’elle va faire des courses. Il aime aussi retrouver régulièrement ses amis. «La voiture me donne un sentiment de liberté et d’indépendance. Il existe bien le service Betax (service de taxi à but non lucratif à Berne pour les personnes handicapées), mais je dois faire la demande à l’avance, ce qui est un peu compliqué. Avec mon propre véhicule, je vais et viens à ma guise.» Pietro aime partir en vadrouille. L’été, c’est en général avec son Swiss-Trac qu’il prend la route, «mais en hiver, je suis dépendant de ma voiture.»

Exigences complexes

Pour trouver un véhicule, Beat et Pietro ont fait appel à Kurt Stirnimann de la société Orthotec. Après une première consultation, il s’est avéré qu’il devait acheter un bus VW, simple et fonctionnel. Le VW T6 Caravelle Trendline, spécialement équipé pour son handicap, c’est-à-dire doté d’une porte coulissante électrique, d’un hayon électrique et d’une deuxième batterie, remplissait les conditions requises. La climatisation, accessoire absolument indispensable pour une personne tétraplégique, faisait partie de l’équipement standard. Néanmoins, même si l’habitacle de ce modèle est assez haut à l’avant, il fallait abaisser le plancher du côté conducteur afin d’obtenir une bonne position du fauteuil roulant, et la transformation était relativement complexe et coûteuse à d’autres égards aussi. De nombreuses adaptations supplémentaires ont dû être effectuées: une fourche de volant pour les tétraplégiques, le renforcement de la direction assistée hydraulique, le changement de la position du volant, le dispositif élévateur électro-hydraulique avec partie à repliement électrique, la fixation du fauteuil roulant côté conducteur et passager, le support dorsal/dossier, la télécommande pour l’élévateur, le bras électrique pivotant du coffre pour le chargement du SwissTrac, etc. Après déduction du rabais de flotte, le garage a facturé un prix de vente raisonnable.

Pleine satisfaction

Malgré l’étendue des démarches à faire avant l’achat d’un véhicule, la coopération avec Pro Infirmis, Orthotec, le garage et l’office AI s’est très bien passée, se souvient Beat: «Comme je savais exactement qui faisait quoi, il n’y a pas eu de souci de coordination. Pietro m’a aidé autant qu’il le pouvait et il m’a immédiatement fourni les documents nécessaires. Sans cette coopération, il est impossible d’obtenir une voiture.» Beat Bösch est content que Pietro puisse jouir de sa mobilité pendant les dix prochaines années et qu’il ait ainsi gagné en indépendance. De son côté, Pietro est heureux et très satisfait de son nouveau véhicule. Sa liberté et son autonomie sont à nouveau garanties. Ravi de l’aide de son conseiller, «il a été très aimable et compétent», de Kurt Stirnimann, «il a fait un excellent travail», de la fondation, «elle a réagi de manière simple et généreuse», il adresse à tous et pour tout un grand «merci, merci schön», dans son sympathique patois bernois.

INFORMATIONS SUR L’ACHAT D’UNE VOITURE

Conditions d’acquisition

Le propriétaire doit être en mesure d’assumer les frais de fonctionnement, assurance comprise, après l’achat.

Financement

S’ils ont de faibles ressources financières, les paralysés médullaires peuvent en principe demander une contribution financière à la FSP. Dans le cas d’achats très complexes (mais toujours simples et pratiques) tels que décrits ci-dessus, Pro Infirmis peut également être sollicité afin que le véhicule soit cofinancé.

Transformation

Les coûts de la conversion étant souvent bien supérieurs à 25 000 CHF, la FSCMA les examine minutieusement. Les frais de transformation non couverts par l’AI doivent être pris en charge par l’intéressé. Si cela n’est pas possible, il peut faire appel à la FSP.

Réductions pour les propriétaires de véhicules

Contributions d’amortissement de l’AI: Les personnes handicapées qui sont tributaires d’un véhicule pour se rendre à leur travail, ne peuvent utiliser les transports publics et perçoivent un revenu brut de 1778 CHF minimum par mois peuvent demander une contribution d’amortissement de l’AI. Celle-ci s’élève à 3000 CHF par an pour une voiture. Il est aussi possible de bénéficier d’un rabais de flotte, d’une rétrocession des droits de douane, d’une remise d’impôt sur les véhicules à moteur et d’une réduction sur les primes d’assurances tous risques.

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