PORTRAIT DES MAISONS DE CHAMBRES ET DES CHAMBRES ET PENSION Dernier rempart avant la rue ou tremplin pour en sortir, les maisons de chambres et de chambres et pension abritent des personnes pour la plupart aux prises avec une précarité économique ou un problème de santé. La plupart du temps, ces endroits constituent, pour les personnes désaffiliées et marginalisées, la seule option économiquement viable. Les chambres ne représentent pas que des lieux de transition, mais aussi un logement stable pour de nombreux citoyens. La détérioration et la diminution de l’offre ne sont donc pas à prendre avec un grain de sel. Les maisons de chambres (MC) sont un type d’habitation de location de chambre et de partage de salle de bain ou de cuisine avec les autres locataires. Les chambres sont généralement meublées avec l’équipement nécessaire aux activités quotidiennes : un lit, un petit réfrigérateur, un élément de cuisson, un évier, une table et une chaise, etc. L’électricité et le chauffage y sont généralement inclus. Un salon commun et une buanderie sont parfois mis à la disposition des habitants. Le coût moyen d’une chambre, au centre-ville de Québec, est d’environ 400 $. Les maisons de chambres avec pension (MCP), aussi appelée chambres et pension, offrent des services supplémentaires tels que les repas ou encore la distribution de médicaments. Dans les MCP privées, la gamme de services semble plus diversifiée et peut comprendre la prestation des soins de santé, l’accompagnement aux rendez-vous médicaux ou pour faire des provisions, la gestion des cigarettes, etc. De ce fait, les MCP sont mieux adaptées pour soutenir les personnes aux prises avec des problèmes de santé. Leur prix de location est environ le double de celui de la chambre sans pension. QUI HABITE EN CHAMBRE ? Selon le rapport Pour la préservation et l’amélioration du parc de maisons de chambres privées au Québec publié en 2017 par la Société d’habitation du
MARS 2020
Québec (SHQ), près de l’ensemble des pensionnaires présentent un faible niveau socioéconomique, soit parce qu’ils sont bénéficiaires de l’aide sociale ou occupent un emploi faiblement rémunéré. Le chambreur type est un homme (de 70 à 90 %) entre 40 et 50 ans, sans emploi. Ce même rapport affirme que des profils de chambreurs moins habituels émergent graduellement : femmes, étudiants, membres des Premières Nations et Inuits, minorités culturelles, etc. Pour ce qui est des MCP, le ratio hommesfemmes est plus équilibré, précise de son côté le rapport Vivre en maison de chambres dans la ville de Québec réalisé par le CSSS de la Vieille Capitale. Le taux d’inoccupation des MC est plus élevé que celui des MCP, car les conditions de vie en MC sont, dans l’ensemble, plus difficiles : désuétude des chambres et de l’équipement, problèmes sanitaires, mauvais traitements, etc. OÙ SONT-ELLES SITUÉES? Ce rapport produit en 2015 fait mention que les MC se retrouvent majoritairement dans les quartiers centraux de la ville. En effet, la majorité est concentrée dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou, où la plus forte concentration se situe dans le quartier Saint-Roch. L’arrondissement de Beauport se classe en seconde position. Dans le secteur de Sainte-Foy, bien que les MC soient destinées à tous les citoyens, la majorité des résidents est étudiante ou immigrante. Selon ce même rapport, la ville de Québec comptabilisait plus de 120 maisons de chambres, certaines sans pension, pour un total de 1 313 chambres.
met le maintien de l’offre résidentielle. Le rapport de la SHQ mentionne, pour sa part, que l’effritement du parc de logements locatifs découle de la négligence en matière d’entretien, de salubrité et de sécurité.
ERIKA BISAILLON
EN BREF ● Le loyer moyen de tous les logements a augmenté de 20,6 % entre octobre 2010 et octobre 2018. ●
La Ville de Québec détient la plus haute hausse mensuelle moyenne (139 $), comparativement à la Ville de Trois-Rivières qui détient la plus basse (61 $).
● Un Québécois sur trois débourse plus de 30 % de son revenu pour se loger.
L’EFFRITEMENT DU PARC DE MC ET MCP Toujours selon ce rapport qui dresse un portrait complet des enjeux des maisons de chambres et chambres et pension, les MC et MCP privées sont particulièrement sujettes aux pressions immobilières ou commerciales dans ces arrondissements. Or, l’augmentation de la valeur foncière rend leur acquisition difficile par le secteur communautaire, ce qui compro-
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