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CONSTRUIRE SANS OBSTACLES

PLANIFICATION PAR LE CSO
Vivre et travailler sous le même toit
José Di Felice, entrepreneur, dirige sa propre société dans le secteur alimentaire. Pour ce faire, il a fait construire il y a quelques années des locaux dotés d’un entrepôt et d’un hall de manutention des marchandises, ainsi que de bureaux et d’une cuisine de démonstration.
Gerald Pappe, Centre construire sans obstacles
La passion de ce motard adepte de courses de vitesse lui a été fatale. Après une chute, il a été blessé à la cinquième vertèbre cervicale et s’est retrouvé tétraplégique. Le Centre construire sans obstacles (CSO) de Muhen a été sollicité dans le cadre de sa rééducation. En plus des travaux d’accessibilité dans les locaux de l’entreprise, un loft a pu être construit avec le soutien du CSO. Vivre et travailler sous le même toit présente de nombreux avantages.
Un entrepreneur dans l’âme
José Di Felice est le propriétaire d’une société du secteur alimentaire. Outre la gestion de l’entreprise, il est responsable de l’achat et de la distribution des denrées dans près de 500 points de vente, de l’acquisition et du suivi des clients, ainsi que de son équipe de huit personnes. En tant que directeur, il doit avoir accès aux différents locaux, du hall d’expédition non chauffé à la boutique du rez-de-chaussée, en passant par le bureau open space avec cuisine de démonstration et son bureau personnel à l’étage. Il entretient de nombreux contacts avec les fournisseurs de produits de qualité et d’aliments spéciaux, et parcourt ainsi 60000 à 80000km par an en voiture pour leur rendre visite en Suisse et à l’étranger.
Évaluation du lieu de travail
En novembre 2017, une évaluation du lieu de travail a été réalisée dans le bâtiment de deux étages «La Peppina» à Laupen avec le patient et l’architecte du CSO Muhen, ainsi que l’ergothérapeute du CSP Nottwil et la conseillère en moyens auxiliaires de la FSCMA Ittigen. L’objectif était de déterminer les travaux de transformation nécessaires pour que M. Di Felice puisse reprendre son travail en toute autonomie après sa sortie de rééducation à la mi-2018.
Mesures sur le lieu de travail
Pour permettre à M. Di Felice de diriger la société de manière autonome malgré son handicap, les bureaux à l’étage ont été rendus accessibles par un ascenseur vertical, plusieurs portes du rez-de-chaussée ont été automatisées, un espace sanitaire spacieux avec douche a été créé à l’étage et un grand abri pour voiture a été construit à l’entrée du bâtiment, le tout grâce au soutien du CSO Muhen.
Vivre et travailler sous le même toit
Jusqu’à récemment, M. Di Felice habitait dans une maison mitoyenne non loin de Laupen. Comme il ne souhaitait plus y vivre pour des raisons familiales et qu’y entreprendre des travaux pour la rendre accessible aurait été extrêmement coûteux en raison de l’espace disponible limité, l’idée lui est venue de créer un loft dans une partie de ses spacieux bureaux. Trois bureaux pourraient faire office de chambres à coucher et le grand hall aménagé avec cuisine de démonstration pourrait être reconverti en salon, salle à manger et cuisine.
Le concept était étonnamment simple, puisqu’une grande partie de l’infrastructure structurelle était déjà en place et qu’il suffisait d’installer un nouvel espace sanitaire.
Conditions cadres du droit de la construction
Les locaux de l’entreprise à Laupen sont situés dans la zone de travail 2, dans laquelle il n’est généralement pas permis d’habiter. Or «le logement du personnel lié au site à des fins d’exploitation est autorisé, pour autant que des dispositions appropriées soient prises pour assurer des conditions d’hygiènes acceptables». Ce fait étant clairement établi dans ce cas, le CSO Muhen a pu soumettre une demande ordinaire de permis de construire pour l’abri de voiture, l’installation de l’ascenseur et la reconversion de l’usage résidentiel (voir plan).
Préfinancement par la FSP
Pour qu’un tel projet puisse être mis en œuvre et surtout fourni à temps, un financement en temps voulu était indispensable. La Fondation suisse pour paraplégiques a apporté son soutien à ce projet et a pu rapidement garantir le préfinancement des coûts de construction de 200000 CHF estimés par le CSO. La planification a ainsi pu être poursuivie et le projet de construction a été mis à exécution.
Quel rôle l’AI joue-t-elle dans de tels projets?
Lors de l’évaluation du lieu de travail, l’idée a été avancée que les coûts qui auraient été engendrés pour financer des travaux de transformation dans la maison mitoyenne soient utilisés par l’AI pour aménager le loft dans les locaux de l’entreprise, confor
Bureau Ascen- seur Entrée
Bureau Accueil
Bureau du chef

Cuisine de démonstration/Séjour Séjour Chambre
Chambre
Salle de bain
Chambre
Terrasse sur le toit
mément au droit à la substitution. Il s’est toutefois rapidement avéré que ce n’était pas réalisable. Le droit à la substitution n’est en effet possible que si la solution de l’AI et le souhait du client concernent le même objet.
Dans le cas présent, après diverses objections et prises de position de la part du CSO et du service juridique de l’Association suisse des paraplégiques, l’AI a pu participer comme suit:
Ascenseur vertical L’AI a contribué à hauteur des coûts qui auraient été engendrés si un monte-escaliers à plate-forme ordinaire avait été installé, travaux de construction annexes inclus.
Sanitaires L’AI a contribué à hauteur des coûts qui auraient été engendrés si les toilettes du personnel existantes avait été transformées et agrémentées d’une douche.
Automatisation des portes L’AI a pris en charge les coûts de l’automatisation des portes de service.
Abri pour voiture L’AI a contribué à hauteur des coûts qui auraient été engendrés si seul un auvent plus petit avait été construit pour que M. Di Felice puisse réaliser ses transferts à l’abri des intempéries. L’AI n’a pas tenu compte du fait que la voiture n’aurait pu être que partiellement abritée des intempéries.
TÉMOIGNAGE DE JOSÉ DI FELICE
Quels sont les avantages de cette forme de logement?
En tant qu’entrepreneur accompli, je me dois d’agir avec sou plesse. Mes horaires varient en fonction du volume de travail. Je bosse souvent tard dans la nuit et le week-end. Un trajet court pour me rendre au bureau est donc avantageux, surtout en hiver. Je me lève le matin et je peux tout de suite me mettre au travail. Si, de par ma condition de tétraplégique, je dois vite aller m’allonger, je peux le faire immédiatement et sans grand effort. Vivre dans ma propre entreprise m’offre donc des avantages non négligeables. Comme j’ai besoin d’aide pour accomplir certaines activités du quotidien, mon assistante habite sur place, ce qui m’apporte flexibilité et autonomie. Je suis très reconnaissant à la Fondation suisse pour paraplégiques d’avoir soutenu financièrement mon projet et au bureau d’architecture de l’ASP de m’avoir accompagné avec compétence dans toutes les questions de construction et en tant qu’intermédiaire avec l’AI. Les travaux de transformation ont ainsi pu être effectués à temps. L’AI a aussi accordé des garanties de prise en charge dans le cadre de ses possibilités.
Je suis convaincu qu’une bonne solution a été trouvée ici, notamment sur le plan financier pour toutes les parties concernées, car les transformations du lieu de travail, telles que l’abri pour voiture, l’ascenseur et les installations sani taires sont aussi un plus pour l’appartement.