Retours à l’Afrique
Ernest PIGNON-ERNEST (France) Né en 1942 à Nice, vit et travaille à Paris.
Les images, chez Ernest Pignon-Ernest, sont le résultat d’une rencontre avec les lieux et ses caractéristiques, aussi bien au niveau des choses tangibles, comme la texture du mur, l’ombre et la lumière qui s’y projettent, que des choses invisibles, « tout ce qui ne se voit pas », telles la mémoire et son potentiel symbolique. L’artiste sérigraphie l’image d’un dessin en plusieurs centaines d’exemplaires qu’il colle sur les murs d’une ville. Elles donnent l’impression d’avoir toujours été là tout en étant vouées à la disparition. Tels des organismes vivants et fragiles, elles revêtent toujours un caractère réaliste mais sans effet recherché de trompe-l’œil. Le noir et blanc du dessin crée au contraire de la distance et affirme le caractère indiciel de l’image comme signe et symbole. Ernest PignonErnest n’hésite pas à mêler les histoires et les situations qui relèvent de registres différents mais similaires dans leur rapport à la violence. Ici, il s’appuie sur une photographie de Sam Nzima, montrant un homme portant dans ses bras le corps inanimé de l’écolier Hector Pieterson, tué lors des émeutes de Soweto du 16 juin 1976. À cette image traitant de la question raciale, il greffe par emboîtement celle de la maladie du sida qui affecte durablement le continent africain. Dans le quartier Kliptown à Soweto, les centaines d’images collées sur les murs de l’espace urbain, interagissent avec ce qui les environne, créant ainsi un puissant effet de miroir sur les spectateurs qui y sont confrontés. La présence des enfants vivants devant cette scène accentuent le caractère dramatique du contenu tragique de l’image. 118