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Famille recomposée
LA FAMILLE RECOMPOSÉE
Déjà que la vie de famille est parfois difficile, dans une famille recomposée, le défi est encore plus grand. Mais plusieurs stratégies aident à instaurer une nouvelle harmonie familiale. Et la solution se trouve parfois plus près de ce que l’on pourrait croire, selon Valérie Gosselin, psychologue à la clinique Humanimaux avec qui La Quête s’est entretenue.
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Il est vrai que les sujets de discordes et les zones de frictions dans une famille recomposée sont plus nombreux. Sur le plan de l’éducation des enfants, par exemple, la question «devient souvent problématique», selon Mme Gosselin. Les questions qui reviennent souvent sont de savoir «est-ce que j’élève les enfants de l’autre comme j’élève les miens, estce que j’applique une discipline ou est-ce que je laisse faire?» La psychologue souligne que «le meilleur conseil qu’on peut donner à ces familles-là, c’est de prévoir comment on va gérer les choses. Il faut éviter de se dire qu’on va improviser, de voir comment ça va aller et de s’ajuster en cours de route.» Une autre recommandation «c’est d’avoir tous les enfants ensemble au même moment. La principale raison étant que la dynamique familiale est plus facile à maintenir pour le couple.» Selon Mme Gosselin, il est aussi important de se concentrer sur ce que l’on peut contrôler. Il est ainsi préférable de «se concentrer sur l’éducation de nos enfants lorsqu’ils sont avec nous et ne pas s’ingérer dans l’éducation de ceux du nouveau conjoint, ou encore des nôtres lorsqu’ils sont avec l’ancien conjoint. Ce qui se passe chez l’autre parent, ça ne nous regarde pas, il y a beaucoup conflits par rapport à ça», ajoute-t-elle. Dans sa pratique clinique, elle recommande aussi de bien peser l’impact de nos décisions alors que, dit-elle, dans le développement d’un enfant, «tout se joue de zéro à six ans.» Les études démontrent un impact plus significatif sur ceux qui vivent une séparation en bas âge. «On va remarquer une certaine immaturité sur le plan affectif», précise-t-elle. Par contre, elle souligne aussi «qu’on voit une force d’adaptation [chez ces mêmes enfants], ils ont plus de facilité à gérer le changement.» Malgré tout, s’il est possible de maintenir une harmonie familiale malgré le désir de séparation, Mme Gosselin conseille à ses patients d’attendre qu’ils soient un peu plus vieux avant de passer à l’action.
LA FUITE VERS L’AVANT POUR PLUSIEURS
Est-ce que les gens ont tendance à fuir vers l’avant vers une nouvelle relation au lieu de chercher à régler leurs propres problèmes intérieurs? «Ho que oui, c’est une réalité», tranche Mme Gosselin. Parmi les valeurs enseignées dans nos sociétés occidentales, il est malheureusement fréquent de croire que le bonheur vient de l’extérieur. C’est une fausse perception. «Pour trouver le bonheur, il faut avoir le courage de se regarder à l’intérieur.» Mais c’est une démarche difficile qui demande des efforts et une détermination franche. «On veut tous être heureux et éviter les souffrances. C’est, entre autres, pour cette raison qu’il y a tant de fuites dans l’alcool et la drogue, mais aussi dans les relations amoureuses. C’est une autre sorte de dépendance.» La psychologue soutient que le lien qu’une personne entretient avec un partenaire reflète souvent la relation qu’elle a intérieurement. Elle précise que de nombreuses personnes projettent sur l’autre les problèmes qu’ils entretiennent, leurs bebittes comme on dit. «Pour prendre conscience de cela, il faut absolument que quelqu’un nous le dise, il faut aussi accepter de faire un cheminement personnel.» Mme Gosselin a travaillé avec beaucoup de couples en situation difficile. Elle croit que «la majorité des séparations n’auraient pas lieu s’il y avait une thérapie avec le ou les partenaires qui veulent se laisser. Beaucoup de couples en bénéficieraient.» Mais pour vouloir régler des aspects moins plaisants de sa vie intérieure, il faut parfois avoir l’humilité de vouloir reconnaître qu’un possible problème existe.
Crédit photo : Philippe Fortin
Selon l’Institut de la statistique du Québec, avec des données qui datent de 2016, c’est presque 132 000 familles qui vivent de façon recomposée, soit près de 16% du total des familles qui comptent un couple avec enfants.