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Cohabiter avec l’espoir

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La quête des mots

La quête des mots

Cohabitation avec l’espoir

Projet Point de vue

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Cohabiter signifie vivre avec d’autres personnes. À mon sens, cohabiter représente bien plus que de partager un espace physique commun. C’est arriver de travailler et apercevoir sa coloc crier sur du Heavy metal après une mauvaise journée, c'est rentrer d'une journée difficile et voir que le ménage de l'appart n’est pas fait, c’est partager les petits moments comme les grands. C’est une fenêtre sur une autre, ou plusieurs autres réalités. C’est la possibilité de faire des échanges, de trouver une écoute attentive ou encore d’apprendre à faire respecter ses limites. Vivre en colocation «standard» ou en organisme de réinsertion sociale sont des occasions de grandir. De faire connaître nos besoins, nos envies et surtout d’apprendre à naviguer avec les autres. Plusieurs ont des craintes, fondées ou non, face aux hébergements temporaires, et c’est tout à fait normal et légitime. J’ai souvent entendu des personnes s’inquiéter du fonctionnement de résidences, de la clientèle et du respect qu’on y retrouve. Bien que plusieurs vérités puissent cohabiter et être valides dans une même maison d’hébergement, j’ai pour ma part, toujours eu des expériences positives. J’ai connu la maison Pech, la Maison Marie-Frédéric et la Maison de Marthe et ce sont des passages qui resteront toujours gravés dans mon cœur. J’y ai côtoyé un éventail d’individus qui portaient en eux des preuves de courage et d’espoir, des intervenants(e)s sympathiques et brillant(e)s. Cohabiter avec des étrangers a été une expérience particulière et unique chaque fois. Je crois que ce qui peut aider à tirer profit de ces colocations est l’ouverture d’esprit avec laquelle on peut choisir d’aborder notre situation et les gens qui nous entourent. Souvent, aller en hébergement temporaire n’est pas notre premier choix… Cependant, nous avons le choix d’utiliser ce moment pour nous propulser vers l’avant. À l’hébergement la Maison de Marthe, qui accueille les personnes en sortie de prostitution, les besoins de tout un chacun sont pris en compte de manière équitable, ce qui offre l’opportunité aux usagers de modeler des ententes personnalisées, et non pas selon des règles strictes et déshumanisantes. Dans cet organisme, la cohabitation se fait notamment avec les autres usagers (total de six), mais indirectement aussi avec les intervenantes en milieu de vie. Qu’en est-il de la cohabitation entre intervenantes et usagers? En fait, ici à la Maison de Marthe, les intervenantes font partie intégrante de la vie quotidienne des personnes hébergées. Une communication ouverte et empathique est au rendez-vous. Les intervenantes sont d’abord et avant tout, et nous l’oublions parfois, humaines. C’est cette humanité qu’elles nous partagent qui crée une atmosphère ouverte et sans jugement. Car si je sais qu’elles font des erreurs, qu’elles doutent elles aussi, alors je me dis que nous ne sommes pas si différents. Si je les vois réussir, que je vois leurs yeux s’illuminer quand elles me parlent de leur fin de semaine et de leurs passe-temps, alors je me dis que je peux aussi être heureux. Cohabiter, c’est gagner en expérience de vie, c’est apprendre des autres et choisir ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus à l’avenir. C’est apprendre des autres, mais apprendre sur nous-mêmes également. Cohabiter dans des organismes communautaires, c’est à mon sens, cohabiter avec l’espoir d’un meilleur lendemain.

JAY DIONNE

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