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Ensemble à ma manière
HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE
ENSEMBLE À MA MANIÈRE
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Oui à la cohabitation, mais pas à n’importe quel prix.
Illustration : Vig no
Lorsque j’étais étudiant au cégep, j’ai cohabité avec trois amis étudiants. Lorsque je travaillais à la baie James, j’ai cohabité avec les travailleurs du chantier. Lorsque j’ai enfin goûté au plaisir d’avoir un appartement pour moi seul, j’ai appris à aimer ça. Lorsque je me suis marié, j’ai cohabité avec mon épouse et ensuite avec mes enfants, en famille. Lorsque j’ai divorcé, j’ai vécu avec un colocataire pour des raisons financières et lorsque je j’ai eu à nouveau la possibilité de cohabiter avec mes enfants à temps complet, j’en ai profité avec bonheur jusqu’à ce qu’ils volent de leurs propres ailes. Lorsque je me suis à nouveau retrouvé seul, j’ai compris à quel point ce mode de vie me convenait. Depuis plus de vingt ans maintenant, j’ai fait le choix de cohabiter avec la personne que j’aime, mais en gardant chacun nos espaces personnels. J’ai bien essayé au début comme tout le monde de dormir dans le même lit, de partager la même salle de bain, la même cuisine et tout et tout mais je n’y trouvais pas mon bonheur. Donc, nous avons conjointement choisi d’acheter un duplex et d’habiter chacun notre appartement. Pour nous, ça a été une formule gagnante. C’est le meilleur des mondes. Pas de ronflement, pas de flatulences, pas de chaussettes ou de bobettes qui traînent. Pas de chicane pour la télécommande. Nous avons des sphères d’activités communes, mais d’autres, très différentes, et notre mode de vie permet à chacun de s’activer sans encombrer l’autre lorsqu’un besoin se présente. Le fait d’avoir chacun nos espaces personnels permet d’éviter beaucoup de sources de petits conflits au quotidien qui risqueraient de tuer la relation à la longue. Comme je dis souvent à la blague, on n’a jamais besoin de s’endurer, on a même le temps de s’ennuyer l’un de l’autre. Lorsque nous vivons une relation de couple, c’est important de vivre des moments ensemble pour échanger à propos de notre journée, pour parler de nos projets et de nos préoccupations, pour partager notre intimité, mais il est aussi important d’avoir des moments seuls avec soi-même. Ma philosophie est simple, j’existais avant l’autre, je dois continuer d’exister avec l’autre et ne pas m’oublier dans la relation. Chacun sa façon de trouver son bonheur en amour. Je ne dis pas que la mienne est meilleure que les autres, mais je crois sincèrement qu’il faut prendre le temps de s’interroger sur la sorte de cohabitation dont on a envie lorsque on décide de partager sa vie avec une autre personne. Bien sûr, encore faut-il en avoir la possibilité. Souvent, pour des raisons financières, on choisit de vivre ensemble, mais si notre revenu nous le permet, ça vaut le coût d’y réfléchir sérieusement. L’amour ne règle pas tout. Comme le dit si bien JeanPierre Ferland «L’amour, c’est d’l’ouvrage». Lorsque j’ai reçu un diagnostic de bipolarité, il m’a été difficile de retrouver un équilibre satisfaisant. Il m’a fallu un certain temps. J’ai cru que je n’aurais plus jamais accès à une vie normale. Je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à gérer mes humeurs et je ne voulais surtout pas imposer ça à la personne que j’aime. Martin Luther King disait: «Il faut accepter les déceptions passagères, mais conserver l’espoir pour l’éternité». Alors, lorsque j’ai rencontré l’âme sœur, c’était déjà clair dans ma tête que j’allais maintenir mon espace personnel tout en construisant mon bonheur d’une nouvelle manière, moins conventionnelle, mais mieux adaptée à l’homme que je suis. Je me suis adapté à ma condition et je me suis redéfini en respectant les nouveaux paramètres qui allaient régenter ma vie. Surmonter mes peurs et m’affirmer. Cohabiter oui, mais selon ma définition, celle qui correspond à mon besoin. Agir selon le précepte de Nelson Mandala: «Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs». Simplement,