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Entre errance et résidence
Personne ne veut vivre dans la rue. Pourtant, certains s’y retrouvent à la suite d’épreuves ou de parcours particuliers. C’est le cas de Jocelyn, aujourd’hui pair-aidant à L’Archipel d’Entraide, qui a vécu la précarité résidentielle pendant une période de sa vie.
«J’avais un bon emploi comme camionneur et par l’automédication pour soigner mes douleurs, je me suis retrouvé en précarité résidentielle. J’ai habité à la Maison Revivre pendant quelques années», raconte Jocelyn. La Maison Revivre qui accueille des hommes en situation d’itinérance dans ses lits est située dans le quartier Saint-Sauveur. La BasseVille de Québec compte d’ailleurs plusieurs organismes qui viennent en aide aux personnes en situation d’itinérance. Selon son expérience personnelle et les rencontres qu’il a faites, Jocelyn croit que les personnes qui se sortent de la précarité résidentielle sont celles qui ont la motivation et le goût absolu du changement. «Après un moment, je voulais me sortir de cette situation et j’ai décidé que ça en était assez. Pendant quelque temps, j’ai été hébergé à la Maison Revivre comme bénévole et j’ai aussi été pair-aidant à la clinique SPOT», explique Jocelyn à propos de son parcours vers la stabilité résidentielle. Par son implication auprès des personnes qui vivent dans la rue, en refuge ou en situation précaire, il a vu la différence entre celles qui posent des gestes concrets afin de se sortir du cycle de l’itinérance et celles plus susceptibles d’y rester sur une plus longue période. «C’est pareil pour tout le monde, une habitude c’est difficile à changer et le changement fait peur, explique-t-il. Même si pour la santé et pour la sécurité c’est mieux de changer une mauvaise habitude, de faire les démarches pour avoir un endroit où dormir ou encore de se trouver un emploi, ça fait peur parce qu’on est confortable dans notre inconfort puisque c’est ce qu’on connaît».
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La cohabitation entre les personnes en situation d’itinérance et les résidents de la Basse-Ville donne parfois lieu à des situations houleuses. Beaucoup de gens, par peur ou par méconnaissance, agissent sans savoir réellement quoi faire et enveniment une dynamique de cohabitation déjà compliquée. «Il ne faut pas ignorer ces personnes-là [les personnes en situation d’itinérance] parce que ce sont des personnes comme tout le monde. Quand tu croises ton voisin dans la rue, tu lui dis bonjour ou tu lui souris. C’est la même chose avec une personne qui habite dans la rue, souris-lui ou dis-lui bonjour, peu importe si elle te demande de l’argent ou non», soutient Jocelyn. Certaines personnes emménagent dans Saint-Roch sans trop savoir que l’itinérance est présente dans ce quartier. Selon lui, il serait mieux de savoir avant d’y emménager que cela existe et comprendre que cela ne disparaîtra probablement jamais. La population générale n’a pas de contrôle direct sur la situation de la précarité résidentielle, mais elle a le pouvoir de changer sa façon de voir les choses. «Moi, ce que je demande aux gens maintenant lorsque je me fais demander de l’argent pour quelque raison que ce soit, c’est l’honnêteté. J’aime mieux que la personne ne me dise pas que c’est pour de la nourriture si elle est pour aller s’acheter un 6packs de bières après. Je me dis qu’au moins par mon geste, elle ne commettra pas un méfait pour obtenir ce dont elle a besoin à ce moment-là. Ce qu’elle en fait ne me regarde pas. Ça prend de l’ouverture d’esprit, mais chaque personne dans la rue à un passé différent qui l’amène à être là et on ne peut pas aider tout le monde de la même manière», conclut Jocelyn.
« C’est la même chose avec une personne qui habite dans la rue, souris-lui ou dis-lui bonjour, peu importe si elle te demande de l’argent ou non ». ~Jocelyn
CATHERINE D’AMOURS
: Carole-Anne Beaulieu Crédit photo
Jocelyn, pair-aidant à L'Archipel d'Entraide