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Les maisons de chambres... pourquoi?

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De l’écriture

De l’écriture

Depuis un peu plus d’un an, nous vous présentons chaque mois, dans La Quête, de l’information à propos des maisons de chambres. Nous étions donc emballés de voir le thème du numéro de mars 2020! Après une discussion fort intéressante avec des experts de vécu, nous avons décidé de consacrer notre chronique à l’importance des maisons de chambres. En effet, on entend beaucoup parler de leurs mauvais côtés, mais on oublie parfois leur raison d’être et l’importance de les conserver dans l’offre locative.

amène une certaine stigmatisation et marginalisation des chambreurs (Clément, Lévesque et Rouleau, 2015).

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Chaque personne a ses raisons d’habiter en chambre. Pour certains, c’est une période dans leur parcours résidentiel et, pour d’autres, c’est un logement permanent qui répond à leurs besoins. Malgré certains désavantages tels que le partage d’espaces communs et la promiscuité, les maisons de chambres comportent aussi leur lot d’avantages.

L’ORIGINE DES MAISONS DE CHAMBRES UN RÉPIT POUR L’ESPRIT

Notre premier questionnement a donc été de nous demander d’où viennent les maisons de chambres? Pourquoi existent-elles? Notre démarche, bien que loin d’être scientifique, nous a ramenés à l’époque de l’industrialisation. Ce serait donc vers la fin du 19e siècle que la demande pour ce type de logement a explosé à cause des besoins des travailleurs et de la surpopulation des campagnes à l’époque, qui a poussé les gens à se diriger vers les villes (RAPSIM, 2010). À ce moment et par la suite au 20e siècle, la maison de chambres répondait tout particulièrement à un besoin économique : difficulté à accéder à la propriété pour certaines personnes après la guerre, crise économique, etc. Pour plusieurs raisons, les maisons de chambres sont donc la seule option pour des personnes seules aux conditions précaires.

Dans les années 1970, leur vocation a en partie changé. La désinstitutionnalisation amène des personnes ayant des besoins psychosociaux à se tourner vers les chambres, qui sont alors pour eux la seule option abordable pour se loger. Ceci Pour une personne qui n’est pas prête aux responsabilités de la vie en appartement, la chambre peut être une excellente option. La personne peut se libérer l’esprit des comptes à payer, par exemple, car l’électricité est souvent incluse. De plus, la grandeur du logement demande moins d’entretien, ce qui est bienvenu pour plusieurs! Tout ceci peut laisser plus d’énergie à la personne pour se concentrer sur d’autres projets de vie.

ENGAGEMENT À COURT TERME

Un autre avantage : les baux aux mois! Prendre un engagement d’un an pour un logement peut être vu comme une obligation très contraignante. Dans les maisons de chambres, un bail a la plupart du temps une durée d’un mois. Bien qu’il se renouvelle automatiquement tout comme un bail d’un an, le chambreur peut donner un avis de 10 à 20 jours et quitter tout en respectant ses responsabilités. On ne le dira jamais assez, tout cela s’applique même si le bail est verbal!

SE FAIRE SON TROUSSEAU!

Ensuite, les chambres sont la plupart du temps meublées! Imaginez quelqu’un qui veut sortir de la rue et qui n’a pas de meubles. Meubler toutes les pièces d’un appartement peut ralentir le retour en logement et en décourager plus d’un. Une chambre permet donc de s’équiper, une étape à la fois!

ARGENT, ARGENT! LES CONSERVER À TOUT PRIX!

Pour toutes ces raisons, la maison de chambres est un type de logement qui doit demeurer comme option locative. Au fil des ans, elles ont su s’adapter pour répondre aux besoins des nouvelles réalités émergentes. Encore aujourd’hui, leur pertinence n’est plus à prouver. Elles jouent un rôle important et il est primordial de les conserver! Les problèmes de salubrité et de sécurité sont malheureusement monnaie courante dans les maisons de chambres. Cela avait d’ailleurs été nommé dans la recherche Vivre en maison de chambres dans la ville de Québec : portrait, expériences et enjeux publiée en 2015. Les chambreurs sondés dénonçaient presque unanimement « l’insalubrité et l’état lamentable de plusieurs maisons de chambres ». Plusieurs éléments peuvent influencer le sentiment de sécurité. Par exemple, il n’est pas rare de voir des portes d’entrée et même des portes de chambres sans verrou, ou encore des sorties de secours inaccessibles. Cependant, le sentiment d’insécurité ne concerne pas uniquement l’état du bâtiment. Habiter avec des personnes qu’on ne connaît pas, pas plus que leurs comportements et leurs conduites, peut aussi apporter son lot d’inquiétudes. Les maisons de chambres ont de nombreux avantages, cependant certains peuvent parfois y vivre de l'insécurité. Bien que certaines situations soient complexes et qu’on ne puisse pas tout contrôler, il existe des services que les chambreurs et chambreuses peuvent utiliser pour faire valoir leurs droits en matière de sécurité et salubrité.

Un des premiers critères qui amène les gens à choisir la chambre comme type de logement est sans aucun doute son coût abordable. Avec un budget mensuel global de 650 $, une chambre à 400 $ par mois n’est pas véritablement abordable, mais l’est toutefois plus qu’un studio à 700 $ par mois, sans aucun service inclus. Il est très dispendieux d’habiter en appartement quand on est seul et la chambre permet d’avoir un toit sur la tête, malgré un petit revenu. Les chambres étant nombreuses dans les quartiers centraux, les gens n’ont donc pas nécessairement besoin de déménager plus loin et d’être coupés de leur réseau pour trouver un logement. Habiter dans les quartiers centraux est souvent un critère important en raison de tous les services qui s’y trouvent. On parle ici autant de la proximité des commerces, comme la pharmacie ou l’épicerie que de services plus spécialisés tels la soupe populaire, les organismes communautaires ou les cliniques médicales.

COMITÉ MAISON DE CHAMBRES DE QUÉBEC La fiche du mois : Problème de salubrité et de sécurité

Problème de salubrité : présence de moisissures, de champignons ou de vermine (rats, souris, coquerelles, punaises de lit, etc.) Problème de sécurité : rampe d’escalier instable, balcon en mauvais état, détecteur de fumée non fonctionnel, chambre sans fenêtre, etc.

Étapes à suivre si tu as un problème de salubrité ou de sécurité

1. Parle à ton propriétaire. Tu dois d’abord l’aviser. 2. Accumule les preuves. Par exemple : prends des photos du problème et de son évolution. Conserve les messages textes, les courriels ou autres preuves des conversations avec le propriétaire ou le gestionnaire. 3. Dépose une mise en demeure. Si le problème ne se règle pas, tu peux envoyer une mise en demeure (voir la fiche « Mise en demeure »). Il faut conserver une preuve d’envoi. 4. Demande les services d’un inspecteur. Tu peux demander qu’un inspecteur en sécurité et salubrité de la Ville de Québec vienne constater la situation en téléphonant au 311 i . Il pourra ensuite contacter ton propriétaire afin que celui-ci corrige la situation. Le Comité Maison de chambres de Québec (CMCQ) est une table de concertation intersectorielle qui œuvre à l’amélioration des conditions de vie pour les personnes vivant en maison de chambres. Il est riche de la présence et de l’expertise de l’ensemble des partenaires avec qui il collabore, dont des chambreurs et anciens chambreurs, qui sont au cœur des prises de décisions et orientations du CMCQ depuis ses débuts.

5. Fais appel à la Régie du logement. Si tu fais une plainte à la Régie du logement, assure-toi d’avoir avec toi la mise en demeure envoyée au propriétaire, le rapport d’inspection et les preuves accumulées depuis le début du problème. i Le service 311 de la Ville de Québec permet de déposer une plainte concernant des situations menaçant la sécurité ou la santé des occupants. Un inspecteur viendra constater la situation, puis pourra émettre des avis pour que le propriétaire règle la situation. C’est gratuit! 190, rue Saint-Joseph Est, Québec, Québec G1K 3A7 • 418 522-4040

190, rue St-Joseph Est, Québec, QC G1K 3A7 • Tél. : 418 522-4040

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