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Ré) apprendre à cohabiter

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Chère dulcinée

Chère dulcinée

Pas toujours facile de cohabiter, que ce soit avec les autres, ou avec soi-même. Imaginez cohabiter avec le monde extérieur après avoir été incarcéré. C’est la réalité de nombre de personnes, à l’instar de Christian* qui a passé plus de 15 ans derrière les barreaux.

Originaire des Cantons-de-l’Est, Christian a purgé une peine de 15 ans de prison de 1984 à 2000. Il a ensuite décidé de s’établir à Québec. Son changement d’environnement ne l’a toutefois pas empêché de retourner dans le système carcéral. «J’ai été plus souvent en prison que dehors», explique-t-il. Christian est sorti de prison pour la dernière fois en 2015. Sa dépendance aux drogues l’avait conduit à voler des commerces pour se procurer de l’argent afin de financer sa consommation. Depuis, il a changé son cercle de fréquentation pour s’en sortir. «J’retournais tout le temps dans le même milieu. J’me suis dit: j’vais peut-être changer de milieu, ça va marcher? Ça a fonctionné un bout», relate Christian Après cinq ans dans la rue, Christian habite maintenant en appartement et il travaille pour le Point de repère. Il est fier de dire qu’il ne consomme plus depuis 2016.

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GARDER UN EMPLOI

«[J’ai trouvé ma job] à force de traîner autour du Point de Repères, donner des services et j’ai été guide de rue un bout. Un moment donné, la boss m’a demandé si je voulais travailler au site fixe. J’ai dit oui, j’ai fait deux ans et demi. J’ai fait une commission pour quelqu’un, pis ça m’a coûté ma job, mais ils me l’ont redonné. Fait deux ans que je fais le tour des parcs le matin», relate Christian. Pour plusieurs ex-détenus, trouver un emploi comporte son lot d’embûches. Le casier judiciaire ferme plusieurs portes. Pour Christian, avoir un travail lui permet de garder un appartement. L’aide sociale ne lui donnait que 600 $ par mois. Très peu pour subvenir à ses besoins. Encore aujourd’hui, il rembourse des loyers en retard. «Équilibre, liberté, autonome». C’est ainsi que Christian qualifie son emploi. Ses tâches consistent à faire le tour des parcs de la ville de Québec pour ramasser le matériel d’injection qui pourrait s’y trouver. Cela lui permet de visiter les différents arrondissements avec son vélo. Du lundi au vendredi, il se promène de 5h30 à 10h. Toutefois, son contrat finit avec l’arrivée de l’hiver. Il compte faire son possible pour s’en trouver un autre. Le chômage n’est pas une option intéressante.

Apprendre à cohabiter avec le monde extérieur, c’est aussi de faire un trait sur le passé pour avancer.

: Image par Coleen de Pixabay Crédit

RESTER TRANQUILLE

Ces temps-ci, Christian passe la majeure partie de son temps au travail ou chez lui. Dans son 2 et demi, qu’il a réussi à meubler, il prend du temps pour lui, loin des distractions que la drogue apporte. Depuis qu’il est à Québec, il conserve quelques amis qui le supportent. «J’sors pu de chez nous», s’amuse-t-il. Christian a échangé une vie tumultueuse pour un quotidien tranquille: «Là, ça va bien».

UN RÉCIT PARMI TANT D’AUTRES

L’histoire de Christian n’est pas sans rappeler celles d’autres personnes judiciarisées. Sortir de prison vient avec la nécessité de faire face aux raisons qui les ont amenés à y entrer en premier lieu. Pour éviter d’y retourner, Christian a dû couper les ponts avec son milieu.

ÉLIZABETH JEAN-ALLARD

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