La Quête numéro 244 octobre 2022

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Cohabitation

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244 Octobre 2022
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Nouveau!

COHABITATION JEU

22 La quête des mots

Sur le terrain de l’entente

Mal de mères

Famille recomposée

Entre errance et résidence

Cohabiter au quotidien avec l’itinérance

Quand la mort rôde 16 (Ré) apprendre à cohabiter 17 La polarisation des idées à l’ère numérique 18 Nos amis les animaux

POUR LE PLAISIR DE LIRE

24 Tu mérites d’être bien 25 Cohabiter avec l’espoir 26 Grands ego et grands malheurs

Abordons le logement social 28 Vivre avec ses fantômes 29 Sentiment versus raison 30 Choisir son voisinage 31 Chère dulcinée 34 Je voudrais…

Tous cohabitants

Bienvenue au Club des placoteux

Cohabitation

Ensemble à ma manière

LA QUÊTE 03 OCTOBRE 2022
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Crédit photo : La Quête Crédit photo : Jon Hembree Dreamstime Stock Photos

RÉALISER L’ESPOIR

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

SUIVEZ-NOUS SUR facebook.com/laquete.magazinederue et issuu.com/laquete/docs

PAGE COUVERTURE

Image: Shutterstock

Conception graphique : Mélanie Imbeault

ÉDITEUR

Archipel d’Entraide

ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette

RÉDACTRICE EN CHEF

Francine Chatigny

DIRECTRICE DE L’INFORMATION Valérie Gaudreau

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Isabelle Noël

CHRONIQUEUR.EUSE.S

Martine Corrivault, Claude Cossette, Philippe Bouchard et Marc Émile Vigneault

JOURNALISTES

Francis Beaudry, Catherine D’Amours,Christine Deslongchamps-Pelletier, Philippe Fortin, Nicolas Fournier-Boivert, Malia Kounkou et Victor Lhoest

AUTEUR.E.S

Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de décembre-janvier : Philosophie

UNE TRIBUNE POUR TOUS FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT

Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

Nom : Adresse : Ville : Code postal : Date :

Abonnement régulier 65 $ Abonnement de soutien 80 $ Abonnement institutionnel 90 $ Téléphone :

La Quête est appuyée financièrement par :

Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

Financé par le gouvernement du Canada

Bertrand Cyr, Jay Dionne, Gaétan Duval, Jeune fréquentant le TRAIC, Mélanie Tremblay, Éric Trudel, Véronique, et Christiane Voyer

AUTEUR DU JEU

Jacques Carl Morin

RÉVISEUR.E

Benoit Arsenault et Véronique Hardy

INFOGRAPHISTE

Mélanie Imbeault

IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COPYLEFT

La Quête, Québec, Canada, 2014

Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « PaternitéPas d’Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

Journal La Quête

190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7

Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca

04 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE

Cohabitation

La densité de la population ne cesse d’augmenter et on vit de plus en plus les uns sur les autres, aussi différents sommes-nous l’un de l’autre. Ce voisinage, réel et virtuel, constitue un défi quotidien d’adaptation et d’ouverture, auquel s’est intéressée l’équipe de La Quête dans cette édition d’octobre.

COHABITER AVEC LES PROCHES

D’entrée de jeu, Victor Lhoest propose des portraits de cohabitations intimes. Des gens, qui habitent ensemble ou partagent un espace commun, nous exposent comment ils arrivent à vivre harmonieusement. Peut-être y trouverez-vous une source d’inspiration pour améliorer vos relations avec votre entourage.

Aussi intimes et forts que soient les liens qui unissent une famille, aussi intenses sont les altercations. Et combiner deux familles multiplie les enjeux de cohabitation. Philippe Fortin s’est adressé à une psychologue pour connaître quelques trucs pour mieux vivre cette mixité.

Voici un tabou qui commence à tomber : devenir mère et avouer le regretter. Malia Kounkou rapporte le témoignage de Marie-Ève qui l’admet ouvertement, même à ses propres enfants.

COHABITER AVEC LES SANS HABITATION

Notre édition fait aussi une large part à la cohabitation avec ceux et celles qui sont sans abri. Dans Entre Errance et résidence, Catherine D’Amours s’entretient avec Jocelyn qui a connu une période sans domicile fixe, qu’on désigne aujourd’hui par l’expression : instabilité résidentielle. Grâce à son témoignage, on comprend non seulement que les parcours qui mènent à la rue sont multiples, mais aussi qu’il n’est pas si simple de s’en sortir : un propos qui invite à revoir nos interactions avec les personnes en situation d’itinérance que l’on croise au quotidien.

Notre sociologue en résidence s’attarde aux causes structurelles de l’itinérance. Belle démonstration de ce phénomène qui prend de l’ampleur à Québec — on aura les vrais chiffres puisqu’un dénombrement est prévu à la mi-octobre — qui ne s’explique pas que par les choix individuels.

Francis Beaudry, qui est notre journaliste invité nous livre son parcours dans Que sont devenus nos journalistes. Il habite maintenant le Grand Sudbury. Tout récemment, cette ville du Nord de l’Ontario ouvrait un centre de consommation supervisé. Fait commun, l’arrivée de ces installations a été décriée par la communauté. Et pourtant, quel baume pour les principaux concernés, chiffres à l’appui !

Comment se réinsère-t-on dans une communauté après avoir passé une grande partie de sa vie derrière les barreaux de prison ? Élizabeth JeanAllard est allée à la rencontre d’un homme qui a dû (Ré) apprendre à cohabiter.

LA VOIX AUX EXPERTS DE VÉCU Vivre dans un hébergement chapeauté par un organisme implique nécessairement une forme de cohabitation non désirée, mais salvatrice s'il faut en croire les deux personnes qui ont fait parvenir un texte sur la cohabitation. Elles y expriment leur cheminement dans ces lieux de vie et mettent en évidence, les bienfaits de cette vie en communauté, comme une invitation à dissiper les craintes de leurs pairs qui n’oseraient pas s’y aventurer…

Tadam !

Avec beaucoup d’enthousiasme et de fierté, les camelots vous offriront dorénavant une toute nouvelle manière de payer votre exemplaire de La Quête dans la rue. Simple et efficace, cette solution de paiement à l’aide d’un cellulaire permettra sans aucun doute de convertir les « désolé, je n’ai pas d’argent » en « ah oui! je t’en prends un ! ». Une différence plus que technologique pour les vendeurs et les vendeuses qui passent de longues heures à leur intersection désignée pour vous offrir votre magazine de rue préféré !

Un gros merci au CIUSSS de la CapitaleNationale qui a largement financé ce projet et à l'équipe de Solutions Kumojin qui a su développer la solution « facile, facile », qu’on souhaitait offrir aux personnes qui vendent La Quête !

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 05

ourtoisie:Claude

TOUS COHABITANTS

Il y a trente ans, seuls de nouveaux retraités de souche habitaient dans ma bâtisse. Maintenant, j’avoisine un jeune couple d’ascendance coréenne, une famille d’immigrés maghrébins, quelques universitaires à la peau noire ou blanche. Et d’autres.

Pour le genre humain, la cohabitation est une façon ordinaire de vivre. Vivre sous le même wigwam, le même igloo ou le même toit, constitue la manière habituelle de se protéger contre les intempéries… et de gagner en humanité.

Comme le définit la troisième acception du dictionnaire Larousse, cohabiter c’est : « 3. Vivre avec un autre groupe sur le même territoire sans remettre en cause le système existant ».

LA COHABITATION PRIVÉE

Certaines personnes partagent le même « territoire » pour des raisons pratiques. C’est le cas de ces collégiens obligés de gagner une métropole pour poursuivre leurs études. De ces travailleurs parachutés dans une autre ville le temps d’un contrat. De cette main-d’œuvre saisonnière qui supplée aux bras qui nous manquent.

D’autres y sont contraints par les circonstances comme ces désargentés coincés dans un espace minimal, ces réfugiés entassés à huit ou dix dans un logement exigu, ces itinérants partageant, au mieux, une place dans un dortoir et souvent, qu’un coin de gazon ou de béton.

Cohabiter, c’est parfois choisir de partager le même lit. C’est le cas de ces jeunes adultes enflammés par l’énamourement, trop heureux de construire leur petit nid d’amour. Ou de ces vieux couples qui cohabitent, à travers vents et marées, depuis vingt-cinq, cinquante ans ou davantage.

On peut également penser à cette cohabitation intergénérationnelle où des parents partagent leur logis avec fils et belle-fille, fille et gendre… incluant parfois les petits-enfants. Ou celle où des fils, des filles, partagent leur espace familial avec leurs parents qui ont besoin de soins.

Que la cohabitation soit contrainte par les circonstances, déclenchée par la générosité ou nourrie par l’instinct grégaire, elle générera ses instants de bonheur autant que ses passages difficiles. Mais elle demeure une manière tout humaine de vivre.

LA COHABITATION TERRITORIALE

Sédentaires ou nomades, les humains se sont toujours déplacés pour chercher des terres plus hospitalières, un climat plus clément, des ressources plus

abondantes (eau, fruits et légumes, gibier), des voisins plus paisibles. Et ces mouvements de population ne font que s’amplifier.

Cela, pour plusieurs raisons dont les récents moyens de communication qui facilitent les déplacements et qui font miroiter des styles de vie plus alléchants. Conséquemment, plus de gens s’expatrient. Ils le font pour réaliser un rêve ou parce qu’ils sont poussés par des forces externes (guerre, racisme, famine, intolérance religieuse).

C’est ainsi qu’au cours des dernières décennies, la population du Québec s’est maintenue par l’immigration, produisant des communautés multiculturelles composées de résidents de la culture native et de corésidents de cultures allochtones, tous obligés de cohabiter.

Le sociologue Zygmunt Bauman estime que, quelle que soit leur origine ethnique, les élites se détachent de leur culture propre, partageant même style de vie et mêmes valeurs. Cela, contrairement aux classes populaires qui, enracinées dans leur culture locale, ne cohabiteraient avec « les étrangers » que dans la méfiance — au mieux, dans l’indifférence ou la tolérance.

Dans une cohabitation désormais inévitable, les Québécois-de-terroir se voient invités (contraints ?) à relativiser leur culture et leurs mœurs, alors que l’on attend des immigrants qu’ils manifestent clairement (qu’ils prouvent ?) leur loyauté et leur affection à leur pays d’accueil et non pas qu’ils maintiennent et affichent les signes qui les distinguent. Et dans ce contexte, tous doivent pratiquer la tolérance : les « de terroir » doivent consentir quelques accommodements aux nouveaux arrivants et ceuxci doivent s’accommoder des mœurs de leur pays d’accueil.

Or, dans La Tolérance pervertie, l’anthropologue québécois Raymond Massé juge que la paix sociale se trouve menacée par des accommodements consentis avec trop de légèreté par les Québécois. Dans Le Naufrage des civilisations, le grand écrivain Amin Maalouf prévient par ailleurs que, quoi qu’il fasse, tout porteur de deux nationalités risque d’être considéré comme un « traître ». Qu’ils aient raison ou tort, le fait est que la cohabitation sera inévitablement un lieu de conflits, de négociations, d’ajustements. Puis, avec la bonne volonté de chacun, DE PAIX en construction !

06 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
CLAUDE
COSSETTE
HRONIQUE C

SUR LE TERRAIN DE L’ENTENTE

Sur le terrain de l’entente, les affinités ne répondent pas qu’à la règle des atomes crochus. La rencontre de l’autre est une source de conflits dont naissent des compromis. Collègues, couples, amies et colocataires ont accepté de partager avec La Quête le secret d’un bon terrain d’entente.

Certains se sont rencontrés par l’envie d’aborder autrui, alors que pour d’autres, la rencontre n’était qu’une heureuse surprise. Mais tous, à leur manière, se mettent d’accord sur leurs désaccords pour à terme trouver l’accord parfait.

LES SEPT COLOCATAIRES

Entre les six des sept membres de la coloc - ils sont rarement tous ensemble - plane l’alchimie réconfortante de la série Friends. « Les personnes extérieures ont parfois

l’impression d’être à l’écart, on doit avoir l’air d’une secte », ironise Pierre, qui a emménagé dans la colocation en 2021.

Lauriane, arrivée en premier courant 2019, remarque que les premiers mois, l’organisation était presque bureaucratique. « On faisait des réunions quasi tous les dimanches pour remettre les points sur les i, surtout par rapport au ménage ».

Au mois de juillet, leur propriétaire a voulu récupérer son appartement montréalais. Les colocataires ont tenu à rester ensemble et ont déménagé dans le Mile End.

Pour se sentir chez soi en cohabitant avec les autres, Charlotte aime dire qu’elle a une certaine « dose

sociale », c’est-à-dire un seuil nécessitant des pauses quotidiennes pour ne pas saturer. De plus, la cohabitation est facilitée par une proximité en âge et en mentalité. « On est politiquement raccord, et ça se traduit dans notre manière de vivre », estime Hugo.

Cette cohabitation a également été un moyen pour Victor d’apprendre à parler sans tabous.

« Pour ma première colocation, j’étais avec ma meilleure amie, et c’est devenu compliqué, il y avait des non-dits », raconte celui qui a un tempérament plutôt réservé. « C’est plus rassurant de s’exprimer devant plusieurs personnes parce que les remarques ne visent pas quelqu’un en particulier. »

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 07
Victor, Hugo, Florian, Charlotte, Pierre et Lauriane Crédit photo : Victor Lhoest
« Plus rassurant de dire les choses à plusieurs personnes plutôt qu’une seule »

MARIAGE CINQUANTENAIRE

Michel est marié à Paulette depuis 50 ans (!). Dans une des avenues montréalaises piétonnes pour l’été, la question de la pérennité de leur couple fait sourire Michel. D’abord parce qu’il est fier d’annoncer ce chiffre, et puis parce que le sujet lui évoque d’emblée les bons moments de ces années communes : leurs deux enfants,

son travail de représentant et les retrouvailles avec sa famille après avoir passé la semaine sur la route. À 73 et 75 ans, Paulette et Michel sont retraités. Désormais, le secret de l’harmonie du couple n’est autre que leur sens de l’humour. « On est capable de rire de nous ! », assure Paulette, accompagnée par les hochements de son mari. Et quand le couple est confronté à des désaccords, Paulette énonce ce que tout le monde conseillerait pour faire perdurer un couple : « il suffit de se parler ».

S'ENTENDRE AVEC SES VOISINS DE TOMATES

Le jardin de Jacinthe est rempli de légumes - des tomates, des concombres et des brocolis « offerts par une voisine ». Sa parcelle, de trois mètres de large et six de long délimitée par des rebords de vingt centimètres, en est une parmi les dizaines du jardin communautaire De Lorimier situé dans Le Plateau-Mont-Royal à Montréal.

Elle occupe depuis deux ans ce bout de terre qu’elle partage avec une amie pour se répartir le travail. Avec ses voisins de parcelle, le troc, les bonjours et les dons de légumes « lorsqu’on en a trop » assurent la bonne entente. « Je ne connais pas leurs noms par exemple », admet Jacinthe pourtant capable de donner des anecdotes sur chacun d’eux : ici celui dont le jardin est séparé en deux depuis la mise en place d’un nouveau règlement, là

celle qu’elle connaît un peu plus parce qu’elle est dans le conseil d’administration.

Depuis la rue, les jardins sont visibles, protégés par un grillage uniquement. « On dit qu’il y en a qui piquent, mais il y a très peu de vols », souligne Jacinthe, fière que cet espace et ses récoltes soient respectés, alors que personne ne garde les lieux.

08 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
Michel et Paulette Jacinthe dans son jardin communautaire Crédit photo : Victor Lhoest Crédit photo : Victor Lhoest
« Le secret, c’est l’humour »
« Je ne connais pas leurs noms »

ENTRE COLLÈGUES, DES AMITIÉS EXTRA-PROFESSIONNELLES

Depuis plus de deux ans, Nyll et Manon osent le mélange vie privée et vie professionnelle que beaucoup redoutent.

Elles sont colocataires, travaillent ensemble dans un restaurant et sont l’une pour l’autre « la famille qu’elles se sont créée », conçoit Nyll, se moquant de cette phrase toute faite définissant pourtant à merveille leur relation.

Lier l'affect et la job peut être nocif. Les deux amies ont un exemple précis en tête : celui de la préparation des sauces. Une histoire de dosage où Nyll vérifie qu’il n’y ait pas d’erreurs. « Je mets mon nez partout », insiste-t-elle. « Je vérifie de la même manière le travail de tout le monde, mais Manon va penser que je ne lui fais pas confiance ». De l’avis de Manon, « il y a une notion de ne pas décevoir l’autre. Elle a des attentes et se dit : “c’est mon amie donc elle va bien travailler” ».

La confiance est aussi ce qui a rapproché Marilou et Léonie assises autour d’un verre. Les deux collègues travaillent dans une entreprise de construction architecturale. C’est lors d’un party de travail, il y a six mois, à la période où Marilou intégrait l’entreprise, qu’elles ont remarqué que ça collait entre elles. « C’est parce que les deux, on boit ! », rigole Marilou, le ton franc et assumé. « Ce soir-là, elle a constaté que j’étais une fille cool, bien, et digne de confiance ! Ça c'est important », conclut Léonie.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 09
VICTOR LHOEST Nyll et Manon Crédit photo : Victor Lhoest Léonie et Marilou Crédit photo : Victor Lhoest
« Elle a constaté que j’étais digne de confiance »

MAL DE MÈRES

On ne naît pas mère, on le devient. Le devenir ne signifie pas aimer l’être d’emblée. C'est un tabou social que de l’admettre dans un monde où instinct maternel et femmes ne doivent former qu’une seule entité, et non deux éléments conflictuels en cohabitation. Mélissa Lasnier, psychologue, et Marie-Ève Baillargeon, mère en « malternité », nous racontent ces réalités plus courantes qu’il n’y paraît.

« C’est une chose qui n’est pas discutée dans la société », déplore Mélissa Lasnier au sujet de la dépression postnatale, un mal qui touche pourtant près d’une nouvelle mère sur quatre, selon Statistiques Canada. Parmi ses symptômes notons de l’anxiété extrême, une tristesse inexpliquée, de la perte d’appétit, des idées noires, et surtout, une grande difficulté à prendre soin de son nourrisson.

« La mère est envahie par ses propres émotions et n’est pas disponible en termes de temps et d’accompagnement affectif ou psychologique pour son enfant », explique la psychologue.

« Et ça impacte sur tout ce qui l’entoure. »

Des deux côtés, ce mal terrasse et ostracise. La mère se sent indigne d’un rôle qu’elle a tant désiré, mais qui, à terme, est extrêmement difficile à assumer. L’enfant ressent généralement cette déconnexion de plein fouet, mais, incapable de mettre le doigt sur son origine, en endosse la pleine responsabilité. Et entre les deux, le lien est inexistant, empêché par une dépression qui peut durer de quatorze jours après la naissance jusqu’à plusieurs années.

« Tout dépend de l’intensité des symptômes, du soutien obtenu et de l’accompagnement que la mère va recevoir », énonce Mélissa Lasnier pour qui une lumière au bout du tunnel existe. « Il faut beaucoup d’écoute, de compréhension, de compassion et, surtout, ne pas rester en isolement affectif. »

UNE CULTURE DE LA HONTE

Hélas, le tabou entourant ce sujet est si grand que la parole se trouve rarement libérée. La femme qui en souffre préfère se réfugier dans le silence, par peur d’être jugée. S’ajoute à cela la responsabilité que la société lui impute de façon automatique. « Une dépression postnatale est perçue comme une difficulté individuelle », expose ainsi Mélissa Lasnier. « Alors que la solution est plutôt systémique, familiale et sociale. »

Aux yeux du monde, une mère en dépression postnatale est donc une mauvaise mère doublée d’une femme défectueuse. Or, rien de tel n’existe selon la psychologue pour qui une bonne mère n’est pas nécessairement une mère parfaite. « C’est une mère qui essaie de faire de son mieux en fonction de ses besoins, des circonstances qu’elle a vécues, des disponibilités de son entourage et de son histoire personnelle », la définit-elle.

LE MALAISE DE LA « MALTERNITÉ »

Marie-Ève est mère de deux adolescents qu’elle affectionne profondément. Toutefois, une chose reste claire dans son esprit. « Si c’était à refaire, je ne le referais pas », déclare-t-elle sans hésitation au sujet de ses maternités. Elle a même rebaptisé le terme « malternité », symbole d’une réalité qui l’a si longtemps tourmenté. « Pouvoir dire que je regrette d’être mère m’a grandement soulagée», partage-t-elle.

Son premier choc a été de réaliser qu’une fois maman, tout s’effaçait au profit de l’enfant. « C’est comme si toute l’énergie va vers lui, pour répondre à ses besoins », raconte Marie-Ève qui manquait de temps pour elle-même. Mais être mère est le métier d’une vie — son second choc — qu’elle exerce désormais tant bien que mal. « J’aime le temps que je partage avec mes enfants, mais ce n’est vraiment pas instinctif »,

confie-t-elle. « Il n’y a pas d’instinct maternel, juste de l’obligation. »

Ses enfants le savent, Marie-Ève ayant toujours été très transparente avec eux. « Ils ne l’ont pas mal pris et on tourne beaucoup ça en blagues », relate-t-elle. Elle ne souhaite créer en eux ni traumatisme ni blessure d’abandon, mais plutôt instiller des valeurs d’indépendance et de responsabilisation basées sur un dialogue honnête. S’ils doivent faire un choix, elle ne le fait pas pour eux, mais leur explique les potentielles conséquences. S’ils accomplissent un exploit, elle n’est pas fière d’eux, mais s’assure qu’eux-mêmes le soient. « Je ressens de l’amour, mais je les laisse vivre », résume-t-elle.

RENOUER AVEC LA RÉALITÉ

Mais avant que l’expérience de la maternité ne tourne au cauchemar, la société a vendu à Marie-Ève un rêve : celui d’accéder au bonheur par le statut de mère. Deux enfants, une dépression post-partum et un océan de culpabilité achèveront cependant de briser cette illusion.

« J’ai ressenti de la colère envers ma famille, envers le modèle dans lequel j’ai été élevée », relate-t-elle.

« J’avais l’impression de me réveiller après un cauchemar et que ce n’était pas moi qui avais pris la décision. »

Aujourd’hui, elle parle ouvertement de son vécu, incarnant le contre-modèle qu’elle aurait voulu connaître plus tôt et encourageant d’autres femmes en « malternité » à sortir de cette solitude taboue. Mais par-dessus tout, en parler aide Marie-Ève à faire la paix intérieurement. « Si je veux être heureuse dans cette réalité-là, je n’ai pas d’autre choix que d’être honnête envers moi-même », raisonne-t-elle.

10 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE

LA FAMILLE RECOMPOSÉE

Déjà que la vie de famille est parfois difficile, dans une famille recomposée, le défi est encore plus grand. Mais plusieurs stratégies aident à instaurer une nouvelle harmonie familiale. Et la solution se trouve parfois plus près de ce que l’on pourrait croire, selon Valérie Gosselin, psychologue à la clinique Humanimaux avec qui La Quête s’est entretenue.

Il est vrai que les sujets de discordes et les zones de frictions dans une famille recomposée sont plus nombreux. Sur le plan de l’éducation des enfants, par exemple, la question « devient souvent problématique », selon Mme Gosselin. Les questions qui reviennent souvent sont de savoir « est-ce que j’élève les enfants de l’autre comme j’élève les miens, estce que j’applique une discipline ou est-ce que je laisse faire ? »

La psychologue souligne que « le meilleur conseil qu’on peut donner à ces familles-là, c’est de prévoir comment on va gérer les choses. Il faut éviter de se dire qu’on va improviser, de voir comment ça va aller et de s’ajuster en cours de route. » Une autre recommandation « c’est d’avoir tous les enfants ensemble au même moment. La principale raison étant que la dynamique familiale est plus facile à maintenir pour le couple. » Selon Mme Gosselin, il est aussi important de se concentrer sur ce que l’on peut contrôler. Il est ainsi préférable de « se concentrer sur l’éducation de nos enfants lorsqu’ils sont avec nous et ne pas s’ingérer dans l’éducation de ceux du nouveau conjoint, ou encore des nôtres lorsqu’ils sont avec l’ancien conjoint. Ce qui se passe chez l’autre parent, ça ne nous regarde pas, il y a beaucoup conflits par rapport à ça », ajoute-t-elle.

Dans sa pratique clinique, elle recommande aussi de bien peser l’impact de nos décisions alors que, dit-elle, dans le développement d’un enfant, « tout se joue de zéro à six ans. » Les études démontrent un

impact plus significatif sur ceux qui vivent une séparation en bas âge.

« On va remarquer une certaine immaturité sur le plan affectif », précise-t-elle. Par contre, elle souligne aussi « qu’on voit une force d’adaptation [chez ces mêmes enfants], ils ont plus de facilité à gérer le changement. » Malgré tout, s’il est possible de maintenir une harmonie familiale malgré le désir de séparation, Mme Gosselin conseille à ses patients d’attendre qu’ils soient un peu plus vieux avant de passer à l’action.

LA FUITE VERS L’AVANT POUR PLUSIEURS

Est-ce que les gens ont tendance à fuir vers l’avant vers une nouvelle relation au lieu de chercher à régler leurs propres problèmes intérieurs ?

« Ho que oui, c’est une réalité », tranche Mme Gosselin. Parmi les valeurs enseignées dans nos sociétés occidentales, il est malheureusement fréquent de croire que le bonheur vient de l’extérieur. C’est une fausse perception. « Pour trouver le bonheur, il faut avoir le courage de se regarder à l’intérieur. » Mais c’est une démarche difficile qui demande des efforts et une détermination franche. « On veut tous être heureux et éviter les souffrances. C’est, entre autres, pour cette raison qu’il y a tant de fuites dans l’alcool et la drogue, mais aussi dans les relations amoureuses. C’est une autre sorte de dépendance. »

La psychologue soutient que le lien qu’une personne entretient avec un partenaire reflète souvent la relation qu’elle a intérieurement. Elle précise que de nombreuses personnes projettent sur l’autre les problèmes qu’ils entretiennent, leurs bebittes comme on dit. « Pour prendre conscience de cela, il faut absolument que quelqu’un nous le dise, il faut aussi accepter de faire un cheminement personnel. »

Mme Gosselin a travaillé avec beaucoup de couples en situation difficile. Elle croit que « la majorité des

séparations n’auraient pas lieu s’il y avait une thérapie avec le ou les partenaires qui veulent se laisser. Beaucoup de couples en bénéficieraient. » Mais pour vouloir régler des aspects moins plaisants de sa vie intérieure, il faut parfois avoir l’humilité de vouloir reconnaître qu’un possible problème existe.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 11
Selon l’Institut de la statistique du Québec, avec des données qui datent de 2016, c’est presque 132 000 familles qui vivent de façon recomposée, soit près de 16 % du total des familles qui comptent un couple avec enfants. Crédit photo : Philippe Fortin

ENTRE ERRANCE ET RÉSIDENCE

Personne ne veut vivre dans la rue. Pourtant, certains s’y retrouvent à la suite d’épreuves ou de parcours particuliers. C’est le cas de Jocelyn, aujourd’hui pair-aidant à L’Archipel d’Entraide, qui a vécu la précarité résidentielle pendant une période de sa vie.

« J’avais un bon emploi comme camionneur et par l’automédication pour soigner mes douleurs, je me suis retrouvé en précarité résidentielle. J’ai habité à la Maison Revivre pendant quelques années », raconte Jocelyn. La Maison Revivre qui accueille des hommes en situation d’itinérance dans ses lits est située dans le quartier Saint-Sauveur. La BasseVille de Québec compte d’ailleurs plusieurs organismes qui viennent en aide aux personnes en situation d’itinérance.

ger et le changement fait peur, explique-t-il. Même si pour la santé et pour la sécurité c’est mieux de changer une mauvaise habitude, de faire les démarches pour avoir un endroit où dormir ou encore de se trouver un emploi, ça fait peur parce qu’on est confortable dans notre inconfort puisque c’est ce qu’on connaît ».

PARTAGER UN QUARTIER

« C’est la même chose avec une personne qui habite dans la rue, souris-lui ou dis-lui bonjour, peu importe si elle te demande de l’argent ou non ».

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Selon son expérience personnelle et les rencontres qu’il a faites, Jocelyn croit que les personnes qui se sortent de la précarité résidentielle sont celles qui ont la motivation et le goût absolu du changement. « Après un moment, je voulais me sortir de cette situation et j’ai décidé que ça en était assez. Pendant quelque temps, j’ai été hébergé à la Maison Revivre comme bénévole et j’ai aussi été pair-aidant à la clinique SPOT », explique Jocelyn à propos de son parcours vers la stabilité résidentielle.

Par son implication auprès des personnes qui vivent dans la rue, en refuge ou en situation précaire, il a vu la différence entre celles qui posent des gestes concrets afin de se sortir du cycle de l’itinérance et celles plus susceptibles d’y rester sur une plus longue période. « C’est pareil pour tout le monde, une habitude c’est difficile à chan-

La cohabitation entre les personnes en situation d’itinérance et les résidents de la Basse-Ville donne parfois lieu à des situations houleuses. Beaucoup de gens, par peur ou par méconnaissance, agissent sans savoir réellement quoi faire et enveniment une dynamique de cohabitation déjà compliquée. « Il ne faut pas ignorer ces personnes-là [les personnes en situation d’itinérance] parce que ce sont des personnes comme tout le monde. Quand tu croises ton voisin dans la rue, tu lui dis bonjour ou tu lui souris. C’est la même chose avec une personne qui habite dans la rue, souris-lui ou dis-lui bonjour, peu importe si elle te demande de l’argent ou non », soutient Jocelyn.

Certaines personnes emménagent dans Saint-Roch sans trop savoir que l’itinérance est présente dans ce quartier. Selon lui, il serait mieux de savoir avant d’y emménager que cela existe et comprendre que cela ne disparaîtra probablement jamais. La population générale n’a pas de contrôle direct sur la situation de la précarité résidentielle, mais elle a le pouvoir de changer sa façon de voir les choses. « Moi, ce que je demande aux gens maintenant lorsque je me fais demander de l’argent pour quelque raison que ce soit, c’est l’honnêteté. J’aime

mieux que la personne ne me dise pas que c’est pour de la nourriture si elle est pour aller s’acheter un 6 packs de bières après. Je me dis qu’au moins par mon geste, elle ne commettra pas un méfait pour obtenir ce dont elle a besoin à ce moment-là. Ce qu’elle en fait ne me regarde pas. Ça prend de l’ouverture d’esprit, mais chaque personne dans la rue à un passé différent qui l’amène à être là et on ne peut pas aider tout le monde de la même manière », conclut Jocelyn.

12 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
Jocelyn, pair-aidant à L'Archipel d'Entraide Crédit photo : Carole-Anne Beaulieu

COHABITER AU QUOTIDIEN AVEC L’ITINÉRANCE

QU’EST-CE QUE L’ITINÉRANCE ?

En 2012, le Réseau canadien de recherche sur l’itinérance définit l’itinérance comme étant « la situation d’un individu ou d’une famille qui n’a pas de logement stable, permanent, adéquat, ou qui n’a pas la possibilité ou la capacité immédiate de s’en procurer un ».

L’itinérance est également comprise à l’intersection de nombreuses difficultés psychosociales : perte du réseau de soutien, problème de santé physique, problème de santé mentale, consommation de substances psychoactives, etc. Ces causes sont dites individuelles. D’autres phénomènes sociaux peuvent participer à la désaffiliation sociale d’une personne : pénurie de logements, éviction illégale, mauvaise sortie d’institutions et la non-reconnaissance de sa force de production sur le marché du travail.

PÉNURIE DE LOGEMENTS

Une première cause structurelle, pouvant être pointée du doigt, est l’actuelle pénurie de logements abordables. Selon le gouvernement du Canada, un ménage devrait consacrer 30 % de son revenu pour se loger. Aujourd’hui, dans la région métropolitaine de Québec, le prix moyen pour un 31/2 sur Kijiji est de 87 $, alors qu’en 2020 le prix moyen était de 799 $ (RCLALQ, Juin 2022).

En printemps dernier, l’État québécois reconnaissait, dans une publicité diffusée à la radio, le problème en matière de logements. Dans cette campagne de prévention à l’itinérance, le gouvernement québécois pressait les locataires de se trouver un nouveau logement dès qu’ils décidaient de ne pas renouveler leur bail.

ÉVICTION ILLÉGALE

En 2021, l’expression « rénovictions » est apparue 11 fois dans les médias québécois. Educaloi (9 avril 2021) a publié un article présentant cinq situations d’éviction frauduleuse. L’objectif derrière ces délogements est décrit comme étant économique : rénover pour louer plus cher un logement. Comme les logements sont devenus une denrée rare, il devient économiquement intéressant d’augmenter la valeur de son bien sur le marché. Cela se fait trop souvent au détriment des locataires, qui voient leurs droits bafoués.

SORTIES D’INSTITUTIONS

Parfois, certaines personnes se retrouvent en situation d’itinérance à la suite d’une sortie de détention ou d’hospitalisation, autant en ce qui a trait à la santé physique que mentale. C’est une situation courante dans le cadre de mon travail d’intervenant : le personnel hospitalier m’a déjà demandé d’aller porter un homme en situation d’itinérance, gravement brûlé, sous le pont où il demeurait. Bien sûr, il existe des « trajectoires » pour ces situations, mais parfois elles sont inadaptées aux besoins de la personne.

LE MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE

Vous le savez peut-être, mais le Magazine La Quête offre une expérience de travail à une population qui n’a pas su faire valoir, sur le marché du travail, leur force de production. Ces camelots, à 40 °C comme à -40 °C, sont debout, à l’extérieur et travaillent pour des raisons qui leur sont propres. Néanmoins, on peut supposer que ce travail participe à leur réintégration au sein du tissu social.

EN RÉSIDENCE

L’ESPACE PUBLIC

Au travers de ces quatre phénomènes sociaux, j’ai tenté de révéler la manière dont la société pouvait entraîner, par son mode de fonctionnement, l’individu en situation de précarité résidentielle. Ces normes bourgeoises ordonnent et structurent les espaces publics, afin de répondre aux intérêts d’une partie de la population aisée, appuyés par l’État et le travail policier.

Pour les personnes vivant la rue, l’espace public est réimaginé comme un lieu permettant de répondre à des besoins primaires : se laver, se réchauffer, se reposer et se nourrir. Il est également le lieu du divertissement, celui qui permet de rencontrer de nouvelles personnes et de se raconter.

Et si, au lieu de sortir de chez nous, nous rentrions chez eux ? Et si leur souffrance était en quelque sorte le matériau de notre confort matériel?

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 13
NICOLAS Crédit photo : Bob Photographe
OCIOLOGUE
S

devenus

UNE AVENTURE QUI PORTE SES FRUITS

Après mon passage à La Quête, j’ai eu le plaisir d’obtenir mon diplôme et de mettre fin à mon parcours postsecondaire après 10 ans sur les bancs d’école dans la région de Québec.

En plus d’avoir l’opportunité de continuer comme pigiste pour le magazine UnPointCinq, qui a aussi été mon stage de fin d’études, j’ai aussi déniché un emploi de journaliste pour le journal local de ma région d’origine, Le Courrier de Portneuf.

Cet emploi m’a permis d’abreuver ma soif de terrain pendant près de deux ans, alors que j’ai eu l’occasion de me promener d’un bout à l’autre de la région dans laquelle j’ai grandi, en allant à la rencontre des gens qui l’habitent.

En plus des nouvelles, des points de presse et des activités organisées à l’année dans la région, j’étais aussi affecté à une série de portraits en profondeur de gens de la région, une expérience qui m’a permis de développer mes habiletés en entrevue. Le genre de choses qui ne s’apprennent pas sur les bancs d’école aussi facilement.

Cet emploi, bien que très agréable, restait assez précaire, et avec la réduction d’autres opportunités de pige, j’ai choisi après presque deux ans de regarder ailleurs pour tenter de trouver un emploi qui pourrait m’offrir un peu plus de stabilité et plus d’heures.

Quelques mois après le début de mes tentatives pour trouver quelque chose de plus permanent, j’ai eu la chance d’être engagé à Radio-Canada, une de mes compagnies de médias préférées.

Seul hic, l’emploi est à Toronto, à quelque 750 kilomètres de ma vie, mes amis, ma famille.

J’ai fait le choix conscient de dire oui à l’aventure, au nom de ma carrière, de mon futur et aussi avec le désir d’essayer de nouvelles choses.

Le 4 août 2019, j’ai empilé ma vie dans ma voiture, la presque totalité de mes possessions terrestres, et j’ai déménagé dans la Ville Reine.

Mes débuts à Radio-Canada ont été stressants. Moi qui arrivais de la presse écrite, sans aucune expérience en radio ou à la télé, j’avais des mois de rattrapage à faire pour acquérir les habiletés et la confiance pour être capable de performer juste pour la radio !

J’ai passé une bonne partie de mes premiers mois radio-canadiens à faire du Web, ce qui concordait assez bien avec les habiletés avec lesquelles je suis arrivé dans la société d’État.

Puis est arrivée une certaine pandémie. Alors que Toronto et toute la vie qui la caractérise se sont arrêtées abruptement, je me préparais moi aussi à commencer à faire du journalisme de la maison.

Un changement qui s’est aussi assez rapidement transformé en opportunité, quelques mois après le début de la pandémie : on m’a offert de faire des remplacements à distance pour la station de Radio-Canada à Sudbury, une ville aux portes du Nord de l’Ontario. Ce poste venait avec du Web, mais aussi avec des interventions régulières à la radio, ce qui était pour moi, un nouveau encore nerveux en radio, parfait pour me désensibiliser. Mon arrivée (virtuelle) dans le Nord de l’Ontario a d’abord été vue comme une punition, mais j’ai rapidement vu qu’il y avait des opportunités. Avec une plus petite salle de nouvelles, une équipe plus tissée serrée, j’ai été séduit par l’ambiance et la volonté de l’équipe de gestion de me donner plus de responsabilités.

J’ai pu apprendre le travail de pupitre, j’ai eu l’occasion de faire de plus en plus de radio, de me familiariser avec le processus et d’apprendre à paraître à mon meilleur jour à la radio.

Après plus d’un an à distance, j’ai décidé il y a environ un an de faire le saut vers Sudbury. Encore une fois, j’ai ramassé toute ma vie dans une remorque U-Haul, et j’ai fait le voyage vers le Nord.

Depuis, j’ai encore progressé, j’ai occupé le poste de lecteur de nouvelles pour des remplacements, j’ai fait de la télé, j’ai mentoré de nouveaux journalistes, et j’ai fait beaucoup, beaucoup de rédaction. J’y prends toujours autant de plaisir.

La leçon que je tire de tout ça : il ne faut jamais avoir peur de partir loin de chez soi pour avoir de belles opportunités.

14 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
Que sont
nos journalistes?
Francis Beaudry

CENTRE DE CONSOMMATION SUPERVISÉE DE SUDBURY QUAND LA MORT RÔDE

L’ouverture d’un centre de consommation supervisée à Sudbury était appréhendée par une partie de la population habitant le centre-ville. Toutefois, pour les sans-abri dépendant aux drogues et ayant des troubles de santé mentale, il s’agit d’un véritable baume sur un fléau qui prenait de l’ampleur.

Le rapport Plus qu’un simple chiffre publié au mois d’août par l’Institut des politiques du Nord révèle que de 44 à 68 % de la population sans-abri du Nord de l’Ontario vivent avec un problème de dépendances et de santé mentale en même temps. À Sudbury, la plus grande ville du Nord de l’Ontario, 44 % de la population sans-abri souffre de problèmes de dépendances. Ce n’est pas le ratio le plus élevé de la région, mais les urgences du Grand Sudbury ont tout de même eu 313 visites pour des surdoses en 2021, soit le nombre le plus important dans le Nord de l’Ontario.

Pour tenter d’abaisser le taux de décès liés aux surdoses — 53 personnes par 100 000 habitants en 2021 — les organismes de santé communautaire de la région attendaient depuis longtemps un centre de consommation supervisée, projet qui a longuement été retardé par un manque de volonté de financement.

Le centre de consommation, qui a commencé à accueillir ses premiers utilisateurs en septembre, est situé non loin du cœur du centre-ville de Sudbury.

UN TRIO QUI FAIT MAL

Denis Constantineau est le coordonnateur du Réseau des sans-abri, un organisme qui fournit et coordonne les services aux personnes en situation d’itinérance à Sudbury. Il rappelle que le trio dépendance, santé mentale et itinérance rend les interventions auprès des utilisateurs de services particulièrement difficiles.

« On gérait le centre de réchauffement l’hiver dernier dans l’édifice. On l’a vécu au quotidien ici et on voyait chaque jour deux, trois, quatre surdoses par jour. On était rendus que ça prenait deux, trois ou quatre doses de naloxone pour ramener quelqu’un parce c’est rendu tellement toxique les substances qui circulent dans la rue », déplore-t-il. « On l’a vu les problèmes de comportement. On le sait que ceux qui vivent avec le sansabrisme doivent beaucoup trop souvent vivre avec les trois conditions en même temps », ajoute-t-il.

Le coordonnateur n’est pas surpris que la situation se soit autant dégradée au cours des dernières années.

« C’était vraiment terrible. Juste le fait que tous les services soient fermés a fait en sorte qu’un énorme campement s’est formé ici au centre-ville puisque personne ne pouvait accéder aux services ; on ne veut plus jamais se rendre jusqu’à ce point », indique-t-il.

CONSTRUIRE COÛTE QUE COÛTE

Le centre de consommation supervisée donne beaucoup d’espoir au Réseau des sans-abri, notamment en ce qui concerne la sécurité des personnes qui consomment des drogues.

L’ouverture du centre va permettre aux utilisateurs qui le désirent de ne pas consommer seuls et de tester leurs drogues.

L’arrivée de ce centre ne causera pas nécessairement de problèmes avec le voisinage du centre-ville. « Tous les problèmes avec le voisinage, avec les gens qui ne voulaient pas qu’on construise, on a réglé ça dans le processus », indique M. Constantineau. Nous avions une liste plus grande que mon bras de critères, et nous avions plein de gens qui ne voulaient pas qu’on s’installe », ajoute-t-il.

Mais maintenant que le centre La Place est installé, que le personnel est recruté et que le Réseau Access Network, l’organisme de gestion est prêt à lancer les activités, les opposants au projet n’ont plus d’impact, selon M. Constantineau. « Une fois que le projet est lancé, les gens qui ont chialé contre, ça leur est sorti de la tête, ils ont passé à autre chose », croit-il.

L’arrivée du centre de consommation supervisée de Sudbury permettra en quelque sorte de réduire la terrible cohabitation avec la mort qui frappe la ville du Nickel.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 15
Denis Constantineau, coordonnateur du Réseau des sans-abri de Sudbury Crédit photo : Francis Beaudry

(RÉ) APPRENDRE À COHABITER

Pas toujours facile de cohabiter, que ce soit avec les autres, ou avec soi-même. Imaginez cohabiter avec le monde extérieur après avoir été incarcéré. C’est la réalité de nombre de personnes, à l’instar de Christian* qui a passé plus de 15 ans derrière les barreaux.

Originaire des Cantons-de-l’Est, Christian a purgé une peine de 15 ans de prison de 1984 à 2000. Il a ensuite décidé de s’établir à Québec. Son changement d’environnement ne l’a toutefois pas empêché de retourner dans le système carcéral. « J’ai été plus souvent en prison que dehors », explique-t-il.

Christian est sorti de prison pour la dernière fois en 2015. Sa dépendance aux drogues l’avait conduit à voler des commerces pour se procurer de l’argent afin de financer sa consommation. Depuis, il a changé son cercle de fréquentation pour s’en sortir. « J’retournais tout le temps dans le même milieu. J’me suis dit : j’vais peut-être changer de milieu, ça va marcher ? Ça a fonctionné un bout », relate Christian

Après cinq ans dans la rue, Christian habite maintenant en appartement et il travaille pour le Point de repère. Il est fier de dire qu’il ne consomme plus depuis 2016.

GARDER UN EMPLOI

« [J’ai trouvé ma job] à force de traîner autour du Point de Repères, donner des services et j’ai été guide de rue un bout. Un moment donné, la boss m’a demandé si je voulais travailler au site fixe. J’ai dit oui, j’ai fait deux ans et demi. J’ai fait une commission pour quelqu’un, pis ça m’a coûté ma job, mais ils me l’ont redonné. Fait deux ans que je fais le tour des parcs le matin », relate Christian.

Apprendre à cohabiter avec le monde extérieur, c’est aussi de faire un trait sur le passé pour avancer.

Pour plusieurs ex-détenus, trouver un emploi comporte son lot d’embûches. Le casier judiciaire ferme plusieurs portes. Pour Christian, avoir un travail lui permet de garder un appartement. L’aide sociale ne lui donnait que 600 $ par mois. Très peu pour subvenir à ses besoins. Encore aujourd’hui, il rembourse des loyers en retard.

« Équilibre, liberté, autonome ». C’est ainsi que Christian qualifie son emploi. Ses tâches consistent à faire le tour des parcs de la ville de Québec pour ramasser le matériel d’injection qui pourrait s’y trouver. Cela lui permet de visiter les différents arrondissements avec son vélo. Du lundi au vendredi, il se promène de 5 h 30 à 10 h.

Toutefois, son contrat finit avec l’arrivée de l’hiver. Il compte faire son possible pour s’en trouver un autre. Le chômage n’est pas une option intéressante.

RESTER TRANQUILLE

Ces temps-ci, Christian passe la majeure partie de son temps au travail ou chez lui. Dans son

2 et demi, qu’il a réussi à meubler, il prend du temps pour lui, loin des distractions que la drogue apporte. Depuis qu’il est à Québec, il conserve quelques amis qui le supportent. « J’sors pu de chez nous », s’amuse-t-il.

Christian a échangé une vie tumultueuse pour un quotidien tranquille : « Là, ça va bien ».

UN RÉCIT PARMI TANT D’AUTRES

L’histoire de Christian n’est pas sans rappeler celles d’autres personnes judiciarisées. Sortir de prison vient avec la nécessité de faire face aux raisons qui les ont amenés à y entrer en premier lieu. Pour éviter d’y retourner, Christian a dû couper les ponts avec son milieu.

16 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
*Nom fictif
Crédit : Image par Coleen de Pixabay

LA POLARISATION DES IDÉES À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Depuis toujours, le choc des idées est porteur d’innovation et d’avancement. Mais il peut aussi être source de conflits. Les réseaux sociaux, plateformes de partage des idées largement utilisées aujourd’hui, sont le théâtre quotidien de ces confrontations. Survol du phénomène.

Les algorithmes très avancés de ces plateformes analysent les préférences de l’utilisateur afin de lui proposer un contenu, informatif et promotionnel, qui correspond à ses champs d’intérêt et à son profil de consommation en ligne. L’intention ici étant de le garder le plus longtemps possible en ligne, sur ladite plateforme. Ainsi ciblé, l’utilisateur devient la proie des publicitaires et aussi des communautés d’idées.

Le problème réside donc dans le fait que, sans nécessairement le réaliser, un citoyen qui utilise les médias sociaux comme principale source d’information consomme des nouvelles qui alimentent sa vision du monde telle qu’il l’accepte déjà. Les algorithmes ne favorisent pas la diversité des sources d’information. Ce qui en résulte, entre autres, c’est la facilité avec laquelle les gens tendent maintenant à se diviser sur les idées qu’ils croient être les bonnes. On remarque ainsi une polarisation des médias sociaux et l’application du concept de chambre d’écho.

Plusieurs études confirment que les utilisateurs des plateformes de médias sociaux sont polarisés, ce qui signifie qu’ils ont tendance à lire et à partager l’information qui est en lien avec leurs croyances actuelles (biais de confirmation), créant ainsi des communautés fermées qui n’interagissent pas avec des perspectives différentes, ce qu’on appelle les chambres d’écho. Les utilisateurs confinés à l’intérieur de ces communautés ont tendance à être exposés seulement à de l’information qui confirme leurs points de vue, même si le contenu de cette information inclut des faussetés. La personnalisation des algorithmes facilite la création de ces chambres d’écho, facilitant la propagation de fausses nouvelles (traduction libre).

Plusieurs auteurs et chercheurs se sont penchés sur ce phénomène et en quantifient l’ampleur.

Omniprésents dans la vie de milliards d’individus (Facebook a plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs depuis juin 2017, YouTube 1,5 milliard, Instagram 700 millions et Twitter 328 millions), les réseaux sociaux sont utilisés comme source d’information pour 62 % des adultes américains et 48 % des Européens.

Les auteurs expliquent que le développement exponentiel des plateformes numériques a considérablement accru le risque de manipulations de l’information de plusieurs manières. D’abord, il y a la surabondance d’information. On y apprend que l’Américain moyen a maintenant accès à cinq fois plus d’information aujourd’hui (rappelons que l’ouvrage date de 2018) qu’en 1986. Ainsi, la surcharge d’information contribue à la difficulté d’y voir clair et de se faire une idée précise de l’opinion à adopter. Comme le soulignent les auteurs, « […] ce n’est au fond que l’application aux réseaux sociaux d’une thèse bien connue des psychologues […] : trop d’informations nuit à la prise de décision. »

Toujours selon la même étude, les auteurs mentionnent d’autres impacts face auxquels nous devons demeurer prudents :

• Le nombre de vecteurs disponibles pour diffuser la fausseté (potentiellement autant qu’il y a d’utilisateurs de ces réseaux, c’està-dire plusieurs milliards) ;

• La plus grande précision de la segmentation et du ciblage de la population (micro-targeting), les cibles les plus vulnérables étant les jeunes (17-25 ans) ;

• Le faible coût de cette diffusion (quelques clics, quelques minutes) et la démocratisation de l’apparence journalistique (facile de faire un blog, une page, un site, d’allure professionnelle) ;

• L’horizontalité des médias sociaux permettant à chacun de diffuser des contenus à tout le monde sans passer par des instances de contrôle éditorial ;

• Le fait qu’Internet n’ait pas de frontière, et donc que des puissances étrangères puissent facilement y infiltrer des communautés et y répandre de fausses nouvelles ;

• Le progrès technique dans l’édition de contenus photo, vidéo, audio qui sont de plus en plus proches de la réalité, donc moins détectables.

Il est facile de voir dans notre quotidien à quel point cette réalité est omniprésente. La polarisation des idées bat son plein depuis quelques années et le contexte de pandémie mondiale n’a rien fait pour atténuer le problème. À titre d’exemple, la discorde face aux mesures sanitaires, les théories du complot qui ne cessent de faire surface peu importent la thématique, la politique américaine qui expose la dynamique Trump versus Biden et le conflit ukrainien qui offre un terrain fertile à la désinformation. Ce ne sont que des exemples qui exposent dans quelle mesure un fossé insurmontable se creuse entre les opinions divergentes.

Chacun se réconfortant dans ses croyances, on oublie le compromis, on néglige la discussion et l’effort de comprendre l’autre. Comme dans bien d’autres aspects du monde dans lequel nous vivons, la grande majorité silencieuse se retrouve au milieu avec une position de compromis raisonnable. Le problème se trouve aux extrêmes, tant à gauche qu’à droite du spectre politique. Beaucoup d’encre coule sur la montée de l’extrême droite, et avec raison. Il faut assurément s’en méfier. Il serait pourtant imprudent de sous-estimer les dangers de l’extrême gauche. Ceux qui en doutent sont invités à réviser certains passages historiques récents. Plus particulièrement en ce qui a trait à l’URSS de Staline et la Chine de Mao, tous deux de fervents défenseurs du peuple et de l’abolition des élites… On connaît le résultat.

Avec l’accès aux technologies actuelles, n’importe qui peut maintenant publier sa pensée, ses opinions et défendre ses points de vue. Les citoyens brillants et bien informés peuvent ainsi communiquer entre eux et partager leur vision du monde. Tout comme les idiots.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 17

Le Québec comptait, en 2021, 3,2 millions d’animaux de compagnie répartis dans 52 % des ménages, selon l’Association des médecins vétérinaires. Mais plusieurs se sont depuis départis de leur animal alors que la SPA de Québec note une hausse de 66 % des abandons début de l’année 2022. Pourquoi semble-t-il si difficile de cohabiter avec nos amis à quatre pattes ?

À LA MAISON

Bien qu’un animal amène vie et réconfort, il vient aussi avec des responsabilités. Son propriétaire est dans l’obligation de le nourrir, de le soigner et de le divertir, et ce, pendant plusieurs années. Malheureusement, lorsque le maître est dans l’incapacité de subvenir aux besoins de l’animal, plusieurs l’abandonnent.

Les causes de l’abandon sont multiples, mais parfois le propriétaire de l’animal est contraint de s’en séparer contre son gré, par exemple,

lors d’un déménagement. Les locateurs ont le droit d’interdire les animaux ou d’inclure des restrictions sur le bail concernant la taille, la race ou le nombre d’animaux. Plusieurs refuseront la présence d’animaux par peur de dégradation des lieux et pour ne pas déranger les autres locataires. Une solution à privilégier pour faciliter l’accès aux animaux dans les logements serait une inclusion dans les assurances habitation. Un locataire pourrait se munir de cette assurance qui le couvrirait en cas de dommages causés par l’animal. Cette solution rassurerait plusieurs propriétaires.

DANS LE VOISINAGE Minou

Tout d’abord, il est important d’insister sur la vaccination et la stérilisation. En quatre ans, un chat peut générer plus de 14 000 descendants. Les chats errants sont aussi des vecteurs de transmission de maladies telles que la rage, la maladie de Lyme et certaines infections. De quoi se demander si on devrait permettre à nos félins d’aller à l’extérieur. Voici quelques conseils afin d’assurer une bonne cohabitation extérieure.

• Stériliser, vacciner et lui faire poser une micropuce.

• Faites-le enregistrer et identifiez-le par un médaillon (99 % des animaux identifiés sont retrouvés, contre seulement 15 % dans le cas contraire).

• Construisez-lui un enclos extérieur.

• Pour éviter d’avoir la visite des chats errants :

• Surtout, ne les nourrissez pas ! Ceuxci risquent de venir miauler devant votre porte à 3 h du matin.

• Bloquez les trous dans les clôtures.

• Pour le jardin, choisissez des plantes quirebutent les chats. Vous pouvez aussi tapisser le sol et vos plates-bandes de poils de chien.

Le saviez-vous ?

Depuis le 1er janvier, les propriétaires de chats ou de lapins doivent obligatoirement faire stériliser leurs animaux afin d’éviter la surpopulation.

Pitou

La cohabitation chien-voisins peut, elle aussi, s’avérer difficile. C’est pourquoi la socialisation du chien est importante, et ce, dès le plus jeune âge. Voici quelques conseils afin d’assurer des sorties plaisantes avec votre chien.

• Tenez-le en laisse en tout temps. Même si votre chien est bien éduqué, on ne connaît pas ceux des autres. Cela permet également d’éviter qu’il s’enfuît ou qu’il se fasse frapper par une voiture.

• Faites-lui faire de l’activité physique. Un chien qui dépense quotidiennement son énergie sera plus calme et obéira plus facilement.

• Prioriser les parcs à chiens. Ceux-ci sont situés à une bonne distance des immeubles locatifs afin de minimiser le bruit, ils permettent la socialisation et permettent au chien de dépenser son énergie librement.

• Implanter une micropuce à votre chien permet de le retrouver facilement et d’éviter qu’il n’erre dans les rues.

Surtout, assurez-vous d’adopter une race qui convient à vos besoins ; si vous êtes casanier,

Contribuer

Il est possible de faire un don à la SPA de Québec via leur site internet. Consacrés au bien-être animalier, ils sont en partie déductibles d’impôts. Les dons de nourriture, de jouets ou de lits sont aussi possibles.

18 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
NOS AMIS LES ANIMAUX
Crédit photo : Félina Deslongchamps Skyzo, 3 ans

optez pour un chien dont les besoins physiques sont moindres. Certains chiens peuvent développer des problèmes de comportement (jappement, agressivité ou anxiété). Dans ce cas, des cours de dressage sont fortement recommandés. Ils vous permettront de mieux comprendre les besoins de votre chien et de devenir de meilleurs voisins.

AU TRAVAIL

Lors de la pandémie, plusieurs ont adopté un animal avec lequel il passait la plupart de leur temps. Avec le retour au travail, les chiens se retrouvent seuls à la maison et développent de l’anxiété. Afin de contrer cette réalité, plusieurs entreprises acceptent maintenant les

Prévenir et aider

La licence sert à retrouver rapidement votre animal en cas de perte. De plus, cet achat profite aux animaux du refuge puisqu’une partie de son coût sert aux soins des animaux abandonnés et errants.

léphone important, qu’il court après sa balle ou qu’il engloutit le muffin de votre voisine de bureau. Une garderie pour chien à même l’immeuble pourrait pallier ces problèmes. Les chiens seraient supervisés par quelqu’un de qualifié.

CKRL_Automne_2020_Quete.pdf 1 2020-09-25 11:28

: Félina
CKRL891 WWW.CKRL.QC.CA
N
Deslongchamps
C M J CM MJ CJ CMJ
Les sources de cet article proviennent du site internet de la SPA de Québec ainsi que de CAA-Québec Kayla, 10 ans

BIENVENUE AU CLUB DES PLACOTEUX

Au restaurant où elle a travaillé « pendant les vacances des autres », Loulou, la nièce de Valentine a découvert le Club des placoteux. Une douzaine de têtes grises, hommes et femmes, qui, tous les mardis après-midi, débarquent et occupent la grande table en coin.

Son patron, nous explique Loulou, tolère que ces clients réguliers viennent « siroter un café ou un thé en discutant du sort de l’univers », parce que ça crée une fidélité qui les ramène quand ils ont quelque chose à célébrer. « Ça fait du monde dans la place avant le rush des soupers et une ambiance joyeuse quand ils se lancent dans des échanges sur leur jeunesse et celle d’aujourd’hui ».

Serveuse d’un été, Loulou précise : « Le groupe s’est lui-même donné son nom et accepte les interventions des autres clients tentés d’ajouter leur grain de sel quand les débats s’animent. » L’autre jour, quelqu’un a dit que ça lui rappelait le temps des tavernes. Loulou, qui avait cru entendre « temps des cavernes », nous raconte qu’elle a « naïvement » demandé au monsieur de quelle manière, provoquant ainsi un grand éclat de rire du côté des placoteux.

« Je me trouvais un peu tarte, mais eux ont entrepris de m’expliquer à moi, la jeunesse, que c’était une sorte de club privé strictement réservé aux hommes. Et une des placoteuses a précisé : “autrefois réservé aux hommes buveurs de bière, mais, taverne ou caverne, on peut dire que ça se ressemblait” ».

Mi-figue mi-raisin, Loulou nous assure que sa discrétion reste totale avec les clients, mais qu’elle entend aussi ses chers placoteux échanger sérieusement sur les différences dans les relations « intergénérationnelles ». Bien sûr, il y a le vouvoiement, signe de respect de la part des clients, pas toujours respecté. Mais elle trouve normal de tutoyer Valentine, qu’elle appelle Val, même si celle-ci a toujours vouvoyé ses aînés et continue de le faire par déférence et considération « pour leur grand âge ! » s’exclame l’adolescente en rigolant.

Redevenue sérieuse, Loulou demande à sa tante si elle partage l’inquiétude de son Club de placoteux devant ce que leur réserve l’avenir. « À les entendre, autrefois, les gens âgés restaient dans les familles, avec leurs enfants ou d’autres parents. Mais de nos jours, ce serait impensable pour la plupart des

couples qui n’ont pas de place pour héberger une personne en perte d’autonomie ou avec des attitudes et des goûts différents. » Devant le silence des deux retraitées que nous sommes, Loulou continue : « Même ceux qui touchent une pension disent n’avoir pas toujours les moyens de vivre comme avant… Avec la fréquence des disparitions parmi leurs connaissances, c’est un des sujets d’inquiétudes de mes “placoteux” qui les rend silencieux ou leur fait relancer la discussion sur la valeur des promesses électorales. Mais vous deux, en avez-vous des projets ? » Valentine, avec son sourire énigmatique, rétorque à sa nièce avoir trop à faire maintenant pour s’inquiéter de demain, espérant ainsi clore la discussion, mais Loulou insiste, elle qui n’a connu que la cohabitation familiale et rêve de quitter le nid pour voler de ses propres ailes : « Moi, je suis à l’âge de tout entreprendre, où tous les espoirs sont permis, où je peux croire que mon avenir dépend de mes choix et de mes envies, mais toi, ma tante… » Sa chère aînée explose : « Crois-tu que l’on cesse d’avoir, au lendemain de ses 70 ans, des projets, des envies et des rêves ? J’ai encore mon cœur de 20 ans, tu sauras, même si j’ai l’air d’avoir rangé mes idées au fond d’un tiroir ou d’un coffre. J’ai toujours été autonome et, comme tes placoteux, je suis terrorisée par l’idée de ne plus l’être un jour. Parce qu’apprendre à cohabiter, à partager toit et pouvoir de décider, ça ne s’improvise pas. » Devant le cul-de-sac de la discussion, je n’ai rien trouvé de mieux que de sortir mon dictionnaire pour revenir aux mots à l’origine des échanges : taverne et caverne : deux lieux de cohabitation et d’hébergement ! En politique, la cohabitation partage les pouvoirs ; en démocratie, le pouvoir vient du peuple. Peut-être devrions-nous enfin nous occuper nous-mêmes de nos affaires ? La déception attend qui trop croit au Père Noël !

20 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
HRONIQUE C
ourtoisie:Martine

COHABITATION

Ce mot, extrait du latin cohabitatio est admis dans la langue française depuis le 13e siècle. Mais il faut considérer comme très ancien ce comportement humain. Sans me tromper, je dirais même que c’est la plus vieille habitude de l’homme et de la femme et j’avancerais également que c’est la plus vieille habitude animale qui existe sur notre bonne vieille terre. Quiconque observe et étudie la vie animale comprend rapidement ce que j’énonce. Que ce soit dans l’espace aérien occupé par les oiseaux, l’espace aquatique par les poissons, ou l’espace terrestre pour les races humaines et animales, la cohabitation fait partie du quotidien. Sans cela, c’est la fin de ce qu’on appelle la vie.

Les climats changeants sont une des motivations des migrations de groupe : pour combler ses besoins, l’oie des neiges, par exemple, se déplace au gré des saisons, profitant ainsi du meilleur temps de la planète, l’hiver au Sud, et l’été au Nord pour subvenir à ses besoins, notamment, alimentaires.

Depuis le début de l’humanité, l’être humain a voulu agrandir son territoire pour les mêmes raisons de survie. Ces déplacements humains se faisaient en groupe, car la cohabitation n’est pas seulement sédentaire, elle est aussi territoriale. Et si la recherche de nourriture a été l’une des principales raisons pour se déplacer pendant des siècles, aujourd’hui les migrations peuvent être… ludiques : imitant les migrations animales, nos fameux Snow Bird canadiens choisissent le meilleur des deux mondes de ce que la planète nous donne. De toute évidence, l’être humain s’est souvent inspiré des comportements des animaux.

NE PAS VIVRE SEUL

Dans certaines écritures, il est mentionné : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » Est-il préférable dans les circonstances de lui adjoindre une complémentarité ? Probablement. Et c’est ce qui se produit très souvent. Certains emploieront les mots pour qualifier leur expérience conjointe : compagnonnage, cohabitation, mixité, promiscuité, union libre, chambrer, coexister, etc.

Et cette réunion de personnes, ce maillage humain se base sur différents liens. Lien de sang pour la famille, lien d’intérêt pour le clan, l’humain aime se regrouper avec qui partage les mêmes buts, les mêmes façons de vivre, les mêmes aspirations, etc.

LES ÉDIFICES À LOGEMENT

Au cours des siècles, les modes de vie ont changé. Ainsi, à Paris, on voit apparaître les premiers immeubles d’appartements au 16e siècle. Les nouveautés

font toujours sensation à cause des groupes qui y adhèrent. Dans la première moitié des années 70 à Québec, on voit apparaître les premières tours de condominium, dont la toute première, Le Louisbourg, sur la Grande Allée. Ce genre de construction m’intéressait beaucoup à l’époque, et répondait à mon genre de vie. Un deuxième édifice, Le de Bernières, lui aussi très intéressant, a été érigé, suivi d’un troisième édifice à se transformer en condominium, Le Garnier, situé sur le chemin Sainte-Foy. À cette époque, un appartement en condominium répondait totalement au style de vie que je menais, alors j’en ai acquis un. Au troisième étage, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’avais une vue spéciale sur le fleuve Saint-Laurent, celle du côté du pont de l’Île d’Orléans. Merveilleux !

À cette époque, bien des propriétaires d’immeubles ont voulu transformer les appartements en condos, mais peine perdue, car très souvent ces constructions ne répondaient pas aux normes de constructions des condominiums. Dans les circonstances, les constructions de blocs locatifs ont été délaissées. Les entrepreneurs et promoteurs ont opté pour la construction de condominiums locatifs et souvent proposé une option d’achat.

De maisons familiales nous passions donc, dans les grands centres urbains, à des constructions toujours plus grandes et plus hautes où logent des milliers de personnes sous un seul toit. Pour le meilleur et parfois pour le pire, nos modes de vie changent.

La seule chose qui ne change pas est l’horizon de nos espoirs.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 21
HRONIQUE

LA QUÊTE DES MOTS

PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT...

Verticalement :

1- Autre nom des batraciens.

20- Gentillesse.

Horizontalement :

1- Sportifs (ESHAELTT). Notamment, en particulier (UROTTSU). Paquebot naufragé en 1912.

2- Monument de pierre (RHENIM). Action de remettre à neuf (NAVITEORNO). Chiffre.

3- Détient le pouvoir législatif. Durée indéterminée et continue. Bonjour. Pâté de soja.

4- Donne l’heure. Entre la Colombie et le Pérou. Offrir à boire (EAEGLRR).

5- Méconnu (RGENIO). Hippique. Cours d’eau issu d’un lac (FFTUNEEL).

6- Plaisanter. Sortie de sommeil. Liquide biologique comestible. Combat le taureau.

7- Pareil. Surveillés secrètement (PISSENNOE). Vêtement traditionnel de la femme en Inde.

8- Conifère du Québec. Supplément ajouté aux choses habituelles. Naguère, auparavant.

9- Indolent, insouciant (TANNANCHOL). Boîte pour recueillir les aumônes. Oiseau-mouche.

10- Nonne. Instructions qui permettent de préparer un plat. Instrument de musique à vent.

Réponses au jeu p.33

22 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE

HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE

ENSEMBLE À MA MANIÈRE

Oui à la cohabitation, mais pas à n’importe quel prix.

Lorsque j’étais étudiant au cégep, j’ai cohabité avec trois amis étudiants. Lorsque je travaillais à la baie James, j’ai cohabité avec les travailleurs du chantier. Lorsque j’ai enfin goûté au plaisir d’avoir un appartement pour moi seul, j’ai appris à aimer ça. Lorsque je me suis marié, j’ai cohabité avec mon épouse et ensuite avec mes enfants, en famille. Lorsque j’ai divorcé, j’ai vécu avec un colocataire pour des raisons financières et lorsque je j’ai eu à nouveau la possibilité de cohabiter avec mes enfants à temps complet, j’en ai profité avec bonheur jusqu’à ce qu’ils volent de leurs propres ailes. Lorsque je me suis à nouveau retrouvé seul, j’ai compris à quel point ce mode de vie me convenait.

Depuis plus de vingt ans maintenant, j’ai fait le choix de cohabiter avec la personne que j’aime, mais en gardant chacun nos espaces personnels. J’ai bien essayé au début comme tout le monde de dormir dans le même lit, de partager la même salle de bain, la même cuisine et tout et tout mais je n’y trouvais pas mon bonheur. Donc, nous avons conjointement choisi d’acheter un duplex et d’habiter chacun notre appartement. Pour nous, ça a été une formule gagnante. C’est le meilleur des mondes. Pas de ronflement, pas de flatulences, pas de chaussettes ou de bobettes qui traînent. Pas de chicane pour la télécommande.

Nous avons des sphères d’activités communes, mais d’autres, très différentes, et notre mode de vie permet à chacun de s’activer sans encombrer l’autre lorsqu’un besoin se présente. Le fait d’avoir chacun nos espaces personnels permet d’éviter beaucoup de sources de petits conflits au quotidien qui risqueraient de tuer la relation à la longue. Comme je dis souvent à la blague, on n’a jamais besoin de s’endurer, on a même le temps de s’ennuyer l’un de l’autre.

Lorsque nous vivons une relation de couple, c’est important de vivre des moments ensemble pour échanger à propos de notre journée, pour parler de nos projets et de nos préoccupations, pour partager notre intimité, mais il est aussi important d’avoir des moments seuls avec soi-même. Ma philosophie est simple, j’existais avant l’autre, je dois continuer d’exister avec l’autre et ne pas m’oublier dans la relation. Chacun sa façon de trouver son bonheur en amour. Je ne dis pas que la mienne est meilleure que les autres, mais je crois sincèrement qu’il faut prendre le temps

de s’interroger sur la sorte de cohabitation dont on a envie lorsque on décide de partager sa vie avec une autre personne. Bien sûr, encore faut-il en avoir la possibilité. Souvent, pour des raisons financières, on choisit de vivre ensemble, mais si notre revenu nous le permet, ça vaut le coût d’y réfléchir sérieusement. L’amour ne règle pas tout. Comme le dit si bien JeanPierre Ferland « L’amour, c’est d’l’ouvrage ».

Lorsque j’ai reçu un diagnostic de bipolarité, il m’a été difficile de retrouver un équilibre satisfaisant. Il m’a fallu un certain temps. J’ai cru que je n’aurais plus jamais accès à une vie normale. Je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à gérer mes humeurs et je ne voulais surtout pas imposer ça à la personne que j’aime.

Martin Luther King disait : « Il faut accepter les déceptions passagères, mais conserver l’espoir pour l’éternité ».

Alors, lorsque j’ai rencontré l’âme sœur, c’était déjà clair dans ma tête que j’allais maintenir mon espace personnel tout en construisant mon bonheur d’une nouvelle manière, moins conventionnelle, mais mieux adaptée à l’homme que je suis. Je me suis adapté à ma condition et je me suis redéfini en respectant les nouveaux paramètres qui allaient régenter ma vie. Surmonter mes peurs et m’affirmer. Cohabiter oui, mais selon ma définition, celle qui correspond à mon besoin.

Agir selon le précepte de Nelson Mandala: « Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs ».

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 23

Tu mérites d’être bien

Même si tu es sans logis, il y a des gens et des organismes qui sont remplis de bonnes intentions, de bonne volonté et qui sont là pour toi. Ils ne t’imposeront aucune pression.

Un jour, peut-être, que tu partageras un grand 6 ½ avec d’autres personnes qui, comme toi, viennent d’une minorité visible, qui ont vécu de façon solitaire. Comme toi, elles ont fait l’école de la rue. Ensemble, vous n’oubliez pas d’où vous venez. Mais ensemble, vous cohabitez maintenant.

Tu vas apprivoiser l’autonomie. Trouver un équilibre. Mais ne panique pas. Ce sera pour toi de la nouveauté, de l’inconnu.

Parfois, ça va être difficile, mais tu dois garder en tête ton objectif. Devenir responsable. Avoir ta place. Devenir un citoyen.

Être libre, volontaire et solidaire.

Parce que toi aussi à ton tour, tu mérites d’être bien.

Tu vas te sentir seul parfois au milieu de tous ces gens à chercher un sens. Personne ne va te le donner. Tu dois le trouver. Et tu ne pourras pas l’obtenir d’un seul bond. Tu vas devoir le faire un échelon à la fois. Sois patient et bienveillant envers toi. Ensuite, tu le feras à ton tour pour quelqu’un. Tu lui transmettras les valeurs qu’on apprend à l’école de la vie, mais tu vas le faire en respectant son rythme. Parce que tu vas agir pour le bien-être de l’autre.

Tu vas lui donner de l’espoir, de la confiance. Tu dois donner l’exemple et devenir inspirant. Puis la cohabitation va prendre fin. Tu seras quelqu’un de responsable et autonome. C’est le début d’une nouvelle étape. Et là, ça devient réaliste parce que c’est concret. Et là, ce sont tes hormones du bonheur qui vont s’activer. Tu auras de plus en plus de motivation. Tu n’auras plus besoin de ces méthamphétamines.

Parfois, certains resteront des « marginaux antisociaux ». Ils refuseront tout aide sociale ou soin de santé. Ils vivront selon leurs propres valeurs, mais ils respecteront la loi.

Ils seront en collaboration, à leur façon, avec le SPVQ. Ils le feront dans une complicité pour offrir une aide sécuritaire dans la bienveillance, pour offrir au prochain. Ce n’est pas pour offenser personne. Mais le but est de réduire les méfaits, faire de la prévention.

L’essentiel pour les gens est de cohabiter avec tous ceux qui nous entourent. S’émerveiller, apprendre et partager tout ce qui nous entoure.

On peut s’offrir la fierté de regarder de l’avant parce qu’on n’est jamais seul.

JEUNE FRÉQUENTANT LE TRAIC

TRAIC Jeunesse est un organisme communautaire dont la mission est de favoriser le mieux-être des jeunes dans une perspective de développement global, par la pratique du travail de rue et par son milieu de vie.

24 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
Photo courtoisie de TRAIC Mur du milieu de vie du TRAIC

Cohabitation avec l’espoir

Cohabiter signifie vivre avec d’autres personnes. À mon sens, cohabiter représente bien plus que de partager un espace physique commun. C’est arriver de travailler et apercevoir sa coloc crier sur du Heavy metal après une mauvaise journée, c'est rentrer d'une journée difficile et voir que le ménage de l'appart n’est pas fait, c’est partager les petits moments comme les grands. C’est une fenêtre sur une autre, ou plusieurs autres réalités. C’est la possibilité de faire des échanges, de trouver une écoute attentive ou encore d’apprendre à faire respecter ses limites.

Projet Point de vue

Vivre en colocation « standard » ou en organisme de réinsertion sociale sont des occasions de grandir. De faire connaître nos besoins, nos envies et surtout d’apprendre à naviguer avec les autres. Plusieurs ont des craintes, fondées ou non, face aux hébergements temporaires, et c’est tout à fait normal et légitime. J’ai souvent entendu des personnes s’inquiéter du fonctionnement de résidences, de la clientèle et du respect qu’on y retrouve. Bien que plusieurs vérités puissent cohabiter et être valides dans une même maison d’hébergement, j’ai pour ma part, toujours eu des expériences positives. J’ai connu la maison Pech, la Maison Marie-Frédéric et la Maison de Marthe et ce sont des passages qui resteront toujours gravés dans mon cœur. J’y ai côtoyé un éventail d’individus qui portaient en eux des preuves de courage et d’espoir, des intervenants(e)s sympathiques et brillant(e)s. Cohabiter avec des étrangers a été une expérience particulière et unique chaque fois. Je crois que ce qui peut aider à tirer profit de ces colocations est l’ouverture d’esprit avec laquelle on peut choisir d’aborder notre situation et les gens qui nous entourent. Souvent, aller en hébergement temporaire n’est pas notre premier choix… Cependant, nous avons le choix d’utiliser ce moment pour nous propulser vers l’avant.

À l’hébergement la Maison de Marthe, qui accueille les personnes en sortie de prostitution, les besoins de tout un chacun sont pris en compte de manière équitable, ce qui offre l’opportunité aux usagers de modeler des ententes personnalisées, et non pas selon des règles strictes et déshumanisantes. Dans cet organisme, la cohabitation se fait notamment avec les autres usagers (total de six), mais indirectement aussi avec les intervenantes en milieu de vie. Qu’en est-il de la cohabitation entre intervenantes et usagers ? En fait, ici à la Maison de Marthe, les intervenantes font partie intégrante de la vie quotidienne des personnes hébergées. Une communication ouverte et empathique est au rendez-vous. Les intervenantes sont d’abord et avant tout, et nous l’oublions parfois, humaines. C’est cette humanité qu’elles nous partagent qui crée une atmosphère ouverte et sans jugement. Car si je sais qu’elles font des erreurs, qu’elles doutent elles aussi, alors je me dis que nous ne sommes pas si différents. Si je les vois réussir, que je vois leurs yeux s’illuminer quand elles me parlent de leur fin de semaine et de leurs passe-temps, alors je me dis que je peux aussi être heureux. Cohabiter, c’est gagner en expérience de vie, c’est apprendre des autres et choisir ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus à l’avenir. C’est apprendre des autres, mais apprendre sur nous-mêmes également. Cohabiter dans des organismes communautaires, c’est à mon sens, cohabiter avec l’espoir d’un meilleur lendemain.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 25
Crédit photo : Michael Gaida de Pixabay

ego

malheurs

26 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
Crédit photo : Carabo de Pixabay
la réorganisation sociale des femmes Téléphone
418 529-2066 Télécopieur
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G1L 2R6 Québec (Québec) 270, 5 Rue, AccueilAideAutonomie
Grands
et grands
BERTRAND CYR Projet Point de vue
Centre femmes aux 3 A de Québec Pour
:
: 418 529-1938
www.cf3a.ca

Abordons le logement social Projet

Il est né dans les années quarante À cette époque, il avait très peu de charpentes

Grâce à des citoyens engagés Il a appris très vite à marcher

Au début, Pépéfédéral l’a aidé à se tenir debout Mais, dès les années 90, Pépé l’a laissé sans bidous

Il est alors allé rejoindre sa gouvernemaman Qui, elle, a repris le berceau vaillamment

Après des années à lutter en soi pour un toit Maintenant, il se reconnaît bien en sol québécois

C’est là qu’il a enfin trouvé un AccèsLogis Il a grandi fièrement, mais non sans soucis

Car pour bien prendre soin de lui de façon certaine Il est devenu difficile de trouver des anges-gardiennes

Même si Thérèse de Sainte-Eustache LM (HLM) y travailler, Oh ! Est-ce Ben elle (OSBL) qui a choisi de le quitter ?

Il me semble que Thérèse aurait pu être plus Coop érative Et de voir avec lui d’autres alternatives

Disons que Pépéfédéral est quand même revenu dans le portrait Avec une stratégie qui est encore pour lui bien abstraite

Mais comme tout ado, il traverse une crise Une crise qui cependant le terrorise

Il est face à beaucoup de questions Introspection, indigestion et réno-évictions

Il a l’impression qu’on le garde malade Car lors de son bilan de santé, son cœur battait fort la chamade

Il faudra bien qu’il passe au travers Espérons que cette crise n’est que passagère

Qu’il retrouvera enfin son éclat Et qu’il y aura une belle fin, comme au cinéma

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 27
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Point de vue Crédit photo : La Quête

Après la violence conjugale Vivre avec ses fantômes

Mon amour,

Je te vois me regarder avec tendresse alors que par en dedans, je sens que mon être tombe en lambeau. Il y a ces moments où je vois le désir dans ton regard alors que moi je me sens comme une poubelle. Je perçois que pour toi, il n’y a rien qui existe outre le moment où je suis au creux de tes bras. Alors que tu m’enveloppes de tes tendresses, au fond de moi il y a encore cette femme qui n’en finit plus avec les pleurs. Je me doutais bien que choisir le quotidien à deux serait un pas d’engagement vers la guérison de mon cœur et mon être brisés par plusieurs années de violence conjugale. Savais-je que cette nouvelle réalité m’entraînerait dans un chaos intérieur plus vrai que nature ? Dis-moi, ne vois-tu pas au fond de mon regard ce tumulte qui m’habite ? Entends-tu le craquement de cet être qui a été détruit à petit feu par cette violence que je nomme parfois du bout des lèvres ? Cette reconstruction de moi dans laquelle je me suis engagée est loin d’être facile. Mon passé a des répercussions émotives et psychologiques dans mon quotidien. Notre quotidien. Oui, bien sûr qu’il y a des ressources pour aider. Violence Info a de supers intervenantes qui aident énormément dans le processus de reprise de pouvoir sur sa vie et le long processus qui mène à une reconstruction de soi. Oui, j’ai des amis(es), mais il y en a une seule que j’ai connue avant ce grand séisme qu’ont été mes années de violences conjugales. Une survivante précieuse à mon cœur. Les ressources que j’utilise au quotidien viennent de l’intérieur. Je puise mes forces dans le chaos de mes nuits si nombreuses ou je n’arrive toujours pas à trouver le sommeil, malgré tes présences bienveillantes à nourrir notre amour. Je puise dans la confiance d’un retour aux études à 40 ans. Je me reconstruis et j’apprends à cohabiter avec moi.

Je fais des choix et m’engage à avancer dans le chaos du pardon à petits pas au quotidien : Me pardonner de ne pas être parfaite. Me pardonner d’avoir laissé quelqu’un qui dit m’aimer me dire mille mots de haine sous le couvert de l’amour.

Me pardonner de ne pas être ce que je voudrais. Me pardonner d’avoir laissé mon cerveau se faire laver. Me pardonner d’en avoir voulu à ma vie. Me pardonner d’avoir perdu des amies. Me pardonner d’avoir perdu mes enfants. Je dois accepter de me pardonner, de te montrer mes vulnérabilités dans un moment d’égarement, afin d’apprendre à t’accueillir, t’aimer et t’accepter avec les tiennes. Chaque jour, j’apprends ce qu’est la vraie vie de couple : aimer et être à deux. Nous cohabitons mon amour, comme deux cœurs rapiécés dans le chaos des engagements d’un quotidien routinier. Nous devons vivre avec les séquelles d’une violence qui subsiste après plus de 7 ans de séparation. Nous cohabitons mon amour, nous avons choisi de nous engager dans le chaos d’une seule réalité.

Avec toi, je n’ai plus besoin d’être une guerrière qui endure le chaos du quotidien. Je peux m’engager à me battre pour les causes qui me tiennent à cœur. Maintenant, je cohabite avec l’espoir.

28 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
MÉLANIE TREMBLAY Crédit photo : Engin Akyurt de Pixabay

Le sentiment se dresse contre la raison

Un an après le début de la pandémie, j’ai accepté de prendre un forfait comprenant l’Internet, la télé et le téléphone. Depuis que suis branché, au goût du jour, je reçois une multitude de vidéos sur les drames humains. Tout y passe : la misère, la famine, les catastrophes, la guerre, les inondations, les sécheresses, la pauvreté, les enfants qui pleurent, les nourrissons qui meurent. Je me rends compte que toutes ces images provoquent chez moi un certain fatalisme. Je réagis un peu comme si le drame correspondait à la situation normale dans certaines régions du monde.

Je pourrais faire valoir que trop d’images dramatiques nous désensibilisent et qu’à force de voir et de revoir l’étendue de la misère, notre fibre sentimentale ne vibre plus. Mais ce serait mentir, car il y a d’autres types d’images qui, même vues et revues, nous remuent profondément. Il s’agit des vidéos sur le sort des animaux. On dit que le cœur a ses raisons que la raison ignore.

LA RAISON N’Y EST POUR RIEN

J’ai voulu raisonner, j’ai voulu comprendre pourquoi je réagissais plus au sort des animaux qu’à celui des humains. Les chats abandonnés, les animaux en difficulté à qui on vient en aide font naître en moi de très fortes émotions que je ne ressens pas quand il s’agit de drames humains. Je ne comprends pas pourquoi le sort d’un lièvre peut m’émouvoir autant. Je me dis que les reportages sur les animaux ont été mieux préparés, mais je ne réussis pas à me convaincre que c’est bien là la raison.

AIMER LA SENTIMENTALITÉ EXCESSIVE

Alors j’admets que je fais de la sensibilité excessive, mais voilà, j’aime cette sensibilité tout en sachant très bien que le sentiment ne raisonne pas, qu’il est indépendant de notre volonté. C’est d’ailleurs un des reproches que je fais au christianisme quand il se définit parfois comme un grand commandement d’amour. Tout le monde sait que l’amour ne se commande pas. En amour, notre volonté n’y est pour rien. Et si j’aime les chats, les lapins et les lièvres, ce n’est pas par un acte volontaire ou par choix et encore moins parce qu’on me l’aurait commandé.

Je reste donc avec ma sentimentalité peut-être mal investie, mais qui me définit à un point tel que si on me l’enlevait, je ne serais plus moi-même. J’accepte cette part d’incohérence qui plus d’une fois m’a valu des reproches, puisque c’est là le genre de chose qu’on ne dit pas publiquement. Je sais cependant que je ne suis pas le seul à réagir ainsi et j’aimerais savoir pourquoi le sort des animaux, du moins de certains animaux, nous touche plus que celui des humains.

Je repense souvent à mon voisin qui avait cherché son chat toute la journée. Quand il l’a retrouvé, j’ai assisté à la scène sans qu’il m’aperçoive. Il a pris le chat avec une tendresse, un ravissement, je dirais même avec un sentiment d’amour que logiquement il aurait témoigné à une femme, et non pas à un animal, si charmant soit-il. Ne voulant pas le mettre mal à l’aise je ne lui ai jamais dit que je l’avais vu.

Il y a un mystère dans l’animal qui me fascine aussi. Sa beauté, véritable esthétique qui n’a pourtant rien d’humain, nous touche dans notre humanité. Il est très facile de le voir comme un être digne d’amour, d’imaginer qu’il nous parle, qu’il veut devenir notre ami. Pure illusion, me direz-vous, mais il y a des illusions qui valent tellement plus que la réalité !

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 29
Crédit photo : Jon Hembree Dreamstime Stock Photos

Choisir son voisinage

Que nous vivions seuls, à deux ou en groupes, il est tellement essentiel de s’entourer de personnes qui ont l’esprit d’entraide, de bon partage et une communication positive.

Au fil de mes expériences de vie, j’ai été marquée par une cohabitation qui m’a fait réfléchir et donné de bonnes leçons afin de choisir à l’avenir un meilleur propriétaire et de bons voisins et bonnes voisines. J’ai vécu avec mes deux enfants à Sainte-Foy, au sous-sol d’une maison privée. Le propriétaire était un retraité et il surveillait nos faits et gestes. Quand les enfants faisaient trop de bruit, il cognait avec son manche à balai pour qu’ils se tiennent tranquilles. Il ne voulait pas que les enfants amènent de petits amis pour jouer dans sa cour, alors je les amenais au parc pour qu’ils s’amusent à leur aise.

Je le supportais parce que le prix du logement était abordable. Et aussi parce que chaque année, il partait en Floride avec sa femme et son motorisé du mois de novembre à mai. Nous étions tranquilles, mais quand il revenait, il devenait aussi contrôlant et désagréable. La goutte qui a fait déborder le vase, et m’a incité à prendre ma décision de déménager, c’est quand des mulots se sont infiltrés à l’intérieur des murs : ils rongeaient tout, faisaient des dégâts et

répandaient de mauvaises odeurs. Le logement devenait insalubre, et pour notre santé, nous devions partir au plus vite. J’avais alors trouvé un bon appartement propre près des commodités et d’une école primaire à Québec.

C’est certain, nous apprenons beaucoup au cours de nos déménagements, dans le fait de bien choisir les gens qui vivent avec nous et près de nous. Après des années difficiles, je suis reconnaissante, car je vis actuellement dans une coopérative d’habitation. Il y a beaucoup d’avantages et un bel esprit d’entraide, comme dans une famille. Chacun a soin de son logement, profite d’un bon voisinage et a des tâches selon ses capacités, parfois des corvées dans le but d’entraide.

Bien sûr, il en est de même quand nous vivons en couple ou bien en colocation, mot dans lequel nous pouvons deviner le mot coopération. Le partage doit être égalitaire, se faire dans le respect et la réciprocité et surtout entretenir et garder une bonne communication, si nous voulons que tout fonctionne avec bonheur et bonne humeur.

30 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
CHRISTIANE
Hébergement

Chère dulcinée

Je voudrais vous communiquer toute la beauté des émotions Qui envahissent toute mon existence Quand je suis en présence De ma Vénus, l’objet de ma tendre affection.

Viennent alors à mon inspiration Les mots violons d’une belle et sentimentale chanson, Des couplets, un refrain que nos cœurs traduisent en douce vibration.

Vénus s’incarne de la mythologie

Pour changer comme un caméléon Et devenir ma grande et humaine passion Pour apparaître sous les traits de ma meilleure amie.

Passeront les années

Je serai en permanence avec ma dulcinée. Je garderai toujours comme un bon souvenir Où que j’aille, son étincelant sourire.

LA QUÊTE OCTOBRE 2022 31
GAÉTAN DUVAL
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Crédit photo : Rawpixel.com sur

Références communautaires

Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches

Tél. : 2-1-1

Aide sociale

ADDS

Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983

Aide aux femmes

Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192

Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale 270, 5e Rue, Québec Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca

Centre femmes d’aujourd’hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org

Rose du Nord

Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org

Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca

Alphabétisation

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com

Atout-lire

266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca

Le Cœur à lire 177, 71e Rue Est, Québec Tél. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com

Lis-moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com

La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots

Centre de jour

Relais d’Espérance

Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301

Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 529-2222

Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418 688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com

Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca

Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

Hébergement

Maison de Lauberivière

Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 485, rue du Pont, Québec Tél : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org

Maison Revivre

Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com

SQUAT Basse-Ville

Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com

Gîte Jeunesse

Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans

Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225

Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

YWCA

Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca

Réinsertion sociale

Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org

Fraternité de l’Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 523-1731

Maison Dauphine

Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org

Insertion professionnelle

À l’aube de l’emploi (Lauberivière) Formation en entretien ménager commercial/buanderie 485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org

Recyclage Vanier

Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com

Prostitution

La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

P.I.P.Q.

Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org

Soupe populaire

Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner) Tél. : 418 640-0915

Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité Tél. : 418 692-1762

Santé mentale

Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677

centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org

La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502

laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca

Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719

info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com

Centre d’Entraide Émotions

3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org

La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076

info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca

Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157

Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca

Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283

Parents-Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167

Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org

Toxicomanie Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca

Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com

VIH-Sida

MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720

Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

32 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
LA QUÊTE OCTOBRE 2022 33 Merci À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES ! PARTENAIRES OR • Centraide PARTENAIRES ARGENT • CKRL FM 89,1 • Les Impressions Stampa PARTENAIRES BRONZE • Audiothèque • CSQ • Centre Femmes aux 3A • Intermarché St-Jean • Service Harmonia • Syndicat canadien de la fonction publique PARTENAIRES
• Bal du Lézard • Maison Revivre PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM • Claude Gallichan, chiropraticien • Yves Boissinot RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS
INCONDITIONNELS

Je voudrais

J’aimerais qu’il me trouve élégante Je voudrais avoir du plaisir en chantant J’aimerais croire en notre amour Je voudrais être merveilleuse comme une vedette J’aimerais avoir du bonheur dans mes rêves Je voudrais comprendre pourquoi il était aussi sympathique avec moi J’aimerais faire des blagues d’humour avec toutes mes amies Je voudrais être sa princesse au joli cœur J’aimerais avoir de la joie dans mon rire Je voudrais qu’il soit intelligent pour me faire des blagues J’aimerais être celle qui lui dira le plus beau des poèmes Je voudrais qu’il m’admire plus chaque jour J’aimerais avoir une chance de l’embrasser Je voudrais qu’il m’embrasse passionnément J’aimerais comprendre pourquoi j’étais aussi amoureuse Je voudrais chercher dans mon cœur ce qu’il y avait J’aimerais trouver l’amour en chantant Je voudrais avoir du succès dans mes compositions J’aimerais faire du bonheur avec des bouquets de fleurs Je voudrais apprendre à connaître l’amour J’aimerais que mon amour dure toujours…

34 OCTOBRE 2022 LA QUÊTE
VÉRONIQUE Dessin de Véronique
LA QUÊTE OCTOBRE 2022 35 9480 Boul. Ste-Anne Sainte-Anne-de-Beaupré 418-702-0631 SPADESNEIGES.COM

Candidat [Hugo]

Santé mentale Décrochage scolaire Isolement

Choisir une cause, c’est en laisser tellement d’autres derrière.

Centraide. Aide. 215 organismes. Donnons

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