
5 minute read
Sur le terrain de l’entente
Sur le terrain de l’entente, les affinités ne répondent pas qu’à la règle des atomes crochus. La rencontre de l’autre est une source de conflits dont naissent des compromis. Collègues, couples, amies et colocataires ont accepté de partager avec La Quête le secret d’un bon terrain d’entente. Certains se sont rencontrés par l’envie d’aborder autrui, alors que pour d’autres, la rencontre n’était qu’une heureuse surprise. Mais tous, à leur manière, se mettent d’accord sur leurs désaccords pour à terme trouver l’accord parfait.
LES SEPT COLOCATAIRES
Advertisement
Entre les six des sept membres de la coloc - ils sont rarement tous ensemble - plane l’alchimie réconfortante de la série Friends. «Les personnes extérieures ont parfois l’impression d’être à l’écart, on doit avoir l’air d’une secte», ironise Pierre, qui a emménagé dans la colocation en 2021. Lauriane, arrivée en premier courant 2019, remarque que les premiers mois, l’organisation était presque bureaucratique. «On faisait des réunions quasi tous les dimanches pour remettre les points sur les i, surtout par rapport au ménage». Au mois de juillet, leur propriétaire a voulu récupérer son appartement montréalais. Les colocataires ont tenu à rester ensemble et ont déménagé dans le Mile End. Pour se sentir chez soi en cohabitant avec les autres, Charlotte aime dire qu’elle a une certaine «dose sociale», c’est-à-dire un seuil nécessitant des pauses quotidiennes pour ne pas saturer. De plus, la cohabitation est facilitée par une proximité en âge et en mentalité. «On est politiquement raccord, et ça se traduit dans notre manière de vivre», estime Hugo. Cette cohabitation a également été un moyen pour Victor d’apprendre à parler sans tabous. «Pour ma première colocation, j’étais avec ma meilleure amie, et c’est devenu compliqué, il y avait des non-dits», raconte celui qui a un tempérament plutôt réservé. «C’est plus rassurant de s’exprimer devant plusieurs personnes parce que les remarques ne visent pas quelqu’un en particulier.»
«Plus rassurant de dire les choses à plusieurs personnes plutôt qu’une seule»
: Victor Lhoest Crédit photo
Victor, Hugo, Florian, Charlotte, Pierre et Lauriane

Michel et Paulette : Victor Lhoest Crédit photo
MARIAGE CINQUANTENAIRE
Michel est marié à Paulette depuis 50 ans (!). Dans une des avenues montréalaises piétonnes pour l’été, la question de la pérennité de leur couple fait sourire Michel. D’abord parce qu’il est fier d’annoncer ce chiffre, et puis parce que le sujet lui évoque d’emblée les bons moments de ces années communes: leurs deux enfants, son travail de représentant et les retrouvailles avec sa famille après avoir passé la semaine sur la route. À 73 et 75 ans, Paulette et Michel sont retraités. Désormais, le secret de l’harmonie du couple n’est autre que leur sens de l’humour. «On est capable de rire de nous!», assure Paulette, accompa-
«Le secret, gnée par les hochements c’est l’humour» de son mari. Et quand le couple est confronté à des désaccords, Paulette énonce ce que tout le monde conseillerait pour faire perdurer un couple: «il suffit de se parler».
S'ENTENDRE AVEC SES VOISINS DE TOMATES
Le jardin de Jacinthe est rempli de légumes - des tomates, des concombres et des brocolis «offerts par une voisine». Sa parcelle, de trois mètres de large et six de long délimitée par des rebords de vingt centimètres, en est une parmi les dizaines du jardin communautaire De Lorimier situé dans Le Plateau-Mont-Royal à Montréal. Elle occupe depuis deux ans ce bout de terre qu’elle partage avec une amie pour se répartir le travail. Avec ses voisins de parcelle, le troc, les bonjours et les dons de légumes «lorsqu’on en a trop» assurent la bonne entente. «Je ne connais pas leurs noms par exemple», admet Jacinthe pourtant capable de donner des anecdotes sur chacun d’eux : ici celui dont le jardin est séparé en deux depuis la mise en place d’un nouveau règlement, là celle qu’elle connaît un peu plus parce qu’elle est dans le conseil d’administration. Depuis la rue, les jardins sont visibles, protégés par un grillage uniquement. «On dit
«Je ne qu’il y en a qui piquent, connais pas mais il y a très peu de leurs noms» vols», souligne Jacinthe, fière que cet espace et ses récoltes soient respectés, alors que personne ne garde les lieux.
: Victor Lhoest Crédit photo
: Victor Lhoest Crédit photo

: Victor Lhoest Crédit photo Nyll et Manon

Léonie et Marilou
ENTRE COLLÈGUES, DES AMITIÉS
EXTRA-PROFESSIONNELLES
Depuis plus de deux ans, Nyll et
Manon osent le mélange vie privée et vie professionnelle que beaucoup redoutent.
Elles sont colocataires, travaillent ensemble dans un restaurant et «Elle a constaté sont l’une pour l’autre «la faque j’étais digne de mille qu’elles confiance» se sont créée», conçoit Nyll, se moquant de cette phrase toute faite définissant pourtant à merveille leur relation.
Lier l'affect et la job peut être nocif.
Les deux amies ont un exemple précis en tête: celui de la préparation des sauces. Une histoire de dosage où Nyll vérifie qu’il n’y ait pas d’erreurs. «Je mets mon nez partout», insiste-t-elle. «Je vérifie de la même manière le travail de tout le monde, mais Manon va penser que je ne lui fais pas confiance». De l’avis de
Manon, «il y a une notion de ne pas décevoir l’autre. Elle a des attentes et se dit: “c’est mon amie donc elle va bien travailler”».
La confiance est aussi ce qui a rapproché Marilou et Léonie assises autour d’un verre. Les deux collègues travaillent dans une entreprise de construction architecturale. C’est lors d’un party de travail, il y a six mois, à la période où Marilou intégrait l’entreprise, qu’elles ont remarqué que ça collait entre elles. «C’est parce que les deux, on boit!», rigole
Marilou, le ton franc et assumé. «Ce soir-là, elle a constaté que j’étais une fille cool, bien, et digne de confiance!
Ça c'est important», conclut Léonie.