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Tante Jeanne
Il y a des gens qui simplement deviennent des héros par leurs actes, exploits et leadership. Mais il y a aussi des héros naturels qui, sans cape et gros muscles Swartzenégerriens, nous impressionnent par leur bonté, leur sagesse et surtout leur cheminement. Tante Jeanne fait partie de ce genre d’héroïne qui ne laisse personne indifférent. Du haut de ses 4 pieds 10 pouces, elle en a vu des épisodes de vie et de bénévolat des plus variés. Tante Jeanne, de son nom Jeanne Lirette, est née à Québec en 1938 a déjà franchi le cap des 81 années. Malgré la fatigue, les bobos et la maladie, cette petite femme continue depuis 31 ans à faire du bénévolat au Service d’Entraide Basse-Ville de Québec. Après un mariage qui a fait surgir de la violence conjugale, elle a pris sa vie en main surtout en refusant que quiconque ose lever la main sur elle. « Je suis petite, mais j’en ai dedans et chez nous on était une grande famille et jamais on n’acceptait les tapes sur la margoulette.»
— D’où vient ce surnom de tante Jeanne?
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« C’est une de mes nièces qui m’a invitée à venir voir le SEBV pour y travailler, donc matante Jeanne à gauche, matante Jeanne par ici et par là, bref le surnom de Tante Jeanne m’a collé rapidement. »
— 31 années de bénévolat c’est de la haute fidélité ça Tante Jeanne...
« Si tu savais comment le SEBV a aidé à changer ma vie. Je n’étais pas débrouillarde, je ne connaissais pas grand-chose et j’étais surtout gênée et renfermée. Tu sais après un mariage où tout était cuit dans la bouche et se retrouver face à soi-même était tout un défi pour moi. Mais je me suis fait beaucoup d’amis et j’ai réussi à m’en sortir. J’ai tant de beaux souvenirs attachés au SEBV. »
— Mais encore Tante Jeanne, parlez-m’en svp.
« Ben, j’ai toujours aimé faire le tri des vêtements qui arrivent en grande quantité et à force de travailler on développe des amitiés. J’ai tant aimé Gilles Lapointe et sa femme avec qui j’ai partagé des souvenirs précieux. Avec beaucoup d’autres personnes, on a eu du plaisir. Je pense aux sorties de groupe des employés, aux dîners de gang au Duck le vendredi; on avait beaucoup de fun! Aussi au moment où j’ai été hospitalisée, Mélanie m’a aidé beaucoup et des gens du SEBV sont venus me voir a l’hôpital, c’est pour moi une vraie famille. » « Dans le communautaire on peut faire de la croissance personnelle, du social, se sortir de l’isolement et se sentir utile. Quand je trie des vêtements d’enfants ou des draps et

couvertures, je sais que nous aidons des familles qui sont dans le besoin. Et je peux te dire que les prix au SEBV sont vraiment bons. » Tante Jeanne qui a toujours marché pour se rendre au SEBV est lumineuse de simplicité et vérité. Tante Jeanne fume depuis toujours, elle aime bien finir sa journée en sirotant un bon verre de bière fraîche, et quel beau privilège que d’avoir partagé ces moments dans son chez-soi qu’elle habite depuis 30 ans. C’est à travers un appartement rempli des cartons de déménagement que j’ai rencontré tante Jeanne. Elle demeure au 2e étage et doit franchir péniblement cet escalier abrupt à chacun de ses déplacements. Elle essaie de trouver un HLM ou appartement subventionné avec ascenseur et de la place pour un quadriporteur, car malgré des problèmes aux pieds et à la hanche tante Jeanne n’a pas envie d’arrêter de faire du Bénévolat au SEBV. « Ça prend de l’air Santiago, faut pas rester enfermé dans nos 4 murs, faut sortir. J’adore lire des Danielle Steel ou regarder des films d’action, mais faut que je prenne l’air aussi et que je vois du monde. » Nous te souhaitons de tout cœur que le système t’apporte de l’aide au plus vite tante Jeanne et que tu trouveras un logis qui convient pour tes déplacements et tes besoins réels. La prochaine fois que vous visiterez la Fripperie du SEBV, les vêtements d’enfants ou les draps et serviettes que vous aurez en main auront peut-être été pliés par Tante Jeanne.